Journal d’information de la Clinique des Grangettes No 5 Edition 2011 / 12 Journal des Grangettes Une révolution pour le patient Obésité La solution du bypass En cas d’obésité massive, la pose d’un bypass est actuellement la seule solution efficace à long terme. Toutefois, si le patient ne corrige pas son trouble alimentaire, il reprendra les kilos perdus dans les premiers mois suivant l’opération. D’où l’importance d’une prise en charge pluridisciplinaire. Pages 20-21 Hyperactivité Un trouble à prendre au sérieux Des plateformes médicales pluridisciplinaires permettent aux médecins de mettre leurs compétences en commun afin de déterminer, dans chaque cas, le meilleur traitement possible pour le patient. Lors d’un problème médical complexe, la prise en charge du patient nécessite les connaissances et le savoir-faire de nombreux spécialistes. C’est notamment le cas en Gynécologues Un suivi essentiel Naissance, contraception, ménopause… le gynécologue joue un rôle clé dans la vie d’une femme. D’ailleurs, il s’installe souvent avec lui une relation de confiance qui dépasse de loin sa fonction première de thérapeute. Pages 17-19 oncologie, nouveau pôle de compétence de la Clinique des Grangettes. Car si l’évolution de la technologie et la spécialisation, toujours plus importante, de la médecine permettent d’améliorer la qualité des traitements, elles impliquent, en parallèle, une importante concertation de la Entre 5 et 7% des enfants souffrent d’hyperactivité. Un trouble qui peut avoir de graves conséquences s’il n’est pas dépisté et traité rapidement. Pages 15-16 part des différents praticiens: oncologues, radiothérapeutes, chirurgiens et autres radiologues. D’où la création de plateformes pluridisciplinaires. Le même fonctionnement se retrouve dans d’autres secteurs tels que la chirurgie gastrique ou la neuropédiatrie. Pages 4-12 Dossier spécial: Cancer et soins Les laboratoires genevois à vos côtés 2 orthopedie orthopedie éditoriaux 3 L’union fait la force Le nouveau Centre d’oncologie et d’hématologie et le Centre de radiothérapie au cœur du parc des Grangettes. U dianalabs Pour vous assurer le meilleur suivi biologique, un diagnostic médical de qualité et une expertise en hygiène hospitalière. analyses médicales tél. 022 807 12 40 www.dianalabs.ch dianapath centre de pathologie tél. 022 807 14 30 hpp-ecobion laboratoire l expertise l hygiène www.grangettes.ch tél. 022 304 83 93 ne spécialisation des centres, une approche multidisciplinaire, un patient au cœur de l’attention, plus que des principes, voici des réponses concrètes et modernes qui correspondent aux attentes d’une population inquiète de l’évolution de notre système de santé. Dans cet esprit, nous avons créé une nouvelle structure destinée à prendre en charge, de manière globale, les personnes atteintes d’un cancer. L’avantage d’un tel centre de compétence est double. Il permet, d’une part, au patient, de rencontrer différents spécialistes sur un même site. Et, d’autre part, aux médecins, de se réunir afin de discuter des différents cas et de chercher, de manière collégiale, les meilleures solutions de traitements. Le patient est ainsi considéré dans sa globalité par l’ensemble du corps médical concerné par la maladie. La gestion du stress, l’alimentation et l’image de soi ont été intégrées aux prises en charge, permettant ainsi aux patients de mieux vivre ces bouleversements personnels. Nous consacrons notre dossier à cette approche multidisciplinaire (pages 4 à 12). Toutefois, elle n’est pas réservée à l’oncologie. En chirurgie de l’obésité, autre domaine complexe, qui permet d’obtenir de bons résultats lors de graves problèmes de surpoids, la prise en charge implique également de nombreux spécialistes : chirurgien, interniste, D urant de nombreuses années, la Clinique des Grangettes a fonctionné comme une clinique de gynécologieobstétrique, réputée dans ce secteur mère-enfant. Puis, il y a quelques années, elle s’est développée de manière extraordinaire pour devenir une clinique pluridisciplinaire. Avec notamment, dans un premier temps, l’ouverture d’un centre de radiologie, un service de médecine nucléaire, ou encore un service d’orthopédie, tout particulièrement renommé pour ses compétences dans le domaine de la chirurgie du pied, et bientôt de l’enfant. diététicien, psychologue (pages 20-21). Le secteur mère-enfants est bien entendu concerné par ce modèle : une approche transversale est tout aussi indispensable lors de la prise en charge d’enfants souffrant d’hyperactivité (pages 15-16). Autant dire que les centres de compétence vont continuer à se déve- Il y a deux ans, la Clinique a connu une nouvelle évolution, avec la création d’un service d’urgences pédiatriques et d’un Centre du cancer comprenant un service de radio-oncologie et un service d’oncologie médicale. Aujourd’hui, de nombreux médecins et chirurgiens travaillent au sein de la Clinique. Beaucoup de jeunes chirurgiens nous adressent des demandes de collaboration et, en parallèle, un nombre important d’anciens professeurs de l’Hôpital cantonal s’est installé et travaille au sein de la Clinique, apportant, au dynamisme des jeunes médecins l’expérience des anciens. lopper, dans les années à venir, car ils contribuent non seulement à déterminer les traitements les plus adéquats pour chaque patient, mais également à permettre une approche plus responsable en termes d’efficience économique. Gilles Rufenacht, directeur Nous sommes particulièrement heureux du développement de cette institution qui a permis de mettre en place également des plateformes de discussion avec l’ensemble du corps médical. Tout médecin de la Clinique ou de la ville peut présenter à une équipe pluridisciplinaire divers « cas complexes » afin de solliciter son avis et d’établir les meilleurs diagnostics et traitements. Nous nous réjouissons enfin du commencement des travaux d’un nouveau bloc opératoire avec 5 salles d’opération ultramodernes et 40 lits d’hospitalisation supplémentaires. Pr Anastase Spiliopoulos 4 dossier cancer dossier cancer Une nouvelle structure contre le cancer La Clinique des Grangettes fait de l’oncologie un nouveau domaine de compétence. Elle permet désormais de prendre en charge, de manière globale, les patients atteints d’un cancer. Et ce, quelle que soit leur couverture d’assurance. A la recherche d’un consensus Une fois par semaine, des spécialistes se retrouvent également lors de « tumor boards », des réunions organisées pour évoquer divers cas de patients et se mettre d’accord sur les traitements à adopter. Toujours dans cet esprit de transversalité, le Professeur Sappino va instaurer des « consultations préthérapeutiques » pour deux des cancers les plus fréquents – celui du sein et celui de la prostate – ouvertes à tous les médecins de la ville. Elles permettront de discuter de problèmes particuliers sur le plan diagnostique ou thérapeutique. Avec pour objectif, après l’exposé des différents points de vue, de trouver un consensus et de le proposer au médecin traitant. Tout en offrant une information objective au patient. Autre innovation du Centre des Grangettes : des soins bien-être proposés aux patients grâce à la Fondation Wilsdorf. Une offre peu courante en milieu hospitalier qui joue pourtant un rôle fondamental tant sur le plan physique que psychique de ceux qui en bénéficient. D’ailleurs, le Pr Sappino ne tarit pas d’enthousiasme : « Vincent Martin, notre ostéopathe, nous a transformé des gens, dit-il. Comme la médecine est de plus en plus spécialisée, elle a tendance à oublier qu’il y a des gens derrière les organes à soigner. Par conséquent, il est important que quelqu’un « recolle » les morceaux et aide le patient à retrouver le contact avec la totalité de son corps, voire à le réapprivoiser, tout en lui faisant du bien. » En plus de l’ostéopathie, les patients peuvent également bénéficier d’une spécialiste en soins corporels. Dans un deuxième temps, le professeur souhaite élargir ces prestations à d’autres domaines tels que celui des émotions ou encore celui de l’alimentation. « Mais encore faut- 5 il trouver les bonnes personnes ! » Que ce soit dans l’accueil ou la prise en charge, tout est mis en œuvre pour favoriser la détente et mettre le patient à l’aise. Et l’aménagement du bâtiment, qui baigne dans la lumière et une décoration élégante, avec de multiples taches de couleur, n’est pas en reste. « Bénéficier d’un environnement moins impersonnel que dans un hôpital, c’est la cerise sur le gâteau », constate le Pr Sappino, en soulignant : « Mais ce qui compte, avant tout, c’est l’expertise. » Aux Grangettes, l’un comme l’autre sont accessibles à tous les patients, quelle que soit leur couverture d’assurance. Diagnostic de haute précision De plus en plus de cancers sont découverts grâce à la radiologie. Cette dernière aide également à déterminer le meilleur traitement possible. L Le Pr Sappino, un des acteurs clés du nouveau Centre d’oncologie et d’hématologie de la Clinique. M ultidisciplinarité. Un mot qui traduit bien la philosophie du nouveau Centre d’oncologie et d’hématologie de la Clinique des Grangettes. Ouvert en octobre dernier, il propose des consultations spécialisées ainsi que des séances de chimiothérapie, tout en pouvant s’appuyer sur un réseau de médecins agréés et des services de pointe situés sur le site même. « Ce qui était intéressant, c’était de créer une structure qui n’existait pas encore ; qui se situe entre la grande structure hospitalière et le cabinet privé », confie le Professeur André-Pascal Sappino, un des acteurs clés de ce nouveau Centre, et ancien chef du Service d’oncologie des Hôpitaux Universitaires de Genève. « Aujourd’hui, il est impensable pour un médecin de s’occuper d’un patient atteint d’un cancer, seul