Psychologie 1 T.Taubet La relation médecin malade La relation médecin-malade est un aspect particulièrement complexe et important de la pratique qu'on a en tant que médecin. Il est indispensable pour tous médecin de s’y former spécifiquement. Parce que les connaissances techniques sur les maladies ne suffisent pas à faire face aux situations de détresse qu'on rencontre dans la pratique. C'est quelque chose qu'on enseigne relativement peu et face auquel les jeunes médecins sont vraiment désemparés. Pour s’y former, il y a des points théoriques et aussi ce que l’on va apprendre par compagnonnage, c'est-à-dire en travaillant avec des médecins ou des stagiaires + formés que le médecin qui le forment. Mais il y a aussi des points plus théoriques qu'il faut connaître. 1-Objectifs de la pratique médicale On peut penser que c'est guérir les gens des maladies mais un vieil aphorisme médical qui disait que « la médecine c'est guérir jamais, soulager parfois et consoler toujours ». La guérison est considérée comme un mythe. Mais qu'est-ce-que la guérison? Ça serait revenir à un état antérieur, comme avant quand il n'y avait pas la maladie ou l'accident et ça n'est pas vraiment possible. On ne redevient jamais comme on l'était avant. Il reste toujours quelque chose de la maladie : des cicatrices, des traces de la maladie qui nous marquent et qui nous changent. De plus, les maladies qu'on est amené à soigner très souvent dans la pratique sont des maladies dont on ne guérit pas. (Psychose en psychiatrie, insuffisance respiratoire...). Toutes ces maladies qui prennent beaucoup du temps des médecins sont des maladies dont le but n'est pas de guérir c'est plutôt une stabilisation. Et puis finalement quand on est médecin on est amené à soigner des gens jusqu'à leur mort, qui attend tout un chacun. Ici l’objectif n’est plus de guérir mais d’accompagner, de réconforter de soulager dans ces moments difficiles. Si la médecine guérissait la maladie personne ne mourrai. Donc la médecine est avant tout un art de l'accompagnement et c'est cet accompagnement qui soigne tout autant que les connaissances techniques des médecins. En anglais il y a 2 mots diffèrent, le mot cure qui veut dire soigner la maladie, et le mot care qui signifie prendre soin d’une personne, l'accompagner. 2- Les modalités de la rencontre ont évolué Dans l’Antiquité, on parlait d'une relation hippocratique, entre le médecin/patient. Dans le modèle hippocratique on suppose que le malade est quelqu’un de soumis, d'obéissant qui remet toute sa confiance entre les mains du médecin. Et le médecin agit toujours pour le bien du patient en patiente et donc ordonne des soins pour son bien. Soins que le malade suit à la lettre. Psychologie 1 T.Taubet IL y avait un aphorisme pour souligner cette rencontre, on disait que « c’est la rencontre d’une conscience et d’une confiance ». Aujourd’hui la médecine a évolué vers une relation davantage contractuelle. D’un côté un professionnel de soins, et de l’autre un patient plutôt qu’un malade et vient avec une demande (de diagnostic, de soin, de conseil...) et le médecin doit évaluer cette demande et faire patient une sorte de contrat autour du soin avec le patient. On voit que dans ce type de relation, le patient est actif, et il détient une part de l’information médicale. Souvent les patients qui consultent ont recherché sur Google pour faire un diagnostic, à voir quel sont les traitements, ils vont comparer les traitements que le médecin propose aux recommandations qu’ils trouvé sur internet. Il y a aussi des associations de patients qui se forment. Le risque de l’évolution de la relation médecin-patient est de 2 types Une relation consumériste, relation entre un fournisseur et un client (patient viens pour se faire prescrire un médicament, ou un certificat médical) Une relation judiciairiste, est aussi une évolution avec le risque de plaintes, notamment parce que le patient estime que le médecin n’a pas suivie les dernières recommandations etc. 3-Une rencontre asymétrique Pour le patient la consultation avec le médecin est un moment exceptionnelle c'est-à-dire c’est déterminent et que ça engage parfois pour le reste de sa vie (ex : maladie grave). Pour le médecin par contre, la consultation c’est un moment complètement ordinaire qui est pris dans sa journée de travail, avec parfois plusieurs dizaines de patients vus par jour. Le médecin agit comme un technicien, il applique un savoir qu'il a appris (facteurs de formation) mais aussi en fonction de facteurs personnels, et de sa propre histoire. 3.1-Le médecin C'est un professionnel qui doit soulager la souffrance, écouter, accompagner, prévenir, éduquer à la santé..., etc. Bref qui doit organiser les soins de son patient. En même temps le médecin peut être un homme, une femme qui peut être jeune ou âgé avec une personnalité et une conviction différente, il va travailler avec leurs des motivations conscientes et inconscientes. Les motivations conscientes ce sont les motivations qui vous viennent (pourquoi veux-tu devenir médecin ?), il y a toujours des motivations inconscientes qui peuvent être de différents type qui coexiste, elles sont inconscientes car on y a pas accès en réfléchissant mais par une simple introspection. Ces pulsions elles peuvent être de type voyeuriste, exhibitionniste pour ce qui est de l’ordre de « voir », toucher les corps. Deuxième type de motivation inconscientes c’est tous ce qui est autour de se rendre utile, réparer, soulager, pour les psychanalystes ca traduit une volonté de repartions des tendances agressive et sadiques. Le troisième type de motivations inconscientes, ce sont celles liées à ce que