déséquilibré, mais c’est à l’« asile » ou à la « maison
des fous » qu’on envoie une personne dont la chimie
du cerveau est déréglée. On éprouve de la sympathie
pour les personnes atteintes d’une maladie physique
sérieuse, mais celles sourant d’une maladie mentale
grave sont souvent considérées comme instables,
dangereuses, paresseuses, inintelligentes, manquant
de maîtrise de soi, faibles, peu ables, et ainsi de
suite. En milieu de travail, ces stéréotypes négatifs
peuvent entretenir les préjugés et la discrimination,
voire bloquer l’avancement d’une carrière.
Comment reconnaître une maladie mentale?
Selon Santé Canada, une maladie mentale a une
incidence grave sur la capacité d’une personne
de fonctionner ecacement pendant une longue
période. Selon la maladie, la façon de penser,
l’humeur et le comportement d’une personne
peuvent être fortement perturbés. La personne
malade peut ne pas être en mesure de composer avec
les aspects les plus simples de son quotidien et avoir
besoin d’aide pour rétablir l’équilibre dans sa vie.
Les maladies mentales, ce ne sont pas seulement
les troubles graves, comme la schizophrénie, la
psychose et la démence; c’est également le trouble
anxieux, la dépression, les troubles de l’alimentation,
les phobies, le trouble panique, les comportements
obsessionnels-compulsifs, le syndrome de stress
post-traumatique et le trouble bipolaire. La maladie
mentale exige un traitement professionnel et
pourtant, certaines personnes tentent elles-mêmes
d’atténuer leurs symptômes en ayant recours à
l’alcool et aux médicaments d’ordonnance ou en
vente libre. Cela peut leur apporter un soulagement
temporaire, mais complique le problème à la longue,
alors que la personne a besoin de plus grandes
quantités d’alcool, de médicaments ou de drogues
pour se sentir mieux.
Heureusement, de plus en plus de personnalités
publiques, comme la patineuse de vitesse Clara
Hughes, l’actrice Margot Kidder et la militante
Margaret Trudeau – parlent ouvertement de leurs
propres troubles psychologiques. Malgré cela, des
milliers de Canadiens sourent toujours en silence,
craignant qu’on les « démasque » – surtout dans leur
milieu de travail.
Les conséquences néfastes de la dépression
De toutes les maladies mentales, la dépression est
la plus répandue et la plus coûteuse. Environ huit
pour cent des Canadiens – habituellement ceux qui
sont au sommet de leur courbe de rémunération
professionnelle – connaîtront une dépression
majeure. La dépression représente la principale
cause d’invalidité dans le monde entier. Cette
maladie est mal comprise, souvent reléguée à un
cas de « déprime » dont on peut se sortir en « se
secouant », si on y consacre susamment d’eorts.
Cependant, la dépression est plus qu’une tristesse
ou qu’une déprime temporaire. La déprime nit par
passer toute seule, mais pas la dépression. C’est un
sentiment de désespoir et de manque de conance
en l’avenir qui dure des semaines ou des mois,
voire des années. Pour les personnes atteintes de
dépression clinique, il n’y a pas de lumière au bout
du tunnel – il n’y a qu’un long tunnel sombre.
Bien que les femmes soient plus nombreuses que les
hommes à être diagnostiquées de troubles dépressifs,
les professionnels de la santé mentale sont d’avis
que les hommes sont tout simplement moins enclins
à rechercher de l’aide – probablement à cause
de la stigmatisation qui se rattache aux troubles
psychologiques et à la maladie mentale. Et cela nous
conduit à d’autres statistiques aigeantes. Parmi les
Canadiens de tous les groupes d’âges, quatre suicides
sur cinq sont commis par des hommes. Au Royaume-
Uni, les hommes sont trois fois plus susceptibles que
les femmes de se suicider, et en Nouvelle-Galles du
Sud (Australie), le suicide dépasse les accidents de
voiture comme principale cause de décès chez les
hommes depuis 1991.1
Pourtant, toutes les maladies mentales sont des
troubles médicaux traitables, et les résultats des
traitements sont souvent excellents. Mais pour être
traités, les gens doivent d’abord demander de l’aide,
et la stigmatisation associée à la maladie mentale
empêche de nombreuses personnes de le faire.
« Plus de sept millions de Canadiens seront aux
prises avec des problèmes de santé mentale cette
année, et la triste réalité est que bon nombre d’entre
eux vont trouver la discrimination dont ils font
l’objet pire que la maladie elle-même », a déclaré
Michael Pietrus, directeur du programme Changer
les mentalités, l’initiative contre la stigmatisation de
la Commission de la santé mentale du Canada, dans
un communiqué de presse diusé en 2012 par la
Commission canadienne des droits de la personne.
L’argument de la rentabilité
Le choix d’améliorer la santé mentale en milieu
de travail est amplement justié du point de vue
2© Homewood Solutions HumainesMC, 2013 Volume 3, Numéro 2