1 Comprendre les habitants du Benelux

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Comprendre les habitants
du Benelux
1.1 La géographie
1.1.1 Données générales
Superficie (source : Eurostat, 2014) :
–– de la Belgique : 30 528 km² ;
–– du Luxembourg : 2 586 km² ;
–– des Pays-Bas : 41 540 km².
VV Le saviez-vous ?
Le nom du pays parle de lui-même : plus d’un quart du territoire des Pays-Bas se
situe sous le niveau de la mer ! À titre d’exemple, Nieuwerkerk aan den IJssel se
trouve à 7 mètres au-dessous du niveau de la mer. C’est le point le plus bas des PaysBas, mais aussi d’Europe. Et si vous atterrissez à l’aéroport de Schiphol, vous vous
trouverez à 4 mètres en dessous du niveau de la mer.
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Le Benelux s’insère dans le vaste espace géographique de l’Europe
rhénane. Cet espace est organisé autour d’un fleuve, le Rhin, qui, avec ses
affluents, le traverse avant de se jeter dans la mer du Nord.
Au cœur de cet ensemble, le Rhin est la première voie de circulation d’Europe
occidentale et a joué un rôle prépondérant dans l’essor économique du
Benelux.
Dès le Moyen Âge, les échanges se sont développés dans cette région et
une société marchande est apparue.
La révolution industrielle et la présence d’importants gisements houillers
ont, de plus, favorisé le développement de cette zone :
–– la géographie physique du Benelux : les Pays-Bas et le nord de la
Belgique appartiennent à la plaine de l’Europe du Nord, le sud de la
Belgique et le Grand-Duché du Luxembourg font partie de l’Europe
hercynienne dont l’altitude maximale atteint moins de 700 mètres ;
–– les grandes plaines se caractérisent par une absence de dénivellations.
Une zone littorale s’interpose entre la mer et les plaines d’accumulation ;
–– la zone littorale se caractérise par des dunes sur le front de mer belge et
néerlandais. Le cordon de dunes est interrompu en plusieurs endroits à
l’estuaire de l’Yser, au Zwyn, dans le delta de Zélande, à l’embouchure
du vieux Rhin, au niveau de la digue marine d’Hondbossche et dans les
îles de la Frise ;
–– les plaines d’accumulation se caractérisent par une absence complète
d’altitude (de moins de 20 mètres à 0 mètre). Elles occupent une partie
importante des Pays-Bas (nord du delta de la Meuse et du Rhin, la
Hollande-Méridionale et la Hollande-Septentrionale et une partie de la
Frise).
1.1.2 Le littoral
Cette géographie particulière a amené les populations à une lutte
permanente contre l’eau et à une victoire sur l’eau, les habitants des
provinces côtières ayant beaucoup souffert des tempêtes :
–– Les premiers habitants des Pays-Bas se protégeaient contre les eaux
en construisant des collines artificielles sur lesquelles ils installaient
fermes et maisons.
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–– Par la suite, ils étendirent les terres habitables en construisant des
digues de protection entre les tertres.
–– Vers 1300, une grande partie des Pays-Bas actuels étaient encore
submergés.
–– 1421 : tempête de la Sainte-Élisabeth.
–– 1570 : tempête de la Toussaint (milliers de morts).
–– Dans les siècles qui suivent, les Néerlandais conquièrent de plus en
plus de terres en construisant des digues et en évacuant les eaux
excédentaires à l’aide de moulins à vent. C’est l’utilisation de ces
moulins à vent pour assécher les terres qui donne aux Pays-Bas leur
paysage actuel.
–– 1612 : assèchement du Beemster.
–– Entre 1607 et 1643, plusieurs lacs de la Hollande-Septentrionale sont
asséchés et transformés en polders : Purmer (1622), Heerhugowaard
(1625), Starnmeer et Wormer (1626).
–– 1629 : assèchement des marais autour de Bois-le-Duc, Schermer
(1635).
–– 1667 : Hendric Stevin envisage de protéger la côte contre la mer en
construisant des barrages entre les îles des Wadden, techniquement
irréalisable à l’époque.
