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Il s’agit maintenant de voir si la double sortie voulue d’ici 2050 du nucléaire et des énergies
fossiles - Stratégie énergétique 2050 (1
ère
étape) - sera confirmée politiquement en votation
populaire fédérale, probablement le 21 mai 2017 ; et, surtout, si cette Stratégie énergétique
2050 atteindra les objectifs visés, même si ces derniers ont d’ores et déjà été abaissés par
le Parlement fédéral. Par ailleurs, nous relevons que la 2
e
étape de la Stratégie énergétique
2050, dite SICE, n’a toujours pas été traitée par le 1
er
Conseil du Parlement et que les
chances de succès de cette dernière en votation populaire fédérale obligatoire sont
illusoires, compte tenu notamment des résultats référendaires susmentionnés et du rejet,
par 92% des votants, de la taxe sur l’énergie des Verts libéraux, le 8 mars 2015.
Enfin, nous soulignons une nouvelle fois que la consommation finale d’énergie en Suisse n’a
diminué que de 4,5%, en onze ans, entre 2005 et 2015, tandis que la consommation de gaz
a augmenté de 6% et celle d’électricité de 1,6% pendant la même période. Ces résultats, qui
attestent les progrès de l’efficience énergétique, compte tenu du fait que notre pays comptait
près de 900'000 habitants de plus en 2015 qu’en 2005, sont cependant loin des valeurs
indicatives finalement retenues dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050 (1
ère
étape).
Par ailleurs, nous relevons que les objectifs de production de (nouvelles) énergies
renouvelables (photovoltaïque et éolien) ont été abaissés de pas moins de 3 milliards de
kilowattheures par le Parlement fédéral 2015-2019, qui a ainsi probablement pris en compte
l’impossibilité juridico-politique de construire les 800 éoliennes prévues. En ce sens, le
double objectif consistant à sortir du nucléaire et des énergies fossiles d’ici 2050 est
à la fois illusoire et économiquement dangereux.
1.4 Politique climatique suisse 2030: des différences essentielles par rapport à l’UE
Pour ce qui concerne la politique climatique suisse proprement dite, nous soulignons que
cette dernière a d’ores et déjà permis d’atteindre les objectifs fixés par le Protocole de Kyoto
- jamais ratifié par les Etats-Unis et dont la plupart des pays industrialisés hors Europe sont
sortis entre 2011 et 2012 – pour la première période d’engagement 2008-2012, comme le
soulignait de la manière suivante le communiqué du 10.04.2014 de l’OFEV :
«La Suisse a atteint l’objectif 2008-2012 fixé dans le Protocole de Kyoto, majoritairement
grâce aux mesures de réduction prises sur son territoire.»
Nous relevons par ailleurs que cette politique climatique a été durcie (obligation de
compenser s’appliquant aux importateurs de carburants) afin d’atteindre un objectif de
réduction de gaz à effet de serre de 20% par rapport à 1990, au titre de la deuxième et
dernière période d’engagement 2013-2020 du Protocole de Kyoto susmentionné. Cette
politique 2013-2020 donne manifestement des résultats, puisque le rapport explicatif
mentionne (cf page 9) : «Malgré la croissance démographique et économique et
l’accroissement de la surface habitable, les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse
ont globalement reculé de 9,3%, soit de 7,6 à 5.9 tonnes par an par habitant entre 1990
et 2014.» A ce titre, on rappellera la contribution significative des entreprises – dont le
Centre Patronal – qui ont conclu une convention d’objectif (de réduction de leurs émissions
de gaz à effet de serre) avec l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEC / EnAW). En
effet, les mesures d’amélioration mises en œuvre par les
participants à cette dernière ont
entraîné une réduction de 290 000 tonnes d’émissions de CO
2
entre 2013 et 2015, en tirant
parti de l’innovation technologique.
Le projet soumis à la présente consultation vise quant à lui, suite à la signature par le
Conseil fédéral de l’accord de Paris sur le climat, la mise en place de la politique climatique
suisse après 2020, de manière coordonnée avec la Stratégie énergétique 2050. D’emblée,
nous soulignons avec les auteurs du rapport explicatif (cf page 29) que, si les objectifs
climatiques définis sont en ligne avec l’UE, principal partenaire commercial de la
Suisse (mais dont le poids tend à se réduire), la Suisse n’est pas membre de l’UE.