dans son coin, souligne le Pr Sappino. Ce sont des maladies tellement complexes et multiples qu’elles nécessitent, d’une part, que les médecins soient de plus en plus spécialisés – y compris en oncologie, avec des spécialisations en oncologie du sein, du poumon, etc. – et, d’autre part, que ces médecins mettent leurs compétences en commun pour déterminer, dans chaque cas, le meilleur traitement possible. » De fait, les personnes souffrant d’un cancer consultent de nombreux spécialistes tout au long de leur maladie et, outre la compétence de ces intervenants, une bonne communication entre eux est primordiale. La nouvelle structure des Grangettes, qui s’articule autour du nouveau Centre d’oncologie et d’hématologie – avec comme acteurs le Pr André-Pascal Sappino et les Dr Sarah MachPascual et Laurent Wälchi –, facilite donc cette prise en charge globale, puisqu’elle peut compter sur un réseau de médecins agréés dans différents domaines ( gynécologie, urologie, dermatologie, etc .) ainsi que sur des services de pointe – radiothérapie, radiologie, médecine nucléaire – qui sont sur place. « C’est un gros avantage pour les patients et pour les médecins, qui ainsi peuvent agir vite. » e radiologue annonce rarement de mauvaises nouvelles. Pourtant, c’est souvent lui qui pose le diagnostic d’un cancer. Notamment le cancer du sein où l’on dépiste des tumeurs de plus en plus précoces, souvent même impalpables au toucher. « C’est le médecin traitant qui informe le patient. En Suisse, les choses ont été décidées ainsi pour que le praticien puisse, en même temps que l’annonce de la maladie, parler des possibilités de traitements », explique le Dr Karen Kinkel, radiologue à la Clinique des Grangettes et spécialiste en sénologie. « Toutefois, on essaie de préparer le terrain en soulignant, par exemple, que l’image a l’air plutôt suspecte. » Dépistage, diagnostic, bilan d’extension ( examen déterminant la taille des tumeurs et le degré d’en- vahissement du cancer) : le rôle du radiologue est multiple et fondamental dans le domaine de l’oncologie. De même que ses outils. Très schématiquement, la radiographie permet de visualiser les poumons et les os. La mammographie explore les seins, le scanner inspecte l’ensemble du corps, l’IRM fouille le cerveau, la moelle osseuse et les parties molles, tandis que l’endoscopie plonge dans les cavités du corps pour repérer les excroissances suspectes. Pour en revenir aux seins, dans les établissements privés tels que la Clinique des Grangettes, on utilise également l’ultrason lors du dépistage. Le Dr Kinkel recherche une éventuelle masse suspecte. Autre étape. « Quand une masse suspecte est découverte, il faut faire une biopsie, qui consiste à prélever un minuscule bout de tissu. On utilise le plus souvent l’ultrason pour nous guider dans cette intervention, avec un taux de fiabilité proche de 100%. Les cellules sont ensuite analysées pour permettre d’affirmer qu’il s’agit bien, ou non, d’un cancer », souligne le Dr Kinkel. cancer 6 dossier orthopedie La biopsie dira également si le cancer est in situ ou invasif. On parle de cancer in situ quand les cellules malignes restent localisées dans l’organe où elles sont nées ; en revanche, un cancer invasif est un cancer qui est susceptible de générer des métastases. Avec ces différents examens, un maximum d’informations peut être récolté pour combattre au mieux la maladie. « L’accès à la haute technologie facilite la décision thérapeutique. Quand dossier cancer on se rend compte qu’un cancer a déjà métastasé, on ne propose pas le même traitement que s’il est localisé », souligne le Dr Kinkel. En ajoutant : «Lors d’un cancer du sein, l’IRM joue un rôle important pour définir précisément la taille d’une tumeur et décider, suite à cela, du type de chirurgie à adopter ou s’il vaut mieux effectuer une chimiothérapie néoadjuvante ( traitement précédant une intervention chirurgicale ). Chaque patient fait l’objet d’une discussion approfondie entre les différents spécialistes concernés ( oncologues, chirurgiens, radiothérapeutes, etc. ) pour trouver la meilleure solution possible. On ne peut pas se passer de la communication. » Décision thérapeutique facilitée De plus, dans la majorité des 7 cas, le radiologue vient en aide au chirurgien en plaçant un repérage préopératoire, soit un fil à l’endroit où se situe une petite tumeur, de façon à ce qu’elle soit bien différenciable des tissus sains. La radiologie, notamment couplée à la médecine nucléaire – qui analyse le fonctionnement des cellules – permet également d’offrir un bon suivi du cancer, lors d’une chimiothérapie néoadjuvante, en permettant de suivre l’évolution de la tumeur sous traitement. Cancer du sein : de moins en moins de séquelles Grâce au dépistage, la maladie est découverte de plus en plus tôt, ce qui augmente non seulement son taux de guérison mais aussi la possibilité de préserver le sein. M oins d’un centimètre ! C’est minuscule et pourtant il n’est pas rare, aujourd’hui, de découvrir des tumeurs du sein qui ne dépassent pas ce diamètre-là. « Grâce au dépistage, à la compétence des radiologues, au matériel actuellement très performant, on arrive à diagnostiquer la maladie de plus en plus tôt », se réjouit le Dr Yves Wespi, gynécologue et spécialiste du cancer du sein à Genève. Résultat : la mortalité due à ce fléau – qui touche quelque 420 femmes par an à Genève – diminue et les interventions chirurgicales sont de moins en moins mutilantes. « Près de 80% des opérations sont conservatrices et permettent des résultats esthétiques satisfaisants, souligne le Dr Yves Wespi. De plus en plus de tumeurs du sein sont dépistées et retirées de manière très précoce. De plus, depuis quelques années, il est possible dans différentes situations de ne prélever que quelques ganglions sous le bras, et non plus un curage complet comme précédemment, pour connaître l’extension de la maladie. Ainsi, l’opération est moins longue et les séquelles sont moindres. » Dans certaines conditions, il peut cependant Le Dr Wespi, spécialiste du sein, en pleine intervention chirurgicale. être nécessaire de procéder à une chimiothérapie avant la chirurgie afin de réduire la taille de la tumeur et de pouvoir procéder à un traitement conservateur. « Par ailleurs, insiste le Dr Wespi, quand on préserve le sein, une radiothérapie externe doit être effectuée après la chirurgie, afin de diminuer les risques de récidive. Cette radiothérapie dure entre 4 et 6 semaines et débute environ un mois après l’opération. » Dans ce domaine également, les choses évoluent. Ainsi, depuis quelques années, plusieurs études européennes, notamment à Milan, expérimentent la radiothérapie locale dans le même temps opératoire (quelques minutes). Cette possibilité est proposée à certaines patientes bien définies. Pour l’instant, les résultats ne rejoignent pas par- faitement les performances de la radiothérapie externe traditionnelle et pour ce faire, il faudra certainement encore reconsidérer quelques procédés techniques et réévaluer une sélection rigoureuse des patientes à traiter avec cette méthode. Reconstruction immédiate du sein Si les traitements conservateurs sont majoritaires, la mastectomie (ablation totale du sein) est à nouveau en légère augmentation. « C’est notamment dû à un diagnostic plus précis ainsi qu’à la possibilité de reconstruire immédiatement le sein, explique le Dr Yves Wespi. En cas d’indication d’ablation du sein et d’une reconstruction immédiate, on demande l’avis de l’oncologue, du chirurgien plasticien et éventuellement du généticien. En effet, les cancers héréditaires ( 5% des cancers du sein ) sont actuellement plus fréquemment diagnostiqués et une ablation préventive des deux seins est souvent discutée vu le risque important de développer la maladie ( environ 50% ). » Cette concertation entre les différents acteurs du traitement ne se limite pas à la mastectomie. « Grâce à la collaboration des différentes spécialités, on dispose de plusieurs options de traitement, souligne le Dr Yves Wespi. Par ailleurs, cette prise en charge multidisciplinaire permet d’améliorer de plus en plus les performances. » Quant au dépistage précoce, il joue, lui aussi, un rôle clé. En effet, avec une mammographie tous les deux ans, entre 50 et 70 ans, on diminue la mortalité de façon significative. Et en dessous ? « Si on effectuait le même examen pour les patientes de moins de 50 ans, certains estiment que le taux de mortalité diminuerait également », souligne le gynécologue. Néanmoins, de nombreux médecins, dont le Dr Yves Wespi, souhaiteraient que l’on prescrive une mammographie chaque année aux femmes entre 40 et 50 ans. Selon certaines études, on diminue également leur taux de mortalité de façon significative quand on effectue conjointement une échographie mammaire. D’ailleurs, dans le privé, hors dépistage, la mammographie est toujours complétée par une échographie, ce qui permet de diagnostiquer environ 10 à 15% de cas supplémentaires. 