JOURNAL D’UNE APPARITION
D’après Robert Desnos
Mise en scène de Gabriel Dufay
Compagnie Incandescence
Spectacle créé du 2 au 17 octobre 2015 au Théâtre National de Chaillot
(15 représentations)
Revue de presse
JOURNAL D’UNE APPARITION
D’APRÈS L’OEUVRE DE ROBERT DESNOS
ADAPTATION DE GABRIEL DUFAY
MISE EN SCÈNE :
GABRIEL DUFAY
AVEC :
GABRIEL DUFAY
PAULINE MASSON
et au piano :
ANTOINE BATAILLE
MUSIQUE :
ANTOINE BATAILLE
COLLABORATION ARTISTIQUE :
PAULINE MASSON
REGARD CHORÉGRAPHIQUE :
CORINNE BARBARA
SCÉNOGRAPHIE :
SOLINE PORTMANN, JIMME CLOO et MARION FLAMENT
LUMIÈRES :
SÉBASTIEN MARC
COSTUMES :
GABRIEL DUFAY et SOLINE PORTMANN
PRODUCTION:
COMPAGNIE INCANDESCENCE
COPRODUCTION:
THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT
SPECTACLE LABELLISÉ SÉLECTION PRINTEMPS DES POÈTES
AVEC LE SOUTIEN DE LA SPEDIDAM
REMERCIEMENTS
AUX AMIS DE ROBERT DESNOS et aussi A LA COMÉDIE POITOU-CHARENTES, MICHEL AR-
CHIMBAUD, CAROLE AUROUET, JÉRÔME BOCQUET, MARIE-HÉLÈNE et JEAN-PIERRE DUFAY,
MARIE-CLAIRE DUMAS, JACQUES FRAENKEL, MARIE-ROSE GUARNIÉRI, ISABELLE KAR-
SENTI, FRANÇOIS LIONNET, ANNIE LE BRUN, VÉRONIQUE N’GUYEN, DENIS PODALYDÈS,
MATTHIEU SALAS et VLADIMIR VATSEV.
La Terrasse (N° 235)
Vendredi 28 août 2015
http://www.journal-laterrasse.fr/journal-dune-apparition/
Entretien / Gabriel Dufay
Journal d’une apparition
Chaque nuit le fantôme rôde à l’ombre de ses rêves et berce ses maux d’amour. Cette «
mystérieuse » a les traits d’Yvonne George, chanteuse de cabaret que Robert Desnos aime
désespérément et qu’il retrouve en visions. Acteur, metteur en scène, Gabriel Dufay a
puisé dans le Journal d’une apparition et dans les recueils A la Mystérieuse et Les Ténèbres
de Desnos pour dire l’amour fou et révéler les paysages intérieurs du «poète des songes».
« J’ai tant rêvé de toi que tu perds de ta réalité » écrit Desnos à propos d’Yvonne. Com-
ment sa poésie transfigure-t-elle le réel ?
Gabriel Dufay : Adepte des sommeils hypnotiques, Desnos se décrit comme « un dormeur de-
bout, un rêveur éveillé, ligoté par les liens du rêve et qui ne peut plus agir dans la vie qu’au
risque, éveillé lui-même, de n’avoir plus autour de lui que des somnambules, des aveugles, des
muets. » Pour lui, l’écriture est un vecteur de transfiguration du réel, un appel à la joie, au mer-
veilleux. Il éprouve pour Yvonne George un amour sans retour, qui trouve sa alité par les
mots : il écrit et fait advenir l’invisible. Après la mort d’Yvonne, il tombe amoureux de Youki
Foujita. L’amour idéalisé devient vécu. Le rêve et le réel finissent par se rencontrer. Le théâtre
surgit sur cette crête ténue, fragile, entre songe et réalité. S’y promènent les fantômes des per-
sonnages, des acteurs, les ombres cachées entre les mots…
«L’écriture est un vecteur de transfiguration du réel, un appel à la joie, au merveilleux. »
Comment avez-vous conçu l’adaptation ?
G. D. : J’ai tricoté des extraits du Journal, chronique du quotidien tout à la fois cocasse et tra-
gique, des poèmes et des correspondances avec Yvonne puis Youki. Voyages oniriques, confi-
dences incantatoires, colères brusques, envolées incandescentes, considérations prosaïques se
répondent. Les textes de Desnos dialoguent les uns avec les autres, d’une époque à l’autre.
