
gradients dérivés en Doppler sont
mesurés au niveau de la vena
contracta située quelques millimètres
en aval de la surface anatomique
réelle, du fait d'une accélération
maximale post-sténotique du flux
sanguin (figure 1) .
Le gradient moyen transvalvulaire est
la différence moyenne de pression
divisée par le temps d'éjection. On
comprend d'emblée que lorsque la
durée de la systole se raccourcit et que
le débit transvalvulaire augmente
(exercice, dobutamine, etc.) le
gradient moyen augmente, excepté en
cas de diminution importante du
volume trans-valvulaire (dysfonction
VG, élévation excessive de la pres-
sion artérielle systémique). L'autre
mesure échographique cruciale est
celle du diamètre (D) de la jonction
aorto-ventriculaire à l'insertion des
sigmoïdes (ou communément anneau
aortique) ; chaque millimètre d'erreur
est porté au carré ( S ccvg = p x S D/4)
et donc produit une variation de 0,1
cmde surface effective. Ainsi la
surface valvulaire effective ou
fonctionnelle du RAo (SF) est dérivée
de l'équation de continuité : SF =
(ITVccvg xS ccvg )/ ITV vao. Le
produit ITV ccvgxS ccvg est une
mesure du flux transvalvulaire que
l'on indexe à la surface corporelle
(ml/m), il définit si la sténose a été
évaluée dans des conditions de bas
débit (< 35 ml/m) ou de débit
transvalvulaire normal ou élevé (= 35
ml/m).
Comme il existe une accélération du
flux sanguin dont la vitesse maximale
est quelques millimètres au-delà de la
sténose, c'est donc la surface de la
vena contracta (endroit le plus étroit
où la vélocité Doppler des hématies
est maximale = Vmax) qui est estimée
par écho-Doppler et non pas une
surface anatomique (figure 2) . Le
développement du scanner et aussi de
l'échocardiographie tridimensionnelle
a permis de mieux étudier la jonction
aortoventriculaire (anneau aortique
basal, qui est très souvent non
circulaire) en particulier en cas de
bicuspidie pouvant expliquer
certaines discordances surface-
gradient. Le flux sous-aortique doit
être laminaire en prenant la valeur
maximale à proximité de la jonction
ven-triculo-aortique en coupe apicale
5 cavités. En cas de bourrelet sous-
aortique associé à une accélération du
flux sous-aortique, il est recommandé
de se placer (aussi bien pour le mode
Doppler pulsé que pour la mesure de
la CCVG) en amont de la jonction
aorto-ventriculaire dans la chambre
de chasse du VG à un endroit où le
flux est laminaire afin de ne pas
surestimer le débit transvalvulaire et
par conséquent la surface
fonctionnelle du RAo.
Figure 2. Les mesures Doppler
évaluent la surface valvulaire
effective ou fonctionnelle qui n'est
autre que la surface de la vena
contracta ; la vélocité y est
maximale (Vmax) et la pression
minimale. Lorsque l'aorte
ascendante est de petite taille,
l'énergie cinétique est partiellement
reconvertie en énergie potentielle.
Cette restitution de pression est à
l'origine de discordances entre les
mesures Doppler et les mesures de
gradient par cathétérisme
cardiaque.
Évaluation du RAo par
cathétérisme cardiaque
L'évaluation du RAo par cathétérisme
cardiaque nécessite tout d'abord la
réalisation d'un cathétérisme gauche
pour étudier les gradients de pression
transvalvulaire. Le cathétériseur
mesure ainsi directement un gradient
(une différence) de pression entre le
ventricule gauche et l'aorte sus-
tubulaire. Le gradient moyen de
pression et le gradient maximal
obtenus en hémodynamique sont
représentés dans la figure 3 . Le
fameux gradient pic-à-pic ne doit pas
être utilisé en pratique clinique car il
n'a pas de réalité physiologique : les
pics de pression VG et aortique ne
sont pas simultanés et sont d'autant
plus décalés dans le temps que le RAo
est serré. L'examen doit être complété
par un cathétérisme cardiaque droit
pour évaluer le débit cardiaque ; la
surface aortique pouvant alors être
évaluée à partir de la formule de
Gorlin (validée sur l'orifice mitral) :
surface aortique = Qc/(temps
d'éjection systolique) xv GM x
constante(Gorlin et Gorlin).
La formule de Gorlin est souvent
considérée comme « référence »,
surtout pour des raisons historiques
car elle a précédé l'évaluation
échocardiographique. En fait, la
valeur de la constante a été
déterminée dans des conditions
normales de débit et par conséquent sa
validité en cas de bas débit est
discutable.
La pression aortique invasive est
mesurée non pas au niveau de la vena
contracta mais quelques centimètres
plus haut dans l'aorte où une partie de
l'énergie cinétique a pu être
reconvertie en énergie potentielle,
restitution (ou recouvrement) de
pression d'autant plus importante que
l'aorte ascendante est de petite taille
(figure 2) (7) . Pour réconcilier les
mesures dérivées du Doppler et celles
du cathétérisme, H. Baumgartner et
coll. ont proposé une formule pour
estimer la restitution de pression («
pressure recovery ») : G rest = P3-P2
= 4Vx 2 x SF/SAorte x (1-SF/SAorte
) ; SAorte étant la surface de section
aortique mesurée environ 1 cm en
aval de la jonction sino-tubulaire. L'
Energy Loss Index (indice de perte
d'énergie) est une surface
fonctionnelle « corrigée » qui tient
compte du phénomène de restitution
de pression en cas de petite aorte et
qui finalement correspond à la surface
hémodynamique par la méthode de
Gorlin : ELI = SF x SAorte /(S Aorte
- SF) ; SAorte étant la surface de
l'aorte 1 cm au-delà de la jonction
sino-tubulaire. Une sous-étude de
SEAS montre que le calcul de l'ELI
reclasse 47 % des patients ayant un
RAo serré par équation de continuité
dans le groupe des patients avec un
RAo non serré. La même équipe
démontre la valeur pronostique
additionnelle de l'ELI pour prédire les
événements combinant remplacement
valvulaire aortique, insuffisance
cardiaque valvulaire et décès
cardiovasculaire.
Ainsi pour un patient donné avec une
sténose aortique associée à un
gradient moyen de 30 mmHg,
maximal de 50 mmHg, une surface
fonctionnelle de 0,85 cmet un
diamètre aortique de 2,4 cm on peut, à
partir des équations citées ci-dessus,
calculer la discordance KT-Doppler
(restitution de pression : 30 mmHg) et
l'ELI (1,05 cm).
Il est important de souligner que la
qualité des courbes de pression doit
être vérifiée et qu'elle est souvent
inférieure avec l'utilisation courante
des sondes 4 F par rapport à celle
obtenue avec des sondes 6 ou 7 F. Les
tubulures de raccordement doivent