–– En 1800, il y a aux Pays-Bas environ 9 000 moulins à vent.
–– Entre 1848 et 1852 : assèchement du lac de Haarlem.
–– Les nombreuses stations d’assèchement sont financées par des riches
marchands d’Amsterdam. C’est grâce à elles que sont aménagés de
grands polders uniques au monde.
–– 1889 : une étude poussée sur la fermeture du Zuiderzee est menée
par Cornelis Lely (1854-1929) qui sera, plus tard, ministre des Travaux
publics.
–– 1916 : la mer menace de deux côtés (par le Zuiderzee et par le delta
occidental de la Meuse et du Rhin).
–– En 1918, Cornelis Lely donne l’ordre d’effectuer les travaux du Zuiderzee :
fermer le Zuiderzee par une digue reliant la Hollande-Septentrionale et
la côte frisonne. La construction de la digue de fermeture, un barrage
long de 32 km, commence en 1927. Le 28 mai 1932, la dernière passe
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est fermée. Plus tard, de grandes parties du Zuiderzee, rebaptisé
« IJsselmeer », sont asséchées et donnent naissance au polder du
nord-est et du Flevoland.
–– Nuit du 31 janvier au 1er février 1953 : un raz-de-marée associé à une
tempête de nord-ouest dévaste le sud-ouest du pays. Les digues de
Zélande et des îles de Hollande-Méridionale se rompent, entraînant la
mort de plus de 1 800 personnes et de milliers de têtes de bétail, et
submergeant plus de 150 000 hectares. Le pays est sous le choc car on
n’avait pas connu de catastrophe de ce genre depuis des siècles.
–– À la suite de cette catastrophe est lancé le Plan Delta, un vaste projet de
construction de digues et de barrages destinés à protéger le sud-ouest
des Pays-Bas contre les eaux. Les travaux du Delta représentent les
plus grands travaux hydrauliques de l’après-guerre.
–– 1958 : mise en service d’un premier barrage anti-tempête mobile dans
le Hollandse IJssel.
–– 1961 : construction d’un barrage dans le Veerse Gat et le Zandkreek.
Pour pouvoir assurer un bon écoulement des eaux, il fallut construire
des écluses.
–– 1971 : achèvement du barrage et de l’écluse du Haringvliet.
–– 1972 : achèvement du barrage et de l’écluse du Brouwersdam.
–– Entre 1974 et 1987 : achèvement des barrages et des écluses de
Philipsdam et Oesterdam.
–– Les plans visant à fermer le dernier bras de mer, l’Escaut oriental,
se heurtent à l’opposition des mytiliculteurs, des ostréiculteurs et
des associations de la protection de la nature, qui protestent contre
la fermeture d’une région de marée unique, servant de nursery à de
nombreux poissons de la mer du Nord. La construction d’un barrage à
écluses qui pouvait être fermé en cas de hautes eaux est alors décidée.
De cette manière, on conserve la zone de marées dans l’Escaut oriental
et la sécurité de la Zélande est quand même assurée. Ce barrage antitempête est l’un des plus grands du monde. Les éléments des vannes
mobiles, chacune aussi grande qu’un immeuble de douze étages, ont
été fabriqués dans des bassins spéciaux et immergés sur place.
–– 4 octobre 1986 : inauguration officielle par la reine Beatrix du barrage
de l’Escaut oriental.
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–– 1997 : achèvement, dans le Nieuwe Waterweg, d’un barrage antitempête mobile se composant de deux énormes vannes mobiles qui sont
ouvertes en temps normal et peuvent être fermées en cas de tempête.
Ce dernier ouvrage termine les travaux du Delta (voir figure 1.1).
–– En 1993 et 1995, de nouvelles inondations ont lieu aux Pays-Bas qui
ne font, certes, aucune victime, mais occasionnent d’énormes dégâts
matériels. Cette fois-ci, l’eau ne vient pas de la mer, mais de l’arrièrepays. En 1995, gonflés par les eaux de fonte et de fortes pluies, le Rhin
et la Meuse sortent de leur lit et plus de 250 000 personnes doivent être
évacuées. Immédiatement après cette catastrophe, le Plan Delta des
grands fleuves est mis au point. Il prévoit de redonner plus d’espace aux
grands fleuves et de rehausser de nombreuses digues.
