Waterman, 1982, etc.) partent de l'hypothèse implicite
selon laquelle les organisations ne possèdent qu'une
seule culture,
un
seul réseau de significations, de catégo-
ries, de règles, de cadres de référence, de postulats
partagés par leurs membres. Comme les acteurs de
l'organisation habitent un même espace et communiquent
entre eux, les postulats et les «allants de
soi"
manifestes
ou
relevant du non-dit, par exemple dans les tabous, sont
considérés comme communs. Seule compte
la
culture
des dirigeants dont
la
construction, une fois produite
socialement, permet d'interpréter les événements
au
moyen de sa grille de significations.
D'autres parlent de sous-cultures, de contre-cultures,
d'autres cultures
ou
de visions différentes pour désigner
un
réseau de significations propres àdes groupes
Ou
individus qui maintiennent ou qui cultivent une identité
distinctive dans l'organisation. Ces chercheurs constatent
que les significations diffèrent d'un niveau hiérarchique
Ou
d'un département àun autre (Lévy,
1983;
Aktouf,
1986), d'un sexe àl'autre (Symons,
1986;
Enrique:z,
1986;
Zavalloni,
1986;
Pagés, 1986), d'une classe d'âge,
d'une origine ethnique àune autre, etc.
1.
Les
théoriciens du socioculturel
Al'intérieur de
la
catégorie des anthropologues
et
des 'théoriciens des organisations qui se situent dans
la
vision isomorphique et harmonieuse entre social et cultu-
rel, existe une autre distinction selon qu'ils mettent
l'ac-
cent sur l'existence d'une seule culture qui est
la
culture
managériale et sur
la
synchronie (école structuro-fonc-
tionnaliste)
ou
sur l'existence de plusieurs cultures et sur
la
diachronie (école de l'adaptation àl'environnement
ou
de
la
contingence).
1.1.
La
recherche de
la
loyauté
L'approche fonctionnaliste de Malinowski (1944) voit
dans
la
cultUre
un
moyen utile offert àl'individu d'attein-
dre
la
satisfaction personnelle
en
lui permettant de résou-
dre ses problèmes. Cet anthropologue croit d'une part
que les institutions sociales qui
ne
servent pas les
besoins des individus disparaissent et que, d'autre part,
il
existe une nature humaine universelle découlant d'un
ensemble de besoins dont plusieurs théoriciens des rela-
tions humaines sont les héritiers.
Le
fonctionnaliste-structuraliste Radcliffe-Brown (1952)
voit
la
culture comme l'acquisition de caractéristiques
mentales et d'habitudes qui rendent l'individu apte à
la
vie sociale. Dans cette lignée,
Jes
théoriciens des organi-
sations considèrent que les organisations,
en
tant que
systèmes socioculturels
"fonctionnels
»,
sont
en
néces-
saire harmonie et
en
lien très étroit avec
le
macrosystème
socioculturel (Parsons,
1960:
20). Exceptionnellement,
certains théoriciens structuro-fonctionnalistes (Zaleznick
et Moment, 1964) acceptent l'existence, dans certaines
organisations et àcertaines conditions, de systèmes de
valeurs
ou
d'idéologies spécifiques différentes de ceux de
la
société qui peuvent subvenir sous l'effet de particula-
rités historiques ou des valeurs des dirigeants.
Les différences peuvent être considérées soit comme
des richesses, soit comme inévitables, mais pour les diri-
geants, elles sont surtout vues comme des déviations,
comme une menace de dispersion des énergies. La ges-
tion des diverses cultures requiert que l'on inculque une
identité organisationnelle, plus
ou
moins fortement selon
la
stratégie ou l'idéologie de l'organisation.
La.
culture
organisationnelle n'est pas
un
ensemble de visions consi-
dérées comme disparates. Elle est articulée, elle est une
base idéologique de décodage, d'interprétation,
ou
d'expffcation des comportements.
C'est d'ailleurs ce côté apparemment plus superficiel
de la culture organisationnelle qui sous-tend la proposi-
tion de Wilkins et Ouchi (1983) selon lesquels la culture
organisationnelle peut être manipulée parce qu'elle n'a
pas
la
profondeur des cultures sociétales. Dans cette
optique,
la
culture (Symons, 1988) suppose l'existence
d'une collectivité humaine possédant une histoire com-
mune, un sentiment d'appartenance, une langue, des
expériences significatives et des valeurs humaines. Qu'en
est-il dans une organisation
ou
dans
un
établissement?
La mobilité sociale, géographique et temporelle du per-
sonnel
ou
des élèves apour conséquence que tous les
membres d'une organisation ne peuvent avoir une
histoire·
tout
àfait commune.
Des
travaux (Aktouf,
1986;
Symons,
1986)
ont
démontré que le sentiment d'appartenance est
différent selon
la
classe,
le
sexe,
le
ou les groupes
d'inté-
rêt organisationnels auquel
un
individu appartient. La lan-
gue
«officielle"
parlée dans une organisation, quant à
elle, est plutôt langage, langage bureaucratique, appauvri
et tronqué
le
plus possIble de ses éléments humains.
S'agissant des expériences significatives, les efforts orga-
nisationnels tendent justement, même s'ils
n'y
arrivent
pas toujours, àse dresser àl'encontre d'une personnali-
sation de l'environnement (Baudoux et de
)a
Durantaye,
1988). Enfin, les valeurs proposées par l'organisation sont
celles de l'efficacité, du contrôle, de
la
productivité, de
l'instrumentalisation des personnes et non celles de signi-
fications centrées sur l'expression des personnes. C'est
peut-être également cette superficialité qui fait que cer-
tains travaux qui étudient la culture orgamsationnelle
retiennent souvent àtitre d'illustration des épiphéno-
mènes
en
Heu
et place de véritables phénomènes cultu-
rels.
Ouchi (1981), ainsi que Killman
el
al
(1985) évoquent
l'analyse de
la
culture comme pouvant servir de base
au
contrôle.
La
culture agit comme principe unificateur et
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