Ayant suivi un entraînement physique rigoureux par de longues marches à pieds, en patin et à
ski, Alfred Wegener se joint à une équipe danoise, dirigée par Ludvig Mylius-Erichse (1872-
1907), qui part en expédition pour deux ans sur la côte nord-ouest du
Groenland afin d'effectuer des observations météorologiques. Il
expérimente les techniques liées aux voyages polaires qui lui serviront
dans ses expéditions ultérieures.
En 1908, il devient maître de conférence en météorologie et astronomie
pratique à l'Université de Marburg et rédige un traité sur la
thermodynamique de l'atmosphère. Une nouvelle version coécrite avec
Kurt « Vorlesungen über Physik der Atmosphäre » (Conférences sur la
physique de l'atmosphère) paraîtra en 1935 après sa mort.
En janvier 1912, il fait son premier exposé sur la dérive de continents.
Il retourne au Groenland avec John Peter Koch (1870-1920), un danois et séjourne durant
l'hiver à l'extrémité Est de l'Inlandsis, puis traverse l'île dans sa partie la plus large. La fonte
printanière des glaces atteint leur camp, l'expédition est sur le point d'échouer. La traversée
doit attendre la fin de l'hivernage suivant, en 1913 et dura deux longs mois.
En 1913, Wegener épouse Else Köppen, la fille du météorologue Wladimir Peter Köppen
(1846-1940) de Hambourg. Ils auront trois filles Hilde (1914), Käthe (1918) et Charlotte
(1920).
Il est incorporé durant la Première Guerre mondiale comme sous-officier dans le service
météorologique de l'armée allemande et séjourne en Bulgarie et Estonie. Il s'intéresse à des
sujets variés comme les cratères lunaires, les trombes, les chutes de météorites... Il sera
démobilisé après sa seconde blessure.
Le conflit terminé, il revient à Marburg mais devant le manque de possibilité d'avancement, il
accepte le poste de directeur du Département des Recherches Météorologiques de
l'Observatoire de la Marine de Hambourg, succédant à son beau-père. Son frère est nommé
professeur extraordinaire de météorologie à l'Université de Hambourg.
En 1915, il publie la première édition de « Die Entstehung der Kontinente und Ozeane », (La
genèse des continents et océans), ouvrage interdisciplinaire faisant intervenir la Géophysique,
la Géographie et la Géologie. Des éditions successives sont publiées en 1920, 1922 et 1929,
chacune étant une refonte complète des précédentes par la réunion de documents provenant
des critiques, au début opposées, puis favorables à sa théorie.
Cette théorie lui a été suggérée en 1911 par les similitudes du dessin des côtes africaines et américaines ainsi
que par la découverte de fossiles identiques de part et d'autres de l'Océan Atlantique. Il a proposé l'existence,
il y a 300 millions d'années, d'un continent unique, la Pangée et d'une mer la Thétys. La Terre serait formée
de plaques qui auraient dérivées, expliquant la disposition des continents actuels. Ignorant la constitution
ainsi que l'âge de la Terre, des savants ont rejeté cette théorie avec virulence. La découverte de la dorsale
atlantique a été un événement déterminant pour la reconnaissance de sa théorie.
La 3e édition a été traduite en français par M. F. Reichel sous le titre « La Genèse des Continents et des
Océans » (Paris, 1925, 163 p.) et également en anglais par John George Anthony Skerl « The Origin of
Continents and Oceans ». En 1924 et 1925 parurent successivement deux traductions, l'une espagnole et
l'autre russe. L'ouvrage trouva un complément dans le livre publié en 1924 en collaboration avec W. Kôppen
et intitulé «Die Klimate der geologischen Vorzeit».
En 1924, Alfred devient professeur de météorologie et géophysique à l'Université de Graz, ses
idées y sont mieux accueillies qu'à Hambourg. Il emménage avec sa famille et celle de son
beau-père en Autriche.