CM n° 1 en licence 2, semestre 3 : De la sociologie en STAPS

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CM n° 1 en licence 2, semestre 3 :
De la sociologie en STAPS ? Pour quoi faire ?
Qu'est ce qu'un sociologue, en existe t-il différentes «espèces» ? D'ou
vient la sociologie comment a t-elle évolué au cours du temps. ?
quelle peut être son « utilité » en staps ?
Vous me demandez souvent pourquoi la sociologie fait partie de vos
cursus de formation et vous êtes tentés de croire que ceci relève d’une
sorte de fantaisie, ne voyant pas ou peu l’intérêt de la discipline. Je
voudrais souligner ici, avec le soutien de DURET (2004) combien la
« pluralité des méthodes d’enquêtes de la sociologie suppose….une
ouverture d’esprit aux différents paradigmes
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qui la traversent » (p
293). J’ajouterai à cette remarque que la sociologie ne s'ingurgite pas.
Elle s'approprie, comme une posture corporelle et culturelle, pour
oser une métaphore avec le langage sportif.
La difficulté vient du fait que la sociologie ne dispose pas d’une uni
de paradigme et que la diversité des approches est grande. Passée
d’une époque du sociologue roi du « dévoilement » à une forme
d’humilité frôlant l’humiliation, le sociologue prône la rité des
acteurs de terrain. Ce retour de balancier est dommageable car nulle
science ne fait l’économie de la compréhension du sens. Or les vérités
sociologiques sont plurielles, faites d’interactions, comme le social qui
est le lieu de réseaux, de structures et de systèmes.
1 Une discipline aux frontières floues sans unité de paradigme :
Comment se produisent les sciences sociales ? Le flou des frontières
de la discipline est donc manifeste, même si la sociologie n'en a pas
l'exclusivité. Le problème existe en psychologie, ou en histoire par
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Un paradigme décrit les croyances le plus souvent implicites sur le fond desquelles les
chercheurs élaborent leurs hypothèses, leurs théories et plus généralement définissent leurs
objectifs et leurs méthodes. …. Toute démonstration repose sur des principes
indémontrables. …
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exemple. La sociologie a le plus grand mal à se définir en une
formule simple.
Nous sommes devant ce que la philosophie appelle une aporie,
autrement dit une forme d'embarras qu'occasionne un problème
difficile, souvent insoluble.
Qu'est ce qui différencie la sociologie des autres disciplines des
sciences humaines comme la psychologie, l'anthropologie,
l'ethnologie. Et la philosophie dans tout ça ?
On peut dire qu'il s'agit de la science des phénomènes sociaux, ou
encore de l'étude de la société. On peut aussi retenir ce qu'en dit le
dictionnaire de sociologie dirigé par Boudon R., Besnard P.,
Cherkaoui M., et Lécuyer BP (2001), lorsqu'il souligne "la grande
diversité… des objectifs, … des méthodes" (Page 220).
Je vous propose donc une flexion sur les méthodes scientifiques, les
paradigmes et les concepts à l'oeuvre dans l'explication du social.
La sociologie revendique souvent une polysémie d'objets et une
diversité de méthodes. Par exemple :
+ A l'objectivisme durkheimien s'opposera un subjectivisme dont
l'idée centrale est qu'il n'y a pas d'activité sociale sans intentionnalité.
Un comportement ne réfèrerait pas seulement aux normes ou modèles
culturels mais renverrait aussi au sens subjectif que lui donne l'acteur.
Il y a entre ces deux courants de pensée un postulat qui consiste à
dire que les faits sociaux ont un sens. Les différences viennent de la
façon de comprendre cette proposition et d'opérer des réductions de
sens différentes.
+ C'est l'idée de l'intelligibilité immédiate qui a dominé le
rationalisme des sciences sociales naissantes dès le 17eme. Ces
théories nient les conditionnements subjectifs déterminant les
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décisions des agents, comme les facteurs historiques et culturels, et
réduisent la réalité sociale à une pure transparence.
+ Une autre réduction de sens propre aux structuralistes (Lévy
Strauss) consiste à réduire les faits sociaux à des signes ou des
symboles à partir d'une analyse montrant que les structures d'échange
(parenté, structure linguistique) sont des structures de communication.
Ainsi, circulation des objets, ou des signes seraient de même nature.
Une telle conception efface tout conditionnement objectif déterminant
les modalités de l'échange.
