Une révolution pour le patient

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Journal d’information de la Clinique des Grangettes
No 5
Edition 2011 / 12
Journal des Grangettes
Une révolution
pour le patient
Obésité
La solution
du bypass
En cas d’obésité massive, la pose
d’un bypass est actuellement la
seule solution efficace à long terme.
Toutefois, si le patient ne corrige pas
son trouble alimentaire, il reprendra
les kilos perdus dans les premiers
mois suivant l’opération. D’où l’importance d’une prise en charge
pluridisciplinaire.
Pages 20-21
Hyperactivité
Un trouble
à prendre
au sérieux
Des plateformes médicales pluridisciplinaires permettent aux médecins
de mettre leurs compétences en commun afin de déterminer,
dans chaque cas, le meilleur traitement possible pour le patient.
Lors d’un problème médical complexe, la prise en charge du patient
nécessite les connaissances et le
savoir-faire de nombreux spécialistes. C’est notamment le cas en
Gynécologues
Un suivi
essentiel
Naissance, contraception, ménopause… le gynécologue joue un
rôle clé dans la vie d’une femme.
D’ailleurs, il s’installe souvent
avec lui une relation de confiance
qui dépasse de loin sa fonction
première de thérapeute. Pages 17-19
oncologie, nouveau pôle de compétence de la Clinique des Grangettes.
Car si l’évolution de la technologie et
la spécialisation, toujours plus importante, de la médecine permettent
d’améliorer la qualité des traitements, elles impliquent, en parallèle,
une importante concertation de la
Entre 5 et 7% des enfants souffrent
d’hyperactivité. Un trouble qui
peut avoir de graves conséquences s’il n’est pas dépisté et
traité rapidement.
Pages 15-16
part des différents praticiens: oncologues, radiothérapeutes, chirurgiens et autres radiologues. D’où la
création de plateformes pluridisciplinaires. Le même fonctionnement
se retrouve dans d’autres secteurs
tels que la chirurgie gastrique ou la
neuropédiatrie.
Pages 4-12
Dossier spécial:
Cancer et soins
Les laboratoires genevois à vos côtés
2 orthopedie
orthopedie
éditoriaux
3
L’union fait la force
Le nouveau Centre d’oncologie et d’hématologie et le Centre de radiothérapie au cœur du parc des Grangettes.
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ne
spécialisation
des
centres, une approche multidisciplinaire, un patient
au cœur de l’attention, plus que
des principes, voici des réponses
concrètes et modernes qui correspondent aux attentes d’une population inquiète de l’évolution de
notre système de santé. Dans cet
esprit, nous avons créé une nouvelle structure destinée à prendre
en charge, de manière globale, les
personnes atteintes d’un cancer.
L’avantage d’un tel centre de compétence est double. Il permet, d’une
part, au patient, de rencontrer différents spécialistes sur un même
site. Et, d’autre part, aux médecins,
de se réunir afin de discuter des
différents cas et de chercher, de
manière collégiale, les meilleures
solutions de traitements. Le patient
est ainsi considéré dans sa globalité par l’ensemble du corps médical concerné par la maladie. La
gestion du stress, l’alimentation et
l’image de soi ont été intégrées aux
prises en charge, permettant ainsi
aux patients de mieux vivre ces
bouleversements personnels. Nous
consacrons notre dossier à cette
approche multidisciplinaire (pages
4 à 12). Toutefois, elle n’est pas
réservée à l’oncologie. En chirurgie
de l’obésité, autre domaine complexe, qui permet d’obtenir de bons
résultats lors de graves problèmes
de surpoids, la prise en charge
implique également de nombreux
spécialistes : chirurgien, interniste,
D
urant de nombreuses
années, la Clinique des
Grangettes a fonctionné comme
une clinique de gynécologieobstétrique, réputée dans ce
secteur mère-enfant.
Puis, il y a quelques années, elle
s’est développée de manière
extraordinaire pour devenir une
clinique pluridisciplinaire. Avec
notamment, dans un premier
temps, l’ouverture d’un centre
de radiologie, un service de
médecine nucléaire, ou encore
un service d’orthopédie, tout
particulièrement renommé
pour ses compétences dans le
domaine de la chirurgie du pied,
et bientôt de l’enfant.
diététicien, psychologue (pages
20-21). Le secteur mère-enfants
est bien entendu concerné par ce
modèle : une approche transversale
est tout aussi indispensable lors de
la prise en charge d’enfants souffrant d’hyperactivité (pages 15-16).
Autant dire que les centres de compétence vont continuer à se déve-
Il y a deux ans, la Clinique a
connu une nouvelle évolution,
avec la création d’un service
d’urgences pédiatriques et d’un
Centre du cancer comprenant un
service de radio-oncologie et un
service d’oncologie médicale.
Aujourd’hui, de nombreux
médecins et chirurgiens travaillent au sein de la Clinique.
Beaucoup de jeunes chirurgiens
nous adressent des demandes
de collaboration et, en parallèle,
un nombre important d’anciens
professeurs de l’Hôpital cantonal
s’est installé et travaille au sein
de la Clinique, apportant, au
dynamisme des jeunes médecins
l’expérience des anciens.
lopper, dans les années à venir,
car ils contribuent non seulement
à déterminer les traitements les
plus adéquats pour chaque patient,
mais également à permettre une
approche plus responsable en
termes d’efficience économique.
Gilles Rufenacht, directeur
Nous sommes particulièrement
heureux du développement de
cette institution qui a permis de
mettre en place également des
plateformes de discussion avec
l’ensemble du corps médical.
Tout médecin de la Clinique ou
de la ville peut présenter à une
équipe pluridisciplinaire divers
« cas complexes » afin de solliciter son avis et d’établir les meilleurs diagnostics et traitements.
Nous nous réjouissons enfin du
commencement des travaux
d’un nouveau bloc opératoire
avec 5 salles d’opération ultramodernes et 40 lits d’hospitalisation supplémentaires.
Pr Anastase Spiliopoulos
4 dossier cancer
dossier cancer
Une nouvelle structure
contre le cancer
La Clinique des Grangettes fait de l’oncologie un nouveau domaine de compétence.
Elle permet désormais de prendre en charge, de manière globale, les patients atteints
d’un cancer. Et ce, quelle que soit leur couverture d’assurance.
A la recherche
d’un consensus
Une fois par semaine, des spécialistes se retrouvent également lors de « tumor boards »,
des réunions organisées pour
évoquer divers cas de patients et
se mettre d’accord sur les traitements à adopter. Toujours dans
cet esprit de transversalité, le
Professeur Sappino va instaurer
des « consultations préthérapeutiques » pour deux des cancers
les plus fréquents – celui du sein
et celui de la prostate – ouvertes
à tous les médecins de la ville.
Elles permettront de discuter de
problèmes particuliers sur le plan
diagnostique ou thérapeutique.
Avec pour objectif, après l’exposé
des différents points de vue, de
trouver un consensus et de le proposer au médecin traitant. Tout
en offrant une information objective au patient.
Autre innovation du Centre des
Grangettes : des soins bien-être
proposés aux patients grâce à la
Fondation Wilsdorf. Une offre peu
courante en milieu hospitalier qui
joue pourtant un rôle fondamental tant sur le plan physique que
psychique de ceux qui en bénéficient. D’ailleurs, le Pr Sappino ne
tarit pas d’enthousiasme : « Vincent Martin, notre ostéopathe,
nous a transformé des gens, dit-il.
Comme la médecine est de plus
en plus spécialisée, elle a tendance à oublier qu’il y a des gens
derrière les organes à soigner.
Par conséquent, il est important
que quelqu’un « recolle » les morceaux et aide le patient à retrouver le contact avec la totalité de
son corps, voire à le réapprivoiser,
tout en lui faisant du bien. »
En plus de l’ostéopathie, les
patients
peuvent
également
bénéficier d’une spécialiste en
soins corporels. Dans un deuxième temps, le professeur souhaite élargir ces prestations à
d’autres domaines tels que celui
des émotions ou encore celui de
l’alimentation. « Mais encore faut-
5
il trouver les bonnes personnes ! »
Que ce soit dans l’accueil ou la
prise en charge, tout est mis en
œuvre pour favoriser la détente
et mettre le patient à l’aise. Et
l’aménagement du bâtiment,
qui baigne dans la lumière et
une décoration élégante, avec
de multiples taches de couleur, n’est pas en reste. « Bénéficier d’un environnement moins
impersonnel que dans un hôpital, c’est la cerise sur le gâteau »,
constate le Pr Sappino, en soulignant : « Mais ce qui compte,
avant tout, c’est l’expertise. »
Aux Grangettes, l’un comme
l’autre sont accessibles à tous
les patients, quelle que soit leur
couverture d’assurance.
Diagnostic de
haute précision
De plus en plus de cancers sont découverts
grâce à la radiologie.
Cette dernière aide également à déterminer
le meilleur traitement possible.
L
Le Pr Sappino, un des acteurs clés du nouveau Centre d’oncologie et d’hématologie de la Clinique.
M
ultidisciplinarité.
Un
mot qui traduit bien la
philosophie du nouveau Centre d’oncologie et d’hématologie de la Clinique des
Grangettes. Ouvert en octobre
dernier, il propose des consultations spécialisées ainsi que des
séances de chimiothérapie, tout
en pouvant s’appuyer sur un
réseau de médecins agréés et des
services de pointe situés sur le
site même. « Ce qui était intéressant, c’était de créer une structure qui n’existait pas encore ; qui
se situe entre la grande structure
hospitalière et le cabinet privé »,
confie le Professeur André-Pascal
Sappino, un des acteurs clés de
ce nouveau Centre, et ancien chef
du Service d’oncologie des Hôpitaux Universitaires de Genève.
