Colloque international Sociologie et L ittérature : une relation incestueuse ? Coordinateurs du colloque H icham Bouchaïb, Professeur de Littérature française, FLSH, 8QLYHUVLWpG¶$JDGir B rahim L abari, Professeur de Sociologie, FLSH, Université G¶$JDGLU, membre du comité scientifique de la revue Esprit critique. &RPLWpG¶RUJDQLVDWLRQ F arida Bouâchraoui, Professeure de Linguistique, FLSH, Université G¶$JDGLU Zohra M akach, Professeure de Littérature française, FLSH, Université G¶$JDGLU A bder rahim A nbi, Professeur de Sociologie, FLSH, Université G¶$JDGLU A hmed L issigui, Professeur de Psychologie sociale, FLSH, Université G¶$JDGLU A bdelk rim O ubella, Professeur de Littérature française, FLSH, 8QLYHUVLWpG¶$JDGLU Comité scientifique H abiba H afsaoui, Professeure de Sociologie, FLSH, Université G¶$JDGLU Touria Nak kouch, Professeure de Littérature anglaise, FLSH, 8QLYHUVLWpG¶$JDGLU F atima A hnouch, Professeure de Littérature française, FLSH, 8QLYHUVLWpG¶$JDGLU Renée V igneron, Sociologue, CNRS / Université Paris X M hamed M ahdane, 3URIHVVHXUGH6RFLRORJLH)/6+8QLYHUVLWpG¶$JDGLU H icham Bouchaïb, Professeur de Littérature française, FLSH, 8QLYHUVLWpG¶$JDGLU B rahim L abari, Professeur de SociRORJLH)/6+8QLYHUVLWpG¶$JDGLU A hmed Raqbi, Professeur de Littérature française, FLSH, 8QLYHUVLWpG¶$JDGLU M¶hamed W ahbi3URIHVVHXUGHOLWWpUDWXUHIUDQoDLVH)/6+8QLYHUVLWpG¶$JDGLU Georges Bertin, Coordinateur de la recherche en Sciences Sociales au CNAM des Pays de la Loire, directeur de la revue Esprit Critique. Mohamed Benitto, 3URIHVVHXUG¶Etudes anglophones, Université du Maine. A bdelhak Bel L akhdar , Faculté des Sciences de l'Education, Université Mohammed VSouissi Dates du colloque 28 et 29 avril 2011 à la F aculté des L ettres et des Sciences H umaines, Université G¶$JDGLU A rgumentaire 'DQVODPHVXUHROHPHVVDJHHQO¶RFFXUUHQFHODOLWWpUDWXUHSHXWrWUHOHUHIOHW de la réalité, et dans le sens où nous pourrions définir la littérature comme étant la passion des gens, du monde, le colloque se propose de faire état des interactions entre deux disciplines paraissant, à première vue, complètement distinctes, à savoir la sociologie et la littérature. Les romanciers et écrivains des 18ème et 19qme siècles ont-ils fait de la sociologie sans le savoir comme Monsieur Jourdain faisait de la prose ? Les sociologues sont-ils appelés, pour être lus et appréciés, à user de la rhétorique pour verbaliser, analyser, interpréter et expliquer le réel ? Depuis longtemps les frontières entre la littérature et la sociologie questionnent sur leur caractère étanche ou semi-ouvert, sachant que O¶HWKQRJUDSKLH SUHPLqUH pWDSH GX SURFHVVXV GH UHFKHUFKH Q¶HVW SDV O¶DSDQDJH GHV sciences humaines alors que des morceaux tout à fait de niveau issus des littératures sont de véritables chef-G¶°XYUHVVRFLRORJLTXHV Si la « physique sociale » (A. Comte) considérait les faits sociaux comme ayant un niveau de réalité équivalent aux phénomènes naturels (E. Durkheim), la tendance DXMRXUG¶KXLGDQVOHFKDPSGHODUHFKHUFKHVRFLRORJLTXHVHUDLWSOXW{WjO¶pFODWHPHQWHWj « O¶pSXLVHPHQW GX SDUDGLJPH ª XQ HW LQGLYLVLEOH 7K .XKQ ,O QH V¶DJLW SOXV GH GpJDJHUGHVORLVVRFLRORJLTXHVHWGHOHVJpQpUDOLVHUPDLVGHGpFULUHHWG¶LQWHUSUpter un PRQGH GH SOXV HQ SOXV FKDQJHDQW G¶DOOHU YHUV FH TXH & *HHUW] DSSHODLW © local knowledge ª F¶HVW-à-dire à ce « thick description » en portant une attention particulière au sens que les acteurs donnent aux pratiques sociales qui sont les leurs. Les pFULYDLQV UpDOLVWHV VLWXHQW O¶DFWLRQ GH OHXUV °XYUHV GDQV OH PLOLHX FRQWHPSRUDLQGDQVO¶KLVWRLUHGHOHXUWHPSV/HVURPDQFLHUVFRPPH%DO]DF6WHQGKDO RX )ODXEHUW YLVHQW j OD UHSUpVHQWDWLRQ GX PRQGH SDU O¶DQDO\VH TX¶LOV HQ IRQW Ils sont animés par le souci de documentation scrupuleuse, le goût du « petit fait vrai », à telle enseigne TX¶LOV VRQW VRXYHQW LQYRTXpV SDU OHV KLVWRULHQV GH OHXU pSRTXH $XMRXUG¶KXL encore, il existe des lecteurs non sociologues qui trouvent que la lecture de ces auteurs les disSHQVH GHFHOOHGHVRXYUDJHV GHVRFLRORJLH/HIDLWTX¶XQHFDWpJRULHLPSRUWDQWH de lecteurs soit fascinée par une lecture sociologique de la littérature est avéré. Elle YRLW GDQV O¶pFULYDLQ XQ GRQQHXU GH OHoRQV XQH VRUWH GH VXEVWUDW GX VRFLRORJXH Le domaine des « représentations sociales », cher aux écrivains réalistes, est également investi par la discipline sociologique avec rigueur et objectivité. De même que les sociologues redécouvrent les vertus dHVFRQILJXUDWLRQVG¶HQ-bas, ces petites choses de la vie quotidienne qui occupent les départements prestigieux des sciences sociales de ODWUDGLWLRQGHO¶pFROHGH&KLFDJR La littérature de différents auteurs est une sorte de regard porté sur leur société HWVXUO¶KRPPHO¶LQGLYLGXODFRQVWLWXDQW0rPHOHV textes des nouveaux romanciers (avant-gardistes), connus pour leur refus du roman classique et des différents aspects le caractérisant y compris la thématique, sont traversés par la circulation de thèmes socio-économiques, rendant parfois tentante une lectXUHVRFLRORJLTXHGHOHXUV°XYUHV 7RXWHIRLV GpILQLU OD OLWWpUDWXUH FRPPH VRFLRORJLTXH F¶HVW GpMj OD UpGXLUH TXHOTXH SDUW F¶HVW OD YLGHU GH VD VXEVWDQFH GH VRQ rWUH SURSUH 0rPH OHV pFULYDLQV UpDOLVWHVGDQVOHXUHQWUHSULVHG¶rWUHOHPLURLUGHOHXUpSRque, ont essayé néanmoins de prendre le contre-pied du stéréotypique et du banal : « /H UpDOLVWH V¶LO HVW XQ DUWLVWH cherchera, non pas à nous donner une photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même ». (Maupassant, préface de Pierre et Jean). Mais la littérature est-elle un fait social "&¶HVWOHSRLQWGHGpSDUWGHFHTX¶LOHVW FRQYHQX G¶DSSHOHU OD VRFLRORJLH GH OD OLWWpUDWXUH DUJXDQW TXH OH IDLW OLWWpUDLUH D VRQ public, ses consommateurs, ses évaluateurs, ses détracteurs. De même le texte littéraire GLWHWYHUEDOLVHXQHpSRTXHOHVFRQWUDGLFWLRQVG¶XQHVRFLpWpORFDOHHWOHVHQMHX[TXLOD traversent. Bref la critique littéraire, en dépassant la fiction, offre au chercheurVRFLRORJXHXQGRFXPHQWGHWUDYDLOXQPDWpULDXDXVHUYLFHGHO¶DQDO\VHVRFLRORJLTXH De ce point de vue, les ouvrages de Driss Chraïbi illustrent parfaitement ce paradigme du texte à la lisière de la littérature et de la sociologie. En lisant Une enquête