LEXIQUE ET SYNTAXE INTRODUCTION Colette CORTÈS C.I.E.L., Université Paris 7 Les Cahiers du C.I.E.L. sont généralement consacrés à un phénomène lexical vu de différents points de vue, par différents auteurs, à propos de langues différentes. Le Cahier du C.I.E.L. 2005-2006 fait exception à cette règle, car il est consacré à une monographie sur l'anglais. C'est la spécificité de la question traitée qui justifie cette publication singulière. Traiter de la relation entre lexique et syntaxe nécessite l'application de tests dont l'interprétation impose de longs développements dépassant rapidement le cadre d'un article; quant aux hypothèses proposées, elles doivent être vérifiées sur un corpus important pour être crédibles. Voilà pourquoi un auteur unique a rédigé le Cahier du C.I.E.L. 2005-2006. Il serait toutefois excessif de considérer que nous avons affaire à un thème unique car Michel Simon s'intéresse dans ce travail à deux formes de combinatoires lexicales dont le résultat est fort différent : il s'agit de la combinaison verbe + particule (dite "phrasal verb") d'une part et de la combinaison particule + verbe (dite "compound verb") d'autre part. Outre le fait que la seconde combinaison est moins productive que la première, elle est surtout le résultat d'un processus de lexicalisation plus abouti, où la syntaxe a une moindre part. C'est pourtant une méthode d'analyse syntaxique et sémantique très poussée qui est le fondement de chacune des deux études de la relation entre verbe simple et verbe complexe présentées dans cet ouvrage. Paradoxalement, c'est cette méthode fondamentalement syntaxico-sémantique qui conduit Michel Simon au coeur de la lexicalisation, un phénomène dont nous allons essayer de montrer dans cette introduction la singularité et qui doit donc être appréhendé sur un arrière plan théorique adéquat. Il n'est pas question pour moi d'exposer ici la méthodologie suivie par Michel Simon, qui est très bien expliquée dans son premier chapitre. Je voudrais simplement replacer son travail dans la problématique plus générale de l'interface entre lexique et syntaxe, puisque, tout en apportant la preuve de ses capacités de syntacticien rigoureux, il fournit des arguments convaincants à la thèse selon laquelle il convient de poser un niveau d'analyse du matériau lexical (lexie, phrasème, ..) qui ne saurait s'expliquer totalement par des règles syntaxiques. Nous verrons que l'analyse du matériau lexical nécessite en effet un niveau de combinatoire qui lui est propre et dont les règles syntaxiques spécifiques de la phrase ne sauraient à elles seules rendre compte. Cette position est revendiquée par une branche de la linguistique qui a pris un grand essor ces dernières années, celle de la morphologie lexicale. Les travaux de Bernard Fradin (2003), avec notamment son plaidoyer empirique et théorique pour une "morphologie lexématique" et son étude pertinente de la lexicalisation, nous permettront de Cahier du CIEL 2005-2006 placer dans un cadre théorique adéquat l'interface entre lexique et syntaxe telle qu'elle est mise en lumière par le travail de Michel Simon. 1. La syntaxe au coeur du lexique et le lexique au coeur de la syntaxe L'interrelation entre lexique et syntaxe est tellement essentielle que certains modèles syntaxiques ont été précisément conçus pour en rendre compte. Ces modèles relèvent de la grammaire de dépendance et se réclament tous plus ou moins explicitement du modèle de Lucien Tesnière ("Éléments de syntaxe structurale" (1954)) qui met au centre du dispositif la rection caractéristique de certaines catégories lexicales. La syntaxe de dépendance trouve en effet ses fondements dans la dépendance des classes lexicales les unes par rapport aux autres; elle attribue aux noeuds lexicaux un potentiel syntaxique de rection qu'elle dénomme par la métaphore chimique de la valence, elle construit des règles fondées sur les relations sémantico-syntaxiques de rection entre régissant(s) et éléments régis et elle attribue une valeur structurale, fondamentale pour le modèle, aux relations ainsi mises au jour. Pour reprendre un exemple célèbre, la phrase "Alfred dort" se compose de trois éléments : dort , Alfred et la relation entre les deux qui est une relation de dépendance. Par conséquent, dans ce modèle, deux noeuds lexicaux sont reliés directement en fonction de leur valence, qui est en quelque sorte le programme syntagmatique qu'ils imposent aux éléments qu'ils régissent, influant ainsi directement sur la structure de la phrase dans laquelle ils sont employés, et Lucien Tesnière (1954) ne voit aucune nécessité à construire des noeuds intermédiaires du type SN ou SV, réservés à la grammaire de constituance, qui, elle, est fondée sur la notion de constituants immédiats. Les classes de catégories lexicales ne jouent pas toutes le même rôle au sein du modèle de dépendance et Lucien Tesnière (1954) retient quatre classes principales de catégories lexicales : I verbe, O substantif, A adjectif, E adverbe. Chaque noeud lexical principal se voit ainsi attribuer, en plus de sa composante phonématique et sémantique, une troisième composante essentielle, de nature syntagmatique. Le modèle de Lucien Tesnière (1954) a servi de fondement à de nombreux travaux de syntaxe très fructueux, comme l'étude de la valence des verbes en Allemagne notamment, mais on observe, me semble-t-il, de nouvelles convergences avec les travaux consacrés à la morphologie lexicale de Mel'cuk et, plus récemment de Fradin, qui reconnaissent systématiquement à chaque unité lexicale principale trois "faces" : le phonématique, le sémantique et le syntactique (Mel'cuk (1993) et Fradin (2003)). Ce "syntactique" véhiculé par les unités lexicales fait l'objet d'un large consensus sur le fond, même si chaque modèle développe sa terminologie à ce sujet. Ainsi le modèle Aspects of a theory of syntax (Chomsky 1965), qui est explicitement un modèle de constituance et non de dépendance, prévoit néanmoins déjà la sous-catégorisation stricte, qui permet de rendre compte de la valence verbale par un système de traits (Pour un verbe trivalent : [-N, +V], valence syntaxique : [N0, _, N1, N2]). A cela s'ajoute la sous-catégorisation sélectionnelle, qui permet de préciser les propriétés sémantiques de N0, N1, N2 imposées par le régissant verbal (Pour un verbe trivalent comme donner, offrir ou transmettre : [N0 [+humain]], _,[N1 [-animé]], [N2 [+humain]]). Dans les modèles plus récents, et en particulier dans les modules X-barre, ces informations sont soigneusement maintenues sous forme de traits. Chez les tenants plus traditionnalistes de la valence, notamment en Allemagne, ces mêmes propriétés sont reprises sous le terme de "valence sémantique" (Fleischer, Helbig, Lerchner 2001). 2 C.CORTÈS - Lexique et syntaxe - Introduction Quant aux relations de dépendance elles-mêmes, de nature rigoureusement structurale pour Lucien Tesnière (1954), elles ont fait l'objet d'une réinterprétation sémantique dans les modèles de la grammaire des cas ou de la sémantique générative qui prévoient l'attribution de rôles thématiques à chaque relation actancielle (Si nous poursuivons l'exemple de : donner, offrir ou transmettre : N0 Agent/ N2 Bénéficiaire / N1 Patient). Avec la valence syntaxique (ou la sous-catégorisation stricte), la valence sémantique (ou la sous-catégorisation sélectionnelle) et avec l'attribution de rôles thématiques, on peut considérer que c'est l'ensemble de l'interface entre syntaxe et lexique qui est traitée, aussi bien dans la syntaxe de dépendance, dont elle est l'élément principal, que dans la syntaxe de constituance, dont elle constitue un complément indispensable. Quant à la théorie X-barre, elle traite cette interdépendance selon le principe de projection maximale d'une tête lexicale, stipulant que les informations lexicales (notamment la sous-catégorisation et l'assignation des rôles sémantiques) sont conservées dans certaines dérivations syntaxiques; autrement dit, cette théorie postule, aussi clairement que le fait la grammaire de dépendance de Lucien Tesnière, qu'il convient de représenter syntaxiquement une bonne part de l'information véhiculée par les unités lexicales. Après avoir rappelé ici qu'il existe un noyau dur de la syntagmatique linguistique qui se caractérise par l'interdépendance entre propriétés syntaxiques et propriétés lexicales, nous allons voir maintenant quelle est la part de la syntaxe irréductible à une approche lexicale, avant d'arriver à notre objectif final, l'étude de la part du lexique irréductible à une description purement syntaxique. 2. La syntaxe ne se réduit pas aux relations entre catégories lexicales majeures qui imposent leur rection La théorie X-barre, qui est, parmi les formalismes les plus modernes, celui qui insère le mieux les résultats de la grammaire de dépendance, montre également très clairement quelles sont les limites de l'exercice. Ces limites sont inscrites d'un part à l'intérieur de chaque syntagme et d'autre part au niveau de la combinatoire des syntagmes dans la phrase. La théorie X-barre stipule que les syntagmes à tête lexicale (NP, VP, AdjP, etc.), dont la tête lexicale donne d'ailleurs son nom au syntagme, ont tous la même structure : si l'on prend l'exemple du français, la tête est précédée d'un spécifieur et suivie d'un ou plusieurs complément(s). Or le spécifieur et le complément jouent des rôles très différents : le(s) complément(s), qui peuvent être multiples, sont entièrement dans la dépendance de la tête lexicale, selon la définition donnée plus haut, alors que le spécifieur, qui, lui, est toujours unique et incident à l'ensemble du syntagme, a un statut absolument irréductible à la valence du noyau lexical, et il remplit un tout autre objectif. Si sa nature dépend entièrement de la nature de la tête lexicale (Déterminant pour NP, Modalité/ Modalisation pour VP, Gradation pour AdjP ou AdvbP...), sa fonction est toujours la même : grâce aux spécifieurs des syntagmes, l'énonciateur construit un point de vue spécifique du type de discours qu'il cherche à élaborer et impose ainsi sa marque dans le processus de construction de l'énonciation. Les spécifieurs marquent l'ancrage du syntagme dans l'énoncé, car ils portent, au niveau de chaque syntagme, les traces de la mise en scène énonciative choisie et assumée par le locuteur et ils participent ainsi à l'actualisation de l'énoncé. L'actualisation de l'énoncé est l'une des fonctions spécifiques de la 3 Cahier du CIEL 2005-2006 syntaxe de l'énoncé, nullement héritée des propriétés lexicales des noyaux des syntagmes. Ceci est particulièrement bien montré dans le modèle de Jean Fourquet (1970), qui distingue entre les "connexions" (avec des emboîtements complexes comprenant à la fois les actants et les circonstants) d'une part, et les "catégories spécifiques" des groupes syntaxiques d'autre part, qui correspondent très exactement aux spécifieurs et qui remplissent une fonction énonciative; Jean Fourquet, qui avait été le collègue et ami de Lucien Tesnière à l'Université de Strasbourg et a mené à bien l'édition à titre posthume des "Éléments de syntaxe structurale" (1954), a ainsi synthétisé dans son propre modèle la théorie de la valence de Lucien Tesnière et une conception qui rejoint les analyses de Otto Jespersen sur la similitude structurale et fonctionnelle entre les principales "catégories" syntaxiques dans son ouvrage Philosophy of grammar (Londres 1924). Le modèle de Jean Fourquet, qu'il a lui-même appelé, avec beaucoup de modestie, "théorie des groupes syntaxiques", mais qui pourrait à juste titre être rebaptisé "modèle des catégories et des connexions" (Cortès, Rousseau (ed), 1999), en grand ancêtre de la théorie X-barre, montre peut-être plus clairement encore la spécificité des "spécifieurs" des syntagmes et surtout leur rôle original d'actualisateurs de l'énoncé. Les "spécifieurs" (ou "catégories" de Jean Fourquet) sont des objets linguistiques hybrides qui, par leur nature, relèvent du syntagme dont ils font partie (déterminant pour le groupe nominal, modalisateur pour le groupe verbal, marqueurs de gradation pour le groupe adjectival ou adverbial), et qui, par leur fonction, relèvent de fait de l'énoncé tout entier, dont ils actualisent la charge énonciative et pragmatique. L'autre spécificité de la syntaxe non réductible aux propriétés des unités lexicales concerne la combinatoire des syntagmes, dont dépend la mise en texte de la phrase. Ainsi la linéarisation de l'information dans des structures dépendantes ou adjointes (suites d'éléments coordonnés, appositions, etc.) selon le projet de mise en discours et en texte choisi par l'énonciateur est spécifique de la syntaxe. L'unité syntaxique phrase a une autre fonction que celle des syntagmes à noyaux lexicaux : c'est une unité d'organisation de l'information en fonction d'objectifs textuels. Pour ce niveau syntagmatique de préparation de la phrase à son insertion textuelle, la théorie X-barre prévoit un autre type de projection qu'elle appelle projection fonctionnelle. Alors que la projection lexicale correspond à une construction endocentrique autour d'un noyau, la projection fonctionnelle est une construction exocentrique qui relie des constructions endocentriques entre elles pour former un constituant original et non réductible à ses parties : la phrase. Ainsi le noeud Infl : inflexion verbale (flexion verbale, auxiliaires de conjugaison) de la théorie X-barre rappelle opportunément que le temps et le mode ne sont pas des caractéristiques spécifiques du seul groupe verbal, mais des marqueurs à la fois du projet énonciatif et de l'insertion de la phrase dans un texte. Quant au noeud Comp (complementizer), qui permet de rendre compte de la topicalisation et de la subordination, il faut considérer qu'il apporte un élément de structuration de l'information qui a avant tout une fonction textuelle. Ce qui est spécifique de la syntaxe (en dehors de toutes les propriétés communes à la syntaxe et au lexique), c'est d'une part l'ancrage de chaque syntagme dans le projet énonciatif du locuteur, et d'autre part l'ancrage textuel de la phrase. Ces phénomènes d'actualisation de la phrase en tant que mise en discours d'un acte de langage et en tant qu'étape de la constitution du texte n'ont rien à voir avec le lexique et sont des opérations spécifiques de la syntagmatique énonciative et textuelle, absolument irréductibles aux propriétés lexicales du syntactique dont est dotée chaque unité lexicale majeure. Les opérations spécifiques de la syntagmatique énonciative et textuelle 4 C.CORTÈS - Lexique et syntaxe - Introduction constituent le champ privilégié d'opérations de grammaticalisation (des déterminants, des marques de gradation ou de conjugaison verbale, des phénomènes d'accords marqués par des séquences discontinues de morphèmes flexionnels, etc.), auxquelles nous allons opposer maintenant les opérations de lexicalisation. 3. Le lexique ne se confond pas non plus avec les propriétés syntaxiques ou morpho-syntaxiques des catégories lexicales majeures. Affirmer qu'il existe un champ spécifique des opérations de lexicalisation, c'est affirmer qu'il existe une syntagmatique spécifique dont l'objectif est la création du matériau lexical. Il est pertinent de poser, à côté de la syntaxe de la phrase, une syntagmatique lexématique. L'ouvrage de Fradin (2003) a justement été écrit pour fonder une morphologie constructionnelle autonome, et même si le matériau lexical est formé selon de nombreux types de règles dont la syntaxe n'est pas exclue, Fradin (comme D. Corbin avant lui) démontre très clairement qu'il convient de postuler une opération spécifique de lexicalisation pour toutes les types d'unités lexicales complexes, quel que soit leur procédé de formation. Fradin (2003) distingue un grand nombre de procédés de construction des unités lexicales complexes, les "unités morphologiquement construites" par affixation, conversion, réduplication ou composition, les "unités syntaxiquement construites" par synapsies (heure de pointe, avion à réaction) par syntagmes (messe basse) et coordination (dommages et intérêts) ou encore des unités construites par des moyens extragrammaticaux, comme les siglaisons ou les mots valises. Le matériau lexical complexe est donc a priori très hétérogène et la syntaxe offre des procédés de formation au même titre que la morphologie lexicale, même si cette dernière est la seule "composante autonome qui soit dévolue aux combinaisons et contraintes responsables de la créativité du vocabulaire". Mais Fradin (2003) montre que le phénomène de lexicalisation ne saurait se confondre avec les procédés de formation. La définition de la lexicalisation de Fradin 2003 est très éclairante : "Suivant Corbin (1992), je considère que la lexicalisation est le fait qu'une expression linguistique accède au statut d'entité codée, présentant une association réglée des rapports son / sens / syntactique reconnue et employée comme telle. Avec Bauer (1983, 48-61), on peut la voir comme la dernière étape d'un processus qui se marque par le fait qu'une expression devienne une unité lexicale en acquérant au moins une propriété idiosyncrasique. (...) La lexicalisation dépend de facteurs à la fois sociologiques et linguistiques". Fradin, (2003, 220-221). Il y a dans cette définition des éléments essentiels pour un programme de recherche sur la lexicalisation : - Comme l'unité lexicale de base, l'unité lexicale complexe formée par l'application des règles de créativité lexicale se caractérise par "l'association réglée des rapports son / sens / syntactique"; l'étude de la lexicalisation dans la langue passera donc par la comparaison entre unité lexicale de base et unité lexicale complexe selon ce paramètre. Ainsi l'analyse des changements de sens et/ ou de syntactique entre l'unité lexicale de base et l'unité lexicale complexe sera du plus grand intérêt. - A cela devra s'ajouter la recherche des idiosyncrasies spécifiques des unités lexicales, puisque le "processus se marque par le fait qu'une expression devienne une unité lexicale en acquérant au moins une propriété idiosyncrasique". - Enfin, étant donné que "la lexicalisation dépend de facteurs à la fois sociologiques et linguistiques", il ne suffit pas de décrire les contraintes linguistiques qui président à la formation d'une unité lexicale pour en justifier l'existence, mais il faut aussi analyser à quelles nécessités sociolinguistiques et psycholinguistiques elle répond, 5 Cahier du CIEL 2005-2006 en étudiant le domaine cognitif auquel elle appartient et le(s) paradigme(s) dans le(s)quel(s) elle entre, ainsi que le type des textes et la nature des isotopies qu'elle permet de construire. Tout programme de recherche sur la lexicalisation dépend de la conception que l'on a du module lexical spécifique d'une langue, qui devra rendre compte des aspects à la fois statique et dynamique du lexique. Le module lexical d'une langue est le lieu de stockage d'information sur le matériau lexical disponible, mais c'est aussi un lieu de création de nouvelles unités lexicales à partir d'éléments appartenant au stock lexical, selon des règles à expliciter. Danielle Corbin (1988) plaide "pour un composant lexical associatif et stratifié", dans lequel elle distingue "trois types d'items lexicaux : - Les entrées lexicales de base (niveau 1), ensemble de mots non construits, complexes et non complexes, et d'affixes, tous entièrement définis par leurs propriétés intrinsèques. - Les mots construits possibles (niveau 4), purs produits des règles de construction des mots (RCM), dotés par les RCM de toutes les propriétés régulières prédictibles." - L'ensemble des autres éléments appartenant au lexique conventionnel (niveau 10), cet "état instable et composite de l'ensemble du lexique observable dans une synchronie donnée." (Corbin, 1988, 77). Les "entrées lexicales de base (niveau 1)" sont le matériau de construction du lexique et les "mots construits possibles (niveau 4)" sont le résultat de l'application des règles linguistiques de morphologie lexicale, sur lesquelles se greffent des distorsions allomorphiques ou des troncations "régulières, sporadiques ou idosyncratiques" ainsi que des distorsions sémantiques. Mais le lexique conventionnel comprend aussi toutes les unités lexicales complexes formées selon des procédés non morphologiques (syntaxiques ou extragrammaticaux). Particulièrement sensible à la fonction du syntactique au coeur du processus de formation du vocabulaire, Bernard Fradin (2003) va plus loin encore dans la compréhension et l'analyse de l'interface entre lexique et syntaxe et de l'intrication entre phénomènes de lexicalisation et de grammaticalisation, en insistant sur une distinction indispensable pour le morphologue et souvent négligée par le syntacticien : "A l'instar de nombreux autres linguistes, je distinguerai entre catégorie lexicale majeure et catégorie lexicale mineure. Classiquement, une catégorie lexicale majeure est par définition la tête sémantique (et le plus souvent catégorielle) d'un syntagme. Les catégories lexicales mineures (numéraux, possessifs, articles, quantificateurs, classificateurs, conjonctions) ne peuvent être têtes de syntagmes." (Fradin, 2003, 17). Alors que les expressions de catégories majeures, "constituées de représentations non nulles d'ordre phonologique, sémantique et syntactique, qui s'impliquent mutuellement", "constituent des classes ouvertes", ont "un apport de signification substantiel", "sont susceptibles d'être fléchies et peuvent servir de base à la morphologie constructionnelle", "les adpositions ne sont pas fléchies", "ne sont jamais sources de dérivés en français, si ce n'est sous forme de converts (le dessus, le pour , le contre)", mais, "elles peuvent être à l'origine de préfixes et de suffixes, ou être affectées par des processus morphonologiques" comme l'amalgame, par exemple (au et du en français.) (Fradin, 2003, 19-20). Enfin certaines adpositions qui sont traitées par la théorie X-barre comme des têtes de syntagmes, comme les prépositions, ont, selon Fradin (2003) un comportement "qui n'est pas celui des têtes sur deux points : (i) elles ne sont généralement pas l'équivalent distributionnel du syntagme dont elles sont la tête (sous n'est jamais l'équivalent distributionnel de sous l'armoire); 6 C.CORTÈS - Lexique et syntaxe - Introduction (ii) elles ne déterminent pas la catégorie sémantique du syntagme dans son entier. Alors que garçon détermine le type ontologique de le grand garçon parce que ce syntagme décrit une instance de garçon, sous dans sous l'armoire ne détermine pas le type ontologique de ce syntagme, car celui-ci n'est pas une instance de sous." Fradin (2003, 20). Les propriétés des adpositions sont relationnelles. Le stock lexical étant constitué, dans le modèle de Fradin 2003, de catégories lexicales majeures, mais aussi de catégories lexicales mineures que Fradin dénomme : adpositions, la création lexicale endogène (c'est-à-dire hors emprunts à d'autres systèmes linguistiques) fondée sur des procédé de morphologie constructionnelle est soit une combinaison de catégories lexicales majeures entre elles (appelée généralement "composition"), soit une combinaison de catégories lexicales majeures et de matériau lexical non autonome ou d'adpositions, ce qui couvre à la fois les phénomènes de dérivations préfixales et suffixales, mais aussi les autres formes de dérivations comme les verbes à particules qui sont le sujet de cet ouvrage. Au coeur du composé ou du dérivé, il y a de toute façon un élément relevant d'une catégorie lexicale majeure (nom, verbe, adjectif, par exemple) et le résultat est aussi une catégorie lexicale majeure. "La morphologie constructionnelle, dont l'objet est d'étendre le stock des items lexicaux disponible, ne fabrique pas d'expressions de la catégorie adposition" (Fradin 2003, 21), ce qui a pour conséquence que seules les catégories lexicales majeures, "douées chacune d'une forme vocale et d'un sens (Martinet , 1965, 13), soit, dans nos termes, d'une face substrat et d'une face abstrat" et de leur syntactique (Fradin (2003, 11) et Mel'cuk (1993, 102)) font l'objet d'un processus de création lexicale. "Symétriquement , les adpositions nouvelles apparaissant dans les langues seront le fait de procédés étrangers à la morphologie. Ces procédés relèvent de la grammaticalisation d'expressions en contexte. (...) Cette vision des choses s'accorde avec l'idée que les adpositions constituent, en synchronie, une catégorie hétérogène (ses membres n'ont pas tous des propriétés identiques, si ce n'est celle d'indiquer une relation). D'un point de vue typologique et historique, les adpositions apparaissent souvent comme une catégorie de transit pour des expressions qui avaient le statut de catégorie majeure et qui ne sont pas encore des marques grammaticales." Fradin, (2003, 21) Ainsi la catégorie lexicale majeure s'impose non seulement comme tête de syntagme dans le domaine de la syntaxe de la phrase, mais aussi comme élément moteur de la lexicalisation. C'est pourquoi Fradin (2003) plaide pour une morphologie nécessairement lexématique. Nous allons voir comment les propositions de Fradin 2003 fournissent un cadre théorique adéquat au travail de Michel Simon et comment, en retour, le travail de Michel Simon pose un problème spécifique en ce qui concerne le rapport entre catégorie lexicale majeure et adposition. 4. Place de la syntaxe et de la lexicalisation dans le travail de Michel Simon Michel Simon étudie plusieurs formes de création lexicale à partir d'un verbe simple et d'une particule. Conformément aux prédictions de Fradin 2003, il s'agit de la formation d'une catégorie lexicale majeure, un verbe complexe, à partir d'une autre catégorie lexicale majeure, un verbe simple, auquel est adjointe une catégorie lexicale mineure, ou adposition, la particule. La particule correspond bien à la définition de l'adposition proposée par Fradin, puisqu'elle n'est pas fléchie, mais qu'elle peut être à l'origine de préfixes et de suffixes, 7 Cahier du CIEL 2005-2006 comme dans le cas des "compound verbs", qui font l'objet de la deuxième partie de l'étude. En outre, si nous considérons les "phrasal verbs", la particule a bien, comme l'adposition, des propriétés essentiellement relationnelles; en effet, dans leur sens spatial, les particules délimitent différentes portions d'espace qu'elles mettent en relation; dans leur sens aspectuel, elles participent généralement au bornage du procès, mettant en relation différentes phases du procès; enfin dans leur sens notionnel, elles relient, notamment par métaphore, des domaines notionnels différents, le schéma cognitif de l'un étant projeté sur l'autre. Enfin, en véritables adpositions, les particules "constituent, en synchronie, une catégorie hétérogène (ses membres n'ont pas tous des propriétés identiques, si ce n'est celle d'indiquer une relation)", ce qui explique la grande diversité des comportements de la particule dans les verbes complexes anglais étudiés. La question de fond que pose le travail de Michel Simon est celui du statut du verbe complexe face au phénomène de lexicalisation. S'il ne fait pas de doute que les "compound verbs" sont des dérivés et que la particule y a un statut de préfixe, en revanche, pour toutes les autres constructions classées parmi les "phrasal verbs", les choses ne sont pas aussi claires, puisque certaines constructions peuvent être analysées de manière presque compositionnelle alors que d'autres sont beaucoup plus idiosyncrasiques. Les problèmes de place de la particule par rapport aux compléments du verbe complexe illustrent parfaitement cette hétérogénéité. Le travail de Michel Simon consiste à étudier avec une grande précision tous les phénomènes pertinents et c'est en comparant la valence syntaxique, la valence sémantique et la sémantique lexicale du verbe de base à la valence syntaxique, la valence sémantique et la sémantique lexicale du verbe complexe que Michel Simon parvient à démonter les mécanismes de la lexicalisation dans le domaine de la combinaison verbe + particule (dite "phrasal verb") d'une part et de la combinaison particule + verbe (dite "compound verb") d'autre part. Il montre en effet, avec une rigueur qui ne se dément jamais, où se localisent les idiosyncrasies responsables de la lexicalisation pour chaque type de verbes complexes, que ce soit au niveau de la sémantique verbale ou de la sémantique des actants, mais aussi au niveau du cadre actanciel du verbe complexe qui présente parfois de grande différences par rapport au cadre actanciel du verbe de base. Je cite ici un commentaire très éclairant de Michel Simon lui-même sur sa démarche : "Nous observons un processus de lexicalisation dans les deux types de verbes composés anglais, mais le compound verb correspond bien à une étape plus avancée de ce figement lexical. En effet, on peut le constater sur un triple plan : - 1. la particule perd de sa profondeur résultative avec le compound verb, alors que la résultativité constitue une valeur centrale du phrasal verb ; - 2. les changements de valence syntaxique sont omniprésents avec les phrasal verbs, mais se font beaucoup plus rares avec les compound verbs; - 3. enfin, avec le phrasal verb, la stabilité syntaxique (absence de changement de valence), combinée aux niveaux 1 et 2 [compositionnels], favorise l’expérimentation tropique, alors que c’est au contraire au niveau 3 [non compositionnel] que l’on trouve, avec le compound verb, la configuration "actancielle" la plus diversifiée. Bref, si le phrasal verb est encore un verbe composite, le compound verb ne l’est quasiment plus, sauf lorsqu’il devient le siège d’une opération modale de prédication comparative, où le préverbe est utilisé pour indiquer un jugement par rapport à une norme présupposée. Nous montrons ainsi comment chacun de ces deux types de 8 C.CORTÈS - Lexique et syntaxe - Introduction verbes complexes peut aussi participer d'une sorte de "concentration lexicale" de relations prédicatives sousjacentes complexes." S'il ne peut faire de doute que les compound verbs sont bien le résultat d'un processus de création lexicale par dérivation, c'est-à-dire qu'ils peuvent être entièrement traités dans le cadre de la morphologie lexèmatique de Bernard Fradin 2003, en revanche, les phrasal verbs, qui eux aussi peuvent recevoir le statut d'élément lexicalisé puisqu'ils présentent également "une association réglée des rapports son / sens / syntactique reconnue et employée comme telle" et "au moins une propriété idiosyncrasique", sont plutôt à analyser comme le résultat d'opérations syntaxiques complexes et plus ou moins figées. L'éventail des verbes complexes de l'anglais étudiés par Michel Simon met donc en oeuvre des procédés de formation très différents, dont certains relèvent de la morphologie constructionnelle et d'autres de la syntaxe, même s'ils sont tous formés des mêmes éléments, une catégorie lexicale majeure (un verbe) et une adposition, la particule. 5. Conclusion Si le fait que l'emploi d'une méthode fondamentalement syntaxico-sémantique conduise Michel Simon au coeur de la lexicalisation pouvait sembler paradoxal au départ de notre réflexion, cette introduction devrait avoir permis de lever le paradoxe. En effet, l'intrication entre syntaxe et lexique est telle que l'importance d'une étude syntaxique en lexicologie est une évidence et nous venons de montrer que la pertinence de la syntaxe au coeur du lexique était à chercher sur au moins deux plans : - le plan du syntactique des catégories lexicales majeures, constitutif des unités lexicales simples ou complexes, - le plan du procédé de formation des nombreuses unités lexicales complexes "syntaxiquement construites". C'est bien sur ces deux plans que se situe le travail de Michel Simon, qui compare le syntactique des verbes simples et complexes à particules de l'anglais, mais qui étudie aussi très soigneusement la syntagmatique du phrasal verb et de son co-texte actanciel. Toutefois l'ouvrage montre également que l'étude syntaxique ne saurait épuiser la problématique de la lexicalisation, ce codage d'une "association réglée des rapports son / sens / syntactique reconnue et employée comme telle", qui va généralement de pair avec l'acquisition d'"au moins une propriété idiosyncrasique". L'étude des idiosyncrasies et de leurs mécanismes sous-jacents constitue également une part importante du travail de Michel Simon, dont la monographie rend manifestes les nombreux aspects de l'articulation entre lexique et syntaxe dont cette préface a tenté de donner un aperçu. 9 Cahier du CIEL 2005-2006 Éléments de bibliographie Corbin, Danielle (1988) : Pour un composant lexical associatif et stratifié. in Lexique, nouveaux modèles, DRLAV 38 (63-92), Revue de linguistique du Centre de recherche de l'Université Paris VIII 1988 Cortès, Colette et Rousseau André (eds) (1999) : Catégories et connexions en hommage à Jean Fourquet pour son centième anniversaire le 23 Juin 1999. Presses universitaires du Septentrion 1999 Linguistique Fleischer , Wolfgang & Helbig, Gerhard & Lerchner, Gotthard (Hrsg.) (2001) : Kleine Enzyklopädie Deutsche Sprache. Peter Lang 2001 Fourquet Jean 1970 Prolegomena zu einer deutschen Grammatik. Düsseldorf Schwann 1970 Fradin, Bernard (2003) : Nouvelles approches en morphologie in Linguistique nouvelle Presses Universitaires de France (PUF) 2003 François, Jacques (2003) : La prédication verbale et les cadres prédicatifs. Louvain, Peeters, 2003 Mel'¢uk, Igor (1993) : Cours de morphologie générale, Volume 1 Introduction et première partie : le mot. Presse de l'Université de Montréal. CNRS Éditions. 1993 Mel'¢uk, Igor, Clas, André, Polguère, Alain (1995) : Introduction à la lexicologie explicative et combinatoire. Champs Linguistiques. Duculot AUPELF UREF 1995 Rich Georg A. (2003) : Partikelverben in der deutschen Gegenwartssprache mit durch-, über-, um-, unter-, ab-, an- Peter Lang 2003 Colette Cortès Directeur adjoint du CLILLAC (EA 3967), Responsable scientifique du C.I.E.L. Mai 2006 10 LEXICALISATION DES VERBES COMPLEXES ANGLAIS : VERS UNE TYPOLOGIE SYNTAXICO-SEMANTIQUE DES « PHRASAL VERBS » ET « COMPOUND VERBS » Michel SIMON C.I.E.L., Université Paris 7 INTRODUCTION GÉNÉRALE Si nous voulons tenter de comprendre le fonctionnement des « verbes complexes » anglais, il conviendra tout d’abord de bien établir la différence entre prepositional verb, phrasal verb, et compound verb. Seules ces deux dernières unités de langue, composées d’un verbe et d’une particule adverbiale (d’origine « directionnelle »), feront l’objet de cette étude qui s’inscrira dans une approche "localiste", la plus adaptée, selon nous, à rendre compte du phénomène étudié, essentiellement d’un point de vue synchronique. Par delà les phénomènes de surface, nous découvrirons que le « verbe complexe » participe d’une stratégie discursive de l’énonciateur, dans la mesure où il est toujours la trace d’opérations de localisation sous-jacentes, faisant intervenir des valeurs directionnelles, aspectuelles, voire modales, dans des schémas syntaxiques divers, et parfois « atypiques » par rapport au verbe "support" fonctionnant sans la « particule ». Dans le premier chapitre, nous définirons notre « méthodologie », laquelle nous permettra d’élaborer une typologie "syntaxico-sémantique" de ces verbes complexes. Le chapitre 2 sera entièrement consacré à une étude de nature typologique des phrasal verbs (Verbe + Particule), tandis que le chapitre 3 abordera l’analyse des compound verbs (Particule + Verbe). Nous appuyant sur une différenciation entre localisation externe (valeur directionnelle) et localisation interne (valeur aspectuomodale ou bien notionnelle), nous nous intéresserons aussi aux rapports entre « syntaxe et sémantique » au sein du verbe complexe, en prenant en considération, afin de mieux cerner les conditions et processus de lexicalisation, la sémantique verbale, la valence syntaxique (diminution ou augmentation des actants) et la valence sémantique (variations du caractère ± animé des actants). Ces différents critères nous permettront alors d’approfondir les mécanismes de concentration prédicative, à l’œuvre dans la "dérivation synthétique" (double prédication, ergativité, conversion), laquelle caractérise le phrasal verb et aussi, de manière plus limitée, le compound verb. Notre tâche sera donc de démontrer que tout verbe composé ne peut se limiter à une simple unité lexicale dont la signification ne dépasserait jamais la somme de ses parties, mais qu’il s’agit bien d’une « lexie complexe ». Ainsi, nous nous efforcerons de mettre au jour, dans la perspective de la Théorie des Opérations Enonciatives d’Antoine Culioli, les mécanismes sous-jacents dont les verbes complexes peuvent être la trace, tant sur le plan des valeurs notionnelles véhiculées par les particules, que sur celui des relations Cahier du CIEL 2005-2006 prédicatives, pour ainsi dire parfois « téléscopées » dans leurs diverses réalisations de surface, et qu’enfin sur la stratégie énonciative du locuteur, laquelle semble parfois inscrite dès le niveau "lexical". Reprenant à notre compte ce que dit Sarah de Vogüé à propos de sa recherche sur la typologie nominale, nous poserons que l’histoire "dérivationnelle" du verbe complexe, et en particulier celle du phrasal verb, c’est de se trouver exactement – pour reprendre une dichotomie posée par E. Benveniste – à la frontière de la langue et du discours1, ou plutôt d’opérer un va et vient entre ces deux plans, contribuant ainsi à enrichir sémantiquement chaque unité existante, laquelle ne sera donc ni jamais tout à fait arbitrairement construite sur le plan discursif, ni jamais totalement figée sur le plan lexical, puisque le phrasal verb, particulièrement, est le site, ou mieux, le nœud prédicatif où naissent de nombreuses expressions dites "idiomatiques" (métaphorisations spatiales). Bref, notre objectif sera de démontrer que le verbe complexe ne peut être appréhendé seulement comme une pure unité lexicale « figée », et qu’il y a donc souvent une contradiction de nature théorique dans des manuels « didactiques » consacrés aux phrasal verbs2 à dire d’une part que ceux-ci ne posent pas de problème d’apprentissage pour les anglophones3, et d’autre part, que ces unités de langue ou de discours ne forment pas un système linguistique cohérent4, ou d’affirmer qu’elles relèvent uniquement de la composante « lexicale ». Voici par exemple comment Timothy Morris aborde dans son manuel d’introduction à l’apprentissage des phrasal verbs, ouvrage purement didactique, sans aucune prétention théorique, destiné aux étudiants qui, aux quatre coins du monde, préparent le First Certificate (Cambridge) et le TOEFL, la question des « verbes complexes » : "An English verb such as to look may be followed by a variety of prepositions : up, down, round, etc. If the meaning of the combination is clear from considering the two individual words and their meanings separately the result is best called a prepositional verb. Thus a tourist guide might say to members of his tour group, “Look up and you will see Big Ben”. Often, however, a verb is followed by a preposition (at least, it looks like a preposition) but the meaning of the combination is not clear from considering the two individual words separately, then adding them together. For example, if someone doesn’t know a particular phone number you might advise « Look it up in the telephone directory". This type of « irrational » combination is best called a phrasal verb. » (…) "Phrasal verbs are notoriously difficult for foreign students of English to learn and it is common for students with otherwise excellent English to have a poor command of them. By contrast, phrasal verbs are never a problem for native speakers, even those of low educational standard who may frequently make mistakes in grammar and spelling and who have a limited vocabulary. Native speakers absorb them unconsciously from earliest childhood, always meeting them in context. Foreign learners find phrasal verbs difficult for a variety of reasons : • their own language does not have phrasal verbs • phrasal verbs seldom or rarely occur in formal writing (for many students the most common type of language learning activity.) • They are illogical, so that intelligence cannot succesfully be used • They often have multiple meanings • They are confusingly similar to each other" “Phrasal verbs – A FUN new approach” (1996), Black Sheep Press of Oxford. 1 Nous prenons le terme discours dans la première acception de Benveniste influencé par les travaux de Lacan, à savoir que la langue n’est plus seulement un système de signes, elle devient instrument de communication : « L’énonciation suppose la conversion individuelle de la langue en discours (…) Avant l’énonciation, la langue n’est que la possibilité de la langue. Après l’énonciation, la langue est effectuée en une instance de discours, qui émane d’un locuteur, forme sonore qui atteint un auditeur et qui suscite une autre énonciation en retour. (…) Enfin, dans l’énonciation, la langue se trouve employée à l’expression d’un certain rapport au monde. (…) » [E. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, 2 (1974) pp. 81/82]. 2 A noter que le "compound verb" ne bénéficie pas de tels égards ; d’emblée, il est considéré comme une simple unité du lexique, au même titre, d’ailleurs, que de nombreux autres verbes "préverbés" des langues européennes. 3 cf. La phrase clef dans le manuel ci-dessous nommé : "Native speakers absorb them unconsciously from earliest childhood, always meeting them in context". 4 cf. Dans le même manuel : « They are illogical, so that intelligence cannot successfully be used ». 12 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Il va de soi qu’une telle approche ne saurait rendre compte des opérations « prédicatives » et « énonciatives » qui caractérisent les verbes complexes. Même si la concentration prédicative du « compound verb » s’avère, elle, beaucoup plus lexicalisée que celle du « phrasal verb », il n’en reste pas moins que celui-là semble regagner du terrain en anglais contemporain, alors que, historiquement, le phrasal verb s’était imposé sur le verbe préverbé. Nous exprimerons ainsi la conviction que les « verbes complexes »5 anglais, composés d’une « particule adverbiale » (d’origine directionnelle)] ayant en surface soit l’orientation : « Verbe + Particule » (= phrasal verbs), soit l’orientation : « Particule + Verbe » (= compound verbs), participent, à partir de schémas opératoires, d’une construction linguistique complexe, élaborée, de façon pragmatique, par les locuteurs de langue anglaise. 5 NB : le chapitre 2 du présent travail s’appuie largement sur la première partie (chapitres 1 à 4) de notre thèse de doctorat : "Etude syntaxique, sémantique et traductologique des « phrasal verbs » anglais", effectuée sous la direction du Professeur Colette CORTES, Directeur du CIEL ; Université Paris 7 - D. Diderot (Octobre 2003). 13 Cahier du CIEL 2005-2006 CHAPITRE 1 : CADRE MÉTHODOLOGIQUE 1.1. « Phrasal verb », « Prepositional verb » et « Compound verb » Nous partons du constat que certains éléments d’origine « directionnelle » ont - depuis le vieil-anglais - vocation à former des "verbes complexes", soit en se positionnant à gauche du verbe, et l’on obtiendra alors des verbes "préverbés", soit en se positionnant à sa droite et l’on obtiendra alors ou bien des "verbes prépositionnels", ou bien des "phrasal verbs". C’est ainsi que l’on parlera, pour désigner ces éléments, tantôt de particules préverbées, tantôt de prépositions ou de particules adverbiales. Nous adopterons le point de vue de Thomas Fraser6 selon lequel "Il y a (…) entre les différents sous-systèmes des liaisons "de caractère continu permettant de passer insensiblement de l’un à l’autre" (G. Guillaume, 1973, 177)." Nous verrons comment, sans avoir la prétention d’entrer dans une analyse "diachronique" exhaustive, nous assistons bien, à partir du Moyen Anglais, à l’évolution du préverbe vers l’emploi adverbial. Cependant, la langue anglaise a bien su conserver, jusqu’à nos jours, trois fonctions bien distinctes de la « particule », laquelle peut prendre des « valeurs » différentes. 1.1.1. Point de vue « synchronique » : la combinatoire lexicale Toutes les "particules" d’origine directionnelle de l’anglais ne se prêtent pas aux trois fonctions. Ainsi, si quelque 28 sont aptes à former des "phrasal verbs", elles ne sont guère qu’une dizaine à former des "compound verbs" [Affixe + Verbe] en anglais contemporain (outvote). En outre, si certaines prépositions ne sont pas attestées en tant que particules adverbiales [cf. after, at, between, for, of, etc…], quelques particules adverbiales n’ont également pas de fonction prépositionnelle [cf. aback, adrift, apart, aside, away, forth…] ; toutefois, le plus grand nombre de ces "particules", d’origine directionnelle, appartiennent bien à deux, voire à trois classes, et peuvent avoir une triple fonction, préverbale, prépositionnelle, ou postverbale (adverbiale). S’il est aisé d’identifier spontanément une particule préverbée (cf. incoming), cela l’est en revanche un peu moins en ce qui concerne la préposition et la particule. Ainsi, John flew in the plane apparaîtra comme un énoncé ambigu : i.e. soit John est "passager" [in est alors "préposition" → John flew in the plane], soit John est "pilote" [in est alors "particule" → John flew in the plane]. Ceci nous conduit à établir une différence fondamentale entre "particule" et "préposition" sur le plan des constructions "référentielles". La "préposition" ne véhicule jamais à elle seule de valeur résultative7. Ainsi, dans The tree blew down (« phrasal verb »), il est possible de dire en anglais que l’arbre est maintenant "down" [l’arbre est tombé, traduction de down ou plutôt de l’état résultant8 suite au processus "blow down"], alors que dans He looked after his aged father (prepositional verb), il ne peut être 6 Du Préverbe au Postverbe en Vieil-Anglais, in Actes d’un colloque sur la préverbation [Nov. 1993 – Lille III], établis par A. ROUSSEAU (1995), p. 96 7 La résultativité n’est certes pas l’apanage des "particules" en anglais, mais on postulera pour notre part, que seul un élément d’origine "directionnelle" pouvant véhiculer une valeur résultative sera habilité à entrer dans la classe des particules adverbiales, lesquelles contribueront ainsi à former la catégorie des phrasal verbs, ce que résume le Tableau 1 : Nature des particules : Particules d’origine directionnelle 8 Pas de résultativité « autonome » → Prépositions (« autonomie » syntaxique limitée) « Résultativité » possible → Particules adverbiales (plus grande « autonomie » syntaxique) "Etat résultant = Adjacence = Résultat. Etat du Patient d’un processus une fois franchie la 2ème borne de celuici" M.L. Groussier, C. Rivière, Les mots de la linguistique, Ophrys (1996), p. 74. 14 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais question de conclure : "*and then his aged father was after". Seul le maintien de la totalité du prédicat pourrait rendre cet énoncé acceptable : "and then his aged father was (very well) looked after". Bref, les verbes prépositionnels, qui sont des transitifs « indirects » (ou à « objet prépositionnel »), ont moins d’autonomie syntaxique que les phrasal verbs, et ne peuvent véhiculer qu’une seule prédication, point fondamental sur lequel nous reviendrons ultérieurement. Il nous reste à maintenant déterminer la classe de ces éléments d’origine "directionnelle" qui peuvent entrer dans une combinaison avec un verbe pour former soit un « phrasal verb », soit un « prepositional verb », soit encore un « compound verb ». FONCTIONS des « PARTICULES » → ABACK ABOUT ACROSS ADRIFT AHEAD ALONG APART AROUND ASIDE ASUNDER « Prépositionnelle » (prepositional verbs) non oui oui non non oui non oui oui non AWAY non BACK non BY oui DOWN oui FORTH (now rare) FORWARD non IN oui OFF oui ON oui OUT OVER non oui oui (“as preposition perhaps aphetic of ‘around’”) cf. OED ROUND 9 TO and FRO (now rare) THROUGH oui TO oui TOGETHER (now rare) Tableau 29 « Pré-verbale » « Post-verbale » (compound verbs) (phrasal verbs) non oui Rare ; about-turn oui non oui non oui non oui non oui non oui non oui non oui non oui non (il peut seulement y avoir oui inversion) oui ( to backslide) oui On ne trouve guère que des formes non finies. Ex : oui bygone ; ainsi bystander existe mais pas *to bystand Peut-être davantage en formes non finies : Ex : downcast, downtrodden, qu’en formes oui finies : Ex : to download NB : down peut être aussi un verbe. Obsolète cf. † forthgo oui, mais tend à être remplacé Quelques formes non finies : par out forthgoing, forthputting non (mais il y a un verbe : to oui forward) oui, ex : inherit, inhabit oui In peut être un verbe. oui oui Pas de formes finies, mais plusieurs participes présents oui ou noms (on-going, onlooker, onrush) oui oui oui oui non oui (mais il existe un verbe archaïque) non (peut toutefois être oui « verbe ») non oui oui, ex : the door swung to non behind him) non oui Nous avons retenu ci-dessous les 28 « particules » les plus courantes de notre corpus. 15 Cahier du CIEL 2005-2006 oui oui UNDER UP oui oui oui oui 1.1.2. Point de vue « diachronique » : la lexicalisation Le problème de la dimension diachronique se pose au cœur même du lexique, à travers les principes de glissement intégré comme la "métonymie". On peut en effet prévoir que les représentations spatiales vont servir, dans la langue, de support cognitif à d’autres valeurs référentielles10, dont celles de l’Aktionsart11. Sans avoir aucunement la prétention de faire un compte rendu exhaustif de l’évolution syntaxique des verbes complexes, qu’accompagne une évolution sémantique des particules directionnelles, en particulier entre le vieil-anglais et le moyen-anglais, il s’agit, ici, bien plutôt de poser le problème du "passage" de valeurs directionnelles à des valeurs aspectuo-modales, dans la mesure où ce sont les mêmes marqueurs qui renvoient à des opérations énonciatives de nature différente (axe spatial → axe aspectuo-temporel). Ainsi, Laurel J. Brinton, dans son ouvrage12, présente plusieurs approches sur l’origine du phrasal verb, dont elle inscrit plus largement l’évolution au sein des systèmes aspectuels de l’anglais. Elle essaie de démontrer qu’il y a eu une "double évolution"13, 1. sur le plan syntaxique : de leur position préfixée, les "particules", anciennes et nouvelles, passent progressivement à droite du verbe ; 2. sur le plan sémantique : ces morphèmes allaient en quelque sorte se partager, dans un premier temps, les rôles, les préfixes ou préverbes gardant essentiellement une valeur aspectuelle, et les particules "postverbales" revenant à une première valeur spatiale, pour ensuite elles-mêmes tirer de cette valeur de base directionnelle d’autres valeurs de nature aspectuelle, voire modale [cf. tableau 3] Tableau 3 [Evolution sémantique des “particules pré- et post-verbées”] : Evolution de la langue → Old English Middle English Prefixes → “Aktionsart” (“aspect” lexical) Ø → Particules Valeur « spatiale » Valeur « non-spatiale » Le moteur de l’évolution des préfixes et particules post-verbales en anglais relèverait du principe d’iconicité14, ce qui pose en réalité le problème de la relation QNT/QLT dans l’évolution sémantique de toute unité de langue15. 10 « It is a well-known fact that in many languages lexical items which denote locative relations are also used to denote temporal and other more abstract relations. » Bierwisch (1967) / « On trouve à nouveau illustré la loi selon laquelle le temps emprunte à l’espace les moyens de sa représentation ». C. Guimier (1980) 11 i.e. : type de procès ("lexical aspect" en anglais, Aktionsart en allemand, ou "lexical-notionnel" en français). 12 Cf. Chapitre 5 de “The development of English aspectual systems. Aspectualizers and post-verbal particles.” Laurel J. Brinton (1988), University of British Columbia (C. U. P) 13 « Although aktionsart meanings seem to be already quite fully developed in the prefixes, the shift from spatial to non-spatial meanings in the particles is apparent as the phrasal verb develops in Middle English. Many of the particles used in the phrasal verb are cognate with the verbal prefixes, but several new adverbials forms are also used. » L. Brinton, op. cit., p. 185 14 “I have argued that the shift is not a case of bleaching from concrete to abstract meaning, nor a metaphorical transfer from spatial to temporal meaning. Rather, I have suggested that a principle of diagrammatic iconicity underlies the semantic change in the prefixes and particles, as well as dictates the choice of new particles. Because of the isomorphism between physical movement and event movement, only a metonymic shift in focus from direction to goal-orientation (telic Aktionsart) or location to continuation/iteration (aspect) is necessary to bring about the semantic change.” L. Brinton, op. cit., p. 234 15 « Les phénomènes linguistiques forment des systèmes dynamiques qui sont réguliers, mais avec une marge de variation due à des facteurs d’une grande diversité : on a affaire à des phénomènes qui sont à la fois stables et plastiques. (…) Pour qu’il y ait déformabilité, il faut donc que l’on ait affaire à une forme schématique (telle qu’il puisse y avoir à la fois modification et invariance), que l’on ait des facteurs de déformation et que l’on ait une marge de jeu, un espace d’ajustement muni de propriétés topologiques. » A. Culioli, Stabilité et Déformabilité en Linguistique, pp. 129-130 Pour une linguistique de l’énonciation, Tome 1. HDL. 16 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Les verbes préfixés (compound verbs) en anglais contemporain, qui sembleraient moins “productifs” ( ?) que les phrasal verbs, tendent d’ailleurs à avoir une signification plus figée, ou davantage "lexicalisée", par rapport à ces derniers : "These compounds (prefixed verbs) often have figurative meanings in comparison to their phrasal counterparts." dit L. J. Brinton qui avance comme explication la 4ème loi d’analogie de Kurylowicz : Tableau 4 Prefixe Uphold Overlook Outlive Uproot Diachroniquement : « p. V » → sens figuré (passage de la « particule » à droite du verbe) → « (…) following Kurylowicz’s fourth Law of Analogy, the prefixed forms preserve more marginal meanings, while the new forms take over the central (concrete or literal) meanings. » [Cf. Kurylowicz 1945-9], Brinton, op. cit., p. 188 “Initially, particles are in pre-position when figurative and postposition when literal.” Ibid., p. 189 Particule Hold up Look over Live out Root up « V. p » → sens littéral Nous avons bien affaire diachroniquement à la substitution d’un système à un autre ; nous aurions la conjonction de l’affaiblissement des préfixes (perte de l’accentuation, grammaticalisation) et d’une plus grande expressivité du phrasal verb. Toutes les études diachroniques insistent sur cette double évolution du phrasal verb en moyen 16 anglais : 1. les « particules » acquièrent une signification aspectuelle, ou plutôt "(a)télique" ; 2. il y a un usage figuré de plus en plus important du phrasal verb. Nous nous demandons, pour notre part, s’il ne faudrait pas voir dans cette évolution des particules adverbiales un exemple de ces "lois de composition interne" dont parle J-C Milner à propos de l’opposition fondamentale entre la nature syntagmatique et paradigmatique du langage : « Selon Leibniz, il y a entre les choses du monde deux types de rapports essentiels, les rapports de coexistence (choses qui peuvent être ensemble en un même instant, mais pas dans un même lieu) et les rapports de succession (choses qui peuvent être dans un même lieu, mais pas au même instant). Dans la langue, le répondant de l’instant sera la place ou la position linguistique d’un atome, le répondant du lieu sera le syntagme, ou molécule composée d’atomes. On aura ainsi des éléments atomiques qui pourraient apparaître dans la même position, mais pas dans le même syntagme : c’est la relation paradigmatique (en toute logique, le paradigme est donc une forme de co-existence) ; on aura des éléments qui peuvent apparaître dans le même syntagme mais pas dans la même position : c’est la relation syntagmatique. (…) Prise au sérieux, cette position a de grandes conséquences ; on en déduit notamment la théorie de la métaphore et de la métonymie. Pour bien la comprendre, il faut la présenter ainsi : non seulement le langage est un objet susceptible de métaphore et de métonymie, mais il n’est susceptible que de cela. Pourquoi ? Parce qu’en fait la métaphore et la métonymie sont les seules lois de composition interne qui soient possibles là où seules les relations syntagmatiques et paradigmatiques sont possibles. » J-C Milner, Introduction à une science du langage. Des Travaux. Seuil Paris, 1989 (p. 390) Les valeurs aspectuelles "téliques" des particules relèveraient de la métonymie : le point a renvoyant au point b dans une relation de contiguïté sur l’axe syntagmatique (le "processus pour le résultat"), alors que les valeurs aspectuelles "duratives, itératives" relèveraient, elles, de la métaphore (le point a renvoyant, dans une relation de similarité sur l’axe paradigmatique, à l’ensemble ou co-existence de tous les instants possibles en ce même lieu). 16 Nous suivrons ici L. J. Brinton (op. cit.) pour dire que le rôle central d’une particule adverbiale télique sera ainsi de tranformer un verbe d’activité (voire un autre type de verbe, en fonction d’autres opérations syntaxiques complexes cf. 2.1.2) en verbe d’accomplissement, bref de créer un dernier point ou de borner le procès à droite. Ainsi le rôle primordial de la particule adverbiale « télique » pourrait être ainsi résumé par le schéma suivant : Verb + Particle ↓ ↓ [ (activity) (achievement)] (valeur « télique » de la particule) [ Phrasal Verb = procès d’« accomplishment » ] Exemple = to write up « I have suggested that it is by means of composition that phrasal verbs give expression to the category accomplishment. It has been cogently argued (Declerck 1977 : 324-5; Nordenfelt 1977; O’Neail and Denny 1982) that this category is a complex one, combining the categories activity (durative situation) and achievement (punctual situation). In its two-part structure of simple verb (naming an activity) and telic particle (equivalent to an achievement) the phrasal verb in fact provides evidence for the bipartite semantic structure of the aktionsart category accomplishment. One might even say that the structure of the phrasal verb is a case of structural iconicity. » L. Brinton, op. cit., p. 184 17 Cahier du CIEL 2005-2006 Il sera intéressant de comparer les deux systèmes de « verbes complexes » et de voir comment chaque particule se comporte, par rapport à une triple valeur « virtuelle » : directionnelle, aspectuo-modale, notionnelle, tantôt en position "préverbée", tantôt en position "postverbée". Ainsi, si up construit de nombreux phrasal verbs avec une valeur « modale », cela ne lui arrive quasiment jamais lorsqu’il participe à la formation d’un compound verb. 1.1.3. Résumé « terminologique » Si le terme de "compound verb"17 (Particule + verbe) ne suscite généralement pas de polémique terminologique, il n’en va pas de même avec la définition du "phrasal verb". K. A. Sroka18 retrace bien l’évolution du terme "Phrasal Verb", lequel s’applique au départ, dans l’esprit des grammairiens, indifféremment à tout verbe suivi d’une particule (qu’elle soit prépositionnelle ou adverbiale). Mais la distinction relève, à l’origine, plus souvent de la sémantique (relation "forte" versus relation "faible") que de la syntaxe. Voici ce qu’écrit Sroka : "LP. Smith and WP. Jowett belong to the number of those authors who regard the semantic (mainly lexical) features of verbparticle collocations as essential for the delimitation of phrasal verbs." [p. 180]. C’est Mitchell (1958), poursuit Sroka, qui établit une différence formelle entre phrasal verb et prepositional verb : "The scope of Mitchell’s phrasal verbs is narrower than that of phrasal verbs as defined by Jowett. E.g, the collocation ‘fall for’ which, according to Jowett, is a phrasal verb, can never function as such according to Mitchell." Le tableau 5 (ci-après) résume l’ensemble de ces différences "terminologiques" autour de deux axes, l’un relevant de l’ordre morphosyntaxique, l’autre relevant de l’ordre sémantique. Nature de la relation Sens « idiomatique » (relation forte) Sens « non idiomatique » (relation faible) Verbe + « Adverbe » « Phrasal Verb » : « term originally coined to denote primarily the (semantically) irregular collocation of verb and particle » (K. A. Sroka). Terminologie de : Mitchell, FR. Palmer. Pour W.P. Jowett, FR. Palmer, il ne s’agit pas de phrasal verbs, mais de : « Verb + Adverb ». En revanche, Kazimierz A. Sroka les appelle bien des « Phrasal Verbs ». Tableau 5 Verbe + « Préposition » LP Smith and WP. Jowett consi-dèrent cette catégorie comme des Phrasal Verbs « regard[ing] the semantic (mainly lexical) features of verb-particle collocations as essential for the delimitation of ‘phrasal verbs’ » Palmer désigne cette catégorie : "verbs + preposition", les opposant ainsi aux « prepositional verbs » dits ‘idiomatiques’ (c’est-à-dire relevant de la catégorie ci-dessus). D’un point de vue sémantico-syntaxique, le « phrasal verb »19 [qu’il soit « idiomatique » ou non] faisant l’objet de notre étude « sémantico-syntaxique » (chapitre 2) obéit donc en réalité à trois conditions essentielles : 1. 2. 17 La particule (postverbée) doit être d’origine « directionnelle ». La particule doit pouvoir entrer dans un schéma « intransitif » (look around/back/up [∅]…mais : *look after/at/for [∅]…). LP Smith and WP. Jowett (1925) classent ces préverbes dans la catégorie des "phrasal verbs" : « These phrasal verbs [i.e. Verbe + Adverbe/préposition ou préverbe + Verbe, avec un sens idiomatique] correspond to the compound verbs in synthetic languages. Thus “fall out” has the meaning of the Latin “excidere”, the German ausfallen, "take away” of absumere or απαιρειν. As a matter of fact we have in English both compound and phrasal verbs, often composed of the same elements – upgather and gather up, uproot and root up, underlie and lie under. », p. 181 [cité par Kazimierz A. Sroka (in The syntax of English phrasal verbs – Mouton 1972)] 18 Op. cit. (Mouton 1972) 19 Nous noterons que dans cette étude, nous retiendrons la définition de K. A. Sroka du phrasal verb, à savoir toute combinaison d’un verbe et d’une particule adverbiale : "We can use the term “phrasal verb” to denote the verb-particle collocation in which the Function of the particle is Adverbial, which is Mitchell’s sense generalized in our terms, but we must realize that the term in question was originally coined to denote primarily the (semantically) irregular collocation of verb + particle, and that consequently there will be no term for the latter phenomenon". [Ibid., p. 185] 18 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais 3. Dans les schémas transitifs, il y a (en règle générale) permutation de la particule à droite du C1 [Complément de rang 1 ou COD20], si ce dernier est de nature pronominale. Nous nous apercevons ainsi que si dans le prepositional verb, la préposition régit le nom selon le schéma : {VERBE + (préposition → Nom)}, en ce qui concerne le phrasal verb, la particule interagit avec le verbe selon le schéma : {[VERBE + particule] → (Nom)}, soudure syntaxico-sémantique qui expliquerait alors les possibilités de "discontinuité syntaxique" du phrasal verb que n’a pas le « verbe prépositionnel »21. Enfin, nous aurons l’occasion de voir comment la langue joue continuellement sur les deux registres (sens "littéral" versus sens "figuré"), créant des jeux de mots et glissements de sens qui représentent des difficultés redoutables, tant pour la compréhension que pour la traduction, comme l’attestent ces calembours de Timothy Morris (op. cit) : - Oh, my stomach ! The pain’s killing me. You’re a doctor. Do something ! What if it’s my appendix ? Oh, cut it out ! p.36 [sens “non compositionnel” ou “construit” de cut it out = stop it !] - Send him off ref ? Just for sending you up ? p.198 [sens “construit” de send up = imitate sb in order to laugh at them] (la scène se passe sur un terrain de football) - The problem with sleeping out is that you can’t sleep in ! p.210 [sens “construit” de sleep in = to sleep longer than usual] (la scène se passe sur un trottoir d’une ville animée) 1.2. Un cadre « variationniste » La particule verbale oscille, sur le plan sémantique, entre une triple valeur (directionnelle, aspectuo-modale et notionnelle) et acquiert, sur le plan syntaxique, lorsqu’elle est à droite du verbe, une "autonomie" de plus en plus large22. C’est ce que montre l’exemple traduit suivant où apparaît en français un schéma de double prédication : As long as I was Mady’s good husband, I was a delightful person. Suddenly, because Madeleine decided that she wanted out – suddenly, I was a mad dog. Herzog, p. 41 Tant que j’étais le bon mari de Mady, j’étais un être délicieux. Tout d’un coup, parce que Madeleine a décidé qu’elle voulait s’en aller, tout d’un coup, je suis devenu un chien enragé. p. 56 Les traits fondamentaux des « particules adverbiales » qui auraient pour vocation de marquer un processus pouvant conduire à un état résultant expliqueraient ainsi que l’on ne les trouve guère avec des verbes d’état tels que know, hope, resemble, plus « abstraits » que be, have, hold, keep, sit, stand et stay qui, eux, fonctionnent avec de nombreuses particules adverbiales. L’anglais aime à s’organiser autour d’un « mot image »23, lequel peut traduire le moyen ou la manière dont se déroule le processus exprimé par le prédicat. En fait, ceci n’est autre qu’une opération de qualification qui va solliciter une « explicitation » du terme de l’action, fonction dont se chargera la « particule adverbiale », que ce soit dans le cadre d’une opération de localisation "spatiale", ou bien de nature plus "abstraite" sur l’axe aspectuo-temporel, d’où cette valeur résultative qui lui est souvent associée. 20 21 Dans la terminologie de la TOE : C0 = "Sujet grammatical" ; C1 = "Complément d’objet direct", C2 = COI. Différences de comportement syntaxique en structure de surface que nous pourrions résumer comme suit : « Phrasal verb » 1. 2. effacement de N possible permutation de la particule après N possible 1. 2. 3. « Prepositional verb » effacement de la préposition impossible effacement du Nom impossible permutation de la préposition impossible 22 Dwight Bolinger indique la fonction prédicative des "particules" à travers quelques exemples : out ! Away with you ! We must away ; The Phrasal Verb in English (1971), Cambridge, MA : Harvard University Press. 