Pourquoi un manager devrait prendre en compte ce facteur émotionnel ?
En quelques mots : parce que c'est le facteur principal de toute performance à réaliser.
Le management par le stress a été l’une des premières approches, malheureusement encore utilisée parfois de nos jours, ayant
tenté de prendre en compte les émotions dans l’optimisation de la performance au travail. Néanmoins, si l’induction d’un
stress quotidien au travail permet quelque fois de donner un "coup de boost" à très court terme, il s’avère très souvent
désastreux sur le moyen et long terme, avec parfois des répercussions traumatisantes d’un points de vue
psychologique. Ainsi, d’un statut « providentiel » dans le monde du management, le stress revêt désormais une étiquette
négative, problématique étant même qualifiée de maladie professionnelle. Ainsi, du management par le stress, la tendance
ira vers un management du stress.
Cette tendance a notamment été comprise depuis de nombreuses années dans le domaine de la performance sportive et il y a
pléthore d’études ayant investigué la relation entre les émotions et la performance sportive. Depuis plus de trente ans, les
recherches sur les émotions (auparavant axée principalement sur l’anxiété) ont fait naitre différents modèles montrant que
les émotions influençaient les performances sportives. Tout d’abord, il a été montré que le vécu émotionnel pouvait
avoir des répercussions au niveau intra-personnel , comme par exemple, sur la concentration, la motivation et le
comportement. Ensuite, il a été également souligné que les émotions s’accompagnaient aussi d’impacts interpersonnels
comme le sentiment identification (au club ou à l’entreprise), l’investissement dans l’atteinte d’un but collectif, les relations
sociales, etc. Ainsi, le facteur émotionnel agit comme un catalyseur fondamental pour optimiser les autres ressources
nécessaires à la performance. Ainsi, un joueur de rugby pourra être fort comme un roc, très habile de ses mains, et avoir une
vision de jeu hors du commun, il n’arrivera jamais à être performant s’il rentre sur le terrain avec la peur au ventre. Cette
métaphore sportive que nous avons utilisée doit permettre au lecteur de comprendre cette notion de facteur optimisant les
capacités de l’individu. La Figure 1 schématise les facteurs de la performance et permet de comprendre l’importance des
émotions.
Aussi, le manager qui comprendra cette importance du domaine émotionnel sera à même d’entrevoir des perspectives
nouvelles de management entrepreneurial, à l’image de ce qui se fait actuellement dans le sport de haut niveau. Pour cela, de
nombreuses approches sont employées, mais actuellement, un concept permet d’avoir une vue intégrative des points
fondamentaux à prendre en compte pour optimiser la Performance , et ce, quel que soit le domaine de prédilection :
l’intelligence émotionnelle.
L’intelligence émotionnelle (I.E)
Comme bien d’autres notions, le concept d’intelligence émotionnelle a été au départ un concept empirique qui a été
théorisé par la suite. Dans le monde de la performance sportive, ce champ d’investigation est relativement novateur, mais son
approche intégrative des émotions mêlant aussi bien les perspectives intra- qu’interpersonnelles suggèrent un avenir certain au
sein du secteur de la haute performance sportive.
L’intelligence émotionnelle est un concept qui a pris son essor dans les années 1990. L’intelligence émotionnelle est alors
définie comme la capacité à identifier, exprimer, générer et réguler ses émotions et celles des autres [3]. L’I.E peut alors
être évaluée par le quotient émotionnel (Q.E.). Un haut niveau de Q.E est alors généralement corrélé à de meilleures
performances chez l’individu. Ce concept reprend alors les bases essentielles de toute intervention basée sur l’optimisation du
facteur émotionnel dans une recherche d’accroissement de la performance. Plus encore, il avance des perspectives connue
dans le champ de la psychologie sociale, mais relativement avant-gardistes dans celui de l’optimisation de la performance,
faisant référence à l’inclusion de « l’autre » dans le processus émotionnel. Sans aller précisément dans les détails théoriques, il
sera alors utile pour le lecteur de comprendre que l’I.E. est une habileté que chaque individu dispose qui peut être développée.
Développer l’intelligence émotionnelle pour optimiser les performances des collaborateurs
Nous cherchons, au travers de cette dernière partie de l’article, à partager les modes d’interventions utilisées par le monde
sportif destinées à développer l’I.E. Ainsi, l’entraineur, le consultant en psychologie du sport, comme le manager d’entreprise,
pourra axer son intervention sur plusieurs niveaux.
Prendre conscience de ses émotions et de leur importance
Cette phase constitue généralement une base nécessaire à tout travail sur la dominante émotionnelle en sport. En effet,
puisque l’intelligence émotionnelle se fonde sur le fait que l’individu ait la capacité à reconnaître son état émotionnel, il
semble fondamental d’initier à cette notion les personnes ayant des contraintes de performance. Dès lors, si une intervention
directe auprès des collaborateurs concernant leur sensibilisation aux émotions et leur impact sur leurs performances paraît
nécessaire, le manager, à l’image de l’entraîneur, devra jouer sur le climat de performance. On entend par là, le fait qu’un
manager cherche à développer un climat de travail favorisant un vécu émotionnel positif en instituant un cadre et une ambiance
de travail prenant en compte les attentes des collaborateurs. On rappellera alors ici que les émotions positives sont facilitées
par la convergence de la situation de travail avec les buts de l’individu.
Partager et réguler ses émotions