4 CONSULTATION D’URGENCE PEDIATRIQUE
Avant de se concrétiser aux
Grangettes, l’idée d’un
nouveau centre d’urgence
pédiatrique a germé à la Fondation
Hans Wilsdorf. C’était il y a 12 ans.
« Nous avions constaté que Genève
souffrait d’une réelle lacune dans ce
domaine et qu’il était souvent diffi-
cile, pour les parents d’un enfant en
situation d’urgence, de consulter
rapidement, explique Pierre Mottu,
président de la Fondation. Nous
avons dès lors décidé de chercher
une solution. »
La Fondation Wilsdorf a donc pro-
posé de financer un bâtiment spé-
cifiquement destiné aux urgences
pédiatriques. Comment cela s’est-
il passé, concrètement, et com-
ment la collaboration avec les
Grangettes s’est-elle instaurée ?
Pierre Mottu : Dans un premier
temps, j’ai pris contact avec le Dr
Pierre-François Unger, qui était
alors à la tête du service des Urgen-
ces à l’Hôpital cantonal, pour lui
parler de notre projet. Il s’est mon-
tré d’emblée très enthousiaste,
et m’a donné de nombreux con-
seils, touchant notamment à la fai-
sabilité d’un tel centre d’urgence
pédiatrique ainsi qu’au rôle qu’il
pourrait jouer à Genève. Comme il
existait déjà un tel service sur la rive
droite, à l’Hôpital de la Tour, le nou-
veau centre auquel nous rêvions
devait donc se situer sur la rive
gauche. Mais la nécessité de trou-
ver un terrain suffisamment grand
a rapidement montré que ce n’était
guère envisageable en pleine ville.
Or, la chance a voulu qu’une par-
celle se soit révélée disponible à
la route de Chêne. Il devenait dès
lors évident que ce projet devait se
réaliser avec les Grangettes, toutes
proches. J’en ai donc parlé avec
Philippe Glatz, président de la Clini-
que, qui a également accueilli l’idée
avec enthousiasme.
Alors, pourquoi s’est-il écoulé 12
ans entre la naissance de votre
projet et sa concrétisation ?
D’une part parce que nous avons
voulu que cette réalisation soit en
tout point exemplaire et qu’il ne
fallait pas qu’elle soit bâclée. Mais
aussi en raison du fait que, particu-
lièrement à Genève, une telle entre-
prise prend beaucoup de temps :
achat du terrain, démarches admi-
nistratives, demande d’autorisation
de construire, solution des problè-
mes de circulation, etc.
La Fondation Wilsdorf a pris en
charge l’entier de la réalisation
de ce centre pédiatrique et de
ses équipements. Vous aviez des
idées très arrêtées sur le projet ?
Tout à fait : la mission que nous
avons confiée à l’atelier d’architec-
ture Brodbeck-Roulet consistait à
créer un bâtiment médical ultra-
fonctionnel au concept original et
attractif, mais surtout qui offre aux
enfants en situation d’urgence une
ambiance apaisante et rassurante.
Notre objectif était de faire en sorte
qu’ils s’y sentent vraiment à l’aise.
Nous voulions également que la
lumière naturelle joue un rôle pri-
mordial, et qu’elle se répande le
plus possible à l’intérieur du bâti-
ment. Ce qui est réussi : le jour
pénètre partout, y compris au
sous-sol, au travers de la toiture,
de certains éléments de la façade
et des planchers, mais également
du bassin extérieur. Par ailleurs, les
architectes ont eu la bonne idée de
jouer avec l’eau, si bien que les
enfants ont l’impression d’arriver
dans une île, avec de l’eau tout
autour du bâtiment. Sans parler
de l’aquarium géant, une idée que
nous avons nous-mêmes soufflée
aux architectes.
Justement : pourquoi un si grand
aquarium au centre du bâtiment ?
Nous voulions qu’il y ait des ani-
maux, parce que c’est un élément
de vie dont on connaît l’impact
positif sur les enfants. A contrario,
les plantes, les tableaux ou les jeux
de plots n’intéressent que margi-
nalement les enfants. Or, il n’était
guère possible d’avoir des girafes
ou des éléphants, encore moins
des animaux de basse-cour, pour
de simples questions d’hygiène.
Nous nous sommes donc déci-
dés pour des poissons. Mais pas
n’importe quels poissons : plutôt
que de vulgaires poissons rouges,
nous voulions quelque chose d’ex-
ceptionnel, de ludique et de didac-
tique, qui permette aux enfants
et à leurs parents de se distraire
tout en apprenant. D’où ce choix
d’un aquarium géant accueillant
une véritable tranche du lac Tan-
ganyika, avec ses nombreux pois-
sons exotiques.
Vous avez également souhaité
que ce centre soit respectueux
de l’environnement.
Absolument, c’était une des don-
nées imposées aux architectes.
