L`histoire géologique du Limousin

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Fiche Descriptive
Espace Patrimoines Naturels / Géologiques
 L’histoire géologique du Limousin
La plus grande partie du territoire limousin est située près de la
bordure ouest du Massif central qui s’étend jusqu’au Morvan au nord,
à la vallée du Rhône à l’est et à la Montagne Noire au sud. Le Massif
central est lui-même un maillon d’une vaste chaîne de montagne, la
Chaîne hercynienne qui s’étendait il y a trois cents millions d’années
du Portugal aux Carpathes, dont les restes forment aujourd’hui ce que
l’on appelle le « socle » car des terrains plus récents reposent dessus.
A la fin de l’ère primaire, cette chaîne a été érodée au point d’être
recouverte par la mer qui y a déposé des sédiments comme les
calcaires et les argiles que l’on rencontre en Charente et dans tout le
bassin d’Aquitaine, mais elle a émergé à nouveau lors de la surrection
des Alpes. Cette chaîne s’est constituée en plusieurs temps.
De la période préliminaire qui a duré de -550 à - 400 millions
Géographie de l’hémisphère sud il y a
d’années, nous savons peu de choses : une masse continentale de
environ 400 millions d’années
grande taille fut le lieu, au début de l’ère primaire, de mouvements en
extension et d’éruptions volcaniques jusqu’à former un petit océan
dont le fond était constitué de basaltes. La planisphère (ci-dessus) nous montre l’état de l’hémisphère sud il y a
400 millions d’années. Les continents ressemblaient aux continents actuels, végétation et faune en moins, et
les océans ressemblaient aux océans actuels : des sédiments issus de l’érosion des terres émergées ont
recouvert peu à peu un tapis de basaltes.
En effet, sur les terres émergées l’érosion était à l’œuvre, amenant à l’océan via des cours d’eau comme
aujourd’hui dans toutes les mers du monde, des quantités gigantesques de sédiments terrigènes. Au point de
vue chimique ces matériaux étaient composés surtout de silice (quartz) et d’alumine (argiles).
Vers – 400 millions d’années, la tectonique des plaques, qui agissait déjà à cette époque, a progressivement
rapproché (par subduction) le continent sud (Gondwana) du petit continent situé plus au nord (Armorica). La
largeur de l’océan s’est réduite, les sédiments dont nous venons de parler se retrouvant dans un espace de
plus en plus restreint se sont progressivement empilés les uns sur les autres ce qui a eu pour effet de créer
progressivement la chaîne hercynienne et d’augmenter la pression et la température auxquelles ils étaient
soumis.
Les transformations se sont faites plus
visibles : acquisition d’une structure en
feuillets caractéristique des roches
métamorphiques, déstabilisation des
argiles etc.. En conséquence roches
sédimentaires, volcaniques ou granitiques
initiales sont devenues les roches
métamorphiques
qui
affleurent
aujourd’hui dans le socle Limousin.
Echantillons de roches métamorphiques altérées mises à jour en mai
2011 lors des travaux de contournement de Chabanais. La couleur
brune provient d’un enrichissement en oxydes de fer lors de
l’altération climatique au Tertiaire (moins de 50 millions d’années)
Comité des Usagers du Territoire de la Météorite,
ou comment les usagers souhaitent-ils vivre sur leur territoire ?
Octobre2011
Lettre d’Information N°17
Fiche Descriptive
Espace Patrimoines Naturels / Géologiques
Le mouvement se poursuivant, les continents sont entrés en collision, et des terrains initialement distants de
plusieurs dizaines de kilomètres ont été charriés les uns sur les autres bouleversant ainsi l’ordre initial (et
naturel) selon lequel les terrains les plus jeunes reposent sur les formations géologiques plus anciennes.
Lorsque la collision a cessé, il y 300 millions d’années environ, la croûte continentale constituée
essentiellement de roches métamorphiques avait une épaisseur égale à presque deux fois la normale. Cet
épaississement a constitué en quelque sorte la « réserve » de la chaîne qui continue à se soulever (les
mouvements deviennent verticaux) et à être érodée tant que la croûte continentale n’a pas retrouvé son
épaisseur normale. Ce soulèvement progressif porte à la surface des terrains formés à grande profondeur, des
terrains métamorphiques donc.
L’histoire de la chaîne proprement dite s’achève par la mise en place de quantités de granites qui se mettent
en place au cours de la phase qui suit la collision sous forme de magmas qui n’atteignent pas la surface. Les
granites recoupent les terrains métamorphiques et leur sont donc postérieurs.
Ils n’apparaissent à l’air libre que beaucoup plus tard par suite de l’érosion des terrains qui les recouvraient.
Entre 300 et 250 millions d’années, la chaîne de montagnes s’érode progressivement et les produits de cette
érosion se retrouvent en périphérie pour former après 250 millions d’années, les roches que l’on rencontre
aujourd’hui dans les bassins aquitain et parisien.
La chute de l’Astroblème Rochechouart-Chassenon est postérieure à cette date mais contemporaine des
dépôts sédimentaires du bassin d’Aquitaine puisqu’elle est datée à – 200 millions d’années environ.
Hubert Bril, Professeur de géologie à l’Université de Limoges
Mail [email protected]
Pour en savoir plus : http://www.unilim.fr/musee_geologique_de_plein_air/
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