SUR LES ERUPTIONS VOLCANIQUES EN ISLANDE

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Dr Ali KILIC
CENTRE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DE DERSIM
(CRSD)
Paris le 22 avril 2010
SUR LES ERUPTIONS VOLCANIQUES EN ISLANDE
Dédié à Nolhan Alicher à Kayran Hüseyin et à Dr Sundé
L’Islande, est la Terre de glace et de feu. L’Islande est un vrai paradis
pour les volcanologues ; mais un enfer pour les habitants . Comme dans de rares
endroits sur la Terre, où la nature vivante et l’humanité se croisent, la géologie
et l’histoire de l'homme se retrouvent si étroitement reliés au volcanisme, c’est
une pratique tragique dialectique de la nature Islandaise. L’existence même de
cette île volcanique et son contexte géologique est unique, car elle est le résultat
de l’activité d’un point chaud et trouve son assise sur une ride médioocéanique. La limite de plaque entre les Plaques tectoniques américaine et
eurasienne traverse l'Islande du Sud au Nord et le processus d’expansion du fond
océanique peut être directement mesuré et observé sur les terres. Les éruptions
volcaniques en Islande, sont l’objet de notre analyse. Elle consiste à mettre en
évidence, la problématique historique des éruptions volcaniques non seulement
en Islande, mais aussi dans le monde, à montrer base erronée des approches ce
certains académiciens et à renvoyer des certaines faits jusqu’ à Plinus
1
Une simple éruption volcanique en Islande et c’est tout le système qui
s’enraye. En quatre jours près de 70 000 vols ont du être annulés dans une
trentaine de pays européens. C’est un rappel à l’ordre de la nature : un nuage de
cendres et c’est au delà de la plus grande paralysie du trafic aérien, la
démonstration de la fragilité du système mondialisé dont les conséquences
économiques, seront énormes. Mais au-delà de cette situation, les scientifiques
ont un rôle à jouer.
2
L'Islande est située au milieu de l'Atlantique sur la dorsale médioocéanique, à la divergence des plaques tectoniques eurasiatique et américaine.
Cette situation exceptionnelle en fait l'une des régions tectoniques les plus
actives du monde avec plus de 200 volcans et 600 sources d'eaux chaudes ! Si le
pays exploite cette opportunité pour produire son électricité et alimenter son
réseau de chaleur, une nouvelle éruption fissurale à proximité du glacier
Eyjafjallajökull inquiète les volcanologues.
Le Volcan islandais Eyjafjöll (ou Eyafjalla) situé dans le sud de l'île, à
seulement 160 km au sud-est de la capitale Reykjavik est un strato-volcan
composé d'une alternance de couches de cendres, de lave et de roches éjectées
par les éruptions antérieures. Il est entré en éruption dans la nuit de samedi 20
mars 2010. Recouvert par l'Eyjafjallajökull, une calotte glaciaire, ce volcan
culmine à 1 666 mètres d'altitude. La dernière éruption de l'Eyjafjöll remonte à
1821. Elle avait alors duré plus d'un an.
L'éruption s'est produite sur un flanc du volcan, dans le cratère
Fimmvurduhals, à 1100 m d'altitude, via une fissure de 800 mètres de long : des
jets de lave s'élèvent à plus de 200 mètres de hauteur, accompagnés par une
activité effusive où le magma atteint une température de plus de 1000 °C. Ce
type d'éruption se traduit par des épanchements de lave qui, en refroidissant,
donnent des basaltes de plateau.
Afin de protéger les populations, 600 personnes demeurant entre la
localité agricole de Hvolsvollur et le village de pêcheurs de Vik ont été évacuées
au plus fort de l'éruption.
[
Eruption du volcan Eyjafjöll
.
3
Un énorme nuage de cendres craché par un volcan en pleine éruption en Islande
a cloué au sol une bonne partie des avions dans le nord de l’Europe, entraînant
notamment la fermeture des espaces aériens britannique et danois. De
gigantesques colonnes de fumée continuaient de s’échapper du glacier
Eyjafjallajökull, dans le sud de l’Islande, dont l’éruption pourrait se prolonger
plusieurs semaines, voire plusieurs mois, selon un expert islandais.
Si ces nuages de cendres sont toujours alimentés par l’éruption et si des
vents de nord-ouest venaient à souffler, le territoire français pourrait être atteint.
C’est en tout cas ce qu’envisagent des cartes de prévision de la météo islandaise,
qui prévient que les rivages normands et bretons pourraient être touchés demain.
Ci-dessous des cartes de prévision islandaises qui montrent l’évolution
des différentes altitudes polluées par le nuage islandais. En rouge : du sol à
6.600 mètres. En vert : de 6.600 mètres à 12.000 mètres. En bleu : au-dessus de
12.000 mètres. Sur la dernière carte, on constate que le Nord-Ouest de la France
pourrait être atteint dans la nuit de jeudi à vendredi à des altitudes supérieures à
6.600 mètres.
IMPACTS DES VOLCANS SUR LE CLIMAT
Une éruption volcanique de forte ampleur peut influencer le climat d'une
façon importante pour plusieurs années. Lors des analyses faites par les
académiciens n’ont pas pris en considérations les éruptions, mais d’autres faits
liés aux événements de la nature. Bien que les éruptions elles-mêmes ne soient
cependant pas prévisibles, on peut avoir une idée de leur effet sur le climat.
Benjamin Franklin (1706-1790) a été le premier à voir que les éruptions
4
volcaniques ont un impact sur le climat avec l'hiver rigoureux de 1783-1784
causé par l'éruption de l'Eldeyjar et du Jökull d'Islande. Au Sud de la France on
voyait les étoiles situées seulement au dessus de 40° de hauteur angulaire par
rapport à l'horizon. Il convient de citer l’importence historique de la lettre de
Plinus à Tacitus qui a un sens non seulement historique,mais littéraire ;
EXPLICATIONS
5
Lors de l'histoire de la Terre, les éruptions volcaniques les plus importantes ont
été suivies d'un refroidissement de quelques années. Ceci est dû à la grande
quantité de dioxyde de soufre (SO2) et de cendre éjectés par ces éruptions
volcaniques. Une bonne partie de la poussière et des particules montent jusqu¹à
la stratosphère, à 20.km d'altitude et même parfois à plus de 50.km. A ces
altitudes, les vents sont forts et le gaz peut faire souvent plusieurs fois le tour de
la planète. Comme la stratosphère est stable et les mouvements verticaux
réduits, les gaz éjectés peuvent y rester pendant plusieurs années.
La cendre qui a été envoyée dans l'atmosphère tombe graduellement de la haute
stratosphère stable, et aide à augmenter la création des nuages et des
précipitations dans l'atmosphère inférieure. Mais ce n'est pas la cendre qui a le
plus d'effet sur le climat.
BAISSE DE LA TEMPERATURE
Quand le dioxyde de soufre éjecté dans la stratosphère se mélange avec la
vapeur d'eau de l'atmosphère, alors ce gaz se transforme en acide sulfurique
liquide (H2S04) et devient ce qu'on appelle un "aérosol", c'est-à-dire de fines
gouttelettes de quelques dixièmes de microns de diamètre.
Ces aérosols d'acide sulfurique, absorbent et réfléchissent vers l'espace le
rayonnement solaire, alors un réchauffement a lieu dans la stratosphère il peut
atteindre quelques degrés au plus fort de la couche. Puis la température de la
troposphère a tendance à baisser comme ce fut le cas lors de beaucoup
d'éruptions. Et parfois cela peut durer 2 à 3.ans après l'éruption. De façon
générale, il y a une réduction nette de 5 à 10% de l'énergie reçue sur la surface
de la Terre. Alors la température peut baisser de 0,10°C à 1°C parfois. Le
refroidissement climatique déclenché par ces éruptions serait toujours
initialement décelé sous les tropiques, peu après l'éruption. Puis il se propagerait
ensuite aux latitudes moyennes au cours des années suivantes.