–– 2014 : les Pays-Bas investissent 20 milliards d’euros sur trente ans, afin
de lutter contre la montée des eaux et les inondations qui pourraient en
résulter.
–– Nouveau Plan Delta jusqu’en 2050.
–– Renforcement de deux cents digues.
–– Élargissement du Rhin et de la Meuse.
–– Actualité : le réchauffement climatique (conséquences sur les PaysBas).
Figure 1.1 Un barrage dans le Delta
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†† Influences et conséquences du défi de l’eau sur le comportement
des Néerlandais :
-- une lutte permanente contre l’eau ;
-- le contrôle de l’environnement = le contrôle des affaires ;
-- l’homme peut tout maîtriser ;
-- le sentiment de supériorité de l’homme sur la nature.
VV Le saviez-vous ?
Il y a encore aujourd’hui plus de mille moulins à vent et cent moulins à eau aux PaysBas. Certains d’entre eux fonctionnent encore. Ces moulins sont les symboles de la
bataille contre l’eau livrée par le pays. Avec ses dix-neuf moulins, le site de Kinderdijck
est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
VV Le saviez-vous ?
Jan Adriaanszoon Leeghwater est né à De Rijp d’un père charpentier en 1575 et est
mort à Amsterdam en 1650. Il était constructeur de moulins et ingénieur hydraulicien.
Il a imaginé le moulin à huile à calotte tournante et il fut l’ingénieur responsable de
l’assèchement de plusieurs polders de la Hollande-Septentrionale entre 1612 et 1635.
En 1641, il a publié son livre sur l’assèchement de l’Haarlemmermeer, qui menaçait
les villes environnantes, mais il fallut attendre l’invention de la pompe à vapeur pour
passer à l’action en 1852. Il a fabriqué les horloges et les carillons pour les églises
amstellodamoises de Westerkerk et Zuiderkerk. En dehors des Pays-Bas, il est
intervenu et a donné conseil pour l’assèchement de marais près de Bordeaux (1628)
et de Metz (1630).
1.1.3 L’arrière-pays
Au-delà de la bordure de plaines côtières, la région est marquée par la
succession, vers le sud-est, de bas plateaux puis de plateaux plus élevés.
C’est ainsi qu’au fur et à mesure qu’on voyage vers l’est de la Belgique, se
succèdent :
–– les bas plateaux de Wallonie, dont l’altitude oscille entre 50 et
220 mètres. Les plaines sont limoneuses et les plateaux sont couverts
de lœss. Ces plateaux ont un visage traditionnel de pâturage naturel et
de grenier à céréales ;
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–– puis, au sud du sillon Sambre-Meuse, les altitudes sont plus élevées : de
200 à 350 mètres sur les plateaux du Condroz et de l’Entre-Vesdre-etMeuse, de 400 à 600 mètres en Ardenne. Les sommets de ces plateaux
constituent une ligne de crêtes, dont l’altitude augmente au fur et à
mesure qu’on avance vers l’est pour culminer à 694 mètres, au Signal de
Botrange, point le plus élevé de Belgique. Au-dessus de 500 mètres, les
crêtes sont inhospitalières. Les tourbières marécageuses plantées de
conifères sont appelées les Hautes Fagnes, elles offrent des paysages
étranges. Dans toute l’Ardenne, les plateaux tourbeux très boisés sont
entaillés de vallées sinueuses et encaissées ;
–– enfin, au sud, s’étend le plateau lorrain : de douces collines dont l’altitude
ne dépasse jamais 465 mètres, veinées de cours d’eau, propices à la
culture de la vigne.
†† Remarque
Pour désigner le massif ardennais, les Français parlent « des Ardennes », au pluriel,
quand les Belges parlent « de l’Ardenne », au singulier.