au pays par exemple, on est tout de suite saisi par les problématiques sociologiques VRXOHYpHVTXRLTX¶LPSOLFLWHPHQWSDUODEHDXWpGHO¶pFULWXUHHWSDUODFHQWUDOLWpGHFHW KXPRXU DFLGH SRXU PRTXHU OD UpDOLWp DX OLHX GH O¶DQDO\VHU &¶HVW Oj WRXW OH FOivage HQWUHOHVGHX[GLVFLSOLQHVDXSRLQWTXHO¶RQFRQVLGqUHODOLWWpUDWXUHFRPPHV\QRQ\PH de « SDUROHVHQO¶DLU » et la sociologie comme un « sport de combat ». Nonobstant, d¶DXFXQV FRQVLGqUHQW TXH O¶LQWHUYHQWLRQ VRFLDOH G¶XQ WH[WH QH VH mesure pas à la fLGpOLWpGXUHIOHWVRFLDOTXLV¶\LQVFULWRXV¶\SURMHWWH6HORQHX[jOD suite de Roland Barthes, OD OLWWpUDWXUH Q¶HVW SDV IDLWH SRXU TXH OHV VRFLRORJXHV OD SUHQQHQWjOHXUFRPSWHSRXUTX¶HOOHOHVDLGHjFRPSUHQGUHOHVSKpQRPqQHVVRFLDX[ : « /¶LQWHUYHQWLRQ VRFLDOH G¶XQ WH[WH TXL QH V¶DFFRPSOLW SDV QpFHVVDLUHPHQW GDQV OH temps où ce texte paraît, ne se mesure ni à la popularité de son audience ni à la fidélité du reflet économico-VRFLDO TXL V¶\ LQVFULW RX TX¶LO SURMHWWH YHUV TXHOTXH VRFLRORJXH avide de leVUHFXHLOOLU0DLVSOXW{WjODYLROHQFHTXLOXLSHUPHWG¶H[FpGHUOHVORLVG¶XQH VRFLpWpG¶XQHLGpRORJLHHWG¶XQHSKLORVRSKLHTXLVHGRQQHSRXUV¶DFFRUGHUHOOH-même GDQV XQ EHDX PRXYHPHQW G¶LQWHOOLJLELOLWp KLVWRULTXH &HW H[FqV D QRP © Ecriture » (Roland Barthes, S ade, Fourrier, Loyola , p. 16). /¶LQWpUrWGHODOLWWpUDWXUHHVWGDQVO¶H[FqV(OOHQHGRLWSDVVHFDQWRQQHUGDQVOH rôle de détecteur de la réalité socio-économique, mais elle doit excéder toutes les lois et les subvertir. Faire de la littérature c¶HVWUHQYHUVHUOHVP\WKHVWUDQVPXHUOHVLJQLILDQW et faire basculer les signifiés. 6LOHWH[WHVRFLRORJLTXHFKHUFKHjrWUHHIILFDFHOHWH[WHOLWWpUDLUHOXLQ¶HVWSDV FHQVpO¶rWUH&HGHUQLHUGRLWrWUHIRQGpVXUOHOXGLTXHOHMHXOHSODLVLUVXUODnotion de JUDWXLWp /H WH[WH OLWWpUDLUH TXRL TX¶pWDQW WUDYHUVp SDU OH UpHO QH FKHUFKH SDV contrairement aux sciences, à dire la vérité. On serait même tenté de dire que la littérature serait, plus ou moins, une construction imaginaire où le lecteur oscillerait HQWUHO¶LQYUDLVHPEODEOHet le vraisemblable. &H FROORTXH VH IL[H FRPPH REMHFWLI G¶H[SOLFLWHU FHWWH UHODWLRQ © incestueuse » entre la littérature et la sociologie en débrouillant les frontières qui les séparent, les enjeux qui les animent et en fin GHFRPSWHGHV¶LQWHUURJHUVXUODFRPSOpPHQWDULWpHWOHV distances qui les ajustent. Le débat contradictoire, nous semble-t-LOPpULWHG¶rWUHLQLWLp XWLOHPHQWjO¶RFFDVLRQGHFHFROORTXHTXHQRXVHVSpURQVIUXFWXHX[ Les communications sont appelées à V¶LQVpUHUGDQVO¶XQGHVD[HVVXLYDQWV : - Ethnographie littéraire et sociologie : quels ponts ? - Les intuitions sociologiques chez les littéraires. - La sociologie de la littérature : quels objets et quels publics ? - Littératures de voyage et sociologie : dissymétrie ou complémentarité ? - La littérature réaliste et naturaliste sont-elles une sociologie ? - Ecrits politiques : littérature ou socio-analyse ? - Genre et littérature Les propositions de communication sont à adresser aux coordinateurs du colloque avant le 15 février 2011 : Hicham BOUCHAIB, Professeur de Littérature ([email protected] ) Brahim LABARI, Professeur de Sociologie ([email protected] )