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La radiothérapie
affûte ses armes
De nouvelles machines high-tech ont
considérablement amélioré la prise en charge
par la radiothérapie.
Elles permettent de mieux cibler les tumeurs,
tout en limitant les effets secondaires.
sur le plan sexuel », assure le Dr
Frank Mayer.
Par ailleurs, la chirurgie robo-
tique – qui est une technologie
récente – va continuer à se déve-
lopper et sans doute permettre
de réduire davantage encore
les effets secondaires inhérents
aux opérations pour des can-
cers précoces. « A plus ou moins
moyen terme, on espère pouvoir
intervenir avec un traitement
local. On pourrait ainsi ne reti-
rer que la zone malade et non la
totalité de la prostate », explique
le Dr Franz Schmidlin. Une évo-
lution qui contribuerait éga-
lement à mettre un terme aux
polémiques sur l’opportunité du
dépistage précoce.
Le dépistage du cancer
de la prostate entre dans
les mœurs. Et c’est béné-
fique puisque, parallèlement,
le taux de mortalité dû à cette
maladie a diminué de 18% en 10
ans. « Dans le même temps, se
réjouissent les Drs Franz Schmi-
dlin et Frank Mayer, urologues à
la Clinique des Grangettes, les
interventions chirurgicales sont
devenues moins invasives grâce
à de nouvelles connaissances en
anatomie et grâce à la chirurgie
robotique. » On peut aussi, dans
certains cas, avoir recours à la
radiothérapie ou encore – plus
rarement – à une surveillance
active, ce qui implique un
contrôle régulier du PSA (Anti-
gène Spécifique de la Prostate)
par prise de sang ainsi qu’une
biopsie prostatique en anesthé-
sie locale tous les ans.
Relativement fréquent, le can-
cer de la prostate touche un
homme sur trois, dont une pro-
portion élevée est âgée de 50 à
69 ans. « Cela représente entre
300 et 400 nouveaux cas par
an à Genève (5700 en Suisse),
dont les deux tiers souffrent de
tumeurs localisées pouvant être
guéries », souligne le Dr Frank
Mayer.
Détectée suffisamment tôt, la
prise en charge de cette mala-
die permet d’obtenir de meil-
leurs résultats. D’où l’intérêt du
dépistage. « Même si cet examen
est remis en cause par certains,
nous le proposons aux patients,
surtout lorsqu’ils présentent un
facteur de risque », confie le Dr
Franz Schmidlin. Le dépistage
est d’ailleurs conseillé par les
sociétés urologiques en Suisse,
en Europe et aux Etats-Unis, dès
l’âge de 50 ans ( 45 ans en cas
d’antécédents familiaux ). « Dans
ces pays, on assiste à une baisse
de la mortalité du cancer de la
prostate », ajoute le Dr Franz
Schmidlin.
De fait, 60% des hommes jouent
la carte de la prévention, ce qui
permet de découvrir entre 75 et
80% des tumeurs de la prostate
avant l’apparition des premiers
signes cliniques, c’est-à-dire pro-
blèmes pour uriner, sang dans les
urines et/ou le sperme, ou encore
éjaculation douloureuse.
Les avantages
de la chirurgie
robotique
En cas de maladie avérée, le
meilleur traitement est discuté,
aux Grangettes, lors d’un « tumor
board », une réunion médicale
qui réunit des spécialistes de
différents domaines touchant à
l’oncologie. Car l’objectif n’est
pas d’opérer tout le monde. Tout
dépend de l’âge de la personne,
de la localisation de sa maladie,
du fait qu’elle puisse vivre avec
un cancer ou non. Dans certains
cas, un suivi clinique avec une
simple surveillance ( toucher rec-
tal, PSA, contrôle radiologique )
peut en effet être suggéré aux
patients.
Cela étant, la chirurgie a beau-
coup évolué ces dernières
années. « Grâce à la chirurgie
robotique ( robot Da Vinci ), on
travaille de manière beaucoup
moins invasive, plus précise,
avec une meilleure récupération
Prostate : toujours plus de traitements
individualisés et curatifs
De plus en plus d’hommes se soumettent à un dépistage du cancer de la prostate.