8 dossier cancer dossier cancer Prostate : toujours plus de traitements individualisés et curatifs De plus en plus d’hommes se soumettent à un dépistage du cancer de la prostate. Ce qui a diminué le nombre de décès dus à la maladie. Quant aux traitements, ils sont de moins en moins invasifs. sociétés urologiques en Suisse, en Europe et aux Etats-Unis, dès l’âge de 50 ans ( 45 ans en cas d’antécédents familiaux ). « Dans ces pays, on assiste à une baisse de la mortalité du cancer de la prostate », ajoute le Dr Franz Schmidlin. De fait, 60% des hommes jouent la carte de la prévention, ce qui permet de découvrir entre 75 et 80% des tumeurs de la prostate avant l’apparition des premiers signes cliniques, c’est-à-dire problèmes pour uriner, sang dans les urines et/ou le sperme, ou encore éjaculation douloureuse. Les avantages de la chirurgie robotique Avec le robot Da Vinci, de nombreuses interventions peuvent être réalisées de manière très peu invasive. L e dépistage du cancer de la prostate entre dans les mœurs. Et c’est bénéfique puisque, parallèlement, le taux de mortalité dû à cette maladie a diminué de 18% en 10 ans. « Dans le même temps, se réjouissent les Drs Franz Schmidlin et Frank Mayer, urologues à la Clinique des Grangettes, les interventions chirurgicales sont devenues moins invasives grâce à de nouvelles connaissances en anatomie et grâce à la chirurgie robotique. » On peut aussi, dans certains cas, avoir recours à la radiothérapie ou encore – plus rarement – à une surveillance active, ce qui implique un contrôle régulier du PSA (Antigène Spécifique de la Prostate) par prise de sang ainsi qu’une biopsie prostatique en anesthésie locale tous les ans. Relativement fréquent, le cancer de la prostate touche un homme sur trois, dont une proportion élevée est âgée de 50 à 69 ans. « Cela représente entre 300 et 400 nouveaux cas par an à Genève (5700 en Suisse), dont les deux tiers souffrent de tumeurs localisées pouvant être guéries », souligne le Dr Frank Mayer. Détectée suffisamment tôt, la prise en charge de cette maladie permet d’obtenir de meilleurs résultats. D’où l’intérêt du dépistage. « Même si cet examen est remis en cause par certains, nous le proposons aux patients, surtout lorsqu’ils présentent un facteur de risque », confie le Dr Franz Schmidlin. Le dépistage est d’ailleurs conseillé par les En cas de maladie avérée, le meilleur traitement est discuté, aux Grangettes, lors d’un « tumor board », une réunion médicale qui réunit des spécialistes de différents domaines touchant à l’oncologie. Car l’objectif n’est pas d’opérer tout le monde. Tout dépend de l’âge de la personne, de la localisation de sa maladie, du fait qu’elle puisse vivre avec un cancer ou non. Dans certains cas, un suivi clinique avec une simple surveillance ( toucher rectal, PSA, contrôle radiologique ) peut en effet être suggéré aux patients. Cela étant, la chirurgie a beaucoup évolué ces dernières années. « Grâce à la chirurgie robotique ( robot Da Vinci ), on travaille de manière beaucoup moins invasive, plus précise, avec une meilleure récupération sur le plan sexuel », assure le Dr Frank Mayer. Par ailleurs, la chirurgie robotique – qui est une technologie récente – va continuer à se développer et sans doute permettre de réduire davantage encore les effets secondaires inhérents aux opérations pour des cancers précoces. « A plus ou moins moyen terme, on espère pouvoir intervenir avec un traitement local. On pourrait ainsi ne retirer que la zone malade et non la totalité de la prostate », explique le Dr Franz Schmidlin. Une évolution qui contribuerait également à mettre un terme aux polémiques sur l’opportunité du dépistage précoce. 9 Autres activités en urologie L’ urologie oncologique ne concerne pas seulement le cancer de la prostate. Elle traite également les tumeurs des reins, de la vessie et des testicules. chirurgie robotique permet d’effectuer ces traitements avec une grande précision de manière peu invasive et sans cicatrice mutilante. paroi musculaire de la vessie. Dans ce cas, la vessie doit être enlevée et remplacée par une vessie orthotopique ( vessie de remplacement ). Cancer du rein. Relativement peu fréquent, ce cancer frappe une personne sur 10 000. Il se soigne bien si la maladie est dans un stade précoce et qu’elle n’a pas atteint d’autres organes. Le traitement principal consiste à retirer la tumeur tout en conservant le rein. Dans ce cas, le pronostic est excellent avec un taux de survie de 90% à 10 ans. La Cancer de la vessie. Alors qu’il était plutôt masculin, ce cancer touche de plus en plus de femmes, en raison de l’augmentation du tabagisme chez ces dernières. Ses symptômes sont généralement clairs : sang dans les urines. Si la tumeur est en superficie, on la retire simplement. La situation est tout autre face à un cancer invasif qui infiltre la Cancer des testicules. Il frappe surtout des jeunes gens de 25 - 35 ans ou des quinquagénaires. « C’est une maladie qui se guérit très bien, même si elle est avancée », assure le Dr Schmidlin. Un bon pronostic qui est dû à la chimiothérapie. Avant que cette dernière ne soit utilisée pour ce cancer, le taux de mortalité était beaucoup plus élevé. La radiothérapie affûte ses armes De nouvelles machines high-tech ont considérablement amélioré la prise en charge par la radiothérapie. Elles permettent de mieux cibler les tumeurs, tout en limitant les effets secondaires. L a radiothérapie a beaucoup évolué ces dernières années. Elle permet aujourd’hui de traiter avec une grande précision les tumeurs cancéreuses, tout en préservant de mieux en mieux les tissus sains. Au cœur de cette évolution, le RapidArc, une machine hightech dont est équipé l’Institut de radiothérapie de la Clinique des Grangettes. Un appareil qui a également réduit le temps d’exposition et la toxicité des traitements. Toutefois, aussi performante soit-elle, la radiothérapie – ou radio-oncologie – n’est pas une technique à part contre le cancer. «Elle s’inscrit dans l’arsenal thérapeutique dont on dispose pour lutter contre les tumeurs malignes, avec la chirurgie et la chimiothérapie », souligne le Dr Dominique Schneider, responsable du Centre de radiothérapie de la Clinique. Autrement dit, avant d’opter pour un traitement ou pour un autre, le cas de chaque patient est discuté lors d’une consultation pluridisciplinaire qui réunit plusieurs spécialistes – chirurgien, oncologue médical, pathologiste, radiologue, radio-oncologue – afin de définir la meilleure prise en charge. « Souvent, on utilise les différentes thérapies en parallèle », précise le Dr Schneider. Si la radiothérapie est particulièrement efficace pour prévenir la récidive ou lutter contre les métastases, elle peut également fonc- Le Dr Schneider, spécialiste FMH en radiothérapie. tionner comme thérapie exclusive pour des cancers tels que celui du poumon ou de la prostate avec d’excellents résultats quand ils sont à leur stade initial. De fait, le RapidArc a amélioré la prise en charge de la radio-oncologie, tant du côté du traitement que de celui de la précision ; cette machine high-tech, qui ressemble à un énorme arc de cercle – d’où son nom – tourne à une vitesse variable autour du 10 dossier cancer patient allongé et permet ainsi de moduler le débit d’irradiation. « Autrement dit, vulgarise le Dr Schneider, on délivre une dose maximale à l’endroit où se situe la maladie et minimale tout autour. » La collaboration du patient est impérative Un des gros avantages de cette technologie est d’augmenter la protection des tissus sains et de réduire ainsi les effets secondaires, tels que, par exemple, dossier cancer sécheresse de la bouche due à un traitement pour un cancer de la bouche, rougeurs ou encore diarrhées consécutives à un traitement du cancer de la prostate ou gynécologique. Cet appareil permet, par ailleurs, de diminuer le temps de traitement – il est près de trois fois moins long qu’avec les techniques plus anciennes – et améliore ainsi le confort du patient. En revanche, la planification de la thérapie en amont est complexe. Elle nécessite, une fois que le médecin a déterminé son plan d’action, de longs calculs sur ordinateur pour programmer la direction et l’intensité des rayons. Un travail effectué par un physicien sur la base d’images prises préalablement au scanner. Pour vérifier l’exactitude de ces calculs, des essais sont menés sur un patient fantôme. « On contrôle tous les plans d’irradiation pour être certain que ce que l’on demande à la machine est techniquement réalisable », explique le physicien. « Un modèle reste un modèle, et il faut que l’on soit absolument certain d’agir au bon endroit. Mais en général, ajouteil, il y a une grande cohérence entre nos calculs et la réalité.» Conséquence de cette précision, le patient doit être ultra-collaborant, totalement immobile durant la séance ou encore remplir sa vessie quand on le lui demande. « Avec cette nouvelle technologie, on est tellement précis que les marges sont réduites à leur minimum », souligne le Dr Schneider. Par conséquent, en cas de doute sur les possibilités du patient à répondre à ces exigences, on préfère avoir recours aux anciennes techniques. « Mais, assure le médecin, ce n’est pas parce que c’est ancien que ce n’est plus efficace ! Parfois, cela répond mieux à ce dont a besoin le patient. » Autre impératif pour garantir des traitements de haute qualité : le médecin doit pouvoir compter sur des collaborateurs qualifiés et motivés, physiciens, techniciens en radiologie et infirmières. Sans oublier de suivre les derniers développements cités dans la littérature médicale. Le cancer suivi à la trace La Médecine nucléaire permet de détecter et localiser des tumeurs encore invisibles en radiologie. Une technique très utile dans le diagnostic de la maladie et le suivi de son évolution, notamment l’efficacité de la thérapie. «L a Médecine nucléaire est en train de transformer la vie des oncologues », constate le Dr Charles Steiner, médecin responsable de l’Institut de Médecine nucléaire de la Clinique des Grangettes et médecin associé aux HUG. En effet, cette technologie d’imagerie permet de détecter certaines tumeurs à un stade initial et/ou une dissémination des cellules tumorales (par exemple dans les ganglions lymphatiques) avant qu’elles ne provoquent une déformation de leur architecture normale susceptible d’être décelée par un examen radiologique conventionnel. Les examens de SPECT/CT permettent d’observer la vie des cellules par le biais d’images de scintigraphie. 