Le Luxembourg, à l’extrémité sud-est du Benelux, est partagé entre ces
deux dernières zones : Au nord du Grand-Duché, l’Oesling (Ardennes
luxembourgeoises), au sud, le Guttland ou Bon Pays qui fait partie du
plateau lorrain.
VV Le saviez-vous ?
Les accords de Schengen (suppression des contrôles aux frontières européennes),
signés le 14 juin 1985, doivent leur nom à la commune luxembourgeoise dans laquelle
ils ont été signés : Schengen. Le lieu choisi n’est pas anodin puisque Schengen se situe
au tripoint (point de jonction entre trois frontières) entre le Luxembourg, l’Allemagne et
la France : symbole fort de ces accords qui font la particularité de l’Europe.
En l’absence d’obstacles naturels et en présence de nombreux cours
d’eau navigables, la circulation est très facile dans l’ensemble du territoire
du Benelux, ce qui a concouru à son caractère ouvert, commercial et
cosmopolite.
Dans l’ensemble du Benelux, le climat océanique est doux et humide,
avec des amplitudes thermiques réduites et des précipitations régulières,
bien réparties sur l’année. Il devient néanmoins plus continental à l’est sur
l’Ardenne belge et luxembourgeoise.
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VV Le saviez-vous ?
Le ski en Belgique
Il y a plusieurs pistes de ski dans l’est de la Belgique. La baraque de Fraiture (c’est
bien le nom du lieu) propose trois pistes de ski alpin, quatre pistes de ski de fond et
une piste de luge. À 652 mètres d’altitude, on y trouve la piste de ski alpin la plus
haute de Belgique. On peut y louer du matériel et, bien sûr, la « cafétéria avec petite
restauration » est ouverte dès qu’il y a de la neige. On est en Belgique et on n’oublie
jamais que se sustenter est chose sérieuse !
À ne pas manquer : la traversée de la Belgique d’ouest en est, dans le train
« InterCity » qui relie Ostende à Eupen en 3 heures et 4 minutes. On fait
ainsi l’expérience de la variété des paysages belges (de la plaine côtière à
la montagneuse Ardenne), de son multilinguisme (du flamand à l’allemand
en passant par le français) et de la modestie de ses distances.
ŠŠ Mots et idées clés
-- L’eau est à la fois un défi et une opportunité.
-- Au carrefour de l’Europe.
1.2 L’histoire
1.2.1 La longue histoire commune des Dix-Sept Provinces
« Alors que les deux idiomes se séparent nettement, les pensées, les
instincts et les cœurs sont moins distincts et participent d’une communauté
de nature qui forme le fond véritable et qui est le résidu précieux et immuable
de la communauté bimillénaire dans la destinée historique. » C’est ainsi
que le grand historien belge, Edmond Picard (1836-1924), évoque l’histoire
commune aux peuples de la région qui constitue aujourd’hui le Benelux,
et le ciment culturel qu’elle constitue par-delà les différences linguistiques.
 L’Antiquité et le haut Moyen Âge : zone de contact entre le Sud roman et le Nord germanique
Quand on remonte aux sources de notre histoire européenne, à savoir
la confrontation entre l’Empire romain et les tribus locales celtes ou
germaniques, on constate que la région que l’on appelle aujourd’hui le
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Benelux s’est trouvée, dès cette époque originelle, à cheval sur la frontière
entre la civilisation « romane », venue du Sud, et le monde germanique,
du Nord.
†† Enseignement sur le Benelux du xxie siècle
Aujourd’hui encore, en Belgique, les spécialistes de la langue française, qu’ils soient
enseignants en collèges, professeurs de littérature ou de FLE (français langue
étrangère) sont appelés des « romanistes ».
