La complainte du froid Janvier-Février 2015/ Module 2-CDI-tableau numérique Séquences spécifiques avec les élèves de 6ème B et de 6ème C -Atelier climatique « Le dernier Iluyshin a donc quitté l’Antarctique, laissant déserte la base de Union Glacier. Dans quelques jours, le vent forcira emportant nos dernières traces de ski laissées ci et là à travers le continent. Nous savions que ces traces seraient éphémères, mais d’autres, nous l’espérons, viendront à nouveau arpenter bientôt ce désert de glace. Entre temps, la nuit permanente enveloppera ce continent, le rendant encore plus hostile, inhospitalier, et rude. » CARNETS D'EXPÉDITION DE STÉPHANIE ET JÉRÉMIE-30 janvier 2015 La géographie climatique de l'Antarctique Une stratégie d’étude et de recherche dans une base simple d’utilisation est proposée aux élèves dans les activités autour du trajet de l’expédition Across Antarctica : le projet permet une approche expérimentale de la météorologie et une initiation aux pratiques de modélisation climatique. Les éléments de la démarche complètent le travail réalisé dans le module 2 « connaître et comprendre le climat polaire » : les élèves constituent un fichier de reconnaissance pratique des climats de la Terre (=programme de géographie de 6ème), à partir des stations de l’expédition et des données qui permettent de les interpréter (Punta Arenas-Chili, base Admunsen-Scott-Antarctique). La méthode permet d’aborder plus aisément les exercices en classe (construction et lecture de graphiques simples). Portant sur les grands climats du programme abordés en cours pour comprendre les facteurs de répartition de la population mondiale,les phénomènes abordés dans le sujet mettent en valeur la dimension spatiale et environnementale de l’expédition de Stéphanie et de Jérémie et répondent à la problématique du déterminisme physique. Ils permettent de préciser les spécificités de l'environnement climatique et les contraintes propres au milieu antarctique,et de rechercher les exemples à partir desquels la démonstration peut être conduite (analyse de tableaux climatiques – informations sur les représentations du milieu polaire-cf module 2). Les élèves peuvent ainsi apporter leurs propres réponses et élargir les perspectives du sujet (ils doivent sélectionner les éléments à développer pour la rédaction de notes et partir des indices contenus dans les carnets d'expédition de Stéphanie et Jérémie). Les sujets d’étude portent sur l’un des thèmes (le climat polaire d'inlandsis) ou ensembles géographiques de l'Antarctique : ils comportent des données statistiques et des études de paysages (cf site photographique de l’expédition) et sont accompagnés de fonds de cartes. Les élèves de 6ème ont déja réalisé en cours deux études de cas détaillées sur le désert froid du Grand Nord canadien et sont en mesure d'établir quelques comparaisons intéressantes.Ils peuvent compléter l'étude avec des documents d'appoint. Ils peuvent aussi préparer divers modes de prise d'information en travaillant sur un fond de carte agrandi à projection polaire (cf module 1) afin de mettre en évidence la géographie climatique de l'Antarctique. Les thèmes relatifs à l’étude du continent rassemblent trois catégories d’informations : -celles qui caractérisent les espaces de la traversée sur les 2000 kilomètres parcourus par Stéphanie et Jérémie ; -celles qui expliquent la zonalité du climat (latitude, position par rapport aux côtes et au relief, au plateau antarctique …) ; -celles qui traduisent des évolutions ou des relations entre les espaces océaniques et atmosphériques (seuils, courants, anticyclone polaire....) par les types de temps observés. Ce thème s’intègre dans l’étude des climats et de l’environnement mondial (programmes de géographie et d’éducation civique de sixième et de Seconde) et complète les modules 1 et 2 : en effet, elle participe à l’apprentissage des grands repères terrestres à travers la connaissance des principaux phénomènes qui régissent les climats de notre planète et des effets prévisibles du réchauffement en Antarctique (= le climat est toujours dynamique). L’étude doit également distinguer les termes de météorologie et de climatologie : ils correspondent à deux notions bien distinctes qu'il convient