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Résumé court
À l’instar des études en sociologie du travail qui, depuis 1980, s’intéressent à la subjectivité
au travail comme voie d’intelligibilité des enjeux sociaux, cette thèse porte sur la valorisation
par le discours pédagogique managérial de la mobilisation, plus particulièrement celle d’un
régime fondé sur l’enrôlement des subjectivités. Il est généralement admis que cette
mobilisation constitue le champ classique de la gestion des ressources humaines (GRH).
Qu’en est-il des autres domaines de l’organisation ? La mobilisation y serait-elle valorisée
tous azimuts ? L’hypothèse a notamment été posée par Tremblay et al. (2005), qui proposent
un modèle d’analyse fondé sur quatre champs organisationnels : 1) les pratiques de GRH ; 2)
l’organisation du travail ; 3) le leadership et ; 4) la vision, la mission, les objectifs et les
valeurs), comme autant de leviers d’action pour mobiliser le personnel. L’objectif principal de
cette thèse est de vérifier, par une analyse de contenu de manuels de formation en GRH, si le
modèle de Tremblay et al. (2005) est diffusé dans la littérature pédagogique managériale, sans
pour autant prendre pour acquis que cela se traduit dans les situations concrètes de travail.
Les apports de cette thèse sont triples : elle montre que la mobilisation du personnel et ses
dimensions associées (soit l’habilitation, la motivation, l’adhésion et l’engagement) sont
présentées par le discours pédagogique managérial comme le pivot de la nouvelle pratique de
GRH, tant du point de vue des pratiques, de l’organisation du travail et du leadership, que de
la vision, de la mission, des objectifs et des valeurs. Plus encore, elle révèle que la
mobilisation y est qualifiée d’émancipatoire, dans la mesure où elle est décrite comme un
vecteur de réalisation de soi pour le travailleur et, parallèlement, une voie de rentabilité pour
l’organisation. Au-delà de cette vaste entreprise de mobilisation de la subjectivité, l’analyse
montre que la littérature pédagogique managériale est porteuse d’un véritable ethos du travail,
qui valorise une centralité forte de l’activité professionnelle, une finalité expérientielle et un
lien d’emploi fondé sur une transaction subjective entre les parties, bref, un ethos du travail en
phase avec les normes managériales contemporaines. Au terme de l’exercice, la thèse
examine un ensemble de réflexions quant aux conséquences individuelles et sociales des
normes de mobilisation de la subjectivité diffusées par le discours managérial contemporain.