L'ampleur de la perturbation climatique sera en fonction du lieu l'éruption. Une
éruption volcanique à l'équateur comme celle du Pinatubo, a la possibilité de
6
toucher le climat global de la Terre puisque les aérosols produits peuvent
s'étendre dans les deux hémisphères. Les aérosols empêchent la chaleur du soleil
de traverser la couche la plus basse de l'atmosphère (la troposphère),
rafraîchissant ainsi les températures des régions proches des tropiques mais
réchauffant la stratosphère. La différence entre les températures du nord et du
sud s'en trouve réduite et l'AO s'en trouve, elle, accélérée. L'air froid reste donc
au nord pendant l'hiver et une grande partie du nord-est américain connaît des
conditions atmosphériques clémentes.
D'après des études de la NASA de l'explosion du Katmai en Alaska, les
éruptions des volcans situé en haute-latitude ont des effets moin important sur la
Terre comme la majorité des aérosols sont restés largement au nord, où ils n'ont
pas été autant exposés à la chaleur. En conséquence, la basse stratosphère ne
s'est que très peu réchauffée donc la troposphère moins refroidit et l'influence
sur l'oscillation arctique a été limitée.
BAISSE DE LA COUCHE D'OZONE STRATOSPHERIQUE
Les aérosols d'acide sulfurique qui se forment dans la stratosphère quand le
bioxyde de soufre se combine avec des particules d'eau accélèrent la destruction
de la couche d'ozone. Les années suivant l’éruption du Pinatubo en 1991, la
cartographie de la couche d’ozone et d’autres observations indiquaient des
réductions de l’ozon plus importantes que les années précédentes aussi bien aux
latitudes moyennes qu’aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord.
Selon l’Académie des sciences de France « Il apparaît aujourd’hui opportun
d’envisager, à la lumière des progrès scientifiques récents, les changements
climatiques en cours, leurs conséquences, et les solutions énergétiques afin d’y
faire face. Les évolutions du climat ont pu être suivies globalement depuis une
7
trentained’années grâce aux satellites d’observation de la Terre qui ont permis
d’intensifier les mesures systématiques, notamment sur les mers et les glaces.
Parmi les phénomènes constatés, citons la diminution des débits de fleuves et de
rivières, le recul des glaciers, l’intensification de la fonte saisonnière des glaces
de mer, les vagues de chaleur en Europe, etc.
L’accroissement de la concentration en gaz carbonique a conduit à limiter la
combustion du charbon. Combiné à l’épuisement des ressources de carburants
(Pétrole et gaz naturel), cela a mené à prévoir leur remplacement progressif par
des énergies renouvelables. »1 Mais l’Académie des Sciences n’a pas pris en
considération de l’éruption volcanique éventuelle, car les analyses sont restées
dans les limites de concepts statiques et mécaniques de l’analyse de la nature.
C’est le cas de l’Académicien Henri Décamps2. Il est vari que « les vagues
de chaleur ont, de leur côté, souvent pour effet d’augmenter les taux d’ozone et
d’autres types de polluants atmosphériques sous l’action du rayonnement solaire
ultra-violet. Cette augmentation se produit à partir de composés précurseurs tels
que des oxydes d'azote émis par les véhicules, des composés organiques volatils
entrant dans la composition des carburants, et de nombreux autres produits
comme la colle, la peinture, les encres, les détachants, les cosmétiques ou encore
les solvants. Les augmentations des taux d’ozone atmosphérique affectent
surtout les villes où elles sont à l’origine d’irritations oculaires, de toux,
d’altérations pulmonaires. Les effets sur la santé dépendent de la sensibilité de
chacun ; ils varient en fonction de l’âge, de l’état de santé, de la consommation
de tabac et de diverses prédispositions (maladies respiratoires ou cardiovasculaires). Tous les conseils de base pour lutter contre la chaleur sont à suivre,
particulièrement éviter de sortir aux heures les plus chaudes et ne pas hésiter à
venir en aide aux personnes en difficulté. Il importe aussi de bien comprendre la
signification des niveaux d’alerte pollution, établis à partir de l’évaluation des
teneurs de l’air en particules en suspension, en oxydes d’azote, en dioxyde de
soufre, en composés organiques volatils ou en ozone. Sur une échelle de 0 à 10,
le niveau 8 caractérise une concentration atmosphérique de 180 µg/m3 d’ozone
pendant une heure : c’est le niveau de l’information du public, des
recommandations et, éventuellement, des mesures prises à l’initiative des
préfets. Le niveau 10, pour une concentration de 240 µg/m3 d’ozone pendant
trois heures, est celui de l’alerte et des mesures d’urgence telles que le
ralentissement de la vitesse des véhicules sur autoroutes, la circulation alternée
1
Jean-François Bach et Jean Dercourt, Secrétaires perpétuels de l’Académie des sciences
Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le développement durable - 25 novembre 2009
2
Henri Décamps Membre de l’Académie des sciences, in Libres points de vue d’Académiciens sur
l’environnement et le développement durable Directoire : Jean-François Bach et Jean Dercourt Rédacteur en
chef : Dominique Meyer Comité éditorial : Christian Amatore Bernard Castaing Pascale Cossart Pierre Encrenaz
Olivier Faugeras Etienne Ghys,Henri Korn Paris le 25 novembre 2009
8
en ville, la gratuité des parkings en périphérie des villes, la gratuité des
transports en commun. En fait, les inondations, les vagues de chaleur, les
tempêtes ne sont que les révélateurs de pollutions préexistantes dont ils
exacerbent les effets. Ces événements doivent inciter à une vigilance constante
vis-à-vis des pollutions, quels que soient les milieux affectés, sols, eaux ou air. »
L’Académicien Henri Décamps se limite avec les évènements urbains, il a
oublié les éruptions volcaniques.
Pour l’académicien Roger Temam3 la réalité n’est pas tellement différente, il
pense que « Les sciences de l’atmosphère et des océans font partie des sciences
pour lesquelles l’expérimentation n’est pas toujours possible ; la compréhension
des phénomènes dépend donc de leur observation, de leur modélisation
mathématique et des simulations numériques que l’on peut en faire. Toutes ces
étapes du travail scientifique sont bien sûr choisies suivant l’objectif de
connaissances que l’on veut atteindre, et les moyens dont on dispose. » La
question qui se pose, est ce que comment l’éruption volcanique peut être
l’objet d’une modélisation mathématique et des simulations numériques
l’expérimentation soit possible?
Quant à Hervé Le Treut4 il pense que « L’effet de serre est un processus
atmosphérique naturel qui modifie la manière dont s’établit l’équilibre radiatif
de la planète, c'est-à-dire l’équilibre entre le rayonnement solaire absorbé par la
Terre, et le rayonnement thermique infrarouge qu’elle émet (qui partagent la
valeur commune de 235 W/m2). Le physicien Joseph Fourier fut le premier, en
1824, à pressentir le rôle crucial de l’atmosphère dans cet équilibre.
L’atmosphère absorbe le rayonnement terrestre émis à la surface du globe, et le
réémet pour partie vers l’espace, pour partie vers la surface. En empêchant la
planète de se refroidir librement, l’effet de serre impose des températures
beaucoup plus chaudes à la planète. La température de surface moyenne de la
Terre est actuellement un peu supérieure à 15°C, alors qu’elle serait de -18°C
sans l’effet de serre. L’effet de serre tendrait même à provoquer des
températures bien supérieures, sans le rôle modérateur du brassage convectif de
l’atmosphère.
Cette croissance de l’effet de serre a deux caractéristiques majeures :
(1) Elle est globale, parce que les gaz émis par les uns ou les autres sont
mélangés par l’atmosphère de manière rapide (en moins d’un an). Partout sur la
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Membre de l’Académie des sciences in Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le
développement durable Directoire : Jean-François Bach et Jean Dercourt Rédacteur en chef : Dominique Meyer
Comité éditorial : Christian Amatore Bernard Castaing Pascale Cossart Pierre Encrenaz Olivier Faugeras Etienne
Ghys,Henri Korn Paris le 25 novembre 2009
4
Ibid .
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planète on retrouve les 5% de gaz émis par la France. La France comme tous les
autres pays du monde est exposée aux 95% d’émissions par les autres pays.
(2) Les conséquences de cette perturbation globale se déclinent localement : la
croissance anthropique de l’effet de serre provoque et provoquera une
perturbation de grande ampleur du système climatique, avec des conséquences
régionales très inégalement réparties. Des modèles climatiques plus complexes
sont nécessaires pour décrire cette réponse. Ils montrent que la température est
appelée à augmenter plus vite dans les régions polaires et sur les continents, que
la réponse « hydrique » (la modification des régimes de précipitation) sera au
contraire plus forte dans les régions intertropicales, le relèvement du niveau de
la mer constituant bien sûr une menace plus spécifique pour les régions côtières.