11 Concrètement, la Médecine nucléaire est une technique d’imagerie dite fonctionnelle ou moléculaire. Autrement dit, elle permet de visualiser les fonctions cellulaires – c’est-à-dire la vie des cellules – par le biais de sondes biochimiques : les radio-pharmaceutiques. Explication : «Nous injectons dans CT : imagerie anatomique (Cou) PET : imagerie moléculaire L’image de fusion PET/CT (à droite) localise avec précision sur l’image morphologique CT (à gauche) l’origine de la captation sur l’image moléculaire PET (au centre) et révèle ainsi l’extension de la maladie. l’organisme du glucose marqué au fluor-18, par exemple. Ce dernier va se fixer dans les cellules cancéreuses et nous permettre ainsi non seulement de détecter la tumeur à un stade initial mais également de la localiser de manière précise », souligne le Dr Charles Steiner. En effet, l’une des caractéristiques des cellules cancéreuses est leur prolifération, qui nécessite une grande quantité d’énergie. Par conséquent, le produit à base de glucose (substance énergétique) va se fixer de manière concentrée dans ces cellules, et, ainsi, signaler une activité anormale. Après un délai variable, la mise en image est effectuée à l’aide d’une caméra spéciale qui permet de localiser ces cellules dans le corps humain, image que l’on nomme scintigraphie, plane ou tomographique ( SPECT et PET ). Quant aux doses radioactives injectées, elles sont du même ordre de grandeur que la radiologie conventionnelle et sont justifiées, limitées et opti- misées afin de ne pas présenter de risque accru pour la santé. Connaître la vie de la tumeur Alors que la radiologie montre l’anatomie de la tumeur « masse » ( volume et relation avec les organes voisins ), la Médecine nucléaire révèle son activité cellulaire. Ce qui est d’un grand intérêt, puisqu’une masse peut être un processus inactif ( cicatrice ) ou au contraire actif ( par exemple tumeur ). Exemple : « Avec le scanner ( CT ) on peut détecter et localiser avec précision une masse dans un poumon, qui n’est pas forcément cancéreuse. Avec la technologie PET, en revanche, on révèle son activité cellulaire accrue (autrement dit, qu’elle fixe par exemple le glucose), ce qui augmente considérablement le degré de probabilité de cancer », souligne le médecin. PET/CT Est-ce à dire que la radiologie devient superflue dans le domaine de l’oncologie ? « Pas du tout, ce sont des outils complémentaires, assure le Dr Charles Steiner. Grâce à l’évolution technologique, les deux techniques sont d’ailleurs de plus en plus souvent combinées ( SPECT/CT et PET/CT ), ce qui donne une vision très précise de la situation.» met de voir rapidement si une chimiothérapie fait de l’effet ou non. Il faut un certain temps avant qu’une tumeur change de caractéristiques anatomiques, par exemple de volume, alors qu’en regardant son métabolisme on aura plus rapidement la réponse.» Elle est aussi de plus en plus utilisée dans la planification d’un traitement de radiothérapie. Ces informations permettent notamment de déterminer le stade de la maladie. « On peut diagnostiquer rapidement, et en un seul examen, la présence de cellules tumorales dans l’ensemble du corps. Cela a une influence directe sur le traitement, dont la décision est prise dans le cadre d’un colloque multidisciplinaire d’oncologie regroupant différents spécialistes en oncologie, hématologie, radiologie, médecine nucléaire, radiothérapie et pathologie. » La Médecine nucléaire est connue également sur le plan thérapeutique. Certains radio-pharmaceutiques à haute dose radioactive ont la faculté de détruire les cellules cancéreuses dans lesquelles ils s’incorporent. L’exemple le plus connu est le traitement du cancer de la thyroïde à l’iode radioactif. La Médecine nucléaire est également mise à profit dans de nouveaux traitements utilisant des anticorps radioactifs. «Cela permet d’avoir des traitements dont l’avantage certain est que l’on peut vérifier leur localisation sélective dans la tumeur par l’imagerie.» Une nouvelle grande avancée en vue. La Médecine nucléaire joue par ailleurs un rôle fondamental dans le suivi du traitement. « Elle per- 12 dossier cancer URGENCES La radiologie au service du dépistage du cancer du côlon Une journée aux Urgences : « la course pour la vie » Lorsqu’ils sont mobilisés, plus rien d’autre ne compte que le patient. Dans le Centre de consultation d’urgences des Grangettes, médecins et infirmiers s’activent au chevet du patient, sauvant parfois des vies. Plongée au cœur d’un univers palpitant. L e lundi est généralement une journée chargée au Centre de consultation d’urgences adulte des Grangettes. « Les gens restent tranquilles le dimanche. Même s’ils ne se sentent pas bien, ils attendent souvent le lundi pour aller consulter, après avoir constaté qu’ils ne pouvaient pas travailler », confie Laetitia. Cette jeune infirmière est dévolue ce jour-là au tri des patients. Un rôleclé dans un service d’urgences. Une nouvelle méthode existe pour détecter le cancer du côlon : la coloscopie virtuelle. Un complément fort utile à la coloscopie traditionnelle. M al connu du grand public, le cancer du côlon touche pourtant 4000 nouvelles personnes chaque année en Suisse. Il s’agit du troisième type de cancer le plus fréquent dans le monde. La prévention de cette maladie revêt donc un véritable enjeu de santé publique. D’autant que, détecté à un stade précoce, ce cancer a 90% de chances d’être totalement guéri. logue. Elle consiste à réaliser des images du côlon au moyen d’un scanner – appelé CT scan – et d’un logiciel informatique. Afin de pouvoir reconstruire le côlon en trois dimensions, on le distend en y insufflant du gaz carbonique. Le gaz se résorbe ultérieurement physiologiquement : la procédure est donc indolore et très bien tolérée. D’autre part, le scanner est utilisé à bas kilo-voltage. « L’irradiation est 5 à 6 fois moins importante que lors d’un scanner normal », indique le Dr Coppercini. A l’heure actuelle, la coloscopie est l’examen de référence pour détecter le cancer du côlon. Cette technique consiste à introduire par l’anus un endoscope ( sonde ) muni d’une caméra afin d’explorer l’intestin. En plus de donner des résultats extrêmement précis et fiables, cette méthode permet de prélever des fragments de muqueuse pour analyse et même d’enlever les tumeurs (polypes). Toutefois, dans certains cas, l’examen peut se révéler incomplet. Le côlon peut être trop étroit, trop long, rétréci, empêchant le passage de l’endoscope dans l’entier de l’intestin. C’est là qu’intervient la coloscopie virtuelle ( également appelée colono CT ). Enfin, l’équipe des Grangettes procède à l’examen sans d’emblée injecter du produit de contraste intraveineux. « Certains radiologues le préconisent, mais nous le jugeons inutile. Nous évitons ainsi les complications d’ordre allergique, cardiaque et rénal », explique le Dr Coppercini. La technique a été importée de l’Université de Pise, en Italie, à la Clinique des Grangettes, par le Dr Michele Coppercini, radio- La coloscopie virtuelle peut aussi se révéler utile dans les cas où le patient refuse de procéder à une coloscopie traditionnelle Deux techniques complémentaires 13 C’est elle qui, grâce à un premier entretien, doit déterminer si le nouvel arrivant nécessite des soins vitaux ou s’il peut patienter afin de laisser la place aux cas plus urgents ( voir encadré page14). Il est 10 heures. Un homme se présente à la réception, tordu de douleur. Stressé, confus, il explique qu’il souffre de douleurs lancinantes au niveau du bas-ventre. Il faut faire vite : l’homme est immédiatement installé dans un des box de consultation. Marine, une aidesoignante, appelle le Dr Slim Slama à la rescousse. Le médecin, qui était en train d’assister à un scanner, s’interrompt pour se rendre auprès du nouveau patient. Le malade, paniqué, peine à expliquer ce qui lui arrive. Mais le Dr Slama comprend rapidement de quoi il s’agit: « Il a été récemment opéré pour des calculs rénaux. C’est probablement une nouvelle crise », confie-t-il. Il commande une série Le Dr Coppercini, spécialiste d’examens de coloscopie virtuelle. par peur de l’endoscopie. « Mais, dans ce cas, il faut bien avertir le patient des restrictions de cette méthode », souligne le Dr Dominique Burgener, gastro-entérologue à la Clinique des Grangettes. La coloscopie virtuelle est certes moins invasive que la technique optique, mais elle présente aussi quelques limites. La principale est que si un polype est décelé, elle ne permet pas d’effectuer de prélèvement, ni d’enlever la tumeur. « Si le diagnostic est positif, il faudra donc tout de même procéder à une coloscopie traditionnelle », indique le Dr Burgener. Par ailleurs, il existe des contre-indications au côlono CT, notamment en cas de diarrhées, ou de maladie inflammatoire chronique de l’intestin. En cas de risque familial élevé (antécédent de cancer du côlon dans la famille), la coloscopie optique reste l’examen de choix. « Personnellement, je préfère que le patient ait vu un gastro-entérologue au préalable pour éviter tout problème », confie le Dr Coppercini. Enfin, les deux examens nécessitent une prise de liquide de lavage intestinal le jour précédant le contrôle, afin de nettoyer le côlon. « C’est l’un des aspects les plus désagréables de la coloscopie, et la technique virtuelle ne permet pas d’y échapper », ajoute le Dr Coppercini. « La coloscopie virtuelle est une aide indéniable dans certains cas difficiles ou pour le dépistage sans risque familial, mais elle ne remplace pas la coloscopie optique, qui reste l’examen de choix pour le dépistage du cancer du côlon », conclut le Dr Burgener. Un patient victime d’un accident de chantier pris en charge au Centre d’urgence pour adultes. d’examens et contacte le chirurgien qui avait retiré les