« Aujourd’hui, il est impensable
pour un médecin de s’occuper
d’un patient atteint d’un cancer,
seul dans son coin, souligne le
Pr Sappino. Ce sont des maladies
tellement complexes et multiples
qu’elles nécessitent, d’une part,
que les médecins soient de plus
en plus spécialisés – y compris
en oncologie, avec des spécialisations en oncologie du sein, du
poumon, etc. – et, d’autre part,
que ces médecins mettent leurs
compétences en commun pour
déterminer, dans chaque cas, le
meilleur traitement possible. »
De fait, les personnes souffrant
d’un cancer consultent de nombreux spécialistes tout au long de
leur maladie et, outre la compétence de ces intervenants, une
bonne communication entre eux
est primordiale. La nouvelle structure des Grangettes, qui s’articule
autour du nouveau Centre d’oncologie et d’hématologie – avec
comme acteurs le Pr André-Pascal Sappino et les Dr Sarah MachPascual et Laurent Wälchi –, facilite
donc cette prise en charge globale,
puisqu’elle peut compter sur un
réseau de médecins agréés dans
différents domaines ( gynécologie,
urologie, dermatologie, etc .) ainsi
que sur des services de pointe –
radiothérapie, radiologie, médecine nucléaire – qui sont sur place.
« C’est un gros avantage pour les
patients et pour les médecins, qui
ainsi peuvent agir vite. »
e
radiologue
annonce
rarement de mauvaises
nouvelles. Pourtant, c’est
souvent lui qui pose le diagnostic
d’un cancer. Notamment le cancer du sein où l’on dépiste des
tumeurs de plus en plus précoces,
souvent même impalpables au
toucher. « C’est le médecin traitant
qui informe le patient. En Suisse,
les choses ont été décidées ainsi
pour que le praticien puisse, en
même temps que l’annonce de la
maladie, parler des possibilités de
traitements », explique le Dr Karen
Kinkel, radiologue à la Clinique
des Grangettes et spécialiste en
sénologie. « Toutefois, on essaie
de préparer le terrain en soulignant, par exemple, que l’image a
l’air plutôt suspecte. »
Dépistage, diagnostic, bilan d’extension ( examen déterminant la
taille des tumeurs et le degré d’en-
vahissement du cancer) : le rôle du
radiologue est multiple et fondamental dans le domaine de l’oncologie. De même que ses outils.
Très schématiquement, la radiographie permet de visualiser les
poumons et les os. La mammographie explore les seins, le
scanner inspecte l’ensemble du
corps, l’IRM fouille le cerveau,
la moelle osseuse et les parties
molles, tandis que l’endoscopie
plonge dans les cavités du corps
pour repérer les excroissances
suspectes. Pour en revenir aux
seins, dans les établissements
privés tels que la Clinique des
Grangettes, on utilise également
l’ultrason lors du dépistage.
Le Dr Kinkel recherche une éventuelle masse suspecte.
Autre étape. « Quand une masse
suspecte est découverte, il faut
faire une biopsie, qui consiste à
prélever un minuscule bout de
tissu. On utilise le plus souvent
l’ultrason pour nous guider dans
cette intervention, avec un taux
de fiabilité proche de 100%. Les
cellules sont ensuite analysées
pour permettre d’affirmer qu’il
s’agit bien, ou non, d’un cancer »,
souligne le Dr Kinkel.
cancer
6 dossier
orthopedie
La biopsie dira également si le cancer est in situ ou invasif. On parle
de cancer in situ quand les cellules
malignes restent localisées dans
l’organe où elles sont nées ; en
revanche, un cancer invasif est un
cancer qui est susceptible de générer des métastases.
Avec ces différents examens, un
maximum d’informations peut
être récolté pour combattre au
mieux la maladie. « L’accès à
la haute technologie facilite la
décision thérapeutique. Quand
dossier cancer
on se rend compte qu’un cancer
a déjà métastasé, on ne propose
pas le même traitement que s’il
est localisé », souligne le Dr Kinkel. En ajoutant : «Lors d’un cancer du sein, l’IRM joue un rôle
important pour définir précisément la taille d’une tumeur et
décider, suite à cela, du type de
chirurgie à adopter ou s’il vaut
mieux effectuer une chimiothérapie néoadjuvante ( traitement
précédant
une
intervention
chirurgicale ). Chaque patient
fait l’objet d’une discussion
approfondie entre les différents
spécialistes concernés ( oncologues, chirurgiens, radiothérapeutes, etc. ) pour trouver
la meilleure solution possible.
On ne peut pas se passer de la
communication. »
Décision
thérapeutique
facilitée
De plus, dans la majorité des
7
cas, le radiologue vient en aide
au chirurgien en plaçant un repérage préopératoire, soit un fil à
l’endroit où se situe une petite
tumeur, de façon à ce qu’elle soit
bien différenciable des tissus
sains. La radiologie, notamment
couplée à la médecine nucléaire
– qui analyse le fonctionnement
des cellules – permet également
d’offrir un bon suivi du cancer,
lors d’une chimiothérapie néoadjuvante, en permettant de
suivre l’évolution de la tumeur
sous traitement.
Cancer du sein :
de moins en moins de séquelles
Grâce au dépistage, la maladie est découverte de plus en plus tôt, ce qui augmente
non seulement son taux de guérison mais aussi la possibilité de préserver le sein.
M
oins d’un centimètre !
C’est minuscule et
pourtant il n’est pas
rare, aujourd’hui, de découvrir des tumeurs du sein qui ne
dépassent pas ce diamètre-là.
« Grâce au dépistage, à la compétence des radiologues, au
matériel actuellement très performant, on arrive à diagnostiquer la
maladie de plus en plus tôt », se
réjouit le Dr Yves Wespi, gynécologue et spécialiste du cancer du
sein à Genève. Résultat : la mortalité due à ce fléau – qui touche
quelque 420 femmes par an à
Genève – diminue et les interventions chirurgicales sont de moins
en moins mutilantes. « Près de
80% des opérations sont conservatrices et permettent des résultats esthétiques satisfaisants,
souligne le Dr Yves Wespi.
De plus en plus de tumeurs du sein sont dépistées et retirées de manière très précoce.
De
plus,
depuis
quelques
années, il est possible dans différentes situations de ne prélever que quelques ganglions sous
le bras, et non plus un curage
complet comme précédemment,
pour connaître l’extension de la
maladie. Ainsi, l’opération est
moins longue et les séquelles
sont moindres. » Dans certaines
conditions, il peut cependant
Le Dr Wespi, spécialiste du sein, en pleine intervention chirurgicale.
être nécessaire de procéder à une
chimiothérapie avant la chirurgie afin de réduire la taille de la
tumeur et de pouvoir procéder à
un traitement conservateur.
« Par ailleurs, insiste le Dr Wespi,
quand on préserve le sein, une
radiothérapie externe doit être
effectuée après la chirurgie, afin
de diminuer les risques de récidive.
Cette radiothérapie dure entre 4 et
6 semaines et débute environ un
mois après l’opération. »
Dans ce domaine également, les
choses évoluent. Ainsi, depuis
quelques
années,
plusieurs
études européennes, notamment
à Milan, expérimentent la radiothérapie locale dans le même
temps
opératoire
(quelques
minutes). Cette possibilité est
proposée à certaines patientes
bien définies. Pour l’instant, les
résultats ne rejoignent pas par-
faitement les performances de la
radiothérapie externe traditionnelle et pour ce faire, il faudra certainement encore reconsidérer
quelques procédés techniques
et réévaluer une sélection rigoureuse des patientes à traiter avec
cette méthode.
Reconstruction
immédiate
du sein
Si les traitements conservateurs
sont majoritaires, la mastectomie (ablation totale du sein) est à
nouveau en légère augmentation.
« C’est notamment dû à un diagnostic plus précis ainsi qu’à la
possibilité de reconstruire immédiatement le sein, explique le Dr
Yves Wespi. En cas d’indication
d’ablation du sein et d’une reconstruction immédiate, on demande
l’avis de l’oncologue, du chirurgien plasticien et éventuellement
du généticien. En effet, les cancers héréditaires ( 5% des cancers
du sein ) sont actuellement plus
fréquemment diagnostiqués et
une ablation préventive des deux
seins est souvent discutée vu le
risque important de développer la
maladie ( environ 50% ). »
Cette concertation entre les différents acteurs du traitement
ne se limite pas à la mastectomie. « Grâce à la collaboration
des différentes spécialités, on
dispose de plusieurs options de
traitement, souligne le Dr Yves
Wespi. Par ailleurs, cette prise
en charge multidisciplinaire permet d’améliorer de plus en plus
les performances. »
Quant au dépistage précoce,
il joue, lui aussi, un rôle clé. En
effet, avec une mammographie
tous les deux ans, entre 50 et
70 ans, on diminue la mortalité
de façon significative. Et en dessous ? « Si on effectuait le même
examen pour les patientes de
moins de 50 ans, certains estiment que le taux de mortalité
diminuerait également », souligne
le gynécologue.
Néanmoins, de nombreux médecins, dont le Dr Yves Wespi, souhaiteraient que l’on prescrive une
mammographie chaque année
aux femmes entre 40 et 50 ans.
Selon certaines études, on diminue également leur taux de mortalité de façon significative quand
on effectue conjointement une
échographie mammaire. D’ailleurs, dans le privé, hors dépistage, la mammographie est
toujours complétée par une échographie, ce qui permet de diagnostiquer environ 10 à 15% de
cas supplémentaires.
8 dossier cancer
dossier cancer
Prostate : toujours plus de traitements
individualisés et curatifs
De plus en plus d’hommes se soumettent à un dépistage du cancer de la prostate.
Ce qui a diminué le nombre de décès dus à la maladie.
Quant aux traitements, ils sont de moins en moins invasifs.
sociétés urologiques en Suisse,
en Europe et aux Etats-Unis, dès
l’âge de 50 ans ( 45 ans en cas
d’antécédents familiaux ). « Dans
ces pays, on assiste à une baisse
de la mortalité du cancer de la
prostate », ajoute le Dr Franz
Schmidlin.
De fait, 60% des hommes jouent
la carte de la prévention, ce qui
permet de découvrir entre 75 et
80% des tumeurs de la prostate
avant l’apparition des premiers
signes cliniques, c’est-à-dire problèmes pour uriner, sang dans les
urines et/ou le sperme, ou encore
éjaculation douloureuse.
Les avantages
de la chirurgie
robotique
Avec le robot Da Vinci, de nombreuses interventions peuvent être réalisées de manière très peu invasive.