23 Cf. J. P. Vinay et J. Darbelnet in Stylistique comparée du français et de l’anglais (Didier 1966) 19 Cahier du CIEL 2005-2006 1.2.1. Approche « localiste » Notre étude des "phrasal verbs" et des "compound verbs" reposera ainsi sur la mise au jour de trois niveaux fonctionnels, selon le plus ou moins haut degré de "compositionnalité" entre le verbe support et la particule verbale, que celle-ci soit antéposée ou postposée. Pour nous, la fonction de localisation24, au sens de "repérage dans l’espace", est « fondamentale » d’un point de vue théorique, car elle s’inscrit au cœur même du verbe complexe anglais. En effet, nous constatons continuellement que la langue anglaise fait usage d’un grand nombre d’expressions et de particules directionnelles (prépositions et adverbes) au fil des énoncés, tant en production orale qu’en production écrite. Considérons ainsi le début de the Landlady, une nouvelle de Roald Dahl : « Billy Weaver had travelled down from London on the slow afternoon train, with a change at Swindon on the way, and by the time he got to Bath it was about 9 o’clock in the evening and the moon was coming up out of a clear starry sky over the houses opposite the station entrance. But the air was deadly cold and the wind was like a flat blade of ice on his cheeks. “Excuse me”, he said, “but is there a fairly cheap hotel not too far away from here ?” “Try the Bell and Dragon”, the porter answered, pointing down the road. They might taken you in. It’s about a quarter of a mile along on the other side.” Billy thanked him and picked up his suitcase and set out to walk the quarter-mile to the Bell and Dragon. He had never been to Bath before. » The Landlady in Kiss, Kiss, Penguin books. Notons ainsi l’importance pour l’anglais de localiser situationnellement ou contextuellement le prédicat, bref de créer un repère. Ce sera le premier rôle de la « particule verbale », dont le sens inhérent guidera l’orientation "spatiale" du prédicat [opération de nature directionnelle ; cf. les exemples de T. Morris : I woke up, looked outside, saw the rain beating down and decided to stay in bed. Bien entendu, il y a ici "explicitation" du repérage de la pluie par rapport à la fenêtre, et le mouvement de la pluie ne peut être que de haut en bas. Let’s stay here another day. Shall I phone down to reception to let them know we’re keeping the room ? (repérage (noté ∈25)) implicite "par rapport à" [∈ ∈] the room, qui naturellement se situe à l’étage). We’re standing by for news of the disaster. Our reporter at Heathrow is going to phone in as soon as he gets news [∈ ∈ the newsroom] / The skill was handed down from father to son. (orientation de nature "temporelle" qu’assigne down à l’énoncé par "préconstruit physico-culturel", le père précédant naturellement le fils)]. Nous avons bien, à chaque fois, un procès, qui peut indiquer un moyen, localisé spatialement, dans une relation de nature littérale ou figurée, par rapport à un but à atteindre. Le choix de la particule se fera alors en fonction de l’orientation que souhaite donner l’énonciateur au procès. Ainsi, avec OUT on insistera sur la sortie d’un espace pré-borné ou un domaine pré-construit, [ex : let’s have a class reunion. Why don’t we send out invitations to all the girls who were in our class in 1977 ?], avec IN en revanche ce sera l’entrée dans un domaine ; avec OVER nous aurons en quelque sorte le passage d’un domaine à un autre, et OFF servira de point d’ancrage [cf. cet exemple tiré de Detective par A. Hailey, p. 21 ; le père, qui bavarde avec sa fille, pense déjà au jour où il ne sera plus là, ce qui amène cette réponse : "…but you’re talking a long way off, Dad." {∈ ∈ Sit0}]. L’approche "localiste" nous permettra ainsi de 24 « Quand on considère la fonction représentative du plan spatial par rapport aux autres plans relationnels (cf. Groussier 1981 et 1984), on se rend compte que l’acception 1. ci-dessus du terme de localisation [opération/relation de repérage dissymétrique entre repéré et repère] est liée à l’acception 2. (sens littéral) par le fait que tout repérage dans l’espace implique que repère et repéré demeurent irréductiblement différents. » Les mots de la linguistique, M.L. Groussier et C. Rivière 25 Nous serons amené au cours de nos analyses, afin de rendre compte des divers repérages dont le phrasal verb est la trace, à utiliser Epsilon (∈). Rappelons en ici la définition donnée dans la TOE : "Symbole de l’opération/relation primaire de repérage dans la théorie de A. Culioli. Le symbole ∈ se lit "est repéré par rapport à". Cette opération met en relation deux termes qui sont, dans l’ordre, le repéré et le repère. Ainsi, a ∈ b se lit "a est repéré par rapport à b" ; a est le repéré et b le repère." Les mots de la linguistique, M. L. Groussier/C. Rivière. 20 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais définir trois niveaux d’interprétation du verbe complexe anglais, allant du sens le plus "directionnel" au sens le plus "abstrait", en passant par l’interprétation "aspectuelle", en fonction de l’interprétation de la particule. 1.2.2. « Phrasal verb » et discours La plupart des études sur le phrasal verb font état d’une plus ou moins grande "cohésion" entre ses deux éléments, aussi bien sur le plan de la syntaxe que sur celui de la sémantique, en tant que verbe complexe en structure de surface26. Aussi, tenterons-nous de démontrer que le phrasal verb n’est pas un produit arbitraire, au sens Saussurien du terme, de la langue, mais bien au contraire une construction en discours, laquelle participera à la fois d’opérations de mise en relation autour d’un ou de plusieurs prédicat(s), et/ou de détermination à caractère directionnel ou aspecto-modal. Le verbe et la particule qui s’associe à lui auront ainsi "vocation" à développer une relation de plus en plus forte ou serrée, allant du sens le plus compositionnel au moins compositionnel, jusqu’à une (quasi) totale lexicalisation, comme cela est le cas, par exemple, pour le phrasal verb give up27. Cette oscillation omniprésente entre une relation forte et une relation faible est quelque chose qu’ont bien perçu tous les linguistes qui ont étudié le phrasal verb, même s’ils n’ont pas toujours su mettre suffisamment en parallèle les différents paramètres qui y contribuent. Ainsi, rappelons ce qu’écrivait Kennedy à propos de cette tâche impossible qui renvoie en fait au caractère "labile" du phrasal verb : « it would be a hopeless undertaking to classify every verb-adverb combination as either close enough to be termed a verbadverb compound, or loose enough to be called merely an adverbial modification. » The Modern English verb-adverb combination (1920) C’est bien entendu le « discours » qui va déterminer le type de relation, disons d’emblée de nature plus moins "serrée", que les deux parties du verbe composé vont tisser entre elles, comme l’attestent les exemples ci-après : I suspected Gran was not that concerned either. The picking was With no traffic around, my grandfather stood on the so crucial that we would’ve taken in a chain gang if they pavement, a pleasant expression on his face, taking in the could’ve averaged three hundred pounds of cotton a day. John truck and its contents. A painted House p. 7 Grisham, A painted House, p. 24 Take in (1) = provide lodgings for (a person, people) Take in (2) = pay attention to sth, evaluate it. Autrement dit, nous aurons besoin du « contexte discursif » pour connaître la valeur sémantique de la particule, mais aussi pour mieux appréhender le degré de cohésion du verbe composé, phénomène qui, d’un point de vue diachronique, conduit très certainement, par la récurrence contextuelle de propriétés associées au verbe, à un processus de lexicalisation. A cet égard, on peut appréhender le phrasal verb, constitué de deux éléments, tantôt comme une "unité du discours" discontinue (verbe … particule), tantôt au contraire comme un tout, ce qui, par ailleurs, ne signifie pas que le contexte discursif ne jouera aucun rôle. Ainsi, dans l’exemple de J. Grisham ci26 Pour Bolinger, le phrasal verb est à la lisière de la syntaxe et de la morphologie dans la mesure où il participe de la création lexicale ou mieux de la "lexicogénétique", pour reprendre la terminologie de J. Tournier : "From a rule of syntax we pass to a rule, or a hodgepodge of rules, of morphology. An analogy from a more familiar area, that of noun compounds, will help to make the distinction clearer. There is a syntactic rule that allows nouns to modify nouns. One may freely refer to a Mars orbit or a rocket takeoff. But while the same rule appears to apply to arm + pit → armpit, we are not free to say *legpit or *kneepit (we have to say the hollow of the knee). And while springtime, summertime, and wintertime follow the rule, there is no *falltime or *autumntime. An automobile develops engine trouble, not *motor trouble, but a company that manufactures automobiles is a motor company (Ford Motor Company), not an *engine company – the latter would refer to a fire department. The parts in these combinations may no longer be freely assembled and disassembled. Also the meaning specializes : scout is not the same in Indian scout and boy scout." The Phrasal Verb in English, (Bolinger), p. 111 27 C’est bien le sens de la remarque que fait Bolinger à travers les deux significations très différentes de "GET AWAY" : « He got away with her purse / He got away with murder. Shows a step in the direction of opaqueness. » Ibidem, p. 130 [c’est nous qui soulignons]. 21 Cahier du CIEL 2005-2006 dessus (… taking in the truck and its contents), la particule in a bien toujours une valeur directionnelle, et l’on sent pourtant « intuitivement » qu’il ne s’agit plus du même phrasal verb que le précédent (The picking was so crucial that we would’ve taken in a chain gang …). On peut donc dire que le contexte « actanciel et/ou discursif » est un élément essentiel pour appréhender la construction sémantique du phrasal verb, la particule adverbiale allant du (+) au (−) "directionnel". Dans l’exemple suivant, le contexte « discursif » et la nature du C1 (animals) ne peuvent guère donner lieu qu’à une seule interprétation possible de put down, à savoir : « kill » : She regards him oddly. “What will you do with her ?” he says. “With Katy ? I’ll keep her, if it comes to that.” “Don’t you ever put animals down ?” J. M. Coetzee, Disgrace, p. 79 [Note : Katy = “old bulldog bitch” (p. 78)] Notons enfin que le phrasal verb peut aussi être la trace d’une relation pré-construite entre les actants de la relation prédicative et d’autres repères, comme l’a bien vu le traducteur de la phrase de John McGAHERN : She seemed living within the dead husk of herself, as in the weeks before she went to hospital, staring out at life and every sensual contact with it gone, the one desire she had left increasing to overpower her – to sink down within herself to unending sleep and rest. The Barracks, p. 188 C’était comme si elle vivait à l’intérieur d’une coquille vide (comme pendant les semaines précédant son entrée à l’hôpital), comme si elle regardait le monde de l’intérieur de son enveloppe corporelle, ayant perdu tout contact avec la vie ; le seul désir qui lui restait envahissait tout son être : s’enfoncer en ellemême, s’endormir et ne plus jamais se réveiller. p. 268 1.2.3. Trois niveaux « fonctionnels » Nous mettrons ainsi au jour trois niveaux de verbes complexes : 1. directionnel, 2. aspectuo-modal, 3. notionnel, ce qui correspondrait sans doute, d’un point de vue « diachronique », à un glissement de la "particule" vers des valeurs de plus en plus "abstraites ou notionnelles". La force centripète de ses deux éléments semble le conduire inexorablement vers une certaine lexicalisation28. Enfin, nous essaierons de voir comment le verbe complexe est non seulement un construit énonciatif, mais aussi, très souvent, un construit prédicatif, en tant qu’aboutissement, en structure de surface, de plusieurs "prédications" ou schémas de lexis [<a r b>]29 sous-jacents. Voyons maintenant, par des exemples, comment la soudure entre les deux éléments du phrasal verb est « inversement » proportionnelle à l’autonomie sémantique de la particule, ces deux éléments étant reliés par une force centripète. 1. Schémas intransitifs : [nous répertorions ainsi 3 grands niveaux de cohésion entre « Verbe et Particule »] (Niveau 1) valeur directionnelle (→ vers un processus de métaphorisation du « phrasal verb ») (Niveau 2) valeur « non-directionnelle » de la particule - « aspectuelle » autre valeur « adverbiale » (modale, intensive) (Niveau 3) soudure lexicale 28 (→ vers un processus de métaphorisation du « phrasal verb ») Notons ainsi le rapport qu’il y a entre souplesse syntaxique et niveau fonctionnel du “phrasal verb” : out he went, mais *up he gave ; he brushed up his shoes/his French, mais *he brushed his French up, alors que he brushed his shoes up est attesté. Bien entendu, ces problèmes ne se posent pas avec le « compound verb », verbe composé qui relève de l’univerbation (soudure de la particule antéposée au verbe). 29 "On appelle lexis prédiquée la lexis résultant de l’application de l’opération de prédication à la lexis prédicable. Dans la TOE, on a pris l’habitude de représenter la lexis prédiquée par la formule a r b, a renvoyant au 1er argument, b au 2ème argument, r à la relation prédiquée ou prédicat." M.L. Groussier, C. Rivière, op. cit., p. 112 22 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Il peut y avoir, selon nous, un double processus de métaphorisation, à la fois à l’intérieur du phrasal verb luimême (changement de valeur de la particule et/ou du prédicat), et par rapport aux autres éléments de l’énoncé [plan « contextuel » et (inter)-discursif], ce que nous pourrions illustrer par le schéma suivant : (axe paradigmatique) ↑ [Verbe ↔ Particule] (relation ± lâche ou serrée entre « Verbe et Particule ») ↓ Contexte discursif ↔ <a [PHRASAL VERB] (b)> ↔ Contexte discursif (axe syntagmatique)30 (Unité de la composante lexicale) Ceci posé, les choses sont loin d’être simples, dans la mesure où la seule métaphorisation n’explique pas tout. Ainsi, dans le premier exemple ci-après : "Workers were always walking out", il semble bien que nous ayons davantage affaire à une opération « discursive » de nature métonymique, où le processus (walking out) renvoie à la cause (on strike). Les exemples ci-dessous sont tirés de Phrasal Verbs de Timothy Morris (op. cit) : (1) Niveau 1 The residents are refusing to move out so that their houses can be demolished to make way for offices (décalage sémantique) → → back in the 60s we had lots of strikes in Britain. Workers were always walking out. (2) Niveau 2 Professor, we can’t hear you at the back of the lecture hall. Would you mind speaking up ? → everybody is standing round staring at the floor. How can we get the party going and make people open up ? (3) Niveau 3 : « Soudure lexicale »31 entre le verbe et la particule Exemple : Although they were surrounded the rebels refused to give in and fought till the last man was dead. Ce processus ouvert32. de création sémantique "en boucle" pose le problème de savoir s’il y a diachroniquement un ordre d’apparition. 30 Cf. E. Benveniste à propos de la double articulation entre le sémiotique et le sémantique : "Une première constatation est que le "sens" (dans l’acception sémantique qui vient d’être caractérisée) s’accomplit dans et par une forme spécifique, celle du syntagme, à la différence du sémiotique qui se définit par une relation de paradigme. D’un côté, la substitution, de l’autre la connexion, telles sont les deux opérations typiques et complémentaires." Problèmes de linguistique générale, 2 (1974), p. 225. 31 Cf. la définition de Bruce Fraser : « I shall regard an idiom as a constituent or series of constituents for which the semantic interpretation is not a compositional function of the formatives of which it is composed. ». [i.e. Verbe x Particule] B. Fraser, op. cit., Appendix B : Idioms within a Transformational Grammar (1976)] 32 "In English it [the phrasal verb] dates back to the old English period when there developed a trend of replacing a verb having a prefixed locative particle with a combination in this form. Old though it is, the pattern is still productive, especially in American English, yielding new examples such as blast off, shell out, flunk out, break through, rope in, dream up, wait up, fall for, go for, get at and a host of fresh technical terms as well as slang expressions structured in this manner." Anna H. Live, The discontinuous verb in English. Word 21 : 42851(1965) Cf. cet exemple représentatif de ce que nous appelons le « discours » : “Prozac for pets ? Jane Symons reports on an animal anxiety pill. Training centred on giving Molly clear signals about when to expect attention (…) « Once the signal is established you can use it half an hour before you are going to leave in order to switch the dog off », he says.” The Times (Saturday July 25 1998) 23 Cahier du CIEL 2005-2006 Le littéral précède-t-il toujours le figuré, ou y a-t-il plus probablement concomitance ?33 2. Schémas transitifs (1) Niveau 1 (Comme pour les schémas intransitifs, les énoncés de droite véhiculent un sens « décalé ») : Frogmen brought up several boxes from the bottom of Toplitz lake (glissement “discursif”) → before the meeting breaks up there’s a matter I’d like to bring up (2) Niveau 2 I think tourists should be well-informed. Before going on holiday I always read up on the place where I’m going. → it’s a great photo. Why not get it blown up ? Sir, James, I’m going to tell the press all I know about your secret arms deals ! You won’t be able to shut me up. (3) Niveau 3 I don’t know what time the train gets in but I’ve got a timetable. Why don’t you look up the arrival time? → I’m hurt. I’ve heard that Juan was back in Oxford recently. Why didn’t he look me up ? Nous tenterons de démontrer, au cours de ce travail de recherche, qui s’inscrit dans le cadre de la Théorie des Opérations Enonciatives d’Antoine Culioli, que ces constructions « complexes » ne sont sans doute jamais totalement le fruit du hasard, mais bien le résultat d’opérations de "mise en relation", avec une lexicalisation progressive de ces constructions, le compound verb se situant, à cet égard, à une étape plus « avancée » que le phrasal verb, « downplay » étant, pour nous, plus lexicalisé que son jumeau de phrasal verb : « play down ». Le schéma triangulaire ci-dessous illustre le plus ou moins haut degré de « compositionnalité » construite : Verbe + Particule (pôle concret ou [+] compositionnel) Niveau 1 [V + Part.1] ou [Part. 1 + Verbe] Niveau 2 [V + Part.2] ou [Part. 2 + Verbe] Niveau 3 [V x Particule] ou [Part. 3 x Verbe] Verbe x Particule (pôle abstrait ou [−] compositionnel) Soient les 3 verbes : fill in d’une part, et fill up/ fill out (US) d’autre part ; on peut hypothétiquement envisager deux voies de lexicalisation différentes, en fonction de l’incidence de la particule sur le « schéma de lexis » : 1. l’une « sémantique » (pour fill out et fill up) [selon le schéma : {<a r ∍34 Particule (b)>}] 33 Pour Michel Pêcheux, dans les Vérités de La Palice, on ne peut parler d’un sens prépondérant en "langue" : "Un mot, une expression […] n’ont pas un sens qui leur serait propre en tant qu’attaché à leur littéralité, ni ajouterons-nous, des sens dérivables à partir de cette littéralité par une combinatoire logico-linguistique qui en maîtriserait l’ambiguïté […] le sens, c’est toujours un mot, une expression […] pour un autre mot, une autre expression […], transport (méta-phore), par lequel des éléments signifiants se trouvent mis en présence, de sorte qu’ils "revêtent un sens", […] sens qui n’existe nulle part ailleurs que dans les rapports de métaphore (réalisés en des effets de substitution, des paraphrases, des formations de synonymes) dont telle formation discursive se trouve être historiquement le lieu plus ou moins provisoire." M. Pêcheux, op. cit., p. 241. 34 "Epsilon miroir, symbole de l’opération/relation secondaire converse de l’opération primaire de repérage lorsque celle-ci a la valeur ≠. Le symbole ∍ se lit "est le repère de". Ainsi, a ∍ b se lit "a est le repère de b". M.L. Groussier, C. Rivière, op. cit., p. 72 24 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais "You haven’t filled out / up the counterfoil", avec incidence sur le prédicat → valeur aspectuelle de complétude. Nous parlerons alors de localisation interne. 2. l’autre « syntaxique » (fill in) [selon le schéma {<a r b> ∍ Particule}] “Don’t forget to fill in your boarding cards”, selon le “schéma syntaxique” sous-jacent : {<a fill (information) in (the appropriate spaces of the boarding cards)>}. Nous parlerons alors de localisation externe35. Mettons en parallèle d’une part nos trois "niveaux" de verbes complexes, et d’autre part l’opération de repérage entre la « particule et le verbe » que nous appelons : localisation. Nous poserons les équivalences suivantes : Tableau 6 : Typologie des « verbes complexes » et « localisation » Typologie des « verbes complexes » LOCALISATION Degré de cohésion sémantique : Typologie des « compound verbs » <Particule ∈ Verbe> (+) Typologie des « phrasal verbs » La particule devient plus "autonome" « Compositionnalité » NIVEAU 1 (directionnel) « externe » <a r36 b> ∍ Particule (−) NIVEAU 2 (aspectuo-modal) « interne » <a r ∍ Particule (b)> NIVEAU 3 (notionnel) Nous avons privilégié dans notre thèse de doctorat sept particules, dont six fonctionnent par paires ; ce sont : up, down, in, out, on, off et over. Voyons dans le tableau comparatif ci-dessous [tableau 7] quels niveaux sémantiques apparaissent avec chacune de ces sept "particules", tant pour les phrasal verbs que pour les compound verbs. Nous verrons ultérieurement comment la langue utilise différemment les « particules » dans chaque système ; ainsi, nous nous apercevrons que lorsqu’elles fonctionnent avec les compound verbs, in, down, out et over sont en progression, tandis que up, on et off sont en régression, et qu’une nouvelle particule – quasi inexistante dans le système « Verbe + Particule » – fait son apparition en position « antéposée » : under. Tableau 7 "Phrasal verbs" in out up down on off over 1 + + + + + + + 2 + + + + ∅ + + 3 + + + + + + + "Compound verbs" Niveaux in out up down on off over 1 + + + + + ∅ + 2 + + + + ∅ + ∅ 3 + + + + + ∅ + Niveaux Nous proposerons maintenant une méthodologie d’analyse des différents paramètres qui constituent le verbe composé, "site prédicatif" où se rencontrent diverses "opérations" dans un processus immanent de lexicalisation. 35 Nous pouvons ainsi préciser les deux types de localisation et leurs valeurs référentielles pour le phrasal verb : 1. Une localisation externe avec : Changement de localisation (ou non), ou changement d’état. 2. Une localisation interne avec : Changement d’état ou non, ce que nous pouvons résumer par : Localisation / Référence Changement localisation Localisation stable Changement d’état Localisation « externe » She ran away He was waiting in The lake began to ice over [hold on until help The windows were Localisation « interne » Ø arrives] boarded up 36 Dans l’optique de la TOE, nous conviendrons que r est le relateur (fonction "verbale") entre les arguments (a et b) de la lexis [suite ordonnée n’ayant pas encore reçu les opérations de détermination qui vont en faire un énoncé]. 25 Cahier du CIEL 2005-2006 1.3. Méthodologie de l’étude « syntaxico-sémantique du corpus » Nous venons de définir trois niveaux de phrasal verbs, en fonction du degré de "compositionnalité" qui les caractérise. Nous poserons maintenant les conditions d’une radiographie aussi complète que possible des diverses opérations "sémantico-syntaxiques" qui sous-tendent les verbes complexes. Nous examinerons chacun des deux corpus à travers les trois grands "paramètres" suivants : 1. la sémantique verbale ; 2. la valence syntaxique ; 3. la valence sémantique. Tout d’abord, en quoi la particule « adverbiale » (pré- ou post-verbée) maintient-elle ou modifie-t-elle le sémantisme initial du verbe de départ ? Pouvons-nous observer des différences entre les particules qui marquent un franchissement de frontière et les autres ? Pour des facilités d’analyse, nous partirons des grilles de typologie verbale proposées par le philosophe du langage Zino Vendler37, après avoir bien établi la différence entre aspect et Aktionsart. Puis, dans un deuxième temps, nous comparerons la syntaxe du verbe complexe avec celle du verbe simple [sous-catégorisation stricte]. En effet, le verbe complexe, par rapport au verbe simple qu’il contient, peut soit présenter la même valence, soit au contraire la transformer, tantôt par "augmentation actancielle" [par ex. passer de un à deux actants], tantôt par "diminution actancielle" [par ex. passer de deux à un seul actant]. Il sera alors très intéressant d’observer le rôle des particules et de considérer la nature des procès ainsi construits : dans quelles conditions y a-t-il ou non changement ? Enfin, nous nous intéresserons à l’aspect qualitatif de l’environnement actanciel du phrasal verb, autrement dit à la "valence sémantique", laquelle nous fournira sans doute les exemples les plus intéressants, dans une perspective tropique, du fonctionnement de ces verbes complexes en "discours" [.sous-catégorisation sélectionnelle]. Disons d’emblée que toutes nos diverses grilles d’analyse nous permettront d’affiner notre hypothèse sur les processus de "lexicalisation" du phrasal verb et du compound verb. Pour nous, plus un verbe complexe prend d’autonomie syntaxique et sémantique par rapport au verbe de départ, plus il se lexicalise ; autrement dit, la lexicalisation du verbe complexe correspond à sa « dé-compositionnalité ». Dans cette perspective, nous tenterons de définir les éventuelles corrélations qu’entretiennent les quatre "paramètres" qui participent de la construction du verbe complexe : 1. le niveau fonctionnel (directionnel, aspectuo-modal ou notionnel) ; 2. la valence syntaxique ; 3. le champ actanciel ; 4. le sémantisme verbal construit. Cette étude systématique portera, pour le phrasal verb, seulement sur 7 particules (parmi les plus courantes)38 : down, in, off, on, out, over, up, mais elle s’étendra à la totalité des particules « antéposées » qui participent à la formation des compound verbs : back, by, down, on, off, in, up, out, over, under. 1.3.1. La sémantique verbale Il s’agira d’étudier l’incidence de la "particule verbale" sur le sémantisme verbal du verbe devenu complexe, à partir de la typologie élaborée par Zino Vendler. Nous nous situons ici dans une perspective classificatoire des types de procès sur le plan lexical-notionnel (Aktionsart), et non celui des valeurs aspectuo-temporelles (aspect/tense). Mais si la catégorie de l’aspect et celle des particules adverbiales relèvent bien, d’une certaine manière, l’une comme l’autre, du niveau énonciatif, dans la structuration de l’énoncé, comment pouvons nous 37 Exploitée selon la dimension "temporelle" (time), la typologie de Z. Vendler (1967), de tradition « logicophilosophique » anglo-saxonne, distingue quatre types de procès : état, achèvement, activité, accomplissement. Vendler, Zeno (1967) : Linguistics in Philosophy – [4] Verbs and Times, Cornell University Press. 38 Nous avons choisi d’approfondir l’étude de sept particules adverbiales, dont six appartiennent à la même "polarité" [cf. Bolinger (op. cit.) pp. 14-15] : In-Out ; Up-Down ; Off-On. Nous n’avons pas mis en perspective Over et Under, cette dernière ayant le plus souvent une fonction « prépositionnelle ». 26 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais différencier l’Aspect de l’Aktionsart, sachant que le phrasal verb, en particulier, semble participer d’une interaction constante entre lexique et syntaxe ?39. Vouloir ranger à tout prix les particules adverbiales dans l’une ou l’autre catégorie pourrait bien s’avérer un faux problème, de même nature que celui qui consiste à mettre les verbes complexes ou bien totalement dans le lexique, ou bien à les appréhender seulement sur le plan discursif. Nous avons en réalité affaire à des unités linguistiques très souples, "bivalentes" en quelque sorte, dans la mesure où leur signification ne devient véritablement stable que dans un "contexte" déterminé. Ceci impliquerait que pour les phrasal verbs, certaines opérations « énonciatives » commencent dès le lexique (et participent donc de l’Aktionsart), ou bien que c’est tout le lexique qui, d’une certaine manière, est déjà énonciatif. Dans cette perspective, il nous semble que les particules adverbiales se situent donc en deçà des autres opérations de détermination aspectuo-temporelle effectuées par l’énonciateur (repérage par rapport à la Situation d’énonciation). Résumons notre point de vue par ce tableau qui mériterait un long développement théorique : Tableau 8 Opposition entre « Aspect » et « Aktionsart » : variables aspectuo-temporelles (be+ing, have+en) ← « ASPECT » (grammatical) Opérations « énonciatives » 1. « directionnel » : stand up autres opérations 2. « aspectuo-modal »: write up ←"Aktionsart" "prédicatives" constituant Lexique 3. « notionnel » : give up le "verbe complexe" 1.3.2. Valences « syntaxique et sémantique » Le second critère de notre analyse spectroscopique des "verbes complexes" est d’ordre « syntaxique ». Nous envisagerons la "valence syntaxique"40 du phrasal verb avec trois cas possibles : 1. augmentation de valence {ex : sit (intransitif) qui devient "transitif" grâce à la particule (sit out) → Plattner, however, might have to sit out a few sailboat races to keep his creation on its steady course. BusinessWeek [Feb. 03], p. 23 }; 2. diminution de valence {ex : pay (transitif) qui devient “intransitif”→ They can already design their own special options – ones that pay out a lot, and quickly – and will continue to do so. The Economist (a survey) [June 03], p. 11} ; 3. stabilité de valence (la configuration actancielle ne change pas). Enfin, le troisième volet concerne la "valence sémantique", autrement dit les conditions de changement du "champ actanciel". Cette combinatoire, non dépourvue de règles ou d’invariants, permet la multiplicité d’usage des phrasal verbs et des compound verbs. Sur le plan purement formel, « sémantiquement », nous avons une combinaison de six cas possibles : 39 Ainsi, Laurel J. Brinton s’attache à démontrer dans son ouvrage pré-cité la façon dont les valeurs aspectuelles, qu’elles concernent soit : 1. le sémantisme même du verbe [Aktionsart] ; soit : 2. les opérations de détermination faites par l’énonciateur ("opérations énonciatives" dans la TOE de A. Culioli), sont en réalité le résultat de divers "paramètres", c’est-à-dire en termes Culioliens, d’un construit linguistique : "In recent work on the compositional features of English aspect, attention has focused on the interaction of inherent aspect (Aktionsart) with formal aspect markers, with nominal and prepositional complements, and with adverbial modifiers. Not always is the distinction between aspect and Aktionsart as carefully maintained as it should be, and, with the exception of Freed (1979), the partially grammaticalized markers of aspect have received little consideration. Nevertheless, much progress has been made in understanding the contribution of various factors to the aspectual meaning of an English sentence." op. cit., p.37-38. 40 Nous avons largement développé la notion de « valence syntaxique » dans notre thèse de doctorat [cf. en particulier chapitre 3 : 3.2., pp 146 à 179, M. Simon, op. cit.]. Rappelons ici que la « particule adverbiale » peut avoir une « incidence » sur la configuration actancielle du verbe support : 1. elle peut permettre l’apparition d’un argument supplémentaire, et nous parlerons alors d’« augmentation de valence » ; 2. elle peut au contraire favoriser la disparition d’un argument du verbe support, et nous parlerons alors de « diminution de valence ». Elle peut aussi n’avoir aucune incidence sur la configuration actancielle du verbe support, auquel cas nous aurons tout simplement « stabilité de valence », le verbe simple restant soit transitif, soit intransitif. 27 Cahier du CIEL 2005-2006 Phrasal verb intransitif Phrasal verb transitif Pas de C1 C1 animé C1 non animé C0 animé/activité humaine attesté ou non attesté attesté ou non attesté attesté ou non attesté attesté ou non attesté attesté ou non attesté attesté ou non attesté C0 non animé ↓Nature des actants→ Nous procéderons, parallèlement, à une comparaison entre les verbes complexes qui induisent un changement de valence syntaxique et ceux qui, comme take up41 ci-dessous, conservent leur « valence actancielle » d’origine : niveaux nature sémantique C0 animé 1 C0 non animé C1 animé I will take Fanny up If you’ll excuse me, I’ll take her tea up./ We are going to take up the to my room now. carpet and put down a wood-block floor. ∅ C0 animé ∅ C0 non animé ∅ 2 C0 animé 3 C0 non animé C1 non animé ∅ A new baby will take up all your time and energy./ The flower sellers took up their positions in the market square./ She decided to take up medicine as a career./ She banged the piano keys and the crowd began to take up the refrain. Dresses don’t take up much place./ A growing crop will take up and store the nitrogen and other elements in the soil He was my agent – a dealer who took me You can alxays take that skirt up if you don’t like it that long. up, and stuck to me. ∅ ∅ Enfin, le tableau ci-dessous, reproduit les grilles d’analyse sur lesquelles nous avons travaillé, pour chacune des particules verbales, et qui nous permettent d’obtenir les résultats qui suivent dans les chapitres 2 et 3 : [Tableau 9] Différents paramètres pris en compte pour l’analyse des « verbes complexes » : Niveaux fonctionnels 1 (valeur “directionnelle”) Particule 2 (valeur “aspectuo-modale”) 3 (valeur “notionnelle”) Valence syntaxique Sémantique verbale « constuite » state Achievement Activity Accomplishment (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) Fort de ces outils opératoires, nous pouvons dès lors tenter de définir une typologie tout d’abord des phrasal verbs (chapitre 2), et ensuite des compound verbs (chapitre 3). Le chapitre 3 aura une double fonction : analyse du compound verb, mais replacée dans une perspective comparative avec le phrasal verb. Les résultats de cette comparaison entre les deux systèmes de verbes complexes anglais à particule seront récapitulés dans l’annexe 5. 41 Exemples tirés du "Dictionary of phrasal verbs" Collins Cobuild et du "Longman Phrasal Verbs dictionary". 28 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais CHAPITRE 2 : TYPOLOGIE DES « PHRASAL VERBS » Nous observons, à travers notre corpus, le caractère « prolifique » du "phrasal verb" (sens nouveaux, lexies nouvelles). Or, nous ne pensons pas que les nouveaux phrasal verbs naissent par hasard ou par pur "arbitraire", mais selon certaines lois linguistiques qu’il appartient aux linguistes de mettre au jour. Il suffit de lire magazines et journaux anglophones et d’écouter les chaînes de télévision anglo-américaines pour constater l’abondance de leur emploi, avec leurs multiples significations, et d’observer l’apparition de nouvelles unités lexicales [cf. sex up (juillet 2003)]. Voilà l’enjeu linguistique du phrasal verb anglais, véritable moteur "prédicatif" de la phrase anglaise, grâce auquel l’énonciateur peut construire de multiples opérations de raccourcis syntaxiques, et par là même élaborer une véritable stratégie énonciative à l’attention du ou des "co-énonciateur(s)". Fort de nos critères exposé dans le chapitre 1, nous nous livrerons dans ce chapitre à une étude typologique du « Verbe + Particule adverbiale », laquelle comprendra deux parties : 1. Une étude systématique du phrasal verb à partir des quatre paramètres exposés dans le chapitre 1 ; 2. Les conditions de "concentration prédicative" dont il est le site. 2.1. Etude sémantico-syntaxique du « phrasal verb » 2.1.1. Variations de la Sémantique verbale Dans quelle mesure telle ou telle particule adverbiale provoque-t-elle ou non un changement typologique sur le verbe simple ?. En 2.1.1.1, nous trouverons les diverses combinaisons possibles de quatorze particules avec les principaux verbes prototypiques que nous avons retenus et regroupés en fonction des critères typologiques de Z. Vendler. Précisons que ces tableaux partent bien sûr du sémantisme inhérent du verbe simple. Ils montrent ainsi que si put peut fonctionner avec la quasi totalité des particules, tel n’est pas le cas de find qui ne s’associe qu’avec out. Puis viendront en 2.1.1.2. nos commentaires sur sept particules à partir de nos grilles d’exemples. 2.1.1.1. Combinaison des différentes particules verbales avec les principaux verbes étudiés dans notre corpus42 Tableau 10 Verb/Part. Be Have Hold Keep Sit Stand Stay in + + + + + + + out + + + + + + + up + (1) + + + + + down + + + + + + + over + + + ∅ Prep. Prep. + « State verbs » on off about + + + + + ∅ + + ∅ + + ∅ Prep. ∅ + Prep. + + + + ∅ along + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ away + + ∅ + ∅ ∅ + back + + + + + + + by +43 + ∅ ∅ + + ∅ (a)round + + ∅ ∅ + + + through + ∅ ∅ ∅ Prep. ∅ ∅ 42 Combinaisons attestées soit par l’un ou l’autre des deux dictionnaires de phrasal verbs : 1. Collins Cobuild Dictionary of Phrasal verbs (1989) et 2. Longman Phrasal Verbs Dictionary, Pearson Education Limited (2000), soit par l’un des énoncés de notre corpus. Nous ne prétendons cependant pas ici à l’exhaustivité. NB : Je voudrais remercier ici très chaleureusement Valérie Colonna, Maître de Conférences (anglophone) à l’Université Paris 7 – Denis Diderot, qui a bien voulu relire très minutieusement ces tableaux avec moi. 43 A noter toutefois la différence entre un procès d’achèvement où BE + BY est possible : “I lay there for a while, blinking in the bright sun, as confused details of the previous night floated back to me like a dream; then I reached for my watch on the night table and saw that it was late, almost noon, and why had no one been by to get me ?” The Secret History, p. 328, et un procès marquant un état, où apparaît alors un opérateur de gradation : “Thurston made a radio call to Sergeant Malcolm Ainslie, as head of the special task force, informing him of developments. « I’m close by, » Ainslie said. « Be with you in minutes. »” Detective, p. 176 29 Cahier du CIEL 2005-2006 Verb/Part. in Break + Bring + Call + Catch ∅ Die ∅ Verb/Part. in Drop + Fall + Find ∅ Finish ∅ Get + Give + Leave + Prep. Lose Pay + Put + Reach + Pass ∅ See + Send + Set + Show + Sign + Start + Switch ∅ Take + Try ∅ Turn + Win ∅ out + + + + + out + + + ∅ + + + + + + + + + + + + + + ∅ + + + + up + + + + ∅ up ∅ ∅ ∅ + + + ∅ ∅ + + + + Prep. + + + + + ∅ + ∅ + ∅ down + + + ∅ + down + + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + + + Prep. + + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ over ∅ + + ∅ ∅ over + + ∅ ∅ + + + ∅ + + + + Prep. ∅ ∅ + + + + + ∅ + + “Achievement verbs” on off about along ∅ + ∅ ∅ + + + + + + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ on off about along ∅ + ∅ ∅ Prep. + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ + + + + ∅ + ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ + + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + + ∅ + Prep. Prep. ∅ + + + ∅ + Prep. Prep. + ∅ ∅ + ∅ ∅ + + ∅ ∅ Prep. + ∅ ∅ + + ∅ ∅ + + ∅ + + ∅ ∅ ∅ + + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ away + ∅ + ∅ + away + + ∅ ∅ + + ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ + ∅ ∅ + ∅ ∅ + ∅ + ∅ back ∅ + + ∅ + back + + ∅ ∅ + + ∅ ∅ + + + + ∅ + + ∅ ∅ + + + + + + by ∅ ∅ + ∅ ∅ by + Prep. ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (a)round ∅ + + ∅ ∅ (a)round + ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + Prep. + ∅ + ∅ ∅ + + ∅ + + through + + ∅ ∅ ∅ through ∅ + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ Prep. + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ + Verb/Part. Blow Carry Come Cry Draw Drive Eat Go Grow Hurry Hustle Lead Live Look Make Peer Pull Push Run Seek Sleep Smile Snow Talk Think out + + + + + + + + ∅ + + + + + + + + + + + + ∅ + + + up + + + ∅ + + + + + + + to + + + + + + + ∅ ∅ ∅ + + + down + + + ∅ ∅ + ∅ + ∅ + + ∅ + + ∅ + + + + ∅ + ∅ ∅ + − over + + + ∅ + + ∅ + ∅ + + ∅ ∅ + + ∅ + + + ∅ + ∅ ∅ + + « Activity verbs » on off about along ∅ + + ∅ + + ∅ ∅ + + + + ∅ + ∅ ∅ + + ∅ ∅ + + ∅ + + ∅ ∅ ∅ + + + + Prep. ∅ ∅ ∅ + + ∅ + + + ∅ + + + ∅ ∅ Prep. + ∅ ∅ + + + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + + + + + + + + + + + + ∅ ∅ ∅ ∅ + + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Prep. ∅ ∅ ∅ Prep. ∅ ∅ ∅ away + + + ∅ ∅ + + + from + + + ∅ + with ∅ + + + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ back + + + ∅ + + ∅ + ∅ + + + ∅ + ∅ ∅ + + + ∅ ∅ + ∅ + + by ∅ ∅ + ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ Prep. ∅ ∅ ∅ ∅ + Prep. ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (a)round + ∅ + ∅ ∅ + ∅ + ∅ + + ∅ ∅ + ∅ + + + + ∅ + + ∅ + ∅ through ∅ + + ∅ ∅ + ∅ + ∅ Prep. ∅ ∅ Prep. Prep. ∅ Prep. + + + ∅ Prep. ∅ ∅ + + 30 in + + + ∅ + ∅ + + ∅ + + + + + 1 + + + + ∅ + ∅ + ∅ ∅ M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Walk Watch Work Write + ∅ + + Verb/Part. Cook Cover Verb/Part. Curl Dive Fill Fold Freeze Measure Recover Seal Settle Wrap in ∅ ∅ in + + + + ∅ ∅ ∅ + + Prep. + + + + + ∅ + + out ∅ ∅ out ∅ ∅ + ∅ + + ∅ ∅ ∅ ∅ up + + up + ∅ + + + + ∅ + + + + ∅ ∅ + down ∅ ∅ down ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + + Prep. ∅ Prep. + ∅ + over ∅ + over ∅ ∅ ∅ + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + + + ∅ ∅ Prep. + ∅ ∅ ∅ « Accomplishment verbs » on off about along ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ on off about along ∅ ∅ ∅ ∅ Prep. ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ Prep. ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + + + ∅ ∅ + + ∅ ∅ ∅ + ∅ Prep. ∅ Prep. ∅ + ∅ away ∅ ∅ away ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ back ∅ ∅ back ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ by ∅ ∅ by ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (a)round ∅ ∅ (a)round ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ through + ∅ through ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Nous pouvons déjà tirer du tableau 10 ci-dessus quelques remarques préalables à l’étude de la sémantique verbale des phrasal verbs : 1. Certaines particules s’associent plus facilement que d’autres à un verbe : out, up et off par exemple, contrairement à about, along et by. Nous visualisons ici peut-être mieux la raison pour laquelle nous avons privilégié l’étude des sept premières particules adverbiales (in → off), au détriment des sept autres (about → through). 2. Le sémantisme du verbe de départ joue également un rôle. Ainsi les « state verbs » marchent bien avec in/out, up/down, back ; les « achievement verbs » avec in/out, up, off ; les “activity verbs” avec out, up, on/off. En revanche, les « accomplishment verbs » sont assez peu productifs de phrasal verbs et favorisent essentiellement quatre particules : in/out, up et over. Les tableaux44 élaborés à partir de notre corpus vont donc nous permettre d’étudier précisément l’incidence que produit la « particule adverbiale » sur le sémantisme du verbe simple. Il peut y avoir trois cas : 1. Changement du sémantisme verbal (par exemple : « activité → accomplissement ») 2. Absence de changement (par exemple : « état → état ») 3. L’une des catégories verbales n’est pas attestée (par exemple : « achèvement → activité » n’existe pas avec la particule IN). Tous ces différents cas sont résumés dans le tableau 11 (page suivante) qui illustre – par « particule adverbiale » – les résultats des seize combinaisons possibles, chacune d’entre elles étant plus ou moins largement attestée en fonction : 1. du sémantisme inhérent du verbe simple ; 2. de la valeur « notionnelle » de la particule. Dans la 44 Le tableau ci-dessous, reproduit (virtuellement) les grilles d’analyse ayant servi de cadre à l’étude de la « sémantique verbale ». Nous ne pouvons, faute de place, reproduire l’intégralité des grilles d’exemples remplies [cf. version longue de la thèse de doctorat], mais nous conserverons, en 2.1.1.2., la totalité des exemples commentés de notre travail original. ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec la particule IN ↓ ↓Verbe simple ↓ État Achèvement Activité Accomplissement État Achèvement Activité Accomplissement 31 Cahier du CIEL 2005-2006 conclusion [2.1.1.3], nous essaierons de tirer quelques enseignements sur les conditions d’apparition des phrasal verbs, liées aux contraintes « notionnelles » de chacun des deux éléments qui le constituent. Résumé des combinaisons possibles (à partir du corpus) Tableau 11 ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec la particule IN ↓ État Achèvement Activité Accomplissement ↓Verbe simple ↓ État + + + ∅ Achèvement ∅ + ∅ + Activité ∅ + + + Accomplissement ∅ + ∅ + ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec la particule OUT ↓ État Achèvement Activité Accomplissement ↓Verbe simple ↓ État + + + + Achèvement ∅ + ∅ + Activité ∅ + + + Accomplissement ∅ + ∅ + ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec la particule DOWN ↓ État Achèvement Activité Accomplissement ↓Verbe simple ↓ État + + ∅ + Achèvement ∅ + + + Activité ∅ + + + Accomplissement ∅ + ∅ + ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec la particule UP ↓ État Achèvement Activité Accomplissement ↓Verbe simple ↓ État + + + + Achèvement ∅ + + + Activité ∅ + + + Accomplissement ∅ + ∅ + ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec la particule OVER ↓ État Achèvement Activité Accomplissement ↓Verbe simple ↓ État + ∅ ∅ ∅ Achèvement ∅ + + + Activité ∅ + + + Accomplissement ∅ ∅ ∅ + ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec la particule OFF ↓ État Achèvement Activité Accomplissement ↓Verbe simple ↓ État + + ∅ + Achèvement ∅ + + + Activité ∅ + + + Accomplissement ∅ ∅ ∅ + ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec la particule ON ↓ État Achèvement Activité Accomplissement ↓Verbe simple ↓ État + ∅ + ∅ Achèvement + + + ∅ Activité ∅ + + ∅ Accomplissement ∅ ∅ ∅ ∅ ↓ Sémantique du « verbe complexe » avec les particules : about, along, (a)round), away, back, by, through ↓ État Achèvement Activité Accomplissement ↓Verbe simple ↓ État + + + + Achèvement + + + + Activité ∅ + + + Accomplissement ∅ + ∅ ∅ 2.1.1.2. Commentaire des tableaux de la « sémantique verbale » Tous les tableaux qui nous ont servi de support formel appellent un certain nombre de commentaires à propos de l’incidence de la "particule adverbiale" sur la construction du sémantisme du phrasal verb. Ils montrent bien en effet que la présence de la particule adverbiale tantôt transforme, tantôt confirme, le sémantisme de départ du 32 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais verbe simple, selon que celle-ci marque une opération de franchissement de limite ou non, ou encore qu’elle marque tantôt l’une tantôt l’autre, en fonction du verbe support auquel elle est associée. Nous partirons de la particule pour tenter d’appréhender son influence "sémantique" du point de vue de la typologie verbale. Notre objectif principal est de mettre en lumière les éventuels « changements » de sémantisme verbal que peuvent déclencher in/out, down/up, over, off/on. C’est pourquoi, nous considérerons pour chaque particule les trois cas possibles à partir des exemples attestés : 1. Pas de changement du sémantisme verbal (ex : achèvement → achèvement) ; 2. changement par "activation"45 du champ temporel ; 3. changement par "désactivation" du champ temporel. Le tableau ci-après indique les principales combinaisons des cas 2 et 3 : « activation » de la dynamique verbale « désactivation » de la dynamique verbale État → Activité Achèvement → État État → Accomplissement Activité → Accomplissement Achèvement → Activité Activité → Achèvement Achèvement → Accomplissement Accomplissement → Achèvement Ces tableaux nous permettent aussi de constater qu’à partir d’une liste commune dans chaque catégorie typologique, les comportements sont bien différents d’un verbe à l’autre. On s’aperçoit ainsi qu’un petit nombre de verbes semble pouvoir fonctionner avec une multitude de « particules adverbiales » (bring, get, take, come, go, put, run …), alors que la plupart des autres verbes ne peuvent s’associer qu’à certaines particules seulement (*find up, *find off, *try up, *try off, etc…). Nous étudierons chaque particule de façon individuelle, à partir de son sens « directionnel » de base, puis nous la confronterons à son homologue « symétrique » lorsqu’il existe, en essayant d’appréhender les points de divergence qui nous renseigneront sur la valeur notionnelle de la particule. 2.1.1.2.1. : IN – OUT : Partons tout d’abord d’une simple constatation empirique quant à la majorité des procès que construisent les phrasal verbs de notre grille « sémantique verbale » avec la particule in : État → État Achèvement → Achèvement Changement par « activation/augmentation » Achèvement → Accomplissement Activité → Accomplissement Changement par « désactivation/diminution » Activité → Achèvement Pas de changement du sémantisme verbal Avec IN [so as to be contained inside something or surrounded by it], nous sommes à l’intérieur d’un domaine qui constituera donc un « repère » stable par rapport à ce qui se trouve à l’extérieur (OUT). Le franchissement de limite sera donc lié au sémantisme du verbe support ; dans "We usually sleep in on Sunday mornings", il y a bien sûr simple activité, puisque le sujet ne sort pas du domaine "pré-construit" (glose = to sleep later than usual in the morning, especially because you do not have to go to work or school). Intéressons-nous donc d’abord aux cas de ce que nous avons appelé « activation de la dynamique verbale ». Avec in, nous en avons rencontré deux : 45 On pourrait hasarder ici une « analogie » avec ce qui se passe dans la composition musicale, et parler d’augmentation en cas de changement par "activation", et de diminution en cas de "désactivation" du champ temporel. Les termes augmentation et diminution sont, bien entendu, employés ici dans un sens métaphorique, puisque bien que d’origine musicale, ils ne renvoient naturellement pas tant à un changement de la durée sur le plan extra-linguistique que sur celui de la représentation mentale que s’en fait le langage. Ainsi, lorsque la particule adverbiale délimite un processus ou bien le transforme en procès ponctuel, on pourrait parler d’une « diminution » de la dynamique verbale ; en revanche, lorsque la particule étend le processus, dilate un procès statique ou ponctuel, il s’agirait d’une « augmentation » de cette dynamique. Cf. les définitions musicales : "Augmentation : artifice contrapuntique consistant à représenter, au cours d’une composition, un thème ou un motif avec les valeurs des durées de chaque note proportionnellement augmentées par rapport à l’original. Diminution : procédé contrapuntique consistant à représenter, au cours d’un morceau, un thème ou un motif avec les valeurs de chaque note diminuées respectivement par rapport à leurs durées initiales." Encyclopédie de la musique – La Pochothèque, Garzanti Editore s.p.a., 1983 33 Cahier du CIEL 2005-2006 « activation/augmentation » Exemples Quarterback Jeff Kemp stood in for Jim McMahon, who suffered four broken ribs last État → Activité Sunday. État → Accomplissement ∅ Achèvement → Activité ∅ Achèvement→Accomplissement Please see the guests in when they arrive. Le cas de stand, verbe d’état, qui associé à la particule in, devient quasiment verbe d’activité (glose = to do someone else’s job for a short period of time), nous montre que le phrasal verb peut ainsi être porteur d’une « dynamique verbale » qui transcende la somme de ses parties. Ceci est bien le cas également lorsqu’un procès d’achèvement devient, grâce à l’ajout de la particule, un accomplissement, prenant en quelque sorte par là-même une forme d’épaisseur ou de profondeur "aspectuo-temporelle" : Please see the guests in when they arrive. Nous voyons dans un tel exemple combien le sémantisme du phrasal verb et la syntaxe de la phrase sont liés, ne seraitce que par la place de la particule. Examinons l’opération inverse de « désactivation » du sémantisme verbal. « désactivation/diminution » Achèvement → État Activité → Accomplissement Activité → Achèvement Exemples ∅ Rosie drew in a deep breath, letting her lungs fill with the cool pine-scented air of the forest. Jim blew in about an hour ago – did you see him ? Accomplissement → Achèvement If he does that again, I’m going to fill him in ! Ces exemples sont très intéressants d’un point de vue "cognitif", puisque nous nous apercevons qu’un verbe d’activité peut se transformer en verbe d’achèvement, qu’il y ait changement syntaxique : Southend police ran in a young man for speeding yesterday… ou non : Jim blew in about an hour ago – did you see him ? Mais, les cas les plus nombreux restent sans doute les verbes d’accomplissement, construits à partir d’un "verbe d’activité" borné, donc quelque part "réduit", d’un point de vue topologique, par la particule adverbiale : Using a cloth, work the wax in well…/ Could you write your name in just here, please ? Notons enfin que la particule in ne possède pas, en elle-même, de valeur aspectuo-modale ; c’est la combinaison des éléments "inter-prédicatifs" qui permet de donner au phrasal verb avec in une couleur aspectuelle : Women are expected to hold in their anger (glose = not to express it). Afin de mieux examiner l’incidence de la particule adverbiale OUT sur le sémantisme verbal, nous mettons en perspective la majorité des procès construits par les phrasal verbs avec cette particule : État → État Achèvement → Achèvement État → Accomplissement Changement par « activation/augmentation » Achèvement → Accomplissement Activité → Accomplissement Changement par « désactivation/diminution » Activité → Achèvement Pas de changement du sémantisme verbal Avec OUT [from the inside of something], commençons par un exemple dans lequel il y a bien eu « franchissement de limite », mais précédant le prédicat : We used to sleep out under the stars on warm summer nights ; si bien que, comme dans le cas de sleep in (cf. ci-dessus), le phrasal verb construit alors un procès d’activité. Mais la plupart des phrasal verbs avec out construisent un sémantisme où il y a bien franchissement de limite, ce qui est logique, compte tenu de la valeur directionnelle de base de cette particule : The children were asked to choose their favourite poem and write it out in their best handwriting (accomplissement). Nous allons retrouver avec out plusieurs changements de la « dynamique verbale », comme nous l’avons déjà noté avec la particule in, la valeur inhérente de out permettant d’attester le cas "État → Accomplissement" : 34 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais « activation/augmentation » Exemples The rebels held out for as long as they could. État → Activité We had to wait till the kids were asleep before we could have it out. État → Accomplissement Achèvement → Activité ∅ Achèvement → Accomplissement We’ll try you out for a couple of weeks, and if you work well you can stay. Attardons-nous sur deux exemples particulièrement intéressants d’un point de vue syntaxique : 1. État → Accomplissement : Teenagers danced to rock music, while their parents sat the night out uncomfortably. 2. Achèvement → Accomplissement : My job is terrible, but I’m going to see it out until the end of the year. La structure même du phrasal verb – discontinue – crée alors une profondeur aspectuo-temporelle dans laquelle le verbe simple construit quasiment un sémantisme d’activité tandis que la particule out fait franchir une limite à l’objet qui la précède. Cette transformation du sémantisme verbal est tout aussi remarquable dans l’expression « have it out », dont la glose marque explicitement les deux opérations, mais de façon inversée : « to try to end a disagreement or a difficult situation by talking to the person who you are angry with and telling them why you are angry ». Nous constatons un très grand parallélisme avec in en ce qui concerne les cas de « désactivation » : « désactivation/diminution » Achèvement → État Activité → Accomplissement Activité → Achèvement Exemples ∅ My husband tries to be sympathetic, but I can tell his patience is running out. Don looked at her, puzzled. He was still trying to work this girl out. Accomplissement → Achèvement Some companies try to freeze out the competition, so that they can have the market all to themselves. Parallèlement à blow in (Jim blew in about an hour ago – did you see him? [Activité → Achèvement]), nous trouvons : One of her tyres blew out and she was lucky not to have had an accident, exemples où il y a réduction, rétrécissement de l’espace aspectuo-temporel, au sens où le phrasal verb construit une valeur "ponctuelle", et non pas "augmentation" comme cela est le cas pour sit out ou see out. Ceci est confirmé par la glose du dictionnaire unilingue : "if a tyre blows out while you are driving, all the air suddenly goes out because it is damaged." Si nous comparons [cf. tableau 11] l’incidence de chaque particule adverbiale (in et out) sur le sémantisme verbal du phrasal verb, nous constatons qu’elles sont très proches, à l’exception de "état → accomplissement", possible pour out, mais non pour in, celle-ci étant sans doute moins "marquée" que celle-là. Cette différence, sur le plan sémantique, annonce les bouleversements d’ordre syntaxique que nous étudierons dans un deuxième temps, à travers en particulier l’augmentation ou la réduction de « valence syntaxique ». En effet, nous nous demanderons s’il n’y aurait pas « corrrélation » entre la valeur intrinsèque de la particule et ses capacités à rendre « transitif » un verbe habituellement « intransitif » ? Ainsi, en fonction de leur sémantisme inhérent, certains verbes sont compatibles avec les deux particules (verbes d’état, break, bring, call, get, give, send, set, take, turn, blow, come, go, live, look, pull, run, sleep, walk, work, write, fill…), d’autres seulement avec out (catch, die, find, leave, reach, pass, try, win, cry, seek, talk, think, watch, freeze, measure…), et enfin très peu avec in seulement (curl, dive, fold, seal, settle, ces derniers étant tous verbes d’accomplissement). 2.1.1.2.2. DOWN – UP : Comme pour les deux particules étudiées ci-dessus, nous allons tout d’abord commencer par examiner le résultat quantitatif des nouveaux procès construits par la particule down : État → État Achèvement → Achèvement Changement par « activation/augmentation » Achèvement → Accomplissement Activité → Accomplissement Changement par « désactivation/diminution » Activité → Achèvement Pas de changement du sémantisme verbal 35 Cahier du CIEL 2005-2006 Pour des raisons "socio-culturelles" dont parle G. Lakoff, c’est up qui va constituer un vecteur repère et non pas down. Certes, down pourra parfois marquer un franchissement de limite : High winds blew down trees, cut power, and blocked roads in Madison yesterday (Activité → Accomplissement), mais très souvent, cette particule va insister sur l’espace compris entre un point limite du haut “up” et le point d’arrivée du bas, d’où la construction d’un procès d’accomplissement, mais accompagné de l’aspect graduel : It is estimated that supplies of gas from the North Sea will start to run down between now and the end of the century. De même, un verbe d’achèvement tel que turn pourra construire une échelle de gradation avec down : Could you turn that music down…, ce qui signifie que l’on n’atteint pas tout à fait la borne de droite, comme cela serait le cas avec off. Bien entendu, les valeurs sémantiques construites sont toujours liées au sémantisme inhérent du verbe support, car dans cet exemple : Forester looked around the room, waiting for the laughter to die down, die (achèvement) prend, grâce à la particule, une valeur aspectuelle seulement provisoire ; en effet les rires s’estompent puis finissent par "mourir". Enfin, la lexicalisation du verbe run down, devenu quasiment achèvement, dans l’emploi suivant : Never run down your previous employer at an interview…, conserve pourtant bien quelques traits du sémantisme de base de chacune de ses composantes, puisqu’il y a à la fois modalisation négative (down) et activité (run), « double » opération qui construit ainsi une valeur de dénigrement. Ces exemples nous montrent que la construction du sémantisme verbal d’un phrasal verb se fait à un double niveau : 1. le sémantisme du verbe support ; 2. le sémantisme inhérent de la particule. Après nos remarques sur l’aspect "graduel" de down, nous pourrions nous attendre à la construction importante de procès allant dans le sens d’une "activation" systématique du sémantisme verbal. Or, ce n’est pas vraiment le cas : nous observons avec down un assez grand nombre d’exemples sans changement du sémantisme verbal (état → état ; achèvement → achèvement), et un aussi grand nombre d’exemples avec « désactivation » qu’avec « activation » de la dynamique verbale : « désactivation/diminution » Exemples Achèvement → État ∅ Someone had left the lights on and run down the car’s battery. Activité → Accomplissement People tend to look down on housewives these days and think they should have careers. Activité → Achèvement Accomplissement → Achèvement I don’t feel ready to settle down and commit myself to a relationship yet. Le sémantisme inhérent de down [from above towards a lower place or position] est directement lié à ce relatif équilibre dans le nombre de procès construits. Down peut avoir une fonction ambivalente : 1. soit il marque un franchissement de frontière (par le bas) et nous avons alors affaire à une opération de "désactivation", de nature parfois négative : This unpleasantness with the neighbours is really pulling her down ; 2. soit il marque davantage le processus qui conduit jusqu’à la frontière du niveau inférieur par une opération d’"activation" : « activation/augmentation » Exemples État → Activité ∅ It took four policemen to hold him down. État → Accomplissement Let me take down your name and phone number. Achèvement → Activité Achèvement → Accomplissement The pilot skilfully brought the Cesna down in a hay meadow by the river. Le sème de "diminution" que porte intrinsèquement down peut ainsi paradoxalement « étoffer » sinon un verbe d’état, du moins certains verbes d’achèvement qui, par une étrange opération de renversement des rôles, se récatégorisent en verbes d’accomplissement, dans lesquels la particule marque l’activité et le verbe support l’aboutissement. Cet aspect de "gradation" qui caractérise la particule down pourrait bien expliquer le grand nombre d’incompatibilités avec de nombreux verbes d’achèvement, d’activité et d’accomplissement qui la 36 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais caractérise, par rapport à d’autres particules plus téliques46 telles que out, off et up. Mais examinons maintenant les différents types de procès que créent les phrasal verbs en UP : État → État Achèvement → Achèvement Accomplissement → Accomplissement Changement par « activation/augmentation » Achèvement → Accomplissement Activité → Accomplissement Changement par « désactivation/diminution » Activité → Achèvement Accomplissement → Achèvement Pas de changement du sémantisme verbal UP peut tout à fait, comme down, renvoyer à un parcours graduel inverse, de bas en haut, avec souvent donc une valeur méliorative : The town grew up around the magnificent 13th century castle. Up a surtout une fonction de franchissement de limite, ainsi que l’attestent les exemples suivants : The tyre needs blowing up./ I took notes during the meeting, but I haven’t had a chance to write them up yet. Certes, il y a bien activité (blow, write), mais l’essentiel est d’atteindre la « borne de droite », donc de transformer une activité en accomplissement. On retrouve avec up cette capacité qu’a la particule à faire changer de catégorie sémantique un verbe d’état (stand) et un verbe d’achèvement (get) en verbes d’accomplissement : When Regaldo stood up and moved towards the stage…/ you’d better get your Spanish up. Relevons ci-après plusieurs changements de sémantisme verbal : « activation/augmentation » Exemples Technology changes all the time. It’s almost impossible to keep up. État → Activité Wendy sat up in bed and stretched. État → Accomplissement Achèvement → Activité ∅ Achèvement → Accomplissement After Ben’s mother died when he was three, he was brought up by his grandmother. Il n’est pas étonnant que up puisse ainsi transformer des procès ponctuels, ou marquant un état, en quasi procès d’activité ou d’accomplissement, tant cette particule construit une « dynamique » vers un point d’arrivée. Il est intéressant à cet égard de constater que les procès Activité → Activité sont tout à fait attestés dans notre corpus : In general with this drug, it’s best to start with a low dose and then work up. Examinons l’opération inverse : « désactivation/diminution » Achèvement → État Activité → Accomplissement Activité → Achèvement Accomplissement → Achèvement Exemples ∅ The kids have all grown up now and we want to move into a smaller house. In the fall of 1945 he made up his mind to quit school. Rachel cooked up some excuse about her car breaking down, but I guessed that she’d been seeing Rupert. Ainsi, nous pouvons également avoir transformation d’un verbe d’activité en verbe d’achèvement : The two men are accused of blowing up Pan Am Flight 103 over Scotland in 1988, et bien sûr, d’un verbe d’activité en verbe d’accomplissement : The tyre needs blowing up. Have you got a bicycle pump ? Nous terminerons cette première approche de up en observant, qu’à la différence de out et down, cette particule est compatible avec tous les verbes d’accomplissement. Pourquoi cette redondance ? Peut-être pourrions-nous ici avancer l’hypothèse que up est sans doute la plus « abstraite » des particules adverbiales, et que non seulement elle joue un rôle fondamental dans les opérations de télicité qui caractérise les phrasal verbs, mais aussi qu’elle ajoute une valeur de modalisation [le haut degré] que nous retrouverons en particulier dans les phrasal verbs de niveau 2. Si nous comparons maintenant les deux particules down versus up [cf. tableau 11], nous nous apercevons qu’elles sont très proches dans leurs diverses transformations du sémantisme verbal, à l’exception de « État → Activité », 46 Le rôle central d’une particule télique sera ainsi de transformer un verbe d’activité (voire un autre type de verbe, en fonction d’autres opérations syntaxiques complexes ; cf. 2.1.2.) en verbe d’accomplissement, et de borner le procès à droite. 37 Cahier du CIEL 2005-2006 possible seulement pour up : The doctor advised me to keep up the treatment for two weeks. Ainsi, en fonction de leur sémantisme « inhérent », certains verbes sont compatibles avec les deux particules (verbes d’état, break, bring, get, reach, take, turn, blow, come, go, live, look, pull, run, talk, think, write, settle), d’autres seulement avec up (call, catch, finish, give, pay, show, start, draw, eat, grow, make, snow, work et « verbes d’accomplissement » sauf dive et recover), et d’autres enfin seulement avec down (die, fall, sleep). 2.1.1.2.3. OVER : Examinons les combinaisons possibles par l’ajout de over au verbe simple : État → État Achèvement → Achèvement Changement par « activation/augmentation » Achèvement → Accomplissement Activité → Accomplissement Changement par « désactivation/diminution » Activité → Achèvement Pas de changement du sémantisme verbal Over, paradoxalement, ne fonctionne quasiment pas, à l’exception de freeze, avec les verbes d’accomplissement. Qu’est-ce que cela signifie ? Il nous semble qu’avec over nous quittons le domaine du vecteur rectiligne pour entrer dans celui de la courbe et/ou de l’espace (above or higher than something, without touching it…/ from one side of something to the other side of it). Over marquerait donc le point limite ou le balisage d’une activité ; certes, il y a bien "franchissement ou transgression d’une frontière", mais encore faut-il en spécifier les bornes, ce qui est bien le cas d’une route qui gèle (glose de freeze over = to become covered with ice – used especially about lakes, rivers etc.). C’est exactement cette image de l’espace mental "parcouru" qu’offre l’exemple : It was a wonderful offer so I agreed to think it over for a couple of days; on insiste ici davantage sur le processus que sur le « résultat » (≠ think out ou think up, sans doute plus directement téliques). Le fait que beaucoup de verbes d’achèvement se construisent avec over peut alors signifier que c’est tantôt moins la superficie qui est alors considérée que l’obstacle à franchir : …She mustn’t allow panic to take over, tantôt l’inverse : Anti-smoking campaigners are using a series of newspaper adverts to get their message over to the public. Nous notons une transformation soit par “activation/augmentation” de la dynamique verbale, et en particulier, « Achèvement → Accomplissement » : « activation/augmentation » État → Activité État → Accomplissement Achèvement → Activité Achèvement → Accomplissement Exemples ∅ ∅ A helicopter had passed over a few moments before. The new company, Essential Computing, turned over £ 500,000 in its first year./ Antismoking, campaigners are using a series of newspapers adverts to get their message over to the public. soit une transformation par “désactivation/diminution”, et en particulier, « Activité → Achèvement » : « désactivation/diminution » Exemples Achèvement → État ∅ The Weather Centre predicts that the snowstorm will quickly blow over./ Rushdie stayed in Activité → hiding until the controversy about his book blew over Accomplissement When Rose reached sixty, she made over the farm to her son. Activité → Achèvement Accomplissement→Achèvement ∅ Il n’est pas anormal de trouver un procès d’activité qui reste procès d’activité dans la mesure où over est alors le « repère » qui, compte tenu du préconstruit situationnel, "précède" le prédicat : If you don’t want to drive home, you’re welcome to sleep over (cf. Dictionnaire unilingue : to sleep at someone else’s house for a night). Ainsi, en fonction de leur sémantisme inhérent, certains verbes sont compatibles avec over, d’autres pas ; verbes compatibles d’état : be, have, hold, stay ; verbes d’achèvement : bring, call, drop, fall, get, give, leave, pass, 38 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais start, take, turn, win…; verbes d’activité : blow, carry, come, go, look, make, pull, push, put, run, talk, work…, et donc très peu de verbes d’accomplissement : cover et freeze. 