précédents calculs. Plus tard dans la journée, le diagnostic sera confirmé. L’homme sera opéré le soir même. Le calme avant la tempête De retour au service de radiologie, le Dr Slama prend des nouvelles de sa patiente qui passait un scanner. Il la retrouve tout sourire dans les couloirs. « Ce n’est rien, je vais bien », entonnet-elle. « Elle souffre de maux de tête inhabituels depuis qu’elle est tombée sur la glace. Je voulais être sûr qu’elle n’avait pas d’hématome », explique le médecin. Pendant ce temps à l’accueil, Laetitia poursuit le tri des nouveaux patients. « Beaucoup de rhumes et de maux de gorge ce matin », constate-t-elle. « Mais on ne peut pas encore dire que c’est une journée calme. Aux urgences, tout peut arriver à n’importe quel moment. » Une femme se présente avec de la fièvre et des maux de gorge. Après avoir pris sa température et sa tension, l’infirmière la renvoie en salle d’attente. « Son cas n’est pas prioritaire, elle a probablement une angine », explique Laetitia. Le patient suivant souffre 14 URGENCES PéDIATRIE Attendre le moins possible Q ui n’a jamais pesté contre un service d’urgences pour avoir attendu une, deux ou trois heures avant d’être pris en charge ? « Ce sont des urgences », vous dites-vous, comment se fait-il qu’on ne soit pas soigné immédiatement ? Aux Grangettes comme ailleurs, réduire le temps d’attente des patients est une préoccupation majeure. « C’est un véritable casse-tête », souligne le chef du Service, le Dr Christophe Huehn. Car la particularité d’un service d’urgences, de douleurs au thorax depuis qu’il est tombé en raison de la neige il y a une dizaine de jours. Après s’être assurée qu’il ne présente pas de signes de gravité, Laetitia le dirige vers le service de radiologie. « Ainsi on va gagner du temps car le médecin l’auscultera directement avec la radiographie. » Un nouveau patient se présente. Il explique qu’il a un rendez-vous pour changer le pansement de son doigt. C’est l’infirmière-chef, Fabienne, ainsi que le Dr Hervé Spechbach, qui le reçoivent dans la salle de traitement. Un cinquième box est dévolu au suivi des patients ayant déjà reçu des premiers soins aux urgences. « Il ne s’agit pas de se substituer aux généralistes », souligne Fabienne. « Nous demandons toujours à la personne si elle a un médecin traitant. Mais les généralistes manquent parfois de matériel, notamment pour soigner les plaies et nous leur rendons volontiers ce service le cas échéant. » Dans les couloirs, tout est calme. Les quatre box où sont reçus les patients sont fermés, un panneau rouge indiquant « occupé ». Les malades en salle d’attente sont plongés dans leurs pensées c’est que les gens viennent sans rendez-vous. Il est donc impossible de prévoir à l’avance combien de patients se présenteront, et quel sera le degré de gravité de leurs maux. « Si plusieurs cas lourds arrivent en même temps, nous ne pouvons pas décupler nos salles ni notre personnel : à un moment donné il y a saturation et donc forcément attente », explique le Dr Huehn. Le défi pour un service d’urgences consiste à être à même de déceler les cas nécessitant des ou dans un magazine. La secrétaire-réceptionniste trie des dossiers. Murielle, aide-soignante, tient un rôle essentiel dans le service : en plus d’assurer le confort et l’hygiène des patients, elle est préposée au contrôle du matériel médical. Bouteilles d’oxygène, seringues, pansements, médicaments : tout doit être propre, opérationnel et disponible en quantité suffisante dans les quatre box. « Un travail de l’ombre, mais sans lequel on ne pourrait pas fonctionner », souligne le médecinchef du Service, le Dr Christophe Huehn. soins immédiats et vitaux et d’être toujours à même de les prendre en charge. Aux Grangettes, un système de tri effectué à l’accueil par une infirmière permet de repérer ces cas. Grâce à une série de questions ciblées, les patients sont classés par priorité, les plus valides laissant la place aux plus mal en point. Une étude récente menée au sein du Service des urgences des Grangettes a mis en évidence que 60% des patients y attendaient moins d’une heure et 0,4% attendaient plus de 4 heures. « Ces résultats sont satisfaisants », analyse le Dr Huehn. D’ailleurs, la clinique a obtenu, en mai 2010, la certi- rien. Le produit a provoqué une irritation, mais ce n’est pas dangereux », rassure-t-il. L’homme est emmené dans un box, où Murielle tentera de lui remonter le moral tout en procédant à un nettoyage minutieux de ses yeux. La nuit tombe sur les Grangettes. La salle d’attente est toujours pleine, mais les patients arrivent de moins en moins nombreux. Laetitia peut respirer. La journée a été fication ISO 9001 pour la qualité de son management. « Mais c’est encore trop long pour les personnes qui attendent », tempère le médecin. C’est pourquoi le service teste depuis le mois de décembre un nouveau système. Son principe consiste à offrir rapidement, dans une salle annexe, des soins aux patients nécessitant une prise en charge très courte. « Le but est d’éviter que ces personnes attendent une heure ou deux pour passer quelques minutes face au médecin », explique le Dr Huehn. Cette méthode devrait permettre de réduire encore le temps d’attente global dans le service. longue pour l’infirmière. Arrivée dix heures plus tôt, elle a à peine eu le temps de manger à midi. Une assiette prise au coin d’une table, entre deux enregistrements de patients. « Heureusement, ce métier m’apporte beaucoup, confie la jeune femme. J’aime le contact avec les patients. Il est court, mais très intense. Et aux urgences, jamais aucun jour ne se ressemble. » Montée d’adrénaline Brusquement, trois hommes surgissent à l’accueil. L’un se tient le visage dans les mains en gémissant. Ses accompagnateurs semblent aussi paniqués que lui. Le Dr Slama, présent à la réception à ce moment-là, s’approche du groupe. «C’est une catastrophe. J’ai utilisé le mauvais liquide pour mettre mes lentilles. J’ai mal, je ne vois plus rien », balbutie l’homme tout en se frottant frénétiquement les yeux. Le médecin ausculte rapidement les yeux du malheureux. « Ce n’est L’hyperactivité : du diagnostic au traitement en neuropédiatrie Identifier rapidement l’hyperactivité chez l’enfant est essentiel pour éviter de graves conséquences. V otre enfant cumule les mauvais résultats à l’école. Ses enseignants se plaignent de son comportement. Ils le disent agité, distrait, incapable de rester tranquille en classe. A la maison, c’est la catastrophe : il se dispute sans cesse avec ses frères et sœurs, n’obéit pas, est un véritable casse-cou, et les devoirs sont un cauchemar. Et si votre enfant était hyperactif ? En Europe, entre 5 et 7% des enfants souffrent du Trouble Déficit d’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) – communément appelé hyperactivité. « Cela représente un enfant par classe », souligne le Dr Caroline Menache Starobinski, neuropédiatre à la Clinique des Grangettes. « Il s’agit d’un trouble d’origine neurobiologique pour lequel il existe des critères diagnostiques précis et dont l’existence est aujourd’hui bien reconnue », précise le médecin. Normal ou pathologique ? Arrivée en ambulance, la fillette est immédiatement prise en charge et rassurée par un médecin. 15 Les symptômes du TDAH se caractérisent par des difficultés à se concentrer, de l’agitation et une difficulté à contrôler ses comportements ( impulsivité ). Selon les individus, l’un de ces trois éléments peut être plus ou moins marqué. Turbulent, désorganisé, incapable d’écouter et de rester tranquille, l’enfant souffrant de TDAH finit donc le plus souvent par avoir des difficultés scolaires. « Il oublie constamment ses affaires, est dis- Le Dr Menache Starobinski, neuropédiatre, en consultation. trait par n’importe quel bruit, se lève alors que les autres enfants restent assis, coupe la parole à ses professeurs », explique le Dr Menache Starobinski. A la maison, la situation peut rapidement dégénérer ; dépassés, les parents s’épuisent, réprimandent sans cesse l’enfant, qui finit par perdre confiance en lui. Non reconnu, et donc non traité, le TDAH peut ainsi avoir de graves conséquences : échec scolaire, faible estime de soi, dépression et conflits intra-familiaux. Dépister rapidement le TDAH revêt donc une importance particulière. Le diagnostic doit être posé par un médecin ayant suivi une formation spécialisée dans le domaine du TDAH. Il peut s’agir d’un pédiatre, d’un pédopsychiatre ou d’un neuropédiatre. A la Clinique des Grangettes, le Dr Menache Starobinski reçoit de nombreux parents suspectant une hyperactivité chez leur enfant. Bien qu’il soit aujourd’hui clairement identifié, le TDAH n’est pas toujours aisé à diagnostiquer. D’une part, parce que ses symptômes ressemblent au comportement d’enfants « normaux ». Quel enfant n’est jamais turbulent, agité, distrait ? « On considère qu’il 16 PéDIATRIE y a pathologie lorsque les comportements sont excessifs par rapport à l’âge de l’enfant et que la qualité de vie de l’enfant en est fortement entravée », explique le Dr Menache Starobinski. Ecarter d’autres explications De plus, il n’existe pas d’examen spécifique permettant d’identifier formellement le TDAH. Le spécialiste doit donc se baser sur les informations qu’il collecte sur l’enfant, son histoire et son environnement. Cette étape, cruciale, se fait au travers de discussions avec les parents, puis avec l’enfant. « L’objectif essentiel est de déterminer si les symptômes de l’enfant sont bel et bien dus au TDAH ou s’ils peuvent s’expliquer autrement », explique le Dr Menache Starobinski. L’agitation, l’agressivité, les difficultés scolaires peuvent en effet cacher d’autres problèmes. « Parfois, le diagnostic de TDAH s’impose comme une évidence », analyse le Dr Menache