L
e dépistage du cancer
de la prostate entre dans
les mœurs. Et c’est bénéfique puisque, parallèlement,
le taux de mortalité dû à cette
maladie a diminué de 18% en 10
ans. « Dans le même temps, se
réjouissent les Drs Franz Schmidlin et Frank Mayer, urologues à
la Clinique des Grangettes, les
interventions chirurgicales sont
devenues moins invasives grâce
à de nouvelles connaissances en
anatomie et grâce à la chirurgie
robotique. » On peut aussi, dans
certains cas, avoir recours à la
radiothérapie ou encore – plus
rarement – à une surveillance
active, ce qui implique un
contrôle régulier du PSA (Antigène Spécifique de la Prostate)
par prise de sang ainsi qu’une
biopsie prostatique en anesthésie locale tous les ans.
Relativement fréquent, le cancer de la prostate touche un
homme sur trois, dont une proportion élevée est âgée de 50 à
69 ans. « Cela représente entre
300 et 400 nouveaux cas par
an à Genève (5700 en Suisse),
dont les deux tiers souffrent de
tumeurs localisées pouvant être
guéries », souligne le Dr Frank
Mayer.
Détectée suffisamment tôt, la
prise en charge de cette maladie permet d’obtenir de meilleurs résultats. D’où l’intérêt du
dépistage. « Même si cet examen
est remis en cause par certains,
nous le proposons aux patients,
surtout lorsqu’ils présentent un
facteur de risque », confie le Dr
Franz Schmidlin. Le dépistage
est d’ailleurs conseillé par les
En cas de maladie avérée, le
meilleur traitement est discuté,
aux Grangettes, lors d’un « tumor
board », une réunion médicale
qui réunit des spécialistes de
différents domaines touchant à
l’oncologie. Car l’objectif n’est
pas d’opérer tout le monde. Tout
dépend de l’âge de la personne,
de la localisation de sa maladie,
du fait qu’elle puisse vivre avec
un cancer ou non. Dans certains
cas, un suivi clinique avec une
simple surveillance ( toucher rectal, PSA, contrôle radiologique )
peut en effet être suggéré aux
patients.
Cela étant, la chirurgie a beaucoup évolué ces dernières
années. « Grâce à la chirurgie
robotique ( robot Da Vinci ), on
travaille de manière beaucoup
moins invasive, plus précise,
avec une meilleure récupération
sur le plan sexuel », assure le Dr
Frank Mayer.
Par ailleurs, la chirurgie robotique – qui est une technologie
récente – va continuer à se développer et sans doute permettre
de réduire davantage encore
les effets secondaires inhérents
aux opérations pour des cancers précoces. « A plus ou moins
moyen terme, on espère pouvoir
intervenir avec un traitement
local. On pourrait ainsi ne retirer que la zone malade et non la
totalité de la prostate », explique
le Dr Franz Schmidlin. Une évolution qui contribuerait également à mettre un terme aux
polémiques sur l’opportunité du
dépistage précoce.
9
Autres activités en urologie
L’
urologie oncologique ne
concerne pas seulement le
cancer de la prostate. Elle traite
également les tumeurs des reins,
de la vessie et des testicules.
chirurgie robotique permet
d’effectuer ces traitements
avec une grande précision de
manière peu invasive et sans
cicatrice mutilante.
paroi musculaire de la vessie.
Dans ce cas, la vessie doit être
enlevée et remplacée par une
vessie orthotopique ( vessie de
remplacement ).
Cancer du rein. Relativement
peu fréquent, ce cancer frappe
une personne sur 10 000. Il
se soigne bien si la maladie
est dans un stade précoce et
qu’elle n’a pas atteint d’autres
organes. Le traitement principal consiste à retirer la tumeur
tout en conservant le rein.
Dans ce cas, le pronostic est
excellent avec un taux de
survie de 90% à 10 ans. La
Cancer de la vessie. Alors
qu’il était plutôt masculin,
ce cancer touche de plus en
plus de femmes, en raison de
l’augmentation du tabagisme
chez ces dernières. Ses
symptômes sont généralement
clairs : sang dans les urines.
Si la tumeur est en superficie,
on la retire simplement. La
situation est tout autre face à
un cancer invasif qui infiltre la
Cancer des testicules.
Il frappe surtout des jeunes
gens de 25 - 35 ans ou des
quinquagénaires. « C’est une
maladie qui se guérit très bien,
même si elle est avancée »,
assure le Dr Schmidlin. Un
bon pronostic qui est dû à la
chimiothérapie. Avant que cette
dernière ne soit utilisée pour
ce cancer, le taux de mortalité
était beaucoup plus élevé.
La radiothérapie
affûte ses armes
De nouvelles machines high-tech ont
considérablement amélioré la prise en charge
par la radiothérapie.
Elles permettent de mieux cibler les tumeurs,
tout en limitant les effets secondaires.
L
a radiothérapie a beaucoup évolué ces dernières années. Elle permet
aujourd’hui de traiter avec une
grande précision les tumeurs cancéreuses, tout en préservant de
mieux en mieux les tissus sains.
Au cœur de cette évolution, le
RapidArc, une machine hightech dont est équipé l’Institut de
radiothérapie de la Clinique des
Grangettes. Un appareil qui a également réduit le temps d’exposition et la toxicité des traitements.
Toutefois,
aussi
performante
soit-elle, la radiothérapie – ou
radio-oncologie – n’est pas une
technique à part contre le cancer.
«Elle s’inscrit dans l’arsenal thérapeutique dont on dispose pour lutter contre les tumeurs malignes,
avec la chirurgie et la chimiothérapie », souligne le Dr Dominique
Schneider, responsable du Centre
de radiothérapie de la Clinique.
Autrement dit, avant d’opter pour
un traitement ou pour un autre, le
cas de chaque patient est discuté
lors d’une consultation pluridisciplinaire qui réunit plusieurs spécialistes – chirurgien, oncologue
médical, pathologiste, radiologue,
radio-oncologue – afin de définir la
meilleure prise en charge. « Souvent, on utilise les différentes
thérapies en parallèle », précise
le Dr Schneider.
Si la radiothérapie est particulièrement efficace pour prévenir la
récidive ou lutter contre les métastases, elle peut également fonc-
Le Dr Schneider, spécialiste FMH en radiothérapie.
tionner comme thérapie exclusive
pour des cancers tels que celui du
poumon ou de la prostate avec
d’excellents résultats quand ils
sont à leur stade initial.
De fait, le RapidArc a amélioré la
prise en charge de la radio-oncologie, tant du côté du traitement
que de celui de la précision ;
cette machine high-tech, qui
ressemble à un énorme arc de
cercle – d’où son nom – tourne
à une vitesse variable autour du
10 dossier cancer
patient allongé et permet ainsi
de moduler le débit d’irradiation. « Autrement dit, vulgarise
le Dr Schneider, on délivre une
dose maximale à l’endroit où se
situe la maladie et minimale tout
autour. »
La
collaboration
du patient
est impérative
Un des gros avantages de cette
technologie est d’augmenter la
protection des tissus sains et de
réduire ainsi les effets secondaires, tels que, par exemple,
dossier cancer
sécheresse de la bouche due à un
traitement pour un cancer de la
bouche, rougeurs ou encore diarrhées consécutives à un traitement du cancer de la prostate ou
gynécologique. Cet appareil permet, par ailleurs, de diminuer le
temps de traitement – il est près
de trois fois moins long qu’avec
les techniques plus anciennes
– et améliore ainsi le confort du
patient. En revanche, la planification de la thérapie en amont est
complexe. Elle nécessite, une fois
que le médecin a déterminé son
plan d’action, de longs calculs sur
ordinateur pour programmer la
direction et l’intensité des rayons.
Un travail effectué par un physicien sur la base d’images prises
préalablement au scanner.
Pour vérifier l’exactitude de ces
calculs, des essais sont menés sur
un patient fantôme. « On contrôle
tous les plans d’irradiation pour
être certain que ce que l’on
demande à la machine est techniquement réalisable », explique
le physicien. « Un modèle reste
un modèle, et il faut que l’on soit
absolument certain d’agir au bon
endroit. Mais en général, ajouteil, il y a une grande cohérence
entre nos calculs et la réalité.»
Conséquence de cette précision,
le patient doit être ultra-collaborant, totalement immobile durant
la séance ou encore remplir sa
vessie quand on le lui demande.
« Avec cette nouvelle technologie,
on est tellement précis que les
marges sont réduites à leur minimum », souligne le Dr Schneider.
Par conséquent, en cas de doute
sur les possibilités du patient à
répondre à ces exigences, on préfère avoir recours aux anciennes
techniques. « Mais, assure le
médecin, ce n’est pas parce que
c’est ancien que ce n’est plus efficace ! Parfois, cela répond mieux
à ce dont a besoin le patient. »
Autre impératif pour garantir des
traitements de haute qualité : le
médecin doit pouvoir compter
sur des collaborateurs qualifiés
et motivés, physiciens, techniciens en radiologie et infirmières.
Sans oublier de suivre les derniers développements cités dans
la littérature médicale.
Le cancer suivi à la trace
La Médecine nucléaire permet de détecter et localiser des tumeurs encore invisibles
en radiologie. Une technique très utile dans le diagnostic de la maladie et le suivi
de son évolution, notamment l’efficacité de la thérapie.
«L
a Médecine nucléaire
est en train de transformer la vie des oncologues », constate le Dr Charles
Steiner, médecin responsable de
l’Institut de Médecine nucléaire
de la Clinique des Grangettes et
médecin associé aux HUG. En
effet, cette technologie d’imagerie permet de détecter certaines tumeurs à un stade initial
et/ou une dissémination des cellules tumorales (par exemple
dans les ganglions lymphatiques)
avant qu’elles ne provoquent une
déformation de leur architecture
normale susceptible d’être décelée par un examen radiologique
conventionnel.
Les examens de SPECT/CT permettent d’observer la vie des cellules par le biais d’images de scintigraphie.
11
Concrètement,
la
Médecine
nucléaire est une technique
d’imagerie dite fonctionnelle ou
moléculaire. Autrement dit, elle
permet de visualiser les fonctions cellulaires – c’est-à-dire
la vie des cellules – par le biais
de sondes biochimiques : les
radio-pharmaceutiques.
Explication : «Nous injectons dans
CT : imagerie anatomique (Cou)
PET : imagerie moléculaire L’image de fusion PET/CT (à droite) localise avec précision sur l’image morphologique CT (à gauche)
l’origine de la captation sur l’image moléculaire PET (au centre) et révèle ainsi l’extension de la maladie.
l’organisme du glucose marqué
au fluor-18, par exemple. Ce dernier va se fixer dans les cellules
cancéreuses et nous permettre
ainsi non seulement de détecter la tumeur à un stade initial
mais également de la localiser de
manière précise », souligne le Dr
Charles Steiner.