2.1.1.2.4. OFF – ON : Nous commencerons l’étude de cette opposition fondamentale entre les deux particules par l’examen des différents cas de typologie verbale induits par l’ajout de la particule off : État → État Achèvement → Achèvement Changement par « activation/augmentation » Achèvement → Accomplissement Activité → Accomplissement Changement par « désactivation/diminution » Activité → Achèvement Pas de changement du sémantisme verbal Notons d’emblée que OFF [away from or no longer in a place or position] est la seule particule adverbiale avec une ambivalence sémantique, celle-ci ayant soit une valeur "ingressive" (point de départ d’un procès), son contraire étant back, soit une valeur "égressive" (point d’arrivée d’un procès), son contraire étant alors on. Commençons par la valeur d’accomplissement : We were all feeling rather full after lunch, and we decided to try and walk it off (= to go for a walk in order to make your stomach feel less full…). Nous avons en quelque sorte affaire ici à une "double prédication", puisque l’analyse compositionnelle est parfaitement possible, alors même que le verbe support devient transitif, off étant l’aboutissement du processus walk. Il sera ainsi ultérieurement intéressant d’examiner l’augmentation de "valence syntaxique" dans une perspective de sémantique verbale. [2.1.2]. Pour l’instant, observons que des verbes d’achèvement peuvent devenir, par un processus d’élargissement aspectuel, verbes d’accomplissement : If you do not leave immediately, sir, I will have the security guards see you off./ Most of the old people had died off, l’accomplissement étant construit dans ce dernier cas par la mise en relation [<most of the old people - die> ∈ over a period of time], la glose étant : “they die over a period of time until none of them are left.” Lorsque off a une valeur ingressive, le procès d’achèvement donne alors lieu soit 1. à une activité : She turned and walked off without saying goodbye; là encore, nous pourrions dire qu’il convient de lire le phrasal verb de droite à gauche (off → walk) ; soit 2. à un état : I must have dropped off (off → be asleep). Nous avons relevé un exemple remarquable du rôle d’ancrage situationnel de off, dans l’un des romans de J. Grisham, The Brethren : He looked off in the distance,… sauf qu’ici la particule a naturellement une valeur essentiellement "directionnelle" → il projeta son regard (traduction littérale). Nous pourrons également observer un changement de sémantisme par "activation" de la dynamique verbale, où off participe à la construction, selon le contexte, d’une valeur soit « ingressive », soit « égressive » : « activation/augmentation » État → Activité État → Accomplissement Achèvement → Activité Achèvement → Accomplissement Exemples Good bye ! I’m off now (I’m leaving) [ingressif] They managed to hold off their attackers until the police arrived. [égressif] ∅ Duncan’s upstairs trying to get the baby off. [(to sleep) ingressif] / Most of the old people had died off, and the young ones had moved to the towns. [égressif] En outre, avec off, un verbe d’activité peut également « rétrécir ou diminuer » son épaisseur aspectuelle, et devenir soit achèvement, soit accomplissement, construisant alors uniquement une valeur égressive : « désactivation/diminution » Achèvement → État Activité → Accomplissement Exemples ∅ The wind had blown off some of the tiles from the roof. [égressif] The front part of the jeep was blown off in the explosion/ As a politician, he was quickly Activité → Achèvement written off as dull and boring. [égressif] Accomplissement→Achèvement ∅ 39 Cahier du CIEL 2005-2006 Si peu de verbes d’accomplissement fonctionnent avec off, c’est sans doute que cette particule véhicule bien une idée de "coupure ou de scission", contradictoire donc avec le sémantisme véhiculé par cook, fill ou settle. On dira ainsi patch it up et non *patch it off qui serait en quelque sorte une « aporie linguistique », puisqu’il s’agit justement de recoller des morceaux ! Le fait cependant de trouver seal off et measure off nous renvoie alors à la question de la trace de "l’inter-discours" dans les phrasal verbs, sujet que nous aborderons ultérieurement [2.2]. ON, particule originale à bien des égards, permet de construire les cas de « typologie verbale » suivants : État → État Achèvement → Achèvement Activité → Activité État → Activité Changement par « activation/augmentation » Achèvement → Activité Achèvement → État Changement par « désactivation/diminution » Activité → Achèvement (peu de cas) Pas de changement du sémantisme verbal ON [continuously, not stopping] doit son originalité linguistique au fait que son sémantisme inhérent de "continuité" interdit la construction de verbes d’accomplissement. Il n’est d’ailleurs pas inintéressant de constater que la traduction française de on/off est « marche/arrêt », on devenant prédicat nominalisé d’activité. A la différence de off, on va établir un contact [(so as to be) connected or in place], et c’est la raison pour laquelle, avec les verbes d’achèvement, cette particule va construire soit un départ d’activité, soit encore un état. L’anglais aime à préciser ces procès d’achèvement : Shelley hastily pulled on a pair of jeans… Dans ce cas précis, le procès d’achèvement crée donc un état : <a pair of jeans (be) on (Shelley)>, la particule ayant alors une valeur "locative"; dans l’exemple suivant : Marty passed on before his grandchildren were born, nous avons également construction d’un état : <Marty, be, dead>, comme si d’ailleurs une forme d’activité (on) se poursuivait après le passage, d’où la glose du dictionnaire qui insiste sur l’euphémisme de ce phrasal verb : "use this when you want to be very polite and avoid using the word ‘die’". Mais la majorité des verbes d’achèvement avec on construisent bien un procès d’activité : …when he signed on with them as a reporter, signature d’un contrat qui marque le début d’un travail qui va se poursuivre. Un très bel exemple de transformation d’un procès d’achèvement en activité concerne le verbe « opérateur » get : We should leave the President’s love-life alone, and let him get on with the business of running the country ; nous ne serons donc pas étonné du nombre de verbes d’activité construits avec cette particule, un peu à part, dont la fonction aspectuelle est de marquer la « continuité d’un processus ». Ainsi, le sémantisme construit par "activation/augmentation" avec on génère toujours une activité : « activation/augmentation » Exemples Is the TV on ? État → Activité État → Accomplissement ∅ Martin’s getting on very well in his new job. Achèvement → Activité Achèvement → Accomplissement ∅ Tandis que le sémantisme construit par « désactivation/diminution » avec on génère toujours un état : « désactivation/diminution » Exemples I liked the shoes, and when I put them on they fitted perfectly. Achèvement → État Activité → Accomplissement ∅ Shelley hastily pulled on a pair of jeans and a thin cotton sweatshirt. Activité → Achèvement Accomplissement → Achèvement ∅ Off et on apparaissent ainsi comme deux particules complètement « antinomiques », l’une marquant soit un « état », soit une « activité » (on), l’autre marquant au contraire soit un départ, soit une fin d’« activité » (off). Les oppositions du tableau 11 peuvent ainsi parfaitement s’expliquer. Si la valeur d’accomplissement est partout 40 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais réalisée pour off, elle ne l’est, bien sûr, nulle part pour on. État/Achèvement peuvent parfaitement induire une activité avec on, mais associés avec off, plutôt un procès d’accomplissement ou d’achèvement, lequel peut marquer – il est vrai – un départ d’activité. Enfin, on perçoit la dissymétrie entre d’une part : « État → Achèvement » (ingressif) possible pour off, et d’autre part : « Achèvement → État » ne pouvant être réalisé qu’avec la particule atélique on. Ainsi, en fonction de leur sémantisme inhérent, certains verbes sont compatibles avec les deux particules (certains verbes d’état, bring, get, look, pass, send, sign, switch, take, turn, carry, come, go, pull, push, put, run, walk), d’autres seulement avec off (break, die, fall, finish, give, leave, pay, see, set, show, start, blow, cry, make, measure et seal), et d’autres enfin seulement avec on (catch, try, hurry, smile). 2.1.1.3. Conclusion Nous terminerons cette première approche de la sémantique verbale par un tableau qui résume la position de chaque « particule adverbiale » en fonction du critère de "franchissement de frontière": Tableau 12 Franchissement de frontière – [Tableau 12] Particules Franchissement de limite Pas de franchissement de limite Tantôt l’un, tantôt l’autre IN + OUT + DOWN + UP + OVER + OFF + (ingressif + égressif) ON + ABOUT + ALONG + A(ROUND) + AWAY + BACK + BY + THROUGH + Nous pouvons maintenant mieux appréhender les incompatibilités entre verbe et particule dont nous parlions au départ. Essayons de proposer quelques explications pour chaque particule étudiée. Avec IN, il faut un renvoi à un espace intérieur ou bien à l’action qui y conduit, ce qui explique que in pourra avoir une fonction prépositionnelle avec die, leave, try, fight ou cook, mais pas une fonction adverbiale, laquelle implique le plus souvent une "résultativité notionnelle", construite de manière plus ou moins serrée avec le prédicat support. C’est, selon nous, ce qui permet de distinguer entre plusieurs niveaux de phrasal verbs, allant du plus au moins compositionnel. OUT a une amplitude beaucoup plus large qui lui permet de fonctionner avec la quasi totalité des verbes de nos tableaux, à l’exception de certains verbes d’accomplissement : *cook out, *seal out, *settle out, autant de procès qui ne renvoient pas à un espace géométrique à circonscrire, contrairement à fill, freeze et measure. DOWN, particule presque davantage modale (négativement) qu’aspectuelle, à certains égards, ne sera compatible ni avec les verbes qui marquent une frontière (accomplissement), ni avec ceux qui véhiculent une valeur "positive" : *find down, *see down, *start down, *try down, *grow down, *think down, *work down etc., à l’exception de settle down, le verbe renvoyant alors à un pré-construit d’agitation ou de mouvement sur l’axe spatial ou temporel. UP est, bien sûr, la particule télique par excellence qui vient "clôturer" une activité, ou bien en indiquer le haut degré, voire en déterminer la valeur ajoutée. Rien d’étonnant donc que les moins compatibles avec cette particule soient les verbes d’achèvement qui ne connaissent pas d’après franchissement de frontière : *die up, *fall up, *find up, *leave up, *see up, *try up…, contrairement à bring up, put up, sign up et bien sûr start up ! OVER est aussi une particule de franchissement de frontière, mais sur le double plan de l’horizontalité 41 Cahier du CIEL 2005-2006 et de la verticalité, ce qui explique l’incompatibilité avec les verbes d’accomplissement, à l’exception de freeze over ; incompatibles également les procès qui renvoient à une surface plane : *draw over, *write over, ou ceux pour lesquels on ne prend en considération qu’un seul côté de la frontière : *break over, *die over, *try over… OFF est compatible avec un très grand nombre de verbes, à l’exception, entre autres, de find, try, grow, think et watch, autant de procès qui n’acceptent pas l’idée de "séparation" que nous avons évoquée plus haut ; s’il y a bien sûr une part d’arbitraire dans la composition de ces verbes complexes, il n’en reste pas moins que l’analyse de nature cognitive s’avère très souvent fructueuse, dans la mesure où le phrasal verb traduit la mise en relation d’au moins deux lexèmes porteurs de valeurs notionnelles. ON est peut-être la particule la plus facile à appréhender d’un point de vue notionnel. Le sème de "continuité" qu’elle véhicule empêche toute combinaison avec un verbe qui marque soit l’accomplissement, soit la fin d’un processus aussi ponctuel soit-il : *break on, *find on, *fill on etc, sans exclure le phénomène de redondance : *make on. Ces quelques remarques nous permettent ainsi de mieux appréhender le sémantisme verbal complexe (re)construit par les phrasal verbs, puisque nous nous apercevons que la particule adverbiale joue un rôle prépondérant dans la construction des « valeurs référentielles » avec le verbe support auquel elle est associée. Il peut y avoir ainsi soit stabilisation du sémantisme verbal, soit au contraire déstabilisation, que ce soit avec une valeur d’activation de la dynamique verbale ou bien de désactivation de cette dynamique, ce que nous pouvons résumer dans le tableau ci-dessous : Non changement du sémantisme verbal [tableau 13] Sémantisme verbal construit : Particules adverbiales attestées : Toutes particules adverbiales État → État Toutes particules adverbiales Achèvement → Achèvement Toutes particules adverbiales Activité → Activité Toutes particules sauf ON Accomplissement → Accomplissement Changement du sémantisme verbal par « activation/augmentation » (principales combinaisons) Sémantisme verbal construit : Particules adverbiales attestées : IN, OUT, UP, ON État → Activité OUT, DOWN, UP, OFF État → Accomplissement DOWN, UP, OVER, OFF, ON Achèvement → Activité Toutes particules sauf ON Achèvement → Accomplissement Changement du sémantisme verbal par « désactivation/diminution » (principales combinaisons) Sémantisme verbal construit : Particules adverbiales attestées : ON Achèvement → État Toutes particules sauf ON Activité → Accomplissement Toutes particules adverbiales Activité → Achèvement IN, OUT, DOWN, UP Accomplissement → Achèvement Si nous mettons les deux tableaux ci-dessus « en regard », nous pouvons mieux établir les parallèles entre les valeurs intrinsèques de chaque particule et les « changements » occasionnés sur le sémantisme verbal : Changement du sémantisme verbal par « activation » (principales combinaisons) [tableau 14] Sémantisme verbal construit : Franchissement Pas de franchissement Tantôt l’un, tantôt l’autre OUT, UP ON IN État → Activité OUT, UP, OFF DOWN État → Accomplissement ∅ OFF, UP, OVER ON DOWN Achèvement → Activité IN, DOWN Achèvement → Accomplissement OUT, UP, OVER, OFF ∅ Changement du sémantisme verbal par « désactivation » (principales combinaisons) Sémantisme verbal construit : Franchissement Pas de franchissement Tantôt l’un, tantôt l’autre ON Achèvement → État ∅ ∅ OUT, UP, OVER, OFF IN, DOWN Activité → Accomplissement ∅ OUT, UP, OVER, OFF ON IN, DOWN Activité → Achèvement OUT, UP IN, DOWN Accomplissement → Achèvement ∅ 42 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Cette analyse démontre la « complexité » de la nouvelle typologie verbale ainsi créée par le phrasal verb, et par là-même le besoin que ressent la langue anglaise de créer des repères (borne à gauche, profondeur vectorielle, borne à droite), que ce soit sur le plan de l’espace géométrique, ou bien sur le plan de la dimension aspectuotemporelle. Mais, comme beaucoup d’exemples nous l’ont déjà laissé présager, il ne s’agit souvent pas seulement d’un simple changement sémantique du verbe « support », mais aussi du bouleversement syntaxique induit par la particule adverbiale, dont la fonction va ainsi dépasser le rôle de simple ajout adverbial. En quelque sorte, la puissance sémantique de la particule va se révéler apte à modifier également la structure actantielle d’un verbe. Les grilles de « valence syntaxique » que nous allons maintenant considérer vont nous permettre d’établir la force d’organisation « prédicative » qui s’établit au sein d’un énoncé dont le nœud est un phrasal verb. 2.1.2. Variations de la « valence syntaxique » (sous-catégorisation stricte) Nous allons affiner notre étude des phrasal verbs, tout en conservant la perspective de la sémantique verbale construite, d’un double point de vue, d’une part en considérant les éventuels changements de "valence syntaxique"47, d’autre part en prenant en compte chacun des trois niveaux de phrasal verbs mis au jour dans le chapitre 1. Nous nous efforcerons d’appréhender les cas les plus intéressants qui permettraient d’établir une éventuelle corrélation entre changement de valence et "lexicalisation". Enfin, il sera intéressant de commencer notre étude de chaque particule adverbiale en présentant un tableau résumé des cas attestés dans notre corpus. 2.1.2.1. IN – OUT : Particule IN (niveau 1) Particule OUT (niveau 1) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (=) + + + + + + (+) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + + + + + + + + (−) (−) Particule IN (niveau 2) Particule OUT (niveau 2) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) (=) + + + + + + + (+) (+) ∅ ∅ + + (−) (−) ∅ ∅ Particule IN (niveau 3) Particule OUT (niveau 3) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (=) + + + + + + + + (+) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + + + + (−) (−) ∅ ∅ ∅ ∅ On s’aperçoit d’emblée que in et out, en tant que particules locatives, génèrent peu de phrasal verbs avec augmentation de valence : I hustled her in pose naturellement le problème de l’ergativité48,, tandis que I ran out 130 feet of rope indique que la particule adverbiale peut non seulement engendrer un changement de sémantisme verbal (Activité → Accomplissement), mais aussi un changement d’ordre syntaxique, la glose du dictionnaire unilingue marquant bien l’opération de "causativité" : "If you run out a length of rope or line, you let it unwind and go away from you." Les cas de diminution de valence sont largement plus nombreux, la particule adverbiale jouant alors le rôle de "pivot". Ceci est particulièrement évident dans les procès d’activité : I opened the door and peered in./ …and her eyes gazed out with such a fey puzzled look, dans lesquels la particule s’est substituée au Groupe Prépositionnel (at + NP). IN ne marquant pas à soi seul un franchissement de frontière, mais 47 Précisons pour la clarté de la lecture qu’il nous arrivera d’utiliser dans les pages qui suivent les symboles suivants : (=) : pas de changement de valence ; (+) : augmentation de valence ; (−) : diminution de valence. 48 Cf. J. Lyons : « the « subject » of an intransitive verb becomes the « object » of a corresponding transitive verb, and a new ergative subject is introduced as the « agent » or « cause » of the action referred to. » op. cit. p. 352. Exemple: It’s too cold for orchids to grow here (intr) → We grow all our own vegetables (tr). 43 Cahier du CIEL 2005-2006 renvoyant à un espace intérieur, il est bien normal qu’on ne puisse le trouver dans les phrasal verbs de niveau 2, siège des opérations aspectuo-modales sur le verbe. OUT va, lui, prendre soit une valeur aspectuelle de parcours d’un domaine jusqu’au franchissement de ses frontières, d’où son emploi pour construire un "accomplissement", soit indiquer un haut degré (cf. they roared out pieces from operas…). Les exemples les plus intéressants de ce niveau 2 sont naturellement les verbes avec augmentation de valence : Don tried to persuade him to sit out the night…/ we’ve talked it all out…/ He danced out the number until the Polish commercial… La particule permet alors une nouvelle force organisatrice au sein d’une relation prédicative complexe (glose de sit out = to wait until something is finished, even though you find it boring or unpleasant), et nous pouvons sans doute avancer que c’est la télicité de la particule qui permet de donner au verbe sa nouvelle "transitivité". Au niveau 3, il y a à nouveau une certaine disparité entre in et out. Les changements de valence se limitent pour in à des procès d’achèvement : (+) → Southend police ran in a young man for speeding yesterday…(−) →…She would have given up, she would have given in…, et l’on peut probablement déjà affirmer à ce stade de notre réflexion que la compréhension des phrasal verbs de niveau 3 avec diminution de valence est sans doute celle qui pose le plus de problèmes aux "non-anglophones", puisque nous avons là les phrasal verbs les plus avancés dans le processus de lexicalisation. Out, en revanche, nous offre une gamme complète de phrasal verbs de niveau 3, les plus lexicalisés étant à nouveau les procès d’achèvement avec diminution de valence : In any case my nerve was giving out…/ How will it make out when Moses E. Herzog has his way ? Ainsi, nous pouvons provisoirement conclure que la "lexicalisation" est un processus complexe qui évolue non seulement du niveau 1 (directionnel) au niveau 3 (notionnel), mais qui met également en jeu un critère « syntaxique », la diminution de valence, et un paramètre « sémantique », le procès d’achèvement. C’est la raison pour laquelle nous proposerons, après l’étude de chaque paire de particules, un tableau qui mettra en perspective ces différents paramètres (degré de composition, changement ou non de valence, et construction du sémantisme verbal). Pour le sémantisme verbal, nous avons retenu les cinq cas qui nous semblent les plus représentatifs des divers changements qu’opère la particule adverbiale. Nous en tirerons les enseignements appropriés à la fin de la présente section [2.1.2.5]. Modification de la sémantique verbale → Modification de la valence syntaxique↓ (=) IN (Niveau 1) (+) (−) (=) IN (Niveau 2) (+) (−) (=) IN (Niveau 3) (+) (−) Modification de la sémantique verbale → Modification de la valence syntaxique↓ (=) OUT (Niveau 1) (+) (−) (=) OUT (Niveau 2) (+) (−) (=) OUT (Niveau 3) (+) (−) 44 Achèvement Achèvement Achèvement → Activité → Activité → Achèvement → Activité Accomplissement Accomplissement Achèvement + ∅ + + + ∅ ∅ ∅ + + ∅ + + + ∅ + ∅ + + + ∅ ∅ ∅ ∅ + + ∅ ∅ ∅ ∅ Achèvement Achèvement Achèvement → Activité → Activité → Achèvement → Activité Accomplissement Accomplissement Achèvement + ∅ + + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + + + ∅ ∅ + ∅ + ∅ + + + ∅ ∅ ∅ + + + ∅ + ∅ + M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais 2.1.2.2. DOWN – UP : Particule DOWN (niveau 1) Particule UP (niveau 1) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (=) + + + + + + + (+) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + + + + + + (−) (−) ∅ ∅ Particule DOWN (niveau 2) Particule UP (niveau 2) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + (=) + + + + ∅ + + + (+) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + + + + (−) (−) ∅ ∅ ∅ ∅ Particule DOWN (niveau 3) Particule UP (niveau 3) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + (=) + + ∅ ∅ ∅ + + + + + (+) (+) ∅ ∅ ∅ + + + + + + (−) (−) ∅ ∅ Nous retrouvons avec down et up directionnels le problème des phrasal verbs ergatifs : she (…) sat him down in the chair…/ … and this stood him up and hurried him away laughing ; toutefois, il conviendra d’accorder une attention particulière au verbe blow down (+) : several trees had been blown down, dont le schéma sous-jacent serait non pas *<wind → (opérateur de causation) → <tree blow down>>, mais : <<wind →[cause] <tree fall/be down>> by blowing>, générant un énoncé tel que : High winds blew down trees, cut power, and blocked roads in Madison yesterday; une opération supplémentaire d’inversion des actants ("médio-passive") permettra alors de rendre compte de l’énoncé (=) : Several people were hurt at the carnival when a big tent blew down. Ceci dit, la diminution de valence est davantage attestée pour ces deux particules de niveau 1, up l’emportant sur down, compte tenu sans doute de sa valeur télique : The ambulance was just pulling up…/ Tuttle was standing beside his high, lean, antiquated gas pumps when Will drove up ; à chaque fois, la particule sert de "pivot" pour un SP qui peut rester implicite, car pré-construit dans le discours. On peut ainsi opposer les deux mêmes verbes d’activité, dont l’un (avec up) reste divalent, tandis que l’autre (avec down) devient monovalent : Rosina peered up at me with her intense crossing eyes…/ …unless one peers down to glimpse the rocks below. Nous constatons pour les phrasal verbs de niveau 2 une assez grande disparité de comportement syntaxique entre up et down. Pour cette dernière, seule l’augmentation de valence est attestée, avec des procès d’accomplissement véhiculant une connotation modale. Arrêtons nous un instant sur talk down, qui, selon le contexte, peut être placé soit en niveau 1 : if a trainee pilot got into difficulties, a flying instructor would talk him down…, soit en niveau 2 : The Prime Minister accused his critics of talking Britain down. Il est donc important d’appréhender ces différents phrasal verbs davantage sous l’angle d’un "continuum sémantique" qu’un cloisonnement syntaxico-sémantique étanche. Notre corpus avec UP2(+)49 présente un exemple particulièrement intéressant avec talk up qu’on peut rapprocher de chat up : …influential civilians aboard ship for short cruises in the hope that they will talk up the experience to their friends. Nous sommes bien ici dans la modalité 350 de A. Culioli, l’énonciateur rapporté espérant quelque chose de la relation <they talk (about) the experience> : ce n’est plus tant l’activité de parler qui compte que le résultat. Nombreux sont également les exemples avec UP2(−), construisant principalement des procès d’achèvement et d’accomplissement : … the group of 16 civilians who signed up for a one-day cruise…/ For things were picking up…/ Indian companies should shape up and become competitive…/ I must save up. A chaque fois, la particule permet soit l’inversion des actants (voix médio49 Particule UP, niveau 2 avec augmentation de valence syntaxique. « jugement favorable, défavorable, de normalité ou d’anormalité. » Les mots de la linguistique, lexique de linguistique énonciative, M. L. Groussier et C. Rivière – Ophrys, 1996 50 45 Cahier du CIEL 2005-2006 passive), soit la suppression du C1 [Cf. *I must save…/ *For things were picking…], illustrant le lien très fort qui semble exister entre télicité (bornage) et transitivité. Enfin, nous pouvons considérer les procès avec keep qui construisent – en fonction du C0 – soit un état : we’ll be able to slide on Malone’s pond if it keeps up, soit une activité : But the language is evolving quicker than publishers can keep up. Au-delà de l’analyse compositionnelle de keep up, ["conserver quelque chose ou une activité à un très haut degré"], on pourrait d’ailleurs s’interroger sur le caractère "métonymique" de cette relation, dont la glose dans les dictionnaires unilingues est : "continue doing something", dans la mesure où up, particule habituellement "télique", deviendrait alors un opérateur prédicatif d’activité (cf. le prédicat : to up). Au niveau 3 de ces deux particules, on s’aperçoit que l’augmentation de valence est moins riche pour down que pour up. En outre, un verbe d’accomplissement (The only problem was, running Henry down wasn’t so easy as we’d hoped…/ In ten days she ran up a twelve-hundred dollar bill) restera toujours un peu plus “compositionnel” qu’un verbe d’achèvement : She began to run down everything. Enfin, nous retrouvons up avec, soit une valeur aspectuelle de “télicité” : He would be able to work up a sound business, soit une valeur davantage modale : He said (…) you were working yourself up. Les exemples avec DOWN3(−) sont particulièrement intéressants : break down, tame down et principalement bear down que l’on trouve à la fois en procès d’activité : He had already seen me and was bearing down ("me fonçait dessus"), et en procès d’achèvement : he bore down on the desk… ("il s’appuya"). On perçoit ici les mécanismes complexes de lexicalisation qui permettent de passer de l’idée de "porter" à celle de "pousser", puis de "foncer". Nous retrouvons cette évolution du sens de bear à travers les verbes liés à la maternité : she bore him three sons…/ Jane gritted her teeth and bore down groaning (= pushed the baby out of her body). La particule up donnera à nouveau un caractère « modal » à ce même verbe devenu monovalent : How’s Rosie bearing up under all the strain ? Les exemples avec UP3(−) sont également très riches : give up, set up, make up, let up, etc. Ce que nous disions des autres particules qui atteignent un très haut de degré de lexicalisation au niveau 3 avec perte de valence s’avère particulièrement vrai de up, peut-être la particule la plus "abstraite" ou "dématérialisée" de toutes. Nous ne pensons pas que toutes ces associations syntaxico-sémantiques soient purement arbitraires ; ainsi, le verbe make up de l’exemple : She and Charles seemed to have made up peut retrouver un C1 : "it", lequel renvoie alors certainement à « argument » ou au fossé que celui-ci a creusé entre les deux querelleurs. Modification de la sémantique verbale → Achèvement Achèvement Achèvement → Activité → Activité → Modification de la valence syntaxique↓ Achèvement → Activité Accomplissement Accomplissement Achèvement (=) + + + + ∅ DOWN (Niveau 1) (+) ∅ ∅ + + + (−) + ∅ ∅ ∅ ∅ (=) ∅ ∅ + + ∅ DOWN (Niveau 2) (+) ∅ ∅ ∅ + ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (=) + ∅ + + + DOWN (Niveau 3) (+) ∅ ∅ ∅ + + (−) + ∅ ∅ ∅ + 46 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Modification de la sémantique verbale → Achèvement Achèvement Achèvement → Activité → Activité → Modification de la valence syntaxique↓ Achèvement → Activité Accomplissement Accomplissement Achèvement (=) + ∅ + + + UP (Niveau 1) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (−) + ∅ + ∅ + (=) + ∅ + + + UP (Niveau 2) (+) ∅ ∅ + + ∅ (−) + ∅ + + ∅ (=) + ∅ + + + UP (Niveau 3) (+) + ∅ ∅ + + (−) + + ∅ + + 2.1.2.3. OVER : Particule OVER (niveau 1) Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ + ∅ ∅ Particule OVER (niveau 2) Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (+) ∅ ∅ ∅ + (−) ∅ ∅ ∅ ∅ Particule OVER (niveau 3) Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) ∅ + ∅ ∅ (+) ∅ + ∅ ∅ (−) ∅ + ∅ ∅ Les phrasal verbs de niveau 1 avec over présentent peu de cas de changement de valence. Nous retrouvons bien sûr get, lui-même opérateur de changement de localisation ou d’état, qui devient, comme avec toutes les particules, monovalent : we could get over to your house by about six o’clock. En ce qui concerne le niveau 2, nous avons plusieurs exemples très intéressants de verbes d’activité (talk, think), qui, avec la particule over, deviennent transitifs et verbes d’accomplissement : …we’ve talked all our lives over together…as I thus talked Hartley over with dangerous witty Rosina…A letter gives one a chance to consider – think matters over. C’est bien le caractère "transitif" de la particule adverbiale qui est mis en évidence ici, potentialité syntaxique qui lui permet ou bien de transformer un verbe intransitif en verbe « divalent », ou bien de se substituer à un actant d’un verbe ordinairement "transitif" et d’en faire un verbe « monovalent ». Il est intéressant de constater que, dans ce dernier cas, aucun exemple n’est vraiment attesté en niveau 2 avec over (contrairement à out, up, on et off), ce qui pourrait s’expliquer à la fois par le caractère insuffisamment "aspectuo-modal" de over et/ou le faible degré de "lexicalisation" qui caractérise le niveau 2 par rapport au niveau 3. Plusieurs exemples de diminution de valence apparaissent en effet au niveau 3 : Thornaby took over as secretary in 1976./ Instead she pulled over at the meeting point…/ In a grocery store, milk turns over more rapidly…, tous ces verbes construisant des procès d’achèvement, donc assez fortement « lexicalisés ». Enfin, deux verbes d’activité (run et work) "intransitifs" deviennent, par l’action de la particule adverbiale, "transitifs", tout en construisant un procès d’achèvement : I kept on reading as she worked me over…/ What would happen if I were to become ill or get run over by a bus ? 47 Cahier du CIEL 2005-2006 Modification de la sémantique verbale → Achèvement Achèvement Achèvement → Activité → Activité → Modification de la valence syntaxique↓ Achèvement → Activité Accomplissement Accomplissement Achèvement (=) + + + + ∅ OVER (Niveau 1) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (−) + ∅ ∅ ∅ ∅ (=) + + + + ∅ OVER (Niveau 2) (+) ∅ ∅ ∅ + ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (=) + ∅ ∅ ∅ + OVER (Niveau 3) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + (−) + ∅ ∅ ∅ ∅ 2.1.2.4. OFF – ON : Particule OFF (niveau 1) Particule ON (niveau 1) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) (=) + + + + + + + ∅ (+) (+) + + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ (−) (−) ∅ + + + + + ∅ ∅ Particule OFF (niveau 2) Particule ON (niveau 2) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) (=) + + ∅ + + + + ∅ (+) (+) ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ (−) (−) + + ∅ + + + + ∅ Particule OFF (niveau 3) Particule ON (niveau 3) Valence état Achèvement Activité Accomplissement Valence état Achèvement Activité Accomplissement (=) (=) + + + + + + + ∅ (+) (+) ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ (−) (−) ∅ + + + + + + ∅ Nous n’avons pas de cas d’augmentation de valence pour on. Certes, nous en trouverons quelques uns dans les tableaux consacrés à la "double prédication", mais le phénomène est très intéressant, comme si la valeur intrinsèque de on (la continuité) déteignait sur l’organisation « structurale » de la langue. Il n’en va pas de même pour off qui, rappelons le, peut prendre soit une valeur ingressive : Because most of the orphaned girls were long ago taken in by refugee families, who married them off to men…, soit égressive : He probably would have blown his hand off if he’d fired it…Dès le niveau 1, la diminution de valence l’emporte largement pour off avec des verbes tels que get, start, give, pull, push, et ce très bel exemple "médio-passif" : The labels had washed off…. Nous plaçons en niveau 2 les exemples où off a davantage une couleur aspectuo-temporelle : …she tried to laugh it off nervously, et nous nous apercevons que la diminution de valence est encore légèrement prééminente. Là encore nous pourrons opposer l’aspect ingressif de get off [opération complexe puisqu’il s’agit d’un changement d’état (get) qui traduit un passage entre l’état de veille et celui du sommeil (off) = "to succeed in going to sleep"] à l’aspect égressif de : my surprise soon wore off. Même disparité au niveau 3, où off construit, lorsqu’il y a augmentation de valence, des "phrasèmes" comme : Sorry, I’ve been talking my head off… Les exemples abondent lorsqu’il y a diminution de valence, soit avec valeur “ingressive” : …before taking off for Washington…/ make off with the oak coffin and body inside…, soit avec valeur “égressive” : …they ought to knock off…/ the bombardment tailed off as darkness descended… Plus la particule a une gamme sémantique large, plus elle est capable de construire avec le verbe support un large éventail de phrasal verbs de niveau 3 avec diminution de valence syntaxique. Nous pourrions ainsi avancer l’hypothèse que c’est tout le phrasal verb qui retrouve une fonction de "pivot syntaxique" sur le plan de la relation prédicative, à l’instar de ce qui se passe au niveau 1, où la particule directionnelle se substitue seulement à un SP. Il n’est guère surprenant que l’on trouve on modifiant un verbe d’état comme hold en niveau 1 ou 2 avec diminution de valence : I think holding on like crazy is the only thing I understand…/ The thought depressed her violently. But she held on… ; 48 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais la force prédicative de la particule lui permet de construire une continuité d’état en se substituant aux éléments périphériques (to each other, to the decision she had made). Mais c’est essentiellement aux niveaux 2 et 3 que la particule on fonctionne, lorsqu’il y a diminution de valence, pour créer soit des procès d’activité : the evening drew on…, soit des procès d’achèvement qui marquent le début d’une activité : he signed on as a sailor. Le prédicat get on représente une opération extrêmement intéressante ; il ne s’agit rien de moins que d’une itération (on) de franchissements de frontières (get) : My God, she must now be getting on for fifty. Avec ON3(−), le phrasal verb se substitue tout entier à une relation prédicative construite dans le contexte : I thought you must still be carrying on with her…["tu entretenais encore tes relations avec elle"], ou bien il construit une nouvelle entité lexicale qui transcende la somme de ses deux composants : Now don’t take on, darling ! Nous noterons ainsi une nouvelle fois que les phrasal verbs les plus "lexicalisés" s’avèrent être des procès d’achèvement. Modification de la sémantique verbale → Achèvement Achèvement Achèvement → Activité → Activité → Modification de la valence syntaxique↓ Achèvement → Activité Accomplissement Accomplissement Achèvement (=) + ∅ + + + OFF (Niveau 1) (+) + ∅ ∅ + ∅ (−) ∅ + ∅ + + (=) + ∅ + ∅ ∅ OFF (Niveau 2) (+) ∅ ∅ ∅ + ∅ (−) + ∅ ∅ + ∅ (=) + + + ∅ + OFF (Niveau 3) (+) ∅ ∅ ∅ + ∅ (−) + + ∅ + ∅ Modification de la sémantique verbale → Achèvement Achèvement Achèvement → Activité → Activité → Modification de la valence syntaxique↓ Achèvement → Activité Accomplissement Accomplissement Achèvement (=) + ∅ ∅ ∅ + ON (Niveau 1) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (−) + ∅ ∅ ∅ ∅ (=) + + ∅ ∅ ∅ ON (Niveau 2) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (−) + + ∅ ∅ ∅ (=) + ∅ ∅ ∅ ∅ ON (Niveau 3) (+) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ (−) + ∅ ∅ ∅ ∅ 2.1.2.5. Conclusion Quels enseignements fondamentaux pouvons tirer de cette mise en perspective entre "valence syntaxique" et "sémantique verbale" ? La première remarque consiste à dire que l’égalité de valence est partout attestée, quelle que soit la particule, et quel que soit le niveau sémantique qu’elle construit avec le verbe support, à l’exception bien sûr de IN (niveau 2) qui n’existe pas. La « diminution de valence » se trouve essentiellement auprès de IN (niveau 1), OUT, OFF, ON et UP. Nous n’avons dans nos tableaux aucune diminution pour DOWN (niveau 2) et OVER (niveau 2). Ainsi, il semblerait qu’il ne puisse y avoir diminution de valence que si la « particule adverbiale » a une autonomie aspectuo-modale forte. L’« augmentation de valence » est attestée principalement pour deux particules : OUT et UP (niveaux 2 et 3), les plus téliques ["bornage à droite"] de toutes les particules. Les cas sont un peu moins nombreux pour DOWN et OFF, presque insignifiants pour IN. Curieusement, il n’y a aucun cas d’augmentation de valence pour OVER1 (niveau 1), très peu pour UP1 (niveau 1), et comme nous l’avons déjà noté, aucun cas pour la particule ON. Le vecteur ci-après représente le « gradient » sémanticosyntaxique des sept particules étudiées, trois d’entre elles : UP, OUT et OFF (par ordre décroissant) favorisant le plus grand nombre de changements de « valence syntaxique » aux niveaux 2 et 3 des phrasal verbs : 49 Cahier du CIEL 2005-2006 (−) IN [niveau 2 = ∅] → DOWN/OVER [niveau 2 (−) = ∅] → OUT → OFF51 → ON [(+) = ∅] UP (+) Nous remarquons que l’accomplissement prévaut avec les particules et les niveaux suivants : IN(1), OVER (1) et (2), DOWN (1) et (2), OUT (1) et (2), OFF (1), (2) et (3) et UP (1), (2) et (3), tandis que l’achèvement prévaut avec les particules et les niveaux suivants : IN(3), OVER(3), DOWN(3), OUT(3), UP(3), OFF (1), (2) et (3), et ON (1), (2) et (3), s’agissant dans ce dernier cas d’un départ d’activité ou début d’état (cf. tableau suivant)52 : Sémantisme verbal construit : « Accomplissement » Particules IN OUT DOWN UP OVER OFF ON + Niveau 1 + + + + + ∅ + Niveau 2 ∅ + + + + ∅ + + + + Niveau 3 + ∅ ∅ Sémantisme verbal construit : « Achèvement » Particules IN OUT DOWN UP OVER OFF ON53 Niveau 1 + Niveau 2 ∅ Niveau 3 + + + + + + ∅ + + + + + + + + + + + + Ainsi, la "lexicalisation" des phrasal verbs se ferait non seulement à travers le passage du niveau 1 (directionnel) au niveau 3 (notionnel), mais aussi correspondrait à un glissement des procès vers l’achèvement. Plus on s’éloigne du niveau 1, plus la gamme du sémantisme verbal possible semble « se rétrécir », les changements de "valence syntaxique" participant, eux, du sémantisme inhérent à chaque particule et du niveau du phrasal verb : Changements de « valence syntaxique » : diminution (−) ; augmentation (+) Particules Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 IN OUT DOWN UP OVER OFF ON (+)/(−) (+)/(−) (+)/(−) (−) (+)/(−) (−) ∅ (+)/(−) (+)/(−) (+)/(−) (+) (+)/(−) (+)/(−) (+)/(−) (+) (+)/(−) (+)/(−) (−) (−) (+)/(−) (+)/(−) Ce tableau nous montre d’une part que la « diminution de valence » est omniprésente dans les phrasal verbs à l’exception de down et over (niveau 2), et indique d’autre part une certaine corrélation entre l’« augmentation de valence » et le niveau 3 des phrasal verbs construits avec les particules les plus téliques. Les autres particules, moins téliques, favorisent la lexicalisation avec diminution de valence. Il s’avère que la diminution de valence est inscrite dans la logique syntaxique du phrasal verb. La particule peut ainsi prendre une place dans la relation prédicative à condition d’avoir une assez grande autonomie sémantique ; sinon, elle va se fondre avec le verbe support pour former des phrasal verbs de niveau 3. L’augmentation de valence n’apparaît dans cette perspective qu’apparemment paradoxale. En effet, elle s’inscrit dans un processus de concentration de plusieurs relations prédicatives, la particule pouvant elle-même se substituer à un ou plusieurs éléments d’une relation prédicative, voire à celle-ci tout entière. Dans le cas d’une augmentation de valence syntaxique, le phrasal verb devient alors le centre de « relations prédicatives » plus ou moins complexes, mécanisme syntaxique de lexicalisation interprédicative dont on peut encore mesurer la trace dans le phénomène de "double prédication" dont nous parlerons en 2.2.2. Mais ce bouleversement syntaxique que peut générer le phrasal verb appelle une autre question, d’ordre "sémantique". Y a-t-il ou non une incidence sur la nature « sémantique » des actants, et en particulier du 51 Quantitativement, Off et Out apparaissent très proches dans notre corpus. Cependant, de par son ambivalence « aspectuelle », Off se révèle légèrement plus riche dans les opérations de transformation de sémantique verbale. 52 NB : La taille des caractères indique l’importance relative de chaque catégorie. 53 ON construit également aux niveaux 2 et 3 un grand nombre de procès d’activité. 50 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais C0, lorsqu’il y a « augmentation ou diminution » de la valence syntaxique ? En revanche, lorsqu’il y a "stabilité" de valence syntaxique, pourrait-on prévoir que la nature « sémantique » des actants soit alors plus souple ? 2.1.3. Variations de la « valence sémantique » Le phrasal verb acquiert des sens nouveaux par sédimentation discursive, même s’il y a bien des opérations cognitives de base qui mettent en jeu des mécanismes conceptuels récurrents à savoir : l’importance de l’espacetemps, avec des bornes de départ, d’arrivée, des opérations de continuité ou de franchissement de frontière, lesquelles vont générer des tropes "spatio-temporels" qui constituent le cœur même de la langue anglaise. Cette section consistera à examiner les variations sémantiques de la configuration actancielle. Ainsi, si un C0 animé humain + C1 non animé [I’ll take her tea up] semblera un exemple plutôt "banal", en revanche un C0 animé humain + C1 animé [I brought the children up] est déjà plus intéressant, sans parler d’un C0 non animé + verbe d’activité [the house was still acting up], ou encore d’un C0 non animé + C1 non animé [I have decided not to put dates as they break up the sense of a continuous meditation]. Bref, il s’agira d’examiner les diverses évolutions ou "transgressions" sémantiques qui s’appliquent au phrasal verb, lui permettant ainsi de générer des sens "figurés". Tout ceci est d’ailleurs extrêmement complexe, puisque nous travaillons sur trois niveaux de phrasal verbs, tout en tenant compte de la « valence syntaxique ». Disons d’emblée que le plus grand nombre d’exemples des variations de la valence sémantique provient de la particule UP lorsqu’elle fonctionne au niveau 2 (=) [i.e. stabilité de valence syntaxique] et qu’elle construit avec le verbe support un procès d’achèvement. Nous remarquerons un certain rétrécissement des combinaisons possibles en ce qui concerne le « sémantisme verbal » construit, par rapport aux schémas "canoniques" [i.e. par exemple : C0 animé, r, C1 non animé]. Enfin, après avoir considéré les cas de changement de valence syntaxique qui semblent moins importants (essentiellement pour les cas d’augmentation de valence), nous essaierons de tirer les conclusions qui s’imposent [en 2.1.3.5] sur une éventuelle "corrélation" entre les deux types de « valence », syntaxique versus sémantique. 2.1.3.1. IN – OUT : Nous constatons immédiatement une très grande disparité dans le nombre d’exemples moissonnés entre IN et OUT [en faveur de ce dernier]. Les énoncés qui répondent à nos critères sémantiques pour in se situent au niveau 1 (=) et (−) et au niveau 3 (=)54. Nous constaterons tout d’abord que presque tous les exemples de niveau 3 (=) construisent des procès d’achèvement. Arrêtons-nous sur “do him in” : Madeleine, his second, had tried to do him in. Il n’est pas rare dans les langues qu’un « méta-opérateur » tel que faire puisse revêtir, dans un contexte approprié, une valeur de modalité : "je vais me le faire…", mais ce qui justement caractérise l’anglais, c’est l’ajout d’une particule adverbiale qui vient en quelque sorte baliser le procès. Impossible d’autre part d’attribuer à in soit une valeur positive (contredite par : I think the teacher’s really got it in for me), soit une valeur négative (contredite par : she’s in with the theatrical crowd). Ainsi, que "do somebody in" ait des sens différents est non seulement attesté par le dictionnaire unilingue (make somebody extremely tired, murder, attack someone), mais aussi par la traduction : "Madeleine, sa seconde épouse, avait essayé de l’avoir". La première page de nos grilles sémantiques, qui s’ouvrent avec in, nous offre ainsi beaucoup d’exemples qui renvoient à la construction d’une "spatialité" : take in, draw in, creep in, blow in, go in for, sweep in, sans parler des phrasèmes qui s’appuient aussi sur des images d’activité : put the boot in, push my way in. Cependant, la nature même du C1 joue 54 Rappelons que les signes [(=), (+), (−)] concernent la variation de valence « syntaxique » du phrasal verb ; respectivement : stabilité, augmentation ou diminution du nombre des actants. 51 Cahier du CIEL 2005-2006 également un rôle non négligeable à l’intérieur même du phrasal verb do in ; dans "do him a favour", him se voit attribuer des égards, ce qui n’est pas le cas dans "do him in". Ceci nous montre bien l’interactivité sémantique qui existe entre le verbe complexe et ses actants. Ainsi, si nous examinons la nature des différents actants de nos exemples, nous trouvons en a [a étant le premier argument du « schéma de lexis » <a, r, b>] des sujets animés humains : Gilbert, I, He, you, Madeleine ; des prédicats nominalisés : all that early training, the temptation ; et en b des prédicats nominalisés : the pity, the fitness → these things ; the empty house, the postcard from Sydney → it ; et des C1 renvoyant à des "activités humaines" : the odours of catalpa-bells, soil, honeysuckle, wild onions and herbs ; my way ; persecution mania. Nous pouvons donc prédire que le phrasal verb va développer un faisceau de liens syntaxico-sémantiques55 tissés à partir de la nature des arguments qui l’entourent, et dont le caractère ± "animé" et/ou ± "humain"56 favorisera l’émergence d’effets de sens qui s’appuieront toujours sur les valeurs "notionnelles" des « particules adverbiales ». Mettons ainsi en regard deux verbes, l’un transitif [break], l’autre intransitif [run], afin de comparer leur fonctionnement, tant sur le plan de la « valence syntaxique » que sur celui de la « valence sémantique », dans le cadre de la typologie fonctionnelle définie dans le chapitre 157. Niveau 1 Valence syntaxique Break in Run in ∅ Becoming tired, I swam around trying other places where the sea was running restlessly in and out, but the difficulty was greater since there was deep water below me…p. 5 (+) ∅ ∅ (−) Nearly two months ago, thieves broke in while she was asleep and took all her jewellery. ∅ (=) Niveau 2 Valence syntaxique (=) (+) (−) Break in Run in ∅ Niveau 3 Valence syntaxique (=) (+) (−) Break in Run in The car had a sign on the back which read “Running in. We’ll do a short run today just to break you in, Please pass.” [NB : emploi absolu du “phrasal verb” puisque and then build it up over the next few weeks./ I la glose est → “if you run in a new car, you drive it slowly don’t think I’ll wear these shoes to work until and carefully at first, in order to avoid damaging the I’ve broken them in at home first. engine.” Southend police ran in a young man for speeding yesterday, ∅ and discovered that he had been involved in the robbery. « This is all interesting, » Ottley broke in, « but ∅ how do I know it’s true ? » Lorsqu’il y a diminution de valence, le C0 reste animé (thieves, Ottley), ce qui est également le cas lorsqu’il y a augmentation de valence (Southend police). En revanche, l’absence de « changement de valence syntaxique » semble favoriser une plus large combinaison actancielle (animé vs non animé) aussi bien pour run (intransitif) 55 Cf. note de bas de page n°1 in Constructions réfléchies et traduction (C. Cortès, S. Kriegel) : "Pour Lucien Tesnière, la diathèse se caractérise par "le sens dans lequel l’action exprimée par le verbe s’exerce d’un actant vers un autre." (Petit lexique de syntaxe structurale. Tesnière 1959). S. Kriegel y voit la projection de rôles sémantiques (agent, patient prototypique, etc.) sur les rôles syntaxiques (sujet, objet, etc.) Cahier du Ciel 1996-97 56 Nous disons « ± humain » dans la mesure où, pour la clarté de la démonstration, nous serons parfois amené, sinon à regrouper dans la même catégorie, du moins à rapprocher, les actants renvoyant directement à des personnes et ceux se référant à ce que nous appelons "activité humaine" : parties du corps humain, dimension psychologique (sentiments, émotions, etc.), et plus largement tout objet (animé ou non animé) participant étroitement de l’organisation "physico-culturelle" de toute société humaine (Institutions). 57 Les exemples proviennent du Phrasal Verbs Dictionary (Longman) 52 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais que pour break (transitif). Ce dernier point est largement confirmé par notre grille générale de valence sémantique qui abonde en exemples (=). Ceci nous amène à proposer le tableau récapitulatif actanciel suivant58 : Particule IN (niveau 1) Tableau 15 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ + C0 animé ou activité humaine + + (panic had set in) + C0 non animé + + (sea, sun, light…) Particule IN (niveau 2) ∅ ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine C0 non animé Particule IN (niveau 3) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé + + + ∅ ∅ ∅ Enfin, nous remarquons que ces grilles « sémantiques », qui s’appuient sur une différence en ce qui concerne la « nature » des actants, génèrent également des différences tout à fait importantes en ce qui concerne le degré de « valence syntaxiqu »e et le "sémantisme verbal construit", ainsi que l’atteste le tableau suivant. Nous observons que seuls les procès d’achèvement et d’accomplissement sont attestés pour le niveau 1 [absence de valence (+)], et qu’au niveau 3, on a seulement deux procès (achèvement, activité), avec stabilité de valence syntaxique : Sémantisme verbal construit : Particule IN (niveau 1) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + + (−) ∅ ∅ Particule IN (niveau 2) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) (+) ∅ (−) Particule IN (niveau 3) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ Nous assistons ainsi à une forte chute des changements de valence syntaxique et un resserrement du sémantisme verbal autour de l’accomplissement (niveau 1) et de l’achèvement (niveaux 1 et 3). Examinons maintenant les "modulations sémantiques" avec la particule OUT. D’un point de vue quantitatif, la majorité des exemples du corpus se situent dans l’égalité de valence (=), bien qu’il y ait une franche augmentation des (+) et (−) au niveau 3, avec essentiellement des procès d’achèvement. Il semble donc bien y avoir là une certaine récurrence dans le processus de lexicalisation. Au niveau 1, nous trouvons les descriptions faites par le narrateur du roman the sea, the sea : the sunny golden rocks stand out against that dark background → C0 inanimé + verbe d’état ; l’exemple suivant relevant davantage de la "métaphore", compte tenu du verbe d’achèvement "leap" : and the big round boulders of the bay leapt out into a surprising variety of grotesque stony shapes… C0 animés ensuite pour décrire la dimension temporelle grâce à un verbe qui construit une profondeur spatiale simulant l’axe du temps : all that old love is still there, stretched out right from the beginning of my life till now…/ This time of Hartley’s incarceration stretches out in my memory… Il y a ainsi pléthore de "métaphores spatiales" en anglais, où tantôt 58 Nous proposerons pour chaque particule étudiée un tableau résumé des traits sémiques possibles des actants, tant pour les schémas intransitifs [C1 = ∅] que transitifs, établi à partir des 3 niveaux fonctionnels de tous les phrasal verbs du corpus. 53 Cahier du CIEL 2005-2006 un verbe d’activité directionnel exprime le temps qui passe (I was afraid that my candle would go out), tantôt, mais plus rarement, il désigne un espace immuable (cf. plus loin : The coast road … climbs up) ; mais dans les deux cas, il y a bien trope, puisque pas plus qu’un rocher ne "saute", une bougie ne saurait "sortir". L’anglais nous montre là son attachement aux verbes de mouvement, et donc au rôle primordial assigné aux particules adverbiales, fondamentalement "directionnelles". D’un C0 inanimé, nous passons à des sujets qui renvoient à une activité humaine : My thoughts are shooting out all over the place./ …all the old stored-up hate came pouring out…avec, en miroir, un C1 de même nature sémantique : She knows how I hate exhibitions of emotions, but she pours it out all the same. Presque tous les cas de figure seront attestés si nous opposons, avec bring out, d’abord un C1 qui renvoie à une activité humaine : …I brought out the very worst in Daisy, puis un autre C1 non animé, doublé d’un C0 “non animé” (?) : …looking at the various sailing ships on the tombstones which the slanting illumination had brought out in strong relief. Nous n’avons pas trouvé de « C0 non animé + C1 animé », alors qu’un « C0 animé + un C1 non animé » apparaît comme un repère canonique à l’aune duquel il devient possible de mesurer le ± haut degré de déviance des autres exemples sur le plan de la valence sémantique. Une dernière remarque concerne la force "illocutoire" de ces verbes de mouvement « balisés » par la particule adverbiale. Ainsi, trois exemples, dont deux avec come out, nous semblent particulièrement intéressants. "You can walk out" signifie bien plus pour le locuteur que la simple juxtaposition de "walk + out", puisqu’il presse Hartley (la femme aimée) de quitter son mari; de même pour : Lady Thatcher is also likely to come out publicly in his support, où il s’agit pour l’ancien Premier Ministre d’apporter son soutien politique au parti conservateur ; enfin pour : few politicians have openly "come out", où l’enjeu, de taille pour un homme ou une femme politique, est de déclarer, ouvertement et sans ambages, leur homosexualité. Résumons ces divers cas du niveau 1 ci-dessous : Actants Pas de C1 Niveau 1 C1 animé ou activité humaine This time of Hartley’s incarceration stretches C0 animé out in my memory as if it contained a whole ou activité history of mental drama, vast developments, humaine changes, checks, surprises, progresses, revulsions, crises. C0 non animé The sunlight came and went as I walked along the familiar road, and the big round boulders of the bay leapt out into a surprising variety of grotesque stony shapes, pitted with shadows and blotched with old seaweed stains and eyes of brilliant yellow lichen, then quietly faded again as the light was dipped. And that promise belongs to me, it is all I have got in exchange for my broken marriage and for the love which I poured out for you as I have never done for any man. [possible, mais pas d’exemple dans le corpus : cf. pour la particule in → I thought the sea might have brought it in (it = a table, mais pourrait marcher pour un “corps humain”)] C1 non animé Here Peregrine stopped the car with a jerk, went round to the boot and came back with a jack with which he violently knocked out the rest of the windscreen, showering us all with white fragments of glass. I came out into the light and spent some time looking at the various sailing ships on the tombstones which the slanting illumination had brought out in strong relief; Nous retrouvons les mêmes possibilités de "diversité sémantique", en fonction de la variation des traits sémiques des actants, avec les phrasal verbs de niveau 2, ce que nous pouvons résumer dans le tableau ci-dessous : Actants Pas de C1 However these tensions C0 animé ou play out, Milosevic activité himself finally looks like humaine a goner. (1) C0 non animé 54 Niveau 2 C1 animé ou activité humaine Then he would go and sit in a corner with his hands over his ears to shut out the cursing…(2) The Oriental rug and its [he’ll be back before the flowing designs held out the month is out](4) hope that great perplexities might be resolved. (5) C1 non animé Now his face was full of wary watchful anxiety masquerading as worldly detachment, as if he were cautiously trying out his new wrinkles as a mask. (3) Then in the foggy days of Autumn, when a vast tarpaulin shut out the sky at the growing point of the tower, he discovered he could always stop these people at any moment he wanted to. (6) M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Cependant, si nous voulions faire un relevé statistique complet de tous les exemples de notre corpus, force est de reconnaître que la case 6 [C0 non animé/C1 non animé] du tableau ci-dessus n’arriverait certainement pas en première place. Il apparaît que ces constructions sémantiques de nature métaphorique mettent le plus souvent en jeu des activités humaines, ou, comme nous le disions plus haut, des projections "analogiques" sur, ou à partir, d’éléments qui participent de la vie des hommes : There was an idea which I had received from the conversation, (…), I could not chisel it out or identify it. Terminons par cet exemple où l’accusatif d’objet interne est possible en anglais grâce à la particule out : all the old dreams were dreamed out (= "épuisés"), laquelle permet de construire un procès d’accomplissement. Comme nous l’avons déjà dit, les phrasal verbs de niveau 3 avec out mettent en jeu un grand nombre de procès d’achèvement, et où il y a quasiment parité entre les différents niveaux de valence syntaxique. Observons pour l’instant que tous les actants de OUT3 [(+) et (−)] concernent des « activités humaines » ; nous avons enfin trouvé un bel exemple de phrasal verb de discours dans The Economist du 21 juillet 2001, où break out, habituellement précédé d’un sujet avec une connotation « négative » (war, fighting, fire, disease), fonctionne dans cet article – dans un but ironique ? – avec un sujet « positif » : The most exuberant supporters of the African Union say that peace will break out when Africa’s borders disappear. Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Pas de C1 Niveau 3 C1 animé ou activité humaine The awful crying of souls in guilt and pain, What an odd discipline loathing each other, tied to each other ! The autobiography turns out inferno of marriage. I could not, and did not to be. p. 3 try to, work out the meanings and implications of what had been said. “It didn’t work out. You have your faults too. I’m ∅ sure you won’t deny that.” C1 non animé Her dark wiry hair, looking almost black in the lamplight, was pinned up in some sort of Grecian crown. She had either grown it longer or helped it out with false tresses. ∅ Mettons maintenant en perspective, comme nous l’avons fait ci-dessus pour la particule in, les deux mêmes verbes break et run, auxquels nous ajouterons set (transitif), afin d’étudier les éventuelles variations de comportement « actanciel » en fonction des différents emplois « syntaxiques » du même verbe [(=) et (−)] pour break/set ou [(=) et (+)] pour run. [Les exemples proviennent du Longman Phrasal Verbs Dictionary] : Niveau 1 Valence syntaxique Break out (=) Break out the cowboy boots and get ready to dance all night ! ∅ (+) ∅ ∅ (−) Katy had a high temperature, and spots had broken out on her chest. ∅ Set out Run out Becoming tired, I swam around trying other places where the sea was running restlessly in and out, but the difficulty was greater since there was deep water below me…p. 5 One of the climbers stood on the edge of the cliff face and ran out about 50 foot of rope. ∅ Niveau 2 (=) (+) (−) ∅ ∅ My husband tried to be sympathetic, but I can tell his patience is running out. ∅ ∅ ∅ The snake came slowly Columbus set out from closer and closer and I Europe to discover a new broke out in a sweat. route for the spice trade from the Orient. ∅ 55 Cahier du CIEL 2005-2006 Niveau 3 (=) ∅ On Saturday morning we set out plastic tables and chairs on the patio ready for the party in the afternoon./ In his speech the Prime Minister set out his priorities for the forthcoming term, with the emphasis on investment in education and training. (+) ∅ ∅ My passport won’t run out for at least another year. ∅ In 1991 civil war broke out in Yugoslavia./ The concert ended and Scientists set out to discover whether high doses of vitamin (−) for a second there was silence before A can help prevent cancer. the applause broke out. ∅ Comme pour in, nous remarquons que tous les C0 renvoient à un sujet animé ou à une activité humaine lorsqu’il y a diminution de valence syntaxique (spots, I, civil war, the applause, pour break ; Columbus, scientists, pour set). Ces deux verbes, habituellement transitifs, fonctionnent essentiellement en tant qu’intransitifs lorsqu’ils se combinent avec la particule out. Quant à run (intransitif), il confirme bien que l’instabilité valencielle sur le plan syntaxique (run transitif) est "inversement proportionnelle" à la possibilité, sinon d’un "bouleversement", du moins d’une certaine originalité actancielle. Ci-après tableau récapitulatif actanciel des phrasal verbs avec out : Particule OUT (niveau 1) Tableau 16 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé + + + + C0 non animé + + (rocks stand out) Particule OUT (niveau 2) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ + C0 animé ou activité humaine + + (tensions play out) + C0 non animé + + (before the month is out) Particule OUT (niveau 3) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + + C0 non animé ∅ ∅ (time is running out fast) ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine Les "grilles sémantiques" génèrent moins de changements de « valence syntaxique », surtout pour OUT1(+) et OUT2(+). Deux remarques s’imposent : 1. la diminution de valence serait un peu moins affectée que l’augmentation de valence, qui, elle, se retrouve au niveau 3 ; 2. le processus de lexicalisation participerait bien d’une "dé-compositionnalité" du phrasal verb. Le niveau 3 rétablit un certain équilibre entre "changement et non changement de valence syntaxique", tandis que le « sémantisme verbal » se resserre autour de l’achèvement : Sémantisme verbal construit : Particule OUT (niveau 1) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + + + + (−) Particule OUT (niveau 2) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (+) + ∅ ∅ ∅ + + (−) ∅ ∅ Particule OUT (niveau 3) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + ∅ (+) + + ∅ ∅ + + (−) ∅ ∅ 56 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais 2.1.3.2. DOWN – UP : Ce qui frappe avec DOWN, c’est bien sûr le relativement faible nombre de cas qui apparaissent dans les niveaux 2 et 3 avec changement de valence syntaxique, à l’exception de break down : I had broken down at last and asked at the Post Office, exemple que nous pouvons classer en niveau 3 (−) avec un C0 animé. D’autre part, à quelque niveau que ce soit, nous n’avons relevé que des actants qui concernent une activité humaine, que ce soit avec down "directionnel" : …and she felt the journey come down on her more like a weight./ The sentences sank down, down… ; down "aspectuo-modal" : Just when Mr Blair was beginning to live down his reputation as a « control freak »,… ; ou enfin down "notionnel" : Civil-rights activists played down her considerable political experience and sophistication…/ the mindless ease and constancy of their rhythm (…) wore down her strength… Dans le cas de break down, nous assistons en réalité à un empilement d’opérations syntaxicosémantiques : 1. une relation forte entre break et down (niveau 3), 2. une diminution de valence syntaxique, 3. une substitution d’un actant animé à un actant inanimé. Aussi, formulerons-nous, ici, l’hypothèse que, dans le cadre d’un processus de "dé-compositionnalité", on pourrait avoir, pour le même phrasal verb, une quatrième opération qui serait la transformation d’un procès d’activité en procès d’achèvement, ultime étape alors du processus de « lexicalisation ». Ce n’est bien sûr pas le cas de break qui marque intrinsèquement un procès d’achèvement, et que nous allons maintenant opposer à run, comme nous l’avons fait pour IN et OUT, afin d’étudier la relation entre la « valence syntaxique » et la nature des actants. [Exemples du Longman Phrasal Verbs Dictionary] : Niveau 1 Valence syntaxique (=) Break down Run down Police broke down the door and searched the building. (+) ∅ (−) ∅ ∅ I almost got run down by a bus as I was crossing the road. ∅ Niveau 2 Valence syntaxique Break down (=) ∅ (+) ∅ (−) ∅ Run down The toy stopped moving. Its batteries had obviously run down./ It is estimated that supplies of gas from the North Sea will start to run down between now and the end of the century. Someone had left the lights on and run down the car’s battery. ∅ Niveau 3 Valence syntaxique Break down Run down (=) The best way to deal with all this information is to break it down into categories./ We aim to break down racial prejudice through education and greater understanding of other cultures./ She had hoped that she would eventually be able to break down his coldness, but he remained as distant as ever./ Bacteria break down the animal waste to form methane gas. ∅ (+) ∅ Never run down your previous employer at an interview. It will always reflect badly on you./ Every time a new party gets into power, they always accuse the previous government of running down the economy./ I finally managed to run him down at his club in Mayfair. (−) I don’t believe it – the photocopier’s broken down again !