pour éviter la confusion de sens évoquée plus haut... Mais le mot échelle est omniprésent et il est
difficilement pensable d’en faire l’économie. En fait, le plus important est que les élèves apprennent à
“jouer” avec les ordres de grandeur, avec les échelles, de manière à observer ce qui change lorsqu’on
passe d’un ordre de grandeur à un autre. Citons encore Lacoste:
“Il faut faire comprendre aux gens que, lorsqu’ils sont à un endroit, ils ne sont pas dans une seule
case, dans une seule “région”. Cet endroit relève d’un grand nombre d’ensembles spatiaux très
différents les uns des autres, tant du point de vue qualitatif que par leur configuration: ainsi on est à la
fois dans telle commune de tel département, dans l’aire d’influence de Marseille, dans une région de
collines près de la vallée du Rhône, dans la zone de climat méditerranéen, dans l’espace irrigué par le
canal Bas-Rhône-Languedoc, etc... Ces considérations peuvent paraître fort éloignées des besoins de
la pratique. Il n’en est rien. Ce procédé pédagogique des puzzles superposés peut sembler bien naïf,
bien simpliste, mais c’est l’introduction à un problème stratégique [nous préférerions ici l’adjectif
“géographique”] fondamental: si, en un endroit donné, on n’est pas dans une seule case mais on
relève d’un grand nombre d’ensembles spatiaux, il faut être attentif à chacun d’eux” (Y. Lacoste,
1982).
Lacoste distingue sept ordres de grandeur:
• le premier est celui des ensembles qui se mesurent en dizaines de milliers de km: continents, grandes
zones climatiques, ensembles géopolitiques comme le Tiers-Monde ou les pays de l’OTAN. Ils sont
en général envisagés à un degré poussé d’abstraction;
• le deuxième est celui des ensembles qui se mesurent en milliers de km: une grande chaîne de
montagnes comme les Andes, un Etat comme le Canada, un ensemble comme la mer Méditerranée;
• le troisième concerne les ensembles qui se mesurent en centaines de km: des Etats comme la France,
une chaîne de montagnes comme les Alpes, les sous-ensembles régionaux des grands Etats;
• le quatrième est celui des ensembles, très nombreux, qui se mesurent en dizaines de km: petits
massifs montagneux, grandes forêts, très grandes agglomérations;
• le cinquième est celui des ensembles, encore plus nombreux, qui se mesurent en km: villes
moyennes, vallées dans un petit massif montagneux, par exemple;
• le sixième concerne les ensembles extrêmement nombreux qui se mesurent en centaines de m: un
quartier, une rue, un espace vert dans une ville, par exemple;
• le septième, enfin, est celui des ensembles innombrables dont les dimensions se mesurent en mètres
(une maison et le terrain sur lequel elle est bâtie, par exemple).
Il va de soi qu’il n’est pas indispensable, pour une problématique géographique donnée, de se référer
systématiquement à tous les ordres de grandeur ainsi définis. Par contre, on veillera à tenir compte des
ensembles qui sont pertinents dans le cadre de cette problématique. C’est bien ce que l’on vise en
amenant les élèves à se poser les questions mentionnées plus haut.
Références des ouvrages dont sont extraites les citations:
• R. Ferras, M. Clary, G. Dufau, Faire de la géographie, éd. Belin, Paris, 1993.
• Y. Lacoste, La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre, éd. Maspero, Paris, 1976 (1ère édition), 1982 (2ème
éd. revue et augmentée) et éd. La Découverte, Paris, 1985 (3ème éd., revue et augmentée).
Remarque: le présent document est largement inspiré d’un texte de Pierre Varcher, président du groupe des maîtres de
géographie du Cycle d’orientation de Genève. Voici la référence de ce texte:
Pierre Varcher, Les objectifs d’apprentissage de la géographie. Eléments pour l’évolution du plan d’études, Groupe
des maîtres de géographie, Cycle d’orientation, Genève, février 1996.