En effet, l’une des caractéristiques
des cellules cancéreuses est leur
prolifération, qui nécessite une
grande quantité d’énergie. Par
conséquent, le produit à base de
glucose (substance énergétique)
va se fixer de manière concentrée dans ces cellules, et, ainsi,
signaler une activité anormale.
Après un délai variable, la mise en
image est effectuée à l’aide d’une
caméra spéciale qui permet de
localiser ces cellules dans le corps
humain, image que l’on nomme
scintigraphie, plane ou tomographique ( SPECT et PET ). Quant aux
doses radioactives injectées, elles
sont du même ordre de grandeur
que la radiologie conventionnelle
et sont justifiées, limitées et opti-
misées afin de ne pas présenter de
risque accru pour la santé.
Connaître
la vie
de la tumeur
Alors que la radiologie montre
l’anatomie de la tumeur « masse »
( volume et relation avec les
organes voisins ), la Médecine
nucléaire révèle son activité cellulaire. Ce qui est d’un grand intérêt, puisqu’une masse peut être
un processus inactif ( cicatrice )
ou au contraire actif ( par exemple
tumeur ). Exemple : « Avec le
scanner ( CT ) on peut détecter
et localiser avec précision une
masse dans un poumon, qui n’est
pas forcément cancéreuse. Avec
la technologie PET, en revanche,
on révèle son activité cellulaire
accrue (autrement dit, qu’elle fixe
par exemple le glucose), ce qui
augmente considérablement le
degré de probabilité de cancer »,
souligne le médecin.
PET/CT
Est-ce à dire que la radiologie devient superflue dans le
domaine de l’oncologie ? « Pas du
tout, ce sont des outils complémentaires, assure le Dr Charles
Steiner. Grâce à l’évolution technologique, les deux techniques
sont d’ailleurs de plus en plus
souvent combinées ( SPECT/CT et
PET/CT ), ce qui donne une vision
très précise de la situation.»
met de voir rapidement si une
chimiothérapie fait de l’effet ou
non. Il faut un certain temps avant
qu’une tumeur change de caractéristiques
anatomiques,
par
exemple de volume, alors qu’en
regardant son métabolisme on
aura plus rapidement la réponse.»
Elle est aussi de plus en plus utilisée dans la planification d’un traitement de radiothérapie.
Ces
informations
permettent
notamment de déterminer le stade
de la maladie. « On peut diagnostiquer rapidement, et en un seul
examen, la présence de cellules
tumorales dans l’ensemble du
corps. Cela a une influence directe
sur le traitement, dont la décision
est prise dans le cadre d’un colloque multidisciplinaire d’oncologie
regroupant différents spécialistes
en oncologie, hématologie, radiologie, médecine nucléaire, radiothérapie et pathologie. »
La Médecine nucléaire est connue
également sur le plan thérapeutique. Certains radio-pharmaceutiques à haute dose radioactive
ont la faculté de détruire les cellules cancéreuses dans lesquelles
ils s’incorporent. L’exemple le plus
connu est le traitement du cancer
de la thyroïde à l’iode radioactif. La
Médecine nucléaire est également
mise à profit dans de nouveaux
traitements utilisant des anticorps
radioactifs. «Cela permet d’avoir
des traitements dont l’avantage
certain est que l’on peut vérifier
leur localisation sélective dans la
tumeur par l’imagerie.» Une nouvelle grande avancée en vue.
La Médecine nucléaire joue par
ailleurs un rôle fondamental dans
le suivi du traitement. « Elle per-
12 dossier cancer
URGENCES
La radiologie
au service
du dépistage
du cancer
du côlon
Une journée aux Urgences :
« la course pour la vie »
Lorsqu’ils sont mobilisés, plus rien d’autre ne compte que le patient. Dans le Centre
de consultation d’urgences des Grangettes, médecins et infirmiers s’activent au chevet
du patient, sauvant parfois des vies. Plongée au cœur d’un univers palpitant.
L
e lundi est généralement une
journée chargée au Centre
de consultation d’urgences
adulte des Grangettes. « Les gens
restent tranquilles le dimanche.
Même s’ils ne se sentent pas
bien, ils attendent souvent le lundi
pour aller consulter, après avoir
constaté qu’ils ne pouvaient pas
travailler », confie Laetitia. Cette
jeune infirmière est dévolue ce
jour-là au tri des patients. Un rôleclé dans un service d’urgences.
Une nouvelle méthode existe
pour détecter le cancer du côlon :
la coloscopie virtuelle. Un complément
fort utile à la coloscopie traditionnelle.
M
al connu du grand
public, le cancer du
côlon touche pourtant 4000 nouvelles personnes
chaque année en Suisse. Il s’agit
du troisième type de cancer le
plus fréquent dans le monde.
La prévention de cette maladie
revêt donc un véritable enjeu de
santé publique. D’autant que,
détecté à un stade précoce, ce
cancer a 90% de chances d’être
totalement guéri.
logue. Elle consiste à réaliser
des images du côlon au moyen
d’un scanner – appelé CT scan
– et d’un logiciel informatique.
Afin de pouvoir reconstruire le
côlon en trois dimensions, on
le distend en y insufflant du gaz
carbonique. Le gaz se résorbe
ultérieurement
physiologiquement : la procédure est donc
indolore et très bien tolérée.
D’autre part, le scanner est utilisé
à bas kilo-voltage. « L’irradiation
est 5 à 6 fois moins importante
que lors d’un scanner normal »,
indique le Dr Coppercini.
A l’heure actuelle, la coloscopie
est l’examen de référence pour
détecter le cancer du côlon. Cette
technique consiste à introduire
par l’anus un endoscope ( sonde )
muni d’une caméra afin d’explorer l’intestin. En plus de donner
des résultats extrêmement précis et fiables, cette méthode permet de prélever des fragments de
muqueuse pour analyse et même
d’enlever les tumeurs (polypes).
Toutefois, dans certains cas, l’examen peut se révéler incomplet. Le
côlon peut être trop étroit, trop
long, rétréci, empêchant le passage de l’endoscope dans l’entier
de l’intestin. C’est là qu’intervient
la coloscopie virtuelle ( également
appelée colono CT ).
Enfin, l’équipe des Grangettes procède à l’examen sans d’emblée
injecter du produit de contraste
intraveineux. « Certains radiologues le préconisent, mais nous
le jugeons inutile. Nous évitons
ainsi les complications d’ordre
allergique, cardiaque et rénal »,
explique le Dr Coppercini.
La technique a été importée de
l’Université de Pise, en Italie, à
la Clinique des Grangettes, par
le Dr Michele Coppercini, radio-
La coloscopie virtuelle peut aussi
se révéler utile dans les cas où
le patient refuse de procéder à
une coloscopie traditionnelle
Deux
techniques
complémentaires
13
C’est elle qui, grâce à un premier
entretien, doit déterminer si le nouvel arrivant nécessite des soins
vitaux ou s’il peut patienter afin
de laisser la place aux cas plus
urgents ( voir encadré page14). Il
est 10 heures. Un homme se présente à la réception, tordu de douleur. Stressé, confus, il explique
qu’il souffre de douleurs lancinantes au niveau du bas-ventre. Il
faut faire vite : l’homme est immédiatement installé dans un des box
de consultation. Marine, une aidesoignante, appelle le Dr Slim Slama
à la rescousse. Le médecin, qui
était en train d’assister à un scanner, s’interrompt pour se rendre
auprès du nouveau patient. Le
malade, paniqué, peine à expliquer
ce qui lui arrive. Mais le Dr Slama
comprend rapidement de quoi il
s’agit: « Il a été récemment opéré
pour des calculs rénaux. C’est probablement une nouvelle crise »,
confie-t-il. Il commande une série
Le Dr Coppercini, spécialiste d’examens de coloscopie virtuelle.
par peur de l’endoscopie. « Mais,
dans ce cas, il faut bien avertir le
patient des restrictions de cette
méthode », souligne le Dr Dominique Burgener, gastro-entérologue à la Clinique des Grangettes.
La coloscopie virtuelle est certes
moins invasive que la technique
optique, mais elle présente aussi
quelques limites. La principale
est que si un polype est décelé,
elle ne permet pas d’effectuer
de prélèvement, ni d’enlever la
tumeur. « Si le diagnostic est
positif, il faudra donc tout de
même procéder à une coloscopie traditionnelle », indique le Dr
Burgener. Par ailleurs, il existe
des contre-indications au côlono
CT, notamment en cas de diarrhées, ou de maladie inflammatoire chronique de l’intestin. En
cas de risque familial élevé (antécédent de cancer du côlon dans
la famille), la coloscopie optique
reste l’examen de choix.
« Personnellement, je préfère que
le patient ait vu un gastro-entérologue au préalable pour éviter
tout problème », confie le Dr Coppercini. Enfin, les deux examens
nécessitent une prise de liquide
de lavage intestinal le jour précédant le contrôle, afin de nettoyer
le côlon. « C’est l’un des aspects
les plus désagréables de la coloscopie, et la technique virtuelle ne
permet pas d’y échapper », ajoute
le Dr Coppercini.
« La coloscopie virtuelle est une
aide indéniable dans certains cas
difficiles ou pour le dépistage sans
risque familial, mais elle ne remplace pas la coloscopie optique,
qui reste l’examen de choix pour
le dépistage du cancer du côlon »,
conclut le Dr Burgener.
Un patient victime d’un accident de chantier pris en charge au Centre d’urgence pour adultes.
d’examens et contacte le chirurgien qui avait retiré les précédents
calculs. Plus tard dans la journée, le
diagnostic sera confirmé. L’homme
sera opéré le soir même.
Le calme
avant
la tempête
De retour au service de radiologie, le Dr Slama prend des nouvelles de sa patiente qui passait
un scanner. Il la retrouve tout
sourire dans les couloirs. « Ce
n’est rien, je vais bien », entonnet-elle. « Elle souffre de maux de
tête inhabituels depuis qu’elle est
tombée sur la glace. Je voulais
être sûr qu’elle n’avait pas d’hématome », explique le médecin.