»
Pour Michel Petit5 « On appelle effet de serre l’absorption par certains gaz
présents dans l’atmosphère, comme le dioxyde de carbone, le méthane ou le
protoxyde d’azote, d’une partie du rayonnement infrarouge qu’émet une planète
dont la température est de l’ordre de quelques centaines de kelvins. L’énergie de
ce rayonnement sortant compense celle de la fraction du rayonnement solaire
reçu, absorbée par la planète dont la température moyenne s’établit à une valeur
permettant cet équilibre. Toutes choses égales par ailleurs, plus l’effet de serre
est important, plus la température est forte de manière à compenser l’absorption.
La composition naturelle de l’atmosphère terrestre induit un effet de serre sans
lequel la température de la Terre serait inférieure d’une trentaine de degrés à
celle que nous connaissons et qui a permis le développement de la vie. L’effet
de serre n’est donc pas intrinsèquement nocif. Par contre, les hommes ne
peuvent changer impunément la composition de l’atmosphère de leur planète,
sans en modifier le climat. Dans la pratique, on désigne souvent cet effet de
serre additionnel sous le vocable abrégé “d’effet de serre”, alors qu’on devrait,
en toute rigueur, parler d’effet de serre “additionnel” provoqué par les émissions
liées aux activités humaines. Il s’agit d’un phénomène mondial intégré qui n’est
pas mesurable localement, les circulations océaniques et atmosphériques
redistribuant géographiquement l’énergie thermique.
L’augmentation de la concentration atmosphérique du dioxyde de carbone, du
méthane et du protoxyde d’azote au cours des dernières décennies est un fait que
confirment toutes les mesures. Une augmentation de la température moyenne est
5
Correspondant de l’Académie des sciences in Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le
développement durable Directoire : Jean-François Bach et Jean Dercourt Rédacteur en chef : Dominique Meyer
Comité éditorial : Christian Amatore Bernard Castaing Pascale Cossart Pierre Encrenaz Olivier Faugeras Etienne
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donc inéluctable et on observe effectivement une croissance moyenne de 0,75
°C depuis la fin du XIXe siècle, même si sa variation est aléatoire d’une année à
l’autre. »6
Je pense que « le fait qu’il y ait eu des tempêtes de « neige à Washington
» il y a quelques semaines ne change rien au fait que la planète se réchauffe à
cause d’une augmentation des gaz à effet de serre qui emmagasinent la chaleur
dans notre atmosphère. Et pour enfoncer le clou, ils martèlent que la plus grande
part de ce réchauffement vient des « activités humaines », ce qui n’empêche pas
par ailleurs qu’il existe des causes naturelles aux variations climatiques qui ont,
elles, toujours été là.
Il faut avouer que les scientifiques américains ont fort à faire avec l’opinion
outre-Atlantique. Comme l’a rappelé le Pr Le Pichon, « plus de 50% des
Américains pensent qu’il est faux de dire que le climat se réchauffe » Et de
souligner qu’à la télévision, « les présentateurs de la météo ont une influence
très grande. Or, plus de la moitié de ces présentateurs disent qu’ils ne croient pas
au réchauffement… ».
Très important, les académiciens enjoignent aux « décideurs de s’impliquer
immédiatement pour répondre aux causes de ces changements » et n’hésitent pas
à faire un parallèle au sujet des accusations actuelles, en particulier anti-GIEC
(groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) avec une
période sombre de leur histoire . On se demande, à l’heure qu’il est, quand notre
Académie des sciences françaises va réagir après avoir organisé son propre
débat sur la question du climat. On sait que le président de l’Académie Jean
Salençon a promis d’organiser un tel débat, suite à la demande de la ministre de
la recherche qui a reçu un Appel de chercheurs concernant le climat -ils seraient
désormais plus de 600 à l’avoir signé.
Au nom de l’éthique scientifique, ces derniers s’insurgent en effet publiquement
contre les écrits de Claude Allègre dans son dernier livre « L’imposture
climatique » ainsi que des arguments de séminaires du géophysicien Vincent
Courtillot. Nombres de spécialistes, tout particulièrement aux Etats-Unis,
commencent à sérieusement s’inquiéter de l’état de méfiance du public qui se
développe actuellement vis-à-vis des affirmations des scientifiques en général.
Certains états en viendraient à demander que l’on enseigne dans les écoles les
questions concernant le climat dans une version « pro » et une version « anti »
6
Correspondant de l’Académie des sciences in Libres points de vue d’Académiciens sur l’environnement et le
développement durable Directoire : Jean-François Bach et Jean Dercourt Rédacteur en chef : Dominique Meyer
Comité éditorial : Christian Amatore Bernard Castaing Pascale Cossart Pierre Encrenaz Olivier Faugeras Etienne
Ghys,Henri Korn Paris le 25 novembre 2009
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changement climatique. Une manière de procéder qui fait penser, dans un autre
registre, à cette demande d’enseigner – afin d’expliquer comment la vie s’est
développée sur terre – l’évolution d’un côté, le créationnisme de l’autre. Un
comble au pays de Benjamin Franklin, qui a toujours érigé la science et la
technique au premier rang de ses préoccupations politiques, car jugées
nécessaires pour développer la puissance de la nation !
Mais la vraie inquiétude des vulcanologues ne repose pas uniquement sur
les gigantesques colonnes de fumée qui s’échappent actuellement du Eyjafjöll.
Un autre volcan à quelques kilomètres de là est surveillé de près par les autorités
islandaises. Le Katla fait partie de la zone volcanique dans le Sud de l’Islande
où se situe l’Eyjafjöll. Il est considéré comme lié à l’Eyjafjöll, qui s’est luimême réveillé après 187 ans de repos provoquant le chaos dans le ciel européen.
Or le Katla est l’un des volcans les plus actifs et les plus destructeurs par le
passé d’Islande. Si la dernière éruption de Katla remonte à 1918, et si le géant
endormi ne montre aucun signe d’activité, les Islandais savent en effet que ses
éruptions ont souvent par le passé suivi un an ou deux après une première
éruption de l’Eyjafjöll. "La nature est en interaction avec la vie des humains,
même si ceux-ci tentent d’en diminuer les effets", rappelait ce week-end La
Tribune de Genève. Et la nature est mondialiste depuis longtemps : le volcan
islandais Laki, conjointement au volcan japonais Asama entré en éruption en
1783, a influencé tout l’hémisphère nord pendant des années. Le quotidien
suisse nous rappelle ainsi que le Laki situé dans la même zone que le volcan
actuellement en éruption aurait eu d’énormes conséquences géopolitiques
notamment en France... La Tribune de Genève revient donc sur une page
d’histoire : "L’éruption du Laki commença le 8 juin 1783. Au début elle fut
explosive, puis elle continua en émission de lave pendant des mois, jusqu’en
février 1784. Les cendres recouvrirent l’île, et de 50% à 80% des animaux
d’élevages moururent. La famine qui suivit décima environ 20% de la
population islandaise. Mais ce n’est pas tout. En cet été 1783, un anticyclone
puissant et centré durablement sur le nord de l’Atlantique envoya les fumées
vers le reste de l’Europe, comme ces jours. Il faut savoir que l’« on estime que
122 millions de tonnes de dioxyde de soufre furent émis dans l’atmosphère,
l’équivalent de trois fois les émissions industrielles annuelles en Europe et
l’équivalent d’une éruption comme celle du Mont Pinatubo en 1991 tous les 3
jours. L’émission de dioxyde de soufre coïncidant avec des conditions
climatiques inhabituelles provoqua un épais brouillard sulfuré qui se répandit à
travers l’Europe occidentale, provoquant des milliers de morts durant 1783 et
l’hiver 1784. Un nuage de poussière recouvrit les 2/3 de la France et se déposa
en partie au sol. Les années qui ont suivi l’éruption du Laki en 1783 furent
marquées par des phénomènes météo extrêmes, dont des sécheresses et des
hivers très rigoureux, puisqu’on disait que le pain et la viande gelaient sur la
table de la cuisine et les corbeaux en plein vol. On vit une accentuation du petit
12
âge glaciaire. La ligne de grain orageux qui traversa la France du sud au nord,
en été 1788, détruisit presque toutes les récoltes du pays. On pesa des grêlons
de 10 livres (5 kgs). La situation des paysans fut si désespérée que la révolution
éclata en 1789. Ces modifications climatiques et le volcan Laki ne sont peut-être
pas seuls en cause, mais les historiens admettent que leur influence fut
considérable dans les événements politiques qui mirent fin à la royauté. On
estime que le nuage de cendre modifia le régime des moussons en Afrique,
faisant baisser le niveau du Nil et l’irrigation de la plaine céréalière d’Egypte".