Il aurait été inconcevable qu’ils
viennent avec un projet génial
mais ne respectant pas l’environ-
nement. Ce bâtiment permet ainsi
de récupérer l’énergie, il dispose
de capteurs solaires et il est doté
d’une pompe à chaleur assurant
chauffage et climatisation, dont
les sondes plongent à une profon-
deur de 160 mètres. Bref : tout ce
qui était réalisable aujourd’hui en
termes de protection de l’environ-
nement, nous l’avons fait!
Une ambiance rassurante
Entrevue avec M. Pierre Mottu, président de la Fondation Wilsdorf.
Il s’agit du plus grand service
de consultation et d’urgence
pédiatrique privé de Suisse.
Structure moderne et adaptée au
besoin de la région, le nouveau
centre offre une couverture médi-
cale complète permettant la prise
en charge et le traitement des
urgences de pédiatrie tant sur le
plan médical que sur le plan chi-
rurgical. Philippe Glatz, président
de la Clinique des Grangettes,
répond à quelques questions.
Ainsi, votre nouveau centre d’ur-
gence pédiatrique est ouvert à
tous les enfants, comment s’ins-
crit-il dans le réseau genevois ?
Genève compte à ce jour deux
structures partiellement équiva-
lentes à celle de la Clinique des
Grangettes. La toute première est
celle du service de pédiatrie de
l’Hôpital cantonal universitaire.
Son service, souvent engorgé,
assume la quasi-totalité des con-
sultations d’urgence pédiatrique
de la région. Les attentes y étaient
parfois jugées très longues par
les patients. Notre nouveau cen-
tre doit permettre de le déchar-
ger. La deuxième structure, plus
généraliste, est celle de l’Hôpital
de la Tour qui intègre au sein de
son service d’urgence adulte un
service de consultations pédiatri-
ques. Il manquait donc sur le ter-
ritoire une structure qui permette
de couvrir les besoins.
Ce nouveau centre, à la pointe de
la technologie, a pu être mis en
place grâce à la volonté et l’aide
précieuse de la Fondation Hans
Wilsdorf qui a trouvé en la Clini-
que des Grangettes le savoir-faire
et le professionnalisme qu’elle
recherchait.
Vous aviez déjà une garde de
pédiatrie très connue. Y avait-il
nécessité d’élargir ce service ?
Certes, la Clinique des Grangettes
a assumé depuis toujours une
garde de pédiatrie en collabo-
ration avec les HUG et la SGP
(Société genevoise de pédiatrie),
Celle-ci a rendu d’éminents ser-
vices. Mais une telle garde, con-
çue sur le modèle d’un cabinet de
ville, connaissait plusieurs limites.
Ainsi, l’ancienne garde ne prenait
en charge que les consultations
de type médical, à l’exclusion des
consultations de type traumatolo-
gique ou chirurgical, ceci seule-
ment sur rendez-vous.
Avec la nouvelle consultation
d’urgence, toutes les prises en
charge sont possibles et sans
rendez-vous. Grâce à la mise à
disposition rationnelle de tou-
tes les ressources de la Clinique
des Grangettes, les urgentistes,
pédiatres et médecins spécialisés
bénéficient ici d’un nouvel ensem-
ble plus grand et plus efficace au
service des enfants. Ce cercle de
compétence élargi regroupe en
outre au sein d’un même péri-
mètre des pédiatres, chirurgiens
pédiatriques, radiologues, ortho-
pédistes, ophtalmologues, ORL
et anesthésistes, tous praticiens
confirmés et anciens chefs de
clinique, ainsi qu’un matériel de
pointe 7 jours sur 7 à la disposi-
tion de la population.
Vous avez déclaré avoir agi
dans le sens de l’intérêt public
et non pas commercial, pouvez-
vous nous expliquer en quoi et
pourquoi ?
Il faut préciser que malgré les
généreux investissements de la
Fondation Hans Wilsdorf pour la
mise à disposition de ce magni-
fique bâtiment, la Clinique des
Grangettes devra subventionner
les charges de fonctionnement
de cette nouvelle structure. En
effet, ouvertes à toute la popu-
lation, les consultations n’y sont
facturées qu’au tarif de l’assu-
rance obligatoire, tarif égal pour
tous. Les services d’urgences
travaillent toujours à perte pour
près de 50% de leurs charges de
fonctionnement et la Clinique des
Grangettes ne bénéficie d’aucune
subvention d’Etat.
C’est donc bien au titre de l’in-
térêt général que la Clinique des
Grangettes et la Fondation Hans
Wilsdorf ont uni leurs efforts
pour cette réalisation. La subven-
tion accordée par la Clinique des
Grangettes à ses services d’ur-
gences lui permet de restituer
une partie de la reconnaissance
que lui porte la population en
fréquentant ses services privés.
Nous trouvons normal, si nous
faisons quelques bénéfices dans
notre exploitation privée, de les
remettre à la disposition du plus
large nombre.
CONSULTATION D’URGENCE PEDIATRIQUE 5
Une consultation d’urgence
pour tous les enfants
L’assurance de base de tout un chacun y est suffisante au même titre qu’à l’Hôpital.
Un aquarium de 10 m de haut qui captive et déstresse immédiatement les enfants. Toute l’équipe du nouveau centre d’urgence pédiatrique des Grangettes.