Pendant ce temps à l’accueil, Laetitia poursuit le tri des nouveaux
patients. « Beaucoup de rhumes
et de maux de gorge ce matin »,
constate-t-elle. « Mais on ne peut
pas encore dire que c’est une
journée calme. Aux urgences,
tout peut arriver à n’importe quel
moment. » Une femme se présente avec de la fièvre et des maux
de gorge. Après avoir pris sa température et sa tension, l’infirmière
la renvoie en salle d’attente. « Son
cas n’est pas prioritaire, elle a probablement une angine », explique
Laetitia. Le patient suivant souffre
14 URGENCES
PéDIATRIE
Attendre le moins
possible
Q
ui n’a jamais pesté contre un
service d’urgences pour avoir
attendu une, deux ou trois heures
avant d’être pris en charge ?
« Ce sont des urgences », vous
dites-vous, comment se fait-il
qu’on ne soit pas soigné immédiatement ? Aux Grangettes
comme ailleurs, réduire le temps
d’attente des patients est une
préoccupation majeure.
« C’est un véritable casse-tête »,
souligne le chef du Service, le
Dr Christophe Huehn. Car la particularité d’un service d’urgences,
de douleurs au thorax depuis qu’il
est tombé en raison de la neige
il y a une dizaine de jours. Après
s’être assurée qu’il ne présente
pas de signes de gravité, Laetitia
le dirige vers le service de radiologie. « Ainsi on va gagner du temps
car le médecin l’auscultera directement avec la radiographie. »
Un nouveau patient se présente.
Il explique qu’il a un rendez-vous
pour changer le pansement de
son doigt. C’est l’infirmière-chef,
Fabienne, ainsi que le Dr Hervé
Spechbach, qui le reçoivent dans
la salle de traitement. Un cinquième box est dévolu au suivi
des patients ayant déjà reçu des
premiers soins aux urgences.
« Il ne s’agit pas de se substituer aux généralistes », souligne
Fabienne. « Nous demandons
toujours à la personne si elle a un
médecin traitant. Mais les généralistes manquent parfois de
matériel, notamment pour soigner les plaies et nous leur rendons volontiers ce service le cas
échéant. »
Dans les couloirs, tout est calme.
Les quatre box où sont reçus les
patients sont fermés, un panneau rouge indiquant « occupé ».
Les malades en salle d’attente
sont plongés dans leurs pensées
c’est que les gens viennent sans
rendez-vous. Il est donc impossible de prévoir à l’avance combien de patients se présenteront,
et quel sera le degré de gravité
de leurs maux. « Si plusieurs cas
lourds arrivent en même temps,
nous ne pouvons pas décupler
nos salles ni notre personnel : à
un moment donné il y a saturation et donc forcément attente »,
explique le Dr Huehn.
Le défi pour un service d’urgences consiste à être à même
de déceler les cas nécessitant des
ou dans un magazine. La secrétaire-réceptionniste trie des dossiers. Murielle, aide-soignante,
tient un rôle essentiel dans le service : en plus d’assurer le confort
et l’hygiène des patients, elle est
préposée au contrôle du matériel
médical. Bouteilles d’oxygène,
seringues, pansements, médicaments : tout doit être propre, opérationnel et disponible en quantité
suffisante dans les quatre box.
« Un travail de l’ombre, mais sans
lequel on ne pourrait pas fonctionner », souligne le médecinchef du Service, le Dr Christophe
Huehn.
soins immédiats et vitaux et d’être
toujours à même de les prendre
en charge. Aux Grangettes, un
système de tri effectué à l’accueil
par une infirmière permet de
repérer ces cas. Grâce à une
série de questions ciblées, les
patients sont classés par priorité,
les plus valides laissant la place
aux plus mal en point.
Une étude récente menée au
sein du Service des urgences
des Grangettes a mis en évidence que 60% des patients y
attendaient moins d’une heure
et 0,4% attendaient plus de
4 heures. « Ces résultats sont
satisfaisants », analyse le
Dr Huehn. D’ailleurs, la clinique
a obtenu, en mai 2010, la certi-
rien. Le produit a provoqué une
irritation, mais ce n’est pas dangereux », rassure-t-il. L’homme
est emmené dans un box, où
Murielle tentera de lui remonter le
moral tout en procédant à un nettoyage minutieux de ses yeux. La
nuit tombe sur les Grangettes. La
salle d’attente est toujours pleine,
mais les patients arrivent de
moins en moins nombreux. Laetitia peut respirer. La journée a été
fication ISO 9001 pour la qualité
de son management. « Mais
c’est encore trop long pour les
personnes qui attendent », tempère le médecin. C’est pourquoi
le service teste depuis le mois
de décembre un nouveau système. Son principe consiste à
offrir rapidement, dans une salle
annexe, des soins aux patients
nécessitant une prise en charge
très courte.
« Le but est d’éviter que ces
personnes attendent une heure
ou deux pour passer quelques
minutes face au médecin »,
explique le Dr Huehn. Cette
méthode devrait permettre de
réduire encore le temps d’attente
global dans le service.
longue pour l’infirmière. Arrivée
dix heures plus tôt, elle a à peine
eu le temps de manger à midi.
Une assiette prise au coin d’une
table, entre deux enregistrements
de patients. « Heureusement,
ce métier m’apporte beaucoup,
confie la jeune femme. J’aime le
contact avec les patients. Il est
court, mais très intense. Et aux
urgences, jamais aucun jour ne
se ressemble. »
Montée
d’adrénaline
Brusquement, trois hommes surgissent à l’accueil. L’un se tient le
visage dans les mains en gémissant.
Ses
accompagnateurs
semblent aussi paniqués que lui.
Le Dr Slama, présent à la réception à ce moment-là, s’approche
du groupe. «C’est une catastrophe. J’ai utilisé le mauvais
liquide pour mettre mes lentilles.
J’ai mal, je ne vois plus rien », balbutie l’homme tout en se frottant frénétiquement les yeux. Le
médecin ausculte rapidement les
yeux du malheureux. « Ce n’est
L’hyperactivité : du
diagnostic au traitement
en neuropédiatrie
Identifier rapidement l’hyperactivité chez l’enfant est essentiel pour éviter de graves
conséquences.
V
otre enfant cumule les
mauvais
résultats
à
l’école. Ses enseignants
se plaignent de son comportement. Ils le disent agité, distrait,
incapable de rester tranquille en
classe. A la maison, c’est la catastrophe : il se dispute sans cesse
avec ses frères et sœurs, n’obéit
pas, est un véritable casse-cou, et
les devoirs sont un cauchemar. Et
si votre enfant était hyperactif ?
En Europe, entre 5 et 7% des
enfants souffrent du Trouble Déficit d’Attention avec ou sans
Hyperactivité (TDAH) – communément appelé hyperactivité. « Cela
représente un enfant par classe »,
souligne le Dr Caroline Menache
Starobinski, neuropédiatre à la
Clinique des Grangettes. « Il s’agit
d’un trouble d’origine neurobiologique pour lequel il existe des critères diagnostiques précis et dont
l’existence est aujourd’hui bien
reconnue », précise le médecin.
Normal ou
pathologique ?
Arrivée en ambulance, la fillette est immédiatement prise en charge et rassurée par un médecin.
15
Les symptômes du TDAH se caractérisent par des difficultés à se
concentrer, de l’agitation et une
difficulté à contrôler ses comportements ( impulsivité ). Selon les individus, l’un de ces trois éléments
peut être plus ou moins marqué.
Turbulent, désorganisé, incapable
d’écouter et de rester tranquille,
l’enfant souffrant de TDAH finit
donc le plus souvent par avoir
des difficultés scolaires. « Il oublie
constamment ses affaires, est dis-
Le Dr Menache Starobinski, neuropédiatre, en consultation.
trait par n’importe quel bruit, se lève
alors que les autres enfants restent
assis, coupe la parole à ses professeurs », explique le Dr Menache
Starobinski. A la maison, la situation peut rapidement dégénérer ;
dépassés, les parents s’épuisent,
réprimandent sans cesse l’enfant,
qui finit par perdre confiance en lui.
Non reconnu, et donc non traité,
le TDAH peut ainsi avoir de graves
conséquences : échec scolaire,
faible estime de soi, dépression et
conflits intra-familiaux.
Dépister rapidement le TDAH
revêt donc une importance particulière. Le diagnostic doit être
posé par un médecin ayant suivi
une formation spécialisée dans le
domaine du TDAH. Il peut s’agir
d’un pédiatre, d’un pédopsychiatre ou d’un neuropédiatre. A
la Clinique des Grangettes, le Dr
Menache Starobinski reçoit de
nombreux parents suspectant une
hyperactivité chez leur enfant.
Bien qu’il soit aujourd’hui clairement identifié, le TDAH n’est pas
toujours aisé à diagnostiquer.
D’une part, parce que ses symptômes ressemblent au comportement d’enfants « normaux ». Quel
enfant n’est jamais turbulent,
agité, distrait ? « On considère qu’il
16 PéDIATRIE
y a pathologie lorsque les comportements sont excessifs par
rapport à l’âge de l’enfant et que
la qualité de vie de l’enfant en est
fortement entravée », explique le
Dr Menache Starobinski.
Ecarter
d’autres
explications
De plus, il n’existe pas d’examen
spécifique permettant d’identifier formellement le TDAH. Le spécialiste doit donc se baser sur les
informations qu’il collecte sur l’enfant, son histoire et son environnement. Cette étape, cruciale, se fait
au travers de discussions avec les
parents, puis avec l’enfant. « L’objectif essentiel est de déterminer si les
symptômes de l’enfant sont bel et
bien dus au TDAH ou s’ils peuvent
s’expliquer autrement », explique le
Dr Menache Starobinski.
L’agitation, l’agressivité, les difficultés scolaires peuvent en effet
cacher d’autres problèmes. « Parfois, le diagnostic de TDAH s’impose comme une évidence »,
analyse le Dr Menache Starobinski.
Mais dans certaines situations, des
investigations plus approfondies
sont nécessaires et peuvent nécessiter l’intervention d’autres professionnels. « La pluridisciplinarité est
GYNÉCOLOGIE
Les enfants à haut potentiel intellectuel, communément appelés surdoués, ou au contraire les
enfants limités intellectuellement
peuvent notamment exprimer
des comportements similaires à
ceux d’un enfant hyperactif. Soit
parce qu’ils s’ennuient à suivre
des cours trop faciles pour eux,
soit parce qu’ils sont dépassés par
la difficulté des enseignements.