L'éruption de l'Eyjafjallajokul en Islande pourrait provoquer une autre
éruption, plus importante, du volcan voisin Katla, créant ainsi un nouveau
scénario catastrophe pour le transport aérien, avertissent les scientifiques.
Une éruption du Katla serait dix fois plus forte et éjecterait de plus grands
panaches de cendres dans les airs. Il est situé à seulement 20 kilomètres de
l'Eyjafjallajokul, dans le sud de l'île. Les deux volcans seraient reliés par un
réseau de canaux de magma.
Le Katla est toutefois recouvert d'une couche de glace de 500 mètres
d'épaisseur formée par le glacier Myrdalsjokull, l'un des plus grands d'Islande.
Cela représente une quantité de glace plus de deux fois supérieure à celle du
glacier de l'Eyjafjallajokul.
Le Katla se réveille habituellement tous les 80 ans environ. Il semble cette
fois un peu en retard, sa dernière éruption remontant à 1918. Il ne présentait
aucun signe d'activité mardi, selon les scientifiques qui le surveillent à l'aide de
capteurs sismiques.
Les chercheurs restent toutefois sur leurs gardes. Une éruption volcanique
peut provoquer l'explosion d'un volcan voisin, et par le passé ont le Katla et
l'Eyjafjallajokul ont été actifs en même temps, souligne Pall Einarsson,
professeur de géophysique à l'université d'Islande. Les trois dernières fois que
l'Eyjafjallajokul est entré en éruption, le Katla a fait de même.
En cas d'éruption du Katla, des villageois vivant à proximité devraient être
évacués rapidement pour échapper à des torrents d'eau fondue dévalant les
pentes du volcan. A Vik, un village qui s'est retrouvé couvert de trois
millimètres de cendres après l'éruption de l'Eyjafjallajokul, les 300 habitants
auraient deux à trois heures pour gagner un abri si nécessaire. Mais dans d'autres
zones autour de la montagne, les habitants auraient moins de 20 minutes pour
évacuer, précise Svenn Palsson, le maire de Vik.
La couche de glace du Katla est une source de préoccupation car c'est le
mélange d'eau froide fondue et de lave qui provoque des explosions et projette
des cendres en haute altitude. Une éruption du volcan pourrait ainsi libérer un
13
nuage de cendres qui pourrait ensuite dériver au-dessus de l'Europe et paralyser
le trafic aérien.
LES TYPES D'ERUPTIONS
Les volcanologues distinguent six grands types d'éruptions. Ci-dessous vous
avez les types d'éruptions par ordre d’intensité croissante. Un index de la
puissance des éruptions volcaniques, le « VEI », (En anglais, « Volcanic
Explosivity »), a été conçu par Chris Newhall de l'enquête des ETATS-UNIS et
de l'Art de l'auto-portrait géologiques de Steve aux faits rapides environ :
Université d'Hawaï en 1982. Cette echelle est multiplié par 10 quand on passe
par exemple de VEI 1 à 2. Donc une éruption de VEI 8 est 10 millions de fois
plus puissante qu'une éruption de VEI 1.
Le volume d'éjection, la taille de nuage de l'éruption,... sont les facteurs de la
mesure du VEI. La balance s'étend de 0, pour des éruptions inexplosives (moins
de 104 m3 de téphra éjecté), à 8, pour les éruptions explosives de très grande
intensité qui peuvent éjecter jusqu'à 1012 m3 et une colonne de nuage de plus de
25 kilomètres de hauteur). Les valeurs plus haut que 8 pourraient être
déterminées si nécessaires.
Les volcans à éruption "hawaïenne" ont la lave très fluide, elle jaillit en
fontaines à des dizaines ou des centaines de mètres de haut, s'écoulent sur de
longues distances, ou bouillonne dans un lac de lave. Le nom de ce type
d'éruption vient des volcans des îles Hawaii. Les "volcans bouclier" qui les
émettent ont une faible altitude comparée à leur diamètre (avec une pente de 5
%). Leur activité est effusive.
Comme volcan avec ce type d'éruption il y a le Mauna Loa, à Hawaii, qui repose
au fond de l'océan à 5000 mètres de profondeur et sont cratère se trouve à 4171
mèters d' altitude au dessus de l'océan. C'est le plus haut volcan. Nous avons
aussi le Kilauea à Hawaii, le Piton de la Fournaise à l'île de la Réunion, Le
Type hawaïen - VEI : de 0 à 1
14
Les volcans stromboliens ont une alternance d'éruptions explosives et effusives
(projections incandescences qui ne montent pas très haut dans le ciel, moins de 5
km et coulées de lave). Le nom de se type d'éruption vient du Stromboli (volcan
des îles Éoliennes en Itali
e). Comme volcan strombolien on a
le Mont Erebus sur l'île de Ross dans l'Antarctique, l'Oshima au Japon qui a
connu sa dernière éruption en 1990, l'Etna situé sur la côte orientale de la Sicile,
parfois le le Piton de la Fournaise à l'île de la Réunion...Le magma de ces volcans est très visqueux. La lave des éruptions péléennes est
dense et pâteuse. Elle se solidifie complètement au contact de l’air libre.
Formant un bouchon très résistant à la sortie de la cheminée, les gaz sont
emprisonnés dessous le poussent et le font monter, construisant lentement un
dôme de lave. De gros nuages de gaz, de cendres et de blocs incandescents,
baptisés nuées ardentes, s'échappent parfois des fissures du dôme et dévalent les
pentes. Quand la pression est à sont maximum une explosion se produit,
pulvérisant le dôme et laissant violament s'échapper la lave.
Cette catégorie tire son nom de l'éruption de 1902-1904 de la Montagne Pelée,
célèbre volcan de la Martinique. Comme volcan avec ce type d'éruption nous
avons aussi le Lamington en Nouvelle-Guinée, le Puy de Dôme dans le Massif
central, endormi depuis environ 11.000 ans, la Soufrière en Guadeloupe, parfois
le Vésuve en Italie du Sud...15
Le type plinien
Ces éruptions sont les plus violentes. Le magma de ces volcans est épais et
pâteux. Leurs éruptions se caractérisent par de très violentes explosions à cratère
ouvert projetant un volumineux panache de cendres et de ponces (moins dense
que l'air) à des altitudes de 10 à 20 km en forme de pin parasol (à distinguer de
la nuée ardente). En atteignant l'atmosphère, les gaz enfermés dans le magma se
dilatent et donnent naissance à des cendres blanchâtres. Ces éruptions sont
moins fréquentes que les autres mais font beaucoup plus de dégâts et de
victimes.
Le nom de ce type d'éruption vient de Pline7 le Jeune qui décrivit à Tacite une
lettre sur l’éruption de Vésuve en 79 après J-C. Il convient de citer
partiellement « 1. Tu me demandes de t'écrire la mort de mon oncle, afin que tu puisses la
transmettre avec plus de vérité à tes descendants. Je t'en remercie, car je vois que sa gloire
immortelle serait exposée par sa mort, si tu la faisais connaître.
2. Quoiqu'en effet il soit mort par l'anéantissement de la plus belle terre du monde, au même
titre que des peuples et des villes, par un événement mémorable, puisqu'il nous vaincra
toujours; quoique lui-même ait écrit des oeuvres nombreuses et durables, l'éternité de tes
écrits ajoutera cependant beaucoup à sa pérennité.
3. Quant à moi, je pense que sont heureux les gens à qui il a été donné par la faveur des dieux
soit de faire des choses à écrire soit d'écrire des choses à lire, et que sont les plus heureux les
gens à qui ces deux facultés ont été données. Mon oncle, de par ses propres livres et les tiens,
sera au nombre de ces derniers. Et pour cette raison, j'accepte plus volontiers, je réclame
même l'ordre que tu me donnes.