de ne pas confondre. Dans les carnets d'expédition, Stéphanie et Jérémie renseignent chaque jour sur les mesures qui concernent essentiellement les structures et les caractéristiques de l’atmosphère (températures, pressions, masses d’air, vents….); ces paramètres évoluent chaque jour et à l’échelle de la semaine.Ils sont aussi étudiés par les élèves d'une classe de Seconde du lycée de Redon en sciences physiques. Stéphanie et Jérémie les évaluent aussi de manière subjective en fonction de leur ressenti. Ils disent aussi, d'après leur expérience qu' « aucun froid n'est identique », ni semblable en différents lieux que l'on soit à Courchevel, au pôle Nord ou au pôle Sud.On peut éprouver des sensations de chaleur à des températures très négatives et passer des journées « agréables » mais il faut rester vigilant pour éviter les risques d'engelure. *L'exposition au froid intense peut entraîner des pathologies sévères (les élèves conduisent un travail avec le PGHM de Chamonix et la clinique du sport de Bordeaux-Mérignac sur ce sujet en lien avec l'expédition). Site à consulter pour avoir des informations sur les risques d'exposition au froid www.chu-brest.fr/documents/10156/108763/14+%3D+ froid+final.pdf Extraits des carnets d'expédition : le chaud et le froid sur la glace J4 – Du vent et des sastrugis « Nouvelle journée de ski en Antarctique avec un nouveau paramètre à gérer : le vent. Jusqu’à présent nous avions pu progresser sans trop de vent et il s’est levé aujourd’hui comme prévu – environ 40km/h avec des pointes à 50km/h (WSW). La température étant relativement clémente (-14°C) le froid ressenti n’était pas très significatif (-24°C) ». J9 – Le calme « Avant la tempête. L’effort et la quiétude, en Antarctique.Le jour le plus chaud depuis que nous sommes arrivés en Antarctique (ou le moins froid).-12°C, c’est 22°C de plus que la température ressenti le premier jour de l’expédition !C’était une journée très agréable, durant laquelle nous avons pu prendre pour la première fois une pause déjeuner de 30 minutes au soleil, à l’extérieur. » J10 – La peur de la blessure « Nous sommes donc très attentifs aux différentes sensations que nous pouvons avoir durant la journée et nous sommes particulièrement vigilants ». J32 – Froid « Voilà une semaine que les températures ressenties sont inférieures à -35°C. Il fait très froid. Nous aimerions progresser à nouveau sous des températures de -15°C ou -20°C comme ce fut le cas quelques fois en début d’expédition.Après des températures très froides telles que celles nous connaissons actuellement, -15°C est réellement une température « estivale » qui nous permet de skier sans veste Gore-Tex, sans gant et sans masque sur le nez et la bouche.En fait, la sensation que l’on a par -15°C est tout à fait comparable à une journée chaude d’avril en station durant laquelle on skie très peu habillé. Autant le corps s’habitue à une température de -15°C ou -20°C, autant nous avons l’impression que le corps ne peut pas s’habituer à une température inférieure à -35°C – il fait toujours aussi froid.Il devient très compliqué de prendre des photos par ces températures. Monter et démonter la tente est une tâche compliquée et pénible dans ces conditions à cause des parties métalliques très froides. Dés que nous enlevons les moufles et les pogies (moufles en duvet attachées aux bâtons), et que nous faisons des manipulations avec les gants seulement, nous devons aller très vite.D’où, par exemple, l’importance d’avoir des zips sur les pantalons, sur la tente, sur nos sacs, sur nos vestes qui ne se bloquent pas avec le froid et le gel – un détail auquel nous prêtons fortement attention en choisissant nos équipements.Les températures n’augmenteront probablement pas d’ici le pôle Sud car il fait toujours plus froid sur le plateau Antarctique. Peutêtre aurons nous à nouveau des températures clémentes lorsque nous redescendrons vers la côte en janvier – mais cela n’est pas certain car nous serons alors en fin de saison et l’hiver approchera à grand pas.Nous faisons très attention au risque de gelure omniprésent par ces températures.Nous faisons également attention à ne pas perdre la paire de moufle qu’il nous reste chacun – deux moufles se sont envolées avec le