Nouvelles-CATIE
Des bulletins de nouvelles concis en matière de VIH et d’hépatite C de CATIE.
Des chercheurs montréalais constatent les avantages potentiels
d’un traitement anti-VIH très précoce
5 avril 2007
Nous assistons depuis plusieurs années à une recrudescence des infections transmises sexuellement (ITS) en
Amérique du Nord et en Europe, y compris les suivantes :
chlamydia;
gonorrhée;
syphilis.
En ce qui concerne les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, on a également recensé des
cas d’hépatite C transmis par voie sexuelle, ainsi que la résurgence d’une forme très dangereuse de la chlamydia
appelée LGV—lymphogranulomatose vénérienne. Plusieurs ITS peuvent causer des plaies et des lésions et affaiblir le
système immunitaire. L’ensemble de ces facteurs explique pourquoi la présence d’une ITS peut augmenter le risque
de transmission du VIH. Chose peu surprenante alors, nous assistons également à une augmentation de l’incidence
de l’infection au VIH dans les pays à revenu élevé.
Au Canada, les chercheurs estiment à environ 58 000 le nombre de personnes infectées par le VIH. Au Québec, les
estimations vont de 13 000 à 15 000. À Montréal, des chercheurs oeuvrant dans le laboratoire du Dr Mark
Wainberg, entre autres, essaient de mieux comprendre les stades très précoces de l’infection au VIH afin de pouvoir
élaborer de nouvelles stratégies susceptibles de ralentir la propagation de ce virus.
Que se passe-t-il lors des stades précoces de l’infection?
Lors des premiers stades de l’infection au VIH—les six à huit premières semaines—la production de virus bat son
plein parce que les défenses du système immunitaire sont surmenées. La réponse immunitaire—mobilisation
d’anticorps, de cellules CD8+ et d’autres cellules susceptibles de lutter contre l’infection—met plusieurs mois à
maîtriser cette prolifération de virus effroyable. Pendant cette période, plusieurs personnes présentent des
symptômes pseudo-grippaux mais beaucoup d’autres sont asymptomatiques. Malgré les efforts déployés par le
système immunitaire pour maîtriser l’infection, lorsque la charge virale commencera enfin à diminuer et à se
stabiliser, le VIH se sera déjà étendu à tout le corps et sera décelable dans plusieurs liquides corporels.
Des chercheurs montréalais étudient les stades très précoces de l’infection depuis presque une décennie. Le terme
primo-infection est souvent utilisé pour désigner cette période. Dans le cadre de ces recherches montréalaises, des
volontaires qui en sont à la primo-infection ont été interviewés et leur sang prélevé à des fins d’analyse.
Résultats de Montréal
Dans son plus récent rapport, publié dans le numéro du 1er avril 2007 de la revue
Journal of Infectious Diseases
,
l’équipe montréalaise a fait état des résultats de son analyse des échantillons recueillis auprès de 593 personnes qui
en étaient au stade de la primo-infection. Les chercheurs ont analysé le VIH de chaque personne en essayant de
relever des liens entre les différents virus à l’aide d’une technique appelée analyse phylogénétique. L’équipe a
également tenté de détecter des mutations susceptibles de conférer la résistance aux médicaments anti-VIH.
À en croire les résultats de cette recherche, environ 50 % des nouvelles infections par le VIH seraient transmises par
des personnes qui en sont aux stades très précoces de l’infection, dont plusieurs ignorent qu’elles sont porteuses
du VIH. Les chercheurs estiment que l’utilisation précoce d’une thérapie anti-VIH pourrait contribuer à réduire la
propagation de cette infection chez certaines personnes sexuellement actives.