4. Il était à Misène et dirigeait lui-même la flotte. Le neuvième jour avant les calendes de
septembre [le 24 août 79 après Jésus-Christ], ma mère me montre vers la septième heure
[environ 13 heures] qu'il lui apparaît un nuage d'une grandeur et d'un aspect inhabituels.
5. Après son bain de soleil, après s'être rafraîchi, il avait pris une collation, allongé, et
étudiait. Il réclame ses sandales, monte jusqu'au lieu d'où il pouvait observer au mieux ce
phénomène. Un nuage montait (pour ceux qui l'observaient de loin, il était incertain de quelle
montagne il venait; on sut par la suite qu'il provenait du Vésuve); et aucun autre arbre que le
pin n'y ressemblait davantage à son image et à son aspect.
6. En effet, en s'élevant sous la forme d'un tronc très long, il s'élargissait dans les airs en
rameaux, je crois, parce que, une fois emporté par un vent nouveau, ensuite abandonné par le
vent qui s'affaiblissait, ou même vaincu par son propre poids, le nuage se dissipait en largeur,
blanc de temps à autre, parfois sombre et sale, selon qu'il soulevait de la terre ou des
8
cendres. »
7
8
Voir les deux lettres de Plinus destinées à Tacitus
Lettre de Plinus à Tacitus
16
Comme volcan à éruption plinien il y a le Mont Saint Helens aux USA qui a
connut une éruption de se type en 1980, Le Santorin en Grèce, le Pinatubo aux
Philippines, la Montagne Pelée parfois,...Type plinien9 - VEI : de 4 à 8
Les types d'éruptions sous-marines Les types d'éruptions sous-marines sont
classées en deux familles d’éruptions qui sont produit par la rencontre de l’eau
et du magma. Le type surtseyen .Ce type d'éruption est un sous type d’éruption
hawaïenne pour les éruptions sous-marines peu profondes. Ils sont
particulièrement explosifs due au contact de l’eau et de la lave, formant une
colonne riche en vapeur d'eau, des nuées horizontales et des nuées radiales. Des
îles volcaniques naissent souvent après plusieurs éruptions surtseyennes.Le nom
de ce type d’éruption vient du Surtsey au sud de l'Islande qui est entré en
éruption en 1963. Comme volcavec ce type d'éruption il y a Ambrym, le Mont
Saint-Loup à Cap d'Agde.
9
Voir la lettre de Plinus à Tacitus ANNAXE-I
17
Type surtseyen - VEI : de 2 à 5 Les volcans de ce type sont constitué de lave
très épaisse et très visqueuse bouchant la cheminée volcanique. Alors une
explosion a lieu quand la pression est au maximum pulvérisant la lave qui jaillit
dans le ciel. Jusqu'à une hauteur pouvant atteindre 25 km, des blocs de plusieurs
tonnes à des cendres microscopiques, sont projetés par l’éruption. Souvent une
énorme explosion fait sauter le cratère et crée une grande dépression où naît un
nouveau système volcanique.Le nom de ce type provient d’un volcan italien,
dans les îles éoliennes, appelé Vulcano. Comme volcan vulcanien il y a aussi le
Fuego au Guatemala qui a connu sa dernière éruption en octobre 1974, le
Sakurajima au Japon... Type vulcanien - VEI : de 2 à 5
On sait que certaines éruptions de volcans islandais peuvent durer de quelques
semaines à quelques mois, voire exceptionnellement une ou même deux années.
L’éruption islandaise la plus puissante et aussi la plus meurtrière a eu lieu au
volcan Laki en 1783 lorsque 130 cratères se sont ouverts soudainement le long
d’une longue fissure éruptive. Cette éruption initialement phréato-magmatique,
qui a libéré un gigantesque volume de gaz volcaniques dans l’atmosphère dont
le fameux SO2 ainsi qu’une quantité importante de fluor, a aussi affecté une
grande partie de l’Europe du Nord durant les 8 mois qu’a duré l’activité.Elle a
été suivie d’une famine, renforcée par un empoisonnement au fluor (HF), qui a
causé la disparition de 20-25% de la population islandaise et la destruction d’une
partie importante du cheptel. de L’activité spectaculaire la plus récente en
Islande a eu lieu sur l’île d’Heimaey dans l’archipel des îles Vestmann. Elle a
démarré le 22 janvier 1973 et a duré près de 6 mois avec des conséquences
importantes sur l’importante activité de pêcherie de cet archipel.
18
L’image montre trois cratères de 200 à 500 mètres de diamètre
L’unique éruption connue sous le glacier Eyjafjallajökull date de 1821 et a duré
plus d’un an en causant d’importantes chutes de cendre. Elle a connu une phase
d’arrêt suivie d’une reprise.
Un volcanologue islandais, le Dr Einarssonn, a déclaré qu’il était vraisemblable
que l’éruption actuelle se poursuive durant quelques temps encore.
Toutefois, il arrive que certaines éruptions s’arrêtent soudainement, mais il est
aussi possible que cette éruption se termine et reprenne sur un autre lieu.
Il a aussi signalé que l’éruption du volcan sous le glacier Eyjafjallajökull s’est
déplacée du meilleur endroit possible pour une éruption, la seule zone
dépourvue de glace, au pire endroit où la calotte de glace est la plus épaisse et
où se situe le risque le plus élevé de démantèlement du glacier et de retombées
de cendre. Par ailleurs, un déplacement de l’éruption vers le volcan Katla est
19
toujours à crainte et pourrait, considérant l’imposant volume de ce volcan, être
alors beaucoup plus catastrophique.
Suite à l'éruption de l'Eyjafjöll (au nom tellement "imprononçable" que seuls
quelques rares journalistes ont donné son nom, préférant souvent parler du
"volcan islandais") et à l'émission de panaches de poussières, le trafic aérien est
fortement perturbé dans le Nord de l'Europe, les vents dominants étant alors
d'Ouest. Revenons un peu sur le volcanisme islandais et sur les conséquences du
volcanisme sous-glaciaire.
CONTEXTE ET HISTORIQUE DU VOLCAN EYJAFJÖLL
L'Islande est une île née d'un point chaud, comme l'ile de La Réunion, et située
sur la dorsale atlantique. Son volcanisme est donc d'origine double : point chaud
et dorsale. L'analyse des laves indique d'ailleurs cette interaction dorsale - point
chaud en Islande. Ainsi, les laves sont-elles tholéitiques à alcalines. Certains
empilements de coulées basaltiques mio-pliocènes sont épais de 500 m.
Figure 2. Carte géologique du Sud de l'Islande
Figure 1. Carte géologique générale de
l'Islande sur la dorsale atlantique
D'après : carte géologique du monde
CCGM, 2000
Le volcan Eyjafjöll est indiqué par une flèche
rouge, il est situé sous un glacier,
l'Eyjafjallajökull, et dans l'alignement des traits
rouges de direction NE-SO qui indiquent les
fissures émissives cartographiées.
D'après : Geologic map of Iceland,
Johannesson et K. Saemundsson, 1989
H.
Figure 3. Situation de l'Eyjafjöll dans le Sud de l'Islande
20
Le point rouge indique l'Eyjafjöll, sous le glacier Eyjafjallajökull.
Sont aussi indiqués comme repères : Reykjavik, la capitale islandaise ; le
Vatnajökull, le plus grand glacier islandais ; l'île de Surtsey, île volcanique
apparue en 1963.
L'Eyjafjöll serait entré en éruption vers l'an 550, puis en 1612. Mais sa dernière
éruption bien documentée à duré environ une année, du 19 décembre 1821 au
1er janvier 1823, avec des phases explosives assez intenses, surtout au début.
L'islande est équipée de nombreux sismographes pour la surveillance de ses
volcans. Une reprise d'activité à l'aplomb de l'Eyjafjallajökull était enregistrée
depuis plus de 15 ans. L'entrée en éruption de l'Eyjafjöll, le 14 avril 2010, bien
qu'imprévisible en date et en heure, était donc attendue.