vent dans les premiers jours de l’expédition… ». J33 – Plus de 700 kms sur la glace « Nous sommes tous contents car il a fait beaucoup moins froid aujourd’hui que durant la semaine passée »(température ressentie : -33°C....!) » J37 – Bientôt le pôle Sud « Il est vrai que cette journée était plus chaude que les jours précédents, mais -30C quand même ! Du coup, nous avons eu tendance à ne pas mettre nos capuches, à enlever nos masques lorsqu’ils givraient, etc. Et c’est quand on s’y attend le moins que le froid est le plus dangereux. Petite pensée pour notre ami Kyriakos, photographe des régions polaires, qui nous disait juste avant de partir que c’est à partir du moment où nous commençons à être habitué au froid extrême qu’il faut justement être très vigilant. Nous sommes aussi plus fatigués au fur et à mesure de l’avancée de l’expédition et donc davantage exposés au risque de gelures. Notre vigilance doit donc être constante. » J49 – Sous le soleil « Une belle journée de ski pour ce premier jour de l’année 2015. Pas un nuage et un soleil qui réchauffe les esprits – défaut de faire monter la température. » J53 – La température monte « Pour la première fois depuis de nombreux jours, la température ressentie est montée en dessus de -35C aujourd’hui.Avec en plus quelques belles ‘pentes’ parmi des champs de sastrugis, et un ciel voilé magnifique, la journée a été très agréable. » *A noter : ce sont les Américains Sipple et Passel qui, en expédition en Antarctique pendant la Seconde guerre mondiale ,ont mis au point un indicateur mettant en valeur l’effet éolien sur la température ressentie, notamment selon la vitesse du vent sur la peau et les implications pour l’organisme humain. Ainsi à -20°c avec du vent de 100km/h, la température ressentie descend à -40°C (cf tableau de relevé-module 1). www.chu-brest.fr/documents/10156/108763/14+%3D+froid+final.pdf (possibilité de calculer les températures ressenties en fonction de la température mesurée et des conditions de vent). La climatologie s’intéresse, elle, à l’ensemble des variables qui interviennent dans l’équilibre écologique de la Terre. Elle concerne l’étude à long terme des conditions météorologiques moyennes d’une région du globe, en prenant en compte les contributions naturelles et anthropiques (ici le déterminisme physique est bien réel en Antarctique) ainsi que les échanges entre la Terre, les océans et l’atmosphère (révision-cours). Le suivi de l’aventure et la découverte de l’environnement climatique de l'Antarctique Des contraintes naturelles Leçon : expliquer les inégalités de peuplement Partie 2 : où sont les hommes sur la Terre ? Page 28-Magnard-Programme de géographie 6ème-2009 Cartes repères pages 212,308 et 309 *A quels reliefs et à quels climats correspondent les déserts humains ? 1-Les différents climats du monde Classification, mécanisme et répartition climatiques. Les climats types (ordre de Koppen). Les climats biologiques et les saisons géographiques. La reconnaissance et l’interprétation des diagrammes climatiques. Les techniques et les conventions pour représenter les statistiques climatiques. (lecture d’un tableau à double entrée, représentation des températures, identification des mois les plus froids, des mois les plus chauds et des mois secs…). Vocabulaire du climat (cf module 2). 2-Le climat polaire : 9 mois d’hiver, 3 mois d’été *Une ébauche météorologique du continent antarctique à partir des observations réalisées pendant l’expédition de Stéphanie et Jérémie. *Une présentation simplifiée des régions australes à climat polaire. *Les caractéristiques saisonnières des régions du Grand Sud. *Les nuances du climat polaire (espace continental, espace maritime..) : le climat n’est pas le même dans toutes les régions de l’Antarctique. *L'été austral en Antarctique Etude comparative des diagrammes ombrothermiques de 3 stations des bases de l' Antarctique *L'influence du climat froid sur le milieu et sur l’homme : un type d’environnement rude. La mission du mois (tâche complexe) Comprendre le climat de l'Antarctique en se posant des questions sur le temps et l’environnement de l’expédition. Réaliser une présentation de la météo de l'Antarctique (sous forme d'un journal télévisé) à partir des graphiques ombrothermiques des différentes stations et de la base de données de sites interactifs et des éléments d'interprétation relevés par Stéphanie et Jérémie (températures-vent-conditions de navigation...)