Starobinski. Mais dans certaines situations, des investigations plus approfondies sont nécessaires et peuvent nécessiter l’intervention d’autres professionnels. « La pluridisciplinarité est GYNÉCOLOGIE Les enfants à haut potentiel intellectuel, communément appelés surdoués, ou au contraire les enfants limités intellectuellement peuvent notamment exprimer des comportements similaires à ceux d’un enfant hyperactif. Soit parce qu’ils s’ennuient à suivre des cours trop faciles pour eux, soit parce qu’ils sont dépassés par la difficulté des enseignements. Si une telle explication est envisageable, le neuropsychologue est appelé à intervenir. Celui-ci dispose en effet de tests qui per- Un enfant traité peut retrouver une véritable harmonie N europédiatre et pédopsychiatre travaillent souvent de concert pour diagnostiquer et traiter le TDAH. Ainsi, le Dr Menache Starobinski de la Clinique des Grangettes et le Dr Candy Aubry, pédopsychiatre et psychanalyste installée en ville de Genève, font régulièrement appel l’une à l’autre. Le Dr Candy Aubry nous livre sa position sur trois questions-clés liées au TDAH. Le gynécologue toujours présent essentielle dans l’approche de ce trouble », souligne le médecin. Après avoir observé le comportement de l’enfant, le neuropédiatre peut par exemple suspecter un trouble spécifique de l’apprentissage, comme la dyslexie ou la dyscalculie. Dans ces cas, il va faire appel à un logopédiste, afin d’écarter ou confirmer cette hypothèse. Il arrive également que l’origine des symptômes de l’enfant soit d’ordre psychologique. « L’agitation peut par exemple être l’expression d’une anxiété importante, d’une dépression ou être due à des problèmes familiaux et environnementaux », explique le Dr Candy Aubry, pédopsychiatre genevoise avec qui le Dr Menache Starobinski collabore régulièrement ( lire encadré ). On a souvent incriminé les parents d’enfants hyperactifs en attribuant la cause de ce trouble à une mauvaise éducation. Quel est votre point de vue sur la question ? Ce qui est sûr, c’est que les parents ne sont pas la cause de ce trouble. En revanche, leur attitude peut contribuer à aggraver le problème. Les symptômes d’un enfant souffrant d’un TDAH ne 17 Si, en France, une partie importante de la gynécologie est menacée de disparition, en Suisse, on n’en est pas là. Au contraire, le suivi des patientes par le spécialiste reste prioritaire. L’hyperactivité selon Pecub. mettent de déterminer le niveau intellectuel de l’enfant et sa capacité de concentration. Comment traiter le TDAH ? « Tous ces bilans ne sont pas nécessaires dans chaque situation », note le Dr Menache Starobinski. « Si les symptômes de l’enfant sont typiques, les entretiens suffisent à poser le diagnostic, grâce aux critères dont la validité est reconnue. » « Une fois le diagnostic posé, les parents et l’environnement sco- sont certes pas faciles à gérer pour l’entourage. Mais trop de réprimandes et de punitions ne feront que renforcer le comportement négatif de l’enfant et contribueront à diminuer son auto-estime. Il est important de bien encadrer un enfant souffrant d’un TDAH en lui mettant des limites claires, mais il est aussi très important de le soutenir et de le féliciter lorsqu’il fait des efforts. Justement, peut-on avoir une vie normale avec un enfant souffrant de TDAH ? Oui. Un enfant traité peut retrouver une véritable harmonie dans sa vie et avec sa famille. Mais laire peuvent adapter leur attitude », relève le Dr Menache Starobinski. « Cela constitue la première démarche thérapeutique. » Lorsque d’autres pathologies sont associées, une prise en charge spécifique est proposée, comme la logopédie ou la psychothérapie. « Si un traitement médicamenteux est recommandé, celui-ci est discuté en détail avec les parents, et un suivi régulier est instauré », ajoute le médecin. « La pluridisciplinarité est également primordiale dans la prise en charge thérapeutique », souligne la neuropédiatre. Une fondation pour promouvoir la collaboration entre les différents spécialistes vient d’ailleurs d’être créée à Genève. cela nécessite une bonne prise en charge. Il faut non seulement traiter l’enfant, en alliant médicaments, soutien psychologique et appui scolaire, mais il faut aussi aider les parents avec des stratégies leur permettant de mieux gérer les situations difficiles. En tant que parent, quand fautil s’inquiéter et aller consulter un spécialiste ? Dès que l’on se pose la question ! Du moment que l’on commence à ressentir que quelque chose ne va pas, que l’enfant souffre ou que les relations avec son entourage sont trop difficiles, c’est qu’il y a peut-être un problème. Développer une relation de confiance avec la patiente, une priorité pour le Dr Philippe Heymans. C ontraception, grossesse, ménopause, lors de ces moments-clés de la vie d’une femme, un interlocuteur important s’impose : le gynécologue. Et il ne se contente pas de traiter des problèmes gynécologiques. S’appuyant sur divers examens, il est également au centre de la prévention et du dépistage. Autant dire, indispensable ! Pourtant, en France, le gynécologue médical est menacé de disparition ( voir encadré ). Les autorités estiment, en effet, que ce spécialiste peut être remplacé, tantôt par des généralistes, tantôt par des sages-femmes. Qu’en est-il en Suisse ? Pourraiton suivre la même voie ? Petit tour d’horizon avec deux praticiens : le Dr Lancelot Voute, président du groupement des gynécologues genevois, et le Dr Philippe Heymans qui vient de s’installer à la Clinique des Grangettes. « Jusqu’à présent, la situation était très dif- férente entre les deux pays : en Suisse, la distinction entre gynécologie médicale et gynécologie-obstétrique n’existait pas, contrairement à la situation en France, explique le Dr Lancelot Voute. Tout le monde faisait les deux. Du moins en théorie. Car, en pratique, sur environ 90 gynécologues installés à Genève, seule une quarantaine opère et pratique l’obstétrique. » Une polyvalence qui, toutefois, pourrait disparaître puisque désormais les médecins en cours de spécialisation doivent, eux aussi, choisir entre une voie médicale et une autre chirurgicale. « Avec la spécialisation de plus en plus importante vers laquelle tend la pratique médicale, et la complexité qui l’accompagne, on ne va plus être à même de tout pouvoir faire seul, constate le Dr Philippe Heymans. On n’y sera du reste plus autorisé. Une orientation vers des pôles d’excellence a débuté, ceci dans des domaines de com- 18 GYNÉCOLOGIE GYNÉCOLOGIE gagne rien à supprimer un prescripteur avisé, bien au contraire ! » De plus, le Dr Lancelot Voute, en tant que président des gynécologues genevois, souhaiterait développer des cours de sénologie afin d’augmenter l’efficacité du dépistage lors des contrôles gynécologiques annuels. « L’objectif ne serait pas de nous transformer tous en spécialistes du cancer du sein, mais d’avoir suffisamment de connaissances pour être capables de dépister des tumeurs à l’aide de l’échographie. D’autant que nous avons tous un tel appareil. Cela pourrait permettre de découvrir des tumeurs trop petites pour être palpées manuellement. » Deux des gynécologues installés sur le site de la Clinique, le Drs Sandrine Jacob et Jacques Gast, qui ont leurs cabinets dans la maison habitée autrefois par le célèbre écrivain Robert Musil. La situation en France E n France, c’est l’émoi ! Les gynécologues médicaux – qui suivent les femmes tout au long de leur vie – sont menacés de disparition en raison de problèmes de formation. Alors qu’ils étaient 2100 pour 30 millions de femmes en 2008, ils n’étaient plus que 1000 en 2010. Et le déclin se poursuit. Selon le comité de défense de la gynécologie médicale, ils ne seront plus que 600 en 2015 et 180 en 2020 ! pétence en somme très distincts comme la médecine fœtale, l’oncologie gynécologique, la chirurgie du prolapsus et de l’incontinence urinaire ou encore la prise en charge de l’infertilité. Cependant, si 5 à 10% des gynécologues vont effectivement se sous-spécialiser, la majorité revendique la variété de la discipline et exerce une gynécologie générale. » La crise débute en 1984. Alors que la France formait deux types des gynécologues en milieu hospitalier, les médicaux et les obstétriciens, les autorités décident, au milieu des années 80, de supprimer les premiers du cursus universitaire. Pour éviter que la profession ne disparaisse, des professionnels de terrain assurent alors la formation de leurs successeurs. De fausses économies En 2003, suite à la mobilisation des praticiens, mais surtout de 1,6 million de femmes, qui ont signé une pétition réclamant la restauration de la gynécologie médicale comme spécialité, un nouveau diplôme est créé. Toutefois, ça ne suffit pas. Le nombre de diplômés chaque année reste largement insuffisant. Par ailleurs, les gynécologues médicaux accusent le gouvernement français de vouloir confier le suivi gynécologique aux généralistes et aux sages-femmes. D’où le lancement d’une nouvelle pétition. Quant aux femmes, elles sont fidèles à leur gynécologue. « On suit des patientes en bonne santé. Si elles ne vont voir qu’un médecin dans l’année, c’est leur gynécologue, souligne le Dr Philippe Heymans. Par conséquent, en collaboration étroite avec les autres disciplines médicales, nous occupons également une place toute privilégiée dans le domaine de la prévention, du dépistage et de la sensibilisation, par exemple à la vaccination.» Mais un généraliste ne pourraitil pas se charger tout aussi bien de ces contrôles annuels, frottis vaginal compris ? «S’il n’y avait plus de gynécologues, le vide serait réel, estime le Dr Heymans. Nous avons été formés pour effectuer un certain nombre d’actes médicaux, qu’ils soient diagnostiques ou thérapeutiques. Ces démarches