Figure 4. Panache de poussières lors de l'éruption du 14 avril 2010 de l'Eyjafjöll
(Islande)
L'une des particularité des éruption islandaises, est le fait que certains volcans
sont recouverts d'un glacier, tel le Grimsvtön "caché" sous le Vatnajökull. Lors
des éruptions, tout ou partie du glacier fond et provoque des débacles
importantes, appelées jökuhlhaup. Certaines vallées environnantes doivent alors
être évacuées, des routes sont coupées.
21
Une autre conséquence de la glace est l'infiltartion d'eau de fonte qui va
rencontrer le magma (ou la lave à la surface). En surface, cela produit beaucoup
de vapeur d'eau, mais un peu plus en profondeur, cette vaporisation provoque
des explosions : c'est un cas particulier de phréatomagmatisme (rencontre entre
un magma ascendant chaud et un nappe phréatique). Ces explosions provoquent
l'éjection de morceaux d'encaissant et de morceaux de lave vite refroidis. À ces
morceaux de roche, s'ajoutent des émissions d'acides (acides chlorhydrique,
sulfurique, flourhydrique) propulsés avec la lave sous forme de panaches dont
l'ampleur dépend de la force des explosions.
Pour les populations locales, la retombée de ces cendres volcaniques peut
provoquer des gènes respiratoires contre lesquelles les autorités sanitaires
mettent en garde les personnes les plus fragiles. Les retombées acides peuvent
être dangereuses si elles sont "concentrées" car ces acides sont très corrosifs.
Une conséquence inhabituelle de cette éruption est la fermeture de l'espace
aérien au-dessus d'un partie de l'Europe du fait de la présence de nuages de
poussières, nuages poussés par les vents d'Ouest. Cette mesure est
essentiellement une mesure de précaution, fondée sur de rares incidents
enregistrés sur des avions lors de la traversée de nuages de cendres volcaniques :
des réacteurs d'avions ayant connu des arrêts, heureusement momentanés, une
structure de surveillance et de suivi des panaches éruptifs a alors été mise en
place. Quelles peuvent être les conséquences de l'entrée de ces cendres
volcaniques dans le réacteur d'un avion ? Baisse de la quantité d'oxygène
disponible (comburant indispensable pour la combustion), obstructions et
grippages mécaniques par les particules solides, abrasion - corrosion par les
frottements des particules et l'attaque des acides...Notons aussi que la
température dans la chambre de combustion peut dépasser les 1200°C,
température largement suffissante pour envisager une fusion des particules
solides de lave, puis leur expulsion vers l'arrière : un "colmatage" des turbines
du réacteur par solidification de lave à l'arrière est peut-être envisageable, ou du
moins la (re)formation de grains abrasifs endommageant turbine et
échappement.
22
Les planètes peuvent tourner autour de leur étoile en sens inverse de celui connu
dans notre système solaire. Cette découverte surprenante, à laquelle a participé
l’Observatoire de l’Université de Genève, remet en question la théorie de la
formation des planètes.« Nous lançons une véritable bombe dans le champ des
exoplanètes », lance Amaury Triaud, doctorant à l’Observatoire de Genève qui a
conduit la partie la plus importante de la campagne d’observation avec Didier
Queloz et Andrew Cameron. Ces résultats obligeront les scientifiques à réviser
leurs théories concernant la formation des planètes.
Ces dernières se forment dans les disques de gaz et de poussière qui entourent
les jeunes étoiles. Disque et étoile tournent simultanément autour du même axe.
Les astronomes estimaient dès lors que les planètes générées dans le disque
tournent toujours dans cette même direction autour de l’étoile, ce qui est le cas
dans notre système solaire.
L’Islande, Au delà de ses récents problèmes économiques et des tracas
provoqués par ses nuages de cendres, nous a livré, avec l’éruption du volcan
Eyjafjöll, des trésors de beauté naturelle inimaginable. Le long de la côte, entre
Reykjavik et Hvolsvollur, dernière ville accessible avant les barrages, à
intervalles réguliers des dizaines d’islandais et touristes préparent
instinctivement jumelles et appareils photo.
23
Des instantanés sublimes du volcan et du paquet de nuages s’élevant dans le
ciel, de la lave qui bat le chaud et le froid avec la glace, provoquent la
fascination. Depuis une semaine, l’Islande nous rappelle que notre planète est
bien vivante et propose à l’Homme d’admirer ces images magnifiques en
écoutant les musiques envoûtantes de Björk, de Sigur Ros ou de Mùm. Le reste
des européens ne peuvent que s’incliner face aux mille et une merveilles de cette
île extraordinairement belle… et qui sera peut-être bientôt membre de l’UE.
Deux F-18 finlandais auraient été endommagés le jeudi 15 avril 2010 en
traversant la zone de dispersion des cendres du volcan Eyjafjöll. Tandis qu’un F16 belge, participant aux manoeuvres Brilliant Ardent 2010 de l’OTAN aurait
été endommagé lundi 19 avril , indique Associated Press.
24
Alors que le trafic aérien civil a été progressivement interrompu sur la
partie européenne de la zone OTAN depuis la soirée du mercredi 14 avril, une
soixantaine d’avions de l’Alliance participe à une vaste opération de tests de
nouvelles armes tactiques. L’Allemagne, les Etats-Unis, la France, l’Italie, la
Pologne, le Royaume-Uni, la Tchéquie et la Turquie sont les principaux Etats
impliqués dans l’exercice qui se poursuivra jusqu’au jeudi 22 avril, précise l’US
Air Force.
Selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), les cendres
volcaniques de l’Eyjafjöll peuvent gravement détériorer les réacteurs des avions.
Cependant, l’OACI se fonde sur les données transmise par le Volcanic Ash
Advisory Centre (VACC), un organe du Met Office britannique. Contrairement
à ses équivalents comme Météo France, le Met Office ne dépend pas du
ministère des Transports (aujourd’hui absorbé au sein du Ministère de
l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer), mais du
ministère de la Défense.
Le VACC formule ses recommandations notamment au vu des données fournies
par les satellites militaires britanniques.
Le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré : « Je
peux vous assurer que le volcan islandais n’a aucun effet sur nos opérations, ni
sur la défense territoriale des Etats alliés ». Pourtant les constructeurs
soulignent que les réacteurs des avions de chasse aux normes OTAN sont plus
fragiles que ceux des avions civils et ne sont pas certifiés contre les cendres
volcaniques.
Toutefois les avions sanitaires des forces US en Afghanistan et en Irak, qui font
habituellement un pont aérien vers leur hôpital militaire à Stutgart (Allemagne)
ont été déroutés vers le Maryland (Etats-Unis).
25
Selon Arkady Tishkov, directeur du département géographique de l’Académie
russe des sciences, et selon le commandant Oleg Smirnov, directeur de la
Fondation de l’aviation civile russe, les mesures prises dans la zone OTAN sont
inappropriées et sur-dimensionnées. Le président Medvedev, qui n’accorde
aucun sérieux aux mises en garde du Met Office, a été le seul chef d’Etat à se
rendre par avion aux obsèques du président polonais, le 18 avril (illustration :
carte de la zone à risque établie par le VACC au moment du trajet de M.
Medvedev).
La Russie n’a fermé aucun de ses aéroports bien que, selon le Met Office, la
moitié de son territoire soit couverte par le nuage de cendres. Cependant,
l’aéroport de l’enclave russe de Kalilingrad a été fermé parce que les espaces
aériens mitoyens (Pologne et Lituanie) ont été fermés.
A partir du samedi 17, plusieurs compagnies d’aviation ouest-européennes ont
bénéficié de dérogations pour conduire leurs propres tests et ont conclu à
l’absence de danger (Lufthansa, Air Berlin, KLM, Air France…). Elles ont
dénoncé une mesure précipitée de fermeture de l’espace aérien civil.
Ainsi, Joachim Hunold, pdg d’Air Berlin a déclaré au Bild am Sonntag : « Pas
une seule sonde météo n’a été lancée en Allemagne pour mesurer si et dans
quelles proportions il y a des cendres volcaniques dans l’air. La fermeture de
l’espace aérien est entièrement basée sur les résultats de simulations par
ordinateur du Volcanic Ash Advisory Centre (VAAC) ».