Si une telle explication est envisageable, le neuropsychologue
est appelé à intervenir. Celui-ci
dispose en effet de tests qui per-
Un enfant traité peut
retrouver une véritable
harmonie
N
europédiatre et pédopsychiatre travaillent souvent
de concert pour diagnostiquer et
traiter le TDAH. Ainsi, le
Dr Menache Starobinski de la
Clinique des Grangettes et le
Dr Candy Aubry, pédopsychiatre et
psychanalyste installée en ville de
Genève, font régulièrement appel
l’une à l’autre. Le Dr Candy Aubry
nous livre sa position sur trois
questions-clés liées au TDAH.
Le gynécologue
toujours présent
essentielle dans l’approche de ce
trouble », souligne le médecin.
Après avoir observé le comportement de l’enfant, le neuropédiatre peut par exemple suspecter
un trouble spécifique de l’apprentissage, comme la dyslexie ou la
dyscalculie. Dans ces cas, il va
faire appel à un logopédiste, afin
d’écarter ou confirmer cette hypothèse. Il arrive également que
l’origine des symptômes de l’enfant soit d’ordre psychologique.
« L’agitation peut par exemple être
l’expression d’une anxiété importante, d’une dépression ou être
due à des problèmes familiaux et
environnementaux », explique le
Dr Candy Aubry, pédopsychiatre
genevoise avec qui le Dr Menache
Starobinski collabore régulièrement ( lire encadré ).
On a souvent incriminé les
parents d’enfants hyperactifs
en attribuant la cause de ce
trouble à une mauvaise éducation. Quel est votre point de vue
sur la question ?
Ce qui est sûr, c’est que les
parents ne sont pas la cause de ce
trouble. En revanche, leur attitude
peut contribuer à aggraver le
problème. Les symptômes d’un
enfant souffrant d’un TDAH ne
17
Si, en France, une partie importante de la gynécologie est menacée de disparition, en Suisse,
on n’en est pas là. Au contraire, le suivi des patientes par le spécialiste reste prioritaire.
L’hyperactivité selon Pecub.
mettent de déterminer le niveau
intellectuel de l’enfant et sa capacité de concentration.
Comment
traiter
le TDAH ?
« Tous ces bilans ne sont pas nécessaires dans chaque situation »,
note le Dr Menache Starobinski.
« Si les symptômes de l’enfant sont
typiques, les entretiens suffisent à
poser le diagnostic, grâce aux critères dont la validité est reconnue. »
« Une fois le diagnostic posé, les
parents et l’environnement sco-
sont certes pas faciles à gérer
pour l’entourage. Mais trop de
réprimandes et de punitions ne
feront que renforcer le comportement négatif de l’enfant
et contribueront à diminuer son
auto-estime. Il est important de
bien encadrer un enfant souffrant
d’un TDAH en lui mettant des
limites claires, mais il est aussi
très important de le soutenir et de
le féliciter lorsqu’il fait des efforts.
Justement, peut-on avoir une
vie normale avec un enfant
souffrant de TDAH ?
Oui. Un enfant traité peut retrouver une véritable harmonie dans
sa vie et avec sa famille. Mais
laire peuvent adapter leur attitude », relève le Dr Menache
Starobinski. « Cela constitue la première démarche thérapeutique. »
Lorsque d’autres pathologies sont
associées, une prise en charge
spécifique est proposée, comme
la logopédie ou la psychothérapie. « Si un traitement médicamenteux est recommandé, celui-ci est
discuté en détail avec les parents,
et un suivi régulier est instauré »,
ajoute le médecin. « La pluridisciplinarité est également primordiale
dans la prise en charge thérapeutique », souligne la neuropédiatre.
Une fondation pour promouvoir la
collaboration entre les différents
spécialistes vient d’ailleurs d’être
créée à Genève.
cela nécessite une bonne prise
en charge. Il faut non seulement
traiter l’enfant, en alliant médicaments, soutien psychologique et
appui scolaire, mais il faut aussi
aider les parents avec des stratégies leur permettant de mieux
gérer les situations difficiles.
En tant que parent, quand fautil s’inquiéter et aller consulter
un spécialiste ?
Dès que l’on se pose la question !
Du moment que l’on commence à
ressentir que quelque chose ne va
pas, que l’enfant souffre ou que
les relations avec son entourage
sont trop difficiles, c’est qu’il y a
peut-être un problème.
Développer une relation de confiance avec la patiente, une priorité pour le Dr Philippe Heymans.
C
ontraception, grossesse,
ménopause, lors de ces
moments-clés de la vie
d’une femme, un interlocuteur
important s’impose : le gynécologue. Et il ne se contente pas
de traiter des problèmes gynécologiques. S’appuyant sur divers
examens, il est également au
centre de la prévention et du
dépistage. Autant dire, indispensable ! Pourtant, en France, le
gynécologue médical est menacé
de disparition ( voir encadré ). Les
autorités estiment, en effet, que
ce spécialiste peut être remplacé,
tantôt par des généralistes, tantôt
par des sages-femmes.
Qu’en est-il en Suisse ? Pourraiton suivre la même voie ? Petit tour
d’horizon avec deux praticiens : le
Dr Lancelot Voute, président du
groupement des gynécologues
genevois, et le Dr Philippe Heymans qui vient de s’installer à la
Clinique des Grangettes. « Jusqu’à
présent, la situation était très dif-
férente entre les deux pays : en
Suisse, la distinction entre gynécologie médicale et gynécologie-obstétrique n’existait pas,
contrairement à la situation en
France, explique le Dr Lancelot
Voute. Tout le monde faisait les
deux. Du moins en théorie. Car,
en pratique, sur environ 90 gynécologues installés à Genève, seule
une quarantaine opère et pratique
l’obstétrique. » Une polyvalence
qui, toutefois, pourrait disparaître
puisque désormais les médecins
en cours de spécialisation doivent,
eux aussi, choisir entre une voie
médicale et une autre chirurgicale.
« Avec la spécialisation de plus en
plus importante vers laquelle tend
la pratique médicale, et la complexité qui l’accompagne, on ne va
plus être à même de tout pouvoir
faire seul, constate le Dr Philippe
Heymans. On n’y sera du reste
plus autorisé. Une orientation vers
des pôles d’excellence a débuté,
ceci dans des domaines de com-
18 GYNÉCOLOGIE
GYNÉCOLOGIE
gagne rien à supprimer un prescripteur avisé, bien au contraire ! »
De plus, le Dr Lancelot Voute, en
tant que président des gynécologues genevois, souhaiterait développer des cours de sénologie afin
d’augmenter l’efficacité du dépistage lors des contrôles gynécologiques annuels. « L’objectif ne
serait pas de nous transformer
tous en spécialistes du cancer du
sein, mais d’avoir suffisamment de
connaissances pour être capables
de dépister des tumeurs à l’aide de
l’échographie. D’autant que nous
avons tous un tel appareil. Cela
pourrait permettre de découvrir
des tumeurs trop petites pour être
palpées manuellement. »
Deux des gynécologues installés sur le site de la Clinique, le Drs Sandrine Jacob et Jacques Gast, qui ont leurs cabinets dans la maison habitée autrefois par le célèbre écrivain Robert Musil.
La situation en France
E
n France, c’est l’émoi ! Les gynécologues médicaux – qui
suivent les femmes tout au long de leur vie – sont menacés
de disparition en raison de problèmes de formation. Alors qu’ils
étaient 2100 pour 30 millions de femmes en 2008, ils n’étaient
plus que 1000 en 2010. Et le déclin se poursuit. Selon le comité de
défense de la gynécologie médicale, ils ne seront plus que 600 en
2015 et 180 en 2020 !
pétence en somme très distincts
comme la médecine fœtale, l’oncologie gynécologique, la chirurgie
du prolapsus et de l’incontinence
urinaire ou encore la prise en
charge de l’infertilité. Cependant,
si 5 à 10% des gynécologues vont
effectivement se sous-spécialiser,
la majorité revendique la variété de
la discipline et exerce une gynécologie générale. »
La crise débute en 1984. Alors que la France formait deux types
des gynécologues en milieu hospitalier, les médicaux et les obstétriciens, les autorités décident, au milieu des années 80, de
supprimer les premiers du cursus universitaire. Pour éviter que la
profession ne disparaisse, des professionnels de terrain assurent
alors la formation de leurs successeurs.
De fausses
économies
En 2003, suite à la mobilisation des praticiens, mais surtout de
1,6 million de femmes, qui ont signé une pétition réclamant la
restauration de la gynécologie médicale comme spécialité, un
nouveau diplôme est créé. Toutefois, ça ne suffit pas. Le nombre
de diplômés chaque année reste largement insuffisant. Par ailleurs,
les gynécologues médicaux accusent le gouvernement français
de vouloir confier le suivi gynécologique aux généralistes et aux
sages-femmes. D’où le lancement d’une nouvelle pétition.
Quant aux femmes, elles sont
fidèles à leur gynécologue. « On
suit des patientes en bonne santé. Si elles ne vont voir qu’un
médecin dans l’année, c’est leur
gynécologue, souligne le Dr Philippe Heymans. Par conséquent,
en collaboration étroite avec les
autres disciplines médicales,
nous occupons également une
place toute privilégiée dans le domaine de la prévention, du dépistage et de la sensibilisation, par
exemple à la vaccination.»
Mais un généraliste ne pourraitil pas se charger tout aussi bien
de ces contrôles annuels, frottis
vaginal compris ? «S’il n’y avait
plus de gynécologues, le vide
serait réel, estime le Dr Heymans. Nous avons été formés
pour effectuer un certain nombre
d’actes médicaux, qu’ils soient
diagnostiques ou thérapeutiques.