font appel à la compétence du gynécologue, à son expérience et, on l’espère, également au souci d’éviter un consumérisme médical coûteux et parfois inutile. Ceci est vrai par exemple pour le choix des examens complémentaires, qu’il s’agisse d’investiguer un fibrome utérin, un kyste ovarien ou encore de pratiquer le dépistage du cancer du sein. Côté coûts, on ne Si la médecine évolue, les patientes aussi. «Elles sont beaucoup plus informées qu’avant, notamment grâce à Internet. C’est un avantage et un inconvénient. Ainsi, il n’est pas rare d’avoir à faire face à une patiente aux exigences très définies, demandant tel ou tel examen même s’il n’est pas justifié. De plus, la majorité du temps, Internet inquiète plus qu’il ne rassure. L’avantage réside néanmoins dans le dialogue que suscite cette abondance d’informations dont ne savent plus quoi faire les patientes. Le médecin reste encore nécessaire ! » Cela étant, ni le Dr Voute, ni le Dr Heymans ne regrettent d’avoir fait le choix de cette profession, même si la gynécologie, et la médecine en général, suscitent de moins en moins de vocations : « A l’Hôpital, 40% des médecins sont étrangers, constate le Dr Voute. Cela s’explique par une pression constante sur les tarifs médicaux et la dévalorisation de notre statut. » Côté positif : « Une des richesses de la gynécologie, c’est de pouvoir approcher des domaines aussi variés que la médecine, la chirurgie ou encore l’obstétrique, souligne le Dr Heymans. On a également la chance de suivre des patientes de tous les âges, sur de nombreuses années, et de pouvoir ainsi développer une relation de confiance avec elles qui dépasse de loin notre rôle premier de thérapeute. Et c’est très enrichissant.» 19 D’un âge à l’autre L a contraception. « La vaste panoplie de produits contraceptifs à disposition fait peu à peu perdre du terrain à la pilule traditionnelle, remplacée tour à tour par l’anneau vaginal ( à ne changer qu’une fois par mois ), le patch ( chaque semaine ) ou encore les dispositifs implantables ( trois ans ). Le stérilet lui aussi, hormonal ou au cuivre, est proposé dans des indications beaucoup plus larges qu’autrefois, notamment en ce qui concerne la femme sans enfant. Quant à la pilule, les progrès récents ont permis par exemple l’arrivée d’un produit utilisant un œstrogène « naturel » et faiblement dosé, a priori mieux toléré et accompagné de moins d’effets indésirables. Une nouvelle « pilule du lendemain » sera également à disposition en Suisse prochainement ; elle offrira une contraception d’urgence couvrant jusqu’aux cinq jours qui suivent le rapport sexuel. Enfin, mentionnons aussi la farouche concurrence au niveau des produits génériques, concurrence dont l’avantage est d’entraîner une baisse des prix fort bienvenue dans un pays où la contraception n’est pas prise en charge par les caisses d’assurances, contrairement à l’avortement », souligne le Dr Philippe Heymans. hormonothérapie à la ménopause, ou les thérapies hormonales de substitution ( THS ). Controversées et accusées d’augmenter fortement les risques de cancer du sein, les THS ont été quelque peu réhabilitées. « On utilise aujourd’hui des hormones beaucoup plus naturelles qui donnent de L’ Ce parc peuplé d’arbres centenaires abrite plusieurs cabinets médicaux. bons résultats contre les effets secondaires dus à la ménopause ( bouffées de chaleur, dépression, troubles de l’humeur ), souligne le Dr Lancelot Voute. Mais cela reste un médicament. Par conséquent, il ne faut prescrire une THS qu’en cas de besoin. » incontinence urinaire. « Ce problème très fréquent, qui touche jusqu’à une femme sur deux après la ménopause, est souvent très handicapant. Il reste encore malheureusement très tabou. C’est le rôle du gynécologue de solliciter les femmes à ce sujet, estime le Dr Heymans. Ceci d’autant que les traitements médicaux et chirurgicaux existent et sont très efficaces, de moins en moins invasifs et de plus en plus ciblés ; ils changent littéralement la vie des femmes qui souffrent de ces pertes involontaires. » L’ 20 orthopedie OBéSITé OBESITé Vaincre l’obésité : une lutte sur plusieurs fronts La chirurgie est une méthode efficace pour aider les personnes souffrant d’obésité massive. A condition qu’un suivi diététique et psychologique soit assuré avant et après l’opération. N athalie, 38 ans, a perdu 50 kilos grâce au bypass. Sur un plateau télé, elle vient exhiber sa nouvelle silhouette devant un public ébahi. Assis devant votre poste de télévision, vous vous prenez à rêver : « et si un coup de bistouri vous faisait retrouver la ligne de vos 20 ans... » Le bypass a-t-il vraiment le pouvoir magique que le tout public lui attribue ? « La chirurgie est en effet actuellement la seule approche qui permette une perte de poids satisfaisante à long terme chez les personnes souffrant d’obésité sévère », reconnaît le Dr Gilles Chassot, chirurgien à la Clinique des Grangettes. « Chez ce type de patients, les régimes ont montré avec le temps qu’ils étaient inefficaces, voire contre-productifs. Les personnes reprennent quasi toujours le poids perdu et développent, à force de régimes, des troubles du comportement alimentaire. » La chirurgie, elle, montre des résultats beaucoup plus probants. En Suisse, la technique la plus utilisée – réservée aux patients souffrant d’obésité sévère ( lire encadré ) – est le bypass. Cette technique, que pratique le Dr Chassot, permet en moyenne une perte de 60% de l’excès pondéral, et est efficace chez plus de 80% des patients opérés. «Le des Mais sans bypass permet d’obtenir résultats spectaculaires. cette technique n’est rien la préparation effectuée par les diététiciens et psychologues», relève le Dr Chassot. Ce que les médias ne soulignent que rarement, en effet, c’est que le bypass conduit très souvent à l’échec si la personne n’a pas corrigé son comportement alimentaire, généralement perturbé, avant de se faire opérer. Le patient perdra bel et bien des kilos les premiers mois après l’opération, mais il les reprendra progressivement jusqu’à revenir, parfois, à son poids de départ, voire plus. « La personne qui n’a pas réglé ses troubles alimentaires reprendra peu à peu ses mauvaises habitudes. Avec un bypass, elle ne peut certes plus manger de grosses quantités à la fois, mais rien ne l’empêche de grignoter toute la journée », explique le médecin. Une équipe pour préparer le patient La prise en charge du patient obèse nécessite donc une approche pluridisciplinaire. A la Clinique des Grangettes, le Dr Chassot collabore ainsi avec deux spécialistes en médecine interne, une psychologue et une diététicienne. Tous ces professionnels travaillent ensemble pour accompagner le patient avant, pendant et après son opération. Le programme du patient est élaboré en fonction de ses besoins, définis lors d’un premier entretien avec le Dr Chassot. Si des troubles du comportement alimentaire sont diagnostiqués, la psychologue – Emilie de Lubersac – est mise à contribution. Cette spécialiste installée en Ville de Genève applique la méthode dite cognitivo-comportementale. Son principe consiste à identifier les situations, pensées ou événements qui poussent la personne à manger ( ennui, stress, colère, etc. ). Tout en travaillant sur ces différents aspects, la psychologue propose au patient différentes techniques permettant de mieux gérer ses pulsions. Un intervention par laparoscopie avec les Drs Chassot et Gold. La Clinique des Grangettes collabore également avec deux médecins spécialisés en éducation thérapeutique pour maladies chroniques. Leur rôle consiste 21 à apprendre au patient à vivre avec son obésité. « Opérée ou pas, la personne obèse reste à risque toute sa vie », explique le Dr Sophie Derivaz Mastrogiacomo. « Elle doit donc apprendre à mieux se connaître, à comprendre les causes et les conséquences de sa maladie pour en améliorer la gestion. » Grâce à un suivi personnalisé, le patient se construit lui-même un programme de changement. « Il ne s’agit pas de bouleverser la vie de la personne, mais d’instaurer, avec elle et en douceur, des petits changements, réalisables, comme par exemple démarrer une activité physique ou réduire la quantité de nourriture ingérée », souligne le Dr Derivaz. Suivi à vie Avant son opération, le patient rencontre également une diététicienne. Le bypass oblige en effet à changer sa manière de manger : pour que les aliments « passent », il faut beaucoup mâcher, manger lentement. Par ailleurs, durant un mois après l’opération, le patient ne peut consommer que des aliments mixés. Le rôle de la diététicienne est d’expliquer tous ces aspects au patient, de le conseiller pour qu’il mange équilibré malgré ces impératifs. La prise en charge du patient obèse ne s’arrête pas avec l’opération. Aux Grangettes, la diététicienne revoit le patient pendant douze mois après la réalisation du bypass. Si nécessaire, un suivi auprès de la psychologue peut aussi être envisagé. Par ailleurs, la perte de poids du patient et l’évolution de sa santé sont surveillées de près par le Dr Chassot. Ce suivi s’espace avec le temps, mais dure à vie à raison d’une fois par année. Le bypass entraînant une malabsorption, le médecin veillera notamment à ce que le patient ne souffre d’aucune carence. « Le bypass entraîne souvent une prise de vitamines à vie », souligne le Dr Chassot. « Cette opération nécessite donc un véritable engagement, qu’il convient de ne pas négliger. » Le Dr Gilles Chassot dans son cabinet. Le bypass, c’est quoi ? L e bypass gastrique combine deux éléments principaux : la restriction alimentaire et un léger effet de malabsorption. La première partie de l’intervention consiste à réduire le volume de l’estomac. Le chirurgien crée par agrafage une petite poche gastrique d’une capacité de 25 ml (contre 1,5 l pour un estomac normal). La capacité de l’estomac étant réduite, le patient se sent plus rapidement rassasié et diminue donc les quantités ingérées. La deuxième étape consiste à dévier le circuit des aliments, d’où le nom « bypass » (courtcircuit en anglais). La poche est reliée à la partie moyenne du petit intestin. La nourriture ne passe donc plus par l’estomac ni par la partie supérieure de l’intestin. Ce court-circuit crée un effet de malabsorption : les aliments sont moins bien assimilés, ce qui diminue le nombre de calories emmagasinées. La sécrétion de certaines hormones liées à la sensation de faim est également modifiée, entraînant une diminution de l’envie de manger, et donc une perte de poids. Ces changements hormonaux jouent par ailleurs un rôle majeur dans la guérison de certaines complications, notamment du diabète. A noter qu’en Suisse, ne se fait pas opérer qui veut. Pour être prise en charge par les assurances maladie, l’opération ne peut être effectuée que sur des personnes présentant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 35 et qui souffrent en parallèle d’une complication liée à leur surpoids; ou d’un IMC supérieur à 40 sans complication. 