Ce que confirment les experts indépendants. Guido Visconti, directeur du Centre
des phénomènes extrêmes à l’Université de l’Aquila a indiqué au Corriere della
Sera : « Les valeurs mesurées en France, Allemagne, Pays-Bas, Suisse et
Roumanie sont égales ou inférieures a celles des standards acceptés pour la
pollution urbaine, même en ce qui concerne le dioxide de soufre ».
Les mesures prises après l’explosion du petit volcan islandais sont sans
précédent dans l’histoire de l’aviation civile. Plus de 300 aéroports ont été
fermés, plus de 60 000 vols ont été annulés au détriment de plus de 6 millions de
passagers. Ces perturbations pourraient provoquer la faillite de plusieurs
compagnies aériennes ouest-européennes, laissant leurs parts de marché à leurs
rivales états-uniennes.
Dr Ali KILIC , Paris le 22 avril 2010
ANNEXE-I
•
Récit de la mort de son oncle (Lettres, VI, 16)
26
•
Récit personnel de Pline le Jeune, qui raconte sa fuite et la terreur des autres gens
(Lettres, VI, 20)
Lettres, VI, 16 [texte latin]
C. Pline écrit à son cher Tacite
1. Tu me demandes de t'écrire la mort de mon oncle, afin que tu puisses la transmettre avec
plus de vérité à tes descendants. Je t'en remercie, car je vois que sa gloire immortelle serait
exposée par sa mort, si tu la faisais connaître.
2. Quoiqu'en effet il soit mort par l'anéantissement de la plus belle terre du monde, au même
titre que des peuples et des villes, par un événement mémorable, puisqu'il nous vaincra
toujours; quoique lui-même ait écrit des oeuvres nombreuses et durables, l'éternité de tes
écrits ajoutera cependant beaucoup à sa pérennité.
3. Quant à moi, je pense que sont heureux les gens à qui il a été donné par la faveur des dieux
soit de faire des choses à écrire soit d'écrire des choses à lire, et que sont les plus heureux les
gens à qui ces deux facultés ont été données. Mon oncle, de par ses propres livres et les tiens,
sera au nombre de ces derniers. Et pour cette raison, j'accepte plus volontiers, je réclame
même l'ordre que tu me donnes.
4. Il était à Misène et dirigeait lui-même la flotte. Le neuvième jour avant les calendes de
septembre [le 24 août 79 après Jésus-Christ], ma mère me montre vers la septième heure
[environ 13 heures] qu'il lui apparaît un nuage d'une grandeur et d'un aspect inhabituels.
5. Après son bain de soleil, après s'être rafraîchi, il avait pris une collation, allongé, et étudiait.
Il réclame ses sandales, monte jusqu'au lieu d'où il pouvait observer au mieux ce phénomène.
Un nuage montait (pour ceux qui l'observaient de loin, il était incertain de quelle montagne il
venait; on sut par la suite qu'il provenait du Vésuve); et aucun autre arbre que le pin n'y
ressemblait davantage à son image et à son aspect.
6. En effet, en s'élevant sous la forme d'un tronc très long, il s'élargissait dans les airs en
rameaux, je crois, parce que, une fois emporté par un vent nouveau, ensuite abandonné par le
vent qui s'affaiblissait, ou même vaincu par son propre poids, le nuage se dissipait en largeur,
blanc de temps à autre, parfois sombre et sale, selon qu'il soulevait de la terre ou des cendres.
7. Il parut bon à mon oncle que ce grand phénomène fût étudié de plus près, en homme très
sage. Il ordonne d'affréter une chaloupe rapide; il me donne la possibilité de l'accompagner, si
je le voulais; je lui répondis que je préférais étudier, et lui-même m'avait donné de quoi écrire.
8. Il sortit de la maison; il reçoit un billet de Rectina, la femme de Cascus, effrayée par le
danger qui menace (en effet, sa demeure se trouvait sous le volcan, et la seule possibilité de
fuite était la mer); elle le priait de l'arracher à une situation si critique.
9. Il change d'avis et affronte avec un très grand courage ce qu'il avait entrepris par goût de
l'étude. Il déploie des quadrirèmes, monte lui-même, décidé à porter de l'aide non seulement à
Rectina, mais encore à de nombreuses autres personnes (en effet, l'agrément du rivage faisait
qu'il était fréquenté).
27
10. Il presse vers l'endroit d'où d'autres fuient et tient un cap rectiligne, le gouvernail droit sur
le danger, tellement détaché de la peur qu'il dicte et note toutes les phases et toutes les
structures de cette catastrophe, dès qu'il les voit à l'oeil.
11. Déjà les cendres tombaient sur les bateaux; plus ils approchaient, plus elles devenaient
chaudes et denses; déjà aussi c'étaient des pierres ponces et des cailloux noirs, carbonisés et
brisés par le feu; déjà le fond de la mer semble se soulever et le rivage fait obstacle par les
éboulis de la montagne. Après avoir hésité un peu s'il reviendrait, il dit à son pilote qui l'avait
engagé à faire ainsi: "Courage! le destin nous aide, dirige-toi vers la villa de Pomponianus!"
12. Il était à Stabies, séparé de lui par la moitié du golfe (car le rivage revient sur lui-même de
façon à former une courbe insensible que remplit la mer) [voir carte]; alors, bien que le danger
ne s'approchât pas encore, pourtant on le voyait, et alors qu'il croissait, tout proche,
Pomponianus embarqua ses bagages dans les navires, décidé à fuir, dès que le vent contraire
serait tombé. Alors mon oncle le rejoignit par ce vent très favorable et embrassa Pomponianus
qui tremblait, le console, l'encourage, et, pour apaiser la crainte de son ami avec son sangfroid, mon oncle demande d'être apporté au bain; lavé, il prend place à table, dîne
joyeusement, ou, ce qui était tout aussi grand, feint de se réjouir.
13. Pendant ce temps, des flammes très larges et de gros incendies luisaient en plusieurs
endroits du mont Vésuve; leur éclat et leur clarté étaient avivés par les ténèbres de la nuit. Lui
répétait pour calmer leur effroi que c'étaient des feux abandonnés dans la frayeur par des
paysans et que c'étaient des fermes désertées qui brûlaient dans la solitude. Alors, il se livra au
repos et se reposa assurément d'un sommeil profond. De fait, ceux qui se trouvaient sur le
seuil pouvaient entendre sa respiration qui était chez lui plus grave et plus sonore à cause de
sa grande taille.
14. Mais la cour d'où l'on accédait à son appartement, s'élevait, déjà recouverte par de la
cendre mêlée à des pierres ponces, si bien que, si son somme s'allongeait dans sa chambre, il
ne pourrait plus sortir. Une fois réveillé, il sortit et se rendit vers Pomponianus et d'autres qui
étaient de garde.
15. Ils délibèrent en commun s'ils doivent rester à l'abris des maisons ou aller à découvert; les
bâtiments vacillaient en effet sous les tremblements fréquents et importants et semblaient
partir et revenir, tantôt de-ci, tantôt de-là, comme ébranlés de leurs fondations.
16. En revanche en plein air on craignait la chute de pierres ponces, quoique légères et
poreuses; mais pourtant la comparaison des dangers faisait choisir le dernier. Et auprès de lui
[mon oncle] la raison vainquit la raison, auprès des autres gens, la peur vainquit la peur. On
attacha des oreillers sur la tête avec des ceintures; ce fut leur protection contre ce qui tombait.
17. Déjà ailleurs c'était le jour, mais ici la nuit était plus noire et plus dense que toutes les
nuits; et pourtant de nombreuses torches et diverses lumières l'atténuaient. On décida de se
diriger vers le rivage et de regarder de près si la mer les accepterait déjà; mais jusqu'à présent,
elle restait grosse et contraire.
18. Là, couché sur un drap étendu par terre, il réclama à plusieurs reprises de l'eau froide et en
puisa. Ensuite, des flammes et l'odeur de soufre qui annonce les flammes mettent les autres en
fuite et le font lever.
28
19. S'appuyant sur deux petits esclaves, il se redressa et retomba aussitôt; selon moi, c'est à
cause de sa respiration obstruée par une vapeur épaisse et à cause de sa trachée fermée, qui
chez lui était par nature faible, étroite et sujette à des oppressions fréquentes. [crises
d'asthme?]
