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© Pour la Science - INRA 2015
Avant-propos
Le constat de l’existence des changements
climatiques étant maintenant établi et partagé,
la diversité et l’amplitude de leurs impacts étant
progressivement révélées, c’est bien l’adapta-
tion aux changements climatiques qui émerge
depuis quelques années comme un domaine
de recherches prioritaire. En 2006, le rapport de
Nicholas Stern a démontré l’intérêt économique
d’être adapté : il a souligné que l’adaptation de-
vait être anticipée an d’en réduire les coûts et
d’en anticiper les bénéces. Lors de la conférence
de Cancun de 2010 sur le climat, l’adaptation
aux changements climatiques est ainsi appa-
rue comme un complément indispensable aux
politiques d’atténuation. Selon la nature des sys-
tèmes concernés l’adaptation pose évidemment
des questions scientiques diérentes. Dans tous
les cas, il apparaît cependant qu’elle doit com-
biner des disciplines, des technologies et des
approches diérentes : la diversication, l’agro-
nomie et la génétique, pour les cultures ; l’ali-
mentation animale, la génétique, la méthanisa-
tion des euents et la conception des bâtiments,
pour l’élevage ; une gestion adaptative, pour les
forêts et de nombreux milieux naturels. La prise
en compte d’une variabilité climatique accrue et
l’anticipation des risques sanitaires apparaissent
aussi comme des dés majeurs.
Compréhension du rôle des surfaces conti-
nentales agricoles et forestières dans les grands
cycles biogéochimiques, dissection et évalua-
tion des impacts des changements climatiques,
conception et évaluation de stratégies couplées
d’atténuation et d’adaptation : ces diérents
domaines de recherches sont évidemment liés
les uns aux autres. Tous appellent au dialogue
entre les disciplines – entre sciences de la nature,
de l’univers et de la vie, d’une part, et sciences
humaines, économiques et sociales, d’autre
part – comme au dialogue entre observation,
expérimentation et modélisation. Tous appellent
également à dépasser l’étude des mécanismes
pris isolément, à appréhender les phénomènes à
diérentes échelles, à développer des approches
systémiques et à renforcer la collaboration entre
organismes de recherche et la coopération inter-
nationale. On observe ainsi la prolifération d’ini-
tiatives scientiques nationales, européennes et
internationales, dont l’alignement et la mise en
cohérence constituent certes un dé, mais dont
la diversité est aussi le témoin de l’ampleur du
spectre des questions posées et de la mobilisa-
tion croissante de la communauté scientique.
Cet ouvrage est le fruit d’une collaboration
éditoriale avec Pour la Science et d’un travail
scientique collectif, le métaprogramme Adap-
tation au changement climatique de l’agricul-
ture et de la forêt, coordonné et stimulé par Jean-
Marc Guehl, Thierry Caquet et Jean-François
Soussana dont je salue ici l’initiative. Au travers
du prisme des recherches et des compétences de
l’Institut national de la recherche agronomique
(INRA) et de ses collaborations, cet ouvrage re-
ète les évolutions des recherches sur la transi-
tion climatique : il rend compte de l’avancée des
connaissances et illustre le mouvement engagé
vers l’adaptation aux changements climatiques ;
je suis heureux qu’il contribue ainsi à apporter
une pierre à la construction de l’agenda de solu-
tions qui est aujourd’hui attendu. C’est d’autant
plus important que, s’agissant de sécurité ali-
mentaire, de ressources en eau, de biodiversité
ou de santé globale, la transition climatique
s’inscrit dans un cortège de transitions et chan-
gements globaux – transition démographique,
transition alimentaire et nutritionnelle, chan-
gements d’usage des terres, transition énergé-
tique – dont la conjonction est un véritable dé.
François Houllier,
Président Directeur Général de l’INRA
Christophe Maître