/ Negotiations between the two governments broke down last year, when they were unable to reach an agreement./ “You have to help me,” O’Neil said, and he broke down in tears. ∅ 57 Cahier du CIEL 2005-2006 Comme dans les cas précédents, nous observons que le changement de valence entraîne des sujets renvoyant à des personnes ou bien des activités humaines, la langue choisissant parfois même une opération supplémentaire (voix passive) afin de conserver au repère constitutif en surface un caractère « animé » → I almost got run down by a bus… Réciproquement, le "non changement" de valence syntaxique permet d’explorer toute la gamme des combinaisons actancielles possibles, et de générer ainsi de nombreuses « métaphores » appelées à devenir « catachrèses »59. Enfin l’augmentation de valence semble commander un C0 encore plus « animé » que la diminution de valence, à l’exception de l’exemple avec "coach" que nous rapportons dans le tableau 17 : Particule DOWN (niveau 1) Tableau 17 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé + + + + C0 non animé + ∅ (a coach ran us down) Particule DOWN (niveau 2) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine ∅ + + + C0 non animé ∅ ∅ (batteries running down) Particule DOWN (niveau 3) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + + C0 non animé ∅ ∅ (let it all break down…) ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine Nous notons une notable diminution des cas d’augmentation de valence dans la grille sémantique, même pour le niveau 3 [cf. in]. On pourrait peut-être alors avancer l’idée que les particules téliques (out, up) font mieux à cet égard que les particules qui marquent moins nettement, ou pas du tout, un « franchissement de frontière ». Parallèlement, la diminution de valence de niveau 3 opère bien un glissement vers des procès d’achèvement. Sémantisme verbal construit : Particule DOWN (niveau 1) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + ∅ (+) + ∅ ∅ ∅ + + (−) ∅ ∅ Particule DOWN (niveau 2) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ Particule DOWN (niveau 3) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + (−) ∅ ∅ ∅ Plusieurs remarques s’imposent tout d’abord à propos de UP : pas de cas très intéressant avec augmentation de valence au niveau 1 ; une multitude d’exemples avec UP2 (=), et un certain équilibre entre les trois possibilités de valence syntaxique avec UP3. Comme pour out, nous rencontrons quelques exemples où des verbes d’activité sont utilisés pour décrire un état : …with yellow rocks towering up on either side./ The coast road here becomes a track (…) which climbs up into a wild region…Nous proposons ainsi le tableau suivant pour le niveau 1 : 59 « un processus de figement [métaphorique ou métonymique] qui va du discours au lexique » M. Bonhomme. 58 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Actants Pas de C1 Niveau 1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé I had power to transform, to raise up, to heal, to bring undreamt-of happiness and joy./ What Rosina had grasped was that the C0 animé His blood pressure was liable to shoot up encounter with Hartley had withered my ou activité interest in Lizzie. So… when the whole humaine dangerously when he was crossed. foolish episode had ended in disaster… intelligent sympathetic Rosina would be there to pick up the pieces. We were now inside the defile with yellow rocks towering up on either side./ The coast road here becomes a track (unfortunately suitable for motor cars) …and this stood him up and hurried him C0 non animé which climbs up into a wild region, which away… I have not yet had time to explore, where my yellow rocks turn into handsome and quite sizeable cliffs. We came into the kitchen and I automatically picked up the tray which Gilbert had put out for Hartley. ∅ Nous nous apercevons ainsi qu’un "C0 animé + un C1 non animé" représente le "schéma canonique", sur le plan sémantique, en niveau 1, mais, l’ensemble de la relation peut parfaitement devenir "lexicalisé", ou métaphorisé en discours, comme cela apparaît dans l’exemple : …intelligent sympathetic Rosina would be there to pick up the pieces60 ; une case reste sans exemple, ce qui apparaît logique, compte tenu des opérations cognitives sousjacentes [<C0 non animé, Verbe, C1 non animé>]. Au niveau 2, les exemples sont innombrables avec UP2 (=), ce qui signifie peut-être qu’il y a adéquation entre une certaine "lexicalisation" du phrasal verb et les possibilités de valence sémantique, à condition que la particule ait une forte propriété aspectuo-modale, ce qui est le cas de la particule télique up (bornage). Le tableau ci-après ne retiendra qu’un ou deux exemples prototypiques par case : Actants Pas de C1 She could steel herself, make herself cold as death and inhuman to try to bear witness to the truth, but she was C0 animé so weak that at its first intimation her preparations and disciplines ou activité would crumple up, and she’d humaine become only more truly human than before she ever set out. Oh irony of ironies ! The road away becomes the road back. After that, and until the terrible thing happened, the evening seemed quietly to break up, or to become diffused and gently chaotic like the C0 non later stages of a good party./ The animé house was still acting up, but I felt by now that I was getting to know its oddities and I was more friendly towards it. Niveau 2 C1 animé ou activité humaine C1 non animé Mr Pittman not only has a reputation as a shrewd, hardnosed operator; he also has creative credentials. As a longhaired, bearded teenager, he skipped college to become a discjockey. In 1981, as a more conventional suit, he dreamed up and launched MTV, now part of Viacom. In particular I felt I ought to go on so as to describe James’s funeral, although really James’s funeral was such a non-event that there is pratically nothing to describe. Then I felt too that I might take this opportunity to tie up a few loose ends, only of course loose ends can never be properly tied, one is always producing new ones. Time, like the sea, unties all knots. They left the parking lot carefully enough, Herzog later thought. He was a Another day. I have decided not circumspect driver. But getting his to put dates as they break up the Falcon into the main stream of traffic sense of a continuous meditation. he should perhaps have reckoned with the long curve from the north on which the cars picked up speed. Avec UP2, les combinaisons entre les actants deviennent beaucoup plus étendues d’un point de vue tropique, ce qui favorise sans doute la stabilisation de la valence syntaxique. C’est le lieu idéal de la création de métaphores : Don’t abuse yourself too much, Luke, and cook up these fantastic plots against your feelings…/except my love for you – all wakened up again and rejected…/Certain expressions burn people up, and especially the expression of wisdom…/He was going (…) to wrap the subject up…/…a woman locked up inside her own 60 Hors contexte, il est impossible de déterminer s’il s’agit des morceaux d’un vase cassé, ou comme ici, dans le roman d’Iris Murdoch, des "morceaux" d’une aventure amoureuse qui se termine mal (the sea, the sea, p. 183). 59 Cahier du CIEL 2005-2006 nightmare…/ I just feel all smashed up by misery, mécanisme prolifique de formation de catachrèses et de phrasèmes travaillant pour ainsi dire "en boucle", puisqu’il sera toujours possible à la langue d’élargir, par similarité, son domaine figuré, à partir d’un phrasal verb appartenant déjà à la composante lexicale : He has to win handsomely to shut the population up while he forges ahead with reform…, phrasal verb avec le schéma sous-jacent : <he, opérateur de causation, → <the population, shut up ( )>>, et non pas *<he, shut up, the population>. Au niveau 3, le phrasal verb est devenu beaucoup plus "opaque", et nous retrouvons un certain équilibre entre changements [(+) ou (−)] et stabilité de valence syntaxique, avec, comme nous l’avons déjà souligné, une prééminence des procès d’achèvement. En ce qui concerne les actants, nous avons retenu deux cas intéressants ; le premier avec make up, où si le C0 reste toujours animé, en revanche le C1 peut être tantôt non animé : I made up a little tray with tea, milk and sugar, bread, butter, marmalade…, tantôt animé : The great eyes of the middle-aged woman she had made herself up to be accused him. Make up, phrasal verb polysémique s’il en est, ne déroge pourtant pas à la règle des actants se référant à des activités humaines bornées par la particule (accomplissement) : Gilbert Opian has rushed about trying to make up some sort of party against you. Le second exemple a un C0 non animé (mais se réfèrant à une activité humaine) : the physics does not add up, avec justement les quatre opérations de lexicalisation dont nous parlions plus haut : 1. niveau 3 ; 2. diminution de valence syntaxique ; 3. inversion d’actant ; 4. transformation d’un procès d’activité en procès d’achèvement. En revanche, make up dans l’exemple : "She and Charles seemed to have made up" ne représente que deux opérations sur l’échelle de la "lexicalisation" : niveau 3 et fausse diminution de valence syntaxique, puisqu’il s’agit en réalité d’un verbe transitif avec "emploi absolu". Mettons en perspective break up [(=) et (−)] et run up / work up [(=) et (+)] afin de faire une étude systématique du comportement des actants de ces trois verbes, tout en tenant compte de la valence syntaxique [exemples du Longman Phrasal Verbs Dictionary] : Niveau 1 Valence syntaxique Break up (=) ∅ (+) ∅ (−) ∅ Run up A man with a gun ran up and shot him dead., The school had run up the South African flag in honour of Mandela’s visit. Work up ∅ ∅ ∅ ∅ Niveau 2 Valence syntaxique Break up Run up Work up (=) She actually accused me of trying to break up her marriage !/ Ten people were injured in the fighting, which was eventually broken up by security forces./ I didn’t want to break the evening up by leaving too early./ What do you think finally broke up the Beatles ? ∅ ∅ 60 (+) ∅ ∅ We’d already lost one game, and we couldn’t work up any enthusiasm for another./ We went for a brisk walk along the beach to work up an appetite for dinner./ He was a brilliant speaker and knew exactly how to work his audience up into a état of excitement. (−) There is a real possibility that the ice caps at the North and South Poles will start breaking up and melting./ we’d been together for ∅ ∅ M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais three years before we broke up, so it was really hard./ The meeting broke up and we still hadn’t reached an agreement. Niveau 3 Break it up, you two, or you’ll hurt each other./ Ethan really broke me up with that story about the alligator. ∅ In general with this drug, it’s best to start with a low dose and then work up. (+) ∅ The Rome Opera company has run up debts of over $40 million./ He had no money of his own, he just ran up his wife’s credit card until the bank stopped the card./ The Sonics ran up 64 victories this year./ If I give her the material, she can easily run up the dress for me at home. U-Haul worked up the design for the posters and Dial Corp is printing them./ You need to run two or three miles a day, just enough to work up a sweat. (−) Some schools have already broken up, but we’ve got another week. ∅ ∅ (=) Si ces verbes ont peu d’usage en niveau 1, à l’exception de run, qui nous offre un bel exemple de métonymie avec augmentation de valence (The school had run up the South African flag …), ils sont en revanche riches d’enseignements aux niveaux 2 et 3. La diminution de valence avec break renvoie soit à des activités humaines, soit à des éléments de la Nature (ice caps), tandis qu’il n’est pas un seul exemple de l’augmentation de valence avec run et work dont la valeur référentielle ne soit caractérisée par le trait [+ animé]. Enfin, la stabilité valencielle syntaxique permet, ainsi que l’atteste l’explosion d’exemples dans notre grille générale, une très grande « diversité » actancielle, source de multiples emplois « tropiques » (I didn’t want to break the evening up by leaving too early./ Ethan really broke me up with that story about the alligator.). Nous donnons ci-dessous le tableau résumé du comportement « actanciel » de tous les phrasal verbs avec up de notre corpus : Particule UP (niveau 1) Tableau 18 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé + + + + + C0 non animé ∅ (rocks towering up) (this stood him up) Particule UP (niveau 2) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + (+) + + C0 non animé (the house was acting up) (dates break up the sense…) (the cars picked up speed) Particule UP (niveau 3) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + (+) C0 non animé ∅ ∅ (the physics does not add up) ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine Nous assistons à une certaine diminution des cas de changement de valence syntaxique lorsque nous considérons la grille « sémantique », bien qu’il y ait un certain équilibre avec UP3, niveau de « lexicalisation » maximale du phrasal verb et qui correspond également à un glissement vers des procès d’achèvement : 61 Cahier du CIEL 2005-2006 Sémantisme verbal construit : Particule UP (niveau 1) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + + + (−) ∅ Particule UP (niveau 2) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (+) + ∅ ∅ ∅ + + (−) ∅ ∅ Particule UP (niveau 3) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + ∅ ∅ (+) + + ∅ ∅ + (−) ∅ ∅ ∅ 2.1.3.3. OVER : OVER présente, d’un simple point de vue statistique, moins d’intérêt en ce qui concerne la valence sémantique, que d’autres particules telles que out ou up que l’on vient d’étudier. Il semble donc qu’il y ait une certaine "corrélation" entre son rôle aspectuo-modal fort modeste, le faible degré de lexicalisation qu’il génère, le peu de changements de valence syntaxique qu’il occasionne, et donc l’incapacité des phrasal verbs construits avec over à se distinguer sur le plan de la « valence sémantique ». Nous sommes loin en effet de la richesse de combinaisons syntaxico-sémantiques que présentaient les tableaux avec out et surtout up. Ceci nous est confirmé par la mise en perspective de deux verbes : pull (transitif) et blow (intransitif). [cf. Longman Phrasal Verbs Dict] : Niveau 1 Valence syntaxique Pull (=) ∅ (+) ∅ (−) ∅ Blow The owners are afraid the trees will blow over on the house during the next big storm. Rescue workers help passengers after a bus was blown over by strong winds. ∅ Niveau 2 Valence syntaxique (=) (+) (−) Pull Blow ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Niveau 3 Valence syntaxique (=) Pull He was pulled over for speeding. Blow Rushdie stayed in hiding until the controversy about his book blew over./ The Weather Centre predicts that the snowstorm will quickly blow over. (+) ∅ ∅ (−) Billy pulled over at once, jumped out of the car and offered to help. ∅ Curieusement, c’est l’apparente absence de changement de valence syntaxique qui retiendra ici notre attention avec le verbe blow, dont on peut penser que l’argument principal, au niveau des relations primitives, n’est pas trees, ni controversy, mais bien "wind" → <wind, blow>. Or, nous assistons bien ici à une opération de retournement des actants de nature médio-passive, par laquelle l’objet affecté devient sujet du verbe, soit : <<wind, blow> → <tree BE over house>> <tree, blow over> ; on ne peut pas vraiment parler de diminution de valence puisque le verbe blow demeure bien intransitif, ce qui lui permet alors d’élargir son champ actanciel. 62 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Particule OVER (niveau 1) Tableau 19 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + C0 non animé + ∅ ∅ Particule OVER (niveau 2) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + + C0 non animé ∅ ∅ (the lake freezes over) Particule OVER (niveau 3) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + (+) + ( ?)61 C0 non animé ∅ (milk turns over…) (get run over by a bus…) La forte diminution d’exemples entre les deux grilles, syntaxique et sémantique, atteste qu’il semble bien y avoir une gradation sur l’échelle "fonctionnelle" des différentes particules, les plus complètes allant du directionnel au notionnel ; d’autres, telles que over, se cantonnent à des emplois plus fondamentaux (localisation spatiale ou aspectuelle). La diversité sémantique du phrasal verb serait directement liée à la fois au caractère plus ou moins « directionnel » de la particule, et au plus ou moins haut degré de « compositionnalité » de ses composants. Sémantisme verbal construit : Particule OVER (niveau 1) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + ∅ ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ Particule OVER (niveau 2) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + ∅ ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ Particule OVER (niveau 3) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) ∅ ∅ ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ 2.1.3.4. OFF – ON : OFF présente des combinaisons assez inégales, sur le plan de la « valence sémantique », selon que l’on considère chacun des trois niveaux de phrasal verbs. Ainsi, nous n’avons pas véritablement d’exemple pertinent en « augmentation » de valence, ni au niveau 1, ni au niveau 2. Considérons le tableau suivant : Actants Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé A busy week. Had lunch with Miss Kaufman and I jumped up and set off after arranged for her mother to be He lay in his nowhere, turning his headache from C0 animé her. packed off to a comfortable side to side as though he could shake it off. ou activité and expensive ‘twilight humaine home’. The polished wood glowed, C0 non Staples were hanging off the brown leather gave off a Perhaps the clouds were still giving off light. animé fresh rare smell. NIVEAU 1 61 Cette case mérite à peine un signe + étant donné que la plupart des tournures avec run over (par ex.) sont au passif : Lee was really upset when her cat got run over. Sinon, nous trouvons de nombreux C0 animé/humain : Some idiot in a white van nearly ran me over. 63 Cahier du CIEL 2005-2006 Just before meeting Herzog, Ramona had broken off with an assistant television producer named George C0 animé ou activité Hoberly who was hard hit, in humaine a pitiable état – close to hysteria. NIVEAU 2 C0 non animé The TV is off Let him think he can cut off a tower where he likes – but NIVEAU then Rachel turned back from 3 the pit and they heard how little light there was in it now C0 animé ou activité and how tired the men were, humaine you can drive a willing horse just so far, they ought to knock off. C0 non animé The milk is off When that got nowhere and ETA, after 14 months, called off its truce, it was Mr Ibarretxe who had to break his party’s new-formed links with ETA’s political wing, hold office without a Let us break off these rather majority and bolster morale in the regional police ponderous reflections for a force as it faced renewed street violence and while. murder, all under a hail of insults from the government in Madrid, which treated his administration and ETA almost as two sides of one coin. ∅ ∅ He started his career in the old Music Hall in the Edgware Road. He could stand motionless, not moving an eyelid, and make a theatre rock with prolonged laughter. Then he would blink and set them off again. “I expect we’ll meet again around here – ” “Sorry, I’ve been talking my head off, why not let’s go to the Black Lion and have drinks on the house ?”/ Now, let’s both knock off this crap, dreamy boy. I thought it was time to get off the dangerous topic of women. “Been to Ireland lately ?” This always set Perry off and was a guaranteed subject-changer. ∅ Notre première remarque concerne les cases "C0 non animé + absence de C1" et "C0 non animé + C1 animé" du niveau 1. Il s’avère que tous les exemples que nous aurions pu y mettre se réfèrent soit à des objets animés nonhumains (The waves simply pluck one off), soit à des objets animés renvoyant à une activité humaine : The car shot off like a red rocket…/ The car pulled off. « Where are we going » ? Nous avons pris à dessein l’exemple : Staples were hanging off, car manifestement un verbe d’état ne présente pas les mêmes contraintes sémantiques qu’un verbe d’activité dans le choix du C0. Ceci nous montre la complexité des opérations « prédicatives et énonciatives » dans la formation des phrasal verbs. Il semble bien que le processus de lexicalisation a joué pleinement son rôle en ce qui concerne les procès d’achèvement→ activité [give off smell/give off light], et qu’il s’agit là d’énoncés qui ne méritent une attention particulière que par rapport à leur « valence syntaxique ». Pour le niveau 2, nous remarquons la quasi absence de C0 non animés, mais l’abondance de C0 renvoyant à une activité humaine : Thirty years of assiduously campaigning for the Conservative Party and courting its leading figures paid off handsomely…/ My surprise wore off./ Spattered and streaming sweat when the frenzy wore off…, ainsi que de C1 avec le même trait sémique : I cut off all the connections…/ And when one attachment is cast off…/ The butler act was switched off. Le niveau 3 avec off permet d’évaluer le degré de lexicalisation de [−] animé vers [+] animé, parallèlement à la « valence syntaxique » qui évolue de (=) vers (−), la case vide étant, selon nous, tout à fait représentative de l’équilibre qui s’instaure entre valence syntaxique et sémantique. Valences (=) (−) 64 [+] animé [−] animé Now, let’s both knock off this crap, dreamy boy./ “You All at once he cried out, not in terror but in grief. For he admit you’re guilty ?” “Sure” “That puts you in the remembered his crew of good men, and he knew why distinct minority around here.” “No, I was wrong, but I they had knocked off work and where they were gone. think the sentence was too harsh. Somebody said you guys can get some time knocked off.” Let him think he can cut off a tower where he likes – but then Rachel turned back from the pit and they heard how little light there was in it now and how tired the ∅ men were, you can drive a willing horse just so far, they ought to knock off. M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Poursuivons l’exploration systématique de l’éventuelle "corrélation" entre valence syntaxique et sémantique à travers trois phrasal verbs (break, run et blow), afin de mieux déterminer les contraintes sémantiques qui semblent exister sur la nature de leurs actants. [Exemples proviennant du Longman Phrasal Verbs Dictionary] : Niveau 1 Valence (=) Break off (transitif) Run off (intransitif) Blow off (intransitif) The robbers ran off down a nearby street./ Her T-shirt caught fire Part of the barn roof blew and she ran off off in the storm. screaming./ His wife ran off and left him. The wind had blown off some of the tiles from the roof./ The bullet blew off ∅ three of his fingers./ The front part of the jeep was blown off in the explosion. Ben broke off a piece of the chocolate and ate it. (+) ∅ (−) One of the branches had broken off in the wind./ It was a beautiful old jug, but the handle had broken off. Valence ∅ ∅ Break off Run off Blow off (=) Russian authorities broke off talks with the Chechen gunmen after they killed two hostages on Tuesday./ There had been an argument between the two brothers, and Ted had threatened to break off all communication./ Keith became jealous of Angie’s other friends, and in the end he broke off their engagement./ Kulikof had to break off his holiday and retun to Moscow to handle the crisis. ∅ ∅ (+) ∅ ∅ Charles Barkley blew off the sexist remarks he made about female reporters. (−) Negotiations towards a new contract broke off again in the summer and the strike continued. ∅ ∅ Niveau 2 Niveau 3 Valence (=) Break off Blow off ∅ Run off ∅ ∅ (+) ∅ Nowadays you can run off your invitations on a laser printer for virtually nothing./ Authors were allowed to visit the printers while their books were being run off, in order to make any alterations./ Lennon said that he and Paul ran off the song in a taxi on the way to the recording studio. ∅ (−) “I don’t think…,” he broke off and smiled suddenly, seeing the expression on her face. ∅ ∅ Nous remarquons d’emblée, concernant la diminution de valence, une certaine corrélation entre la valeur de la particule et la nature de l’actant. Les C0 non animés (One of the branches…/the handle) ne sont compatibles qu’avec un off directionnel, ce qui n’est pas le cas de C0 animés ou renvoyant à une activité humaine (Negotiations… broke off/he broke off). Ceci vaut également pour l’augmentation de valence, puisque nous constatons que blow (niveau 2) et run (niveau 3) ne fonctionnent qu’avec des sujets "[+] animés". Cf. T. 20 : Particule OFF (niveau 1) Tableau 20 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé + + + + C0 non animé + + (staples were hanging off…) Particule OFF (niveau 2) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + + C0 non animé ∅ ∅ (the TV is off) ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine 65 Cahier du CIEL 2005-2006 ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine C0 non animé Particule OFF (niveau 3) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé + + + + + ∅ (the milk is off) Nous constatons, à partir de la comparaison des grilles "valence syntaxique // valence sémantique", qu’il y a bien réelle diminution des cas attestés lorsque nous avons affaire à une augmentation de valence syntaxique, et même à une diminution de valence. Ainsi, la diversité sémantique actancielle serait « inversement proportionnelle » au changement de valence syntaxique, qui, lorsqu’il se produit au niveau 3, nécessite un terme de départ [+] animé, et construit le plus souvent un procès d’achèvement, signe d’une forte « lexicalisation » du phrasal verb. Sémantisme verbal construit : Particule OFF (niveau 1) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + + + (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + + (−) ∅ ∅ Particule OFF (niveau 2) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + + (−) ∅ ∅ Particule OFF (niveau 3) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + ∅ ∅ ∅ (+) + ∅ ∅ ∅ + (−) ∅ ∅ ∅ Terminons cette perspective de la « valence sémantique » avec la particule ON pour laquelle les exemples les plus intéressants se concentrent autour du niveau 1 et 2 (=). Là encore, la plupart des actants ont directement ou indirectement (métonymie, prosopopée) un caractère animé « ± humain » : Valence syntaxique Schémas Transitifs [+] animés Nature des actants (± animés) [±] Niveau 1 [−] animés She was playing a part : putting on the controlled dramatic display of emotion which seems to the actor so moving, to the spectator often so unconvincing./ Simkin was perfectly delighted with such an outburst, Herzog knew. He even understood that the lawyer was winding him up, putting him on. But that did not stop him./ This seemed a good thought and I held on to it and it brought me, together with tenderness, a little calm./ “I’ve got to look after the rice. I’ll put on some Egyptian music to keep you cheerful.”/ So far so good. But how would Hartley behave when I began to put the screw on ? And what would Ben do when he got my note ? I awoke after nine the next morning and it was raining. The English weather had put on another of its transformation scenes./ Niveau 2 ∅ ∅ Niveau 3 66 James knelt down, he seemed unable to speak, and motionaed that Titus should be turned over again. There was a moment of confusion, several people talking at once, then the sound of a police siren. It turned out later that a car on the way to the Raven Hotel had taken the news on and the hotel had rung the police M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais There she turned on me, her vixen face pointed with rage. “Is that boy really your son ?” “Well, no, I’ve sort of taken him on. I always wanted a son. He’s their son, he’s the adopted son – of – of Hartley and her husband.” ∅ ∅ Niveau 1 Schémas Intransitifs Diminution de valence : “You want everything, don’t you, Charles.” “Yes, but I felt I had another shivering fit coming on and I not like that. Let’s love in a free open way, like you said sat down again at the table. “I don’t feel very ∅ in your letter, free and separate and not holding on like well.” crazy – ” “It was a stupid letter. I think holding on like crazy is the only thing I understand – ” Niveau 2 ∅ Then, one day when he paused, he saw clusters of men in argument at the high top. He saw Roger Mason jollying and cajoling, losing his temper ∅ deliberately, or being reasonable, so that after hours wasted, the work limped on. Niveau 3 ∅ ∅ ∅ Nous constatons que les énoncés où figurent les actants les moins "animés" sont tous des schémas transitifs de niveau 1 ou 2, et que l’exemple de diminution de valence (hold on) a un actant "animé", ce qui semble indiquer une certaine "correspondance" entre les deux valences, point que nous allons tenter de préciser dans notre conclusion. Mettons en perspective les différents emplois de hold on. [exemples du Longman Phrasal Verbs Dictionary] : Niveau 1 Valence Hold on (=) ∅ (+) ∅ (−) No matter how hard Josie pulled, the dog wouldn’t let go of the stick – it just held on and snarled. Niveau 2 Valence Hold on (=) ∅ (+) ∅ (−) Can you hold on a moment – she’s just coming./ I’m afraid I can’t hold on much longer – I’ve got a taxi waiting./ Despite a difficult first period, New York Islanders held on for a 4-3 win over the Toronto Tigers. Niveau 3 Hold on ∅ ∅ Valence (=) (+) (−) Cathy’s extension is busy; do you want to hold on ?/ Hold on, what are you talking about ?/ The company managed to hold on, in spite of the recession./ Ed looked dreadful lying in that hospital bed – you could see he was just barely holding on. Ces exemples confirment bien notre hypothèse : la « diminution de valence » entraîne de fortes contraintes sémantiques pour les actants, dont les traits sont ± animés en fonction même du niveau construit du phrasal verb. Particule ON (niveau 1) Tableau 21 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé + + + ∅ ∅ + Particule ON (niveau 2) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ + C0 animé ou activité humaine + + (the work limped on) + C0 non animé + + (the TV is on) Particule ON (niveau 3) Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine + + + + C0 non animé ∅ ∅ (it’s not on) ↓Nature sémantique des actants→ C0 animé ou activité humaine C0 non animé 67 Cahier du CIEL 2005-2006 Le tableau ci-dessous confirme qu’il semble bien y avoir une « corrélation », même pour la particule on, entre la « valence syntaxique », les trois niveaux fonctionnels du phrasal verb, et la sémantique verbale construite : Sémantisme verbal construit : Particule ON (niveau 1) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + (−) ∅ ∅ ∅ Particule ON (niveau 2) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + + ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ + (−) ∅ ∅ ∅ Particule ON (niveau 3) Valence État Achèvement Activité Accomplissement (=) + ∅ ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ 2.1.3.5. Conclusion Parvenu au terme de cette étude sur la « valence sémantique », nous voici maintenant en mesure de préciser les « corrélations » avec les grilles de la « valence syntaxique ». Recensons tout d’abord les principaux cas de comportements syntaxiques [(=), (+) ou (−)] des phrasal verbs à partir de la seule grille de valence sémantique : Phrasal Verbs Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Principaux cas de « valence syntaxique » attestés à partir de la grille de « valence sémantique » : In Down On Off Out (−) ← Over (=) (=) (=) (=) (=) (=) (−) (−) (−) (−) (−) (=) (=) (=) (+) (=) (=) ∅ (−) (−) (−) (=) (=) (=) (=) (=) (+) (+) ∅ (−) (−) (−) Up → (+) (=) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) Nous observons d’emblée une abondance de signes (=), à savoir la stabilité valencielle des phrasal verbs dont les actants peuvent faire l’objet de glissements tropiques. La diminution de valence (−) est également fort bien représentée, en particulier pour les niveaux 1 et 3, mais aussi au niveau 2, particulièrement pour trois particules : off, out et up. Enfin, les cas d’augmentation de valence (+) se trouvent exclusivement, dans notre corpus, avec les trois mêmes particules : off, out et up, essentiellement au niveau 3. Y aurait-il donc une certaine « correspondance » entre ces variations de comportement syntaxique et les changements sémantiques que nous avons constatés ci-dessus ? Ces changements sémantiques se font-ils de façon arbitraire ou obéissent-ils à certaines lois internes du langage ? L’absence de changement syntaxique favorise-t-il les "modulations" sémantiques, et inversement, les bouleversements syntaxiques entraînent-ils une certaine stabilité sur le plan sémantique ? Le niveau même du phrasal verb serait-il en jeu, la valeur de la particule ayant une incidence sur l’environnement actanciel ? Sachant que nous avons six combinaisons sémantiques "possibles" avec les actants, nous avons recensé toutes les combinaisons attestées dans notre corpus, ce qui conduit au résultat suivant : Phrasal Verbs Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 68 In 6+ ∅ 3+ Combinaisons actantielles « attestées » dans notre corpus : Out Down Up Over 6+ 5+ 6+ 4+ 6+ 3+ 6+ 4+ 4+ 4+ 4+ 5+ Off 6+ 4+ 5+ On 4+ 6+ 4+ M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Particules « non attestées » dans les diverses combinaisons sémantiques62 : Phrasal Verbs Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Phrasal verb « intransitif » Pas de C1 C1 animé C0 animé / activité humaine C0 non animé C0 animé / activité humaine Toutes particules attestées ON Toutes particules attestées OVER, ON IN, DOWN IN C0 non animé IN C0 animé / activité humaine Toutes particules attestées C0 non animé IN ↓Nature des actants→ Phrasal verb « transitif » C1 non animé IN, DOWN, OVER, OFF Toutes particules attestées IN, OUT, DOWN, UP, ON Toutes particules attestées DOWN, UP, OVER IN IN, DOWN, OVER, OFF Toutes particules attestées IN, OUT, DOWN, UP, OVER, OFF, ON Si l’on reprend maintenant la grille des changements de "valence syntaxique", on s’aperçoit qu’aussi bien pour les cas d’augmentation de valence que pour ceux de diminution de valence, les actants renvoient dans leur immense majorité à des C0 ou C1 animés ou "activité humaine", avec l’exception notoire des éléments de la Nature. Voici quelques exemples qui mettent en perspective les changements de valence syntaxique (−) et (+) : « Diminution de valence syntaxique (− −) » : The panic beat and swept in/ …the light poured in. My thoughts are shooting out/ …hate came pouring out/ however these tensions play out,…/ In any case my OUT nerve was giving out…/…peace will break out…/ This grass (…) its blades spread out… DOWN I had broken down at last… The coast road (…) climbs up…/ His blood pressure was liable to shoot up…/ the evening seemed quietly to UP break up…/ His eyes filled up…/ This old flame turning up./ …the physics does not add up. …the brown leather gave off a fresh rare smell./ My surprise soon wore off./ Thirty years of assiduously OFF campaigning for the Conservative Party and courting its leading figures paid off handsomely. I think holding on like crazy is the only thing I understand./ The evening drew on… ON « Augmentation de valence syntaxique (+) » : He drowns all conversation out…/ I carefully worked out where I could find a glass of water and some OUT aspirins…/ Or if some one would only blow her brains out…/ I had frozen them out… …he was going to get his breakfast and shine himself up for the court…/ …you were working yourself up./ After all, if a government like Italy’s were to abuse that freedom, by running up unmanageable deficits,…/ He would be UP able to work up a sound business. Sorry, I’ve been talking my head off…/ …Bet you’re freezing your balls off, huh ?…He worked off his OFF embarrassment… IN Ainsi, non seulement il semble bien y avoir une échelle (±) entre les particules quant à leur possibilité d’entrer dans des schémas de changement de valence syntaxique lorsqu’il y a glissement tropique, mais en outre, l’étude du corpus nous indique que ces changements de nature sémantique requièrent une présence quasi constante du trait [+ animé] ou « activité humaine ». Inversement, la non modification de la « valence syntaxique » semble permettre des changements beaucoup plus importants sur le plan sémantique, ce que nous résumons comme suit : Valence syntaxique//sémantique Stabilité sémantique Changement sémantique Stabilité syntaxique (=) + ± + Actants animés ou référant à une « activité humaine » Changement syntaxique (+) ou (−) En outre, les phrasal verbs avec « augmentation de valence » sont encore plus stricts à cet égard que les phrasal verbs avec « diminution de valence ». En effet, nous n’avons trouvé qu’un seul exemple avec « augmentation de valence » où le C0 n’est pas un véritable "animé" au sens strict, mais dont la valeur référentielle est un "véhicule" (objet de construction humaine) : A coach nearly ran us down in front of Trinity Church. Cf. le tableau : 62 Les cas les plus intéressants sont les incompatibilités sémantiques avec telle ou telle particule, comme l’indique le tableau ci-dessous, où l’on perçoit que plus la particule est directionnelle, plus les combinaisons actancielles sont larges, et qu’inversement, plus la particule est notionnelle, plus le champ actanciel est réduit. 69 Cahier du CIEL 2005-2006 Valence sémantique → Traits sémiques des actants « Lexicalisation » construite ↓ Valence syntaxique Stabilité de valence [±] animés ± Augmentation (+) [+] animés − animés + Diminution (−) On perçoit ainsi une différence interne entre l’augmentation et la diminution de « valence syntaxique ». La diminution de valence syntaxique est davantage propice à la lexicalisation ("non compositionnalité") et à la construction de procès d’achèvement, bien que cela dépende aussi de la particule adverbiale [cf. OFF3, OUT3 et UP3]. La diminution syntaxique se voit en quelque sorte compensée par une relation sémantique forte, dont les actants sont des "animés" ou plutôt peut-être, presqu’obligés, « syntaxiquement », de le devenir. En revanche, l’augmentation syntaxique est contre-balancée par une relation sémantique plus faible, d’où une lexicalisation moindre qui conduit presque toujours à un C0 très fortement "animé", afin que celui-ci puisse piloter le nouveau poids syntaxique du phrasal verb, lequel pourra aussi représenter une « double prédication » (cf. 2.2.2.). Nous pouvons maintenant comparer les deux axes mis au jour → « valence syntaxique // valence sémantique » : Ordre d’occurrence des « particules adverbiales » dans nos grilles comparatives : IN DOWN OVER ON OUT OFF UP → (+) Valence syntaxique → (− −) ← IN DOWN ON OFF OUT UP → (+) Valence sémantique → (− −) ← OVER Cette légère différence entre les deux axes correspond au sémantisme inhérent de chaque particule, over, particule de « franchissement de frontière » étant largement concurrencée par le triplet off, out et up qui sont les particules téliques par excellence et provoquent ainsi le plus de changements, tant sur le plan syntaxique que sémantique. Off cède sans doute la place à out, sur l’axe de la valence sémantique, en raison de son ambivalence aspectuelle (ingression/égression). Enfin, on représente le parfait équilibre de stabilité que lui confère son sémantisme de continuité. La lexicalisation est à l’œuvre à plusieurs niveaux dans la construction complexe des phrasal verbs, les plus lexicalisés étant ceux qui répondent à la concomitance de quatre opérations (niveau 3, diminution de valence, inversion d’actant, procès d’achèvement), et s’avèrent les plus difficiles à appréhender tant en « production » qu’en « reconnaissance ». Ex : It was only right that some of Gersbach’s grossness should rub off on her/ How will it make out when Moses E. Herzog has his way ?/ …but the physics does not add up. 2.1.4. Conclusion de l’étude « syntaxico-sémantique » du phrasal verb Nous avons tenté, au cours de cette étude sémantico-syntaxique du « phrasal verb » de mettre en perspective plusieurs opérations de nature « sémantique » et « syntaxique » qui fondent la composition du phrasal verb. Nous sommes parti (en 2.1.1.) de la « sémantique verbale » en considérant l’incidence de la particule sur le procès du verbe simple. En fonction de son sémantisme inhérent, la particule adverbiale est porteuse d’une "dynamique" qui confirme ou bien transforme le sémantisme verbal de son prédicat support. Nous avons parlé en 2.1.1.2., en cas de changement du sémantisme verbal, d’activation ou de désactivation de la dynamique verbale, métaphore de nature « musicale » qui nous permet maintenant d’aller un peu plus loin sur le plan cognitif. En effet, si nous mettons en parallèle les changements (ou non) du « sémantisme verbal » avec les différents niveaux fonctionnels du phrasal verb, nous observons les grandes tendances suivantes : 1. La stabilité du « sémantisme verbal » se traduit par une très large représentation des trois niveaux fonctionnels de phrasal verb [directionnel (1), aspectuo-modal (2), notionnel (3)] 2. Les changements du « sémantisme verbal » se répartissent principalement comme suit : 70 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais a) → vers l’ACCOMPLISSEMENT : majorité de niveaux 1 et 2. b) → vers ACTIVITÉ : majorité de niveaux 1 et 2. c) → vers ACHÈVEMENT : majorité de niveaux 3. La véritable opposition se situerait donc moins entre une "activation" ou "désactivation" du sémantisme verbal construit par la particule qu’entre une ± grande "compositionnalité" du phrasal verb. [cf. T. 22 où les procès d’accomplissement favorisent plutôt la compositionnalité et ceux d’achèvement plutôt la non compositionnalité] Transformation du sémantisme verbal et compositionnalité63 Tableau 22 ACCOMPLISSEMENT ACTIVITÉ ACHÈVEMENT (procès borné à droite) (procès non borné) (procès globalisé) {[+] compositionnel} {[−] compositionnel} Activité → ACC [(−), sauf ON] / État → ACT [(+), IN, OUT, UP, ON] / ACT → ACH [(−), toutes] État → ACC [(+), OUT, DOWN, UP, OFF] ACH → ACT [(+), DOWN, UP, OVER, OFF, ON] ACH → ACC [(+), sauf ON] ACC → ACH [(−), IN, OUT, DOWN, UP] ÉTAT ACH → État [(−), ON] NB: les transformations de sémantisme verbal vers des procès d’activité ou d’état construisent plutôt des phrasal verbs de niveaux 1 et 2, tout ceci étant naturellement une question de degré. Rappel : (−) signifie ici diminution du sémantisme verbal, alors que (+) signifie augmentation du sémantisme verbal Tous ces changements participent bien d’un faisceau de paramètres "cumulatifs". Aussi allons-nous regrouper ciaprès ces différents niveaux d’opérations64, afin de mieux appréhender le rôle des particules adverbiales les plus utilisées. Le tableau 23 prendra en considération la répartition des sept particules à partir de ces quatre critères, tandis que le tableau 24 présentera un résumé des « traits distinctifs » de chaque particule en fonction du niveau fonctionnel du phrasal verb, de la valence (syntaxique et sémantique), et du sémantisme verbal construit. 63 Le tableau 22 répertorie les divers cas de transformation du sémantisme verbal vers les quatre types de procès en indiquant 1. le type de transformation (augmentation ou diminution du "sémantisme verbal") ; 2. les particules que cette transformation concerne [Ex : ACT → ACC : toutes les particules sauf ON ; ACT → ACH : toutes les particules ; ACH → État : ON seulement, etc.] ; 3. le degré de compositionnalité du phrasal verb obtenu. 64 Quatre critères demeurent discriminants dans toute approche analytique du « phrasal verb » : 1. Degré de « compositionnalité » ou niveau fonctionnel [directionnel, aspectuo-modal, notionnel] du phrasal verb ; 2. Sémantisme verbal construit ; 3. Valence syntaxique ; 4. Valence sémantique. 71 Tableau résumé sur le degré de compositionnalité des « phrasal verbs » : Répartition des particules adverbiales Niveau du « phrasal verb » → ↓ Paramètres "syntaxicosémantiques" État Achèvement Sémantique verbale65 Activité Accomplissement (=) Valence syntaxique (+) (−) (=) Valence sémantique 65 Tableau 23 (+) ← « Degré de compositionnalité » → (−) Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 IN, OUT, DOWN, UP, OVER, OFF, ON IN, OUT, DOWN, UP, OVER, OFF, ON IN, OUT, DOWN, UP, OVER, OFF, ON IN, OUT, DOWN, UP, OVER, OFF IN, OUT, DOWN, UP, OVER, OFF, ON (sauf ACC) OUT, DOWN, UP, OVER, OFF, ON OUT, UP, OVER, OFF, ON OUT, DOWN, UP, OVER, ON OUT, DOWN, UP, OVER, OFF OUT, DOWN (sauf ACH), UP, OVER, OFF (sauf ACT), ON (sauf ACC) IN, OUT, DOWN, UP, OFF, ON IN, OUT, DOWN, UP, OVER, OFF, ON OUT (ACH + ACC), UP (ACH + ACC), OFF (ACH + ACC), ON (ACT) OUT (ACH + ACT), DOWN (ACH), UP (ACH + ACC), OFF (ACH) IN (ACC), OUT (ACC), DOWN (ACH + ACC), UP (ACC), OFF (sauf ACT) IN, OUT, DOWN (sauf État), UP (sauf État), OVER (ACH), OFF (sauf État), ON (État + ACH) IN (ACH + ACC), OUT, DOWN (sauf État), UP, OVER (ACH), OFF, ON (État + ACH) (+) DOWN (ACH) (−) IN (ACH + ACC), OUT, DOWN (ACH + ACT), UP (sauf ACC), OFF (ACH + ACT), ON (État) IN, OUT, DOWN, UP, OFF, ON IN, OUT, DOWN, UP, OFF IN, OUT, DOWN (sauf ACT), UP (ACH + ACC), OVER (ACH), OFF, ON (sauf ACC) IN (ACH), OUT (sauf État), DOWN (ACH + OUT, DOWN (ACC), UP (ACT + ACC), ACC), UP (sauf État), OVER (ACH), OFF OVER (ACC), OFF (ACC) (ACC) IN (ACH), OUT (sauf État), DOWN (ACH + OUT (État et ACT = ∅), UP, OFF (sauf ACT), UP, OVER (ACH), OFF (sauf État), ON ACT), ON (ACC = ∅) (ACC = ∅) IN (ACH + ACT), OUT (sauf ACT), DOWN OUT, DOWN (ACH + ACC), UP, OVER (ACC), OFF (ACH + ACC), ON (sauf État), UP (ACH + ACC), OFF (ACH), ON (ACH) (ACH + ACT) OUT (ACH + ACC), UP (ACT + ACC), OUT (ACH), UP (ACC) OFF (ACC) Nous adoptons pour ce tableau les abréviations suivantes : ACH = Achèvement ; ACT = Activité ; ACC = Accomplissement. Etude systématique du comportement des « particules adverbiales » au sein des « phrasal verbs » : Prise en compte Niveau fonctionnel du PV→ des ≠ paramètres Sémantisme verbal construit État Achèvement (=) Activité Accomplissement État Achèvement Valence (+) Syntaxique Activité Accomplissement État Achèvement (−) Activité Accomplissement État Achèvement (=) Activité Accomplissement État Achèvement Valence (+) sémantique Activité Accomplissement État Achèvement (−) Activité Accomplissement Niveau 1 In Out Down Up Over + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + + + + ∅ + + ∅ ∅ ∅ + + + + + + + + + ∅ + + + + ∅ ∅ + ∅ + ∅ + + + + + ∅ + + + ∅ + + + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ + + + + ∅ ∅ + + + ∅ + + ∅ ∅ ∅ Off + + + + + + ∅ + ∅ + + + + + + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + + ∅ On + + + − ∅ ∅ ∅ − + + ∅ − + + ∅ − ∅ ∅ ∅ − + ∅ ∅ − Niveau 2 In Out Down Up Over ∅ + + + + (+) ∅ + + + ∅ + + + + ∅ + + + + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ + + + + ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ + + + ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ + + + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ Off + + ∅ + ∅ ∅ ∅ + + + ∅ + ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + On + + + − ∅ ∅ ∅ − + + + − ∅ + + − ∅ ∅ ∅ − ∅ ∅ + − Tableau 24 Niveau 3 In Out Down Up Over + + + ∅ ∅ + + + + + + + ∅ ∅ ∅ + + + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + + + + + ∅ + ∅ + ∅ ∅ + + + ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + + + + + ∅ + + + ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ + + + + ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ + + + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + + + ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ Off + + + + ∅ ∅ ∅ + ∅ + + + ∅ + ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ + ∅ + ∅ ∅ On + + + − ∅ ∅ ∅ − + + + − ∅ + ∅ − ∅ ∅ ∅ − ∅ ∅ ∅ − Cahier du CIEL 2005-2006 Ces tableaux 23 et 24 nous permettent d’affirmer qu’il existe bien un certain nombre de corrélations entre les quatre critères dont nous parlions ci-dessus [2.1.3.5] dans la marche du phrasal verb vers la « lexicalisation » [cf. 1. niveau 3 ; 2. diminution de valence syntaxique ; 3. inversion d’actant ; 4. transformation d’un procès d’activité en procès d’achèvement], sans oublier naturellement le rôle propre que joue chaque particule adverbiale en fonction de sa valeur « notionnelle ». Nous pouvons ainsi établir les trois remarques suivantes : 1. Il y a bien corrélation entre sémantique verbale, le niveau fonctionnel du phrasal verb et la valeur de la particule adverbiale. Ainsi, tous les cas de niveau 1 sont attestés, à l’exception de on, qui, rappelons le, ne construit pas de procès d’accomplissement. Pour le niveau 2, pas de in bien sûr, quasi-absence de « down achèvement » et pas de « off activité ». Pour le niveau 3, pas de "over état/activité/accomplissement" ; en revanche, toutes les particules construisent un procès d’achèvement. 2. Il y a bien également corrélation entre sémantique verbale, le niveau fonctionnel du phrasal verb et la « valence syntaxique ». Toutes les particules sont attestées lorsqu’il n’y a pas de changement de valence syntaxique (sauf in, niveau 2). En cas d’augmentation de valence syntaxique, nous remarquons une certaine corrélation entre le niveau fonctionnel du phrasal verb et la typologie verbale : pour les niveaux 1 et 2, plutôt des procès d’accomplissement ; pour le niveau 3, nous assistons à un glissement vers des procès d’achèvement. Notons que out et up, particules les plus téliques, génèrent tous les types de procès. En cas de diminution de valence syntaxique, nous observons une corrélation entre le niveau fonctionnel du phrasal verb et la typologie verbale, avec un glissement vers les procès d’achèvement au niveau 3. Une différence fondamentale apparaît ainsi entre la diminution et l’augmentation de valence syntaxique, celle-ci construisant davantage de procès d’accomplissement que celle-là. 3. Enfin, il y a bien également corrélation entre sémantique verbale, le niveau fonctionnel du phrasal verb et la « valence sémantique ». Toutes les particules sont attestées lorsqu’il n’y a pas de changement de valence syntaxique (sauf in, niveau 2), avec un glissement des procès vers l’achèvement. En cas d’augmentation de valence syntaxique, on n’y rencontre guère que les particules téliques : out, up et off. Lorsqu’il y a diminution de valence syntaxique, nous observons alors un certain décroissement entre le niveau 1 et le niveau 3, avec toujours ce glissement vers des procès d’achèvement. Toutes ces oppositions nous permettent ainsi de mieux appréhender les trois niveaux de phrasal verbs mis au jour dans le chapitre 1, avec deux pôles "antithétiques" que nous pourrions représenter comme suit :T. 25 « Compositionnalité » « Lexicalisation maximale » ↔ Niveau 1 Valence syntaxique (=) Champ actanciel canonique « Accomplissement » Niveau 3 Valence syntaxique (−) Bouleversement actanciel « Achèvement » Les "phrasal verbs" oscillent ainsi – potentiellement – entre deux catégories « extrêmes » (niveau 1, stabilité de valence syntaxique, champ actanciel canonique et procès d’accomplissement – versus – niveau 3, diminution de valence syntaxique, bouleversement actanciel et procès d’achèvement). La combinaison "flexible" des différents paramètres permet ainsi au linguiste de mesurer le plus ou moins haut degré de « compositionnalité » ou de « lexicalisation » qu’atteint le phrasal verb. Il nous semble d’ailleurs plus pertinent de parler de « continuum » entre ces deux pôles compris entre le [+] « compositionnel » et le [−] « compositionnel ». Terminons en donnant quelques exemples qui illustreront cette opposition entre « compositionnalité » et lexicalisation : 74 Particules adverbiales IN OUT DOWN UP OVER OFF ON Degré de Compositionnalité du « phrasal verb » Tableau 26 [+] compositionnel [±] compositionnel [−] compositionnel Well, even if it was a trap, I would Who’s going to fill in when Helen’s Don’t look at me, Etta broke in walk straight in. on maternity leave ? brusquely. It would take hours for the Marines Don tried to persuade him to sit out How will it make out when to get their wounded out. the night there. Moses E. Herzog has his way ? At eight o’clock he settles down for The batteries in your radio are You said your college closed supper. running down. down. We spent the afternoon blowing up If you set up with Lizzie I shall I put down my glass and stood up. balloons for the party. spoil your life as you spoilt mine. This is the only way I know of He said he would leave me alone to Thornaby took over as secretary getting my message over to you think things over for five minutes. in 1976. clearly. A lot of dirt certainly came off on My surprise soon wore off. He got off with a £50 fine. the cloth. Now don’t take on, darling ! I left the pyjamas on the bed and He suggested to his colleague that Honestly, I won’t be any time at told him to get them on. perhaps they should get on. all. Ainsi, si toutes les particules adverbiales que nous avons étudiées peuvent directement ou indirectement renvoyer à une « activité », plus les opérations syntaxico-sémantiques se complexifient (niveau fonctionnel du phrasal verb, valence syntaxique/sémantique), plus c’est le caractère télique [à l’exception de on qui ne construit jamais de procès d’accomplissement] des particules qui semble l’emporter au sein du phrasal verb, avec cependant des différences. En effet, l’augmentation de valence syntaxique apparaissant toujours davantage compositionnelle, les procès d’activité sont moins nombreux, ce qui marque bien la corrélation entre les valeurs notionnelles des particules et les opérations syntaxiques ; mais, ce qui peut sembler paradoxal, les procès d’activité réapparaissent aux niveaux 2 et 3 avec up, out et off (particules téliques). D’autre part, la diminution de valence syntaxique étant plus lexicalisée, elle permet de générer une plus large palette de procès, ainsi que nous pouvons l’observer dans les tableaux 23 et 24, où les quatre types de procès sont fort bien représentés pour l’ensemble des particules, à l’exception peut-être de over (achèvement seulement). Nous observons ainsi un glissement fonctionnel des particules adverbiales : les moins téliques (in, down) se trouvent en quelque sorte neutralisées ; au niveau 3, elles participent moins à des procès d’activité et contribuent même davantage à des procès téliques66. Quant aux particules téliques (out, up, off), elles s’affranchissent de leur valeur première pour revenir, de façon quasi métonymique, à la condition même de leur finalité (le moyen pour le but), et n’hésitent pas à créer des procès d’activité. Ainsi, la « lexicalisation » du phrasal verb passe bien par une « abstraction » de plus en plus forte des opérateurs utilisés. Les particules adverbiales, à l’instar des phrasal verbs, adoptent ainsi un système en boucle, dans lequel la « compositionnalité » du phrasal verb est inversement proportionnelle à la diminution de valence syntaxique, ainsi qu’aux bouleversements du champ actanciel et du sémantisme verbal. Les différents critères "sémantico-syntaxiques" mis au jour en 2.1. vont maintenant nous permettre d’aborder les 66 Comparons ainsi le glissement entre Activité et Accomplissement de deux particules : down et up : Accomplissement Sémantique verbale → Activité → ↓Valence syntaxique Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 (=) + + ∅ + + + DOWN (+) ∅ + ∅ + ∅ + (−) + ∅ + + ∅ ∅ (=) + + ∅ + + + UP (+) ∅ + + + + + (−) + + + + + + 75 Cahier du CIEL 2005-2006 mécanismes de concentration prédicative, à l’œuvre dans la "dérivation synthétique" (double prédication, ergativité, conversion), qui caractérise le phrasal verb, envisagé comme « nœud prédicatif » très productif. 2.2. Etude des mécanismes sous-jacents de la « concentration prédicative » du phrasal verb Nous venons de démontrer que loin d’être un produit fini de surface, le phrasal verb, souvent présenté dans les grammaires de l’anglais comme un élément apparemment "figé", qui appartiendrait uniquement au lexique, est en réalité une unité lexicale construite à partir d’un faisceau d’opérations qui mettent en jeu, non seulement le niveau énonciatif, mais aussi le niveau prédicatif67, dans la mesure où le phrasal verb peut justement participer de relations de repérages inter-propositionnels complexes qui se traduisent par des "compositions de lexis". Après avoir démontré l’articulation qui existe entre "syntaxe et sémantique" au sein du phrasal verb, nous envisagerons maintenant une analyse de nature spectroscopique, dans la mesure où nous pensons que le phrasal verb est bien l’aboutissement d’une « dérivation synthétique ». Nous entendons le terme de dérivation68 au sens large, que nous qualifions de synthétique69, puisqu’il s’agit bien de la transformation d’un adjectif ou d’un nom en "verbe" (conversion) et/ou de la composition de plusieurs lexis (concentration), dont la trace apparaît toujours en surface, quelle que soit la complexité des opérations, à travers le même schéma syntaxique : « verbe ↔ particule ». Nous étudierons les conditions de productivité lexicale du phrasal verb à partir de deux critères : la conversion et la double prédication, avant de tenter une formalisation des schémas de dérivation du phrasal verb. 2.2.1. Conversion syntaxique Nous assistons avec le phrasal verb à une véritable capacité de « concentration » lexicale, un peu à l’instar de ce qui se passe pour la formation des noms composés. Le phrasal verb peut ainsi participer de la transformation d’une catégorie lexicale en une autre, phénomène de conversion syntaxique, puisque la plupart du temps, le verbe simple n’existe pas sans la présence de la particule (cf. *to egg, mais → to egg on). 2.2.1.1. Dérivation adjectivale, nominale et verbale Leonhard Lipka70 a eu l’intuition de voir pour certains phrasal verbs un verbe issu de structures sous-jacentes complexes comprenant un adjectif, un verbe ou un nom. Ainsi, "to helicopter out" viendrait d’une structure plus profonde : {<<<a take/bring b> (∈ out)> by helicopter>} (schéma simplifié). Ici, le « nom » devient prédicat. 1. Dérivation adjectivale [deadjectival VPCs, Verb Particle Constructions] 67 "Opération de mise en relation des termes d’un schéma de lexis instancié." Groussier, Rivière, op. cit. p. 155 « Pris en un sens large, le terme de dérivation peut désigner de façon générale le processus de formation des unités lexicales. Dans un emploi plus restreint et plus courant, le terme de dérivation s’oppose à composition (formation de mots composés). […] La lexicologie traditionnelle fait également usage du concept de dérivation impropre (ou hypostase) pour désigner le processus par lequel une forme peut passer d’une catégorie grammaticale à une autre sans modification formelle. » Dictionnaire de linguistique, Larousse. 69 "Synthétique s’oppose ici à analytique. Est synthétique une langue qui tend à réunir en un seul mot plusieurs morphèmes. Le français est une langue analytique parce qu’il exprime les fonctions par des mots autonomes appelés prépositions et que dans une phrase chacune des unités reste relativement indépendante des autres." Ibid. 70 Semantic structure and word-formation, verb-particle constructions in contemporary English (1972) 68 76 Lipka71 donne ensuite plusieurs exemples de ce phénomène syntaxique en langue anglaise : “we clear a river (by removing mud)” → we clear out the mud, énoncé qui ne veut pas dire *we make the mud clear ! (l’adjectif clear étant le « résultat » de « take the mud out »), ce qui donne schématiquement : <{(we remove mud) ∍ (out of river)} {river be clear}>, le « contenu » ou le « contenant » pouvant, l’un ou l’autre, apparaître en surface : they cleared out the mud [river = Ø ], c’est le contenu (mud) qui apparaît. they cleared out the river [mud = Ø], c’est le contenant (river) qui apparaît. De même: It’s about time I cleared out the kitchen cupboards, ce que nous formalisons “schématiquement” par : <{(I remove things) ∍ (out of cupboards) } {cupboards be clear}> 2. Dérivation nominale [denominal VPCs] Nous donnons ci-après quelques exemples de Lipka72 en rendant compte tout d’abord de son analyse formelle, puis en proposant la nôtre (avec les outils de la T.O.E). : "Bomb out = to get (drive, force) NP out with (or as if with) bombs. / Smoke out = to get NP out by (or as if by) using smoke", ce que Lipka formalise par la suite : {NP1 + GET + OUT + NP2 + WITH + NP3}, et dans une perspective "Culiolienne" : {<a r [smoke] (b)> ∈ LOC} {<b be out (of LOC)>} (schéma très simplifié). Lipka donne d’autres exemples où la particule up joue un rôle prépondérant : "Students become couples → they couple up. / They make stones into heaps → they heap up stones", que nous pourrions analyser comme ceci : {[<a r stones> ∈ LOC] <stones become heaps>}, up étant en l’occurrence un opérateur de localisation tant externe ("directionnelle") qu’interne ("aspectuelle"). 3. Dérivation verbale [deverbal derivatives] Enfin, Lipka entrevoit l’hypothèse que certains phrasal verbs seraient des « condensés » de plusieurs verbes : “The fourth possibility of interpretation is that the VPC is regarded as a deverbal derivative which goes back to a sentence containing an adverbial complement of manner ,by Vping‘, as in beat up eggs ,mix/by beating‘, blow out a candle ,extinguish/by blowing‘.” Lipka, Ibid., p. 115. Ainsi, Lipka a bien l’intuition de structures “préconstruites” à propos du phrasal verb, mais nous allons présenter cette thèse de façon plus systématique. Nous présenterons en 2.2.1.2. nos grilles de conversion syntaxique qui ont retenu exclusivement la dérivation « nominale » et « adjectivale », que nous commenterons en 2.2.1.3. Nous reviendrons sur la dérivation « verbale » en 2.2.2 (double prédication), où il apparaîtra que le phrasal verb peut être la trace, en structure de surface, de deux « prédications » sous-jacentes [to ask someone to do something // to ask someone out]. Ce phénomène sera bien entendu à relier avec ce que nous avons dit en 2.1.2. à propos des variations de la valence syntaxique, et confirmera le rôle « prédicatif » que peut jouer la particule verbale. Les grilles de « conversion syntaxique » sont élaborées – pour chacune des sept particules étudiées – à partir de plusieurs paramètres : 1. le niveau fonctionnel du phrasal verb. 2. la dérivation « nominale » [Ex : rope → rope in] ou « adjectivale » [black → black out]. 3. le sémantisme verbal construit. Nous en tirerons les enseignements appropriés en 2.2.1.3. (commentaire des grilles de conversion syntaxique) 71 A propos des "adjectifs" qui deviennent des verbes, L. J. Brinton ajoute en citant Lipka : "In the former, ‘the result of the process or action denoted by the VPC is expressed by the adjective that serves as a basis for its derivation’", L. J. Brinton, op. cit., p. 177. Exemples : black out, broaden out. Notons que l’on trouvera également un énoncé [avec Groupe Prépositionnel] tel que : he blacked the terrible accident out of his mind, ce qui n’est pas sans nous rappeler les structures résultatives propres aux langues germaniques. 72 Lipka établit 10 « transfomations de base » pour rendre compte des opérations de dérivation au sein du phrasal verb. Nous intégrerons ces transformations en 2.2.3.3 [tableaux 36a et 36b] 77 2.2.1.2. Grilles de conversion syntaxique du « phrasal verb » et résultat du sémantisme verbal construit (3 niveaux)73 Tableau 27 IN → Niveau 1 (valeur directionnelle ou locative) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement I got a last glimpse of the sky, full of subdued light, and then I began noisily fumbling with the handle of the door. I blundered in, leaving the door open, The Delta flight touched down smoothly at Atlanta and taxied in. All that found the torch, then the lamp and the matches. p. 101/ He felt his way to the remained now was the two-hour flight to Toronto. Detective, p. 294/ The first one, corkscrew stair and went stumbling down it; and there in the darkness before in October 1999, appeared to be successful but was later pronounced a partial his unblinking eyes the memories came storming in (…) ” The Spire, p. 126/ Nominale ∅ failure after it turned out that the interceptor at first homed in on the decoy, not the ∅ Still, Herzog considered, he did look terrible, caved-in; he was losing more real target. This time the Pentagon is stressing that it will take several weeks to hair, and this rapid deterioration he considered to be a surrender to Madeleine analyse the data from the test and see whether everything really worked. [Missile and Gersbach, her lover, and to all his enemies. Herzog, p. 24/ He handed tests] The Economist, July 21st 2001, p. 42 June in, and when he was seated in the fiery heat of the blue plastic rear, he took her on his lap. Herzog, p. 294 Jason was tugging at his coat, shouting, ‘Daddy ! Daddy !’ Ainslie lifted him with a joyous ‘Happy birthday !’ and the three were locked together in each other’s arms. But not for long. Karen’s younger sister, Sofia, tall, slim, and Adjectivale ∅ sexy, eased herself in to give Malcolm an affectionate kiss, followed by her ∅ ∅ husband, Gary Moxie, a Winnipeg stockbroker who gripped Malcolm’s hand, assuring him, ‘The whole family’s proud of what you do, Malc. Want to hear a lot about it while you’re with us.’ Detective, p. 296 IN → Niveau 2 : (valeur aspectuo-modale) → ∅ IN → Niveau 3 (valeur notionnelle) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement “I can only hope,” Ainslie said, “that someone will speak that way about me someday.” He continued, “Do you think the old gentleman can tell me anything about the death ?” “I wouldn’t be surprised,” Karina Vazquez answered. He’s very tuned in to family affairs, but keeps a lot to himself, and He gestured dismissively. “Never mind; I believe you. But I Francesco and I don’t ask questions.