20. Dès que le jour fut revenu (c'était le troisième depuis celui qu'il avait vu pour la dernière
fois), on a retrouvé son corps intacte, en parfait état, et couvert des habits dont il était habillé;
la position de son corps ressemblait plus à quelqu'un qui se repose qu'à un mort.
21. Pendant ce temps, j'étais à Misène, et ma mère... Mais pour ton enquête tu n'as rien voulu
savoir d'autre que la mort de mon oncle. Donc je terminerai.
22. J'ajouterai une chose: je t'ai raconté tout ce à quoi j'ai pris part et que j'ai aussitôt entendu,
lorsqu'on se rappelle plus que jamais de la vérité. Toi, tu citeras les extraits les plus
importants; en effet, c'est une chose que d'écrire une lettre à un ami, c'en est une autre que
d'écrire un récit historique pour tout le monde. Salut.
Lettres, VI, 20
C. Pline écrit à son cher Tacite
1. Tu dis qu'attiré par la lettre que je t'ai écrite au sujet de la mort de mon oncle, à toi qui me
le réclamais, tu désirais apprendre non seulement la crainte mais encore le sort que moi j'ai
supportés alors que j'étais resté à Misène (en effet, après avoir commencé, j'ai arrêté [voir plus
haut la lettre précédente]);
bien
que
mon
je commencerai.
âme
tremble
à
l'idée
de
se
souvenir...
2. Une fois mon oncle parti, moi-même j'ai consacré mon temps restant à l'étude (en effet,
j'étais resté dans ce dessein); bientôt ce fut le bain, le dîner, un sommeil troublé et court.
3. Pendant de nombreux jours un tremblement de terre avait précédé; il était peu effrayant,
parce qu'en Campanie on en avait l'habitude. Mais cette nuit il avait déjà une telle puissance
qu'on croyait non pas que tout était bouleversé, mais retourné.
4. Ma mère survint dans ma chambre; je me levais à mon tour, pour la réveiller si elle se
rendormait. Nous nous rassîmes dans la cours de la maison, qui séparait la mer des bâtiments
par un petit espace.
5. Je ne sais pas si je dois appeler cela sang-froid ou imprudence (je vivais en effet ma dixhuitième année): je demande un livre de Tite-Live et comme si j'étais en loisirs, je le lis, et
même, dès que j'ai commencé, j'en tire des extraits. Voici qu'arrive un ami de mon oncle, qui
était récemment venu d'Espagne. Lorsqu'il voit que ma mère et moi sommes assis, mais
encore que je lis, il critique violemment son manque de réaction et mon insouciance. Ce n'est
avec pas moins de zèle que moi je me replongeai dans mon livre.
6. C'était déjà la première heure du jour, et la lumière était encore hésitante et blafarde; déjà,
alors que les bâtiments alentours étaient fortement agités, bien que dans un endroit ouvert,
mais pourtant étroit, la crainte de la destruction était grande et certaine.
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7. Alors seulement il nous parut souhaitable de sortir de la ville; une foule suit, hébétée, et
(dans la crainte on devient sage) on préfère suivre le conseil d'autrui plutôt que le sien, et la
foule presse et pousse les fuyards dans son immense marche.
8. Une fois sortis de la zone construite, nous nous arrêtons. Nous sommes victimes de
nombreuses surprises, de nombreuses terreurs. En effet les chariots que nous avions ordonné
d'amener étaient bousculés dans des directions contraires, bien que l'on fût dans un espace très
plat, et même calés avec des pierres ils ne restaient pas dans les mêmes traces.
9. Ensuite, nous voyions la mer s'absorber en elle-même et pour ainsi dire repoussée par le
tremblement de terre. Le rivage s'était sans doute avancé et retenait prisonnier de nombreux
animaux marins sur les sables secs. De l'autre côté un nuage noir et terrifiant s'ouvrait en de
longues formes de flammes, rompu par les allées et venues tordues et oscillantes du souffle de
feu; ces dernières étaient à la fois semblables et plus grandes que des coups de foudre.
10. Mais alors, le même ami d'Espagne dit, plus vivement et plus instamment: "Si ton frère, si
ton oncle vit, il veut que vous soyez saufs. S'il a péri, il a voulu que tu lui survives. Ainsi
donc, pourquoi tardez-vous à vous échapper?" Nous lui répondîmes que nous ne nous
rendrions pas coupables de nous préoccuper de notre salut alors que nous ne savions rien du
sien.
11. Ne s'attardant pas plus, il se précipite et s'éloigne du danger par une course immodérée.
Peu après, le nuage descendit sur les terres et couvrit la mer; il avait entouré Capri et l'avait
cachée, il avait dérobé à la vue la partie en saillie du cap de Misène.
12. Alors à ma mère de me prier, de m'exhorter, de m'ordonner que je fuie par quelque moyen
que ce soit; en effet, un jeune homme le pouvait, et elle mourrait volontiers, alourdie par les
années et sa corpulence, si elle n'était pas la cause de ma mort. Moi, je lui répondis au
contraire que je ne me sauverais qu'avec elle. Lui ayant ensuite saisi sa main, je la force à
allonger le pas.
13. Elle obéit avec peine et s'accuse de me retarder. A l'instant, des cendres, jusque-là
pourtant rares. Je me retourne: un nuage sombre et dense nous menaçait par derrière, qui nous
suivait à la manière d'un torrent répandu sur le sol. "Faisons un détour", dis-je, "tant que nous
y voyons, pour éviter d'être renversés et piétinés dans la nuit par la foule des fuyards."
14. A peine nous étions-nous assis que ce fut la nuit, non comme une nuit sans lune ou
nuageuse, mais comme dans un espace clos, toutes lumières éteintes. Tu aurais pu entendre
les cris perçants des femmes, les appels au secours des enfants, les cris des hommes; les uns
recherchaient en criant des parents, d'autres leurs enfants, d'autres encore leur conjoint, et
tentaient de les reconnaître à la voix;
15. Certains s'affligeaient de leur propre malheur, d'autres de celui des leurs; il y en avait qui
suppliaient la mort par crainte de la mort; beaucoup levaient leurs mains aux dieux; plusieurs
expliquaient qu'il n'y avait déjà plus de dieux nulle part et que cette nuit serait éternelle et
serait la dernière du monde. Il ne manquait pas de gens pour augmenter les dangers réels par
des terreurs fictives et mensongères. Etaient présents des gens qui annonçaient qu'à Misène tel
bâtiment s'était écroulé, tel autre était la proie des flammes; c'était faux, mais il ne manquait
pas de gens pour y croire.
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16. Ça brillait un peu à nouveau, mais pas comme le jour, comme l'annonce d'un feu qui
approche. Et du moins le feu ne s'avança pas particulièrement loin; de nouveau ce furent les
ténèbres, de nouveau ce furent les cendres, abondantes et lourdes. Nous levant sans cesse,
nous nous secouions pour les faire tomber; sans quoi nous serions recouverts et même écrasés
sous leur poids.
17. Je pourrais me vanter de n'avoir pas fait sortir un gémissement, une parole peu courageuse
au milieu de tels dangers, si je n'avais pas cru en consolation misérable de la condition de
mortel, grande consolation pourtant, que je périssais avec tout, que tout périssait avec moi.
18. Enfin, ce nuage, pour ainsi dire affaibli en fumée ou en brouillard, disparut; ce fut bientôt
le jour véritable; même le soleil se mit à briller, jaune pourtant, comme il est d'habitude lors
d'une éclipse. Tout à nos yeux en désarroi se présentait transformé et recouvert d'une profonde
couche de cendres, comme de la neige.
19. Revenus à Misène, après s'être réconforté vaille que vaille, nous passâmes une nuit
incertaine et indécise, entre l'espoir et la crainte. La crainte prévalait; en effet, même le
tremblement de terre continuait, et la plupart, rendus fous par des présages terrifiants, se
moquaient de leur maux et de ceux d'autrui.
20. Pourtant, nous ne prîmes pas même la décision de partir, bien que nous connussions le
danger et que nous l'attendissions, avant d'avoir des nouvelles de mon oncle.
Voici des faits nullement dignes de l'histoire; tu les liras sans avoir l'intention de les écrire et
tu t'en prendras assurément à toi, qui me l'as demandé, puisque ces événements ne sont même
pas dignes d'une lettre. Salut.
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