-cf module 2. « Ce sont les conditions météorologiques qui ont déterminé la date effective où nous avons pu poser le pied sur la glace en Antarctique » CARNETS D'EXPEDITION DE STÉPHANIE ET JÉRÉMIE -www.meteo.fr/temps/monde/climat2.htm (détermination des grands types de climats mondiaux et visualisation graphique des statistiques climatiques des stations de l’expédition). -www.ecoles.cfwb.be/icesquaregnon/climats -cédérom « comprendre les climats »/Multimédia-Montparnasse/ QA International-2005 (=possibilité de personnaliser sa carte) -www.legos.obs-mip.fr/fr.equipes/glacio (cryosphère satellitaire) -www.docsciences.fr (site pédagogique de Docsciences) Les élèves travaillent en groupes au CDI et en salle informatique 1-Ils sélectionnent les stations climatiques de l’expédition (cf module 1-repérage géographique). 2-Ils précisent leurs coordonnées géographiques (elles permettent de positionner chaque station dans une zone climatique précise en fonction de la latitude). 3-Ils recherchent des informations sur le carnet de bord pour valider les statistiques et effectuent des remarques sur la période et la durée de l’observation, les caractéristiques générales et saisonnières et les facteurs climatiques déterminants observés pendant les deux mois de l'expédition. Ils constatent ainsi que les données du journal de bord n’engendrent pas de modifications notoires dans la détermination et le classement du type de climat de chaque station (= elles sont toutes situées dans la même zone thermique mais enregistrent quelques différences). Les résultats sont cohérents et donnent une bonne idée du climat et des paysages polaires et mais en aucun cas ne peuvent servir d’expertise climatique : ils ne résultent que d’une observation périodique et ne prennent pas en compte toutes les variables et l’évolution de la dynamique des milieux pendant les trente dernières années. Le thème retient donc le milieu polaire dans sa globalité, mais les observations des scientifiques sur le fait et le transit glaciaires sont intéressantes : elles montrent bien que les fluctuations climatiques et l’influence du bilan radiatif estival déterminent le volume de la fusion annuelle et allongent la période d’ablation (constations réalisées sur les glaciers de Ronne et de Ross et dans les régions de l'ouest et du sud antarctique). L’apport de la longue saison froide est d’un poids moindre puisque les irrégularités pluviométriques et thermiques tendent à s’y compenser (« l’eau atmosphérique et continentale » Jean-Pierre Vigneau-SEDES). *La circulation atmosphérique, la variabilité des vents, la dynamique de la banquise (qui bloque la convection) ont également un rôle primordial dans l’étude des phénomènes météorologiques et les anomalies climatiques de la zone froide au pôle Sud. Il est très intéressant de noter tout au long du trajet, les seuils à partir desquels les variables climatiques sont perceptibles, les milieux se différencient (des perceptions du froid différentes entre les premières étapes de l'expédition et les conditions plus rudes rencontrées sur le plateau antarctique et en fin d'expédition) Ceux-ci sont rendus d’une extrême variété par la disposition propre de chaque espace sur le continent englacé (positionnement par rapport à la côte, au relief, aux vents dominants et aux courants atmosphériques). L’étude du contraste des températures hivernales entre les côtes est et ouest de l'Antarctique est à ce sujet intéressante : elle souligne l’incidence de la variabilité des vents et l’écoulement typique sur une saison à l’ouest et à l’est des continents (système atmosphère-océan et incidence de la latitude-cf module 1). Il est important d’expliquer ces phénomènes pour comprendre les modèles de prévision (la recherche-mai 2013), les observations faites par Stéphanie et Jérémie, les élèves et les cartes climatiques. Les grands types de bilans quotidiens réalisés sur l'expédition Across Antarctica 2014 fournissent donc un cadre pertinent pour la détermination du climat polaire d'inlandsis en fin de saison estivale dans les différents types d'espaces traversés (mais ne permettent pas d'apprécier sa dynamique dans le cadre du réchauffement climatique). 