Étude comparative de l’instrument d’évaluation des troubles de la personnalité DIP versus SCID-II 547
le plus ancien entretien structuré des TP, il existe une
version DSM-IV qui évalue les dix TP ainsi que la person-
nalité dépressive et la personnalité passive—agressive de
l’annexe B du DSM-IV [21]. La fidélité interjuges du SIDP
et celle du SIDP-R (forme révisée) ont donné des résultats
très satisfaisants, mais les études de validité du SIDP et
du SIDP-R avec d’autres instruments et avec le diagnostic
clinique sont moins satisfaisantes.
Le Personality Disorder Examination [16] est devenu
l’IPDE. Il a été développé par l’OMS qui a créé des centres
de référence et de formation (CRF) pour l’IPDE à travers
le monde. La publication de la version franc¸aise a été
coordonnée par Pull et al. en 1994 [32]. L’interview
complète évalue tous les TP du DSM-IV et de la CIM-10. Il
existe deux modules correspondant chacun à un système de
classification. Le CRF francophone (basé au Luxembourg) a
développé une version combinée. La fidélité interjuges et
la stabilité temporelle sont dans l’ensemble équivalentes
à celles obtenues avec des instruments évaluant d’autres
troubles psychopathologiques.
L’entretien semi-structuré du SCID-II a été séparé du
SCID-I à partir de 1985 du fait de l’intérêt croissant pour les
TP [3,28]. Contrairement à l’IPDE et au SIDP, cet instrument
a conservé une présentation par diagnostic [9]. La version
actuelle a été créée en 1994 et officialisée en 1997 [10].
La version franc¸aise a été validée par Bouvard et al. [3,4].
L’entretien commence par des questions générales. L’ordre
de présentation ne suit pas le DSM, le SCID-II commence
par le cluster C pour finir par le cluster A de fac¸on à obtenir
une meilleure coopération du sujet.
L’intérêt du SCID est de permettre au clinicien de
négliger toutes les réponses négatives du sujet pour se
focaliser sur les réponses positives au cours de l’entretien.
La fidélité interjuges du SCID-II pour le DSM-III-R était très
satisfaisante avec des cliniciens expérimentés, il n’existe
pas de données pour le DSM-IV. Les études de validité ont
abouti à des résultats beaucoup moins satisfaisants.
Un instrument plus récent, le DIP (DSM-IV and ICD-
10 Personality) constitué d’un autoquestionnaire (DIP-Q)
et d’un entretien semi-structuré (DIP-I), mis au point
par Bodlund et al., Ottossonet al. [2,17,18], permet une
évaluation des TP à partir de critères basés aussi bien sur le
DSM-IV que sur la CIM-10. Utilisé dans une étude européenne
(COST B6) sur les troubles du comportement alimentaire,
nous l’avons traduit en franc¸ais et évalué dans ce travail
par rapport au SCID-II, instrument souvent utilisé en
France.
Dans la validation préliminaire d’Ottosson et al. [17]
sur 33 patients psychiatriques, les coefficients alpha de
Cronbach pour chaque TP sont acceptables pour la plupart
des TP et un peu meilleurs pour le DSM-IV que pour la
CIM-10 (le TP dyssocial de la CIM-10 a montré un coefficient
alpha négatif). Les coefficients kappa entre les paires de
chaque système varient de 0,47 à 0,69.
L’étude en population générale d’Ekselius et al.
[8] montre une bonne concordance entre le DSM-IV
et la CIM-10, sauf pour les personnalités schizoïde et
antisociale/dyssociale (kappa ≤0,5).
L’autoquestionnaire DIP-Q a été validé par Ottosson et
al. en comparant les données obtenues avec l’entretien
semi-structuré (pour le DSM-IV) sur un échantillon de 138
patients (DSM-IV : kappa : 0,45—0,63) [18].
Bodlund et al. [2] ont montré que le DIP-Q permet
de discriminer trois populations parmi 448 sujets cli-
niques (recrutement tout venant, population carcérale et
candidats à une psychothérapie).
Le travail présenté ici compare l’autoquestionnaire
DIP-Q, l’entretien semi-structuré DIP-I avec le SCID-II sur
une population de sujets malades.
Méthode
Présentation des instruments d’évaluation
Les critères généraux de diagnostic pour les troubles de per-
sonnalité sont les mêmes pour le DSM-IV et pour la CIM-10.
Le premier critère général (A ou G1) montre que la référence
pour la déviation est la norme culturellement attendue et
acceptée. Les trois critères généraux suivants (B, C, D ou
G2, G3, G4) concernent l’envahissement, la pathologie et la
permanence de la déviance. Le cinquième critère général (E
ou G5) indique que l’écart n’est pas mieux expliqué par la
manifestation ou la conséquence d’un autre trouble mental.
Structured Clinical Interview for DSM-IV Axis II
Personality Disorders (version 2.1) [3,4]
L’autoquestionnaire (SCID-auto). Il comprend
117 questions oui/non à dessein plus général que celles de
l’entretien semi-structuré. Toute réponse «oui »oriente
vers la présence d’un des troubles de personnalité selon le
DSM-IV. Nous avons utilisé la version informatisée de CUNGI1.
Quand le nombre de questions cotées «oui »est inférieur
à celui des critères requis pour un diagnostic, le clinicien
n’est pas tenu de poser les questions correspondantes
dans l’entretien semi-structuré. Le SCID-II évalue dans
l’ordre : les troubles de personnalité évitante, dépendante,
obsessive—compulsive, passive—agressive, dépressive,
paranoïaque, schizotypique, schizoïde, histrionique,
narcissique, borderline et antisociale.
La version actuelle de «l’entretien semi-structuré »
(SCID-E) (traduction franc¸aise Bouvard et al.) [3] évalue les
dix TP du DSM-IV, la personnalité dépressive et la person-
nalité passive—agressive incluse dans l’annexe B du DSM-IV.
Les troubles sont évalués successivement, mais dans un
ordre différent du DSM-IV, pour ne pas choquer le sujet dès
le début de l’entretien par des questions se rapportant à
l’une ou l’autre des personnalités «bizarres »du cluster A. Il
n’est pas nécessaire d’explorer les catégories absentes lors
de l’autoévaluation [3,10]. L’entretien SCID est précédé de
questions générales avant que l’évaluateur ne s’intéresse
aux TP spécifiques.
DSM-IV and ICD-10 Personality [17,18]
L’autoquestionnaire DIP-Q. Il est constitué de 140 items
(vrai ou faux) référés à l’ensemble des dix TP du DSM-IV
et des huit troubles de la CIM-10. La même procédure
que pour le SCID est alors suivie et l’auteur indique qu’il
n’est pas nécessaire d’explorer les troubles absents lors de
l’autoévaluation.
1Version non publiée.