l’on appelle la toute-puissance infantile, c’est une espèce d’état que l’on a lorsqu’on est petit enfant et qu’on croit que tout tourne autour de soi, que tout est possible et qu’on peut tout contrôler y compris la vie et la mort. On a parfois des cas de jeunes médecins qui sont dans cet état et qui vont s’effondrer psychiquement suite à un décès. Psychologie 1 T.Taubet On s'aperçoit que les jeunes médecins étudiants en médecine sont souvent très préoccupés par euxmêmes plus que par leur patients, c'est-à-dire toutes les questions autour « Vais-je être à la hauteur ? « Suis-je assez compétent?», ces questions peuvent être aussi envahissent et peuvent le détourner de la vraie question qui est quels sont les besoins et les attentes du patient. Le médecin n'est pas un être universel, qui serait un technicien au-dessus des cultures et détacher de ces questions-là. Il a une culture particulière, un psychisme particulier, une culture professionnelle et tous cela va beaucoup influencer ces modalités d’exercice. 3.2-Le patient Le patient est marqué lui aussi par des facteurs psychologiques et culturels comme le médecin, ce n’est pas un simple organe malade à soigner. Il y a des patients qu’on identifie comme des patients difficiles, ce sont des patients pour lesquels il y a une intrication entre des problématiques somatiques, organiques et des problématiques psychologique : Il existe aussi des patients difficiles à prendre en charge par les médecins, notamment : L’hypocondrie : ils arrivent avec toujours la même plainte que rien ne peut soulager. Donc ils provoquent des réactions parfois vives chez les médecins qui se sentent impuissants à les aider. Il y a également les patients hystériques, notamment parce qu'il y a une certaine érotisation de la relation suscitée par le patient. La pathomimie, ou trouble factice, ce sont des patients qui se créent délibérément des troubles réels par ex en s'infectant des plaies cutanées pour être l'objet d'attention du médecin. 2.3-La maladie La maladie c'est à la fois un état décrit par le médecin un ressenti et un vécu exprimé par le malade une construction sociale, c'est-à-dire qu’il y a un discours social ambiant sur les maladies L'anthropologie médicale anglo-saxonne distingue 3 termes différents anglais pour la maladie: « disease », désigne la maladie telle qu’elle est vue par le médecin. Par exemple un rhume, le médecin va considérer que c’est une infection produite par un virus qui occasionne une inflammation des cellules du pharynx etc. « Illness », le patient vit l'expérience de la maladie, comment le patient décrit sa maladie mais aussi comment il pense qu’elle est survenue et toutes les représentations profanes que peut avoir le patient sur cette maladie. Pour l’exemple du rhume ça peut être on a attrapé froid parce que on marché pied nu sur un carrelage. C'est un vécu subjectif qui comprend une description de la maladie mais aussi une théorie sur l’étiologie de cette maladie et puis il comprend des logiques thérapeutiques. « Sickness », ca désigne le processus de socialisation de la maladie c'est-à-dire comment on se comporte socialement par rapport à ce qui est dit sur cette maladie, par exemple se mettre sous la Psychologie 1 T.Taubet couette et prendre un arrêt de travail pour que tout le monde voit qu’on un rhume. Le patient et le médecin peuvent avoir des représentations complétement différentes sur ce qui se passe et sur ce qu’il convient de faire. Si on n’arrive pas à expliciter ça avec le patient on va avoir un problème important pour faire une alliance thérapeutique avec le patient et pour obtenir que le patient se soigne. 3.4-La rencontre La rencontre est finalement asymétrique est marqué par l’inégalité entre un médecin sensé savoir qui fait des choses banales dans son travail et un patient qui est diminué, dépendant, angoissé parce qu’il ne sait pas ce qu’il a, et qui lui vit un moment exceptionnel. C'est tout de même une relation d'attente mutuelle, le malade attend d’être soulagé et le médecin attend en général une certaine forme de reconnaissance de sa capacité à soigner, réparer guérir. Le corps a est au centre de la relation, il a une place très importante mais la parole a toujours une place capitale tous les mots sont dit, quel que soit la plainte. On pourrait dire que la relation médecin-malade est une relation de confiance mais qui n'est pas égalitaire. 4-Apports psychanalytiques 4.1-Transfert Transfert : Ensemble des réactions conscientes et inconscientes qu'éprouve le patient à l'égard du soignant. Dans le cadre de la relation médecin-malade, des désirs inconscients qui ont leur origine dans ce qu’ils ont éprouvé dans la période infantile du patient vont se réactualisé et être projetés sur le médecin qui représentera inconsciemment un autre personnage généralement parentale (père, mère...). Cela peut dérouter voir agacer les médecins parce que les patient vont développer certaines attitudes, revendications qui sont es réactualisation de ce qu’ils sont pus éprouvé enfant et qui n’ont pas grand-chose à voir avec le médecin réel. Ex : Des patients qui ont besoins d’être sans cesse rassuré, reconnues 4.2-Contre-transfert/Contre-attitude : Contre-Transfert : Ensemble des réactions conscientes et inconscientes qu'éprouve le médecin vis-à-vis d’un patient particulier Ce contre-transfert est lié à 2 choses Au mouvement transférentiel du patient, ce que patient va projeter sur le médecin A la personnalité du médecin et son histoire En général on utilise plutôt le terme contre-transfert et psychanalyse, et contre-attitude quand on parle relations soignante en général. Les contre-attitudes ont 3 composantes :