Ces démarches font appel à la
compétence du gynécologue, à
son expérience et, on l’espère,
également au souci d’éviter un
consumérisme médical coûteux
et parfois inutile. Ceci est vrai
par exemple pour le choix des
examens complémentaires, qu’il
s’agisse d’investiguer un fibrome
utérin, un kyste ovarien ou encore
de pratiquer le dépistage du cancer du sein. Côté coûts, on ne
Si la médecine évolue, les patientes
aussi. «Elles sont beaucoup plus
informées qu’avant, notamment
grâce à Internet. C’est un avantage et un inconvénient. Ainsi, il
n’est pas rare d’avoir à faire face à
une patiente aux exigences très
définies, demandant tel ou tel examen même s’il n’est pas justifié. De
plus, la majorité du temps, Internet
inquiète plus qu’il ne rassure. L’avantage réside néanmoins dans le dialogue que suscite cette abondance
d’informations dont ne savent plus
quoi faire les patientes. Le médecin
reste encore nécessaire ! »
Cela étant, ni le Dr Voute, ni le Dr
Heymans ne regrettent d’avoir
fait le choix de cette profession,
même si la gynécologie, et la
médecine en général, suscitent
de moins en moins de vocations :
« A l’Hôpital, 40% des médecins
sont étrangers, constate le Dr
Voute. Cela s’explique par une
pression constante sur les tarifs
médicaux et la dévalorisation
de notre statut. » Côté positif :
« Une des richesses de la gynécologie, c’est de pouvoir approcher des domaines aussi variés
que la médecine, la chirurgie ou
encore l’obstétrique, souligne le
Dr Heymans. On a également la
chance de suivre des patientes de
tous les âges, sur de nombreuses
années, et de pouvoir ainsi développer une relation de confiance
avec elles qui dépasse de loin
notre rôle premier de thérapeute.
Et c’est très enrichissant.»
19
D’un âge à l’autre
L
a contraception.
« La vaste panoplie de produits contraceptifs à disposition
fait peu à peu perdre du terrain
à la pilule traditionnelle, remplacée tour à tour par l’anneau
vaginal ( à ne changer qu’une
fois par mois ), le patch ( chaque
semaine ) ou encore les dispositifs implantables ( trois ans ). Le
stérilet lui aussi, hormonal ou
au cuivre, est proposé dans des
indications beaucoup plus larges
qu’autrefois, notamment en ce
qui concerne la femme sans
enfant. Quant à la pilule, les
progrès récents ont permis par
exemple l’arrivée d’un produit
utilisant un œstrogène « naturel » et faiblement dosé, a priori
mieux toléré et accompagné de
moins d’effets indésirables. Une
nouvelle « pilule du lendemain »
sera également à disposition
en Suisse prochainement ;
elle offrira une contraception
d’urgence couvrant jusqu’aux
cinq jours qui suivent le rapport
sexuel. Enfin, mentionnons aussi
la farouche concurrence au
niveau des produits génériques,
concurrence dont l’avantage est
d’entraîner une baisse des prix
fort bienvenue dans un pays
où la contraception n’est pas
prise en charge par les caisses
d’assurances, contrairement à
l’avortement », souligne le Dr
Philippe Heymans.
hormonothérapie à
la ménopause, ou
les thérapies hormonales
de substitution ( THS ).
Controversées et accusées
d’augmenter fortement les
risques de cancer du sein, les
THS ont été quelque peu réhabilitées. « On utilise aujourd’hui
des hormones beaucoup plus
naturelles qui donnent de
L’
Ce parc peuplé d’arbres centenaires abrite plusieurs cabinets médicaux.
bons résultats contre les effets
secondaires dus à la ménopause
( bouffées de chaleur, dépression, troubles de l’humeur ), souligne le Dr Lancelot Voute. Mais
cela reste un médicament. Par
conséquent, il ne faut prescrire
une THS qu’en cas de besoin. »
incontinence urinaire.
« Ce problème très fréquent,
qui touche jusqu’à une femme
sur deux après la ménopause,
est souvent très handicapant.
Il reste encore malheureusement très tabou. C’est le rôle
du gynécologue de solliciter
les femmes à ce sujet, estime
le Dr Heymans. Ceci d’autant
que les traitements médicaux et
chirurgicaux existent et sont très
efficaces, de moins en moins
invasifs et de plus en plus ciblés ;
ils changent littéralement la vie
des femmes qui souffrent de ces
pertes involontaires. »
L’
20 orthopedie
OBéSITé
OBESITé
Vaincre l’obésité : une
lutte sur plusieurs fronts
La chirurgie est une méthode efficace pour aider les personnes souffrant d’obésité massive.
A condition qu’un suivi diététique et psychologique soit assuré avant et après l’opération.
N
athalie, 38 ans, a perdu 50
kilos grâce au bypass. Sur
un plateau télé, elle vient
exhiber sa nouvelle silhouette
devant un public ébahi. Assis
devant votre poste de télévision,
vous vous prenez à rêver : « et si un
coup de bistouri vous faisait retrouver la ligne de vos 20 ans... »
Le bypass a-t-il vraiment le pouvoir magique que le tout public lui
attribue ? « La chirurgie est en effet
actuellement la seule approche
qui permette une perte de poids
satisfaisante à long terme chez
les personnes souffrant d’obésité sévère », reconnaît le Dr Gilles
Chassot, chirurgien à la Clinique
des Grangettes. « Chez ce type de
patients, les régimes ont montré
avec le temps qu’ils étaient inefficaces, voire contre-productifs. Les
personnes reprennent quasi toujours le poids perdu et développent,
à force de régimes, des troubles du
comportement alimentaire. » La
chirurgie, elle, montre des résultats beaucoup plus probants. En
Suisse, la technique la plus utilisée
– réservée aux patients souffrant
d’obésité sévère ( lire encadré ) – est le bypass. Cette technique, que
pratique le Dr Chassot, permet en
moyenne une perte de 60% de l’excès pondéral, et est efficace chez
plus de 80% des patients opérés.
«Le
des
Mais
sans
bypass permet d’obtenir
résultats spectaculaires.
cette technique n’est rien
la préparation effectuée
par les diététiciens et psychologues», relève le Dr Chassot. Ce
que les médias ne soulignent
que rarement, en effet, c’est
que le bypass conduit très souvent à l’échec si la personne n’a
pas corrigé son comportement
alimentaire, généralement perturbé, avant de se faire opérer.
Le patient perdra bel et bien des
kilos les premiers mois après
l’opération, mais il les reprendra
progressivement jusqu’à revenir,
parfois, à son poids de départ,
voire plus. « La personne qui n’a
pas réglé ses troubles alimentaires reprendra peu à peu ses
mauvaises habitudes. Avec un
bypass, elle ne peut certes plus
manger de grosses quantités à
la fois, mais rien ne l’empêche
de grignoter toute la journée »,
explique le médecin.
Une équipe
pour préparer
le patient
La prise en charge du patient
obèse
nécessite
donc
une
approche pluridisciplinaire. A la
Clinique des Grangettes, le Dr
Chassot collabore ainsi avec deux
spécialistes en médecine interne,
une psychologue et une diététicienne. Tous ces professionnels
travaillent ensemble pour accompagner le patient avant, pendant
et après son opération.
Le programme du patient est élaboré en fonction de ses besoins,
définis lors d’un premier entretien avec le Dr Chassot. Si des
troubles du comportement alimentaire sont diagnostiqués, la
psychologue – Emilie de Lubersac – est mise à contribution.
Cette spécialiste installée en Ville
de Genève applique la méthode
dite cognitivo-comportementale.
Son principe consiste à identifier
les situations, pensées ou événements qui poussent la personne
à manger ( ennui, stress, colère,
etc. ). Tout en travaillant sur ces
différents aspects, la psychologue
propose au patient différentes
techniques permettant de mieux
gérer ses pulsions.
Un intervention par laparoscopie avec les Drs Chassot et Gold.
La Clinique des Grangettes collabore également avec deux
médecins spécialisés en éducation thérapeutique pour maladies
chroniques. Leur rôle consiste
21
à apprendre au patient à vivre
avec son obésité. « Opérée ou
pas, la personne obèse reste à
risque toute sa vie », explique le
Dr Sophie Derivaz Mastrogiacomo. « Elle doit donc apprendre
à mieux se connaître, à comprendre les causes et les conséquences de sa maladie pour en
améliorer la gestion. » Grâce à
un suivi personnalisé, le patient
se construit lui-même un programme de changement. « Il ne
s’agit pas de bouleverser la vie
de la personne, mais d’instaurer, avec elle et en douceur, des
petits changements, réalisables,
comme par exemple démarrer
une activité physique ou réduire
la quantité de nourriture ingérée », souligne le Dr Derivaz.
Suivi à vie
Avant son opération, le patient
rencontre également une diététicienne. Le bypass oblige en effet
à changer sa manière de manger :
pour que les aliments « passent »,
il faut beaucoup mâcher, manger
lentement. Par ailleurs, durant un
mois après l’opération, le patient
ne peut consommer que des aliments mixés. Le rôle de la diététicienne est d’expliquer tous ces
aspects au patient, de le conseiller pour qu’il mange équilibré
malgré ces impératifs.
La prise en charge du patient obèse
ne s’arrête pas avec l’opération.
Aux Grangettes, la diététicienne
revoit le patient pendant douze
mois après la réalisation du bypass.
Si nécessaire, un suivi auprès de la
psychologue peut aussi être envisagé. Par ailleurs, la perte de poids
du patient et l’évolution de sa santé
sont surveillées de près par le Dr
Chassot. Ce suivi s’espace avec
le temps, mais dure à vie à raison
d’une fois par année. Le bypass
entraînant une malabsorption, le
médecin veillera notamment à ce
que le patient ne souffre d’aucune
carence. « Le bypass entraîne souvent une prise de vitamines à vie »,
souligne le Dr Chassot. « Cette
opération nécessite donc un véritable engagement, qu’il convient
de ne pas négliger. »
Le Dr Gilles Chassot dans son cabinet.
Le bypass, c’est quoi ?
L
e bypass gastrique combine
deux éléments principaux :
la restriction alimentaire et un
léger effet de malabsorption.
La première partie de l’intervention consiste à réduire le
volume de l’estomac. Le chirurgien crée par agrafage une
petite poche gastrique d’une
capacité de 25 ml (contre 1,5 l
pour un estomac normal). La
capacité de l’estomac étant
réduite, le patient se sent plus
rapidement rassasié et diminue
donc les quantités ingérées.
La deuxième étape consiste à
dévier le circuit des aliments,
d’où le nom « bypass » (courtcircuit en anglais). La poche est
reliée à la partie moyenne du
petit intestin.
