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Séquence 2 – SE02
Séquence 2
La participation
politique
« Le droit de vote permet aux citoyens d’un État de voter pour exprimer leur volonté,
à l’occasion d’un scrutin, et ainsi d’élire leurs représentants et leurs gouvernants ou de
répondre à la question posée par un plébiscite ou un référendum. C’est un droit civique
fondamental dans une démocratie. »
Wikipedia
La participation politique des citoyens ne se résume pas au fait de glisser un bulletin dans
l’urne. Il existe une pluralité de façons de participer à la vie politique, étymologiquement à la
vie de la cité. L’apparition de nouveaux canaux d’information, le développement de nouvelles
formes de prise de parole dans le débat public vient relativiser la place du vote dans la so-
ciété. Cela dit, la majorité des citoyens continue de se déplacer régulièrement pour participer
aux élections. Ce comportement électoral a été abondamment étudié par la science politique :
pourquoi s’abstient-on ? Peut-on expliquer le vote pour tel candidat ? Pourquoi les individus
continuent-ils de voter alors qu’ils croient de moins en moins au pouvoir d’un bulletin de vote ?
Voici quelques-unes des questions auxquelles nous allons nous efforcer de trouver des ré-
ponses dans cette partie.
Sommaire
1. Influence de la culture politique
sur les attitudes politiques
2. Comment expliquer
le comportement électoral ?
3. Quels sont les répertoires
de l’action politique ?
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Séquence 2 – SE02
1Influence de la culture politique
sur les attitudes politiques
Les attitudes politiques sont liées à la culture politique des individus.
Comme toute forme de culture, la culture politique fait l’objet d’une
socialisation, c’est-à-dire d’un processus d’acquisition et de réinterpré-
tation par l’individu d’un certain nombre de règles, de valeurs, de pra-
tiques propres aux groupes auxquels il appartient. Nous allons voir dans
ce chapitre que les groupes qui influencent les individus sont multiples,
et que les effets du contexte historique, social, médiatique doivent être
appréhendés avec précautions.
Culture politique/civique, socialisation politique,
comportements politiques (socialisation primaire,
socialisation secondaire).
Notions à acquérir
Sensibilisation
Qu’est-ce qui influe sur la culture politique des individus ?
Comment démêler les effets entrecroisés de la période et de la géné-
ration, comment traiter l’imbrication de données relevant du contexte
social et politique et de données concernant les dynamiques indivi-
duelles ou familiales ? Sont-ce les individus qui changent ou bien le
contexte politique lui-même ? Les mutations sociales et politiques en
cours obligent à réviser les attendus mêmes de la socialisation politique
et à s’interroger sur ses fonctions comme sur ses contenus.
Anne Muxel, « Les temporalités et les instances de la socialisation politique »,
Cahiers Français, n° 350, La Documentation Française, mai-juin 2009.
Document n°1
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Séquence 2 – SE02
Jeunes manifestant contre la présence de J.-M. Le Pen
au second tour de l’élection présidentielle, mai 2002
© Marcel Mochet/AFP.
Enfant accompagnant ses parents dans l’isoloir
© Pierre Verdy/AFP.
Réflexion : d’après vous, qu’est-ce qui détermine les comportements
politiques ?
Document n°2
Document n°3
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Séquence 2 – SE02
La socialisation politique:
vote-t-on comme ses parents
ou comme ses amis?
La socialisation est ce processus complexe et illimité qui conduit les
individus à intérioriser les normes, les valeurs, les pratiques sociales de
leurs groupes d’appartenance, tout au long de leur existence. On admet
cependant deux phases de socialisation : la socialisation primaire se
déroule pendant l’enfance et la jeunesse dans les cadres éducatifs que
sont la famille d’abord et l’école ensuite. La seconde phase prend le
relais de la première pour durer toute la vie, c’est la socialisation secon-
daire qui concerne les adultes.