(…) Detective, p. 340/ Paige chimed in, “And I’m travelling with could still rope you in by explaining how you helped me Nominale ∅ you, Cyn. Wouldn’t dream of letting you go alone. I’ll go pack your bags. Is that OK?” Detective, p. ∅ hide the evidence. So if they found me guilty, you’d be 469/ But if the two meetings go ahead as planned before the end of the year, and if Pakistan can rein fucked – an accessory at least.” Detective, p. 425 in the militants before they commit the sort of atrocity that would derail the entire enterprise, there is st still a chance that the foundations of the Agra summit can be built on. The Economist, July 21 2001, p. 13 Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ 73 Les exemples proviennent de 1. The sea, the sea, de I. Murdoch avec pagination seule ; 2. autres ouvrages et magazines indiqués. OUT → Niveau 1 (valeur directionnelle ou locative) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement “The poor humpers !” he muttered and it didn’t take it long to turn to the frustration of his own situation. Ever since he’d come up against the fact that life just doesn’t hand you out things because you happen to want them, he’d carried a grudge. The Barracks, p. 117/ They handed his daughter out to him and escorted them to the elevator, which seemed roomy enough for a squadron. Herzog, p. 298/ Before the church door was the King-Harman plot, There was an idea which I had received from the conversation, but for some time, although it was there, I could not chisel it out or identify it. p. 201/ “He found one the landowners of the district before the New Ireland had edged them out, the deer parks of their state split into farms (…) The Barracks, p. 223/ The of the oak logs smouldering. By the luck of his wit he carried an adze with him. If Nominale ∅ policeman opened a folder and began to mark the thick paper of a printed form he went for water the roof would have been ablaze and the lead like a river before with his yellow pencil. “You come out of this parking lot – what speed ?” “I he could get back. He adzed out the embers. He made a hole you could hide a, a child in; and he carried the embers out in arms that were roasted like pork. Did you was creeping. Five, eight miles an hour – I just nosed out.” Herzog, p. 291/ Herzog was tired, dragged out, as he dialled his brother, but far from know that ?” The Spire, p. 15 downcast. For some reason he believed he had done well. He was running true to form, yes; more mischief; and Will would have to bail him out. Herzog, p. 309/ Indeed, their tentacles reached into parts of the UDF that a few years earlier had sounded as keen as Simeon’s lot now do to root out corruption. [Bulgaria] The Economist, July 21st 2001, p. 39 I eased the window out and got my finger into the crack. Then the window came “Oh, that was just to get away from home, I got a grant and cleared out. No, I Adjectivale ∅ open, not having been properly latched on the inside, and I was able to swing my think if I could choose now I’d like to be an actor.” p. 255 leg over. p. 455 OUT → Niveau 2 : (valeur aspectuo-modale) Dérivation État Achèvement None of the others ever went on holidays. They spaced out their leave for the turf and potatoes, little jobs in their gardens and house, bringing Nominale timber from the woods in the rowboat, and the excursions they made with their wives to town, mostly to buy clothes and shoes. The Barracks, p. 155 Adjectivale “It happens to many, many people,” he said. “Can’t base a whole life on that. It doesn’t mean that much.” “What – a whole year of amnesia not mean much ? My fourteenth year is blacked out.” Herzog, p. 123 Activité Accomplissement She had neither words nor formulas to parrot out the catalogue of this état, and how could something so much the living état of herself be état of sin ? The Barracks, p. 118 He had been to the Fishermen’s Stores and kitted himself out with plimsolls and light canvas trousers and a big loose cotton jersey which he now wore over a white shirt. p. 266/ This would probably have been ironed out had there not been a final breakdown over an associated matter – the insertion of the words “cross-border” in the declaration. The Economist, July 21st 2001, p. 58 The saints and martyrs, the worthies and confessors, dried out imperturbably at the west end, having indifferently endured the winter, just as they now waited indifferently to endure the sun. The Spire, p. 67 “Something has certainly happened,” she said, and she gave me her calmer face, deliberately smoothing out her brow with her hand. p. 277/ The children slid till they were warm and when they tired scattered buckets of water on the path and smoothed out bumps with an old shovel. The Barracks, p. 71/ Reegan was on edge all this Christmas Eve, the worst evening of the year for the policemen with drunkenness and brawling, the lockup had been cleaned out days before in readiness. The Barracks, p. 175/ He might once have had the makings of a clever character, but he had chosen to be dreamy instead, and the sharpies cleaned him out. What more ? He was losing his hair. Herzog, p. 9 OUT → Niveau 3 (valeur notionnelle) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement The noises of the morning rose within her to a call of wild excitement. Never had she felt it so when she was rising to let up the blinds in the kitchen and rake out the coals to get their breakfasts, the drag and burden of their lives together was how she’d mostly felt it then, and now it Nominale ∅ was a wild call to life; life and life at any cost. The Barracks, p. 202/ “Do I ask for much ? The old veteran cripple runs up and down City Hall, ∅ ∅ from courtroom to courtroom – out to Twenty-sixth and California. For them ! Do they care if I have to suck up to all kinds of pricks to get a little business ?” Sandor began to rake out the sink. Herzog, p. 95 And she and Gersbach managed and planned every step I took. They figured a headshrinker could help to ease me out – a sick man, exceptionally neurotic, perhaps even hopeless. Herzog, p. 59/ That he needed straightening out was only too obvious. And who had more right Adjectivale ∅ ∅ ∅ than a woman who gave him asylum, shrimp, wine, music, flowers, sympathy, gave him room, so to speak, in her soul and finally the embrace of her body ? Herzog, p. 207 DOWN → Niveau 1 (valeur directionnelle ou locative) Dérivation État Achèvement As if his prayer had called them, he heard them, even before he was properly centred down, coming into the crossways with their noise and work. The Spire, p. The benches were bolted down, 76/ That slender, thin-legged girl with the dark brows that rose high and recurved Nominale the candy-vending machines again beside her eyes, and the wide mouth which curved down at the corners – she padlocked. Herzog, p. 184 had committed suicide, and Nachman ran away because (who could blame him) he would have had to tell Moses all about it. Herzog, p. 156 He did, suddenly, appear very flushed, and Moses supported Adjectivale him, eased him down on the ∅ cement embankment of a lawn. Herzog, p. 256 Activité Accomplissement But prices were heading down anyway thanks to increased supply. The Economist, July 21st 2001, p. 47 For now, we must continue keeping a lid on this, screwed down tight.” Detective, p. 498 ∅ ∅ DOWN → Niveau 2 : (valeur aspectuo-modale) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement Nominale ∅ ∅ ∅ ∅ I said, « The voice of reason. » “Of instinct. I feel it could all end in tears. Better to cool down. One should not come too close to what one may intuit as the misery of others.” p. 178/ His leg’s stiff, it slows him down, but he likes walking, and the exercise does him good. p. 265/ She’ll calm down, she’ll be able to think, soon, tomorrow.” p. 274/ He had to calm down these overstrained galloping nerves, put out this Adjectivale ∅ ∅ ∅ murky fire inside. Herzog, p. 33/ She was dressed and Mrs Casey was smoothing down the back of her navy costume. The Barracks, p. 75/ Go, then – Ramona will feed you, give you wine, remove your shoes, flatter you, smooth down you hackles, kiss you, pinch your lip with her teeth. Then uncover the bed, turn down the lights, and go into the essentials… Herzog, p. 166 DOWN → Niveau 3 (valeur notionnelle) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement All was movement, all was change, and somehow this was visible and yet unimaginable. And I was no longer I but something pinned down as an atom, an atom of an atom, a necessary captive spectator, a tiny mirror into which it was all indifferently beamed, as it motionlessly seethed Nominale ∅ ∅ ∅ and boiled, gold behind gold behind gold. p. 146/ “Well, then, are you coming or not ?” said Ramona. “Why are you so hard to pin down ?” Herzog, p. 160 Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ UP → Niveau 1 (valeur directionnelle ou locative) Dérivation État Achèvement Activité Nominale We were now inside the defile with yellow rocks towering up on either side. p. 344 ∅ A surge of rather large but very smooth slow waves was coming in towards me and silently frothing up among the rocks; p. 285/ “Oh – the dog – the dog – I’d forgotten – ” Some more tears welled up and ran over her cheeks which were so bloated with crying that she was almost unrecognizable, but she controlled herself. p. 307/ Her true truthful small voice wandered in the air patterning it high up, making utterly still the group of men surrounding her. p. 363 Adjectivale ∅ ∅ ∅ UP → Niveau 2 : (valeur aspectuo-modale) Dérivation État Achèvement (How these girls do treasure up one’s words.) p. 48/ “Left the army ?” I was perhaps stupidly surprised and oddly dismayed, as if the army had somehow been keeping James safe, or safely caged up, or innocuously occupied, or something. p. 179/ “I’m not going to let you go, I’m never going to let you go. See ? You can stay here and Nominale ∅ look after me even if we never say another bloody word to each other. See ? Even if I have to chain you up – ” p. 198/ They were ganging up against me. p. 313/ So the next early morning inspection found Mullins and Casey and Brennan lined up the other side of the table before Quirke and their faces and boots and uniforms shining Activité He would squat there holding the sheet, and the master carpenter would be lying on his back and hammering up into a corner. The Spire, p. 153 Accomplissement Her dark wiry hair, looking almost black in the lamplight, was pinned up in some sort of Grecian crown. p. 103/ I looked around me. Mountainous piled-up rocks hid the house. p. 146/ I did not go through the village. I walked along the coast road in the direction of the harbour, through the defile which I called ‘the Khyber Pass’, where the big yellow rocks had invaded the land, heaping themselves up against the side of the hill into a lumpy mound in which a narrow cleft had been cut to allow the passage of the road. p. 193/ Lizzie levered herself up onto the sharp rocky crest, got one brown leg, already grazed and bleeding slightly, over the top, then, impeded by the full skirt of her blue dress, swung the other leg over, lost her balance and slid down the long smooth surface into the pool. p. 358/ “Don’t trouble to move yourself, Sergeant,” Casey assured, “I’ll work me way in all right, don’t you worry. I just thought that if I carted you up the book it’d save you the trouble of comin’ down.” The Barracks, p. 19/ Screwing up his eyes, he could make out that the pails contained milk; and he smiled grimly to himself as he watched her top up each pail with water. The Spire, p. 108 ∅ Accomplissement Beyond the beach a footpath leads diagonally to the village which is set a little inland, but if one continues to follow the road one reaches a very pretty little harbour with a magnificently built crooked stone quay, all silted up and entirely abandoned. p. 12/ An awful wave of self-pity overcame me and I wrinkled up my face with pain. “Hartley – what does he do, I mean, what does he, does he work at ?” p. 117/ Yesterday I lunched on tinned macaroni cheese jazzed up with oil, garlic, basil, and more cheese, and a lovely dish of cold boiled courgettes. p. 154/ Upstairs I could hear Gilbert and Lizzie shouting to each other, the former up in the attics inspecting the roof, the latter in the bathroom clean, but Reegan was still in bed. The Barracks, p. 229/ Remembering this, he concentrated on the new bridge, screwed up his eyes and saw a straggling line of packmules, asses, draughthorses, pedlars and beggars on foot, country people with their loads of vegetables drifting towards the stalls at the north end of the bridge. The Spire, p. 106/ And, for a time, I was shacked up with Sono Oguki, but she didn’t answer my purpose. Not serious enough. I wasn’t getting much work done. Herzog, p. 109/ “When Mady began to stay away from Ludeyville. A few times she holed up in Boston. She said she simply had to be alone and think things over. So she took the kid – just an infant. And I asked Valentine to go and reason with her.” Herzog, p. 198/ A jury found him guilty and he was sentenced to die in the electric chair – a process speeded up by Doil’s own decision not to exercise his rights of appeal. Detective, p. 480/ Advised by its long-term consultants, McKinsey, Swissair thought it had another strategy. Under the banner of the “Qualiflyer” group, it sought links with other small European airlines : Sabena in Belgium; three small French carriers, Air Littoral, AOM and Air Liberté; LOT Polish Airlines; LTU in Germany; and TAP, Portugal’s flag carrier. It also hooked up with South African Airways. The Economist, July 21st 2001, p. 68/ This has only been partly successful : wily white-owned companies have simply teamed up with black partners to win contracts. [South Africa] The Economist, July 21st 2001, p. 70 Adjectivale ∅ He had made a brilliant start in his Ph.D. thesis – The État of Nature in 17th and 18th Century English and French Political Philosophy. He had to his credit also several articles and a book, Romanticism and Christianity. But the rest of his ambitious projects had dried up, one after another. Herzog, p. 10/ “Never mind, Lake. Take care of Jayne. Get her a new wardrobe. She works too hard and she looks tired. Ease up on her. She’s going to make a wonderful First Lady.” The Brethren, p. 438/ Four months later, money for wages and raw materials dried up. In May, when one of the new owners paid a visit, the workers roughed him up. The Economist, July 21st 2001, p. 71 mopping up the flood. p. 375/ The sea had restored my hunger and when it seemed to be lunch time I heated up the remains of the consommé and opened a tin of frankfurters and a tin of sauerkraut. p. 465/ “I’ll heat the coffee up. You must be solid ice,” she said. Herzog, p. 43/ And he left his flashlamp down on the window-sill, his greatcoat and cap on the pedal sewing-machine just beneath. There was no further need of the cards. They were raked up and the green table lifted out. The Barracks, p. 25/ Moreover, most of the supposed scandals date back to an era when political parties did not enjoy public subsidies and so were hard-pressed to finance their campaigns. In other words, is there any point in raking up the past ? The Economist, July 21st 2001, p. 9./ Herzog buttoned up his jacket to make sure the butt of his gun did not show. The sight of a weapon would certainly frighten her to death. Herzog, p. 267/ “Very good,” said Will approvingly. “But now tell me, how much money have you put into this place, Mose ?” “I’ve never totalled it up. Twenty grand, I guess. More than half of it in improvements.” Herzog, p. 336 ∅ The theatre then and thenceforth became my home ; I even spent the war acting, since a patch on the lung, which cleared up soon after, kept me out of the armed forces. I was rather sorry about this later on. p. 30/ He said, with a look of sternness and formality, “That I could clear the matter up somehow. But I never really imagined – ” p. 250/ I have been cleaning and tidying up the house. p. 31/ “That’s over, really. I mean, she still lives in the house, but we don’t communicate. That’s hell, Charles, hell, like you don’t know. To be tied to someone where all the sources of speech are fouled up and poisoned. Everything you say is wrong or vile. p. 161/ “Yes, I could cook or clean up, do odd jobs, why not ?” p. 241/ Later that afternoon, he vomited in the wash basin. He must have eaten squid, thought Herzog, who had to do the cleaning up. Why didn’t he use the toilet-bowl – too stout to bend ? Herzog, p. 79 UP → Niveau 3 (valeur notionnelle) Dérivation État Nominale Adjectivale Achèvement Activité ∅ He neutrally recognized that they were sizing him up as a risk. Herzog, p. 302 ∅ ∅ “Let me straighten myself up a bit. I know you’re concerned about me. But that’s just it. I’m sorry to worry you. I really am all right.” “Are you ?” Will sadly looked at him. Herzog, p. 313 ∅ Accomplissement He smiled, remembering how skilfully he, Detective Dauntless Dan, had buttered up Ainslie these past two weeks, calling him ‘Sergeant’ with almost every other breath, and still the dimwit hadn’t noticed. He’d even finagled his way back onto the serial killings caper by pretending to eat humble pie. And Ainslie ate it up. Fool. Detective, p. 234/ When the United États beefed up its own border defences for the onset of NAFTA in 1994, some Mexicans asked the same question. But Mexico’s new foreign policy is pragmatic. The government knows very well where the country’s destiny lies. The Economist, July 21st 2001, p. 52 ∅ OVER → Niveau 1 (valeur directionnelle ou locative) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement Nominale ∅ I felt sure this was a lie. “Well, here it is, my little note.” I handed over a sealed envelope addressed to Mr and Mrs Fitch. p. 149 ∅ ∅ Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ OVER → Niveau 2 : (valeur aspectuo-modale) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement But here, you thought, we can tide the summer over, show dean Jocelin what a fool he is. That way, you can keep the army together until something Nominale ∅ ∅ ∅ turns up, because without the army you’re nothing.” The Spire, p. 39 Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ OVER → Niveau 3 (valeur notionnelle) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement Nominale ∅ ∅ ∅ ∅ Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ OFF → Niveau 1 (valeur directionnelle ou locative) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement She was screened off the next morning and a nurse, gowned and masked and with a Jacobo, sturdy, heavily built, and with a dozen years of Homicide sterile trolley by, began to prepare her skin for the operation. The Barracks, p. 119/ He experience, had already instructed the uniform officers to cordon off the peered in closer and closer until his breath dimmed his own image and he had to entire house and garden with yellow tape. Detective, p. 136/ We got big Nominale ∅ ∅ smear it off with his sleeve. The Spire, p. 154/ Their performance was even more trouble here. What do you want me to do ?” “Rope off the scene, as big an miserable than it looks, because Ross Perot had siphoned off some white males in area as you can, and keep everyone away.” Detective, p. 199 1992 and 1996. The Economist, July 21st 2001, p. 41 Adjectivale ∅ You aren’t part of my life. Just clear off, will you.” p. 103 ∅ ∅ OFF → Niveau 2 : (valeur aspectuo-modale) Dérivation État Achèvement Activité We paired off early on, but merrily, childishly, Nominale ∅ and without any deep shaking emotions, as far as I ∅ can remember, in those earliest days. p. 78 Adjectivale ∅ ∅ ∅ Accomplissement ∅ He went with Moses to visit the Dead Sea. It was sultry. They sat down in the mouth of a salt mine to cool off. Asher said, “Don’t you have a picture of my father?” Herzog, p. 55/ “Now hold still,” said Gersbach. He got into her ears with the washrag as she screamed, cleaned off her face, the nostrils, wiped her mouth. Herzog, p. 264 OFF → Niveau 3 (valeur notionnelle) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement Nominale ∅ “I’d like to phone and head him off. Otherwise, he’ll stand waiting.” Herzog, p. 300 ∅ ∅ Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ ON → Niveau 1 (valeur directionnelle ou locative) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement Nominale ∅ Elizabeth drifted from between them. She gathered the sagging fire together and heaped on fresh wood. The Barracks, p. 20 ∅ ∅ Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ ON → Niveau 2 : (valeur aspectuo-modale) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement There will be time and motive enough to prose on about my life when I shall have generated as it were a sufficient cloud of reflection. p. 17/ I could not say more, I had to blunder on into the terrible things. “You’re still with the same – husband – the one you married – then ?” Nominale ∅ ∅ ∅ p. 116/ Unlike others, however, he had kept quiet about it, determined to soldier on at any cost. He just couldn’t miss the chance to help break this case. Detective, p. 234 Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ ON → Niveau 3 (valeur notionnelle) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement This fellow never cottoned on, though, no good with the sheep, were you, Chuff ? You weren’t going to waste your time with those silly sheep, Nominale ∅ ∅ ∅ were you, boy ?” p. 420 Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ Particules diverses [about, along, (a)round, away, back, by, through] → Niveau 1 (valeur directionnelle ou locative) Dérivation État Achèvement Activité I saw from the ordnance survey The examination eventually ended with a scarifying Peregrine is always blundering along. He lacks the map that a little road leading off lecture by Quirke, the policemen trooped hotly away to meticulous quality of the true artist. p. 71/ So he whiled Nominale to the right at the entrance to the leave Quirke and Reegan alone.The Barracks, p. 227/ away most of the winter evenings dreaming on paper village (just before the church) Herzog was perhaps a little cold, then, repelled by such over the root facts the figures these contracts provided. circled away up the hill and excesses. “Her father. The old man from the floor- The Barracks, p. 189/ I can’t take any more chances Accomplissement The trainer had to rush in and cane them away or they’d have torn him to bits. The Barracks, p. 138 through the upper part of the covering business. Spirited her away. The old Sorcerer. wood which lay above the She’ll die without me.(…)” Herzog, p. 136/ He started to bungalows. p. 208 talk, subsided, then suddenly blurted out, “Oh God, Cyn, I killed Naomi ! Shot her.” His voice choked. Cynthia inched away. As a police officer – a Homicide detective, especially – her duty was clear. Detective, p. 417 Adjectivale ∅ At the same time, Cynthia eased away from Ainslie, though making no sudden move that might attract the man’s attention. Detective, p. 153 with that bastardin’ Quirke all the time nosin’ about, and they can do as much at that as a man. The Barracks, p. 142/ Jocelin crouched against the pillar as the crowd swirled and shredded away. The Spire, p. 81/ “You just don’t know what’ll come out of our going on !” Backing away, eyes wide; pause in the door of the choir. “You just don’t know !” Gone. The Spire, p. 89/ They also used devices – as Montesino was clearly doing – to speed things along when they were confident of getting an indictment anyway. Detective, p. 528 ∅ Particules diverses [about, along, (a)round, away, back, by, through] → Niveau 2 : (valeur aspectuo-modale) Dérivation État Achèvement Activité And I thought of Hartley on her bicycle and of her pure truthful face as it was then, so strangely like and unlike her worn old face which had suffered and sinned away all those years when I was somewhere else with Clement and Rosina and Jeanne and Fritzie. p. 428/ So he whiled away most of the winter Nominale evenings dreaming on paper over the root facts the figures these contracts ∅ ∅ provided. The Barracks, p. 189/ They clutched their pardons and sat speechless, their faces drawn tight as the questions hammered away inside. The man from the Bureau said, “You should feel honored. Clemency is very rare.” The Brethren, p. 417 Her awareness of the café, the river coming white and broken between dark rocks in the All the apparent futility of her life in this barracks came at last to rest on this arches beyond the side-windows, the shopping sense of mystery. It gave the hours idled away in boredom or remorse as much Adjectivale ∅ street shifting backwards and forwards outside validity as a blaze of passion, all was under its eternal sway. The Barracks, p. 211 the glass door were greyed away. The Barracks, p. 86 Particules diverses [about, along, (a)round, away, back, by, through] → Niveau 3 (valeur notionnelle) Dérivation État Achèvement Activité Accomplissement Nominale ∅ He was returning to her sickness, though she’d easily fence him away now. The Barracks, p. 204 ∅ ∅ Adjectivale ∅ ∅ ∅ ∅ It cleared away the clouds and purged the cathedral of stink, through the open doors. The Spire, p. 67 Accomplissement ∅ I want that situation cleared up and cleared away, and meanwhile I prefer not to think about it. p. 99 Cahier du CIEL 2005-2006 2.2.1.3. Commentaire des grilles de « conversion syntaxique » Notre première remarque concernant ces grilles de conversion syntaxique est de nature « statistique ». Nous observons tout d’abord un bien plus grand nombre de noms que d’adjectifs, pour lesquels ce sont surtout les niveaux 1 et 2 des phrasal verbs qui sont représentés, le niveau 3 apparaissant en moindre quantité : Noms : niveau 1 (in, out, down, up, off), niveau 2 (out, up, on), niveau 3 (in, out, down, up). Adjectifs: niveau 1 (out, ) niveau 2 (out, down, up), niveau 3 (out). « Phrasal Verbs » Issus de : Nom Niveau 1 Adjectif Nom Niveau 2 Adjectif Nom Niveau 3 Adjectif IN OUT DOWN UP OVER OFF ON + + + + + + + + + + ∅ ∅ + ∅ ∅ + ∅ + + + + ∅ + + + ∅ + ∅ + + + + ∅ + + ∅ + ∅ + ∅ ∅ ∅ Dans l’ensemble, on peut dire que ces phrasal verbs, issus d’une conversion syntaxique, sont plutôt "compositionnels", ce qui n’est guère pour nous surprendre, puisqu’ils sont le produit de mises en relation sousjacentes, même s’ils ont vocation à se lexicaliser tant sur le plan fonctionnel que sur celui du sémantisme verbal : Sémantisme verbal construit : « Phrasal Verbs » Issus de : IN OUT DOWN UP OVER OFF ON État État ACH ACH ACH ACH Nom ACT ACH ACT ACC ACC ACT ACC ACC Niveau 1 ACC ACH Adjectif ACH ACH ACH ∅ ∅ ∅ ACC ACH ACH Nom ACT ACC ACH ACT ∅ ACT ∅ ACC ACC Niveau 2 ACH ACH Adjectif ACC ∅ ∅ ACT ACT ∅ ACC ACC ACH ACH Nom ACH ACH ACH ∅ ∅ ACC ACC Niveau 3 Adjectif ACH ∅ ACH ∅ ∅ ∅ ACH Le tableau ci-dessus confirme largement les conclusions auxquelles nous sommes arrivé à la fin de 2.1. à propos de la « corrélation » entre le niveau 3 des phrasal verbs et un certain glissement vers les procès d’achèvement. En outre, il se rapproche très étroitement des phrasal verbs avec stabilité de valence syntaxique (=), avec toutefois un resserrement de la typologie des procès. 2.2.2. La « double prédication » Posons d’emblée que la « double prédication » est la mise en relation entre deux (ou plusieurs) lexis : [<arb> ∍ <arb>], où, chaque élément du « phrasal verb » conserve, en surface, la trace d’une fonction « prédicative ». 2.2.2.1. Généralités Si la « particule adverbiale » peut remplacer à elle seule un "groupe prépositionnel" et acquérir une certaine autonomie syntaxique, elle peut aussi être la trace d’une double prédication avec le verbe auquel elle s’associe en surface. En constatant dès le départ de cette étude que le mécanisme d’emploi discursif, voire de création de 86 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais nouveaux phrasal verbs, est bien vivant, nous en sommes ainsi arrivé à concevoir un système de relations syntaxico-sémantiques, entre le verbe et la particule, de grande souplesse qui leur permette soit : 1. de garder la plus large autonomie syntaxique et sémantique, et nous aurons alors une relation de type « lâche », d’où la trace possible d’une double prédication sous-jacente ; 2. soit de se fondre en une unité lexicale différente de la somme des parties → relation de type « serré ». Illustrons ceci avec les différentes réalisations du phrasal verb « LET OUT », où nous pouvons observer le passage d’une double prédication à une seule prédication : Tableau 28 (exemples de Timothy Morris) Evolution des significations du « phrasal verb » LET OUT : 1. He was in a high-security jail and would probably never be let out. {[a let ( ) ] ∍ [the prisoner (go) out (of jail)]}, sans les diverses opérations de détermination. She let out a sudden scream. Plan figuré ; on peut reconstruire une relation « syntaxique » sous-jacente : {[she let ( )] ∍ [scream (come) out (of her mouth)]}. 3. Jack’s put on so much weight that I’ve had to let out all his trousers. [il est plus difficile ici de reconstruire un schéma syntaxique sous-jacent] Examinons quelques exemples supplémentaires. My lawyer advised me to make over my houses to my kids so that they won’t have to pay so much tax when I pop off. La signification de make over est = "céder, transmettre, léguer". On peut certes parler ici de figement lexical, mais on peut encore tenter de reconstruire la construction sous-jacente : {[a make b]} ∍ {b = [houses be over to kids]}, l’anglais conservant l’idée de passage à travers la particule over (marqueur de « franchissement de frontière »). Nous aurons remarqué qu’un grand nombre de ces structures marquent une relation de nature causative (cf. les verbes opérateurs que sont make, set, let, get). Mais toute relation (ou valeur) causative n’assigne bien sûr pas une fonction "prédicative" à la particule. Ainsi : There’s no electricity as the rebels have blown up the main power station s’analysera : {[the rebels r (= cause) b] ∍ [b = [main power station blow up (∅)]]}, "blow" étant un verbe ergatif, et la particule prenant une fonction de localisation interne. Enfin, la particule pourra jouer un rôle prédicatif tout en s’alliant à un verbe d’origine intransitive (cf. "augmentation de valence") : You can’t speak to him yet. He’ll need a few hours to sleep off the effect of the anaesthetic, dont la structure "sous-jacente" serait : {[a sleep ( )] r [the anaesthetic (be) off]}, r marquant une relation de causativité entre les deux prédications. Fort de l’étude systématique des relations sémantico-syntaxiques que nous avons effectuée en 2.1., nous pouvons d’emblée préciser que la "double prédication" est essentiellement de nature compositionnelle. Cependant, il convient de noter qu’elle n’est pas l’apanage des phrasal verbs avec "augmentation de valence", puisqu’elle s’applique à des verbes qui ne changent pas de valence syntaxique (get, let). La "diminution de valence", dont la fonction principale est de lexicaliser la relation entre le verbe et la particule, se situe donc en quelque sorte à l’opposé de la double prédication. Les grilles de « double prédication » du phrasal verb que l’on trouvera ci-après en 2.2.2.2. ont été élaborées – pour chacune des sept particules étudiées – à partir de deux paramètres pertinents pour cette étude : 1. la valence syntaxique : stabilité (=) ou augmentation (+) de valence ; 2. le sémantisme verbal construit. Notre objectif sera de montrer que la « double prédication » concerne essentiellement les phrasal verbs de niveaux 1 et 2, et qu’il semble bien y avoir une « corrélation » entre ce type de phrasal verb et le sémantisme verbal construit. 87 2.2.2.2. Grilles de double prédication du « phrasal verb » et construction du sémantisme verbal74 Valence État = + Achèvement IN Activité ∅ “Did you check who signed the box in ?” “Sergeant Brewmaster” Detective, p. 403 ∅ ∅ “All this looks in order,” Judge Powell said. “Now the ritual is, I have to swear you in, but since we’ve known each other so long, let’s take that for granted. You know the terms of the oath, and I’ve sworn you in. OK ?” “I’m duly sworn, Your Honour.” Detective, p. 209 ∅ Valence État = ∅ + ∅ Valence État = Achèvement He was told she’d have to go to Dublin to have the operation : she’d be let home for only a few days, until such time as a bed was ready, the only reason she was being allowed out at all was that she had pleaded to be let spend the spare days she had between the hospitals in her home. The Barracks, p. 110 ∅ Achèvement ∅ OUT Activité ∅ ∅ DOWN Activité ∅ Tableau 29 Accomplissement Why would she not let me help her, why would she not let me in ? p. 139/ She saw the children endure this and drive and beat the unwilling donkeys out and in without complaint, eager for the prizes. The Barracks, p. 141 The two trips he had made into Bay Point, however, would have familiarized him with the security setup and probably enabled him to talk his way in again with phoney delivery papers. Detective, p. 227 Accomplissement Anyway it’s all over now, our idyll is over, our little house is smashed. I’m bombed out. She’s gone. I don’t even know where she is.” p. 241/ When I had got her out Gilbert, as instructed, drove the car on. p. 267/ She’d known him for months on the wards and in the theatre before he had asked her out. The Barracks, p. 86 He expressed great interest in the books, but blew his candle out early. p. 258 Accomplissement It was still as death within, no one entered much this time of day, soon the sacristan would come to close the doors for the night, and the kneeler she let so carefully down frightened her with the way it seemed to crash on the flagstones. The Barracks, p. 164 + Valence État 74 Achèvement = ∅ ∅ + ∅ ∅ UP Activité I will urge him up stone by stone, if I have to, thought Jocelin. The Spire, p. 44 ∅ Accomplissement ∅ He fumbled the latch up,and the door slammed open, throwing him back across the hall. The Spire, p. 174 Les exemples proviennent de 1. The sea, the sea, de I. Murdoch (avec pagination seule) ; 2. autres ouvrages indiqués. NB : Après l’étude de la construction du sémantisme verbal que nous avons effectuée dans le chapitre 2, nous n’avons retenu ici que le « résultat » de la sémantique verbale [cf. corrélation entre le niveau 1 et l’accomplissement.] OFF Valence État = + Achèvement Activité ∅ He went to the monastery and, to his surprise, found himself at peace. The hardships he simply shrugged off. Detective, p. 289 ∅ ∅ “You want me to pardon a Republican federal judge ?” “He’s not a Republican now, Mr. President. They have to swear off politics once they take the bench. The Brethren, p. 401 ∅ Accomplissement Lizzie dropped her eyes, reached out one hand to the wall, balanced to shake her broken sandal off, and put her bare foot down into the grass. p. 97/ Instead of replying he came forward and tried to grasp my arm and detain me, but I shook him off. p. 387/ “What are you doing here, why are you in my house ?” “Just paying a visit, Charles.” “Let me see you off then.” p. 102/ “What does the husband think of you ? – He warned me off. – Well, my advice is stay warned.” p. 178/ But – you know – as soon as – anybody hits anybody, instead of screaming or – or spitting or – there’s a barrier passed – perhaps it’s the last barrier of civilisation – and after that – it’s machine guns and shooting people’s knee caps off. p. 166/ There are also a number of very exquisite have-worthy jade animals which I used to feel tempted to pocket, and plates and bowls of that heavenly Chinese grey sea-green colour wherein, beneath the deep glaze, when you have mopped the dust off with your handkerchief, you can descry lurking lotuses and chrysanthemums. p. 172/ I’m pretty tough, but as it is you gave me a lot of misery over a long time, and I’m not going to let you off, you’re going to have to pay for my tears, like people in the Sagas pay. p. 185/ I went to my room and kicked my shoes off and crawled into bed. p. 281/ Could I pull a resisting, screaming woman into Gilbert’s car and have her driven off ? p. 310/ At last they got me into the kitchen and, with indescribable clumsiness, pulled all my clothes off and pummelled me with towels and pulled other clothes on and had arguments about whether I should be given soup, brandy, aspirins. p. 367/ She could perhaps actually brush him off forever by skipping away just as he was about to sail. p. 437/ She was at the end of her tether, she beat off two attacks in the next week, dragging herself to a chair; but the morning came that she failed to rise out of bed. The Barracks, p. 195/ The devils fought with him at the entry to the corkscrew stairs but he beat them off with the Nail. The Spire, p. 175 (After they had waved me off, did Ben go back and cut himself a large slice of cake ?) p. 428/ “You only think you could, Willie,” she tried to laugh it off nervously. The Barracks, p. 35/ But then he laughed the whole thing off. Herzog, p. 167 ON Valence État Achèvement Achèvement Activité Only letters from friends were to be sent on. p. 40/ I have sent the letters on to a man at the British Museum who rang me up asking about the fate of James’s books. p. 482/ What kept me more boldly on was an optimism which Titus himself had rather crazily engendered with that image of the three of us living together in the south of France ! p. 263/ When I had got her out Gilbert, as instructed, drove the car on. p. 267/ Pass the exams. That’s what gets people on. The Barracks, p. 22/ She’d discovered when she stood still, when nothing immediate was there to force her on, anaemia and tiredness and despair swayed in her like sleep or death. The Barracks, p. 56/ “What are we going to do about this Falcon ?” he asked the police. He stopped. But they pushed him on, saying, “Don’t you worry about that. We’ll take care of it.” Herzog, p. 294 “I’ve been feeling tired and run down,” she said. She paused. He smiled her on. The Barracks, p. 81/ But there was no time to talk; escorts were hurrying the witness group on. Detective, p. 490 OVER Activité = ∅ I had achieved something by thrusting the situation on into an area of crisis. p. 240/ At last they got me into the kitchen and, with indescribable clumsiness, pulled all my clothes off and pummelled me with towels and pulled other clothes on and had arguments about whether I should be given soup, brandy, aspirins. p. 367 + ∅ ∅ Valence État = ∅ ∅ ∅ + ∅ ∅ ∅ Accomplissement ∅ ∅ Accomplissement She spoke more calmy and with a sort of deliberation, as if getting some necessary task over. p. 117 ∅ Valence État = ∅ + ∅ Particules diverses [about, along, (a)round, away, back, by, through] Achèvement Activité Accomplissement But a judge, armed with testimony that proper Miranda warnings had been given and that the accused had knowingly signed their rights away, would dismiss the objections and the confessions would stand. Detective, p. 38/ Inevitably, Ainslie remembered This gesture moved and upset me so much that it actually served to his own instinct, first expressed to Sergeant Brewmaster, that the bring me to my senses. The urgent matter was to get the girl away, Ernst murders might not have been the work of the same serial and I had not even started my argument. p. 265/ He’d wash the dried killer they were after. But for the moment he brushed the sweat away inside in front of the scullery mirror and change into thought away; this was no time to indulge personal theories. fresh clothes before he sat to eat in the lamplight, he’d laugh and Detective, p. 255/ He looked out the window. “There’s one thing make fun with the children and feel the rich communion of being at you should come to terms with, Patrick. Even if you avoid the As the Abel Arrowby Rolls Royce peace with everything in the world. The Barracks, p. 109/ The pack death penalty, there’s no way you can escape prison time – was finally waved away down the were on him almost before he fell. The trainer had to rush in and cane probably a lot of time. It’s unlikely, I think, that you and I will street, my mother would fall silent, them away or they’d have torn him to bits. The Barracks, p. 138/ He ever play racquetball again.” Jensen grimaced. “Now that you answer in monosyllables, while my ordered him away irritably. The Spire, p. 171/ Herzog experienced know the kind of person I am, I doubt you’d want to.” Cruz father and I tiptoed about, avoiding nothing but his own human feelings, in which he found nothing of waved the remark away. “I leave judgements like that to the each other’s eyes. p. 61 use. What if he felt moved to cry ? Or pray ? He pressed hand to judges and juries. (…) Detective, p. 507/ In the main lobby, hand. And what did he feel ? Why he felt himself – his own trembling Ainslie and Bowe walked to a desk where they showed their hands, and eyes that stung. And what was there in modern, post … police badges to an elderly security guard. The man waved them post-Christian America to pray for ? Justice – justice and mercy ? past. Detective, p. 543/ Ainslie smiled self-consciously and And pray away the monstrousness of life, the wicked dream it was ? murmured thanks. Waving the interruption aside, Allardyce Herzog, p. 247/ went on, “What has happened to you, in terms of becoming a public figure, could not have occurred at a more opportune time – both for me and for others whom I represent. And, I hope, for you.” Detective, p. 560 His nose was sharp and angry and his lip appeared to be smiling away their anger. Herzog, p. 74/ The few hens she kept gathered ∅ ∅ about her legs when they saw her come with the basin. She hushed them away. The Barracks, p. 56 Cahier du CIEL 2005-2006 2.2.2.3. Commentaire des grilles de « double prédication » A la lecture de ces grilles, nous percevons que la double prédication peut être de deux natures différentes : 1. sans changement de valence syntaxique (« Did you check who signed the box in ? ») ; 2. avec changement de valence syntaxique (« The two trips (…) probably enabled him to talk his way in again… »). La « double prédication » nous permet en réalité de constater, de manière quasi empirique, que le phrasal verb participe bien d’une mise en relation entre deux (ou plusieurs) lexis : [<arb> ∍ <arb>]. Nous constatons également que la plupart des procès construits relèvent soit de l’achèvement, soit de l’accomplissement, à l’exception de la particule on dont le sémantisme inhérent va lui permettre d’engendrer soit des procès d’achèvement, soit surtout des procès d’activité. Nous pouvons établir, en tenant compte de notre corpus, l’échelle suivante en ce qui concerne la fréquence d’apparition des particules étudiées dans des schémas de « double prédication » : (−) OVER UP/DOWN OUT/IN OFF/ON (+) Nous pourrions ainsi résumer sous forme de tableau les caractéristiques de la « double prédication » : VERBE (QLT) PARTICULE ADVERBIALE Tableau 30 Valence syntaxique (+) ou (=) Marque le résultat du processus indiqué par le verbe. (valeur directionnelle ou aspectuelle) Sémantisme du verbe support État/Achèvement/Activité Accomplissement/Achèvement ou Activité avec on Sémantisme verbal construit → Nous donnons ci-dessous deux exemples d’opérations sous-jacentes à la « double prédication » : 1. « Did you check who signed the box in ? » (nous ne prenons en compte que l’interrogative indirecte) → [<WHO sign ( )> ∍ <Box be IN>], avec donc la mise en relation de deux lexis. 2. « … as if getting some necessary task over » → [<(She) get ( )> ∍ <Task be OVER>], exemple dans lequel nous voyons l’importance d’un opérateur de “causativité” comme get [cf. ci-après: 2.2.3.1.1.] 2.2.3. « Phrasal verb » et schémas de dérivation Le "phrasal verb" nous apparaît donc comme un raccourci, un "téléscopage" syntaxico-sémantique de structures sous-jacentes complexes. Ainsi, le phrasal verb dans l’énoncé suivant : "rope off the scene, as big an area as you can, and keep everyone away" [Detective, A. Hailey, p. 199] pourra s’analyser comme la concentration d’un énoncé sous-jacent formé de plusieurs « lexis » que l’on pourrait gloser par : "put some rope around the scene to keep people off it". Les éléments qui demeurent au sein et autour du phrasal verb sont le "lieu" [the scene], le "comment" (l’instrument [rope]) et, à travers un localisateur, la trace d’une opération renvoyant au "but" [off]. 2.2.3.1. Essai de formalisation des opérations sous-jacentes du phrasal verb Essayons d’appréhender les conditions d’apparition des schémas sous-jacents à l’origine des « phrasal verbs », sans oublier l’importance des propriétés physico-culturelles de ses composants qui participent à la construction des valeurs référentielles véhiculées in fine par le verbe complexe. En reprenant notre distinction entre les niveaux 1, 2 et 375, nous proposerons tout d’abord ces trois schémas qui résumeront l’incidence de la particule adverbiale au sein d’une relation prédicative supposée construite, où y représente la « particule adverbiale » : Niveau 1 : {<a r [b]> ∍ (y)} → incidence « externe » (localisation, valeur directionnelle de y). Niveau 2 : {<a r ∍ (y) [b]>} → incidence « interne » (valeur aspectuelle, intensive, voire modale de y). Niveau 3 : {<a <r ∍ (y)> [b]>} → incidence « interne » (valeur lexicalement figée ou ∅ de y). 75 Nous reprenons ici les trois niveaux de phrasal verbs dont nous avons parlé en 1.2.3., mais dans une perspective de formalisation afin d’essayer de rendre compte des phrasal verbs « complexes » en surface. 92 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Mais, cette formalisation rend seulement compte des différentes valeurs du phrasal verb en structure de surface. Or, nous faisons l’hypothèse que le phrasal verb, composé de deux éléments, est lui-même le résultat d’une « mise en relation », en structure profonde, d’au moins « deux lexis ». Ainsi pour A. Gauthier (séminaire76 du 25 septembre 1998), la particule adverbiale serait également la trace d’une mise en relation que nous noterons : ( )r( ), ce qui nous conduira à proposer le schéma de base suivant : VERBE (+) PARTICULE {(a r b)1 ∍ (a r b)1’} → fonction de localisation ∈ SIT « lexicalisation » et « glissement de sens » du Verbe et/ou de la Particule. {(a r b)2 ∍ (a r b)2’}→ fonction aspectuo-modale/intensive (x) {a r b}3 = soudure lexicale entre « Verbe et Particule » Nous observerons ainsi trois niveaux de relations entre le « Verbe et la particule », du plus faible (niveau 1) au plus fort (niveau 3) en passant par le niveau 2, où le verbe garde son autonomie sémantique. Exemples pour chaque niveau [la plupart des exemples proviennent du livre de Timothy Morris (cf. introduction)] : Niveau 1 {1 ∍ 1’} = Jeremy came in looking worried. Niveau 2 {2 ∍ 2’} = his parents looked on with a triumphant smile as he collected his prize. Niveau 3 {a r b} = I hope this business comes off all right (= is successful, effective). Nous avons volontairement choisi des verbes intransitifs, puisque la "transitivité" fera partie d’une première « complexification » des phrasal verbs. Seul le troisième niveau peut être représenté par un « seul » schéma de lexis dans la mesure où le verbe complexe appartient désormais au domaine du lexique. Enfin, il est important de noter qu’à chaque niveau, il peut y avoir une ou plusieurs opération(s) discursive(s) supplémentaire(s) qui donne(nt) au phrasal verb une signification construite en discours, que nous appellerons, faute d’un meilleur terme générique, figurée [métaphorique ou métonymique]. Ainsi, selon la nature des actants et du contexte : Niveau 1 : I broke off a piece of bread → Britain was about to break off diplomatic relations with Lybia. (Changement actanciel de nature métonymique pour le C0 et métaphorique pour le C1). Niveau 2 : Jim started to break the ice up on the frozen lake → When Tito died I knew that it was likely that Yugoslavia would break up. (Diminution de valence avec un C0 “animé” non agentif). Niveau 3 : the elevators are always breaking down → peace talks have broken down over the question of reparations. (Diminution de valence avec un C0 “animé” non agentif). Bien entendu, compte tenu de la souplesse du langage, il serait parfois bien difficile de distinguer entre un niveau 1 « métaphorisé » et un niveau 3 « littéral ». Cf. C. Fuchs (1997) citant G. Lazard : « la matière sémantique est continue et mouvante, et les différences y sont graduelles. Les « zones focales » ont probablement une force d’attraction variable, c’est-à-dire que les notions qui s’y trouvent ont plus ou moins de propension à être grammaticalisées »77. G. Lazard (1992) Y a-t-il des catégories interlangagières ? Nous pourrons ainsi distinguer une complexification syntaxico-sémantique du phrasal verb à un triple niveau : 1. relation de causativité ; 2. dérivation syntaxique ; 3. domaine rhétorique (métaphorique et métonymique). En outre, qu’il participe d’un schéma syntaxique simple ou complexe, ou encore de relations inter-discursives de nature directe ou indirecte, le phrasal verb est le plus souvent trace d’un repérage marquant une opération soit de localisation (espace/temps), soit de "complément" de manière (relation instrumentale), soit encore de "complément" de but (relation finale). Bref, le phrasal verb apparaît comme un site, ou mieux, un nœud verbal 76 77 « Linguistique et Didactique », Institut d’anglais Charles V – Université Paris 7. In Diversité des langues et représentations cognitives – HDL (Ophrys), p. 20 93 Cahier du CIEL 2005-2006 où s’entrecroisent des faisceaux de relations « prédicatives et énonciatives » complexes, donnant à voir en surface à une « concentration » de structures inter-propositionnelles, voire inter-discursives « préconstruites ». 2.2.3.1.1. Opérateurs de « causativité » On s’aperçoit que les opérateurs de causativité78 peuvent, dans la langue, être lexicalisés ou non ; en effet, certains verbes "causatifs" ou "ergatifs" tels que bring ou hustle portent en eux-mêmes la relation de nature "causative" : Bring in an outsider / she hustled the children off to school, alors que "let" apparaît bien comme un opérateur de causativité dans : please let me out. On note ainsi que dans certains phrasal verbs, l’opérateur de causativité demeure, tandis que la particule fait office de pivot pour un autre phrasal verb en partie "tronqué" [cf. let (go) out] ou : The IRA let off many bombs. ["off" se substituant à go off; cf. tab. 33 (plus bas), Niveau 3.3.] Nous proposons ci-après la « relation formelle » du schéma de "causativité" s’associant au phrasal verb : {a r° b} x {[phrasal verb]}, soit par exemple : PV de niveau 1= {(a r° b) x (a r1 b) ∍ (a r1’ b)} (Nous nous efforcerons de donner à chaque fois un exemple illustrant la relation « abstraite ») NIVEAU 1 (valeur « directionnelle » de la particule adverbiale) : Tableau 31 R° = Opérateur de « causativité » make cause make (1) R1 peut prendre la valeur causative. (2) let (3) get let let (4) come become go R1’ = Particule (Sens directionnel) in in out Suite de surface (Eventuelle lexicalisation) = bring in / get in lexicalisation de r° et r1 = take out move get hustle come out / along in off in Ø Ø Ø in out in (*) voir ci-dessous Verbes “ergatifs” (blow your hand off) → r1 “assimile” r° Pas de lexicalisation : R° apparaît en surface R1 n’apparaît pas en surface. R° se substitue à r1 = let in R1 = Verbe (1) exemple du schéma sous-jacent : {[a r° ( )] x [a r1 ( )] ∍ [a r1’ ( they brought experienced people in to help. (2) she hustled the children off to school and started working. the council agreed to move out families with three children. (4) we’ll have to get the plumber in. she opened the door and let me in. )]} (*) Reconstruction du schéma sous-jacent d’un phrasal verb devenu « idiomatique », « make over » : R° Make R1 [Go = Ø] R1’ Over « lexicalisation » R1 disparaît 78 Il conviendrait, pour être précis, de distinguer entre causativité forte et faible ainsi que le font remarquer H. Chuquet et M. Paillard in Approche linguistique des problèmes de traduction : « Dans une perspective classificatoire, C. Hagège (1982), p. 50, rappelle la distinction causativation (transitivité faible, faible contrôle de l’agent) / factitivation (transitivité forte, contrôle de l’agent), illustrée par la double interprétation du français : Il la fait rêver : (a) par son charme → he sets her dreaming. (b) par son hypnose → he makes her dream » Chuquet/Paillard, op. cit., p. 169. Les linguistes anglo-saxons distinguent, eux, entre : Weak causation → let, allow. / Strong causation → make, compel. Causative pro-verb → John thickened the sauce [i.e. John made the sauce become thick] 94 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais La définition du dictionnaire de make over est : "to officially and legally give money or property to someone else", dans laquelle nous reconnaissons les opérations de changement de localisation voulu par l’agent, l’ensemble de la relation étant interprété métaphoriquement. Donnons un exemple traduit (vers l’anglais) : « Il nous avait presque tout donné, de son vivant. » Le mystère Frontenac, p. 174 « He had made over most of his fortune to us in his lifetime. » p. 170 NIVEAU 2 → r2’ prend une valeur aspectuelle, voire aspecto-modale. R° = opérateur R2 = verbe make come ( ex : I can feel a headache coming on) appear cause (1) Le verbe R2 peut prendre la valeur causale. (2) make, let (3) make, let start hustle move finish hurry walk pay be become R2’= particule Sens aspectuel ou directionnel « abstrait » on (up)→ va se substituer à «appear» et prendre une valeur double : r1’ + r2’ off on on up up on up on up (4) (1) (2) (3) Tableau 32 Suite de surface (Eventuelle lexicalisation) = bring on (lexicalisation de r° et r2) = to conjure up [cf. Lipka : Trf. 10 (T. 35)] Verbes « ergatifs » : (R2 assimile R°) Pas de lexicalisation. R° apparaît en surface R2 n’apparaît pas en surface. R° se substitue à r2. her fever was brought on by going out in the rain. a month in London will bring on your English. …waiting on a park bench in the winter weather for a cop to come and move him on. We have to hurry this job up if we want to finish by Thursday. don’t let on that I told you. Exemple traduit (vers l’anglais) du cas n° 4 : (… Mais alors ça, c’est vraiment l’emploi saisonnier !”), maître-baigneur dans une piscine (j’ai pu leur dissimuler deux mois que je ne savais pas nager. Un record, non ? ») La goutte d’or, p. 121 (… But well, that really can be called a season trade !), a lifeguard in a swimming pool (“I managed for two months not to let on that I couldn’t swim. How’s that for a record ?”) p. 109 L’exemple suivant : the chemist made up the doctor’s prescription montre bien que nous avons affaire à un continuum « syntaxico-sémantique »79 entre les divers niveaux de phrasal verbs, et pose ainsi tout le problème de make en tant qu’ « opérateur » : make est-il ici r° dans un schéma (volontairement simplifié) : {[a r° [make] ( )] x [c (prescription) be up]}, ou bien est-il r2 selon le schéma : {a [made ∍ (up)] b} ? Ce qui nous conduit tout naturellement à examiner les lexicalisations de niveau 3. NIVEAU 3 (relation « forte » ou « serrée » entre le verbe et la particule adverbiale) : Tableau 33 R° make (1) R2 peut prendre la valeur causale. (2) [R2 x r2’] = (a r b)3 give up blow up {[a r° ( )] x [c blow ∍ (up) ( )]} Suite de surface Pas de « lexicalisation » Verbes “ergatifs” 79 "Gradualité et continuum sont, ici encore, deux termes importants, que l’on retrouve dans nombre de travaux récents d’inspiration constructiviste (C. Fuchs & B. Victorri, eds., 1994). Ces termes renvoient à une propriété caractéristique de la sémantique des langues naturelles, à savoir la déformabilité des configurations signifiantes, par quoi se manisfeste le déploiement du sens – notamment dans le phénomène de la polysémie, manifestement attesté dans toutes les langues et justiciable d’une approche dynamique : d’où la recherche d’invariants sous-jacents aux variations de sens, en contexte, des marqueurs polysémiques (B. Victorri et C. Fuchs, 1996)." C. Fuchs, Diversité des représentations linguistiques, op. cit., p. 20 95 Cahier du CIEL 2005-2006 let [go = Ø] off (3) let Ø make Ø (4) (2) (3) (4) UP OUT UP OUT Lexicalisation par effacement de r2.[cf. let off the bomb] L’histoire du « phrasal verb » marque un resserrement sur l’axe syntagmatique et des sens de plus en plus "idiomatiques". they blew up the bridge. the IRA let off many bombs in the streets of Britain. When will this rain let up ? Jack’s put on so much weight that I’ve had to let out all his trousers (≠ take in), et par renversement métonymique (le développement spatial renvoyant à la finitude) : The movie lets out at 10 o’clock = to end. 2.2.3.1.2. Dérivation synthétique et « tropique » Ainsi, le phrasal verb, unité complexe de signification, peut se former à partir d’un verbe, d’un nom ou d’un adjectif. Il est alors issu, par un phénomène de dérivation syntaxique simple (GP effacé par exemple), ou composée (double prédication, schéma sous-jacent de plusieurs lexis, conversion), de structures prédicatives formant une unité sémantique que le locuteur, grâce au principe d’économie largement répandu dans les langues naturelles, phénomène qu’avait bien souligné R. Jakobson, peut "concentrer" dans son discours, sans rien perdre de l’essentiel du message à transmettre, y gagnant peut-être même sur le plan de la stratégie et des coordonnées énonciatives. Les valeurs référentielles ainsi construites seront le plus souvent (mais pas toujours), soit un changement de localisation, soit un changement d’état. Beaucoup de phrasal verbs peuvent ainsi s’analyser comme un "téléscopage" ou une concentration de plusieurs "lexis" sous-jacentes. Les définitions des dictionnaires unilingues, qui peuvent être prises comme de véritables gloses linguistiques, sont particulèrement éclairantes, comme cela est le cas pour les deux phrasal verbs suivants : switch off et turn off. Switch off : “to turn off a machine, electric light, radio…by using a switch”, où nous percevons en réalité trois “opérateurs” de prédication : turn, off et use. Mais, on pourrait nous objecter que turn off est un seul prédicat. Alors, voyons la définition que propose le dictionnaire unilingue de turn off : Turn off : “to make a machine or piece of electrical equipment such as a TV, car, light…stop operating by pushing a button, turning a key.” Retenons les seuls verbes indispensables à la définition de turn off qui sont au nombre de trois : make, stop, turn. Nous pourrions donc proposer le schéma (simplifié) de "lexis" sous-jacentes suivant pour rendre compte du phrasal verb "switch off" : {[a r b] r° [<light r1 ( )> ∍ <( ) r1’ ( )>]}, ou de façon plus proche de la suite de surface : {[a turn switch] cause [light be off]}, où nous laisserons de côté les problèmes de détermination nominale, ainsi que celui de la nominalisation du prédicat « switch ». Poursuivons avec d’autres exemples. Soit l’énoncé : Last night police roped off the area of the find, dont la glose pourrait être : [to surround an area with ropes, especially in order to separate it from another area]. Schématiquement, nous avons la suite « formalisée »: {[(police put rope) ∈ (around area1)] r (cause) [area1 off area2]}. Voyons maintenant comment nous pouvons avoir complexification métaphorique avec effacement de la "dérivation syntaxique", phénomène dont nous venons longuement de parler : Have you been roped into selling tickets. Analysons tout d’abord ce “syntagme prépositionnel” à valeur résultative → [“the person has been persuaded to join in an activity even though he didn’t want to”]. Schéma sous-jacent : {(a rope b) into (b sell tickets)}, puis par métaphorisation de l’ensemble nous trouvons l’énoncé : I’ve roped Dad in to help with the entertainment, et celui-ci : He gestured dismissively. Never mind; I believe you. But I could still rope you in by explaining how you helped me hide the evidence. Detective, Arthur Hailey, p. 425 96 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Nous nous apercevons alors qu’un grand nombre de phrasal verbs « complexes » peuvent ainsi être linguistiquement déstructurés, ou remotivés, ce qui représente un véritable défi linguistique tant pour l’analyste que pour le traducteur, compte tenu du « raccourci discursif » dont le phrasal verb anglais peut ainsi être le siège80. Parfois, la complexification des structures discursives que véhicule le phrasal verb est de nature métonymique, comme dans l’exemple suivant : She dusted off her hands, que l’on peut analyser par le schéma sous-jacent simplifié : {[she brushed dust] r [dust off her hands]} (opération de nature métonymique). De la même façon, on peut noter une complexification discursive à partir de "to wave down" : Un objet grammatical naturel de "wave", flag par exemple, pourra, par "transfert d’objet" devenir prédicat : We flagged down the tractor and clambered aboard81. Mais l’objet grammatical de wave pourra également, par transfert métonymique, devenir le but visé au lieu du moyen comme dans : "if you wave down a vehicle, you stand by the road or in the road and signal with your hands for the driver to stop" (définition du dictionnaire) ; mais la langue va plus loin encore, et prend la partie pour le tout, ou le contenu pour le contenant, lorsqu’elle permet de dire : At Napoleon’s Hill, a policeman waved them down and told them to get off the main road82, structure prédicative qui, à son tour, va se trouver métaphorisée : How do you know he …Cynthia began, but Jensen waved her down [= lui fit signe de ne pas l’interrompre (Detective, p. 445)], signification que nous retrouverons par analogie dans des schémas très proches : Cruz waved the remark away. (Ibid., p.507)/Waving the interruption aside, Allardyce went on…(p.560). Toutes ces "opérations sur des opérations" ne s’inscrivent-elles d’ailleurs pas dans ce que Antoine Culioli appelle la manifestation "[d’] une propriété très intéressante du langage humain, […] ce qui fait proliférer le langage sur lui-même en prédiquant sur du prédiqué"83, ou bien encore dans son hypothèse d’ "opérations enfouies"84 ? 2.2.3.2. Tableaux récapitulatifs des différents types de phrasal verbs Après avoir déjà posé en 2.1. la « corrélation » entre plusieurs paramètres (la valence syntaxique et sémantique, le niveau fonctionnel, le sémantisme verbal et aussi la valeur notionnelle de la particule), nous venons d’ajouter dans la présente section deux critères syntaxiques supplémentaires : la double prédication et la conversion. Nous regroupons dans le tableau ci-après [34]85 l’ensemble de ces critères. 80 Ces opérations ressortissent selon nous à ce que J. Authier-Revuz appelle l’« inter-discours », à savoir le déclenchement chez l’interprétant d’un certain savoir partagé, fondé sur des « domaines de mémoire » ou « espaces co-textuels » qui construisent « un intérieur "constitué" aussi, si l’on veut, mais au sens cette fois de "configuré", de délimité par des extérieurs qui l’assurent dans son unité, son identité. ». op. cit., p. 270/ « (…) les formes de l’allusion extra-textuelles à de l’autre discours, requièrent le fonctionnement, hors du texte, d’un fond commun de savoir auquel le discours s’appuie comme à du donné, sans avoir à l’établir. » op. cit., p. 302 81 Collins Cobuild Dictionary of phrasal verbs. 82 Collins Cobuild Dictionary of phrasal verbs. 83 Culioli, A (1975-76), Transcription du séminaire de DEA. p. 227. 84 Culioli, A. (1990), Pour une linguistique de l’énonciation, Tome 1, p. 155 Paris, Ophrys. 85 NB : Le signe ∅ indique que nous n’avons pas rencontré d’exemple attesté dans notre corpus pour tel ou tel cas de figure. L’objectif est principalement d’observer la diversité des paramètres (syntaxiques et sémantiques) qui contribuent à la construction des phrasal verbs. 97 Mise en perspective des différents plans : niveaux des phrasal verbs, valence et modification (morpho)-syntaxiques, sémantique verbale [Tableau 34] IN Niveau Paramètres État Achèvement (=) The train isn’t in yet. She wanted to cry but held in the tears. (+) ∅ ∅ ∅ (−) Keep in ! They sign in at the reception desk… I opened the door and peered in. Double π (prédication) ∅ “Now the ritual is, I have to swear you in, but since we’ve known each other so long, let’s take that for granted. (…) ” ∅ ∅ … and there in the darkness before his unblinking eyes the memories came storming in – / Sofia, tall, slim, and sexy, eased herself in to give Malcolm an affectionate kiss… ∅ The Delta flight touched down smoothly at Atlanta and taxied in. Well, I have never gone in for persecution mania… I’ll fill you in on the details now… ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ But I could still rope you in by explaining how you helped me hide the evidence. 1 Conversion 2 3 (=) (+) (−) Double π Conversion Activité The president is ill so the secretary will be sitting in for her. Accomplissement Well, even if it was a trap, I would walk straight in. Lizzie wanted a little hugging scene but I hustled her in with a pat. … and she had to tiptoe to the window and let up the blind so that the light poured in. The two trips he had made into Bay Point, however, would have familiarized him with the security setup and probably enabled him to talk his way in again with phoney delivery papers. ∅ (=) Long hair for men went out in the 1970s, but it’s in again. (+) ∅ (−) Double π ∅ ∅ Southend police ran in a young man for speeding yesterday. Don’t look at me, Etta broke in brusquely. ∅ Conversion ∅ He’s very tuned in to family affairs… Jim blew in about an hour ago – did you see him ? ∅ OUT Niveau Paramètres 1 2 3 État Achèvement They’d sit out (=) I held out my hand to him. there in the sun and watch. (+) ∅ ∅ Private property. I reached out and put one hand on the (−) Keep out. wall. … the only reason she was being allowed out at all was that she had pleaded to be Double π ∅ let spend the spare days she had between the hospitals in her home. “I was creeping. Five, eight miles an hour Conversion – I just nosed out.”/ I got a grant and ∅ cleared out. He’ll be back … I cried out to her that I would wait (=) before the month is (…) out. (+) ∅ (−) ∅ Double π ∅ Conversion ∅ (=) The men stayed out for the best part of a year. (on strike) (+) ∅ (−) ∅ Double π ∅ Rudolph blew out the candles. It would be a mistake, however, to think that free speech (behind screen names) will win out in the end. ∅ They spaced out their leave for the turf and potatoes, little jobs in their gardens and house, …/ My fourteenth year is blacked out.” I hoped I’d solve it the other way, by finding the adoption people, but that didn’t work out. Activité In a few minutes I could see the open light of the field, and then was able to peer out … We never really got lost, and at the end when she was dying I drove all the others out. ∅ … and her eyes gazed out with such a fey puzzled look, like a young savage. I ran out 130 feet of rope to bring Rusty up. Despite their marital spats, neither party can afford to pull out now. ∅ She’d known him for months on the wards and in the theatre before he had asked her out. ∅ He adzed out the embers./ I eased the window out … I did not want to know where she was dragging out her obscure existence. Brody was filling out forms about the accident. They roared out pieces from operas and musical comedies… Don tried to persuade him to sit out the night there. ∅ ∅ She had neither words nor formulas to parrot out the catalogue of this état…/ The saints and martyrs, the worthies and confessors, dried out imperturbably at the west end… However these tensions play out, Milosevic himself finally looks like a goner. ∅ This would probably have been ironed out had there not been a final breakdown over an associated matter –/ (…) she gave me her calmer face, deliberately smoothing out her brow with her hand. (…) Don’t trust him – he’s only out for your money ! Time is running out fast. I could not, and did not try to, work out the meanings and implications of what … as he paced it all out upon those rocks… had been said. Hanssen, who converted from Lutheranism to Catholicism at least five The summer days drew out, and life took on a years before he allegedly sold out to the slower pace. Russians, … ∅ Accomplissement ∅ I had frozen them out, a trick I’d learned from Henry (…) … Gilbert (…), quickly and discreetly laid out and then served luncheon … “Anyway it’s all over now, our idyll is over, our little house is smashed. I’m bombed out. (…)” Conversion Sandor began to rake out the sink./ (…) a headshrinker could help to ease me out… ∅ ∅ ∅ DOWN Niveau Paramètres (=) État The river is down. (+) (−) ∅ Achèvement I can’t face sitting down with her. A coach nearly ran us down in front of Trinity Church. George has climbed up that tree, and now he can’t get down. Keep down ! Activité I walked up and down. ∅ … unless one peers down to glimpse the rocks below. 1 Double π ∅ and the wide mouth which Conversion curved down at the corners… (=) 2 (+) (−) Double π Conversion (+) ∅ ∅ ∅ ∅ There is nothing surprising about finding a woman holding down a successful job in high finance. ∅ (−) ∅ Double π Conversion ∅ ∅ (=) 3 I had a hard time keeping my voice down. ∅ The benches were bolted down, …/ Moses supported him, eased him down on the cement embankment of a lawn. … even the worst case in Argentina is unlikely to shut down emerging debt markets entirely. ∅ ∅ ∅ ∅ Oh you can go through a marriage ceremony, or settle down with a lovebird of your choice….. She began to run down everything. An unhappy marriage which eventually breaks down often results in disturbed children. ∅ “Why are you so hard to pin down ?” ∅ Accomplissement The moon was shining into my bedroom, where I had omitted to pull down the blind. The shadows of women withdrew ; and when they had gone she took his hand in hers, pressed gently on it, sat him down in the chair; ∅ (…) soon the sacristan would come to close the doors for the night, and the kneeler she let so carefully down frightened her with the way it seemed to crash on the flagstones.. But prices were heading down anyway thanks to increased supply. For now, we must continue keeping a lid on this, screwed down tight. The batteries in your radio are running down. She turned down the gas fire. I objected to the proposal but they talked me down. ∅ ∅ ∅ … the mindless ease and constancy of their rhythm Civil-rights activists played down seeping into her blood with its illusion of habitual order, her considerable political wore down her strength till it reduced her to a longing for experience and sophistication (…) a chair, … (…) running Henry down wasn’t so easy as we’d hoped. ∅ ∅ ∅ ∅ Better to cool down. He had already seen me and was bearing down. ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ UP Niveau Paramètres (=) (+) 1 (−) Double π État John’s up in his bedroom. ∅ (+) 2 ∅ ∅ Ellen would sit up working on his plans and drawings. ∅ ∅ I think you just want to break up her marriage, like you just wanted to break up mine. ∅ Conversion ∅ (=) ∅ (+) ∅ He was going to blow the place up. (−) Double π Conversion Your argument, though appealing, doesn’t hold up. ∅ ∅ … the evening seemed quietly to break up, (…) ∅ A few times she holed up in Boston./ She works too hard and she looks tired. Ease up on her. Then this murder case blew up, and we had to drop it. (−) Double π 3 The Englishman held up the rifle. The coast road here becomes My temperature shot up and my heart a track (…) which climbs beat a good deal faster. up… We were now inside the Conversion defile with yellow rocks towering up on either side. (=) Achèvement “He thought we’d kept up. ∅ ∅ Activité Rosina peered up at me with her intense crossing eyes. ∅ Accomplissement If you’ll excuse me, I’ll take her tea up. … and this stood him up and hurried him away laughing, …. And someday, I don’t know when, stocks Perhaps the damned stirring, or the noseless men will stabilize and start heading up again. turning over and thrusting up; I will urge him up stone by stone, if I have He fumbled the latch up, and the door slammed to, thought Jocelin. open, throwing him back across the hall. Her dark wiry hair, looking almost black in the Some more tears welled up and ran over her lamplight, was pinned up in some sort of Grecian cheeks… crown. Playing the teacher up was considered a normal part of school. I filled up her wine glass. But he lives it up – three men with six legs couldn’t get around like that effing peg-leg. But the language is evolving quicker than publishers can keep up. ∅ He would squat there holding the sheet, and the master carpenter would be lying on his back and hammering up into a corner. She’d have to think up some lying excuse when they came (…) “Indian companies should shape up and become competitive, or close down.” ∅ An awful wave of self-pity overcame me and I wrinkled up my face with pain./ “Yes, I could cook or clean up, do odd jobs, why not ?” ∅ Lally said that it was time we all grew up. He said you thought it was Ben and you In ten days she ran up a twelve-hundred dollar bill. were working yourself up. “He’s on the make everywhere and He walked behind me so as to be able to cultivates all the Chicago hot-shots send me up for the amusement of passersYou need to wash, change that dress, and make up. (…) he never lets up. by. (= imitate) ∅ ∅ ∅ He neutrally recognized that they were When the United États beefed up its own border sizing him up as a risk./ “Let me ∅ defences for the onset of NAFTA in 1994, (…) straighten myself up a bit.(…)” OVER Niveau Paramètres (=) 1 (+) (−) Double π Conversion (=) 2 3 État Better yet, come Monday, stay over, and go on from here Tuesday. ∅ ∅ ∅ ∅ I’m sorry, the party’s over; they’ve all gone home. (+) ∅ (−) ∅ Double π ∅ Conversion ∅ (=) ∅ (+) ∅ (−) Double π Conversion ∅ ∅ ∅ Achèvement Activité Accomplissement I turned the stiff brown photo over, and saw the glue on Turn the tap off – the sink’s The sky was covered over with cloud. the back and a little dark brownish fur of the thick page running over. from which I had removed it. ∅ ∅ ∅ We could get over to your house by about six o’clock. ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ I handed over a sealed envelope addressed to Mr and Mrs ∅ ∅ Fitch. I had thought about the He started over. My dear Edvig, I have news for you. Ah, Gary told me that it would blow over and problem all day, turning it yes, much better this way. that I shouldn’t worry so much. over in my mind. He said he would leave me alone to think ∅ ∅ things over for five minutes. ∅ ∅ ∅ She spoke more calmy and with a sort of deliberation, as if getting some necessary ∅ ∅ task over. But here, you thought, we can tide the summer over, show dean Jocelin what a fool ∅ ∅ he is. I was willing to make over every acre I had. ∅ ∅ I kept on reading as she worked me over (= attack, ∅ ∅ criticize) Thornaby took over as secretary in 1976. ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ OFF Niveau Paramètres (=) (+) 1 (−) ∅ Double π ∅ Conversion ∅ (=) (+) 2 État If I’m not better, I think I shall stay off tomorrow. She stood off curious intruders by day and by night. The TV is off. ∅ Achèvement … Rita’s third husband had run off with a male dancer, Fabian was back in a mental home. Après moi le déluge. Because most of the orphaned girls were long ago taken in by refugee families, who married them off to men willing to pay a dowry, only 68 of the new émigrés are girls. I jumped up and set off after her. “They have to swear off politics once they take the bench. Now that he’s been convicted, he can’t even vote. (…) ” She was screened off the next morning and a nurse, gowned and masked and with a sterile trolley by, began to prepare her skin for the operation./ “You aren’t part of my life. Just clear off, will you.” Then he would blink and set them off again. ∅ Luckily the rain kept “I thought – ” he broke off, then smiled. “Sorry, not my off. business.” Double π ∅ ∅ We paired off early on, but merrily, childishly, and Conversion without any deep shaking emotions, as far as I can ∅ remember, in those earliest days. (infml) I thought it was (=) a bit off, not even How did it go off, that severance, I wondered. answering my letter ! (−) (+) ∅ (−) ∅ Double π ∅ Conversion ∅ 3 ∅ Activité Accomplissement The vehicle made off at Lizzie dropped her eyes, reached out one hand to the once. wall, balanced to shake her broken sandal off, …. ∅ He looked off in the distance, beyond a grassy field to the edge of a treeline. He probably would have blown his hand off if he’d fired it. The labels had washed off, but the glass was well chilled. ∅ (After they had waved me off, did Ben go back and cut himself a large slice of cake ?) Jacobo, sturdy, heavily built, and with a dozen years of Homicide experience, had already instructed the uniform officers to cordon off the entire house and garden with yellow tape. He must have turned off the radio. “You only think you could, Willie,” she tried to laugh it off nervously. ∅ My surprise soon wore off. ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ He went with Moses to visit the Dead Sea. It was sultry. They sat down in the mouth of a salt mine to cool off. Mike can take off his father to perfection. (imitate) ∅ Following last week’s Arab summit, before taking off for A happy couple cannot Washington, Mubarak gave an exclusive interview to help showing off. NEWSWEEK’s Lally Weymouth (…). ∅ ∅ “I’d like to phone and head him off. Otherwise, he’ll stand ∅ waiting.” Just paying a visit, Charles. – Let me see you off then.” He worked off his embarrassment by harassing us with questions. The bombardment tailed off as darkness descended, (…) ∅ ∅ ON Niveau Paramètres 1 (=) She had on an old bathrobe. (+) Double π ∅ Let’s love in a free open way, like you said in your letter, free and separate and not holding on like crazy –” ∅ Conversion ∅ (−) (=) Is the TV on ? (+) ∅ The thought depressed her violently. But she held on. (−) 2 Double π ∅ Conversion ∅ (+) It was only a joke – keep your shirt on ! [(infml) = to remain calm] ∅ (−) How are you getting on ? (=) 3 État Double π ∅ Conversion ∅ Achèvement Poppy Green came to the house to try on her party dress. ∅ “The globalization train has left the station,” he says. “I want to help the Mayans get on. My opponents want to stop the train.” ∅ Activité Accomplissement You’re on in two minutes ! [(of actors) actually performing on the ∅ stage ∅ ∅ ∅ ∅ She gathered the sagging fire together and heaped on fresh ∅ wood. His parents looked on with a They passed on to other matters. triumphant smile as he collected his prize. ∅ ∅ Now I’m getting on, these stairs He signed on as a sailor. are a little difficult for me. Then as I sat in the little red room, with my head still sullenly lowered “I’ve been feeling tired and run against the light of the rainy morning, I made it out that perhaps I had down,” she said. She paused. He achieved something by thrusting the situation on into an area of crisis. smiled her on. Unlike others, however, he had kept quiet about it, determined to ∅ soldier on at any cost. Or was he having me on ? I I don’t really turn you on, do I ? didn’t like to ask. ∅ ∅ “I thought you must still be Now don’t take on, darling ! Honestly, I won’t be any time at all. [= get carrying on with her, well upset] obviously you are – ” “I’m not.” ∅ ∅ “This fellow never cottoned on, though, no good with the sheep, were ∅ you, Chuff ? ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais 2.2.3.3. Conclusion Nous ne prétendons bien sûr pas, dans le cadre de cette étude, résoudre l’ensemble des problèmes complexes que pose cette catégorie linguistique, mais tout notre travail cherche à démontrer que le phrasal verb est avant tout un "construit énonciatif", unité prédicative "duale" appartenant donc bien à la syntaxe, mais promise à une lexicalisation progressive, et qui garderait toutefois, pour reprendre les mots mêmes de Sarah de Vogüé "une mémoire anticipée des opérations de validation énonciative". Quoi qu’il en soit, ceci prouverait bien que le phrasal verb, composé de deux éléments en relation plus ou moins "serrée", peut faire l’objet, en tant que nœud prédicatif, d’opérations contextuelles et/ou inter-discursives, tant sur l’axe paradigmatique (domaine de la métaphore), que sur l’axe syntagmatique (domaine de la métonymie). Resterait alors à prouver que dans bien des cas [ex : find out, lose out (cf "Phrasal Verb" et grammaticalisation (4.5.), notre thèse, op. cit. pp 318-326)], la particule, qui semble lexicalement liée au verbe, est en réalité la trace d’une localisation "préconstruite", mais syntaxiquement oubliée, ce qui expliquerait alors la difficulté qu’ont les francophones à produire des phrasal verbs, puisqu’ils n’ont pas directement accès aux opérations prédicatives et énonciatives dont la composante lexicale de l’anglais peut garder « mémoire ». Ainsi, pouvons-nous appréhender trois fonctions distinctes autour de ce phénomène "syntaxico-sémantique" construit qu’est le phrasal verb. Comme nous l’avons dit, celui-ci relève en effet autant de la grammaire, en tant que lieu d’opérations prédicatives et énonciatives, que du lexique, en tant que classe ouverte d’éléments verbaux, et "site" potentiellement privilégié de la création d’expressions idiomatiques et d’inventivité stylistique, si bien que le phrasal verb nous semble regrouper à la fois : 1. 2. Une double fonction de « localisation », celle-ci pouvant être (en fonction du contexte) a) Tantôt de nature valeur « directionnelle », spatiale, locative : « LOC externe ». b) Tantôt de nature « aspectuo-modale », participant des déterminations autour du prédicat effectuées par l’énonciateur (« LOC interne », celle-ci pouvant conduire à la soudure complète avec le prédicat). Une fonction de « dérivation syntaxique », le phrasal verb pouvant être issu d’opérations sous-jacentes complexes, dont la « compacité » en surface contribue à l’enrichissement du domaine lexical. En réalité, la « lexicalisation » du phrasal verb n’est jamais tout à fait complète ou figée, puisqu’elle est appelée à se nourrir tantôt de ses « éléments compositionnels », tantôt du « contexte discursif ». Nous terminerons cette étude en posant le problème de la « résultativité »86 construite ou non par le phrasal verb. Les deux tableaux87 qui suivent {36a [verbes « intransitifs »] et 36b [verbes « transitifs »]} posent en effet le problème des conditions dans lesquelles un phrasal verb peut, ou non, construire une valeur référentielle de « changement de localisation » ou de « changement d’état ». Certains phrasal verbs ne construisent d’ailleurs ni l’une ni l’autre. 86 Cf. 4.4. Construction des valeurs « référentielles », Thèse de doctorat, op. cit., M. Simon (2003) Nous y intégrons les transformations de Lipka [L.1 à L10.] dont nous avons parlé en 2.2.1.1. Tableau résumé des transformations de Lipka (avec notre essai de formalisation) : Tableau 35 L1 {[<a r (relation causative) b (= animal come out)>] ∈ (= with - moyen) smoke} Sur le même schéma : L6 et L9 (relation instrumentale) L3 {<a move stones> r (relation causative) <stones become heaps> ∈ LOC} Up étant la trace d’une opération de localisation. L5 {<a r car> ∈ (= with – moyen) grease} UP étant la trace d’une opération aspectuelle. Sur le même schéma : L7 L8 {a r flame} Up étant la trace d’une opération aspectuelle. Sur le même schéma : L2 et L4 L10. {<a r (relation causative) (b)> ∈ <<vision, appear ∈ UP, ( )> by magic>} [= he conjured up vision] 87 105 Cahier du CIEL 2005-2006 Valeur référentielle construite Dans quelles conditions peut-il y avoir ou non « changement de localisation » ? Dans quelles conditions peut-il y avoir ou non « changement d’état » ? Valeur référentielle construite Dans quelles conditions peut-il y avoir ou non « changement de localisation » ? Dans quelles conditions peut-il y avoir ou non « changement d’état » ? Verbes intransitifs : Tableau 36a Exemples et commentaires : Provenance : [Dictionnaires unilingues, Dictionary of phrasal verbs, Detective (A. Hailey)] She ran away laughing up the road. / The Delta flight touched down smoothly at Atlanta and taxied in. p.294 / …He was waiting up for me when I got in last night (schéma non résultatif).p. 242 / There are are a lot of weird ideas floating Verbe around. (idem) / [Nous remarquons l’importance de la création d’un point de repère en anglais, trace d’une « localisation », mais la valeur construite n’est pas nécessairement « résultative »] The ship sailed out. / He didn’t want to look as if he was chickening out. If they are late clocking in, they lose pay. / (…) the grand jury members were Nom filing in. p. 522 / He let his words tail off nous remarquons l’abondance et la portée du phénomène de « métaphorisation » autour du « phrasal verb ». p. 403 Now you clear off and leave me alone… Adjectif I woke one night around midnight and decided to clear out… The river froze up ; the sink keeps blocking up ; / The satellite had burned up on re-entering the atmosphere. / Our phone is playing up. / The lake has frozen Verbe over versus The lake has frozen up. / They all want in / out. / He drops off to sleep. [Trf. Lipka 8] : his anger flamed up [L.2 ; L 4] / She feels that everyones’s Nom ganging up on her. / He…determined to soldier on at any cost. p. 234 The rain had eased off. / Business slows up/down at this time of year. / Wise Adjectif up, Barrett ! Verbes transitifs (« causative pro-verbs ») : Tableau 36b Exemples et commentaires : Provenance : [Dictionnaires unilingues, Dictionary of phrasal verbs, Detective (A. Hailey)] She brought the dinner up ; he was voted out in 1983. / …digging up potatoes in the vegetable garden. / « How do you know he… » Cynthia began, but Jensen waved her down. p. 445/ Cruz waved the remark away. p. 507 / Spending two Verbe more days sitting out the bad weather. / Escorts were hurrying the witness group on. / (…) the accused had knowingly signed their rights away…p. 38 / the hardships he simply shrugged off. / Policemen…waving drivers on. / Did you check who signed the box in ? p. 403 [Lipka 1] : to smoke out animals [L.6 ; L.9] ( relation instrumentale) [L.3] : to heap up stones (pas de relation instrumentale) / Please hand in your papers at the end of the exam. / The problem was how to sweat out the next 6 Nom weeks. / Rope off the scene, as big an area as you can, and keep everyone away. p. 199 / What a mess ! she said dusting off her hands… / She feels very boxed in/up in that tiny flat. / Nobody has ever gunned down a New York police captain and gotten away with it. The police made him empty out his pockets. / We clear out the mud [“Objektvertauschung” → object transfert] / Sofia…eased herself in. p. 296 No amount of ‘social engineering’ will even out the world’s unfairness. Adjectif Three old men, idling away the summer afternoon… / Blacking out tonight’s episode of Dallas. / il y a bien en fait continuum « sémantique » entre structure résultative « métaphorisée » et « changement d’état ». Cf. les deux premiers énoncés ci-dessous : Today’s match…has been rained off. She knows how to talk her father round. Verbe After all the guests had left, I swept up (all the mess). / [L. 10] : Jean can conjure up a good meal in half an hour. / Her mother tried to stare Hagen down. / Ainslie snapped lights on. p. 240 [L.7] : to board up window [L.5] relation instrumentale / They marked out the tennis court with white paint. / Your glass is nearly empty, let me top you up. / Would you mind hosing the bins out this afternoon ? [NB non pas, * the Nom bins are out, mais → « clean the inside using water from a hose »] / She started dolling herself up to go out. / I could still rope you in by explaining how you helped me hide the evidence. / They also used devices (…) to speed things along… / He, Detective Dauntless Dan had buttered up Ainslie…p. 234 …men starting to pretty themselves up a bit with état-of-the-art ties and socks. Adjectif You’ve paid for the meal, so if I pay for the taxi that’ll even things up. [NB: pour une étude plus complète sur les problèmes liés à la « résultativité », voir notre thèse in 4.4. « Construction des valeurs référentielles », pp 290-317, M. Simon, op. cit. (2003)] 106 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Conclusion de l’étude sur les phrasal verbs Cette étude nous aura appris que le phrasal verb relève aussi bien du lexique que de la syntaxe. La particule ne ressort pas seulement d’une opération énonciative au-delà de la prédication ; elle peut en quelque sorte la précéder, dans la mesure où le phrasal verb peut tout aussi bien être la trace d’opérations prédicatives complexes (composition de lexis), que relever, en tant qu’unité de la "langue", d’un pré-construit. Ainsi se trouve illustrée la problématique soulevée par Sarah de Vogüé dans son article "Les enjeux énonciatifs et typologie lexicale"88. De fait, la particule adverbiale apparaît bien comme un véritable « opérateur » au sein du phrasal verb, lequel a vocation à se lexicaliser. Ce phénomène de bornage à droite, de points de repère d’ordre spatio-temporel, de constructions syntaxiques complexes, où les « particules » avec leurs valeurs directionnelles et aspectuomodales diversifiées jouent un rôle essentiel dans leur association avec le prédicat, sans parler de leur propre fonction « prédicative », s’avère une stratégie énonciative et discursive constante en langue anglaise. L’opération de "localisation" est plus ou moins grammaticalisée selon la volonté du locuteur, en fonction du contexte discursif, avec un plus ou moins grand détachement vis à vis des éléments référentiels, ce qui explique, selon nous, que l’on puisse trouver à la fois : follow out et follow up, pay out et pay up, well over vs well up. Pour nous, tout phrasal verb, même lexicalisé, est un construit énonciatif et porte donc la trace, à travers les diverses valeurs de la particule adverbiale, d’opérations de repérage. Nous avons mis en évidence trois "niveaux" de phrasal verbs correspondant à trois types de relations sémantiques bien distinctes, même si parfois elles peuvent se recouper par le jeu de la polysémie discursive. A cette première catégorisation, il convenait d’ajouter une double complexité syntaxique, dans la mesure où le phrasal verb peut être le résultat d’opérations prédicatives qui mettent en jeu le domaine de la valence syntaxique (diminution ou augmentation des actants), ainsi que des opérations de "dérivation synthétique". Enfin, nous n’oublierons pas la dimension tropique du "phrasal verb", capable de générer de nombreuses « métaphores et métonymies » au cœur de l’énoncé anglais [He turned to Reegan and stated that he was going to get his breakfast and shine himself up for the court (…). The Barracks, p. 44]. Ainsi se trouve illustré, via l’immense diversité des phrasal verbs, le "mode d’énonciation" du constat [cf. J. Guillemin-Flescher (1981)] : l’anglais effectue des opérations de repérage par rapport aux éléments référentiels [reconstruits par le co-énonciateur], ce qui se traduit par une explicitation des opérations de détermination, une actualisation des procès, et une certaine représentation iconique de la réalité "extralinguistique". Cependant, la "lexicalisation" est bien à l’œuvre ; l’anglais concentre, grâce au phrasal verb, des structures "inter-propositionnelles et discursives", tout en gardant trace des opérations de localisation. Le phrasal verb témoigne ainsi de la vitalité et de la complexité de la langue anglaise, laquelle semble d’ailleurs retrouver un regain d’intérêt pour son « alter ego », diachroniquement premier du système, le compound verb. 88 "Une telle perspective conduit par ailleurs à revoir radicalement la conception que l’on peut avoir du rôle du lexique dans l’organisation des opérations syntaxiques. On se souvient de l’opposition qui est souvent faite au sein du lexique, entre le purement lexical (les lexèmes) d’une part, et les marqueurs grammaticaux d’autre part qui participent à la construction syntactico-énonciative des énoncés. Dans cette conception, les lexèmes ne sont que le matériel venant remplir les cases que lui assigne la syntaxe (ou la construction énonciative). Déjà, il semble que la grammaire générative soit depuis un certain nombre d’années en train de revenir sur cette idée lorsqu’elle cherche à placer le lexical à l’origine de la construction syntaxique (par le biais au moins du mécanisme régulateur du principe de projection). L’approche des typologies lexicales qui a été proposée ici va dans le même sens : le lexique définirait les bases du calcul sur lequel la construction énonciative s’opérerait. Si une telle perspective s’avère tenable, cela signifie que le lexical est déjà syntaxique, qu’il est déjà énonciatif." Sarah de Vogüé URA 1028 du CNRS – Université Paris X, op. cit., p. 36 107 Cahier du CIEL 2005-2006 CHAPITRE 3 : TYPOLOGIE DES « COMPOUND VERBS » Ce chapitre, consacré aux verbes "préverbés" en anglais contemporain, se veut un prolongement direct de notre thèse de doctorat89, dans la mesure où nous nous sommes très souvent interrogé – au cours de notre recherche dont nous venons de faire la synthèse dans le chapitre 2 – sur l’autre forme de verbes composés (les compound verbs), qui présentent une parfaite structure « en miroir » par rapport aux "phrasal verbs". En effet, si la réalisation habituelle en structure de surface des "phrasal verbs" est : Verbe + Particule adverbiale (set up), les "compound verbs", que l’on pourrait également qualifier de "préverbes"90, puisque la particule adverbiale n’est plus "postposée", mais "antéposée" au verbe support, ont toujours la même disposition structurelle en surface : Particule adverbiale/Verbe (upset). Précisons d’emblée que le terme de "compound verb"91 est assez vaste, et que nous limiterons volontairement cette étude aux seuls cas de verbes à "préverbes" formés justement à l’aide d’une particule adverbiale92, telle que nous l’avons définie dans le chapitre 1 [section 1]. Mais si toutes les particules adverbiales peuvent former un phrasal verb, seule une petite dizaine d’entre elles sont à l’origine des compound verbs. En outre, nous verrons que le palmarès de ces particules n’est pas nécessairement le même entre les deux systèmes de verbes composés qu’elles construisent (par exemple, up arrive en tête avec les "phrasal verbs", mais n’est que 4ème avec les "compound verbs"). Notre analyse s’appuiera sur un corpus d’anglais général et de spécialité, comprenant quelque 139 "compound verbs", que nous tenterons d’analyser avec les outils méthodologiques déjà forgés pour l’examen des "phrasal verbs" [section 2]. Après avoir examiné les mécanismes diachroniques du "préverbe", nous verrons comment une "double" évolution, syntaxique et sémantique, est à l’œuvre pour certains d’entre eux, alors que de nouvelles unités lexicales continuent d’apparaître aujourd’hui (outsource, par exemple). Une première approche synchronique nous conduira à appréhender les compatibilités qui existent entre telle particule et telle "base" verbale. Nous découvrirons ainsi qu’une trentaine de verbes anglais (cf. load) contribuent à former de nombreux préverbes, lesquels prolifèrent ensuite dans le corpus. Il nous restera alors à tenter de mettre au jour les opérations cognitives propres aux préverbes, dont certaines relèvent, selon nous, de la prédication "comparative", soit quantitative [more than (= QNT)], soit qualitative [better than (= QLT)], en particulier lorsque les particules de franchissement de frontière que sont out et over construisent, avec leur "base", une valeur modale. Par la suite [section 3], notre analyse synchronique reprendra tout d’abord trois paramètres fondamentaux dans l’analyse des verbes composés : 1. le 89 M. Simon, op. cit. (Octobre 2003). Nous faisons allusion au « compound verb » dans les sections suivantes : 1.2.1. ; 1.2.3. ; Annexe 2. 90 Voici la définition que donne du « préverbe » C. Buridant : "On appellera préverbe un préfixe s'accolant à une base verbale ou nominale pouvant être par ailleurs autonome, en lui apportant une nuance de sens spécifique, un préverbe étant productif à une époque donnée quand il sert à former de nouveaux verbes sur ces bases." in Actes d’un colloque sur la préverbation [Nov. 1993 – Lille III], établis par A. ROUSSEAU (1995) – Les Préverbes dans les langues d’Europe. Introduction à l’étude de la préverbation (textes réunis par A. Rousseau). Presses Universitaires du Septentrion. 91 Cf. Définition de « Compounds » : “These are expressions which consist of two (or more) separable parts, each of which can stand as a word in its own right. English has very many of them, of which the following are only tokens: *nouns auditape, car park, daylight-saving, takeover; *adjectives airborne, home-made, icy-cold, keen-eyed; *verbs baby-sit, blackball, blue-pencil, overturn; *adverbs downtown, overseas, upmarket, worldwide;” The Cambridge Guide to English Usage, Pam Peters (2004), Cambridge University Press 92 C’est-à-dire une particule qui a une valeur de base "locative" à l’origine tantôt des « préverbes » (univerbation), tantôt des « phrasal verbs » (disjonction), ceux-ci arrivant après ceux-là d’un point de vue « diachronique ». 108 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais niveau "fonctionnel", c’est-à-dire, le degré de "compositionnalité"93 atteint entre la particule préverbée et le verbe support (ainsi uplift peut être compositionnel, alors que upset ne l’est jamais) ; 2. la valence syntaxique du préverbe (y a-t-il stabilité de la configuration actancielle par rapport au verbe support, ou bien au contraire augmentation ou diminution de valence ? [cf. le passage de go (intransitif) à undergo (transitif)] ; 3. enfin, nous envisagerons la "typologie verbale" construite par le "compound verb", selon les critères élaborés par Zino Vendler [cf. 1.3. ci-dessus]. L’analyse systématique de notre corpus selon ces trois critères nous permettra de découvrir tantôt des convergences (par ex. le glissement vers les procès d’achèvement), tantôt des divergences (par ex. le peu de cas de diminution de valence) avec les phrasal verbs. Par ailleurs, nous avons été frappé, au cours de l’élaboration de notre corpus, du très grand nombre de formes "participiales", tant en –EN qu’en –ING, issues des "compound verbs", celles-ci étant d’ailleurs souvent appelées à un processus d’adjectivisation. Aussi tenterons-nous d’appréhender [section 4] ces formes "dérivées" des racines verbales, dont certaines, comme c’est le cas pour forthcoming, sont les seules traces survivantes d’un verbe devenu aujourd’hui obsolète (†forthcome), même si l’on peut envisager que, par "dérivation inverse", telle ou telle forme "participiale" puisse réapparaître, à un moment donné, dans la langue, avec une fonction plus verbale. En outre, ces formes sont extrêmement intéressantes d’un point de vue cognitif, puisqu’elles élaborent une véritable stratégie "qualitative" en transformant des formes d’origine "aspectuelle" en lexies exprimant des « propriétés » plus ou moins permanentes. La dernière partie de cette étude [section 5] sera consacrée à la « valence sémantique » des compound verbs avec un triple objectif : appréhender la configuration actancielle de ces verbes "préverbés" par rapport aux paramètres déjà posés ; répertorier les différents "phrasèmes" qu’ils construisent, et enfin tenter de proposer quelques explications "syntaxico-sémantiques" par rapport à l’ensemble du système auquel ils appartiennent. Nous nous apercevrons alors que les compound verbs ne sont pas seulement le miroir des phrasal verbs dans leur composition lexicale de surface, mais que leur glissement vers l’"abstraction" (niveau 3) correspond non seulement à une plus grande diversité sémantique de la "configuration actancielle", mais qu’en même temps, celle-ci s’accompagne – à ce niveau là – des cas les plus nombreux de changement de valence syntaxique ; or, ceci n’est pas exactement ce que nous avons observé avec les phrasal verbs. Mais il convient immédiatement d’ajouter que trois particules se distinguent dans cette double articulation entre bouleversement syntaxique et diversité sémantique, à savoir : out (3ème au classement des phrasal verbs, mais deuxième ici), laquelle est essentiellement pertinente au niveau 2 ; et deux autres particules, under (niveau 3) et over (les trois niveaux), dont il faut dire que la première est quasi inexistante dans le système "Verbe + Particule", alors que la seconde arrivait en toute dernière position sur l’axe de la valence sémantique des phrasal verbs. Toutes ces différences "structurales" entre les deux systèmes justifieraient alors pleinement le regain d’intérêt pour la langue à l’égard des compound verbs, dont la fonction de "concentration prédicative" oscillerait entre "prédication comparative" pour trois particules [out, under et over] et une "lexicalisation maximale" permettant au « préverbe » de transcender le verbe support. Bref, nous verrons comment, à travers les trois grandes fonctions qu’il revendique (syntaxique, aspectuo-modale et dérivationnelle), le "préverbe" apparaît alors comme un véritable opérateur toujours bien vivant et à l’œuvre dans la structuration de l’énoncé anglais. 93 Rappelons que nous distinguions trois niveaux de compositionnalité pour les « phrasal verbs » : niveau 1 (« directionnel ») ; niveau 2 (« aspectuo-modal ») ; niveau 3 (« notionnel »). 109 Cahier du CIEL 2005-2006 3.1. Qu’est-ce qu’un “compound verb”? 3.1.1. Domaine de recherche et terminologie Les verbes complexes que nous nous proposons d’étudier dans ce chapitre relèvent, tout comme les "phrasal verbs", du processus de formation lexicale que l’on appelle composition94. D’emblée, disons que ce processus de construction lexicale s’avère en réalité bien plus large que les seuls compound verbs, ou verbes "préverbés" formés à partir d’une particule adverbiale, qui vont essentiellement ici retenir notre attention, dans la mesure où nous observons, tout au long de notre corpus, de nombreux cas de dérivation (nominale et adjectivale) : by-play (N), downturn (N), infighting (N), onlookers (N), outburst (N), outcropping (N), understatement (N), upwelling (N), bygone (Adj), outspoken (Adj), overbearing (Adj), overpriced (Adj), underhanded (Adj), upbeat (Adj), upsetting (Adj), etc., dont l’origine – la "base" – peut d’ailleurs être ou bien un verbe [underdrawing (N), undowntrodden (Adj)], ou bien un nom [outpost (N), out-housed (Adj)], voire un adjectif [outsmart (Adj), overfond (Adj), overprompt (Adj)]. Nous observons dans tous ces cas multiples et complexes que si la "base", ou élément support, est un verbe (même par conversion), la "particule adverbiale" peut se trouver ainsi tantôt à droite, tantôt à gauche de l’élément repère95. Mais si dans un phrasal verb, la particule se trouve toujours à droite du verbe [sauf dans quelques cas d’inversion qui relèvent non plus du lexique, mais de la syntaxe : cf. Away he went, Out she goes, In you go ; exemples de FR Palmer (1965)], dans un compound verb, elle est toujours affixée à gauche du verbe. Nous obtenons ainsi un système de verbes composés quasi symétrique : PARTICULE + VERBE (compound verb) // VERBE + PARTICULE (phrasal verb), dont il faut cependant souligner la très grande fécondité du second par rapport au premier, comme le fait ci-après Jean Tournier : "Mais le type V + Part. adv., pour être de loin le plus fréquent, n’est pas le seul type de verbe composé. Nous donnons ci-dessous une liste brièvement illustrée des autres types : "Part. adv. + V : 94 backbite, offset, outguess, overcome, uphold96. Cf. ce que dit Jean Tournier à propos des lexies composées : « elles comportent au moins deux éléments lexicaux autonomes constituant un syntagme ou un fragment de syntagme qui se comporte manifestement comme une unité du point de vue de la classe de mots : war-office, prisoner of war, secretary of state for war (noms) ; navy-blue, everlasting, home-made (adjectifs) ; look out, overlook, typewrite (verbes). » Introduction descriptive à la lexicogénétique de l’anglais contemporain, Jean Tournier (1985), p. 31 95 « Un modificateur de verbe, de type adverbial, apparaît à droite ou à gauche du verbe. Ex. : flow over = overflow; inbreathe = breathe in. Ce type (dont nous montrerons les limites au § 3.4.) s’étend à certains participes passés adjectivaux (ex. : built-in = in-built) et à certains noms dérivés du verbe avec le suffixe agentif –er désignant une personne (ex. : looker-on = onlooker). » Jean Tournier (1985), op. cit. p. 111 96 “Ce type de composé est intéressant à étudier par comparaison au type correspondant avec particule à droite. On comparera entre elles les lexies de chacune des paires attestées : about-turn/turn about, backbite/bite back, downcast/cast down, income/come in, offset/set off, onset/set on, outlet/let out, overhang/hang over, upset/set up… (Il en existe près de 80 d’usage courant.) Cette comparaison permet les observations suivantes : a) Les particules concernées sont en nombre limité : about, back, down, in, off, on, out, over, up. Les deux plus fréquentes sont over et out. b) Il n’y a pas de cas de synonymie totale, c’est-à-dire de cas où l’ordre n’a aucun effet sur le contenu et où les aires sémantiques des deux lexies se recouvrent exactement. c) Les aires sémantiques des deux lexies peuvent se recouvrir partiellement. Par exemple, l’un des sens de offset et de set off est « balance, compensate ». d) Les aires sémantiques des deux lexies peuvent être totalement distinctes. Ex. : backbite/bite back, uphold/ hold up, upset/set up. e) La forme avec particule à gauche peut, en tant que verbe, ou bien être très rare (ex. : oncome) ou bien n’être plus en usage (ex. : onset), mais, dans ces cas, subsister de façon courante dans une autre classe de mots, généralement le nom (ex. : income), parfois l’adjectif, dérivé du participe présent ou passé (ex. : on-coming, downcast)." 110 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Part. adv. + N ou A : outnumber, outsmart." Jean Tournier (1985), op. cit., p. 128 Bref, les "compound verbs" s’inscrivent dans un système de création lexicale où le "repère" est à droite et le modificateur du prédicat à gauche. Nous n’étudierons dans cet article que les cas où c’est une "particule adverbiale"97 qui spécifie le verbe [PART ∈ VERBE], mais comme l’indiquent ci-après R. Huddleston et G K. Pullum, la notion de « compound verb » est en réalité beaucoup plus étendue que cela : "There are far fewer compound verbs than there are compound nouns or compound adjectives. A high proportion of them, moreover, are formed by other processes than compounding, namely back-formation and conversion. Back-formation is most commonly from nouns in –er (ghostwriter → ghostwrite) or –ing (job-sharing → jobshare), or adjectives in –ed (hen-pecked → hen-peck); for some, more than one source may be available (chain-smoker/chain-smoking → chain-smoke); freeze-dried/freeze-drying → freeze-dry). Conversion is generally from compound nouns (blacklist [N] → blacklist [V]). Most compound verbs that arise directly from compounding have a preposition as the first base, as in over-react, outlast, underestimate. Direct formation of compounds with a noun as first base is very rare, and it is not easy to establish that the verb preceded the corresponding noun in –ing. Verbs of this kind that do appear to have been formed directly include speed-read, hand-wash, and perhaps gift-wrap. There are also verbs like cold-shoulder that are formed by what we have called dephrasal compounding : see §4.1 above. The following types of compound verb may be distinguished acccording to the component bases involved. In the lists of examples we add annotations in the case of those verbs formed by some process other than ordinay compounding: ‘B’ for back-formation, ‘CV’ for conversion, and ‘DP’ for dephrasal compounding. [38] i NOUN + VERB baby-sit B brainwash B handwash henpeck B nosedive CV proofread B springclean B stage-manage B chain-smoke B hood-wink B sky-dive B tape-record B daydream CV job-share B sleepwalk B whitewash CV ghostwrite B mass-produce B spoonfeed B window-shop B ii NOUN + NOUN bar-code CV handcuff CV honeymoon CV snowball CV stone-wall DP iii ADJECTIVE + NOUN blacklist CV fast-track DP shortchange DP soft-soap DP wisecrack CV iv PREPOSITION + NOUN/VERB backdate background CV input CV offset outsource overcharge undercharge underlie bypass CV onsell overdose CV undersell downgrade outclass overflow uphold downsize outgrow underachieve B upstage CV v VERB + VERB COORDINATIVE COMPOUNDS blow-dry cook-chill freeze-dry One marginal type of compound verb formed by conversion from a noun is seen in : [39] They went deer-hunting. They spent their holiday trout-fishing. These are defective in that there are no verb-forms other than the gerund-participle: cf. *They deer-hunted. Nevertheless, the forms in [39] would seem to be verbs, not nouns. Go in the relevant use is restricted to this kind of expression, but spend accepts uncontroversial gerund participials, while not admitting NPs: They spend their holiday touring Europe." The Cambridge Grammar of the English Language (2002), ch. 19, 4.4. (pp. 1660-1661) 97 Elément d’origine “directionnelle” capable de former un « phrasal verb » et/ou un « compound verb » : ABACK, ABOARD, ABOUT, ACROSS, ADRIFT, AHEAD, ALONG, APART, AROUND, ASIDE, ASUNDER, AWAY, BACK, BY, DOWN, FORTH, FORWARD, IN, NEAR, OFF, ON, OUT, OVER, PAST, ROUND, TO and FRO, THROUGH, TO, TOGETHER, UNDER, UP; il convient cependant de noter que seule une dizaine de ces « particules » est effectivement à l’origine de “compound verbs” [Cf. 3.1.2. ci-dessous] 111 Cahier du CIEL 2005-2006 Enfin, nous devons préciser aussi que nous n’étudierons pas dans ce chapitre les "compound verbs" précédés d’une "préposition" : forbid, forget, forgive, withhold, withstand…, dans la mesure où ni for, ni with, qui, pour nous, sont des "prépositions" – quand elles n’ont pas la fonction de "préverbes" – et non pas des "particules adverbiales", selon les critères que nous avons avancés dans notre thèse de doctorat98, ne peuvent participer à la construction d’un phrasal verb. Ces « compound verbs », construits avec une préposition préverbée pourraient donner lieu à une étude spécifique. Bien entendu, il conviendrait alors de bien distinguer entre FOR99 et FORE100, ce dernier pouvant se trouver dans une locution adverbiale : "come to the fore, fore and aft", sans jamais toutefois former de "phrasal verb". FORE est un préfixe dans les verbes suivants : foreshadow, forestall, forego (ou forgo)… Nous donnons ci-après deux exemples de notre corpus : The markers were all pointing in that direction. My journey, like that of Aeneas before me, was foreordained. My only hesitation was this: should I extend my travels further ? The Seven Sisters, p. 143 – Margaret Drabble And thinking, too, of the many reasons, including her shame, for her to accept defeat as a blessing and forgo hope of solving her in-the-middleness by participating in such an impossibly compromising scheme… The Human Stain, p. 274 – Philip Roth Enfin, précisions que forth, lui, est bien une "particule adverbiale" capable de générer des phrasal verbs (come, bring, go, show forth), mais on le trouve guère, en tant que "préverbe", que dans une forme "non finie"101 du verbe, à savoir le participe présent, avec une valeur adjectivale : forthcoming. Nous reviendrons ultérieurement [cf. section 4] sur l’abondance des formes « participiales » (en –ING ou en –EN) qui jalonnent notre corpus. Comme nous essaierons de le montrer en 3.2.1., il va de soi que, diachroniquement, les deux formes des "verbes composés" sont liées. Il nous restera à voir comment ces verbes se partagent les rôles tant sur le plan syntaxique que sémantique. En effet, il est aujourd’hui plutôt rare que deux formes symétriques [Particule ∈102 Verbe // Verbe ∍103/∈ Particule] aient exactement la même nature et/ou la même signification dans l’énoncé, bref qu’il ait total "isomorphisme" sémantique (load down ≠ download ; come over ≠ overcome ; end up ≠ upend, etc.). Il n’en reste pas moins que le système de formation des "compound verbs" est loin d’être fermé (upload, upstaff, outsource…) en anglais contemporain, tandis que des "phrasal verbs" nominalisés retrouvent une jeunesse "verbale" par le jeu de l’antéposition de la particule : « If only he’d done as his father had, as Walter had, everything would be happening another way. But first he had broken the law by lying to get into the navy, and 98 Pour une analyse complète des critères de différenciation entre « particule adverbiale » et « préposition », voir notre thèse de doctorat, chapitre 1: Qu’est-ce qu’un « phrasal verb » ? [1.1.], in "Etude syntaxique, sémantique et traductologique des « phrasal verbs » anglais" – M. Simon, Université Paris 7 – Denis Diderot (Octobre 2003). 99 Pref. (1) [Lat. per-, por-] IE. Prefix with variation of form and wide extent of meaning, but esp. implying (1) rejection, exclusion, prohibition, (2) destruction, (3) exhaustion. A prefix used to form vbs. and adjs.; now entirely obsolete as a living formation. Pref. (2) freq. in OE. and ME. as a var. of FORE-; THE SHORTER OXFORD ENGLISH DICTIONARY (2 vols., 1973). 100 Prefix. [Identical with FORE adv. and prep.] (1) to verbs, adding the sense of ‘before’ (in either time, position, order, or rank), and (2) to sbs., either forming designations of objects or parts occupying a front position, or expressing anteriority of time. 101 Cf. A linguistic study of the English verb, FR Palmer (1965), 1.2.1., p. 12 102 Rappel : Epsilon (∈) : « Symbole de l’opération/relation primaire de repérage dans la théorie de A. Culioli. Le symbole ∈ se lit « est repéré par rapport à ». Cette opération met en relation deux termes qui sont, dans l’ordre, le repéré et le repère. Ainsi, a ∈ b se lit « a est repéré par rapport à b » ; a est le repéré et b le repère. » Les mots de la linguistique, M. L. Groussier/C. Rivière (Ophrys). 103 Rappel : « Epsilon miroir : Symbole de l’opération/relation secondaire converse de l’opération primaire de repérage lorsque celle-ci à la valeur ≠. Le symbole ∍ se lit « est le repère de ». Ainsi, a ∍ b se lit « a est le repère de b ». M.L. Groussier, C. Rivière, op. cit., p. 72. 112 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais now, out looking for104 a white woman to fuck, he had plunged into the worst possible disaster. The Human Stain, p. 182. Nous allons maintenant examiner l’ensemble du corpus qui nous a servi de substrat à cette étude. 3.1.2. Le corpus Nous avons construit notre corpus en deux temps. Tout d’abord, nous avons répertorié l’ensemble des "compound verbs" présents dans deux dictionnaires105, l’un britannique, l’autre américain. Contrairement à ce qu’écrivait Jean Tournier (op. cit. 1985), nous n’avons pas cru bon d’inclure about, particule qui ne génère guère que about-turn et about-face, lesquels n’apparaissent d’ailleurs pas dans notre corpus "hors dictionnaire". Nous avons en revanche inclus under, qui, s’il ne participe qu’assez peu à la formation de "phrasal verbs" (go under, keep under…), s’avère en revanche extrêmement performant dans le développement des "compound verbs". Sans doute nous faudra-t-il nous interroger sur ces disparités de fonctionnement entre « phrasal verbs » et « compound verbs ». Nous renvoyons le lecteur à l’annexe 2 qui répertorie l’ensemble des « compound verbs » ou "préverbes"106 susceptibles de faire l’objet de notre étude, ce qui donne déjà le premier résultat suivant : Corpus élaboré à partir de deux by on off down back up under out over in (−) ← → (+) « dictionnaires » Corpus A 1 2 2 5 14 25 44 64 105 141 Puis, dans un deuxième temps, nous avons élaboré un corpus B107 de quelque 3458 pages, composé comme suit : 1. un corpus comprenant sept ouvrages de littérature contemporaine et six magazines ; 2. un autre corpus qui 104 Cf. to be on the lookout for sb/sth: to watch a place or situation continuously in order to find something you want or to be ready for problems or opportunities. Longman Phrasal Verbs Dictionary (2000) 105 LONGMAN DICTIONARY OF CONTEMPORARY ENGLISH, Longman Group Ltd, 1995. / WEBSTER’S NEW WORLD DICTIONARY of the American Language, Second College Edition, 1976. → Corpus A 106 Les chiffres du tableau indiquent le nombre de « compound verbs » répertoriés pour chaque particule. 107 Corpus B(1): The Da Vinci Code, Dan Brown (Doubleday – 2003); The Seven Sisters, Margaret Drabble (Penguin Books – 2003); The Veteran, Frederick Forsyth (Corgi Books – 2002); The King of Torts, John Grisham (Arrow Books – 2003); The Fourth Hand, John Irving (Black Swan – 2002); The Guns of Navarone, Alistair MacLean (HarperCollins – 1995); The Human Stain, Philip Roth (Vintage - 2001); NEWSWEEK, October 6, 2003; TIME, October 20, 2003, June 14, 2004, June 21, 2004, June 28, 2004, July 5-12, 2004. Quantité/Titres [1] Time Newsweek Corpus littéraire Nombre de magazines/livres 5 1 7 Nombre de pages retenues 362 66 2799 TOTAL = 428 pages = 2799 pages Soit 3227 pages Corpus B(2): TIME (August 18-25, 2003; September 8, 2003; September 22, 2003; September 15, 2003; September 29, 2003 ; October 6, 2003 ; October 27, 2003 ; NEWSWEEK (Special “Issues 2003” Edition [December 2002-February 2003], October 20, 2003; October 27, 2003; The ECONOMIST (June 28th-July 4th 2003 [Special 160th Anniversary Issue] ; September 20th-26th 2003 [Special Survey of the World Economy]); BUSINESS WEEK (December 23, 2002; February 24, 2003). Quantité/Titres [2] Total Time Newsweek The Economist Business week Nombre de magazines 7 3 2 2 14 magazines Nombre de pages retenues 23 28 98 82 231 pages NB : pour Time et Newsweek, nous avons retenu les seules rubriques consacrées à l’économie. Totalité des deux « corpus » [B1] + [B2] Quantité/Titres Magazines Corpus littéraire Nombre de magazines/livres 20 7 Nombre de pages retenues 659 2799 TOTAL [B] = 659 pages = 2799 pages → Soit 3458 pages 113 Cahier du CIEL 2005-2006 n’est autre que celui qui nous avait permis d’analyser les « phrasal verbs dans la presse économique »108, les verbes relevés cette fois-ci étant naturellement les « compound verbs ». Le tableau 37 ci-dessous répertorie l’ensemble des « compound verbs » formés avec les 10 « particules adverbiales » retenues : back, by, down, in, on, off, out, over, under et up, et devenues « préverbées ». Tableau 37 [Corpus B] BACK Backfire (4) Backtrack (1) BY Bypass (5) IN Incoming (3) Indrawn (2) Indwelling (1) Inflame (1) DOWN Down-curving (1) Downgrade (2) Download (5) Downplay (4) Downsize (1) UP ON Oncoming (1) Onrushing (1) Ongoing (12) OFF Offset (12) OUT Out and down-curving (1) Outbid (1) Out-camel driven (1) Outdo (5) Outfit (1) Outflank (2) Outfox (1) Outgoing (9) Outgrow (5) Outgun (2) Outlast (1) Upbraid (1) Upstage (1) Upcoming (9) Update (10) Upfling (1) Upgrade (5) Uphold (2) Upholster (1) Uplift (1) Upload (2) Uproot (2) Upset (9) Upsweep (1) Upthrust (1) Overassess (1) Overawe (2) Overbalance (1) Overbook (3) Overbuild (1) Overcharge (1) Overcome (30) Overcover (1) Overcrowd (1) Overdo (4) Overegg (1) Overenunciate (1) Overestimate (4) Overexcite (1) Overflow (6) Overfly (1) Overhang (5) Overhaul (1) Overhear (10) Overheat (3) Overinvolve (1) Overlap (5) Overlay (1) Overload (2) OVER Overlook (25) Overpaint (1) Overpay (3) Overplay (1) Overpower (2) Overpraise (1) Overproduce (1) Overreact (1) Overregulate (2) Override (7) Overrule (1) Overrun (5) Oversee (15) Oversell (1) Overshadow (4) Overshoot (2) Oversimplify (3) Oversleep (1) Oversmudge (1) Overspread (1) Overstate (4) Overstep (2) Overstretch (1) Overtake (15) Overtax (1) Overthink (1) Overthrow (3) Overturn (8) Overuse (1) Overwhelm (10) Overwinter (1) Overwork (3) Underappreciate (1) Undercount (1) Undercut (7) Underestimate (16) Underfund (1) Undergo (10) Underline (4) Underlying (10) Undermine (11) Undernourish (1) UNDER Underperform (2) Underpin (1) Underprepare (1) Underprice (1) Underrate (2) Underscore (1) Undersling (1) Understand (5) Undertake (5) Undervalue (5) Underwork (1) Underwrite (3) Outlaw (2) Outscore (1) Outline (5) Outlive (1) Outmaneuver (1) Outmatch (1) Outnumber (4) Outpace (3) Outperform (4) Outrage (2) Outrank (1) Outrow (1) Outsell (3) Outsource (3) Outspend (1) Outspoken (2) Outstanding (2) Outstretch (9) Outstrip (3) Outweigh (10) Nous observons d’emblée quelques correspondances très intéressantes entre nos deux corpus, l’un « potentiel », celui de nos deux dictionnaires, et l’autre « réel », celui relevé à partir de nos lectures : Particules "préverbées" By Off Back On In Down Up Under Out Over « Compound verbs » du Corpus B 1 1 2 3 4 5 14 22 31 56 Rappel du corpus A by on off down back up under out over in « dictionnaires » 1 2 2 5 14 25 44 64 105 141 108 Michel Simon (Université Paris 7 – Denis Diderot) : communication aux journées « Langues de Spécialité » [ENS Cachan et CLILLAC (Université Paris 7)] des 30 septembre et 1er Octobre 2005. 114 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais - Si in se trouvait à la première place dans le corpus A « dictionnaires » avec 141 verbes, il descend à la sixième place dans le corpus réel B. Pourquoi cela ? Notons tout d’abord qu’il convient de bien différencier entre in, « préfixe » qui s’oppose à out, et in, « préfixe » négatif (cf. injure, injury). C’est bien entendu le premier qui a retenu notre attention dans l’élaboration des deux corpus. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, integrate n’appartient pas à cette catégorie, dans la mesure où il provient de integer [Lat. in (not) + tangere (touch)]. Notons que de nombreux verbes sont attestés avec le préfixe EN : endorse, encapsulate, encase, endue, enfold, engraft, engrain, engulf, enlace, enmesh, enquire, ensheathe, ensnare, ensoul, ensphere, ensure, enthrall, entreat, entrench, entrust, entwine. En outre, il va de soi qu’un très grand nombre de ces "préverbes" d’origine latine ont un caractère savant qui leur fait souvent préférer une autre solution plus « anglo-saxonne » : indicate → show, institute → set up, install → set up, etc. Enfin, il nous reste à observer que nous aurions probablement trouvé beaucoup plus d’exemples dans un corpus par exemple de nature « juridique ou scientifique ». NB : il n’y a aucun exemple avec in dans le corpus B (2) « Economie ». - Nous remarquons que back est également très en retrait dans le corpus B avec seulement deux verbes attestés : backfire et backtrack. NB : tous les exemples attestés proviennent du corpus B (2) « Economie ». - Nous avons remarqué que certaines occurrences, telles que onrushing, upload, outspend…n’apparaissent pas encore dans tous les dictionnaires, ce qui peut s’expliquer compte tenu de la très grande « créativité lexicale » qui caractérise les verbes complexes anglais. - Nous observons enfin que les quatre particules les plus « prolifiques » du corpus : over, out, under et up se retrouvent dans la même proportionnalité dans les deux corpus A et B. Nous indiquons ci-après le taux d’apparition dans le corpus B [romans + presse] des "compounds verbs" du corpus A : UP UNDER OUT OVER 56% 50% 48% 53% - Enfin, toutes les "particules" de notre corpus B1 sont attestées dans le corpus B2 à l’exception de in, tandis que back, en tant que préverbe, n’apparaît que dans le corpus B2 (Economie). Le tableau 38 ci-après montre justement les compound verbs présents dans le corpus B2 (Economie) : Particules Corpus “Economie” OVER 24 OUT 16 UNDER 14 UP DOWN IN ON BACK OFF BY 5 2 ∅ 1 2 1 1 109 « Compound verbs » attestés dans B2109 - Tableau 38 Overcharge (1), overcome (4), overcrowd, overdo (2), overestimate (1), overhaul (1), overheat (2), overlap (2), overload (1), overlook (3), overpay (1), overproduce (1), overreact (1), overregulate (1), override (1), oversee (7), oversell (1), oversimplify (2), overstate (1), overshoot (2), overtax (1), overthrow (1), overturn (6), overwork (1) Outdated (1), outdo (1), outgoing (6), outgrow (2), outgun (1), outline (2), outmaneuver (1), outnumber (2), outpace (2), outperform (3), outrage (1), outsource (2), outspend (1), outstanding (2), outstrip (2), outweigh (7); Underappreciate (1), undercount (1), undercut (5), underestimate (1), undergo (1), underline (2), underlying (4), undermine (6), underperforming (1), underpin (1), underprice (1), undertake (1), undervalue (3), underwrite (2); Upcoming (4), update (3), upgrade (2), uphold (2), upset (2); Downgrade (1), download (2); ∅ Ongoing (5); Backfire (4), backtrack (1); Offset (10); Bypass (2); Dans ce tableau, les chiffres après chaque verbe indiquent le nombre d’occurrences dans le corpus. 115 Cahier du CIEL 2005-2006 Nous mettons en perspective dans le tableau 39 ci-dessous le nombre de « compound verbs » dans chacun des trois corpus examinés jusqu’ici : 1. Corpus A (dictionnaires), Corpus B (ensemble des compound verbs de notre corpus construit), et Corpus B2 (compound verbs de la presse économique) : Tableau 39 Particules « antéposées » Corpus A [Dict.] Corpus B Corpus B2 [Eco.] 105 24 OVER 56 64 16 OUT 31 44 14 UNDER 22 25 5 UP 14 5 2 DOWN 5 141 IN 4 ∅ 2 1 ON 3 14 2 BACK 2 2 1 OFF 1 1 1 BY 1 403 66 Totalité des "compound verbs" → 139 La colonne médiane (Corpus B) nous indique que la langue anglaise fait usage d’environ 139 « compound verbs » de façon assez courante, sachant, comme nous le verrons dans la deuxième partie, que cette classe lexicale est largement « ouverte », et en particulier avec certaines particules. Nous voudrions terminer ces premières données de nature statistique en considérant maintenant les seuls verbes les plus « prolifiques » du corpus B, c’est-à-dire ceux pour lesquels il y a des occurrences récurrentes [Tableau 40]. « Compound Particules verbs » du corpus B OVER OUT UNDER UP DOWN IN ON BACK OFF BY 110 56 31 22 « Compound verbs » les plus prolifiques110 - Tableau 40 Overcome (30), overlook (25), oversee (15), overtake (15), overhear (10), overwhelm (10), overturn (8), override (7), overflow (6), overhang (5), overlap (5), overrun (5), overshadow (4), overstate (4), overestimate (4), overdo (4), overbook (3), overpay (3), overheat (3), oversimplify (3), overwork (3), overthrow (3); Outweigh (10), outstretch (9), outgoing (9), outdo (5), outgrow (5), outline (5), outperform (4), outnumber (4), outsell (3), outpace (3), outsource (3), outstrip (3); Underestimate (16), undermine (11), underlying (10), undergo (10), undercut (7), understand (5), undervalue (5), undertake (5), underline (4), underwrite (3); 14 Update (10), upset (9), upcoming (9), upgrade (5); 5 Download (5), downplay (4), downgrade (2); 4 Incoming (3); 3 Ongoing (12); 2 Backfire (4); 1 Offset (12); 1 Bypass (5); Dans ce tableau, les chiffres après chaque verbe indiquent le nombre d’occurrences dans le corpus. 116 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Ce tableau nous permet de préciser quels sont les « compound verbs » les plus employés avec chaque « particule », soit environ 56 verbes d’usage assez courant [cf. tableau 41 ci-dessous]. Il convient de noter ici que ce travail quantitatif ne concerne que l’anglais écrit, et mériterait d’être enrichi par un relevé systématique des occurrences entendues, par exemple, sur les chaînes de radio ou de télévision anglophones : thank you for updating us (BBC World), …the ongoing situation (BBC World), Who has the clearest plan to overhaul US intelligence agencies (CNN), etc ; le verbe downsize semble aussi très employé dans les bulletins économiques, alors qu’il n’apparaît même pas dans le corpus B2. Tableau 41 Particules « préverbées » : Corpus B OVER 22 OUT 12 UNDER 10 UP 4 DOWN 3 IN 1 ON 1 BACK 1 OFF 1 BY 1 56 "compound verbs" prolifiques → Nous en arrivons ainsi à établir une échelle qui marque l’importance des « particules adverbiales » de l’anglais lorsqu’elles fonctionnent en "préverbation" (un seul compound verb avec by, 22 compound verbs avec over)111 : Particules (−) By Off Back On In Down Up Under Out Over (+) in “compound verb” Il n’est pas inintéressant, à ce stade de notre étude, de comparer les résultats que nous obtenions d’une part avec le corpus de notre thèse de doctorat, où nous avons privilégié l’étude de sept particules : Degré d’occurrence des particules adverbiales dans la construction des « phrasal verbs » 1. Thèse sur les « phrasal verbs » (−) IN DOWN OVER ON OUT OFF UP (+) (Valence syntaxique) Et d’autre part avec le corpus de la communication consacrée aux « phrasal verbs » dans la presse économique : 2. Les « phrasal verbs » dans la presse économique. (−) by (…) over back on (…) in off down out up (+) Bien entendu, ainsi que nous l’avons déjà souligné, c’est l’apparition de la particule "préverbée" under qui apparaît comme la plus grande nouveauté, puisque under est très rarement particule adverbiale à l’origine de phrasal verbs (go under, keep under), alors qu’elle joue un rôle très important tant sur le plan « prépositionnel » que « préverbial ». Manifestement, trois particules (off, on et up) semblent jouer un rôle moindre lorsqu’elles forment des « compound verbs », alors qu’au contraire over est de loin la première « particule préverbale ». Les autres particules (back, by, down, in et out) se retrouvent avec, peu ou prou, le même classement dans les deux systèmes. Après ces diverses données de nature "quantitative", nous allons tenter de proposer une analyse sémantico-syntaxique du "compound verb", tout en ayant au préalable défini nos critères « méthodologiques ». 111 Pour une analyse plus complète de la « préverbation » dans les langues indo-européennes, nous renvoyons le lecteur : 1. aux Actes d’un colloque sur la préverbation [Nov. 1993 – Lille III], op. cit., et 2. au chapitre 7 : « Préverbation et lexicalisation » de notre thèse de doctorat, [M. Simon, op. cit. (2003)]. 117 Cahier du CIEL 2005-2006 3.2. Critères d’analyse Lorsque l’on examine un compound verb, on ne peut s’empêcher de se poser immédiatement la question : l’équivalent symétrique existe t-il ? Et réciproquement d’ailleurs. Par exemple, chuck up et upchuck existent bien tous les deux, mais ont-ils le même sens ? Si la réponse est positive dans ce cas précis, il peut en être tout autrement, avec, par exemple, l’opposition "sémantique" de upset et set up. Et si root up et uproot sont attestés tous les deux, en revanche, on cherchera en vain l’équivalent, comme "préverbe", de play up → *upplay ; tandis que le "composé" income n’est l’équivalent, ni sur le plan syntaxique (Nom), ni sur le plan sémantique (un revenu) [du moins "directement"], du prédicat come in. Enfin, le phénomène de conversion – comme cela est le cas pour les phrasal verbs [cf. egg → egg on]112 – permet la transformation d’un nom en prédicat : holster [N] → upholster [V] (mais *holster up). Bref, on le voit, les paramètres sont extrêmement complexes, et chaque verbe "préverbé" mériterait, avant toute tentative d’analyse "synchronique", une approche "diachronique" pour connaître son histoire "dérivationnelle". C’est la raison pour laquelle nous avons placé en annexe 3 l’évolution sémantique des "préfixes", ou "particules préverbées", étudiés dans cet article. Il va de soi qu’il est important de consulter, pour chaque "préverbe", un dictionnaire historique de la langue. The Shorter Oxford English Dictionary nous apprend ainsi que le verbe income113 devient obsolète à la fin du 16ème siècle. Notre but, dans cet article, n’est évidemment pas de retracer l’historique de chaque compound verb attesté, mais on ne saurait cependant complètement passer sous silence le mécanisme de passage à droite, ou à gauche, de la « particule adverbiale » d’origine directionnelle. 3.2.1. Approche diachronique du « compound verb » Ce que notent tous les linguistes spécialistes de la question [cf. 1.1.2. ci-dessus], c’est qu’il y a bien eu une évolution des « particules » entre le Gotique et le Moyen Anglais. D’une part, les « préverbées » tendent à se transformer en adverbes, et d’autre part de nouveaux adverbes se situent non plus à gauche, mais à droite du verbe. Nous résumons sous forme de tableau [42] la démonstration faite par Thomas Fraser114 : Tableau 42 Gotique Vieil-anglais Moyen-anglais Evolution de la langue → afufar- of- under- ofer ∅ ofer Préverbe ∅ ∅ af- undar- ufar- of- under- ofer of- under- ofer Préposition ufaro (of-) under- ofer of- under- ofer Adverbe ∅ ∅ Ainsi, il apparaît que les « compound verbs » qui nous intéressent précèdent bien – structurellement – les « phrasal verbs » qui, selon H. Marchand, se trouvent en place dans la langue dès le 14ème siècle : « Une des raisons qui a pu être avancée pour expliquer le passage de la structure préverbe + verbe vers la structure verbe + postverbe en anglais est le contact linguistique auquel la langue a été soumise au cours de son histoire, et en particulier le contact avec le vieux-norrois. S’il est difficile de confirmer ou d’infirmer cette influence, en l’absence de documents écrits, il est certain que le développement du verbe à particule était achevé à l’époque du moyen-anglais. Comme l’écrit H. Marchand (1969 : 131) : "An important factor which stopped the development of prefixes out of native material was the tendency to form postparticle verbs. This development is achieved by the 14th century." Mais cette tendance à former des verbes à particule se manifeste dès la période du vieil-anglais dans le west-saxon classique, c’est-à-dire dans le dialecte qui a le moins subi l’influence du vieuxnorrois. La situation de diglossie qui devait exister dans le Danelaw a sans doute accéléré cette tendance, qui en 112 Cf. 2.2.1. ci-dessus. †Income,v. [OE. incuman; a collocation of IN adv. + COME v. Now repl. by come in.] intr. To come in, enter –1565. The SOED. 114 Du Préverbe au Postverbe en Vieil-Anglais, in Actes d’un colloque sur la préverbation [Nov. 1993 – Lille III], établis par A. ROUSSEAU (1995), op. cit. 113 118 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais fait participe de la restructuration typologique qui a vu l’anglais passer des structures synthétiques héritées du germanique et de l’indo-européen vers les structures analytiques que l’on observe dès le moyen-anglais. » T. Fraser, op. cit. p. 96 Mais, l’évolution de ces « préfixes » verbaux est double : 1. déplacement et détachement postverbal, comme l’indique le tableau 42 (ci-dessus), mais aussi, 2. évolution « sémantique » de valeurs directionnelles vers des valeurs « aspectuelles » [cf. tableau 3 ci-dessus (in chapitre 1)]115. Laurel J. Brinton (op. cit. p. 217) précise à cet égard que l’on peut distinguer trois sortes de "particules"116 lors de ce passage du Vieil anglais au Moyen anglais : 1. celles qui restent préverbées : a-, be-, for, ge-, to- [‘pure prefixes’ cf. de la Cruz (1975)] ; 2. celles qui prennent véritablement une fonction adverbiale : Þurh, forð, ymb, on, ofer, of, autrement dit : through, forth, round, on, over et off ; 3. enfin, celles qui font leur apparition au cours du Moyen-anglais et qui sont appelées à remplacer le système de "préfixation" antérieur : up, ut, onweg/aweg, ofdune/adune (= up, out, away, down). Quant aux quatre autres particules qui nous intéressent (by, under, back, in) : le préfixe be- et la préposition by seraient étymologiquement apparentées, under était déjà présent en vieil anglais, back (cf. aback) remonterait au Moyen-anglais, et in est naturellement un "préverbe" d’origine latine. Or, nous trouvons bien en anglais moderne, autrement dit depuis le 16ème siècle, des verbes qui fonctionnent avec les deux types de particules : préverbales et postverbales (bypass vs pass by ; downplay vs play down ; offset vs set off ; upset vs set up ; outsell vs sell out ; overspread vs spread over ; undergo vs go under ; etc.) Quelles valeurs sémantiques ces particules préverbales ont-elles conservées ? Nous voyons bien, en consultant les dictionnaires étymologiques, qu’un très grand nombre de ces compound verbs, devenus aujourd’hui “obsolètes”, avaient à l’origine une valeur "directionnelle". Donnons ainsi quelques exemples: †Backset (to set upon in the rear) ; †Downbear (to bear down, press down, cause to sink) ; †Income (to come in, to enter) ; †Onset (to make an onset upon, to set upon, attack) ; †Outdo (to put out); †Overgive (to give over or up, hand over); †Undergo (to go or pass under); †Upbring (to rear), autant de verbes qui ont depuis longtemps disparu de la langue, du moins en ce qui concerne leur sens “originel”. Ainsi le préverbe undercut117 est-il toujours en usage de nos jours, mais pas dans le sens qu’il avait jusqu’au 16ème siècle : to cut down ; to cut (away) below or beneath (1598). 115 Voici ce que nous écrivions en 2.2.2. de notre thèse : "Dans The development of phrasal verbs in English, Laurel J. Brinton présente plusieurs approches sur l’origine du phrasal verb, dont elle inscrit plus largement l’évolution au sein des systèmes aspectuels de l’anglais. L. J. Brinton essaie de démontrer qu’il y a eu une double évolution, d’une part sur le plan syntaxique, dans la mesure où de leur position préfixée, les particules, anciennes et nouvelles, sont progressivement passées à droite du verbe, et d’autre part sur le plan sémantique, dans la mesure où ces morphèmes allaient en quelque sorte se partager – dans un premier temps – les rôles, les préfixes gardant essentiellement une valeur aspectuelle, et les particules revenant à une première valeur spatiale, pour ensuite elles-mêmes tirer de cette valeur de base directionnelle d’autres valeurs de nature aspectuelle, voire modale, ce que nous pouvons résumer par le tableau suivant : [Tableau (12) ( T 3 dans cet article)] Evolution sémantique des “particules” : Evolution de la langue : Particles Prefixes → Aktionsart (“aspect” lexical) "spatial" Old English Ø "non-spatial" Middle English (…) » Etude syntaxique, sémantique et traductologique des « phrasal verbs » anglais. M. Simon, op. cit. p. 74 116 NB: Nous soulignons en gras les particules auxquelles nous nous intéresserons dans ce chapitre. 117 “to sell goods or services more cheaply than (a competitor)” Longman Dict. of English Language & Culture. 119 Cahier du CIEL 2005-2006 Ceci corroborerait la remarque de nombreux linguistes, cités par Laurel J. Brinton118, selon lesquels le passage à droite du verbe de la particule "adverbiale" ne laisse au "préverbe" qu’un sens marginal, appelé à "se dématérialiser" en se figeant au verbe support. Ainsi, le verbe †income disparaît-il vers 1565, non seulement pour se transformer en substantif, mais progressivement pour acquérir un autre sens,[→ "a fee paid on coming in ; entrance money" (1712)], autrement dit, le moyen par le but. Cet exemple nous apprend deux choses : 1. il y a bien eu transformation syntaxique (Verbe → Nom) ; 2. il y a eu également évolution sémantique, non pas de la seule "particule", mais de l’ensemble prédicatif "IN + COME". En effet, si nous observons attentivement l’évolution historique de ces préverbes, nous observons deux phénomènes essentiels : 1. Tout d’abord une transformation syntaxique du "verbe" préfixé vers le "nom verbal" (dérivation-zéro ou nominalisation en –ing/er), ou des "formes participiales (-ing ou –EN)" [ex : †bystand → bystander ; †bygo → bygoing, bygone ; †upbring → upbringing ; †intake → intake]. Mais nous assistons aussi à la naissance de "compound verbs" provenant de "noms composés" [Particule + NOM], tel outcrop, lequel est d’abord attesté comme "nom" (1805), et ensuite comme "verbe" (1845). C’est bien évidemment le cas de verbes tels downgrade et upgrade, attestés d’abord [cf. The Shorter Oxford English Dictionary] comme substantifs et/ou adverbes [USA, fin 19ème siècle]. 