Ainsi se tisse un récit la poésie vient provoquer des courts-circuits dans le réel. La fulgurance
de l’amour laisse aussi affleurer la solitude, poignante.
Comment, par la mise en scène, faire advenir l’invisible ?
G. D. : La mise en scène cherche la diversité des sensations et des points de vue. La comédienne
Pauline Masson évoque plus qu’elle incarne la « mystérieuse ». La musique, jouée en scène
par Antoine Bataille, prolonge l’onde du poème. L’invisible se déploie dans les objets du quo-
tidien : un lit devient bateau, un oreiller un globe, des draps la mer… Le réel se fendille et ces
fissures ouvrent sur des paysages merveilleux : le théâtre fait surgir un monde d’un rien. C’est
là sa magie toute puissante.
Entretien réalisé par Gwénola David
Théâtral Magazine
Septembre 2015
GABRIEL DUFAY
L’amour d’un fantôme
Comédien pour Denis Podalydès dans LHomme qui se hait, Gabriel Dufay revient à
Chaillot avec un projet très personnel autour de la poésie de Robert Desnos qu’il aime
passionnément. Son spectacle est une reconstitution de l’amour du poète pour un fantôme
à partir du Journal d’une apparition, du recueil de poèmes A la mystérieuse et de lettres.
Théâtral Magazine : Journal d’une apparition, c’est un projet que vous avez complète-
ment conçu vous-même à partir de l’œuvre de Robert Desnos.
Gabriel Dufay : Cela fait des années que je me passionne pour Desnos. C’est un auteur que j’ai
découvert quand j’étais jeune adolescent par le biais du recueil A la mystérieuse dans lequel il
écrit des lettres à une mystérieuse absente qui est en fait Yvonne George une chanteuse de ca-
baret dont il est amoureux mais sans retour. J’avais l’idée d’en faire un spectacle mais je ne sa-
vais pas trop comment prendre la chose. Et puis c’est le Journal d’une apparition, où Desnos
retrace les visites d’un fantôme, qui m’a donné la piste du fantôme.
Desnos a aussi eu une véritable histoire avec la femme du peintre Foujita.
En 1930, Yvonne George meurt et il rencontre Youki, la femme de Foujita, qui va devenir sa
compagne et avec laquelle il va vivre un amour partagé. Il réalise avec Youki quelque chose
qu’il n’a pas vécu avec Yvonne – ou qu’il n’a vécu qu’en rêve.
Parce que Youki lui a permis de vivre véritablement l’histoire dont il a rêvée avec Yvonne.
C’est une interprétation complètement juste d’autant qu’il y a ce combat chez Desnos entre le
rêve et la réalité « tout est rompu entre la réalité et le rêve, quoique celle-là soit pénétrée pour-
tant par celui-ci. Je suis un dormeur debout, un rêveur éveillé ligoté par tous les liens du rêve
». Une autre interprétation serait de dire qu’il poursuit la même femme. Et d’ailleurs il y a plein
de correspondances entre Yvonne et Youki à commencer par l’initiale de leurs prénoms, Y.
C’est pour ça que j’ai demandé à la même comédienne d’interpréter les deux figures féminines.
Comment avez-vous construit le spectacle ?
Il y a trois parties : L’Etoile autour d’Yvonne et du Journal d’une apparition, La Sirène avec
Youki et la troisième à partir de 1939 sur les années de Guerre et les camps de concentration.
Le Journal a été le point de départ. Je l’ai relié aux poèmes de La mystérieuse et à des billets
inédits que j’ai trouvés dans lesquels Yvonne George souffre du manque de drogue. J’ai dé-
couvert aussi des lettres de Robert à Youki où il exprime également comme un manque. Il y a
un dialogue entre la musique, la comédienne et moi dans une chambre en noir et blanc.
Pourquoi une chambre ?
Le mot chambre revient souvent dans l’adaptation que j’ai faite et puis il y a cette idée que
Desnos rêve de voyager et pourtant il reste dans sa chambre durant les 25 années de son par-
cours artistique. Et puis la chambre, c’est aussi le lieu des apparitions, des disparitions, des
ombres.
Propos recueillis par Hélène Chevrier
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