4-sur le site météo.fr ( sur Google, taper météofrance-le climat du monde ou Wheater on line). Les élèves se déplacent sur la carte du monde et localisent différentes stations en utilisant les 4 flèches qui permettent une rotation autour d’un axe polaire et une rotation autour d’un axe au niveau de l’équateur d’un quart de tour. Ils cliquent sur le globe et peuvent agrandir les zones sélectionnées en fonction de leur choix. Ils recherchent les stations du sud du Chili et du sud de l'Argentine ainsi que les 47 stations implantées sur le continent Antarctique (Mac MurdoVostock...). L’accès aux données climatologiques d’une station devient possible après un ou deux niveaux de zoom : il suffit de déplacer la souris sur la courbe des températures pour obtenir l’évolution des valeurs mensuelles. Les élèves peuvent ainsi comparer les données relevées par Stéphanie et Jérémie et les bilans des mois de décembre 2014 et janvier 2015 enregistrés dans ces stations. Ils reproduisent l’exercice avec la grille des précipitations pour obtenir un graphique complet (ils utilisent les données de la fiche de relevés-module 2). 5-Ils utilisent enfin les données climatiques pour construire, lire et interpréter des graphiques ombrothermiques et réaliser un petit atlas (fichier par zones-cf annexe-Antarctique ouest, Antarctique est). Ils insistent sur les tendances de l’évolution du climat polaire et l'évolution de la banquise, qui constitue l’événement climatique le plus important du XXIème siècle.. 6-Ils proposent une modélisation climatique (climat polaire d'inlandsis)et créent des fichiers en mettant en relation la carte du continent et les tableaux statistiques. 7-Ils rédigent une petite conclusion sur les contraintes du climat polaire (=un environnement spécifique et répulsif)en utilisant les résultats de leur recherche, les observations de Stéphanie et de Jérémie pendant l'expédition et leurs connaissances. J21 – Skier dans le blanc Par Stéphanie et Jérémie « Le white-out est assez fréquent en Antarctique – nous devrions donc skier dans ces conditions quelques autres jours encore. La navigation était un tout petit plus facile qu’hier car le vent était de la partie et nous a permis ainsi de nous diriger. La progression était par contre plus difficile en raison de neige fraîche et profonde. Dans le white-out, pas question pour le deuxième de s’arrêter sans prévenir l’autre. Si un arrêt – même court – est nécessaire, le deuxième accélère le pas pour prévenir celui qui navigue – avec le bruit du vent et les couches de bonnet et cagoule, inutile en effet de crier STOP, l’autre n’entend généralement pas. » *Les élèves s'aperçoivent par exemple que le froid peut être considéré comme une ressource car Stéphanie et Jérémie disent qu'ils se déplacent mieux quand le manteau neigeux est bien glacé sur des portions plus planes (=sans champs de gros sastrugis). Pour eux les principales contraintes de cet espace sont le caractère hostile du milieu en raison du froid permanent et très rigoureux (« à en pleurer »), du gel, de la neige qui se transforme en glace et en sastrugis sous l'action du vent fort (blizzard),des effets de l'altitude (+dénivellation) et du manque d'oxygène (qui ont demandé une bonne gestion de l'effort en partie ascendante sur la phase aller et ont rendu la traversée épuisante à la limite de la résistance physiologique), de la sécheresse, de l'isolement et des déplacements difficiles. La soif et le vent ont aussi été les principaux ennemis à cette altitude élevée (entre 2000 et 3000 mètres)sur le plateau où l'air est aussi sec que celui des déserts. A la lueur de leur propre expérience du pôle Nord et des trails en montagne, Stéphanie et Jérémie ont bien maîtrisé les données techniques de leur expédition (parcours de la distance, adaptation au froid intense et aux conditions météorologiques éprouvantes, problèmes posés par la route Sud, connaissance des conditions glaciologiques....).Toutes les opérations ont été menées avec décision avec toutes les inconnues résultant de certains paramètres sur les dernières étapes du trajet notamment