2. Mais le changement n’est pas seulement d’ordre syntaxique. En effet, lorsque le verbe "préverbé" du Moyenanglais subsiste en anglais contemporain, il a très souvent changé de sens, comme nous l’avons vu avec le verbe undercut ci-dessus. Autrement dit, sa signification est devenue moins transparente, moins compositionnelle. C’est la raison pour laquelle nous présentons ci-après plusieurs exemples de cette « double évolution », syntaxique et sémantique. Tableau 43 (évolution « syntaxique et sémantique » de quelques « compound verbs ») Particules Nom → Verbe Verbe → Nom Verbe → participe adj. Littéral → Figuré Backset [1721] Backcast [1580] Backslide Back [sb. 1897] → Backfire Bystander [1619] Bygone, ME; – By [sb. 1848] → Bypass Bygoing [1637] Downcast Down [sb. 1885] → Downgrade Downcome [1513] Downcast [1602] Onset [1667] Ongoing [1825] – – On Onlooker Onlooking [1663] Offlet [1838] – – Offset Off Offprint [1885] Inbreak [1837] Income [1601] Incoming [1753] – Incur In Inrush [1817] Indrawn [1751] Intake [1523] Upcast [1611] Upheave Upcoming [sb. 1888] → Upgrade Upkeep [1884] Uphold Upstanding Up Uproar [1831] Uproar [1526] Uproot Upturned [1592] (= to make an uproar) Uptake [1816] Upset Outcrop [sb. 1805 → Outbreak [1602] Outbreathed [1597] v. 1845] Outburst [1657] Outcast [late ME] Outgo Outcast [ME] Outgoing [1633] Out Outline [sb. 1662 → Outweigh Outcome [ME] Outlying [1663] v. 1790] Outflow [1800] Outspoken [1808] Outsource 118 “In Modern English, prefixed verbs survive in remnant forms preserving the stress pattern of Old English, for example, arise, bereave, forbear, outdrink, overtake, or withdraw. It is commonly observed that the meanings of these forms are not transparent but are frozen or lexicalized (Konishi 1958 : 118; Lipka 1972: 163; Fraser 1974: 29; Hiltunen 1983a: 217, 218); that the prefix is colourless or has a completely new value (Kennedy 1920: 16); and that these compounds aften have figurative meanings in comparison to their phrasal counterparts (Curme 1913/14: 322, 352; Kennedy 1920:14, 15, 16; Roberts 1936: 477; Live 1965: 442n.; Lindemann 1970:27-8):e.g. uphold vs. hold up, overlook vs. look over, or outlive vs live out, uproot vs. root up (but see Lipka 1972: 165). That is, following Kurylowicz’s Fourth Law of Analogy (Kurylowicz 1945-9), the prefixed forms preserve more marginal meanings (Bloomfield 1933: 443, 434), while the new forms take over the central (concrete or literal) meanings. Furthermore, the prefixed forms are preserved, it is argued, precisely because they have acquired these specialized meanings (Curme 1913/14: 326; Kennedy 1920: 14)”. Brinton Laurel J. op. cit. pp. 187-188. 120 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Over Overdose [sb. 1690 → v. 1727] Overstock [sb. 1565 → v. 1649] Overweight [sb. 1511 → v. 1603] Under Underdress [sb. 1785 → v. 1908] Outlet [ME] Outlook [1667] Output [1839] Outset [1540] Overfall [1542] Overhang [1864] Overlap [1813] Overlook [1584] Overreach [1556] Overthrust [1883] Undercut [1859] Underline Underset [1747] Underwear [1880] Underwork [1624] Outstanding [1570] Outworn [1548] Outwrought Overcast [1569] Overdone Overflowing Overworn [1565] Overwrought [1670] Overdraw Overgo Overpeer Underdone [1683] Underhung [1683] Underlying [1611] Undergo Undermine Cet échantillonnage est bien ententu « non exhaustif », mais on peut remarquer les points suivants : 1. L’abondance des « nominalisations » (conversion ou dérivation-zéro) de nombreux « compound verbs » qui n’ont plus de réelle fonction verbale en anglais contemporain. 2. La formation non négligeable de participes « adjectivaux » (aspect imperfectif ou terminatif), phénomène de transformation « syntaxique » que nous étudierons en section 4. 3. La reconversion sémantique des « compound verbs » directionnels, sinon leur disparition semble quasi programmée : †Inburst, †Outcome, †Overgive, †Overglance, †Upbring, etc. 4. Enfin, la productivité du système ["Particule + Nom" → "compound verb" créé par conversion (cf. outline)], et l’exemple intéressant de uproar, qui, d’origine préverbale en Vieil-anglais, devient "nom" en 1526 [In (an) uproar = in a state of tumult], puis redevient "verbe" (intransitif) avec le sens de "to make an uproar" en 1831. Notons enfin qu’il serait intéressant de suivre l’évolution d’un nom verbal tel que offshoring119, lequel pourrait fort bien, d’ici quelque temps, par "dérivation inverse" (backformation120), devenir "prédicat" à part entière, comme cela est d’ailleurs devenu le cas pour outsource121 (nom verbal → verbe). Cependant, nous voyons à travers l’exemple ci-dessous, tiré d’une nouvelle, The Veteran, de Frederick Forsyth, publiée en 2002, que le système reste très « ouvert », puisque overpaint122 est considéré comme une forme obsolète dans l’édition 1973 du Shorter Oxford English Dictionary. On pourrait certes dire que l’auteur a voulu faire un effet stylistique en reprenant un « préverbe » qui ne serait plus utilisé depuis le 17ème siècle, mais il n’en reste pas moins que cette forme ne présente aucune difficulté de compréhension pour les anglophones. Ainsi, 119 A en croire les dictionnaires “historiques”, offshore est d’abord attesté comme adverbe (1720), puis adjectif (1845) et préposition (1965). Il est aujourd’hui devenu un nom verbal à part entière : "More than two years after the U.S. began worrying about the export of American jobs to lower-cost countries, Europe has finally woken up to the “offshoring” threat." Time, October 11, 2004, p. 30. 120 “Back-formation is the coining of a new word by taking an existing word and forming from it a morphologically more elementary word. It is usually a matter of deleting an affix.” [2.5.] HUDDLESTON, Rodney et PULLUM Geoffrey K. (2002) The Cambridge Grammar of the English Language. CUP. 121 “The political backlash in the United States against such outsourcing has built rapidly in the past year; nearly two dozen states have voted on legislation to ban government work form being contracted to nonAmericans.” The International Heral d Tribune, February 9, 2004, p. 8 → “Last month’s budget also gave tax cuts to companies vulnerable to outsourcing, as well as to companies that shift previously outsourced jobs back to France.” Newsweek, October 18, 2004, p. 45. → “Just over 50% of the European firms surveyed by Roland Berger said they were looking to outsource in other European countries, compared with 37% targeting Asia. Time, October 11, 2004, p. 31” 122 Overpaint : v. (1611) †To paint over with another colour –1614 ; 2. To colour too highly (1750). The SOED. 121 Cahier du CIEL 2005-2006 Frederick Forsyth joue sur l’opposition entre paint over (over étant une « préposition ») et overpaint (« préverbe »), ce dernier n’étant d’ailleurs pas attesté dans les dictionnaires : Using someone else’s old painting and painting over it [“prepositional verb”] was not uncommon, and it was quite well known in the history of art for some talentless idiot to overpaint [“compound verb”] an earlier work of genuine merit. Thankfully modern technology had made it possible to age and date tiny fragments of wood, canvas and paint, to identify not only the country of source but sometimes even the school from which they came, and to X-ray an overpainting [nominalisation] to see what lay underneath. Frederick Forsyth, The Veteran, p. 172 Nous avons maintenant tous les éléments pour aborder ces verbes du point de vue « synchronique ». 3.2.2. Approche « synchronique » Le « compound verb » qui retient notre attention dans ce chapitre est, comme on l’a dit, formé d’une particule d’origine « directionnelle » et d’une BASE, ou élément autonome, qui peut être d’origine verbale, nominale ou même adjectivale, ce dernier cas étant d’ailleurs beaucoup plus rare. Nous commencerons par considérer la compatibilité ou non de chaque particule « préverbée » avec chacun des trois types de « base » : Composition des « compound verbs » Tableau 44 Particules Base : « Préverbées » : Verbale Nominale Adjectivale Backbite Backfire Back ∅ Bypass By ∅ ∅ Downplay Downgrade Down ∅ Ongoing On ∅ ∅ Offset Off ∅ ∅ Input Inurn Incarnadine123 In Uplift Upgrade Up ∅ Outgrow Outwit Outsmart Out Overstay Overtop Overdry Over Understand Underline Under ∅ Nous nous apercevons que toutes les possibilités combinatoires n’ont pas été retenues par la langue, ce qui est très certainement d’abord dû au sens intrinsèque de chacune des « particules »124. Les plus prolifiques sont à nouveau les particules téliques (out, over), alors que on, by (particules atéliques), et off (particule ici ingressive) ne sont guère productives sur le plan de la « conversion » verbale. Le cas de off nous renseigne à un double titre : 1. "historique" tout d’abord, dans la mesure où offset était à l’origine en concurrence avec outset au sens de « start » ; outset est devenu un « nom » en 1759, alors que le « phrasal verb » set off se substituait à offset dès le début du 16ème siècle ; 2. "sémantique" ensuite, puisque la position de off à gauche du verbe semble à la fois le priver de son sens « directionnel », mais aussi lui interdit de construire la valeur "égressive" (point d’arrivée d’un procès). Mettons ainsi en perspective l’évolution de ces deux « préverbes », offset et outset : Préverbes : Offset Outset 123 Moyen Anglais : Anglais Moderne : Sens « directionnel » Sens « directionnel » Sens « non directionnel » Offset (V) Set off (V) Offset (V) [ = compensate] → (N) Outset (V) Outset (N) / Set out (V) ∅ En réalité, c’est « incarnadine » tout entier qui est adjectif : incarnadine [= flesh-colored] → devient prédicat vers 1605 : « to make incarnadine », équivalent de REDDEN. Cf. les vers de William Shakespeare : Will all great Neptune’s ocean wash this blood Clean from my hand ? No; this my hand will rather The multitudinous seas incarnadine, Making the green one red. Macbeth, ACT II, Scene 2. 124 Cf. Particule adverbiale et « franchissement de frontière » in Thèse de doctorat [3.1.6.], M. Simon, op. cit. 122 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Si la perspective diachronique est très instructive quant à cette « double évolution » du « compound verb » (syntaxique et sémantique), la mise en perspective des dix particules « préverbées » avec leurs « verbes supports » l’est tout autant. Quels sont en effet les verbes les plus aptes à devenir verbes préverbés ? C’est pourquoi nous nous proposons maintenant de considérer, dans le tableau 45 ci-après, la capacité « préverbative » d’une soixantaine de verbes courants de la langue anglaise avec chacune de nos dix particules. Précisons que nous avons volontairement exclu de ce tableau les verbes qui n’admettent qu’une seule particule, et qui, en outre, ne donnent lieu qu’à une seule occurrence dans notre corpus : Tableau 45125 [Combinaisons attestées pour 60 verbes d’usage courant] Part. Verbes Back By Down On Off In Up Out Over Bid ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Outbid Overbid Book ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Overbook Build ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Outbuilding Underbid ∅ Overbuild ∅ Come ∅ ∅ ∅ Incoming Income Upcoming outcome Overcome ∅ Cut ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Incut ∅ ∅ Date Backdate ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Update Outdated Do ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Outdo Estimate ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Fit Flame Flow ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Inflame Inflow ∅ ∅ ∅ Outfit Outflame Outflow Go ∅ Bygone ∅ Ongoing ∅ Ingoing ∅ Outgoing Grade ∅ ∅ Downgrade ∅ ∅ Upgrade ∅ Grow ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Ingrowing Ingrown Ingrowth ∅ Outgrow Overgrown Hang ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Overhang Hear Heat Hold Lap ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ †Inhold ∅ ∅ ∅ Uphold ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Overhear Overheat ∅ Overlap Lay ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Inlay ∅ Outlay Overlay Let ∅ ∅ ∅ ∅ Offlet Inlet ∅ outlet ∅ Lie ∅ ∅ Downlying ∅ ∅ Inlying ∅ Outlie Overlie Line ∅ ∅ ∅ ∅ Offline ∅ ∅ Outline ∅ Live Load Look ∅ ∅ ∅ †Bylive ∅ ∅ ∅ Download ∅ ∅ ∅ Onlooker ∅ Offload ∅ ∅ ∅ Inlook ∅ Upload ∅ Outlive ∅ Outlook Overlive Overload Overlook Mine ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Number Pace ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Outnumber Outpace ∅ ∅ Pass ∅ Bypass ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Outpass Overpass Pay ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Overpay 125 Downcome Oncoming Under Undercut ∅ ∅ UnderOverdo done UnderOverestimate estimate ∅ ∅ ∅ ∅ Overflow ∅ UnderOvergo go ∅ ∅ ∅ Undergrowth Underhung ∅ ∅ ∅ ∅ Underlay Underlet Underlie Underline ∅ ∅ ∅ Undermine ∅ ∅ Underpass Underpay Les formes "non verbales" [conversion nominale, nominalisation en –ing/er, adjectif "verbal"] sont en italique. 123 Cahier du CIEL 2005-2006 Perform ∅ ∅ ∅ ∅ Play ∅ Byplay Downplay ∅ Put Raise Ride Rise Root Rule ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Run ∅ ∅ ∅ ∅ See ∅ ∅ ∅ ∅ Sell ∅ ∅ ∅ ∅ Set Backset ∅ ∅ Onset Shadow Simplify ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Size ∅ ∅ Downsize ∅ Source ∅ ∅ ∅ ∅ Stand ∅ Bystander ∅ ∅ State ∅ ∅ ∅ ∅ Stretch Strip ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Take ∅ ∅ ∅ ∅ Think Throw Turn ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Downthrow Downturn ∅ ∅ ∅ Value ∅ ∅ ∅ ∅ Weigh ∅ ∅ Downweigh ∅ Whelm ∅ ∅ ∅ ∅ Work ∅ ∅ ∅ ∅ Write ∅ ∅ ∅ ∅ Underperform UnderOutplay Overplay ∅ ∅ ∅ play offputting Input Output ∅ ∅ ∅ Upraise ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Outride Override ∅ ∅ ∅ ∅ Uprise ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Uproot Outroot ∅ ∅ ∅ ∅ Overrule ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ UnderInrunning Outrun Overrun ∅ ∅ run Outsee Oversee ∅ ∅ ∅ ∅ UnderOutsell Oversell ∅ ∅ ∅ sell UnderOffset Inset Upset outset Overset set †Inshade Overshadow ∅ ∅ ∅ ∅ Oversimplify ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ UnderOutsize Oversize(d) ∅ ∅ ∅ size(d) Outsource ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ UnderUpstanding Outstanding †Overstand ∅ ∅ stand UnderInstate Overstate ∅ ∅ ∅ state Outstretch Overstretch ∅ ∅ ∅ ∅ Outstrip ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ UnderOfftake Intake Uptake Outtake Overtake take Overthink ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Upthrow Outthrow Overthrow ∅ ∅ ∅ Inturn Upturn Overturn ∅ ∅ ∅ UnderOvervalue ∅ ∅ ∅ ∅ value UnderOutweigh Overweigh ∅ ∅ ∅ weight Overwhelm ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ UnderInwork Outwork Overwork ∅ ∅ work UnderOutwrite Overwrite ∅ ∅ ∅ write ∅ ∅ ∅ Outperform ∅ Nous connaissons déjà les particules les plus actives de notre corpus (cf. 3.1.2.), si bien que nous pouvons maintenant y ajouter les verbes les plus aptes à la « préverbation », que celle-ci soit purement verbale, nominale, participiale, voire adjectivale. Ce sont les 28 verbes suivants : set (8 préverbes), come, go, take, (6 préverbes), lie, play (5 préverbes), grow, lay, let, load, look, pass, run, size, stand, throw, turn, weigh, work, (4 préverbes), bid, date, do, flow, line, put, sell, state, write, (3 préverbes). Enfin, nous croisons dans le tableau 46 ci-dessous les verbes susceptibles d’être préverbés (cf. tableau 45) et les "compound verbs" les plus prolifiques de notre corpus (cf. tableau 40) : Particules "préverbées" : "Compound verbs" du Corpus B Over 56 Out Under 31 22 126 Tableau 46 Capacité à « préverbation » + prolificité des « préverbes » du corpus126 Overcome (30), overlook (25), overrun (5), overtake (15), overthrow (3), overturn (8), overwork (3), overdo (4), overflow (6), overstate (4); Outgoing (9), outgrow (5), outweigh (10), outdo (5), outline (5), outsell (3); Undergo (10), undertake (5), underlying (10), underline (4), underwrite (3), understand (5); Dans ce tableau, les chiffres après chaque verbe indiquent le nombre d’occurrences dans le corpus. 124 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Up Down In On Back Off By 14 5 4 3 2 1 1 Upset (9), upcoming (9), update (10); Downplay (4), download (5); Incoming (3); Ongoing (12); ∅ Offset (12); Bypass (5); Ainsi, nous remarquons une certaine « corrélation » entre les deux tableaux, puisque 31 verbes du tableau 40 [soit ≅ 55%] se retrouvent dans le tableau 46, avec au premier rang les verbes supports habituels de la langue anglaise : come, go, do, run, set, take, turn, mais aussi d’autres verbes tels : date, flow, grow, lie, line, load, look, pass, play, sell, stand, state, throw, weigh, work, write qui contribuent très largement à la formation des compound verbs, tant par le nombre de particules préverbées qu’ils accueillent, que par le nombre d’occurrences que chacun d’entre eux produit. Or, sachant que nous avons, dans notre corpus B, environ 495 occurrences de « compound verbs » [au nombre de 139] pour un total de quelque 3458 pages, nous avons toutes les chances de rencontrer seulement 0,14 verbe « préverbé » par page ! Aussi, n’est-ce pas, selon nous, un hasard si dans un article "sportif" de Time en date des 5-12 juillet 2004, ce ne sont pas moins de 6 « compound verbs » que nous découvrons en deux pages seulement du magazine : "Italy (…) whose outgoing coach is in denial. (…) / And of course Spain, which overtook the Netherlands for futility (…) / The Portuguese, too, went through on penalties, beating an outplayed and outraged England 6-5. (…) / The Czech Republic overrunning the Dutch. (…) / In Portugal, they outdid themselves, blaming the heat, (…). In need of some fresh legs," Time July 5-12, 2004, pp. 74-75. En réalité, ces exemples vont nous fournir une transition pour examiner les valeurs des « particules préverbées », ou plutôt les « opérations » dont celles-ci sont la trace. 3.2.3. Opérations sous-jacentes à examiner Nous nous rappelons que, pour notre travail sur les phrasal verbs, nous avons déterminé quatre paramètres que nous rappelons ici : 1. le niveau fonctionnel ; 2. la sémantique verbale ; 3. la valence syntaxique ; 4. la valence sémantique. Au cours de l’élaboration de notre nouveau corpus, nous nous sommes vite aperçu que ces paramètres pouvaient parfaitement être repris pour une analyse syntaxico-sémantique des "compound verbs" anglais. En effet, une particule "préverbée" peut parfaitement transformer la catégorie "lexico-aspectuelle" du verbe de base : "In which year did a Harvard sculler last outrow an Oxford man at Henley ?" The Da Vinci Code, Dan Brown, p. 241 [verbe d’activité (row) → verbe d’accomplissement (outrow)]. Elle est, en outre, tout à fait capable de transformer la "valence" syntaxique du verbe auquel elle se soude ; "A restraining order is going to inflame him." The Human Stain, Philip Roth, p. 77 [verbe intransitif (flame) → verbe transitif (inflame)], exemple qui pose également le problème de la valence sémantique [C0 non animé (order) et C1 animé (him)], sujet complexe que nous aborderons seulement dans la cinquième partie de cette étude. Enfin, comme pour les phrasal verbs, la particule préverbée construit avec le verbe une relation de nature plus ou moins "compositionnelle", allant du sens le plus "littéral" au sens le plus "construit", la signification globale du compound verb ne pouvant alors plus faire l’objet d’une récupération par la simple addition sémantique des éléments qui la composent [niveau fonctionnel]. Ainsi, nous bien affaire au résultat de l’opacification127 du verbe “Over + Come” dans l’exemple suivant : “Say to yourself, I am brave, I am overcoming this fear, this stupid, unreasoning panic which has no origin except in my own mind, (…)” The Guns of Navarone, Alistair MacLean, 127 Cf. L’usager et la motivation [§ 1.4.5], Jean Tournier, op. cit. p. 56. 125 Cahier du CIEL 2005-2006 p. 106. C’est ainsi que nous en sommes venu à reprendre les trois niveaux fonctionnels mis au jour pour l’analyse des phrasal verbs. Nous parlerons donc de niveau 1 lorsque la particule, ici le préverbe, conserve une valeur "directionnelle", de niveau 2, lorsqu’elle construit une valeur "aspectuo-modale", enfin de niveau 3 si le préverbe ne conserve plus qu’une valeur "notionnelle", lui permettant alors de construire un sens « globalisé » avec le verbe support. Notre hypothèse, c’est que non seulement le « compound verb » anglais peut produire trois niveaux différents de relations sémantiques, mais que le niveau 2 lui-même donne naissance à trois interprétations possibles de l’opération de préverbation, en fonction naturellement de la valeur intrinsèque de la particule et du cadre actanciel. Cette première valeur du préverbe de niveau 2 sera « aspectuelle » ; nous la trouverons avec : back, by, on, in, up, out et over. La seconde valeur sera bien entendu « modale », et nous la rencontrerons avec seulement trois particules : out, over et under. Mais, ce qui distingue les « phrasal verbs » des « compound verbs », c’est que dans le cas de ces derniers, la valeur « modale » ressort tantôt de la quantité [QNT], tantôt de la qualité [QLT]. Nous répertorions dans le tableau 47 ci-dessous les différents cas attestés dans notre corpus, ce qui nous permettra ensuite d’aller plus loin dans l’analyse des valeurs de chaque particule : Tableau 47 (Exemples des trois niveaux fonctionnels des « compound verbs »128) Niveau 2 Particules Niveau 1 Niveau 3 « Aspect » Modal 1 [QNT] Modal 2 [QLT] Backcast (ppl. a.) Backslide; Backbite; Back ∅ ∅ Bygone, bypast Bypass; By ∅ ∅ ∅ (ppl. a.) Downcast; Downweigh; Down ∅ ∅ ∅ Ongoing (ppl. a.) On ∅ ∅ ∅ ∅ Offcast (ppl. a.) Offset; Off ∅ ∅ ∅ Inchoate, incoming Inbreathe; Inhibit, inveigh; In ∅ ∅ (ppl. a.) Upcast (ppl. a.), Upstart (adj.) Upbraid; Up ∅ ∅ uplift; Outblaze, Outburn, outcry, Outbid, outdrink, Outact, outfight, outbreathe, Outline; Out outgoing, outworn; outlast, outnumber; outfool, outray; outroot; Overarch, Overreact, overboil, Overawe, overcharge, Overbear, overcome, Overworn, overbrim, overdo, oversow, overlive, overprize, overhaul, overrule, Over overwrought; overflow; overspend; overrate; overtake; Undercreep, Underdo, underplay, Underrate, Undercut, undergo, underlay, Under ∅ underwork; undervalue; understand; underlying ; 128 Etablis à partir de : The Shorter Oxford English Dictionary (2 vols., 1973) 126 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais A la lecture du tableau 47, deux particules retiennent notre attention : out et over, qui toutes les deux sont capables de générer la totalité des cinq valeurs potentielles d’un « compound verb ». Commençons par OUT et la valeur directionnelle : outfly, verbe de 1591, est le synonyme de fly out dans un usage « poétique ». Pour nous, l’orientation « PARTICULE + VERBE » [ou formellement : « Particule ∈ Verbe »] va nécessairement avoir une incidence sur la sémantique verbale, dans la mesure où la particule perd nécessairement de sa profondeur résultative129 par rapport à l’orientation inverse du "phrasal verb" : [« VERBE ∍/∈ PARTICULE »]. Puis, nous passons à la valeur aspectuelle que nous trouvons par exemple dans le verbe outcry [(late ME.,) verbe devenu aujourd’hui obsolète et qui signifiait cry out] ; nous retrouverons cette même valeur aspectuelle avec outburn dans le sens de : "burn out or away". Enfin, nous arrivons à cette double valeur modale que relèvent les dictionnaires. Prenons par exemple les définitions de trois "compound verbs" : outact : 1. to surpass in acting or performing ; 2. to excel, outdo. / outbid : 1. to outdo in bidding; to offer a higher price than; 2. to outdo in any quality, statement, etc. / outbrave: 1. to surpass in daring; 2. to outdo in beauty, finery or splendour of array; 3. to outrival (in any quality). Autrement dit, et pour paraphraser les définitions de la « valeur modale 1 », nous aurions : « more than » [QNT], et pour la « valeur modale 2 » : « to get the better of » [QLT]. Ainsi, la valeur modale 1, qui met en scène une prédication d’ordre « comparatif » : outspeak = to express more than ; outdrink = to drink more than, construirait davantage, sur le plan de la « sémantique verbale », des procès d’activité, alors que la valeur modale 2, qui relève davantage du « haut degré » ou mode superlatif, dans la mesure où elle atteint un « but » : outspeak = outdo in speaking ; outfool = to overcome by fooling ; outsing = to excel in singing, pourrait être davantage à la source de procès d’accomplissement. Tout ceci, bien entendu, est également lié au sémantisme inhérent du verbe et à sa configuration actancielle ; mais dans un cas [Modal 1], nous aurions une comparaison qui se voudrait « objective » entre deux éléments (d’où une opération QNT), et dans l’autre [Modal 2], la définition, plus « subjective », du haut degré et/ou la réalisation d’une visée (d’où une opération QLT). Le niveau 3 (outline) ne présente plus de telles difficultés d’interprétation. Qu’en est-il avec la particule OVER ? Nous observons tout d’abord que la langue semble avoir bien réparti les rôles assignés à out d’une part, et à over d’autre part, pour certains verbes : †overbid dans le sens = to bid more than the value est aujourd’hui devenu obsolète, et a été remplacé par outbid ; de même pour †overdare dans le sens de = to surpass in or overcome by daring (remplacé par outdare), ainsi que pour †outreach dans le sens de overreach ou outwit (†overreach ne signifiant plus lui-même overpower). Dans le tableau 48, ci-dessous, 129 “Les schémas résultatifs sont typiques des langues germaniques et pratiquement inexistants dans les langues romanes. Ils sont à la base de la formation des phrasal verbs à particule adverbiale (anciens verbes à préverbe du vieil-anglais). P. ex . turn the light out = turn (the switch) so that in the end, the light is out, ou bien walk off = get into motion so that, in the end, one is at a distance from one’s starting point.” M. L. Groussier, C. Rivière, op. cit., p 179. Si nous prenons ainsi chuck up versus upchuck, le sémantisme construit semble être le même : "vomir" ; cependant, y a-t-il le même degré de « résultativité » pour la particule up ? Nous ne le pensons pas: chuck up, c’est littéralement : "bring (throw) food or drink up from your stomach and out through your mouth, because you are ill." [Longman Phrasal Verbs Dictionary], alors que, même si dans ’upchuck l’accent prosodique est sur up, il n’en reste pas moins que l’inversion des termes empêche ce que nous avons appelé ailleurs “l’épaisseur résultative” de la particule (thèse, op. cit., p. 14). Peut-être cela rejoint-il d’ailleurs ce qu’écrit P. Erades (1961) à propos de la notion de focalisation: “the principle governing the place of the object […] is neither stress nor length nor rhythm, but something quite different : the news value which the idea denoted by the object has in the sentence. Objects denoting ideas that have news value, no matter whether they are nouns or pronouns, long or short, have end-position ; those that have no such value come between verb and adverb.” [p.57, cité par Bolinger in The Phrasal Verb in English, p.51]. Ainsi, la notion même de “résultativité” serait neutralisée dans les “compound verbs” au profit d’une plus grande “lexicalisation” dès le niveau 1. 127 Cahier du CIEL 2005-2006 nous mettons en regard plusieurs « compound verbs » formés avec out et over, et les deux valeurs "modales" qu’ils construisent, d’une part la valeur "comparative" [QNT], et d’autre part la valeur de "haut degré" [QLT], laquelle correspond en même temps à l’accomplissement d’un but (cf. les définitions accompagnées de : to overcome by doing…) : Particule OUT OVER Valeurs « modales » avec OUT et OVER [Tableau 48130] MODAL 1 [QNT] MODAL 2 [QLT] Outbid = to outdo in bidding, offer a higher price than; Outact = to surpass in acting; to excel; Outdare = to dare more than; Outbid = to outdo in any quality; Outdo = to exceed in doing: Outgo = to go faster than, Outdare = to overcome by daring; outdistance; Outdo = to excel, surpass, beat → defeat, overcome; Outgrow = to grow faster than; Outgo = to exceed, surpass; outdo; Outlive = to live longer than; Outlive = to excel in (virtuous) living; Outride = to ride better, faster or Outreach = to exceed in reach; to exceed, surpass; farther than; [mais n’a plus le sens de : †to overreach, outwit]; Outrun = to run faster or farther Outride = outstrip by riding; than; Outspend = to exceed resources in spending; Outspend = to spend more than; Outweigh = to exceed in value, importance, influence; Outstay = to stay longer than; †Outwork = to excel in work or workmanship; Outwear = to wear longer than; Outwrite = to surpass or excel in writing; Outweigh = to exceed in weight; Outwork = to work more or faster; Overact = to act in excess, to go too far in action; †outdo; Overbid = to outbid (NB : le verbe intr. disparaît) Overawe = to keep in awe by superior influence; Overbuy = †to buy at too high a †Overbid = to bid more than the value; price; Overbuy = to buy beyond one’s means (intr.) Overdo = to do to excess or too †Overcharge = to oppress, to overbear by superior force; to charge (so much) much; more than is justly due; Overcharge = to charge (any one) †Overdare = to surpass in or overcome by daring; too much; Overdo = to overtax the strength of, to exhaust, overcome; to outdo, excel Overdare = to be too daring; to (arch.); dare too much; †Overgo = to outstrip, overtake; to overpower, oppress, overwhelm [Now Overgrow = to grow too large; to dial.] increase unduly; †Overreach = to overpower [NB: overreach = niveau 1] Overlive = to live too long; †Override = to overtake by or in riding, to outride [NB: le niveau 1 existe] Override = to ride (a horse) too Overrun = to surpass in running, hence to overtake, = to outrun; †to much: overwhelm; Overrun = to run farther than or † Overshoot = to shoot too hard, utter (a word) too violently; beyond, to exceed; Overspend = to spend beyond what is necessary; to spend beyond one’s Overspend = to spend more than means; (a specified amount); Overweigh = to weigh down, overburden, oppress; Overstay = to stay over or beyond Overwork = to cause to work too hard, to work (a man, horse, etc.) beyond (in time); his strength; to weary or exhaust with work; to elaborate to excess; Overweigh = to exceed in weight = outweigh; Overwork = to work too much; Overwrite = to write too much; Le tableau 48 fait ressortir les oppositions suivantes liées, selon nous, aux opérations différentes que construit chacune de ces deux particules (out et over) complémentaires : - Nous notons tout d’abord davantage de formes obsolètes avec la particule over, d’où nous pouvons conclure qu’il y a eu spécialisation de cette particule [cf. †overdare → outdare]. - Quelques verbes ont des sens proches (overbid ∼ outbid ; overdo ∼ outdo ; overstay ∼ outstay, overweigh ∼ outweigh …), mais il y a souvent des différenciations sémantiques. 130 Etablis à partir de : The Shorter Oxford English Dictionary (2 vols., 1973) 128 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais - Over apparaît plus souvent dans la valeur « modale » QNT que dans la valeur QLT. - Out trouve un certain équilibre entre les deux valeurs modales QNT et QLT. - Enfin, on observe un glissement de over QLT soit vers out [cf. †overdare → outdare], soit vers le niveau 3 (« compound verb » notionnel [cf. †overreach → overpower]), mais à condition qu’il y ait une autre « base » verbale (reach → power). Ainsi, en va-t-il de †Override (to overtake by or in riding) qui devient : → outride ; quant à overrun, il perd le sens de niveau 3 (†overwhelm) qu’il a connu en tant que modal QLT (to surpass in running, hence to overtake). L’ancien verbe conserve alors son seul sens de niveau 1 (cf. overreach). OVER [above, beyond] serait la trace d’un dépassement d’une norme, compte tenu de sa valeur directionnelle de franchissement de frontière d’un intérieur (I) vers un extérieur (E), le « préconstruit » étant l’obstacle [across a barrier or intervening space]. OUT [in a direction away from the inside or center], lui, ne présuppose pas d’obstacle : il pose d’emblée la sortie d’un domaine intérieur (I), ce qui construit (E), ou domaine extérieur ; ce qui revient à dire que nous sommes alors en présence de deux espaces que l’on peut alors comparer : I versus E. Schématiquement, nous pouvons rendre compte des opérations « intra-prédicatives » qui conduisent aux effets de sens entre les deux plans QNT vs QLT : Particules OUT OVER Valeurs « modales » construites avec OUT et OVER [Tableau 49a] MODAL 1 [QNT] MODAL 2 [QLT] <a outrank b> = <a outwit b> = <a ∍ higher rank than b> <<a ∍ better wit than b> a defeat b> -er est la trace d’une -er est également la trace d’une différenciation mesurable entre a et b, à différenciation mesurable entre a laquelle s’ajoute un caractère appréciatif (better, more effective, more et b: cleverly, to excel….) et la réalisation du but (cf. to overcome) : <a ∍ rank (= a’s rank) higher than <<a ∍ wit (a’s wit) better than [OUT] b ∍ wit (b’s wit)> a defeat b>> [OUT] b ∍ rank (= b’s rank)> <a overeat (b)> = <a overpower b> = <a eat more than ∀a (∈ SIT1) eat <<a ∍ greater power than [OVER] b > a defeat b> (b)> <a overdress (b)> = -more than est la trace d’une <<a ∍ too formal clothes than [OVER] ∀a (∈ SIT1)> ∈ Enonciateur> « différenciation » mesurable <a overegg the pudding> = entre a et ∀a : locution “appréciative” signifiant : to make something too complicated <a eat (b) more than [OVER] ∀a (nous remarquerons l’emploi du verbe d’« accomplissement » make dans la glose). (∈ SIT1) eat (b)> Si nous considérons l’opposition entre out et over pour la modalité QNT, nous nous apercevons que dans le cas de la particule over, le sujet qui se déplace de I vers E, ou franchit la frontière, est comparé à tout autre sujet (∀a) qui, lui, dans la même situation, ne la "transgresserait" pas. Alors que pour out, ce sont deux sujets "thématisés" qui font l’objet d’une comparaison : l’un des sujets demeure en I, tandis que l’autre franchit la frontière pour se retrouver en E. En ce qui concerne la modalité QLT, nous avons affaire aux mêmes opérations, avec en plus ce que A. Culioli appelle la "modalité appréciative" [cf. modalité 3] construite par l’énonciateur : il y a déjà souvent modalisation à travers le choix de la "base" (awe, fool, wit…), mais aussi parce que le procès tend vers la « réalisation » du processus ; nous ne sommes plus dans la simple activité "objective", mais dans le regard "subjectif" de l’accomplissement marqué par la composition prédicative [outdo → defeat, overcome ; overdo → to overtax the strength of, exhaust, overcome]. Voilà, selon nous, les opérations « cognitives » fondamentales à l’origine des définitions différentes que l’on trouve dans les dictionnaires entre outdo et overdo, outwork et overwork, etc. Or, ceci a naturellement une conséquence sur le plan “sémanticosyntaxique” : a outdo b ≠ a overdo b ; en effet, dans le premier cas, b ne peut être qu’un « animé » → She 129 Cahier du CIEL 2005-2006 outdid him in running and in swimming ; Hildred had outdone herself in finding a dog on death row with habits that seemed certain to make her ex-husband insane, or more insane. The Fourth Hand, p. 55 ; tandis que dans le second cas, b est un « inanimé » → Don’t overdo the salt ! Andrea was doing a magnificent job – if only he didn’t overdo it, leave his withdrawal till it was too late… The Guns of Navarone, p. 286. Avec out, il y a un « préconstruit » qui implique deux personnes, sujets du même prédicat (« DO »), alors qu’avec over, le « présupposé » relève d’une relation prédicative étalon ou repère, par rapport à laquelle l’on compare ensuite le sujet in situ, d’où les différenciations d’usage observées dans le dictionnaire. Mais, bien entendu, la prise en compte du verbe « support » et de la configuration actancielle [cf. section 5] est fondamentale dans la construction du sens. Ainsi, dans les deux exemples suivants, overproduce a un C1 (non)-animé et non-humain : His initial reaction was that the deal, particularly over livestock, “reduced the impact of decoupling a lot and preserved the incentives to over-produce”. The Economist, June 28th, 2003, p. 45 ; tandis que overpraise a un C1 animé et humain : Either they overpraise their wives or they fall dead silent. The Human Stain, p. 264. Pour être d’ailleurs tout à fait complet par rapport aux opérations « cognitives » construites par la particule over, nous pouvons ajouter que, formellement, celles-ci s’appliquent, tant en QNT qu’en QLT, soit 1. à : ∀a → <<a “DO” (b)> more than [OVER] <∀a “DO” (b)>>131, soit 2. à : l’ensemble d’une relation prédicative "préconstruite" avec un a défini : <a “DO” (b)> est bien le "repère" ou la "norme", mais : <<<a “DO” (b)> ∈ SIT1.> more than [OVER] <a “(usually) DO” (b)>>, ou encore avec un b défini : <<<a “DO” (b)> ∈ SIT1.> more than [OVER] <b (usually) BE “AVAILABLE, CAPABLE, WORTH…>>. Nous résumons ces « opérations » dans le tableau 49b : <a overact (∅)> = <<a act (∅)> more than <∀a act (∅)>> ou : [Tab 49b] <a overact (∅)> = <<<a act (∅)> ∈ SIT1> more than <<∀a act (∅)> ∈ SITn>>> <a overbid (b)> = <<a bid (b)> more than <∀a bid (b)>> ou : overbid <a overbid (b)> = <<<a bid (b)> more than <<b BE WORTH>>> overbook <a overbook (b)> = <<a book (b)> more than <b BE AVAILABLE>> overload <a overload (b)> = <<a load (b)> more than <b BE CAPABLE>> <a overrate (b)> = <<a rate (b)> ∈ SIT1> more than <<∀a rate (b)> ∈ SITn>>> ou : overrate <a overrate (b)> = <<a rate (b)> more than <b BE WORTH>> overact Ainsi, nous observons bien un glissement sémantique entre les trois niveaux fonctionnels du « compound verb » : valeur « directionnelle », « aspectuelle » et/ou « modale » (assez complexe dans le cas de out et over), et enfin « notionnelle ». On s’aperçoit que la langue a souvent transformé le niveau 1 en substantif, le niveau « aspectuel » en participe adjectival, et largement développé le niveau 3 ; mais le niveau 2 « modal » reste extrêmement « vivant » pour les trois particules qui le pratiquent : under, over et out (« prédication comparative »). Nous terminerons cette deuxième partie en examinant l’évolution sémantique de quelques compound verbs qui ont connu, à travers leur histoire "dérivationnelle", ces différents niveaux de signification : 131 Nous laissons ici, volontairement, de côté les opérations « énonciatives » de détermination verbale. 130 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Tableau 50a (Analyse de « préverbes » avec out et over132) → OUT Niveau 2 Part. Verbes Niveau 1 Modal 2 « Aspect » Modal 1 [QNT] [QLT] to live longer than; to To live through survive; also, to live to excel in longer than (a thing) or beyond (a Outlive (virtuous) ∅ specified time) lasts; to outlast; to living (1883) 1657 outgrow (1641); †to survive; to look or stare Outlook outstare; ∅ ∅ down; to pass out of to go beyond (bounds), Outpass (in any ∅ ∅ beyond (a quality), 1594 limit); to exceed in reach; to to reach out, exceed, Outreach extend (poet.) surpass; ∅ ∅ OUT [cf. †to 1594; overreach, outwit]; to go beyond to run out; to to run faster or farther in action go beyond a Outrun than → to escape or ∅ (1655); fixed point or elude; (1526) overrun; limit; Outspend Outwear 132 ∅ ∅ ∅ to wear out, away; to exhaust in strength → outworn (1610) to spend more than (another), 1840 to wear longer than (1579) to outlive, outgrow (1592) to exceed resources in spending; ∅ Niveau 3 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ outspent (pa. pple.) = exhausted (1818) ∅ Etablis à partir de : The Shorter Oxford English Dictionary (2 vols., 1973) 131 Cahier du CIEL 2005-2006 Part. Verbes Overlive Overlook Overpass Tableau 50b (Analyse de « préverbes » avec out et over133) → OVER Niveau 2 Niveau 1 Modal 1 « Aspect » Modal 2 [QLT] [QNT] to live too long (1861); ∅ ∅ ∅ outlive; Overspend Overwear ∅ to look over the top of, so as to see beyond; → to look upon with the ‘evil eye’; to bewitch (1596); to look (a thing) over or through; to examine, inspect, survey; to peruse. Now rare or arch. ∅ (fig) †to ‘look down upon’; to despise; to slight; -1794 to fail to see or observe; to pass over without notice; to ignore; to superintend, oversee; to pretend not to see, forgive; to pass over, to cross; to pass through (a period, an experience, etc.); often including the notion ‘to get over, surmount’; more rarely, to pass, spend (time); ∅ to go beyond (in any quality), 1594 ∅ to reach or extend over or beyond; to To extend or spread to reach too Overreach rise above; to over (something) so far (lit. and OVER overtake, come up as to cover it. fig.) with, attain to; Overrun Niveau 3 to run over (something); to overflow; to grow over rapidly; ∅ ∅ To gain an advantage over, get the better of, outdo; to reach , stretch, strain oneself beyond one’s aim; to be superabundant or to run farther †to run through (a excessive; to surpass in than or book, etc.); to running, hence to beyond (a glance through overtake; to extend certain point, rapidly (sometimes beyond the due length, etc.); fig. to implying omission) or beyond any exceed –1656; prescribed or desired (1633) limit (1864) to spend or use till to spend To spend beyond what exhausted; to wear more than (a is necessary (1857); to specified out → overspent: spend beyond one’s worn out, exhausted amount) means (1890); 1667 with fatigue; to wear out or to go (or be) beyond in exhaust with toil ; amount, rate, value, wear threadbare excellence, etc. to lie ∅ (1630); wear sth beyond the range or away or to an end; scope of; to exceed, to outwear (1581); excel, surpass; †to overpower, -1638; to defeat (oneself) by trying to do or get too much; †to overwhelm, -1667; ∅ to transgress; to pass over, leave out, omit. Now rare. A l’instar du « phrasal verb », l’histoire du « compound verb » montre une inexorable marche vers la « soudure prédicative », mais comme nous l’a démontré la constitution de notre corpus, le mécanisme de formation de nouveaux verbes « préverbés » est loin d’être arrêté. C’est donc à l’analyse de ce corpus, aussi complète que possible, que nous allons maintenant procéder, après avoir rapidement rappelé les outils linguistiques que nous utilisons dans l’approche sémantico-syntaxique des "préverbes" contemporains de la langue anglaise. 133 Etablis à partir de : The Shorter Oxford English Dictionary (2 vols., 1973) 132 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais 3.3. Analyse « sémantico-syntaxique » des « compound verbs » du corpus Nous reprenons ici les outils que nous avons utilisés pour l’analyse des phrasal verbs, à savoir : 1. les trois niveaux fonctionnels dont nous venons longuement de parler (degré de "compositionnalité" du compound verb) ; 2. la "valence syntaxique" [stabilité (=), augmentation (+), ou diminution (−) de valence], et 3. la "sémantique verbale" construite (cf. typologie de Zino Vendler). La "valence sémantique" fera l’objet d’une étude à part dans la cinquième partie de cette étude. Comme nous n’avons pas la place de reproduire ici l’intégralité du corpus, nous noterons pour chaque particule : 1. le nombre d’occurrences de verbes « préverbés » ; 2. les « préverbes » qui apparaissent dans chaque cas [exemple : Niveau 2, valence (=), procès d’activité] ; 3. un exemple particulièrement « typique » de chaque cas recensé. Posons d’emblée les deux points suivants : 1. nous observerons beaucoup moins de changements de valence syntaxique qu’avec les « phrasal verbs », sauf pour la particule over, et, dans une moindre mesure, avec out et under ; 2. les deux types de procès les plus courants seront, selon les particules, l’achèvement et l’activité, ce qui rejoint ce que nous disions déjà en 3.2.3. [Tableau 51a] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity Accomplishment [3 exemples ; bypass] By last September we had retaken nearly all the larger islands except Navarone – it was too damned hard (=) ∅ ∅ ∅ a nut, so we just by-passed it – and 1 brought some of the garrisons up to, and beyond, battalion strength. The Guns of Navarone, p. 15 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ BY (−) ∅ ∅ ∅ ∅ (=) [1 pré∅ ∅ ∅ ∅ verbe] 2 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ [2 exemples ; bypass] That will allow physicians to bypass chemotherapy and (=) ∅ start these patients on ∅ ∅ gefitinib as their first line of 3 treatment. Time, June 21, 2004, p. 58 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ OFF [1 préverbe] [Tableau 51b] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity Accomplishment (=) ∅ ∅ ∅ ∅ 1 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ (=) ∅ ∅ ∅ ∅ 2 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ [12 exemples ; offset] While self-employment is rising (by choice and (=) ∅ necessity), it’s not rising fast enough to offset the ∅ ∅ growth in the labor force. Newsweek, October 6, 2003, 3 p. 32 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ 133 Cahier du CIEL 2005-2006 BACK [2 préverbes] ON [3 préverbes] [Tableau 51c] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity Accomplishment (=) ∅ ∅ ∅ ∅ 1 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ (=) ∅ ∅ ∅ ∅ 2 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ (=) ∅ ∅ ∅ ∅ (+) ∅ ∅ ∅ ∅ [5 exemples ; backfire, backtrack] 3 The Vodafone initiative could yet backfire if the (−) ∅ ∅ ∅ industry objects to Microsoft and Vodafone attempting to impose their will. Time, October 27, 2003, p. 43 [Tableau 51d] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity Accomplishment (=) ∅ ∅ ∅ ∅ 1 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ [15 exemples ; oncoming, ongoing, onrushing] Society as it was constituted – its forces all in constant motion, the intricate underwebbing of interests stretched to its limit, the battle for advantage that is ongoing, the subjugation that is ongoing, the factional collisions and collusions, the (=) ∅ ∅ ∅ shrewd jargon of morality, the benign despot that is 2 convention, the unstable illusion of stability – society as it was made, always has been and must be made, was as foreign to them as was King Arthur’s court to the Connecticut Yankee. The Human Stain, p. 128 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ (=) ∅ ∅ ∅ ∅ 3 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ [Tableau 51e] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity [4 pré[1 exemple, [3 exemples, verbes] indwelling ;] incoming] Nothing to do with First, the grace or salvation or anonymous phone redemption. It’s in call from a public everyone. booth somewhere (=) ∅ Indwelling. in the city, 1 Inherent. Defining. denouncing The stain that is someone on an there before its incoming flight as mark. The Human being a carrier. The Stain, p. 242 Veteran, p. 266 (+) ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ (=) ∅ ∅ ∅ 2 (+) ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ (=) 3 ∅ ∅ ∅ IN 134 Accomplishment [2 exemples, indrawn] He paused, eyes screwed shut and indrawn breath hissing sharply through his teeth as a wave of pain washed up from his shattered leg. The Guns of Navarone, p. 129 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais (+) ∅ (−) ∅ [1 exemple, inflame] “Sure I can get you a restraining order,” Primus told him. “But is that going to restrain him? A restraining order is going to inflame him. The Human Stain, p. 77 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ [Tableau 51f] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity [1 exemple, (out- and) down-curving] Even from where they stood – on the crumbling roof of the house nearest the fortress on the east side of the square – the walls stretched fifteen, (=) ∅ ∅ perhaps twenty feet above 1 their heads, the wickedly out- and down-curving spikes that topped the wall were all but lost in the darkness. The Guns of Navarone, p. 253 (+) ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ [3 exemples, downgrade, downsize] DOWN First appointed to the cabinet in 2001 as minister [5 préof Administrative and verbes] Regulatory Reform, he (=) drafted a plan to privatize, ∅ ∅ shutter or downsize some 2 163 public corporations currently receiving $50 billion a year in subsidies. Newsweek, October 6, 2003, p. 43 (+) ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ [4 exemples, downplay] But as the elections draw near, Berlusconi is downplaying their (=) significance. “I wouldn’t ∅ ∅ give such great importance 3 to these elections,” he told TIME. Time, June 14, 2004, p. 55 (+) ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ Accomplishment ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ [5 exemples, download] And she had right of access to all her employer’s private emails. Pretending to be her, Suzie downloaded a hundred personal letters. The Veteran, p. 148 ∅ ∅ 135 Cahier du CIEL 2005-2006 [Tableau 51g] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity Accomplishment [14 [9 exemples, préupcoming] verbes] The CSD can enter [5 exemples, upfling, uplift, the flight deck at upset, upsweep, upthrust;] will. He walked William McKinley decided to straight in. The (=) ∅ invade the Philippines to ∅ relief captain was in “uplift and civilize and the left-hand seat, Christianize” its people. staring ahead at the Time, June 21, 2004 lights of an upcoming coast. The Veteran, p. 262 1 [1 exemple, uproot] How had he imagined that Doris could entertain the possibility ? Surely he didn’t believe she would uproot herself and little Otto from (+) ∅ ∅ ∅ Wisconsin, and Wallingford was clearly not a man who could make a long-distance relationship(if any relationship) work. The Fourth Hand, p. 244 (−) ∅ ∅ ∅ ∅ [4 exemples, upgrade] Everyone had upgraded their (=) ∅ wardrobes, much to his ∅ ∅ satisfaction. The king of Torts, p. 177 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ [1 exemple, upgrade] But the capacity of 2.5G 2 networks is limited. So as more users sign up and existing users upgrade, the (−) ∅ ∅ ∅ operators will quietly switch them to new handsets that work on both 2.5G and 3G networks. The Economist, September 20th 2003, p. 64 [22 exemples, update, uphold, [1 exemple, upset, upstage] [3 exemples, upholster, upload] upbraid] To his credit, the first moment Sophie produced a computer Valeria emboldens he was alone with Mary printout of a photo from her herself to upbraid sweater pocket and began whatever-her-name-was in the Cynthia with mock newsroom, Wallingford said, unfolding it. “Fache uploaded severity: what had 3 (=) images of the crime scene to the ∅ ‘I’m very sorry, Mary. I am she been thinking truly, deeply sorry for what I Crytology Department earlier of, to frighten them tonight in hopes we could figure said, for upsetting you –’ She all by swimming interrupted him. ‘It wasn’t out what Saunières’s message out so far from what you said that upset me – was trying to say. The Da Vini land? The Seven Code, p. 73 it’s my marriage. The Fouth Sisters, p. 198 Hand, p. 114 UP 136 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais UNDER [22 préverbes] (+) ∅ (−) ∅ [1 exemple, uproot] "That men, women and children uprooted by the war and ethnic cleansing will die in enormous numbers is no longer in doubt due to advanced stages of malnutrition and disease that cannot be reversed," says USAID’s Winter. Time, July 5-12, 2004, p. 29 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ [Tableau 51h] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity Accomplishment [3 exemples, underline, undersling] [9 exemples, Patrick read only a few underlying] pages, stopping at a "My friends, as sentence Mrs Clausen had you can see, the underlined in red – the (=) chaos of the world ∅ ∅ description of how the has an underlying 1 eponymous English order. (…)” The patient drifts in and out of Da Vinci Code, p. consciousness as the nurse 102 reads to him. The Fouth Hand, p. 317 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ [31 exemples, [1 exemple, underappreciate, underperform] undercount, If George W. Bush underestimate, underfund, thought he’d be basking undernourish, in universal applause underperform, for shaking up his (=) underprepare, underprice, ∅ ∅ underperforming underrate, undervalue, 2 economic team, he underwork,] guessed wrong. “Overpaid and Businessweek, underworked?” (letters to December 23, 2002, p. the editor), Time, July 5, 24 2004, p. 10 (+) ∅ ∅ ∅ ∅ (−) ∅ ∅ ∅ ∅ [29 exemples, undercut, underline, undermine, underpin, underscore, undertake, underwrite] Before the US Senate Judiciary Committee last week, Attorney General John Ashcroft said, “This 3 (=) ∅ ∅ ∅ Administration opposes torture,” but he refused to release an unclassified memo quoted by the Washington Post that seemed to undercut his words. Time, June 21, 2004, p. 30 137 Cahier du CIEL 2005-2006 (+) (−) [1 exemple, underlying] And always underlying that dream was the other one, the one the prescience pill had inspired – that wettest of all wet dreams brought on by the unnamed Indian painkiller, now banned. The Fourth Hand, p. 181 ∅ [5 exemples (+), understand] Reagan’s great contribution to the end of the cold war was first understanding that Moscow’s cancer was terminal and then working to ensure – through arms control, constrained rhetoric and personal diplomacy – that the end would come about, peacefully but inexorably. Time, June 14, 2004, p. 35 [10 exemples, undergo] The patient in Kansas City was now undergoing chemotherapy and fading fast. The King of Torts, p. 379 ∅ ∅ ∅ ∅ [Tableau 51i] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity [31 [1 exemple, outpré(and down)-curving] verbes] Even from where they stood – on the [10 exemples, [2 exemples, outlaw] crumbling roof of outgoing] When the Church the house nearest the These sources outlawed speaking of fortress on the east seem to believe the shunned Mary side of the square – that outgoing CIA Magdalene, her story the walls stretched Director George and importance had to (=) fifteen, perhaps Tenet was strongbe passed on through twenty feet above armed by Cheney more discreet their heads, the and Rumsfeld into channels… channels wickedly out- and overassessing that supported metaphor down-curving Iraq’s WMD and symbolism. The Da spikes that topped capacity. Time, 1 Vinci Code, p. 281 July 5, 2004, p. 15 the wall were all but lost in the darkness. The Guns of Navarone, p. 253 [1 exemple, outdate] There was a feeling that rising global trade and tourism, and a desire to attract foreign (+) ∅ ∅ investment, had outdated controls. Newsweek, Issues 2003, p. 66 (−) ∅ ∅ ∅ OUT 138 Accomplishment [9 exemples, outstretch] Andrea had an oilskin outstretched above them. The Guns of Navarone, p. 124 ∅ ∅ M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais (=) ∅ 2 (+) ∅ (−) ∅ [2 exemples, outstanding] Other rich countries do the same, especially for agribusinesses, but not only those. In 2000, export-credit guarantees outstanding from the 30 OECD members totalled $330 billion. The Economist [A survey of capitalism and democracy] June 28th 2003, p. 13 (=) 3 (+) ∅ (−) ∅ [35 exemples, outbid, outdo, outfox, outgrow, outgun, outmaneuver, outmatch, outnumber, outperform, outscore, outspend, outweigh] He was probably silly to do what he did. He was outnumbered and outweighed. To judge from his grey hair, he was middle-aged and clearly his limp indicated he was not fully mobile. But he fought back. The Veteran, p. 12 [4 exemples, outlast, outlive, outgun, outrank] A sad and browning Christmas tree, which has been there since I first arrived. I saw it on that first evening, and it is there still. It has weathered two winters. Will it outlast my own sojourn? The Seven Sisters, p. 55 ∅ [12 exemples, outfit, outflank, outgrow, outsource, outspoken, outstrip] The engineers’ union has questioned the amount of the plane’s design and engineering that will be outsourced, but acknowledges that the 7E7 is a “do or die” plane for the company. Time, October 20, 2003, p. 50 [2 exemples, outrage] Most of the faculty, particularly older professors who had known Coleman Silk personally for many years, refused at first to believe this story, and were outraged by the gullibility with which it was being embraced as incontrovertible truth – the cruelty of the insult appalled them. The Human Stain, p. 284 ∅ [3 exemples, outsell] In New York alone, their annual restaurant handbook moves 650,000 copies, outselling the dictionary and the Bible. Newsweek, October 6, 2003, p. 8 [2 exemples, outpace] The bus was slowly outpacing the galloping horse. Rosebud was stricken with panic but trusted to the firm knees that pressed her ribs and the grip on her rein. The Veteran, p. 393 ∅ [1 exemple en discours] (…) as a camel-driver, he had blasphemously out-camel-driven all available Bedouin competition: and no more pathetic beggar had ever exhibited such realistic sores in the bazaars and marketplaces of the East. The Guns of Navarone, p. 8 [1 exemple, outrow] Teabing paused and then spoke in a solemn tone. “In which year did a Harvard sculler last outrow an Oxford man at Henley?” The Da Vinci Code, p. 241 ∅ [5 exemples, outline] Eventually, Deputy National Security Adviser Stephen Hadley had to acknowledge that the CIA had sent him memos outlining the agency’s concerns about the uranium claim. Time, June 14, 2004, p. 49 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 139 Cahier du CIEL 2005-2006 [Tableau 51j] Analyse des « compound verbs » du corpus : Sémantique verbale « construite » Niveaux Valence State Achievement Activity [56 [9 exemples, préoverbalance, [8 exemples, verbes] overcover, overlay, overhang, overlap] overshadow, He must have oversmudge, suspected that overshoot, overturn] [6 exemples, overflow, Mallory wouldn’t ‘But if a finder came overpaint] fall for the obvious, along and so covered It would not be fair to or he had heard the plastic surface expect a stranger in them stumbling up this group to sit next to with his own prints, the slope, for he Sally. Sally is too large could he not overhad managed to (=) for an economy smudge the burrow his way in aeroplane seat. She forefinger and behind the will overflow, and thumb?’ ‘I suppose overhanging he might.’ ‘You see, therefore she must snowdrift that your report says that overflow on to sealed off the space Candida. The Seven there were some beneath a projecting Sisters, p. 172 smudges, overledge just above the covered by fresher rim of the gully. prints, that could The Guns of have come from Navarone, p. 168 another hand.’ The Veteran, p. 91 [3 exemples, overflow, overfly, overspread] From deep within the 1 sinking caique came the muffled roar of [18 exemples, rupturing fuel tanks: a overhang, overlook] flame-veined gout of [3 exemples, They had the villa oily black smoke overawe, overstep] for a week, though erupted from the Andrew was quite Clay doubted he engine-room and tha scrupulous about not could stay away caique miraculously getting too involved from the office that struggled back on even with pupils. He liked long. It was wedged keel, her gunwales them to admire him, into the side of a almost awash, and then but I’d be surprised if (+) hill, overlooking the hissing waters had he really the busy harbor overflowed and overstepped the town of Gustavia, a overcome [niveau 3] mark with anything the decks and the place bustling with other than a smile or traffic and tourists twisting flames, and a pat on the back or the caique was gone, and all kinds of an innuendo. The her slender masts boats coming and Seven Sisters, p. 276 sliding vertically down going. The King of Torts, p. 355 and vanishing in a turbulent welter of creaming foam and oilfilmed bubbles. The Guns of Navarone, p. 61 (−) ∅ ∅ ∅ OVER 140 Accomplishment ∅ ∅ ∅ M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais (=) ∅ (+) ∅ (−) ∅ 2 3 (=) ∅ [33 exemples, overassess, overawe, overbook, overcharge, overcrowd, overegg, overenunciate, overestimate, overexcite, overheat, overinvolve, overpay, overplay, overreact, overregulate, overshadow, oversell, oversimplify, oversleep, overstate, overstretch, overtax, overthink] Why do the Joyce pilgrims – or any of the other questers in this issue – do all this? It’s easy to overthink the answer. As Itoi says, “sometimes you just have to hit the road.” Time, July 5, 2004, p. 4 [15 exemples, overbook, overbuild, overdo, overheat, overload, overpraise, overproduce, overstate, overuse, overwork] Is that what overpraising their wives is, “sensitivity”? “Oh, Sara Lee is such an extraordinary thisand-that. She’s already published four and a half articles…” Mr. Sensitivity always has to mention her glory. Mr. Sensitivity can’t talk about some great show at the Metropolitan without having to be sure to preface it, “Sara Lee says…” Either they overpraise their wives or they fall dead silent. The Human Stain, p. 264 [2 exemples, overwork] It would have been [2 exemples, easy, in the midst of overpower] such dismal They overpowered surroundings, to let the their guards – Andrea place go, to let the files got loose among and papers pile up, to them on deck at night clutter his office and – and sailed the boat blame it on being to Turkey. The Guns overworked and of Navarone, p. 78 understaffed. The King of Torts, p. 13 ∅ ∅ [61 exemples, overhear, overload, override, overrule, overrun, overshadow, overtake, overthrow, [15 exemples, oversee] overturn, overwhelm] Sophie was not It rained the entire equipped to understand weekend. Kyoto was her grandfather’s overrun with intentions, and so he Japanese schoolgirls, had assigned Robert praying. Well, they Langdon as her guide. must have prayed A tutor to oversee her some of the time that education. The Da they overran the Vinci Code, p. 234 city, although Patrick and Evelyn never saw them actually do so. The Fourth Hand, p. 108 [1exemple, overwinter] He had heard it could be done. Old Donaldson had once mentioned a trapper who overwintered in a bear cave and did not die, but slept like the cubs beside him until winter passed. The Veteran, p. 351 ∅ ∅ [1 exemple, overhaul] Top of the list in both Europe and Japan must be structural reforms to make labour and product markets more flexible and, in Japan especially, to overhaul the banking system. The Economist, September 20th 2003 [A survey of the world economy], p. 22 141 Cahier du CIEL 2005-2006 (+) ∅ (−) ∅ [39 exemples, overcome, overlook] After a while, curiosity overcame exhaustion and inertia, and heaved me out of my chair, and I got up and crossed to the window – and behold, it was nothing more nor less than a common wood pigeon. The Seven Sisters, p. 62 [1 exemple, overshoot] Historically, exchange rates have tended to overshoot. In the 1980s the dollar soared, then plummeted. In Mexico in 1995, the peso plunged and then recovered. The Economist, Sept. 20th 2003 [A survey of the world economy], p. 15 ∅ ∅ ∅ ∅ Nous pouvons tirer des tableaux 51(a-j)134 les remarques ci-après, d’abord à partir de chaque particule : BY : Absence de niveau 2 (aspectuo-modal), et aucun changement de valence syntaxique ; glissement vers des procès d’achèvement au niveau 3. Ceci concerne le seul verbe du corpus : bypass. OFF : Les seuls cas attestés (et tous pour le même verbe : offset) se situent au niveau 3, et construisent des procès d’achèvement ; absence de changement de valence. BACK : Aucun exemple dans les niveaux 1 et 2 ; les seuls cas attestés se situent au niveau 3, avec diminution de valence et procès d’achèvement. ON : Les seuls cas attestés se trouvent au niveau 2 et construisent tous des procès d’activité ; absence de changement de valence. En réalité, on ne génère guère que des formes « participiales » (cf. 3.4.). IN : Peu d’exemples dans notre corpus, lesquels se limitent essentiellement au niveau 1, tous étant d’ailleurs des formes "participiales" (indwelling, incoming, indrawn), à l’exception de to inflame [N3]. DOWN : La plupart des exemples se situent dans les niveaux 2 et 3 (à l’exception de la composition complexe en discours : Even from where they stood – the walls stretched fifteen, perhaps twenty feet above their heads, the wickedly out- and down-curving spikes that topped the wall were all but lost in the darkess. The Guns of Navarone, p. 253 [forme « participiale » complexe de niveau 1]), et construisent des procès d’achèvement ou d’accomplissement ; absence de changement de valence. UP : On trouve la majeure partie des exemples dans les niveaux 1 et 3, mais avec très peu de cas de changement de valence ; il y a prépondérance des procès d’achèvement, sauf pour upcoming en niveau 1. 134 Pour une lecture synoptique des différents cas attestés, se reporter à l’annexe 4. 142 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais UNDER : Beaucoup d’exemples (89), surtout dans les niveaux 2 et 3, avec une large prépondérance des procès d’achèvement. Nous notons toutefois des cas d’augmentation de valence au niveau 3 (cf. understand, undergo), avec un certain éventail de la sémantique verbale en regard des niveaux 1 et 2. OUT : Egalement beaucoup d’exemples avec cette particule (90), où nous observons un rétrécissement vers l’achèvement au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers le niveau 3 ; les cas d’augmentation de valence se situent surtout au niveau 2. OVER : C’est de loin la particule la plus « prolifique » du corpus (217 exemples). De plus, nous constatons une certaine « corrélation » entre la progression vers le niveau 3 et l’abondance des exemples [N1 = 47, N2 = 53, N3 = 117] ; les cas d’augmentation de valence se situent surtout dans les niveaux 1 et 3, et nous observons un net glissement vers les procès d’achèvement au niveau 3. Quatre « enseignements principaux » se dégagent de ces dix tableaux : 1. Il y a bien une certaine corrélation entre le caractère « télique » de la particule préverbée et l’abondance des exemples (cf. up, out, over et under). En réalité, tout se passe comme si l’apparition de under (peu productive de phrasal verbs) propulsait over au premier rang et reléguait up, la particule phare des « phrasal verbs », à la quatrième place, derrière out, particule qui, elle, obtient toujours la deuxième ou troisième place dans l’ensemble de nos corpus consacrés aux « verbes complexes » de l’anglais135. 2. Toutes les particules ne se retrouvent pas dans chacun des niveaux fonctionnels des compound verbs du corpus B : absence de niveau 1 pour back, on et off (à noter un seul exemple pour down) ; absence de niveau 2 pour by, back, in et off ; absence de niveau 3 pour on. 3. Sur un ensemble de 500 exemples environ que comprend la totalité de notre corpus B (cf. 3.1.2), nous observons très peu d’exemples de diminution de valence [1,4% (avec back, up, over) cf. backfire, backtrack, upgrade, overshoot], mais un assez grand nombre d’exemples d’augmentation de valence [19% (avec up, under, out et bien sûr over)]. La « stabilité de valence » représente donc environ 79,6% des exemples du corpus. Les particules qui ne sont à l’origine d’aucun changement de valence sont : by, down, off, on (un seul exemple pour in). 4. Enfin, nous notons un glissement vers l’achèvement dans le passage du niveau 1 au niveau 3. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, les formes "participiales" (incoming, oncoming, upcoming, bygone, overworked…), voire "adjectivales" (overbearing, overwrought, overgrown…), sont extrêmement abondantes dans le corpus. Elles mériteraient certainement une étude particulière, tout comme les noms dérivés des compound verbs (downfall, outburst, upwelling, outcropping, onlooker…), dont nous gardons un corpus innombrable. Nous voudrions cependant faire ici une première approche de ces formes "non finies", soit en – ING [gerund-participle], soit en –EN [past-participle]. A la suite de quelques définitions, puis, après avoir relevé les principales formes du corpus, nous étudierons ces occurrences de nature aspectuelle en « discours ». 