C’est ainsi qu’on peut lire sur le site de l’Université de Namur : « Nombreux sont les
romanistes qui partagent leur expertise et leur passion pour la langue et la littérature
françaises avec des élèves de l’enseignement secondaire. Mais les romanistes
interviennent également dans d’autres contextes de formation face à des publics
variés : ils deviennent, par exemple, professeurs de français langue étrangère,
d’espagnol ou d’italien, formateurs en communication ou en alphabétisation. »
(source : www.unamur.be/etudes/rheto/catalogue/romanes/debouches)
Cette particularité lexicale témoigne d’un rapport à la langue maternelle plus relatif et
moins universaliste que celui des Français, qui parleront « d’études de Lettres ». Elle
montre que les Belges ont conscience de la multiplicité des langues dans la Tour de
Babel et font preuve d’une familiarité « de bon voisinage » avec le monde germanique.
La Gaule Belgique et la Germanie
Au ier siècle avant Jésus-Christ, le Rhin, qui traverse le territoire du Benelux
pour se constituer en un delta dont le flux principal se jette dans la mer du
Nord au sud de Rotterdam, marque la frontière entre deux mondes. Au
Sud, « les Gaules », peuplées de Celtes, sont déjà bien organisées avec
des centres urbains (oppida) et des voies de communication. Au Nord, la
Germanie est une terre plus sauvage, couverte de forêts et de marais, au
peuplement disséminé.
Jules César conquiert les Gaules en 51 avant J.-C. C’est alors qu’on voit
apparaître le nom de Belgique : au nord de la Gaule Narbonnaise et de
la Gaule Celtique, la « Gaule Belgique » désigne la partie qui s’étend de
la Seine au Rhin. Sa population est appelée « Belgae », les Belges, et
Jules César lui rend hommage dans une formule restée célèbre et devenue
emblématique : « De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus
braves ! »
10 Bien communiquer, travailler et coopérer avec des partenaires du Benelux
†† Enseignement sur le Benelux du xxie siècle
Jeune nation, la Belgique est friande d’icônes historiques qui cimentent le sentiment
national et illustrent les valeurs qu’elle veut se donner.
C’est en ces termes que Le Vif/L’express évoque le destin de la formule :
Les Belges les plus braves : ce que cachent les racontars de César.
« “De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves”, qu’il disait…
La formule, rebattue, a fait le tour du monde. Elle a fini par ne plus résister à l’épreuve du
temps. Rendons à César ce qui lui appartient : son hommage appuyé aux “anciens Belges”
est à prendre avec bien des pincettes.
Ambitieux comme pas deux, le conquérant romain y est allé de commentaires plus que
tendancieux à propos de sa guerre des Gaules. Il peut ainsi se vanter d’avoir brouillé les
pistes et induit en erreur une kyrielle de générations sur ce qu’était vraiment la Belgique
gauloise de son temps.
Pourtant, Jules César a aussi fait des heureux. Notamment tous ceux qui, historiens en
tête, ont cherché à donner un lointain passé à la Belgique indépendante, toujours grande
et belle. De bons clients pour la cause, ces anciens Belges “tellement braves” : tantôt
“précurseurs de la résistance héroïque face aux Germains barbares et envahisseurs”,
tantôt “malheureuses victimes d’un génocide au nom de la latinisation de cette portion de
la Gaule”, pour reprendre les mots de Baudouin Decharneux, philosophe et historien des
religions à l’ULB. »
Pierre Havaux, in Le Vif/L’express, 25 juillet 2014.
Si les successeurs de Jules César tentent des percées en Germanie,
l’Empire romain ne s’y implante jamais réellement. Le territoire du Benelux
constitue le poste avancé de la civilisation romaine, face aux premiers
arpents du monde barbare qui commence dès le delta du Rhin.
L’éclatement de l’Empire carolingien et ses suites
En 843, l’Empire carolingien, que Charlemagne avait fondé en agrandissant
le royaume franc hérité de son père Pépin, est partagé entre trois de ses
petits-fils. La loi salique, qui exclut les femmes de la succession, privilégie le
fils de Charlemagne, Louis le Pieux, qui lui succède. Mais quand Lothaire, le
fils aîné de Louis, lui succède à son tour, ses frères obtiennent l’application
d’une autre vieille coutume franque : celle qui prône, non pas la primogéniture
masculine comme dans le monde romain, mais le partage entre les fils :
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