en raison du danger représenté par les zones de crevasses (d'autant plus impossible et risqué en cas de white-out) et l'éventuelle défaillance de leurs forces physiques. Les élèves peuvent mettre en perspective les résultats des derniers travaux scientifiques et d'autres rapports d'expédition pour valider leurs diagnostics(articles de journaux, revues spécialisées, sites internet, documentaires…). Cette séquence pédagogique s’inscrit dans le prolongement des thèmes traités dans les modules 1 et 2, en proposant une recherche et une réflexion sur le déterminisme climatique des pôles et l'impact du changement climatique. Sans apporter plus de précisions dans leurs carnets d'expédition, Stéphanie et Jérémie confirment cependant certaines hypothèses et observations des scientifiques. Ils disent que l’influence de l’environnement polaire sur les mesures sont importantes et notent quelques ruptures d’« homogénéité »dans leurs relevés : les nombreux paramètres météorologiques relevés pendant les deux mois de l’expédition ne permettent pas cependant de constituer une marque de référence pour étudier les évolutions climatiques de la « zone Antarctique », mais certaines observations sont significatives (neige, températures parfois « clémentes » en début d'expédition à une distance plus « rapprochée » des côtes, vents plus violents dans certains secteurs, formes d'érosion marquées dans certains secteurs, zones de crevasses, paysages du froid.....). Stéphanie et Jérémie décrivent surtout très bien les dimensions de chaque lieu à travers les paysages dans leur diversité. Ce sont eux qui disent le visible et le réel.Ils répondent aussi aux lois d'organisation de l'espace polaire. Le paysage et l'horizon blancs font face à eux chaque jour, avec quelques variations de champ et de perspective en fonction de la luminosité, des conditions de vent et de température et de.... l'humeur. « L'imaginaire permet aussi de varier les entrées et les angles interprétatifs, ce qui fait que l'on dépasse souvent la notion classique de paysage car les reliefs et les volumes sont écrasés par la glace.Certains paysages relèvent plus de l'analyse artistique que de la simple lecture géographique....ce sont de véritables « tableaux ».Le blanc n'épuise pas le visible....il isole simplement les espaces dans la glace et la neige....» (cf module 2-page 42). J34 – Découverte « Traverser l’Antarctique en ski permet de découvrir les différentes facettes de ce désert de glace ; le ciel, selon qu’il soit découvert ou nuageux, le vent, le brouillard, le soleil qui tourne sans cesse autour de nos têtes sont autant d’éléments qui créent chaque jour de nouveaux paysages. Lorsque le vent nous laisse quelques instants de répit, nous prenons des photos afin de pouvoir, avec l’aide de notre ami Kyriakos Kaziras, développer quelques clichés et partager ainsi cette découverte. » Cf carnets d'expédition : du froid au chaud La perception du froid Des seuils et des quotients tangibles Le froid en Antarctique : une notion subjective ? Une géographie du froid différente Mise en perspective : analyser le climat polaire d'inlandsis (climat de type EF) Fiche proposée dans l’atlas climatique Station météorologique : Admunsen-Scott (pôle Sud) Pays : Etats-Unis. Date de création : 1956 Antarctique-base atteinte par Stéphanie et Jérémie le 23 décembre 2014 J40 – Arrivée au pôle Sud Par Stéphanie et Jérémie « Nous avons installé notre campement au pôle Sud géographique ce soir. Une longue approche du pôle – nous avions l’impression de faire du sur place et que nous n’arriverions jamais.Nous avons commencé à apercevoir la base Amundsen-Scott 18 kilomètres avant d’atteindre le pôle. Puis nous avons dû contourner le pôle par la droite sur 4 kilomètres, un espace important étant réservé au décollage et à l’atterrissage des Basler et Twin Otter et à la recherche scientifique.Quelques personnes nous attendaient dehors pour nous accueillir. Nous avions vraiment l’impression d’arriver de très loin, un peu comme si nous avions passé 40 jours sur une autre planète ! Étrange sensation que d’être au pôle Sud géographique, tout en bas du globe à l’opposé de là où nous étions en avril 2013 lorsque nous avons atteint le pôle Nord. Nous avons visité la base Amundsen-Scott. 