Les pratiques politiques, comme d’autres pratiques sociales, et les opi-
nions politiques, comme d’autres valeurs, font partie de l’identité des
individus, comme partie de leur identité sociale. Il y a une socialisation
politique qui s’opère lors de la socialisation primaire, dans le cadre fami-
lial, et qui continue pendant la socialisation secondaire tout au long du
parcours de vie des individus.
a. Le rôle de la famille dans la socialisation politique
Les premiers sociologues considéraient la socialisation comme une
transmission des agents socialisateurs vers des agents passifs qui inté-
riorisaient, parfois sous la contrainte, les normes et valeurs. Les théories
de la socialisation politique s’en sont inspirées pour expliquer le rôle
de la famille dans la transmission des attitudes et des comportements
politiques. Du coup, les premières interprétations ont penché vers un
modèle de reproduction et de stabilité des opinions politiques au sein
d’une même famille. Les enquêtes allaient d’ailleurs plutôt dans ce sens,
démontrant que les comportements politiques paraissaient déterminés
par la transmission familiale et que les orientations politiques des indi-
vidus étaient fixées relativement tôt, vers la fin de l’enfance.
L’influence de la famille dans la transmission du choix politique
[La famille] reste un vecteur efficace dans la transmission des choix idéo-
logiques et un creuset indéniable de l’identité politique des individus. Et
cette transmission se fait d’autant mieux lorsque les choix des parents
sont visibles et homogènes. Chaque famille n’a pas nécessairement les
mêmes capacités à organiser une transmission, et la socialisation poli-
tique peut emprunter des chemins de traverse. Celle-ci peut se construire
dans des logiques d’opposition et de réaction, ou encore au travers de
références non explicitement politiques. Mais la famille fournit les pre-
miers repères ou les premières absences de repères et, par là même,
joue un rôle décisif sur la formation des choix ultérieurs. Quatre Français
A
Document n°4
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Séquence 2 – SE02
sur dix (41 %) s’inscrivent dans la continuité des choix de gauche ou de
droite de leurs parents. Si l’on rajoute ceux qui reconnaissent une filia-
tion apolitique, et refusent donc comme leurs parents de se classer entre
la gauche et la droite, ce sont alors les deux tiers des Français (65 %) qui
se présentent comme des héritiers politiques. Les cas de vraies ruptures
restent marginaux. Seuls 8 % des Français ont changé de camp politique
par rapport à leurs deux parents, passant à gauche alors qu’ils ont deux
parents à droite (le cas le plus fréquent), ou passant à droite alors que
leurs deux parents sont positionnés à gauche.
Anne Muxel, « Les temporalités et les instances de la socialisation politique »,
Cahiers Français, n° 350, La Documentation Française, mai-juin 2009.
Résumez ce qui explique que la famille « reste un vecteur efficace dans
la transmission des choix idéologiques ».
Dans les années 1960, à l’Université du Michigan, aux États-Unis, une
équipe de chercheurs va montrer que les électeurs américains s’iden-
tifient à l’un des deux partis politiques américains, et que cette identi-
fication remonte à l’enfance et à l’éducation reçue dans les différentes
catégories sociales. En France, quelques années plus tard, les travaux
d’Annick Percheron vont, en améliorant les méthodes américaines, mon-
trer que le clivage entre gauche et droite est relativement bien respecté
par la reproduction sociale : près d’un enfant sur deux voit ses opinions
être en accord avec celles de ses parents, si ce n’est sur la même sensi-
bilité au moins du même côté de l’échiquier politique. Cette proportion
augmente si les deux parents partagent les mêmes orientations. Elle
augmente également si le reste de l’environnement social est homogène
du point de vue des préférences politiques.
Mais d’autres études sont venues mettre en avant la complexité de
cette transmission intergénérationnelle apparente. Il ressort que bien
d’autres agents de socialisation que les parents jouent un rôle dans la
socialisation politique des individus. De même que les transformations
sociales rapides viennent bouleverser la transmission de systèmes de
valeurs d’une génération à une autre, la transmission politique est aussi
affectée. On peut ainsi se reconnaître dans le même bord politique que
ses parents, la droite ou la gauche, sans pour autant voter comme eux :
43 % des Français reconnaissent ne pas voter pour la même organisation
politique ou le même candidat que leurs parents, et la proportion est
identique à droite comme à gauche.
Ce modèle de l’identification partisane (on s’identifierait à l’appartenance
partisane de ses parents) a donc progressivement été réfuté. La socialisa-
tion politique dans la famille serait en fait plus un mécanisme d’intério-
risation des principes de base de l’organisation politique plutôt que des
orientations partisanes à proprement parler. Par l’interaction, par le rôle
d’autres instances comme l’école, par la confrontation avec le groupe de
pairs, l’individu construit son rapport au politique de façon progressive.
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