+Une autre duction consiste à rechercher le fondement des faits
sociaux dans le désir humain. C'est ce que fait Malinowski en
montrant que la vie sociale s'organise pour satisfaire les besoins
psychologiques. On peut objecter à cette théorie qu'en fait c'est la
société qui fournit à l'individu ses motivations concrètes.
+ Enfin une quatrième acception du sens des faits sociaux consiste à
dire qu'une société ne peut fonctionner en l'absence de
mécanismes de légitimation de l'ordre social et d'inculcation des
valeurs.
2 Des méthodes utiles pour combattre le sens commun,
spontanément subjectiviste.
L'attitude de l'homme ordinaire vis à vis de la réalité sociale est
spontanément subjectiviste dans la mesure il perçoit celle ci en
termes idéologiques. C'est pour chacun d'entre nous l'illusion
nécessaire de la transparence du social et la méconnaissance des
mécanismes objectifs qui fonde la réalité.
L'attitude du sociologue est spontanément objectiviste dans la mesure
la finalité est la découverte des déterminismes objectifs et de
l'opacité relative de la réalité sociale.
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Vous pourrez mesurer combien cette mise en parenthèse de la
subjectivité des points de vue est complexe tout au long de votre
parcours de formation.
Pour y parvenir, les méthodes scientifiques sont tout à la fois
nécessaires pour traduire la complexité du el et nécessairement
simplificatrices et réductrices. Je vous montrerai aussi qu'il subsiste
toujours une limite à l'explication donnée, dépendante de la question
posée, de l'objet de recherche tel qu'il se délimite dans la
problématique d'analyse. Toute réponse est dépendante de la question
posée. D'où cette maxime célèbre qui consiste à rappeler que la
science est d'abord l'art de poser et de déplacer les questions.
Les courants de pensée en sociologie ont montré qu'en effet sur des
objets limités (des régions de savoirs) on pouvait tenter l'aventure
du modèle explicatif. Il en va ainsi dès lors qu'on s'intéresse à la
reproduction sociale des inégalités dans les sociétés industrielles.
Le structuralisme a montré l'existence d'invariants culturels dans les
sociétés, y compris les sociétés primitives.
Le marxisme, la socio-biologie et d'autres champs ont également
proposé des modèles explicatifs du monde social.
Aucun modèle pourtant ne peut à lui seul englober les savoirs issus
d'autres champs. Les domaines scientifiques constitués
fonctionnent comme autant de champs clos ignorant ce qui les
environne, expliquant ce qu'ils ont au préalable construits, taillant leur
part de la réalité du monde.
Prenons le principe d'utiliou de disparition lié au postulat de
l'équilibre du monde vivant.
Son origine est dans le raisonnement tenu par Darwin pour qui le
nombre d'individus procréés est dans toutes les espèces supérieur au
nombre de ceux qui peuvent survivre, compte tenu des ressources du
milieu. La nature opérerait la sélection en éliminant ceux qui ont des
caractéristiques défavorables. Progressivement les gènes les plus
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favorables seraient transmis. Tout serait parfait et les déviants
devraient être ainsi supprimés. Dès qu'on passe à l'espèce humaine on
voit bien les bordements politiques vers la xénophobie, ou d'autres
théories sur le caractère naturel du sentiment de propriété, ou le
besoin de dominer.
Morin nous dit que cette tentative d'explication du monde est un
leurre totalitaire et que le mouvement de la connaissance est en fait
un mouvement perpétuel.
Tout scientifique est donc aussi un être enracidans une culture,
une société et une histoire. Les connaissances actuelles sur
l'infiniment grand et l'infiniment petit nous rendent encore plus
circonspects. Plus on approche des limites, plus le savoir institué est
fragile; comme en mathématiques, un théorème ne fonctionne que s'il
élimine une part du phénomène qu'il explique. C'est en excluant une
donnée du problème que la théorie peut fonctionner.
3. Territoires de la sociologie :
Notre chance et notre difficulté collective résident dans le fait de nous
trouver dans un champ multidisciplinaire chacun est amené à faire
reconnaître des autres, la validité et la spécificité de son savoir.
Je plaide donc pour le refus de toute forme de discrédit de ce qui
n’est pas soi et je vous invite à considérer ce qui fonde les différences
d’approche, sachant par exemple que la biomécanique, les sciences de
la vie ou la sociologie n’utilisent pas les «mêmes définitions de la
rationalité, ni les mêmes modes d’administration de la preuve» (Duret
2004)
Les unes ne sont en rien supérieures aux autres, elles usent d’outils
spécifiques pour résoudre des questions différentes.
Alors où commence et finit la sociologie ?
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