150 personnes travaillent dans la base pendant la saison d’été et une cinquantaine pendant l’hiver. La base est calée sur le fuseau horaire de la Nouvelle-Zélande (comme la base Mc Murdo), soit 16 heures de plus que le fuseau horaire du Chili adopté à la base Union Glacier et que nous avons adopté aussi.Quand nous avons visité la base, il était donc déjà pour les personnes occupant la base le 24 décembre à 12 h 30. Nous sommes très contents d’avoir réussi cette première partie d’expédition. » Des clés simples et opérationnelles pour analyser les données de la base scientifique Admunsen-Scott *Situation : la base Admunsen-Scott se trouve à proximité immédiate du pôle Sud à une altitude de 2835 mètres. Ne pas oublier que la température décroît avec l'altitude : le continent austral est élevé et à 3000 mètres d'altitude :il fait donc en moyenne 20°C de moins qu'au niveau de la mer. -latitude : 89°59' 51''S (à 1000 kilomètres de l'océan Antarctique). -longitude : 139°16'22'' (fuseau horaire de la Nouvelle-Zélande-GMT+12) -température enregistrée le 23 décembre : -38°C Données climatiques Climat : froid glacial et sec-climat d'inlandsis, perpétuellement froid et sans chaleur estivale. http://www.institut-polaire.fr/ipev/les_regions_polaires/antarctique/climat Zone climatique polaire Sud. Angle interprétatif Les élèves peuvent utiliser les fiches météorologiques des jours de l'expédition et sélectionner une des 74 étapes du parcours de Stéphanie et de Jérémie. Situation le........................................ (exemple)-Eléments de la lecture climatique Heure Desc. atmosphérique Temp. 1 h. Dégagé 2 h. Vent H Pression (%) Moyen Rafales Pluie -34° 21 km/h 31 km/h 0 mm 64% 1010hPa 0m Dégagé -34° 21 km/h 31 km/h 0 mm 65% 1010hPa 0m 3 h. Dégagé -34° 21 km/h 31 km/h 0 mm 65% 1010hPa 0m 4 h. Dégagé -35° 21 km/h 31 km/h 0 mm 65% 1010hPa 0m 5 h. Dégagé -35° 21 km/h 32 km/h 0 mm 66% 1010hPa 0m 6 h. Dégagé -35° 21 km/h 32 km/h 0 mm 66% 1010hPa 0m 7 h. Dégagé -35° 21 km/h 29 km/h 0 mm 66% 1010hPa 0m 8 h. Dégagé -36° 21 km/h 26 km/h 0 mm 66% 1010hPa 0m 9 h. Dégagé -36° 21 km/h 23 km/h 0 mm 66% 1010hPa 0m 10 h. Dégagé -36° 21 km/h 23 km/h 0 mm 66% 1010hPa 0m 11 h. Dégagé -36° 21 km/h 23 km/h 0 mm 66% 1010hPa 0m 12 h. Dégagé -36° 21 km/h 24 km/h 0 mm 66% 1011hPa 0m 13 h. Dégagé -36° 21 km/h 23 km/h 0 mm 67% 1011hPa 0m 14 h. Dégagé -36° 21 km/h 23 km/h 0 mm 67% 1011hPa 0m 15 h. Dégagé -36° 20 km/h 23 km/h 0 mm 67% 1010hPa 0m 16 h. Dégagé -36° 20 km/h 22 km/h 0 mm 67% 1010hPa 0m 17 h. Dégagé -36° 20 km/h 22 km/h 0 mm 67% 1010hPa 0m 18 h. Dégagé -36° 19 km/h 22 km/h 0 mm 66% 1010hPa 0m 19 h. Dégagé -36° 19 km/h 21 km/h 0 mm 66% 1009hPa 0m 20 h. Dégagé -36° 18 km/h 21 km/h 0 mm 64% 1009hPa 0m 21 h. Dégagé -35° 18 km/h 20 km/h 0 mm 63% 1009hPa 0m 22 h. Dégagé -35° 17 km/h 20 km/h 0 mm 63% 1009hPa 0m 23 h. Dégagé -35° 17 km/h 19 km/h 0 mm 62% 1009hPa 0m 24 h. Dégagé -36° 17 km/h 19 km/h 0 mm 61% 1008hPa 0m Lim. Neige Démarche inductive Tableau de relevés annuels Station Admunsen-Scott http://www.wofrance.fr/Antarctique/BaseantarctiqueAmundsenScott.htm Les élèves peuvent établir un bilan détaillé des données météorologiques et constituer des fiches sur le modèle de celles utilisées dans le module 2 pour préciser l'évolution des températures, les conditions d'humidité, la visibilité, les précipitations neigeuses et la pression atmosphérique. Ils ont accès à la rétrospective de la base Antarctique sur les mois de décembre 2014 et janvier 2015 pour compléter et comparer les informations de Stéphanie et de Jérémie (sur le site WheaterOnline-base Antarctique). Possibilité d'établir des fiches pour les stations de Punta Arenas, d'Ushuaïa et des Terres australes françaises pour comparer et déterminer les nuances et la zonation climatiques.La mise en perspective de l'étude des relevés de la station Admunsen-Scott permet de passer à une réalité plus étendue par la comparaison et à une véritable analyse géographique. J42 – Noël au pôle Sud Par Stéphanie et Jérémie « Joyeux Noël ! C’est un Noël blanc que nous avons vécu au pôle Sud – dans un white-out complet depuis le début de la journée. Et la neige est tombée aussi et tombe encore ! Nous avons monté notre tente à 6 kilomètres du