La nourriture ne passe donc
plus par l’estomac ni par la
partie supérieure de l’intestin.
Ce court-circuit crée un effet
de malabsorption : les aliments
sont moins bien assimilés, ce
qui diminue le nombre de calories emmagasinées. La sécrétion de certaines hormones
liées à la sensation de faim est
également modifiée, entraînant une diminution de l’envie
de manger, et donc une perte
de poids. Ces changements
hormonaux jouent par ailleurs
un rôle majeur dans la guérison
de certaines complications,
notamment du diabète.
A noter qu’en Suisse, ne se
fait pas opérer qui veut. Pour
être prise en charge par les
assurances maladie, l’opération ne peut être effectuée
que sur des personnes présentant un indice de masse
corporelle (IMC) supérieur à
35 et qui souffrent en parallèle
d’une complication liée à leur
surpoids; ou d’un IMC supérieur à 40 sans complication.
22 ORL
NOUVEAU
La surdité n’est plus une fatalité
Grâce à de nouvelles techniques, dont les implants BAHA, les troubles
de l’audition peuvent être corrigés.
de surdité on souffre ?
Il faut avoir été examiné par un
spécialiste qui, par différents
tests, pourra se prononcer. Et, en
fonction du diagnostic, il proposera différentes solutions : il y a
les appareillages auditifs conventionnels, la chirurgie ou encore
les implants auditifs.
Quand vous dites chirurgie…
La chirurgie que nous pratiquons
aux Grangettes est essentiellement reconstructive. Nous pouvons par exemple corriger des
malformations du conduit auditif
externe et réparer des perforations
du tympan (on peut se le blesser
en se lavant les oreilles avec des
cotons-tiges, par exemple !). On
peut aussi restaurer l’audition par
la réparation de la chaîne des osselets (notamment par la pose de
prothèses d’osselets) ou encore
insérer des implants auditifs.
Le Dr Charles-André Haenggeli, spécialiste en ORL.
S
urdité partielle ou profonde, baisse de l’audition,
acouphènes : en Suisse, des
dizaines de milliers de personnes
souffrent de problèmes auditifs
plus ou moins graves. Petit tour
d’horizon des différentes problématiques et nouvelles techniques
liées à l’ouïe en compagnie de
Charles-André Haenggeli, médecin FMH et spécialiste ORL à la Clinique des Grangettes.
Dr Haenggeli, certaines personnes sont sourdes de naissance, d’autres suite à un
traumatisme sonore et d’autres
encore perdent l’ouïe en gagnant
de l’âge. Est-ce à dire qu’il y a
plusieurs types de surdité ?
Il y a trois sortes de surdité : une surdité de transmission, une de perception et la troisième, dite mixte,
qui combine « transmission et perception ». La surdité de transmission se situe au niveau de l’oreille
moyenne. Il s’agit le plus souvent
d’un problème mécanique des
osselets et/ou du tympan. Selon la
cause, on peut intervenir et « réparer » le dommage par microchirurgie. La surdité de perception
– ou neurosensorielle – est liée au
fonctionnement défectueux de la
cochlée ou du nerf de l’audition.
Nous naissons avec une quantité limitée de cellules réceptrices
auditives par oreille – les cellules
ciliées. Or, une fois qu’elles sont
touchées, elles meurent et ne se
régénèrent pas. Actuellement, des
recherches sont menées dans l’espoir de pouvoir faire repousser ces
cellules, mais ce n’est malheureusement pas encore possible. Du
coup, selon la gravité de l’atteinte,
un appareillage reste la seule solution. Quant à la surdité mixte,
comme son nom l’indique, elle est
une combinaison des deux.
Comment sait-on de quel type
Comme l’implant cochléaire ?
C’est celui dont on entend souvent parler. Mais il est réservé
à des cas très spécifiques. En
Suisse, ce type d’intervention,
qui se pratique uniquement en
hôpital universitaire, est très marginal et on compte moins de cent
implantations par année. Les
implants que l’on peut poser aux
Grangettes s’appellent BAHA…
Et que sont ces implants
BAHA ?
BAHA est l’acronyme de Bone
Anchored Hearing Aid soit, littéralement, « aide auditive ancrée
dans l’os ». Il s’agit « simplement »
d’une vis en titane de quelques
millimètres que l’on fixe dans l’os
derrière l’oreille atteinte et sur
laquelle on applique l’amplificateur auditif. Cet implant stimule
l’os par une vibration sonore et
transmet le son à l’oreille interne.
Ce système a été conçu pour
aider les gens qui sont totalement
sourds d’une oreille ou qui ne
23
Coup de pouce à Haïti
La Fondation des Grangettes a permis la création d’un centre de phytomédicaments en Haïti.
supportent pas un appareillage
conventionnel.
Il n’y a donc pas une solution
miracle… mais différentes solutions adaptées !
Et c’est pourquoi je pense que le
meilleur moyen est encore la prévention . Les dommages causés
par une exposition sonore trop
élevée et prolongée sont irréversibles. Sur les chantiers ou dans
les usines très bruyantes où les
« normes décibels » sont constamment dépassées, les travailleurs
savent maintenant qu’ils doivent
se protéger et c’est tant mieux. Le
problème, désormais, ce sont les
jeunes : ils écoutent parfois leur
MP3 avec le volume sur « maximum » pendant des heures et
vont dans des discothèques ou
à des concerts sans s’inquiéter
des niveaux sonores. Une étude
menée il y a une dizaine d’années
a montré que 33% des apprentis
européens présentaient un déficit
auditif de plus de 15 dB dans les
hautes fréquences. Il est primordial
de faire passer un message fort aux
jeunes : attention à vos oreilles !
Impressum
Edition 2011
Editeur : Editions des Grangettes
ISBN 2 - 940265 - 00 - 3
Rédaction : Pascale Bieri, Sophie
Pieren et Saskia Galitch
Maquette, graphisme et photos :
Fausto Pluchinotta
Impression : Imprimerie Atar
Tirage : 135’000 exemplaires
Adresse :
Clinique des Grangettes
7, ch. des Grangettes
CH - 1224 Chêne-Bougeries
Tél. +41 22 305 01 11
Fax +41 22 349 80 21
www.grangettes.ch
« N
ous souhaitions
réaliser un projet
qui soit durable
et pour lequel les donateurs
sachent exactement où allait
leur argent », explique Me Caroline Ferrero Menut, avocate au
barreau de Genève, et membre
fondatrice de la Fondation des
Grangettes avec le Dr JeanMarc Meyer ( qui a aujourd’hui
cédé sa place au Pr André-Pascal Sappino ) et Olivier Terretaz,
économiste. « Comme j’étais en
contact avec l’Association des
amis de Sœur Emmanuelle, je lui
ai donc demandé où il y avait le
plus de besoins. »
Réponse : Haïti. La Fondation
décide alors de créer sur place
une structure permettant de produire des médicaments. Avec
pour objectif d’approvisionner
un dispensaire géré par « Haïti
Cosmos », association à but non
lucratif dirigée par Jean-Claude
François, un Haïtien de Genève
resté très lié à son pays. Le dispensaire offrait en effet des soins
gratuits à une partie de la population, mais n’avait pas de quoi
fournir les traitements. « L’idée
était d’utiliser les plantes locales
pour fabriquer ces médicaments.
Car pas de guérison sans médicaments, et pas de médicaments
sans argent », explique Me Ferrero Menut. Plusieurs plantes
avaient déjà été sélectionnées
par « Haïti Cosmos », mais il restait à valider leurs propriétés et
à les conditionner. Pour cela, la
Fondation a pu compter sur le Pr
Kurt Hostettmann, directeur de
l’Ecole de pharmacie de l’Université de Genève, et le Dr Pascal Bonnabry, responsable de la
pharmacie des Hôpitaux universitaires de Genève.
Le premier a identifié de manière
sûre les végétaux ramenés
d’Haïti, le second assuré leur
transformation. Sur place, il a
fallu construire un laboratoire et
acquérir l’équipement de base.
Mais aussi former du personnel,
ce dont se sont chargées deux
jeunes femmes, Daphné van
Diermen ( Laboratoire de pharmacognosie et phytochimie de
l’Université de Genève ), et Maria
Dobrinas ( HUG ).
dont 80% vivent en dessous du
seuil de pauvreté. » Ce projet
humanitaire est le premier réalisé
par la Fondation des Grangettes.
D’autres suivront. En attendant,
la Fondation recherche activement des soutiens financiers.
Fondation des Grangettes
Credit Suisse – 1211 Genève 70
Compte : 0251-341285-71
Clearing : 4251
Code Swift : CRESCHZZ12A
Code IBAN :
CH07 0425 1034 1285 7100 0
Des
médicaments
pour tous
Le Centre phytopharmaceutique
a donc pu être ouvert à Hinche,
ville principale du Plateau Central située à 115 km de Port-auPrince. On y cultive 14 espèces
de plantes, sur une surface d’environ 100 hectares. « Cela permet
de produire six médicaments qui
contribuent à soigner 80% des
problèmes de santé les plus fréquemment rencontrés là-bas »,
se réjouit Me Ferrero Menut. A
savoir, gastrites, mycoses, toux,
malaria, infections vaginales,
diabète. Ces produits sont vendus aux habitants à prix très bas
– quelques centimes – afin d’autofinancer le fonctionnement du
laboratoire, mais surtout pour
que les médicaments soient
accessibles à tous en Haïti.
« Ce qui est important, maintenant, c’est que les gens sur place
puissent poursuivre ce que nous
avons créé. Le plus difficile dans
ce genre de projets étant d’avoir
quelqu’un de confiance, et de
local, pour suivre le tout », souligne l’avocate, tout en se réjouissant du succès de cette belle
aventure. « Avec environ 200 000
francs et plusieurs personnes
qui ont donné leur temps bénévolement pour mettre tout ça sur
pied, nous pouvons assurer une
amélioration des conditions de
vie de nombreux autochtones,
Récolte, séchage des plante médicinales d’Haiti et classe de formation en phytothérapie.
Le bonheur d’une naissance
www.grangettes.ch
Clinique des Grangettes
7, chemin des Grangettes
CH-1224 Chêne-Bougeries
Tél. ++ 41 22 305 -01-11
www.grangettes.ch
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