Réparation des lésions nerveuses traumatiques et modèles animaux
69
chez l’homme. Ce centre autonome existe également chez le mammifère de grande
taille, mais comme chez l’homme, il ne peut autoriser une récupération fonctionnel-
le satisfaisante dans les conditions physiologiques. Aussi est-il indispensable de
confronter les données obtenues dans le modèle murin à des modèles où la locomo-
tion automatique ne peut laisser croire à une récupération clinique.
La deuxième raison invoquée est d’ordre immunitaire. Chez le rat, les greffons de
moelle survivent aisément et améliorent repousse axonale post-traumatique et récu-
pération fonctionnelle. Chez l’homme, comme chez les grands animaux, ces gref-
fons sont soumis à un phénomène de rejet, survivent beaucoup plus
exceptionnellement et ne peuvent donc être employés chez les patients alors que les
expérimentations chez le rat avaient fait naître de réels espoirs. Par rapport au site
privilégié de greffe qu’était le système nerveux central chez le rat, on sait mainte-
nant, en partie grâce aux essais chez les grands animaux :
– qu’une immunosuppression est impérative pour que ces greffes puissent apporter
un bénéfice thérapeutique ;
– que des techniques chirurgicales doivent être développées afin d’obtenir une réelle
survie des greffons : les travaux réalisés chez le chien ont ainsi milité en ce sens
(figure 1).
Au-delà encore, les essais réalisés chez le chien ont permis une exploration fonc-
tionnelle. Il a été possible de montrer que chez les animaux greffés, pour lesquels la
greffe n’était pas rejetée, le score neurologique s’améliorait significativement, four-
nissant la preuve d’une réelle efficacité de cette stratégie thérapeutique par greffe.
Dans ce domaine, on reste loin d’une application en routine chez l’homme, mais on
s’approche des essais cliniques chez l’animal–patient…
En traumatologie du système nerveux périphérique
Comme pour le système nerveux central médullaire, les modèles développés chez
les grands animaux sont indispensables à plusieurs titres. Depuis la moelle épinière
jusqu’à l’effecteur musculaire, de nombreuses lésions traumatiques peuvent surve-
nir, la section (neurotmésis) et l’étirement (axonotmésis) étant les principales. Ces
lésions conduisent également à une paralysie du membre ou du groupe musculaire
dépendant du nerf lésé. Lors de lésions situées sur les plexus, la lésion intervient
généralement à la jonction entre la moelle épinière et les radicelles nerveuses, en un
lieu où l’axone est rompu dans le système nerveux central, ce qui fait ressembler
cette lésion à une lésion du système nerveux central.
Au sein du système nerveux périphérique, la régénérescence est présente physio-
logiquement. Ainsi chez le rat, la croissance axonale intervient à une vitesse de 1 à
3 mm par jour. Mais dans cette espèce, la longueur maximale d’un nerf périphérique
utilisable pour les études est de l’ordre de 5 cm, et on est donc très loin des 60 cm
qui peuvent séparer la lésion de l’effecteur musculaire chez l’homme. Or, ce n’est