pôle et avons donc le pôle en vue ce soir.Nous avons 34 jours pour parcourir 1129 kilomètres jusqu’à Union Glacier – nous aurons le vent dans le dos et descendons de 2800 mètres jusqu’au niveau de la mer ce qui devrait nous permettre, une fois que nous aurons quitté le plateau, d’effectuer davantage de kilomètres chaque jour par rapport à la première partie de l’expédition.Ce ne sera pas facile de partir du pôle, loin de là. » Bilan Les élèves doivent analyser les indicateurs climatiques (éléments dominants : hiver long, mois les plus froids, phénomènes et facteurs climatiques, températures…) et préciser les discontinuités saisonnières (seuils) ainsi que l’évolution de certaines variables dans le cadre de l’étude du réchauffement climatique de la zone polaire (plus faible alimentation et recul des glaciers, fonte accélérée de la banquise....) Une étude paysagère complète la présentation climatique de la zone polaire d'inlandsis pour confirmer certaines hypothèses et paramétrer certaines données. Celle-ci doit permettre de distinguer les échelles de l'analyse géographique et à l'élève de manier cartes et images pour réaliser un croquis simplifié et légendé (sachant qu'il convient aussi de préciser les faits climatiques non visibles-le paysage est porteur de signes et d'indices). *La lecture de paysages tient aussi une grande place dans le programme de de 6ème car elle est au coeur de la pensée et de la production géographique. Synthèse Le climat antarctique dans le contexte du changement climatique -parties 1 et 2 du module 2 (révision) Les élèves produisent une carte de la zone climatique traversée par l’expédition : la zone froide est délimitée en bleu. Ils constatent que les conditions climatiques générales sont principalement déterminées par les ceintures de latitude et les courants océaniques (cf modules 1 et 2), qui isolent le continent et maintiennent des températures froides toute l'année. Ils étudient ensuite la position particulière de l’Antarctique, qui, située à une latitude polaire, connaît des températures plus douces dans les régions côtières ouest et sud.Ce qui explique la présence de nombreuses plate-formes (ice-shelves) et la présence plus importante de glace flottante (ex : Pine Island-cf module 2). “L’étude des climats doit être conçu comme un parcours transversal, organisé selon le continuum d’un cycle porté sur les échanges entre les grands réservoirs de la planète et sur les transferts au sein des océans. Il faut donc se calquer sur la typologie de la zonation climatique, en y ménageant des variantes en fonction des domaines et de son inscription dans l’espace. Il ne s’agit pas d’examiner le système perturbé des hautes latitudes de façon exhaustive, mais d’en saisir la signification tout en précisant quelques spécificités de son fonctionnement dans le cadre du réchauffement global » Jean-Pierre Vigneau-L’eau atmosphérique et continentale-Dossier des images économiques du monde-collection dirigée par André Gamblin-SEDES-1996. L’étude réalisée avec les élèves permet d’aborder le thème central de la géographie climatique dans l’étude des mécanismes qui régissent les interactions entre l’atmosphère et les océans, et les enjeux de l'Antarctique dans l'équilibre thermique de la planète.La problématisation donne ici toute sa place au commentaire et au débat et à la vision prospective. *Les études scientifiques récentes confirment les hypothèses des élèves (cf module 4 en histoire des arts-arts du visuel-document d'exploitation pédagogique des séquences du film de Robert Emmerich « le jour d'après » pour étudier les causes et les conséquences du changement climatique en Antarctique et dans le monde) à savoir l’insuffisante prise en considération de facteurs susceptibles d’augmenter les effets d’une élévation du niveau des océans sur le caractère brutal de la progression des températures au niveau des zones polaires qui entraîne une fonte accélérée des glaciers.La réalité d’une augmentation de la température moyenne mondiale est maintenant avérée, même si localement certaines régions semblent se refroidir.Les réalités du réchauffement global doivent donc être nuancées dans l’étude des climats, y compris ceux qui concernent les zones froides d'inlandsis.