Ce qui a diminué le nombre de décès dus à la maladie.
Quant aux traitements, ils sont de moins en moins invasifs.
L’ urologie oncologique ne
concerne pas seulement le
cancer de la prostate. Elle traite
également les tumeurs des reins,
de la vessie et des testicules.
Cancer du rein. Relativement
peu fréquent, ce cancer frappe
une personne sur 10 000. Il
se soigne bien si la maladie
est dans un stade précoce et
qu’elle n’a pas atteint d’autres
organes. Le traitement princi-
pal consiste à retirer la tumeur
tout en conservant le rein.
Dans ce cas, le pronostic est
excellent avec un taux de
survie de 90% à 10 ans. La
chirurgie robotique permet
d’effectuer ces traitements
avec une grande précision de
manière peu invasive et sans
cicatrice mutilante.
Cancer de la vessie. Alors
qu’il était plutôt masculin,
ce cancer touche de plus en
plus de femmes, en raison de
l’augmentation du tabagisme
chez ces dernières. Ses
symptômes sont généralement
clairs : sang dans les urines.
Si la tumeur est en superficie,
on la retire simplement. La
situation est tout autre face à
un cancer invasif qui infiltre la
paroi musculaire de la vessie.
Dans ce cas, la vessie doit être
enlevée et remplacée par une
vessie orthotopique ( vessie de
remplacement ).
Cancer des testicules.
Il frappe surtout des jeunes
gens de 25 - 35 ans ou des
quinquagénaires. « C’est une
maladie qui se guérit très bien,
même si elle est avancée »,
assure le Dr Schmidlin. Un
bon pronostic qui est dû à la
chimiothérapie. Avant que cette
dernière ne soit utilisée pour
ce cancer, le taux de mortalité
était beaucoup plus élevé.
Autres activités en urologie
La radiothérapie a beau-
coup évolué ces der-
nières années. Elle permet
aujourd’hui de traiter avec une
grande précision les tumeurs can-
céreuses, tout en préservant de
mieux en mieux les tissus sains.
Au cœur de cette évolution, le
RapidArc, une machine high-
tech dont est équipé l’Institut de
radiothérapie de la Clinique des
Grangettes. Un appareil qui a éga-
lement réduit le temps d’exposi-
tion et la toxicité des traitements.
Toutefois, aussi performante
soit-elle, la radiothérapie – ou
radio-oncologie – n’est pas une
technique à part contre le cancer.
«Elle s’inscrit dans l’arsenal théra-
peutique dont on dispose pour lut-
ter contre les tumeurs malignes,
avec la chirurgie et la chimiothé-
rapie », souligne le Dr Dominique
Schneider, responsable du Centre
de radiothérapie de la Clinique.
Autrement dit, avant d’opter pour
un traitement ou pour un autre, le
cas de chaque patient est discuté
lors d’une consultation pluridisci-
plinaire qui réunit plusieurs spé-
cialistes – chirurgien, oncologue
médical, pathologiste, radiologue,
radio-oncologue – afin de définir la
meilleure prise en charge. « Sou-
vent, on utilise les différentes
thérapies en parallèle », précise
le Dr Schneider.
Si la radiothérapie est particuliè-
rement efficace pour prévenir la
récidive ou lutter contre les métas-
tases, elle peut également fonc-
tionner comme thérapie exclusive
pour des cancers tels que celui du
poumon ou de la prostate avec
d’excellents résultats quand ils
sont à leur stade initial.
De fait, le RapidArc a amélioré la
prise en charge de la radio-onco-
logie, tant du côté du traitement
que de celui de la précision ;
cette machine high-tech, qui
ressemble à un énorme arc de
cercle – d’où son nom – tourne
à une vitesse variable autour du
Le Dr Schneider, spécialiste FMH en radiothérapie.
Avec le robot Da Vinci, de nombreuses interventions peuvent être réalisées de manière très peu invasive.