Communiqué de presse Saint Herblain, avril 2010 Cyclotron Arronax : la production des premiers atomes radioactifs pour la médecine a débuté avec succès Les premières irradiations pour la production d’atomes radioactifs (strontium-82 et cuivre-64) ont été réalisées avec succès au mois de mars 2010 au cyclotron (accélérateur de particules) innovant à vocation médicale implanté à Nantes-Saint-Herblain. Pour la première fois en effet, le faisceau de protons accélérés (à des vitesses de l’ordre de 100 000 km/s) par le cyclotron Arronax a « bombardé » deux cibles, pour provoquer des « transmutations » produisant deux atomes radioactifs originaux, le strontium-82 et le cuivre-64. Il s’agit d’une première étape essentielle compte tenu de la haute technologie de ce prototype, avant la montée progressive en activité qui permettra l’utilisation de ces atomes radioactifs à des fins médicales, diagnostiques et thérapeutiques, en cancérologie et cardiologie. Les bénéfices « patients » attendus 9 à 10 millions de scintigraphies du myocarde pratiquées en Europe et aux USA chaque année dont 300.000 en France Le strontium-82 est un atome radioactif qui se transforme spontanément en un autre atome radioactif, le rubidium-82, qui a une très courte durée de vie, de l’ordre de quelques minutes. C’est ce rubidium-82 qui est injecté par voie intraveineuse aux malades chez qui se pose le problème d’un rétrécissement d’une ou de plusieurs artères coronaires et des conséquences sur le fonctionnement global du cœur. Le rubidium-82 est capté par le muscle cardiaque (le myocarde) et, s’il existe un rétrécissement d’une artère coronaire, cette captation par le muscle en aval de ce rétrécissement diminue, et de même pour la radioactivité émise. Le rayonnement spécial de positons (particules d’anti-matière) émis par le rubidium-82 est détecté par une caméra à positons incluse dans un nouveau système d’imagerie appelé TEP (prononcer « tèpe ») pour Tomographie par Emission de Positons. Un peu moins de 100 équipements de ce type sont disponibles en France pour des applications encore aujourd’hui exclusivement dédiées à la cancérologie. En cardiologie le rubidium-82 est utilisé depuis plusieurs années aux Etats-Unis, dans une centaine de centres de cardiologie, mais pas encore en Europe. Dans la pratique courante un autre atome radioactif (le technétium-99m) est utilisé en scintigraphie dite conventionnelle. Le rubidium-82 a plusieurs avantages par rapport au technetium-99m : il permet de faire un diagnostic plus précis en un temps beaucoup plus court, et en particulier avec moins d’images d’interprétation difficile. En outre l’irradiation du malade est réduite d’un facteur 2 à 3. Grâce en particulier à Arronax, le rubidium-82 devrait être disponible en Europe pour l’imagerie TEP de la maladie coronaire dans le courant de l’année 2011. + de 95% des demandes de TEP concernent la cancérologie, le reste : cardiologie et neurologie Le cuivre-64 est un autre atome radioactif destiné aussi à l’imagerie TEP, permettant de voir les tumeurs très précocement. Contrairement au rubidium82, il ne peut être injecté directement au malade. Il doit préalablement être couplé à une molécule ayant une affinité particulière pour un tissu malade déterminé, comme par exemple une tumeur cancéreuse. Cette molécule radioactive est alors injectée par voie intraveineuse et se fixe sur les tumeurs qui deviennent ainsi radioactives. Un système d’imagerie TEP permet alors de capter le rayonnement émis et de localiser ainsi les tumeurs dans l’ensemble du corps. La durée d’émission radioactive est limitée à quelques heures et ne délivre au malade qu’une irradiation inférieure à celle d’un scanner X. Le cuivre-64 n’est pas encore aujourd’hui utilisé en imagerie de routine, mais de nombreuses molécules couplées à cet atome radioactif sont en évaluation, par exemple pour étudier la vitesse de prolifération d’une tumeur, ou encore sa capacité à répondre ou non à un traitement déterminé, autant d’informations qui seront, à court terme, utiles au cancérologue pour établir la stratégie thérapeutique optimale pour chaque malade. Atlanpole Biotherapies, pôle de compétitivité des Pays de la Loire, est dédié à la santé et plus particulièrement aux biothérapies. Il fédère des acteurs publics et privés positionnés sur la chaîne de valeur des biomédicaments et du biodiagnostic. Le pôle vise à développer 4 grands axes thématiques parmi lesquels les radiopharmaceutiques, où s'inscrivent de façon très active Arronax et d'autres entreprises comme notamment Chelatec et Atlab Pharma. La collaboration de ces acteurs a d'ailleurs permis de monter des projets collaboratifs d'envergure tels qu'AlphaRIT et Theranean, respectivement soutenus et financés par Oseo et le FUI. Arronax, cyclotron de dernière génération en bref… Installé près de Nantes, il est dédié à la recherche appliquée, ses capacités exceptionnelles séduisent tant la communauté médicale, au premier rang de laquelle les cancérologues et les cardiologues, que les industriels, chercheurs et étudiants. Arronax, cyclotron unique, le plus puissant dans son domaine Le dernier-né des cyclotrons à usage médical permettra de produire à Nantes de nouveaux radio-isotopes en quantité importante, notamment de l'astate 211 et du cuivre 67, des atomes radioactifs très efficaces pour traiter les cancers diffus. "C'est un prototype, unique au monde, d'une puissance deux fois supérieure à ceux qui existent ailleurs." souligne Jean-François Chatal, professeur de médecine nucléaire. La médecine nucléaire, première bénéficiaire des radio-isotopes d'Arronax L'imagerie en oncologie et cardiologie, grâce à la TEP (tomographie par émission de positons), verra ses diagnostics affinés et fiabilisés. Quant aux nouvelles solutions thérapeutiques en cancérologie, elles verront leur efficacité et leur innocuité accrues, au bénéfice immédiat du patient. Exemple d'amélioration de confort de traitement en cancérologie : un radio-isotope produit par Arronax, le cuivre 67, qui émet beaucoup moins de rayons gamma et n'imposera donc plus de maintenir confinés les malades après leur traitement. “Arronax va permettre de traiter plus efficacement qu'actuellement des petites tumeurs disséminées dans l'organisme en complément des traitements actuels” précise le Professeur Pierre Jallet, Président du Cancéropôle Grand Ouest. En cardiologie, le rubidium 82 quant à lui, simplifie, fiabilise et surtout raccourcit la durée de l'examen d'une demi-journée à 30 minutes. Arronax promet aussi de grandes avancées scientifiques et industrielles Arronax permettra notamment d’analyser les conditions et conséquences du stockage des déchets radioactifs en étudiant les interactions entre le rayonnement alpha et la stabilité des déchets. Ainsi on examinera si la composition de l'eau se modifie sous l'effet de l'irradiation. Construit par la société belge IBA, son financement a été assuré par l’Etat, l’Europe et les collectivités territoriales au premier rang desquels la Région des Pays de la Loire pour un investissement global de près de 37 M€. Pour en savoir plus : www.cyclotron-nantes.fr/ Contact presse : Pr Jean-François Chatal – 02 28 21 21 21 - [email protected]