22 ORL NOUVEAU La surdité n’est plus une fatalité Grâce à de nouvelles techniques, dont les implants BAHA, les troubles de l’audition peuvent être corrigés. de surdité on souffre ? Il faut avoir été examiné par un spécialiste qui, par différents tests, pourra se prononcer. Et, en fonction du diagnostic, il proposera différentes solutions : il y a les appareillages auditifs conventionnels, la chirurgie ou encore les implants auditifs. Quand vous dites chirurgie… La chirurgie que nous pratiquons aux Grangettes est essentiellement reconstructive. Nous pouvons par exemple corriger des malformations du conduit auditif externe et réparer des perforations du tympan (on peut se le blesser en se lavant les oreilles avec des cotons-tiges, par exemple !). On peut aussi restaurer l’audition par la réparation de la chaîne des osselets (notamment par la pose de prothèses d’osselets) ou encore insérer des implants auditifs. Le Dr Charles-André Haenggeli, spécialiste en ORL. S urdité partielle ou profonde, baisse de l’audition, acouphènes : en Suisse, des dizaines de milliers de personnes souffrent de problèmes auditifs plus ou moins graves. Petit tour d’horizon des différentes problématiques et nouvelles techniques liées à l’ouïe en compagnie de Charles-André Haenggeli, médecin FMH et spécialiste ORL à la Clinique des Grangettes. Dr Haenggeli, certaines personnes sont sourdes de naissance, d’autres suite à un traumatisme sonore et d’autres encore perdent l’ouïe en gagnant de l’âge. Est-ce à dire qu’il y a plusieurs types de surdité ? Il y a trois sortes de surdité : une surdité de transmission, une de perception et la troisième, dite mixte, qui combine « transmission et perception ». La surdité de transmission se situe au niveau de l’oreille moyenne. Il s’agit le plus souvent d’un problème mécanique des osselets et/ou du tympan. Selon la cause, on peut intervenir et « réparer » le dommage par microchirurgie. La surdité de perception – ou neurosensorielle – est liée au fonctionnement défectueux de la cochlée ou du nerf de l’audition. Nous naissons avec une quantité limitée de cellules réceptrices auditives par oreille – les cellules ciliées. Or, une fois qu’elles sont touchées, elles meurent et ne se régénèrent pas. Actuellement, des recherches sont menées dans l’espoir de pouvoir faire repousser ces cellules, mais ce n’est malheureusement pas encore possible. Du coup, selon la gravité de l’atteinte, un appareillage reste la seule solution. Quant à la surdité mixte, comme son nom l’indique, elle est une combinaison des deux. Comment sait-on de quel type Comme l’implant cochléaire ? C’est celui dont on entend souvent parler. Mais il est réservé à des cas très spécifiques. En Suisse, ce type d’intervention, qui se pratique uniquement en hôpital universitaire, est très marginal et on compte moins de cent implantations par année. Les implants que l’on peut poser aux Grangettes s’appellent BAHA… Et que sont ces implants BAHA ? BAHA est l’acronyme de Bone Anchored Hearing Aid soit, littéralement, « aide auditive ancrée dans l’os ». Il s’agit « simplement » d’une vis en titane de quelques millimètres que l’on fixe dans l’os derrière l’oreille atteinte et sur laquelle on applique l’amplificateur auditif. Cet implant stimule l’os par une vibration sonore et transmet le son à l’oreille interne. Ce système a été conçu pour aider les gens qui sont totalement sourds d’une oreille ou qui ne 23 Coup de pouce à Haïti La Fondation des Grangettes a permis la création d’un centre de phytomédicaments en Haïti. supportent pas un appareillage conventionnel. Il n’y a donc pas une solution miracle… mais différentes solutions adaptées ! Et c’est pourquoi je pense que le meilleur moyen est encore la prévention . Les dommages causés par une exposition sonore trop élevée et prolongée sont irréversibles. Sur les chantiers ou dans les usines très bruyantes où les « normes décibels » sont constamment dépassées, les travailleurs savent maintenant qu’ils doivent se protéger et c’est tant mieux. Le problème, désormais, ce sont les jeunes : ils écoutent parfois leur MP3 avec le volume sur « maximum » pendant des heures et vont dans des discothèques ou à des concerts sans s’inquiéter des niveaux sonores. Une étude menée il y a une dizaine d’années a montré que 33% des apprentis européens présentaient un déficit auditif de plus de 15 dB dans les hautes fréquences. Il est primordial de faire passer un message fort aux jeunes : attention à vos oreilles ! Impressum Edition 2011 Editeur : Editions des Grangettes ISBN 2 - 940265 - 00 - 3 Rédaction : Pascale Bieri, Sophie Pieren et Saskia Galitch Maquette, graphisme et photos : Fausto Pluchinotta Impression : Imprimerie Atar Tirage : 135’000 exemplaires Adresse : Clinique des Grangettes 7, ch. des Grangettes CH - 1224 Chêne-Bougeries Tél. +41 22 305 01 11 Fax +41 22 349 80 21 www.grangettes.ch « N ous souhaitions réaliser un projet qui soit durable et pour lequel les donateurs sachent exactement où allait leur argent », explique Me Caroline Ferrero Menut, avocate au barreau de Genève, et membre fondatrice de la Fondation des Grangettes avec le Dr JeanMarc Meyer ( qui a aujourd’hui cédé sa place au Pr André-Pascal Sappino ) et Olivier Terretaz, économiste. « Comme j’étais en contact avec l’Association des amis de Sœur Emmanuelle, je lui ai donc demandé où il y avait le plus de besoins. » Réponse : Haïti. La Fondation décide alors de créer sur place une structure permettant de produire des médicaments. Avec pour objectif d’approvisionner un dispensaire géré par « Haïti Cosmos », association à but non lucratif dirigée par Jean-Claude François, un Haïtien de Genève resté très lié à son pays. Le dispensaire offrait en effet des soins gratuits à une partie de la population, mais n’avait pas de quoi fournir les traitements. « L’idée était d’utiliser les plantes locales pour fabriquer ces médicaments. Car pas de guérison sans médicaments, et pas de médicaments sans argent », explique Me Ferrero Menut. Plusieurs plantes avaient déjà été sélectionnées par « Haïti Cosmos », mais il restait à valider leurs propriétés et à les conditionner. Pour cela, la Fondation a pu compter sur le Pr Kurt Hostettmann, directeur de l’Ecole de pharmacie de l’Université de Genève, et le Dr Pascal Bonnabry, responsable de la pharmacie des Hôpitaux universitaires de Genève. Le premier a identifié de manière sûre les végétaux ramenés d’Haïti, le second assuré leur transformation. Sur place, il a fallu construire un laboratoire et acquérir l’équipement de base. Mais aussi former du personnel, ce dont se sont chargées deux jeunes femmes, Daphné van Diermen ( Laboratoire de pharmacognosie et phytochimie de l’Université de Genève ), et Maria Dobrinas ( HUG ). dont 80% vivent en dessous du seuil de pauvreté. » Ce projet humanitaire est le premier réalisé par la Fondation des Grangettes. D’autres suivront. En attendant, la Fondation recherche activement des soutiens financiers. Fondation des Grangettes Credit Suisse – 1211 Genève 70 Compte : 0251-341285-71 Clearing : 4251 Code Swift : CRESCHZZ12A Code IBAN : CH07 0425 1034 1285 7100 0 Des médicaments pour tous Le Centre phytopharmaceutique a donc pu être ouvert à Hinche, ville principale du Plateau Central située à 115 km de Port-auPrince. On y cultive 14 espèces de plantes, sur une surface d’environ 100 hectares. « Cela permet de produire six médicaments qui contribuent à soigner 80% des problèmes de santé les plus fréquemment rencontrés là-bas », se réjouit Me Ferrero Menut. A savoir, gastrites, mycoses, toux, malaria, infections vaginales, diabète. Ces produits sont vendus aux habitants à prix très bas – quelques centimes – afin d’autofinancer le fonctionnement du laboratoire, mais surtout pour que les médicaments soient accessibles à tous en Haïti. « Ce qui est important, maintenant, c’est que les gens sur place puissent poursuivre ce que nous avons créé. Le plus difficile dans ce genre de projets étant d’avoir quelqu’un de confiance, et de local, pour suivre le tout », souligne l’avocate, tout en se réjouissant du succès de cette belle aventure. « Avec environ 200 000 francs et plusieurs personnes qui ont donné leur temps bénévolement pour mettre tout ça sur pied, nous pouvons assurer une amélioration des conditions de vie de nombreux autochtones, Récolte, séchage des plante médicinales d’Haiti et classe de formation en phytothérapie. Le bonheur d’une naissance www.grangettes.ch Clinique des Grangettes 7, chemin des Grangettes CH-1224 Chêne-Bougeries Tél. ++ 41 22 305 -01-11 www.grangettes.ch