135 Cf. rappel du classement en 3.1.2. ci-dessus : Gradient d’occurrence des « préverbes » : Particules In “compound verb” (−) By Off Back On In Down Up Under Out Over (+) Thèse sur les « phrasal verbs » (−) IN DOWN OVER ON OUT OFF UP (+) (Valence syntaxique) 143 Cahier du CIEL 2005-2006 3.4. Les formes participiales Nous en venons maintenant à l’examen des formes "participiales" que nous trouvons de manière assez abondante dans notre corpus. Ainsi que nous le signalions en 3.2.1., nous observons un double mouvement de lexicalisation au sein du compound verb : 1. d’une part, un passage de la valeur "locative" ou "directionnelle" de base de la particule préverbée vers des valeurs plus "abstraites", voire un mouvement inverse s’il y a changement de catégorie syntaxique du compound verb ; 2. d’autre part, a) une évolution sémantique du verbe préverbé en fonction de son histoire "discursive", en tant qu’unité complexe nourrissant la composante lexicale de la langue, b) une dérivation vers des fonctions nominale et/ou adjectivale [cf. tableau 43]. Rappelons tout d’abord que le "participe" est une forme "non finie" du verbe avec une valeur soit perfective [-EN], soit imperfective [-ING]. Ce qui nous intéresse ici, c’est bien évidemment son évolution vers la fonction adjectivale136, appelée "adjectif verbal" en français, ou "participial adjective" en anglais. Pour nous, ce glissement sémantique relève d’une opération cognitive de nature "métonymique". Prenons en effet la forme imperfective "building" qui aboutit au "nom verbal" : "a building, ∅ buildings", autrement dit, le “résultat” [a structure, usu. with a roof and walls, that is intended to stay in one place and not to be taken down again137] par le “processus” [the process or business of making buildings (Longman)]. Ceci se vérifie si l’on examine par exemple les deux sens de la forme participiale "outstanding" : 1. much better than most others ;very good ; an outstanding young musician; 2. not yet done, settled or paid: some problems/debts still outstanding. Si le sens 2 correspond à une opération QNT, où l’affixe ing marque bien un "processus" à atteindre, le sens 1 indique, en revanche, qu’un "état" (very good) a été construit, ce qui correspond alors à une opération QLT. Il en va de même, selon nous, par un processus exactement inverse, de l’opérateur -EN. Ainsi, tous les linguistes notent que "broken" peut renvoyer soit à un état "résultant" : the vase was broken deliberately, soit à un "état" tout court : the vase is broken. Prenons maintenant le participe, encore largement utilisé de nos jours, du "compound verb" obsolète †bygo → bygone, dont la définition est : "that has gone by" ; nous assistons en réalité à une autre opération de nature "métonymique" dans la construction du sens, c’est-à-dire le "processus" auquel renvoie implicitement le "résultat" [past], ou l’antériorité à partir de l’état résultant "construit", puisque le dictionnaire donne bien pour seconde définition de "bygone" : former, opération QLT, de la même façon que l’état de broken renvoie implicitement à quelque chose qui a précédé cet état [broken, adj, damaged, spoilt, or made useless by breaking (Longman)]. Il est ainsi intéressant de constater que chaque opérateur "aspectuel" peut, par une opération QLT, construire une valeur statique, point d’aboutissement d’une orientation prédicative soit "active" (-ING), soit "passive" (-EN). En effet, nous observons une "corrélation" entre le schéma de lexis, ou les deux termes d’une relation orientée138 : [<a ("source" ou 1er argument), r, b ("but" ou 2ème argument)>], et ces deux marqueurs d’aspect que sont –ing et –en. Prenons par exemple un verbe qui donne deux formes "participio-adjectivales" très connues : interest → interesting et interested. Soit le schéma de lexis : <a (book, politics), interest, b 136 "The central idea in the traditional concept of participle is that it is a word formed from a verb base which functions as or like an adjective. A second general property of participles is that these words are also used in combination with an auxiliary to form a compound tense, aspect, mood, or voice." The Cambridge Grammar of the English Language, [1.3], p. 78 "Parce qu’il a les fonctions de l’adjectif, le participe devient facilement un adjectif pur et simple, qu’on appelle souvent adjectif verbal : Une fille CHARMANTE. Une fleur PARFUMÉE." Grévisse, Le Bon Usage, § 886. 137 Longman Dictionary of English Language & Culture. 138 Cf. Pour une définition précise de ces termes, voir : Les mots de la linguistique (1996), M.L. Groussier & C. Rivière, (Ophrys). 144 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais (patient "animé")>, dans lequel a est "source" et b "but". Pourquoi obtenons-nous : ‘book BE interesting’ ou ‘politics BE interesting’ ? Parce que, compte tenu de l’orientation de la lexis (source → but), -ing "construit" une classe d’occurrences qui valide la relation ; autrement dit, il y a une sorte d’iconicité structurelle entre le "but" situé à droite de la relation et la représentation du temps qu’il faut pour y parvenir, ce qui est justement le rôle assigné au marqueur –ing, qui, au départ, indique le déroulement d’une action en vue d’atteindre un certain "but". Ceci nous donne : <a, interest, b> → <a, BE interest{(ing) [→…[}, b> → <a, BE interesting, ( )>, où la source « a » finit par acquérir la propriété d’intéresser (construction d’un "état" grâce à un renvoi explicite du processus). En revanche, si nous avons le schéma inversé : <b (patient "animé") ∍ interest, a (book, politics)>, nous voyons que le terme de départ de la relation prédicative est devenu le "but", si bien que, topologiquement, le procès est considéré comme "atteint" (-EN). Nous obtenons ainsi : <b ∍ interest-EN (= interest{(ed) →]}, a>, puisque nous nous situons dans l’état résultant, symbolisé par la borne qui est fermée à droite {→]}. Ceci nous donne : <b, BE interested, a> → <b, BE interested ( )>, où le but « b » finit par acquérir la propriété d’être intéressé (construction d’un état par renvoi implicite au processus : on ne peut en effet atteindre un "résultat" qu’en ayant parcouru la distance qui y conduit). Prenons maintenant deux exemples du corpus, l’un avec –ING : While this was visually interesting, especially against the new-fallen snow, the dog found the pepper off-putting only initially. The Fourth Hand, p. 65 ; l’autre avec –EN : There are already signs of an overheated market. BusinessWeek, Feb 24, 2003, p. 43. Nous obtenons pour ces deux exemples les schémas sous-jacents suivants : <<the pepper, BE off-putting, ∈ <the dog>> → <the pepper (BE) off-putting ( )> ; puis : <<the market, BE overheated, ∍ <“cause”>> → <the market BE overheated ( )>; or, si les opérations sont bien les mêmes, nous assistons en outre à l’intrusion de ces formes dans le "discours". Dans un premier temps, nous ferons le relevé de tous ces "participes", lesquels prennent d’ailleurs souvent, dans le contexte discursif, une valeur adjectivale. Nous rajoutons dans la colonne de droite du tableau 52 ci-après les formes supplémentaires (hors corpus B) du dictionnaire « historique » d’Oxford139. Les exemples soulignés sont repris dans leur contexte "discursif" dans le tableau suivant (tableau 53). 139 Cf. The Shorter Oxford English Dictionary (2 vols., 1973) 145 Cahier du CIEL 2005-2006 Tableau 52 « Formes participiales » attestées Particules Marqueurs in Corpus « B » in “Oxford English Dictionary” -ING ∅ ∅ BY -EN Bygone; Bypast; -ING Off-putting; offsetting; – OFF -EN Offcast; ∅ -ING ∅ ∅ BACK -EN Backcast; ∅ -ING Ongoing, onrushing; Onlooking; ON -EN ∅ ∅ Inburning, including, ingoing, ingrowing, inlying, inrolling, -ING Incoming, indwelling; insinuating, inviting; †inaquate, inbent, inborn, †inbowed, inbred, incarcerate(d) 140 , †incastellated, †incinerate(d), incised, inclined, included, †incoached, †incornished, incorporate, incrassated, incrustate, incurvate, incurved, incut, indebted, IN indented, induced, indulgenced, indurate, indusiate, -EN Indrawn; inebriate, infatuate, †infect, infelt, infigured, †inflate, inflated, inflected, inflexed, informed, †ingeminate, ingenerate, ingrained, inhabited, inscribed, insected, inserted, inspired, instratified, insulated, intended, invecked, invected, inverted, involved, inworn, inwrought; -ING Down-curving; ∅ DOWN -EN Downturned, [Un]down trodden; Downcast, †down-gyved, †downlooked; -ING Upcoming, uplifting, upsetting, Upstanding; UP Upflung, upraised, uprooted, upset, -EN Upcast, upholstered; upturned, upswept, Underlying, underperforming, -ING – underwhelming; Underappreciated, underdressed, Underbred, undercooled, underdone, underfed, underhung, UNDER underexpressed, undernourished, underlaid, undermanned, undermentioned, undernamed, -EN underpaid, underpenetrated, undershot, undersigned, understanding, understood, underrated, undervalued, underwritten; underworked; Out and down-curving, outgoing, -ING – outlying, outstanding; OUT Outdated, outflung, outplayed, Outbreathed, outcast, outlying, †outtaken (= except), -EN outraged, outspoken, outspread, outworn; outstretched; Overbearing, overhanging, -ING overlapping, overpowering, Overflowing; overriding, overwhelming; Overblown, overcast, overcrowded, overdone, overgrown, overheated, OVER overloaded, oft-overlooked, Overburdened, overhung, overrefined, overseen, overshot, -EN overpainted, overrated, overregulated, overstrung, overworn; overtaxed, overturned, overutilized, overvalued, overworked, overwrought; La première remarque concernant le tableau 52 ci-dessus est d’ordre « quantitatif ». Il y a naturellement une très grande convergence entre le nombre de cas attestés ici et l’échelle des particules établie à la suite du tableau 37. Notons toutefois que back passe en dernière position, à la place de by, puisqu’aucune occurrence de forme « participiale » n’a été relevée dans notre corpus B. Il est ensuite intéressant de comparer le fonctionnement de chaque particule avec les deux participes, -ING vs -EN : 140 Cf. -ate, suffix, formerly –at, forming ppl. adjs. from L. pa. pples. in –atus, -ata, -atum, by dropping the termination, e.g. desolatus, desolat, subseq. desolate. Hence many causative verbs, to which, for a time, the ppl. adjs. served as pa. pples., afterwards becoming obs. or simple adjs. (But cf. situate = situated). The Shorter Oxford English Dictionary. 146 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Particules/participes -ING -EN Particules attestées : Off, on, in, (down), up, under, out, over; By, (off), (back), in, down, up, under, out, over; Particules exclues : By et back; On; Les particules entre parenthèses étant en réalité des exemples extrêmement marginaux (down-curving, offcast, backcast), on peut dire que « sept » particules préverbées seulement marchent bien avec les formes participiales à valeur adjectivale, et que l’on établit ensuite une différenciation entre –ING, d’où by et back sont exclues, et – EN, où on n’apparaît nulle part dans notre corpus. Il faut dire que by se trouve bien avec le marqueur –Ing dans bygoing, mais il ne s’agit alors pas d’une forme « participiale », mais d’une « nominalisation » qui remonte à 1637 : in the bygoing, i.e., in passing (= the action of passing by). A ne pas confondre non plus avec -Ing, « participe présent », comme dans l’exemple suivant : Shipping routes now run directly between Asia, the United States and Europe, typically bypassing Africa. (Newsweek, Special Edition – Issues 2003), p. 72. Mais le fait que The Shorter Oxford English Dictionary atteste backcast (ppl. a.), au sens de cast backwards, montre bien qu’il y a une certaine incompatibilité entre les deux marqueurs back [←] d’une part, et –ing [→] d’autre part, lorsqu’il s’agit de construire une valeur de nature qualitative (cf. outstanding). Ceci se confirme avec l’absence de cas attesté entre on, particule qui marque la « continuité », et –EN, marqueur « égressif ». En outre, la présence de l’un ou de l’autre marqueur est due à la relation entre le prédicat et le terme-origine de la relation prédicative. Ainsi, si dans l’énoncé : Ajyad serves up outstanding meals at ridiculous low prices – I’ve never paid more than $5. (Time, October 20, 2003, p. 57), nous avons outstanding, et non *outstood, c’est parce qu’en structure profonde, le schéma de lexis est le suivant : [<a, stand out, ( )> → <a BE outstanding>], où a (meal) est le terme-origine, ou source, de la relation « outstanding meals ». En revanche, dans l’énoncé : Collet found it ironic that one of Fache’s rare popular public stances in recent years had been his outspoken reaction to the Catholic pedophilia scandal. (The Da Vinci Code, p. 53), his outspoken reaction pourrait se formaliser, de manière très simplifiée, de la façon suivante: <<a (= Collet) reacts> by <a (= Collet) speaks out >>, ce qui donne soit : Collet reacts by speaking out, soit la forme beaucoup plus « élaborée » d’un point de vue « prédicatif » : his reaction is outspoken, i.e. <a’s reaction BE outspoken>, où l’on voit que "reaction" est bien le terme de départ, mais non le terme-origine (Collet) de la relation prédicative, d’où l’apparition de -EN. Cette opposition se retrouve par exemple entre upset versus upsetting, où dans l’un, le terme de départ est un animé : <a BE upset (participe passé) by b>, tandis que dans l’autre, le terme de départ est un argument déclencheur inanimé : <a BE upsetting (participe présent) to b> (exemples ci-après) : ‘I don’t know what got into me when I spoke to you. I’ve never spoken to anyone like that in my life!’ the woman continued. ‘I shouldn’t blame you, personally, for what the media does, or what I think they do. I was so upset to hear about John junior, and I was even more upset by my first reaction. When I heard about his plane being lost, do you know what I thought?’ The Fourth Hand, p. 223 Animal-rights groups are outraged. But what’s more upsetting to me is another consequence. Since the decree, many dog owners who can’t afford the new insurance have begun ditching their lethal pets. Newsweek, October 6, 2003, p. 10 Nous voyons la relation logique qu’il y a entre la forme « aspectuelle » et l’orientation de la relation prédicative. Dans un cas, il y a description d’un processus devenant « état » (-ing), repéré par rapport à la « source », tandis que dans l’autre, il y a atteinte et franchissement de la frontière (-en), le repérage se faisant cette fois par rapport au « but » de la relation prédicative. En outre, comme nous le montrent les exemples ci-dessous, l’adjectivisation de ces participes tend à leur donner une valeur qualitative : 147 Cahier du CIEL 2005-2006 Particules Marqueurs -ING BY OFF BACK ON -EN -ING -EN -ING -EN -ING -EN -ING IN -EN -ING DOWN -EN -ING UP -EN -ING UNDER -EN OUT 148 -ING Tableau 53 – Exemples de « Formes participiales » en discours : Corpus B ∅ And then, in this odd, serene state of contentment brought on by the seeming emancipation from despising everyone at Athena, who, deliberately and in bad faith, had misjudged, misused, and besmirched him – had plunged him, for two years, into a misanthropic exertion of Swiftian proportions – he began to rhapsodize about the great by-gone days when his cup ranneth over and his considerable talent for conscientiousness was spent garnering and tendering pleasure. The Human Stain, p. 20 We never really know our future, Wallingford was thinking; nobody’s future with anyone is certain. Yet he imagined that he could envision his future with Doris Clausen. He saw it with the unlikely and offsetting brightness with which her and her late husband’s wedding rings had leapt out of the dark at him, under the boathouse dock. The Fourth Hand, p. 374 ∅ ∅ ∅ The wind! The wind had dropped away, was lessening with every second that passed. Even as he stood there, arms locked round the mast as the second wave fought to carry him away, he remembered how often in the high hills at home he had stood at the foot of a precipice as an onrushing wind, seeking the path of least resistance, had curved and lifted the sheer face, leaving him standing in a pocket of relative immunity. The Guns of Navarone, p. 85 ∅ While Ishihara’s task is to rein in spending, incoming Finance Minister Tanigaki faces an equally bitter struggle to boost government income. Despite Koizumi’s pledge not to raise Japan’s sensitive consumption tax while in office, Tanigaki has nonetheless opened up debate on the issue. Newsweek, October 6, 2003, p. 45 He paused, eyes screwed shut and indrawn breath hissing sharply through his teeth as a wave of pain washed up from his shattered leg. The Guns of Navarone, p. 129 Even from where they stood – on the crumbling roof of the house nearest the fortress on the east side of the square – the walls stretched fifteen, perhaps twenty feet above their heads, the wickedly outand down-curving spikes that topped the wall were all but lost in the darkness. The Guns of Navarone, p. 253 Okey-dokey, this is high-voltage stuff but here we go. And so, giving him her downturned look with the subtlety in it, she moves, she moves, and the formal transfer of power begins. The Human Stain, p. 226 Of course, AOL isn’t alone in having to pay for sins committed during the boom. The good news: Economists believe that, having taken their lumps, downtrodden companies will be well-positioned to benefit later this year. BusinessWeek, Feb. 24, 2003, p. 68 The sight of her friend looking so undowntrodden is very irritating to Sally Hepburn. It goes against all the rules of age and entropy. It is not right. The Seven Sisters, p. 172 Becoming the mother of a distinguished professor’s child might be an uplifting change after having been the mother of the children of a deranged total failure. The Human Stain, p. 78 He was swearing softly, as his numbed hands looped ans tightened the rope, softly, bitterly, continuously, but he was quite aware of this: he was aware only of the broken head that lolled stupidly against his shoulder, of the welling, rain-thinned blood that filmed the upturned face, of the hair above the gashed temple emerging darkly fair as the dye washed slowly out. The Guns of Navarone, p. 120 Wherever you dine, of course, there’s plenty of superb local wine, mostly white: Vouvray, Muscadet, Sancerre and Montlouis, among others. Unfortunately, recent Loire vintages have been a little underwhelming, but there’s a solution: explore the cellars of local restaurants for more complex, older whites. Time, July 5-12, 2004, p. 66 The extravagance of the hotel itself was more than they could handle. They felt underdressed in the lobby and in the bar, where they sat mesmerized by the people who were clearly more at ease about simply being in Le Bristol than they were. Yet they wouldn’t admit it had been a bad idea to come – at least not their first night. The Fouth Hand, p. 40 FS&G’s authors seem glad to forgo the ritual overpriced lunch (Straus takes writers to modest neighborhood restaurants) for the opportunity to work closely with underpaid four-star editors. Time, July 5-12, 2004, p. 9 He lacked also Louki’s quick intelligence, the calculated opportunism that amounted almost to genius. It had been a brilliant idea on Louki’s part, Mallory mused, that they sould take over this abandoned house: not that there had been any diffficulty in finding an empty house – since the Germans had taken over the old castle the inhabitants of the town had left in their scores for Margaritha and other outlying villages, none more quickly than those who had lived in the town square itself; The Guns of Navarone, p. 247 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais -EN -ING OVER -EN The Portuguese, too, went through on penalties, beating an outplayed and outraged England 6-5. Time, July 5-12, 2004, p. 75 ‘Come, Captain Mallory!’ he said excitedly. ‘We have no time to lose!’ He pulled Mallory round, pointed with outstretched arm at the gaunt, shattered cliffs that rose steeply behind them, cliffs crazily riven by rock-jumbled ravines that wound their aimless way back into the interior – or stopped as abruptly as they had begun. The Guns of Navarone, p. 219 It was a petty triumph, but emblematic of Rumsfeld’s dominating, sometimes overbearing style. Newsweek, October 6, 2003, p. 37 On display were the shoulders, arms, and chest of a smallish man still trim and attractive, a belly no longer flat, to be sure, but nothing that had gotten seriously out of hand – altogether the physique of someone who would seem to have been a cunning and wily competitor at sports rather than an overpowering one. The Human Stain, p. 21 There is this overriding theme that young people, with only a generation separating them, view not only history but the future in completely different forms. Newsweek, October 6, 2003, p. 66 And standing in the overgrown privet-hedge bottom was a pallid-faced, overweight child of about six years old, smoking the stub of a cigarette. The Seven Sisters, p. 22 The oft-overlooked low-tech sector will be the place to look for signs that demand is strong enough to justify increased payrolls and capacity that will generate faster growth in household income and profits. BusinessWeek, Feb. 24, 2003, p. 17 In the new Department of Languages and Literature there was a staff of eleven, one professor in Russian, one in Italian, one in Spanish, one in German, there was Delphine in French and Coleman Silk in classics, and there were five overworked adjuncts, fledging instructors as well as a few local foreigners, teaching the elementary courses. The Human Stain, p. 191 Cette opération de “qualification” de la forme participiale du “compound verb” se traduit, sur le plan syntaxique, par la tendance très nette à l’antéposition du « participe » devant le nom, comme cela est le cas de l’adjectif « épithète », et ceci, quel que soit le niveau fonctionnel du "compound participle" : Niveaux 1 2 [Tableau 54] Antéposition de la « forme participiale » : Okey-dokey, this is high-voltage stuff but here we go. And so, giving him her downturned look with the subtlety in it, she moves, she moves, and the formal transfer of power begins. The Human Stain, p. 226 His office was hectic when he returned. There were six incoming toll-free lines to the Sweatshop out in Manassas, and during working hours, when all six were busy, the calls were routed to the main office on Connecticut Avenue. The King of Torts, p. 193 I could tell that Sally thought this was a very kind proposal, and one that would suit me well in my divorced and outcast state. The Seven Sisters, p. 69 Forty minutes later, in the semi-darkness of the overcast evening and in torrential rain, lance-straight and strangely chill, the anchor of the caique rattled down between the green walls of the forest, a dank and dripping forest, hostile in its silent indifference. The Guns of Navarone, p. 64 So the Landesbanks are under pressure from rating agencies and financial counterparties to demonstrate that they have profitable and sound underlying businesses. The Economist, June 28th 2003, p. 101 Time and time again during the ascent he had stood on Andrea’s back, his shoulders, his upturned palm and once – for at least ten seconds and while he was still wearing his steel-shod boots – on his head. The Guns of Navarone, p. 95 And then, in this odd, serene state of contentment brought on by the seeming emancipation from despising everyone at Athena who, deliberately and in bad faith, had misjudged, misused and besmirched him – had plunged him, for two years, into a misanthropic exertion of Swiftian proportions – he began to rhapsodize about the great bygone days when his cup ranneth over and his considerable talent for consciousness was spent garnering and tendering pleasure. The Human Stain, p. 20 People come to us from all over the world. We do not promise sensational results, in terms of successful therapy, but people trust us, gain hope from us, and are anxious to volunteer themselves as part of our ongoing investigations. The Seven Sisters, p. 260 With Republicans in control of Congress, Bush and his team will have little trouble muscling their program past an outgunned band of Democratic liberals and a few lonely GOP deficit hawks. BusinessWeek, December, 23, 2002, p. 27 I think we all read it, avidly, surreptitiously, as we used to read the over-heated romances of Mazo de la Roche and Georgette Heyer and Dorothy Sayers by torchlight under the bedclothes. The Seven Sisters, p. 32 The moribund antique shop, the bad restaurant, the subsistence-level grocery store, the provincial liquor store, the hick-town barbershop, the nineteenth-century haberdasher, the understocked bookshop, the genteel tearoom, the dark pharmacy, the depressing tavern, the newspaperless neswdealer, the empty, enigmatic magic shop – all of them had disappeared, (…) The Human Stain, p. 83 Clay eventually found the crowd in the small exhibition hall where an aircraft company was showing a video on its upcoming luxury jet, the fanciest of its generation. The King of Torts, p. 162 149 Cahier du CIEL 2005-2006 Coleman had by then been at Athena almost all his academic life, an outgoing, sharp-witted, forcefully smooth big-city charmer, something of a warrior, something of an operator, hardly the prototypical pedantic professor of Latin and Greek (as witness the Conversational Greek and Latin Club that he started, heretically, as a young instructor). The Human Stain, p. 4 Entering with Sophie, Langdon felt his eyes reaching across the famous sanctuary and taking it all in. Although he had 3 read accounts of Rosslyn’s arrestingly intricate stonework, seeing it in person was an overwhelming encounter. The Da Vinci Code, p. 467 It was an outburst of the kind that would put an end to their having dinner together on a weekly basis, at least for a while. On that upsetting evening, when Patrick had the taxi drop Mary at her apartment building first, she wouldn’t even say good night. The Fouth Hand, p. 190 Une autre étude consisterait à examiner les conditions de ce passage, en synchronie comme en diachronie, à l’adjectivisation totale de la (ou l’ancienne) forme participiale du "compound verb", comme cela est le cas avec les exemples suivants: outspoken: Later, living and teaching in the United States for four decades, he became an outspoken critic of America’s media, government and foreign policy – an Ivy League professor speaking on behalf of Gaza’s dispossessed. Newsweek, October 6, 2003, p. 60; outstanding: It had been an outstanding success and messages of congratulations had flowed from educators and legislators across the state. The Veteran, p. 402; overbearing : Maybe it was my unsuitable air of salf-satisfaction that made Sally drink so much and become so overbearing and, eventually, indiscreet. The Seven Sisters, p. 68; overblown : "Many of these fears are overblown, especially those about deflation." The Economist, [A survey of the world economy] Sept. 20th 2003, p. 29; Il va de soi qu’au critère de l’antéposition ci-dessus [cf. tableau 54], il faudrait rajouter celui de gradabilité141 et de la place du modalisateur : When the baby was born, the joy on his wife’s face was so overwhelming that Otto always cried in his sleep. The Fourth Hand, p. 122; This development was less upsetting to Dr Zajac and the other members of the Boston team than a more unusual but no less spur-of-the-moment request of Mrs Clausen’s. The Fourth Hand, p. 144.; Non-Indians will find the chest-burning patriotism of the climax a little overdone. Time, June 28, 2004, p. 70; Unfortunately, recent Loire vintages have been a little underwhelming, but there’s a solution: explore the cellars of local restaurants for more complex, older whites. Time, July 5-12, 2004, p. 66. Nous conclurons cette brève incursion dans la formation des « adjectifs verbaux » avec le cas de la particule « forth »142 que nous n’avons pas étudiée dans notre thèse sur les « phrasal verbs ». Si cette particule ne crée plus aujourd’hui (cf. †forthgo, †forthput) de réels « compound verbs » conjuguables, on trouve néanmoins plusieurs occurrences de l’adjectif verbal « forthcoming » dans notre corpus B : Particules Marqueurs FORTH -ING -EN 141 Tableau 55 « FORTH » in Corpus « B » in “Oxford English Dictionary”143 Forthcoming; Forthgoing, forthputting; Mary gave Patrick an appropriate amount of time to respond – they all did. Everyone was quiet and respectful. Then, when Mary saw that no response would be forthcoming, she said, ‘Well, if eveything’s perfectly clear…’ The Fourth Hand, p. 257 Once the selection was made and authority from the owner received to proceed with sale, Mortlake could select the forthcoming auction for the picture’s inclusion and the catalogue could be prepared. The Veteran, p. 117 ∅ ∅ Cf. “Adjectives differ from verbs in that (if gradable) they can be modified by very and too (in the sense “excessively”), whereas verbs cannot (…)” Grammatical tests for adjectival status, The Cambridge Grammar of the English Language, [10. 1.3], p. 1436 142 “Mêmes sens que forward. Emploi plus limité, parfois archaïque. Idée de tout début, de création, d’apparition de quelque chose. The plant will put forth buds and leaves shortly (…)”. Dictionnaire sélectif des phrasal verbs, C. Bouscaren – J.C. Burgué, Ophrys (2003) 143 Cf. The Shorter Oxford English Dictionary (2 vols., 1973) 150 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Il est intéressant de constater que The Shorter Oxford English Dictionary (op. cit.) n’atteste guère que des formes participiales en –ing (forthcoming, forthgoing, forthputting), tout en précisant que le verbe "forthcome" a été récemment réintroduit dans la langue par dérivation inverse (back-formation) de la forme participiale forthcoming. Mais cette tentation de "reverbaliser" les anciennes formes, devenues aujourd’hui largement "adjectivales", n’est-elle pas justement présente dans les énoncés suivants de John Irving ? → “In bed, where personal history is most unself-consciously forthcoming, Ms Arbuthnot had told Patrick that she’d been married twice – the first time when she was very young.” The Fourth Hand, p. 111; “He looked away from the woman’s entrenched stare, but among his fellow breakfast-eaters, he saw that no assistance would be forthcoming: from their unanimously hostile expressions, they appeared to share the demented woman’s view.” The Fourth Hand, p. 210. Or, c’est exactement ce qui s’est passé avec l’apparition du verbe outsource (délocaliser), lui-même issu de outsourcing144, et que l’on trouve maintenant de façon récurrente dans la presse économique : "The loss of blue-collar and, increasingly, white-collar jobs is more keenly felt as firms outsource or move their factories abroad." The Economist, September 20th, 2003 [A survey of the world economy], p. 30. Ainsi, la valeur « locative » ou "directionnelle" de la particule semble aujourd’hui plus vivante que jamais dans la formation des nouveaux « compound verbs » : download, upload, downsize, outsource145, downscale, etc. 3.5. Champ sémantique Nous en arrivons maintenant à l’examen de la "valence sémantique" des “compound verbs”, autrement dit, à l’étude de la configuration actancielle possible pour chacun des verbes "préverbés" de notre corpus. Nous nous rappelons la diversité et la richesse des schémas d’originalité ou de transgression sémantique que nous avons mis au jour dans l’étude des "phrasal verbs"146, et dont nous donnons ci-après quelques échantillons : the jazz age passed my parents by; An unhappy marriage which eventually breaks down often results in disturbed children; The panic beat and swept in, struck the window into patches that danced before either eye; “Do you want Miltown ? Snakeroot ? Do you have insomnia ?” “Not seriously,” said Herzog. “My thoughts are shooting out all over the place.”; This week the row about London’s undersground boiled over again; the house was still acting up; (etc.). En va-t-il de même avec les "compound verbs", sachant que nous avons établi que le corpus B ne présente déjà qu’un très faible taux de "diminution de valence" [1,4% des verbes recensés]. Et si le corpus présente un assez grand nombre d’exemples d’"augmentation de valence" [19% (avec up, under, out, over)], nous nous rappelons qu’en ce qui concerne les phrasal verbs, l’augmentation de valence syntaxique n’autorise guère l’expérimentation tropique [thèse, op. cit ; 3.3.3.]. En outre, le renversement quasi symétrique de l’importance de certaines particules entre les deux systèmes (up147, off, over) ne va-t-il pas avoir une incidence 144 “n (1982) : the practice of subcontracting manufactoring work to outside and esp. foreign or nonunion companies.” Merriam Webster’s Collegiate Dictionary, tenth Edition (1994) 145 Dans un article de Time magazine [October 11, 2004], intitulé : "Au revoir, les jobs", nous trouvons à égalité outsource/outsourcing et offshoring, ce dernier ne fonctionnant toutefois qu’en « nom verbal » [cf. Moving the workforce to cheaper lands is all the rage, but that makes unions and politicans anxious. The French government is trying to stall "offshoring" But can it really stop jobs from going abroad ? And should it?, pp. 30-31]. 146 Cf. Thèse de doctorat, op. cit. chapitre 3 [3.3. : « la valence sémantique »], et ci-dessus 2.1.3. 147 Cf. "Ainsi, il est sans doute intéressant de constater que le plus grand nombre d’exemples de la valence sémantique dans notre corpus provient de la particule UP lorsqu’elle fonctionne au niveau 2 (=) [i.e. stabilité de valence syntaxique] et construit avec le verbe support un procès d’achievement." Notre thèse, op. cit., p. 196 151 Cahier du CIEL 2005-2006 sur le rôle moindre qu’elles pourraient alors jouer dans l’élaboration d’une valence « sémantique » aussi riche et diversifiée que cela est le cas pour les phrasal verbs ? Qu’en-est-il par exemple de particules telles que over et aussi under ? Qu’en est-il de out, qui, elle, maintient son rang, sans parler de celles qui ne fonctionnent qu’avec un petit nombre de verbes (back, on, in, down), voire un seul (by et off) ? Nous nous proposons ainsi d’examiner le comportement des compound verbs les plus significatifs, à partir de chaque particule « préverbée », tout en gardant les autres paramètres de notre analyse « sémantico-syntaxique » que nous avons effectuée dans la troisème partie de notre étude. Nous en tirerons les enseignements appropriés à la fin de cette présente partie. Nous savons qu’en fonction de la « transitivité » ou de l’« intransitivité » du compound verb, nous avons affaire d’un point de vue formel à six combinaisons sémantiques possibles avec les actants : « Compound verb » intransitif « Compound verb » transitif Pas de C1 C1 « animé » C1 « non animé » (+)148 ou non attesté (+) ou non attesté (+) ou non attesté C0 « animé/activité humaine » (+) ou non attesté (+) ou non attesté (+) ou non attesté C0 « non animé » ↓Nature des actants→ Dans les dix tableaux ci-dessous [56 à 65], nous retiendrons un exemple « significatif » pour chacune des combinaises sémantiques potentielles, dans la mesure où le cas apparaît bien dans notre corpus pour une particule donnée. Nous étudierons ces différentes occurrences, classées selon leur niveau "fonctionnel" (niveaux 1 à 3), dans l’ordre de l’importance des particules du corpus [cf. 3.1.2.] : BY [tableau 56] Niveau 1 Actants Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ‘By last September we had retaken nearly all the larger islands except Navarone – it was too damned hard a nut, so we just by-passed it – and brought some of the garrisons up to, and beyond, battalion strength.’ The Guns of Navarone, p. 15 Shipping routes now run directly between Asia, the United States and Europe, typically bypassing Africa. Newsweek, Issues 2003, p. 72 Niveau 2 C0 animé ou activité humaine ∅ – C0 non animé ∅ ∅ Actants Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ C0 animé ou activité humaine C0 non animé Niveau 3 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé C0 animé ou activité humaine ∅ If the company will negotiate directly with us, and bypass their outside counsel, then they can save a bloody fortune and give it to us. The King of Torts, p. 220 ∅ C0 non animé ∅ ∅ ∅ Actants Il est difficile de tirer des conclusions générales à partir d’un si faible nombre d’exemples (1 verbe : bypass, dont 5 occurrences). Pourtant, on s’aperçoit que le « glissement » vers le niveau 3 correspond à un double 148 NB : le signe + signifie, dans le présent tableau : « attesté ». 152 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais changement, tant du champ actanciel que du sémantisme verbal (→ procès d’achèvement), comme cela est également le cas dans l’exemple suivant : That will allow physicians to bypass chemotherapy and start these patients on gefitnib as their first line of treatment. Time, June 21, 2004, p. 58. Enfin, il nous semble que nous sommes, avec ce verbe "préverbé", en retrait par rapport à la valence sémantique du phrasal verb : My mother lived in a remote village, and all the excitement of the 1960s passed her by. Mais nous voudrions, d’emblée, avant de poursuivre, apporter une précision sur l’opposition entre trait "animé" et "non animé", dans la mesure où il est parfois bien difficile de trancher ! Cela est en particulier le cas des « substantifs » qui renvoient aux organisations institutionnelles de la Cité au sens large (auxquels nous assignerons le trait [+animé]), mais aussi de ceux qui décrivent diverses caractéristiques propres à toute « activité humaine ». Le classement ci-dessous n’est donc pas purement « syntaxique » [commutation avec le pronom « it », par exemple], mais prend également en compte les valeurs « référentielles » construites. Actants C0 animé ou activité humaine Pas de C1 Within minutes, between six a.m. and six forty, the first hesitant offboarded passengers would become a tidal wave. The Veteran, p. 267 OFF [tableau 57] Niveau 1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Pas de C1 Niveau 2 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Actants Pas de C1 Niveau 3 C1 animé ou activité humaine C0 non animé C0 animé ou activité humaine ∅ If necessary, the administration should threaten to sell dollars to offset the Japanese efforts. The Economist, Sept. 20th, 2003, [A survey of the world economy], p. 24 C0 non animé He saw it with the unlikely and offsetting brightness with which her and her late husband’s wedding rings had leapt out of the dark at him, under the boathouse dock. The Fouth Hand, p. 374 ∅ C1 non animé While self-employment is rising (by choice and necessity), it’s not rising fast enough to offset the growth in the labor force. Newsweek, October 6, 2003, p. 32; ∅ La plupart de nos exemples avec offset (seul verbe "complet" attesté) proviennent de la presse économique, ce qui n’est guère surprenant compte tenu de sa signification de base : make up for, balance; or, ce que nous disions ci-dessus à propos du caractère "animé" ou non des actants (C0 ou C1) prend ici tout son sens. Voici la liste des compléments de rang 1 trouvés avec offset dans notre corpus : the growth in the labor force ; any economic stimulus ; cuts in subsidies and tax transfers ; these increases ; the rise in the euro; the Japanese efforts; some of these costs; any tax cuts or spending increases; etc. Quant au C0, c’est soit un “animé” institutionnel (entreprise) : BskyB hopes to offset this in part by pushing its high end Sky+ service… (Time, September 29, 2003), soit toute mesure économique : … the ECB’s rate cuts this year have barely offset the rise in the euro. (The Economist, Sept. 20th, 2003, [A survey of the world economy], p. 24), soit encore l’Economie elle-même : The key question, then, is whether the New Economy will enhance the long-term income growth of middle- and 153 Cahier du CIEL 2005-2006 lower-income families enough to offset their increased propensity to take on debt. (BusinessWeek, Feb. 24, 2003, p. 14). Enfin, le point commun de tous ces verbes réside dans le fait qu’ils fonctionnent au niveau 3 et construisent des procès d’achèvement. BACK [tableau 58] Niveau 1 Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Niveau 2 Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Niveau 3 Actants Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé C0 animé ou activité humaine The Vodafone initiative could yet backfire if the industry objects to Microsoft and Vodafone attempting to impose their will. Time, October 27, 2003, p. 43 ∅ ∅ C0 non animé Two years ago, Auricchio introduced a new product called Parveggiano. When he tried to use the name after registering it, the Italians sued, saying the name was too similar to Parmigiano, which they have trademarked in the U.S. The two sides recently settled out of court, but Auricchio is undeterred. “It’s crazy. It will backfire on them. They cannot supply Parmesan cheese all over the world,” he complains. Time, September 8, 2003, p. 45 ∅ ∅ Pour back, tous nos exemples proviennent de la presse économique, avec deux verbes (backfire et backtrack). L’argument originel de backfire étant un non-animé (a motor vehicle), on trouvera pour le sens second un nom plus "abstrait", faisant directement référence à un "projet"149 humain [the (…) initiative, his proposed package, the gamble], ou bien reprenant une relation prédicative antérieure : the Italians sued → it will backfire on them. Backtrack, lui, prendra naturellement un argument "+animé humain", puisque son sens premier est : "to go back over the same path" [Cf.: But the Bushies backtracked after the idea ran into a storm in Congress [Businessweek, Feb. 24, 2003]. L’opposition brute "animé vs non-animé" doit donc être enrichie par la prise en compte d’autres traits distinctifs : "concret vs abstrait, domaine humain vs domaine non-humain", sans quoi il serait difficile d’appréhender la "double évolution", syntaxique et sémantique, dont peuvent être l’objet les verbes préverbés et que nous constatons dans le lexique. Backfire est ainsi à l’origine un substantif (1897) (= "a premature explosion in the cylinder of a gas or oil engine"). Devenu « prédicat », il ne pourra qu’élargir son champ actanciel vers l’abstrait. Aussi, conviendrait-il peut-être d’envisager la valeur sémantique des noms qui encadrent le verbe sous l’angle d’une "combinatoire" de traits distinctifs, où nous assistons à des recoupements qui nous aident à mieux comprendre le mécanisme sous-jacent de la « valence sémantique » d’un verbe : 149 Cf. Définition du Petit Robert: 1. Image d’une situation, d’un état que l’on pense atteindre ; 2. Travail, rédaction préparatoire ; premier état. Le Nouveau Petit Robert (1996) 154 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais « animé » « humain » « non-humain » "concret" "abstrait" "concret" "abstrait" personnes physiques esprit, âme « non-animé » « concret » « abstrait » "humain" "non-humain" "humain" "non-humain" choses et objets animaux, Dieu, éléments de idées, préceptes fabriqués et actions entreprises plantes divinités la nature concepts divins par l’homme / Institutions Ce modeste tableau nous permet alors d’expliquer pourquoi le C0 de backfire passe facilement de « l’objet fabriqué par l’homme » à l’activité déployée en vue d’atteindre un but, initiative portant les mêmes sèmes de base que car : « non-animé + humain », l’un étant « +concret » (motor vehicle), l’autre « ±concret » (initiative). ON [tableau 59] Niveau 1 Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Niveau 2 Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Pas de C1 Society as it was constituted – its forces all in constant motion, the intricate underwebbing of interests stretched to its limit, the battle for advantage that is ongoing, the subjugation that is ongoing, the factional collisions and collusions, the shrewd jargon of morality, the benign despot that is convention, the unstable illusion of stability – society as it was made, always has been and must be made, was as foreign to them as was King Arthur’s court to the Connecticut Yankee. The Human Stain, p. 128 The wind! The wind had dropped away, was lessening with every second that passed. Even as he stood there, arms locked round the mast as the second wave fought to carry him away, he remembered how often in the high hills at home he had stood at the foot of a precipice as an onrushing wind, seeking the path of least resistance, had curved and lifted the sheer face, leaving him standing in a pocket of relative immunity. The Guns of Navarone, p. 85 Niveau 3 Si le verbe ongo150 n’est pas attesté dans le corpus, en revanche le double exemple de Philip Roth nous montre le caractère « verbal » de ongoing aujourd’hui. L’aspect non-accompli est ici marqué d’une triple manière : tout d’abord par le verbe support go (procès d’activité), lequel est encadré par deux marqueurs imperfectifs151 : on et ing. Le C0 appartient soit au domaine de la « nature » (cf. l’expression « métaphorique » : the fiercely brave Fijian (…) was firing the obsolete 25-pounder field gun (…) into the oncoming waves of tribesmen. (The Veteran, p. 51); soit à des « activités humaines » portant le trait distinctif « ±concret » : …sharply drawn profiles 150 A cet égard, la forme répertoriée par The Shorter Oxford English Dictionary n’est pas la forme participiale ongoing, mais le « nom verbal » : 1. en tant que synonyme de Goings-on [cf. Milton had to describe the ongoings of angels (1856)]; 2. The action of going; proceeding, continued movement (rare) 1890. 151 Pour un approfondissement sur l’opposition entre l’aspect et la propriété inhérente d’une notion de procès donnée [Aktionsart], voir notre thèse (op. cit.) in 3.1.1. Aspect versus Aktionsart. Cf. aussi ci-dessus en 1.3.1 155 Cahier du CIEL 2005-2006 that ultimately foretell the limits of the ongoing U.N. rescue mission. Newsweek, October 6, 2003, p. 62 ; the other great ongoing scandal is not a matter of law-breaking (…) The Economist, June 28th, 2003, p. 13. Tous les exemples du corpus appartiennent au niveau 2 (valeur aspectuelle), avec construction d’un procès d’activité. IN [tableau 60] Niveau 1 Actants Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé C0 animé ou activité humaine He knew all about decoys and anonymous denunciations. They were almost the oldest trick in the book. First, the anonymous phone call from a public booth somewhere in the city, denouncing someone on an incoming flight as being a carrier. The Veteran, p. 266 ∅ ∅ C0 non animé ∅ ∅ ∅ Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Niveau 2 Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Niveau 3 Actants Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé C0 animé ou activité humaine ∅ ∅ ∅ ∅ “Sure I can get you a restraining order,” Primus told him. “But is that going to restrain him? A restraining order is going to inflame him. The Human Stain, p. 77 ∅ C0 non animé Ainsi que nous l’avons signalé en 3.1.2. et 3.3., in n’offre, dans notre corpus B, qu’un seul verbe dans un schéma de surface <a, r, b>, r apparaissant d’ailleurs sous sa forme infinitive : to inflame. En ce qui concerne les formes participiales, nous remarquons qu’elles sont toutes, à l’instar du schéma prédicatif complet <a, inflame, b>, associées à un élément nominal, où le trait distinctif "humain" est présent de manière plus ou moins directe : (…) denouncing someone on an incoming flight as being a carrier (The Veteran, p. 266) ; While Ishihara’s task is to rein in spending, incoming Finance Minister Tanigaki faces an equally bitter struggle to boost government income. (Newsweek, October 6, 2003, p. 44) ; He paused, eyes screwed shut and indrawn breath152 hissing sharply through his teeth as a wave of pain washed up from his shattered leg. (The Guns of Navatone, p. 129). Une dernière remarque concerne la construction du sens dans la relation "particule ↔ verbe" à propos de incoming. La particule in ne construit jamais directement, avec les "compound verbs", de valeur aspectuomodale de niveau 2, comme cela est d’ailleurs le cas pour les "phrasal verbs" (cf. notre thèse, op. cit. 3.2.3). Cependant, à partir de la valeur « directionnelle » de base de la particule, c’est l’ensemble incoming [that comes in or enters] qui va prendre, par une opération d’iconicité structurelle153, une valeur « aspectuelle » que le dictionnaire glose comme suit : (of a period of time) about to begin [the SOED]. 152 Cf. le “phrasal verb”: He drew in a sharp breath as he saw the gun, and tried to remain calm. Longman PHRASAL VERBS Dictionary, Pearson Education Limited, 2000. 153 Cf. L.J. Brinton (op. cit.) 156 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais DOWN [tableau 61] Niveau 1 Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ Niveau 2 Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé C0 animé ou activité humaine ∅ First appointed to the cabinet in 2001 as minister of Administrative and Regulatory Reform, he drafted a plan to privatize, shutter or downsize some 163 public corporations currently receiving $50 billion a year in subsidies. Newsweek, October 6, 2003, p. 43 ∅ C0 non animé ∅ ∅ ∅ Actants Pas de C1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé C0 animé ou activité humaine ∅ Bremer prides himself on the cool, clinical approach he brings to managing the crises that have erupted on his watch. But his tendency to downplay the violence – and Iraqi frustration at the lack of progress toward stopping it – has made him increasingly irrelevant to the people he presides over. Time, June 28, 2004, p. 47 Blackmail, however, proved unnecessary. When his guests were distracted, Abu Ranin grabbed the officer’s cell phone and downloaded the address book. Time, October 20, 2003, p. 31 C0 non animé ∅ ∅ ∅ Actants Niveau 3 En observant ce tableau 61, une remarque nous frappe : nous n’avons pas trouvé de cas où le C0 est un « nonanimé ». En outre, le tableau 51f [cf. section 3] ne nous a montré aucun cas de changement de valence syntaxique. Voici donc des verbes bien sages, sinon "conservateurs" ! Nous avancerons l’hypothèse que d’une part, ces verbes préverbés ont fait une apparition relativement récente dans la composante lexicale de l’anglais, et que d’autre part, ce phénomène est probablement dû surtout à la valeur « intrinsèque » de la particule down, qui, certes, lui permet de construire ce que nous avons appelé dans notre thèse une « modalisation négative » [op. cit. p. 134], valeur que nous retrouvons ici (cf. "We don’t believe in perks, not even executive parking spots," he bragged in 2001 as he squired one visitor around Exeter, long since downgraded to a backup role. Businessweek, December 23, 2002, p. 54), mais qui la situe, en même temps, avant-dernière, avec over, sur l’axe d’occurrence des sept particules par rapport à la valence « syntaxique » des « phrasal verbs » : (−) IN [niveau 2 = ∅] → DOWN/OVER [niveau 2 (−) = ∅] → OUT → OFF154 → UP ON [(+) = ∅] (thèse, op. cit. p. 177) (+) Or, le phénomène est ici confirmé pour la particule "préverbée" down, mais justement pas pour over, qui, nous l’avons vu, construit d’assez nombreux exemples de changements de « valence syntaxique ». Et c’est alors qu’une autre question se pose concernant les paires « symétriques » que nous offre la langue anglaise : load down vs download ; play down vs down play (etc.). Examinons ainsi leur valence « sémantique » : 154 « D’un point du vue purement « quantitatif », Off et Out apparaissent très proches dans notre corpus. Cependant, de par son ambivalence « aspectuelle », Off se révèle légèrement plus riche dans les opérations de transformation de sémantique verbale. » thèse, op. cit. 157 Cahier du CIEL 2005-2006 « Phrasal verbs » We were all loaded down with luggage, so we took a taxi to the airport. State department officials sought to play down the significance of the visit. « Compound verbs » The way kids are going today, five-year-olds may soon be downloading SpongeBob SquarePants movies to their lunchboxes. Businessweek, Feb. 24, 2003, p. 41 But as the elections draw near, Berlusconi is downplaying their significance. “I wouldn’t give such great importance to these elections,” he told TIME. Time, June 14, 2004, p. 55 En ce qui concerne play down, il faut dire que l’on a une quasi équivalence entre les deux structures. Pour load down, nous notons qu’il ne se trouve guère qu’à la voix passive, alors que download est partout attesté à la voix active dans notre corpus ; il présente également un glissement sémantique vers l’abstraction : en effet, télécharger, ce n’est pas "charger" quelqu’un ou quelque chose au sens propre (c’est-à-dire physique), mais effectuer "un transfert de données au moyen d’un réseau informatique" (monde du virtuel). Nous pensons qu’il n’est pas insignifiant que la langue ait fait ce choix du "compound verb" pour renvoyer à une nouveauté technique, ce qui lui permet ainsi d’éviter toute ambiguïté (n’est-ce pas justement ce qui se passe entre le Gotique et le Moyen Anglais, lorsque la particule adverbiale passe à droite du verbe afin de se démarquer de la particule préverbée sur le plan sémantique ? cf. 3.2.1. ci-dessus). Essayons de formaliser les choses : « Phrasal verbs » <a BE loaded ∍ down with b> A droite du verbe, la particule down construit une valeur résultative : <a BE loaded down>, où l’on perçoit encore l’image du « patient » (a) qui ploie (down) sous la charge. « Compound verbs » <a download b> A gauche du verbe, la particule down ne construit absolument pas de valeur "résultative", puisque, si elle est bien repérée par rapport au verbe load, c’est ce dernier qui est l’aboutissement du processus : <a down ∈ load b> → b is (down)loaded, et non la particule antéposée qui indique simplement un « chemin ». En outre, lorsqu’il y a neutralisation « sémantique » entre les deux structures (play down versus downplay), la langue anglaise semblerait aujourd’hui privilégier assez souvent la solution du « compound verb » : In private, officials from both parties downplay the ultimate political fallout from the commission’s findings. Instead, they say, it’s the ongoing situation in Iraq that will govern how people vote. Time, June 28, 2004, p. 43. Ceci correspondrait peut-être au mouvement de « concentration prédicative » qui caractérise cette langue, et qui lui permet, en même temps, de mettre l’accent sur le verbe devenu "un". Actants Pas de C1 Schatzman had no opinion of the upcoming birth of Dr C0 animé Zajac’s twins, because ou activité Schatzman was more than humaine retired – Schatzman had died. The Fourth Hand, p. 213 C0 non animé 158 The CSD can enter the flight deck at will. He walked straight in. The relief captain was in the left-hand seat, staring ahead at the lights of an upcoming coast. The Veteran, p. 262 UP [tableau 62a] Niveau 1 C1 animé ou activité humaine How had he imagined that Doris could entertain the possibility ? Surely he didn’t believe she would uproot herself and little Otto from Wisconsin, and Wallingford was clearly not a man who could make a longdistance relationship(if any relationship) work. The Fourth Hand, p. 244 ∅ C1 non animé ∅ So where is Sally Hepburn ? Has she got cold feet? Has jealous Husband Andrew detained her? Has her train been derailed? Who will spot her first? Will her weight upset the apple cart? Will she prove an irritant? The Seven Sisters, p. 169 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Actants Pas de C1 So as more users sign up and existing users upgrade, the C0 animé operators will quietly switch ou activité them to new handsets that work humaine on both 2.5G and 3G networks. The Economist, Sept. 20th 2003, p. 64 C0 non ∅ animé Actants Pas de C1 C0 animé ou activité humaine ∅ C0 non animé ∅ Niveau 2 C1 animé ou activité humaine C1 non animé « Because Constantine upgraded Jesus’ status almost four centuries after Jesus’ death, thousands of documents already existed chronicling His life as a mortal man. The Da Vinci Code, p. 254 Everyone had upgraded their wardrobes, much to his satisfaction. The King of Torts, p. 177 ∅ ∅ Niveau 3 C1 animé ou activité humaine Valeria emboldens herself to upbraid Cynthia with mock severity : what had she been thinking of, to frighten them all by swimming out so far from land? The Seven Sisters, p. 198 "That men, women and children uprooted by the war and ethnic cleansing will die in enormous numbers is no longer in doubt due to advanced stages of malnutrition and disease that cannot be reversed," says USAID’s Winter. Time, July 5-12, 2004, p. 29 C1 non animé “Interpol is still working. I uploaded everything we found.” The Da Vinci Code, p. 351 Sally Hepburn is not feeling too good the next day, and complains that the piquant peppers have poisoned her. (Is it, Candida wonders, the purloined tap water that has upset her stomach ?) The Seven Sisters, p. 194 Nous arrivons avec la particule up à un plus grand nombre de "compound verbs" (14), et donc la probabilité que les cas seront un peu plus diversifiés qu’avec une particule comme down par exemple. Si c’est bien le cas, nous constatons cependant d’emblée qu’il n’y a aucun cas de C0 non-animé en niveau 2, comme cela est d’ailleurs le cas avec toutes les particules étudiées jusqu’ici à l’exception de on (et encore s’agissait-il d’une forme participiale). Dès le niveau 1, nous avons un exemple de verbe (uplift) qui, selon the Shorter Oxford English Dictionary, passe d’un sens “littéral” à un sens “figuré” [1. to lift up to a higher level ; to raise → 2. to elevate morally (1883)] : Abraham Lincoln, the President whom Bush says he admires most, called the Civil War God’s punishment for the sin of slavery, and the presidency an office that drove him to his knees "by the overwhelming conviction that I had nowhere else to go." William McKinley decided to invade the Philippines to “uplift and civilize and Christianize” its people. Time, June 21, 2004. Puis, nous en arrivons à upset, dont l’origine155 est bien sûr "directionnelle", dans sa quasi équivalence sémantique initiale qu’il a avec set up156. C’est sur cette « polyphonie » du verbe que joue d’ailleurs Margaret Drabble, lorsqu’elle utilise une "métaphore" (to upset the applecart157), dont elle retrouve l’origine en utilisant un C0 non-animé (her weight), mais qui fait bien référence 155 Cf. The SOED : “III. 1. With vbs., participles, agent-nouns, etc. In OE., up was placed immediately before a vbl. form only in a limited number of instances, as upgan, -hebban, etc.; it is difficult to determine in how many of these the adv. had become a real prefix. In ME. the use of the prefix is thoroughly established and new formations have been constantly added during the following centuries. A considerable proportion, however, occur only in poetry, and are simple substitutions for the vb. followed by the adv., although they are regarded as real compounds and written as one word. Examples are: uparise, -bear, -blaze, -blow, -boil, -break, -buoy, call, -drag, -draw, -fill, -grow, -jet, -keep, -look, -move, -roll, -rouse, -shoot, -snatch, -stir, -tear, -thrust, wind, -wrap” 156 “to place in a high or lofty position; to raise to an elevated situation” The SOED 157 “to spoil a plan or arrangement; disrupt events, disprove a theory” Oxford Dictionary of Current Idiomatic English, Volume 2. 159 Cahier du CIEL 2005-2006 à une personne (Sally Hepburn) : Will her weight upset the apple cart?158. Nous retrouvons ensuite upset en niveau 3 cette fois, avec des arguments plus ou moins « animés » : Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Exemples avec « upset » (niveau 3) [Tableau 62b] C1 animé ou activité humaine C1 non animé Mr Zoellick hailed three front-running free-trade partners. These are Morocco in the west, Jordan in the centre, and On the other hand, we could run a 2% deficit Bahrain in the east, all of whom have toyed with forever and not upset financial markets. parliaments – but ones that do nothing to upset the ruling Businessweek, February 24, 2003, p. 36 elites. The Economist, June 28th 2003, p. 72 I was very upset by her speech problems when she was Sally Hepburn is not feeling too good the next day, little and I probably did all the wrong things – interrupted and complains that the piquant peppers have her, listened to her too patiently, ignored it, looked poisoned her. (Is it, Candida wonders, the anxious about it, sent her to the wrong kind of elocution purloined tap water that has upset her stomach ?) The Seven Sisters, p. 194 classes. The Seven sisters, p. 282 En ce qui concerne le niveau 2, il n’y a d’attesté, dans notre corpus, que le verbe upgrade, qui, s’il peut s’employer absolument, c’est-à-dire sans complément d’objet, ne s’emploie pas vraiment avec un C0 "nonanimé" ; ainsi, dans l’exemple suivant, "GPS" (Global Positioning System) est certes considéré comme un "tout" (cf. 3ème personne du singulier), mais il renvoie, métonymiquement, à l’ensemble des personnes qui le font fonctionner : In 2000, President Clinton decided to open the whole service to any user. Since there was zero marginal cost, the Pentagon had handed a gift to the world. But now GPS needs more spending to upgrade it to handle applications in which lives could be put at risk, such as in air traffic control. The Economist, June 28th 2003, p. 92. En ce qui concerne la diversité "actancielle", le niveau 3 semble, incontestalement, être un peu plus riche, comme le montre en particulier le verbe "préverbé" update, tant dans le sens d’informer que de celui de transformer : He was near the Yucatán Peninsula in the Gulf of Mexico and could someone please update him on Clay’s condition? The King of Torts, p. 449; On Friday, Ishihara did his bit by appearing on TV Asahi’s popular evening news program to update the nation on his struggle to oust Fujii. Newsweek, October 6, 2003, p. 45; Immediately, White House staffers called officials at the CIA to see if the agency had updated its assessment of Saddam Hussein’s relationship with al-Qaeda; Time, June 28, 2004, p. 43; Arguably, there has been too much investment in stores in the south of England, and too little investment in genuine innovation to update areas such as the bakery and delicatessen counters that shoppers see. The Economist, June 28th 2003, p. 97; Drawing on unsettling tide of liberal support within the College of Cardinals, the Pope was now declaring his papal mission to be “rejuvenation of Vatican doctrine and updating Catholicism into the third millennium.” The Da Vinci Code, p. 161. Ainsi, avec up, le niveau 3 semblerait plus riche qu’avec les autres particules examinées jusqu’ici, en ce qui concerne la « valence sémantique », sauf que, contrairement aux deux autres niveaux [1 et 2], nous n’y avons pas trouvé d’emploi intransitif du « compound verb ». Enfin, nous observons une autre différence très intéressante (glissement sémantique ?) : avec les « phrasal verbs », la valence sémantique la plus riche avec up se situe au niveau 2159, tandis qu’avec les « compound verbs », elle se déplace vers le niveau 3. 158 L’auteur insiste sur cet aspect physique de Sally Hepburn, comme le prouve une autre image quelques pages plus loin: “It would not be fair to expect a stranger in this group to sit next to Sally. Sally is too large for an economy aeroplane seat. She will overflow, and therefore she must overflow on to Candida”. The Seven Sisters, p. 172 159 Cf. thèse de doctorat (M. Simon) : 3.3.2.2. DOWN – UP, et ci-dessus 2.1.3.2. 160 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Actants Pas de C1 UNDER [tableau 63] Niveau 1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé Patrick read only a few pages, stopping at a sentence Mrs Clausen had underlined in red – the description of how the eponymous English patient drifts in and out of consciouness as the nurse reads to him. The Fourth Hand, p. 317 The underlying tension between C0 animé them was that Doris made no ou activité mention of Patrick’s proposal. humaine The Fourth Hand, p. 318 ∅ On top of this, the underlying hedge funds charge management fees of 2% and one-fifth, or more, of profits. The Economist, Sept. 20th 2003, p. 75 ∅ ∅ Niveau 2 C1 animé ou activité humaine C1 non animé C0 non animé Actants Pas de C1 If George W. Bush thought he’d be basking in universal applause C0 animé for shaking up his ou activité underperforming economic humaine team, he guessed wrong. Businessweek, December 23, 2002, p. 24 "I really think there is more scope for bonds to outperform rather C0 non than underperform," he says. animé BusinessWeek, Feb. 24, 2003, p. 43 Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Pas de C1 ∅ ∅ But as a commanding general he had two flaws that would kill him and most of his men in the next hours. One was that he constantly underestimated his enemy. The Veteran, p. 302 In truth the newspaper diarist had underestimated the splendour Big Bill Braddock planned for his son’s wedding. The Veteran, p. 406 ∅ ∅ Niveau 3 C1 animé ou activité humaine And Chicago’s Swift & Co. grew into a meatpacking behemoth by combining assembly-line abattoirs with refrigerated railcars to undercut East Coast butchers. Businessweek, Feb. 24, 2003, p. 12 Instead of more of the women’s conference, what Dick said he now wanted was ‘something to contrast to it’ – something to undermine it [the women’s conference], in other words. The Fourth Hand, p. 98 C1 non animé That’s how obstinate he was, that’s how secretive he was – no matter what he undertook, that’s how much he meant business, this coloured kid from East Orange High. The Human Stain, p. 117 The system known as amakudari (parachutes from heaven), in which retired bureucrats take jobs in industries they once regulated, is eroding – undermining a powerful base of support for the ministry leaders. Newsweek, October 6, 2003, p. 43 La première remarque que nous ferons à la suite de ce tableau, c’est la difficulté à trouver, avec under, des C0 "non-animés", en particulier pour le niveau 1. Nous avons d’ailleurs une illustration, à travers le cas de underline, d’un certain élargissement du champ actanciel, à mesure que l’on s’éloigne du niveau 1 pour aller vers le niveau 3, lequel n’est alors plus du tout compositionnel. Dans l’exemple qui suit, nous pouvons naturellement nous interroger pour savoir si underline reste un niveau 1, mais dans un emploi "métaphorique", ou s’il est tout simplement devenu niveau 3, c’est-à-dire employé dans le sens 2. du dictionnaire unilingue160 : In response to his coaxing, the strings gently underline, then swoop over the singers in a frenzy of quavers. Time, June 14, 2004, p. 64. L’exemple suivant, tiré du roman de John Irving, constitue un pas de plus dans le degré 160 1. to draw a line under (a word), esp. to show its importance or draw attention to it; 2. to give force to (an idea, feeling, etc. which has been expressed or shown); EMPHASIZE. Longman Dictionary of English Language and Culture. 161 Cahier du CIEL 2005-2006 d’abstraction, avec un C0 et un C1 "non-animés", portant le double sème de "+humain" et "± abstrait" : Out of context – possibly, in any context – that story would have served only to underline Wallingford’s weirdness. The Fourth Hand, p. 307. Pas plus qu’au niveau 1, nous n’avons trouvé au niveau 2 des C0 non-animés, à l’exception des schémas intransitifs (cf. exemple du tableau 63 : bonds…underperform). En réalité, ceci n’est pas fait pour nous surprendre, compte tenu de l’opération sous-jacente, de nature "modale", effectuée avec under au niveau 2 [cf. tableau 47]. Soit l’exemple suivant : Let him not underestimate her resolve : nothing was now more important to her than exposing Coleman Silk for what he was. The Human Stain, p. 195. Formalisons (de manière simplifiée) la relation prédicative : <he, (NOT), underestimate, her resolve>, dans laquelle underestimate est composé de la base estimate (cf. Longman : judge or calculate the nature, value, size, amount, etc., of (something), esp. roughly, form an opinion about), et de la particule UNDER qui joue ici exactement le rôle inverse de OVER (cf. 3.2.3.). UNDER [in or to a lower place than, directly below, less than] serait la trace de la "non atteinte" d’une norme, compte tenu de sa valeur "directionnelle" de non franchissement de frontière d’un extérieur (E) vers un intérieur (I), le "préconstruit" étant la limite ou le domaine en deçà duquel on reste. Ainsi, nous aurions pour l’exemple ci-dessus les opérations suivantes : <<a, estimate, b> [less than (= UNDER)] <∀a, estimate, b >> ou encore, ce qui est beaucoup plus probable, compte tenu du caractère "appréciatif" à construire, entre d’une part l’argument "source" (a), et d’autre part l’association <r, b>, c’est-àdire entre l’argument "but" (b) et le verbe estimate : <<a, estimate, b> less than [= UNDER] <b BE WORTH>>. L’argument a ne peut donc être généralement qu’un "animé humain" capable d’établir un jugement quantitatif ou qualitatif par rapport à une norme donnée, le C1 pouvant, lui, être beaucoup plus large : As a result, the Bush administration grossly underestimated the cost of rebuilding Iraq and overestimated the ability of the Iraqis to foot some of the bill through oil revenues. Newsweek, October 6, 2003, p. 39; In truth the newspaper diarist had underestimated the splendour Big Bill Braddock planned for his son’s wedding. The Veteran, p. 406. Ce que nous venons de dire au sujet de underestimate s’applique bien évidemment à undervalue (souvent employé au passif dans la presse économique : Nobody can be sure that China’s currency really is grossly undervalued. (The Economist, Sept. 20th, 2003, [A survey of the world economy], p. 29), et underrate: Mallory had too much experience of and respect for the Germans ever to underrate them: they could put two and two together better than most. The Guns of Navarone, p. 273. Nous en arrivons enfin au niveau 3, où nous trouvons le plus grand nombre d’occurrences, avec l’absence toutefois de schémas "intransitifs". Nous étudierons cinq "compound verbs" typiques, car assez fréquents, de ce niveau 3 : undercut, undergo, undermine, undertake et underwrite. Tableau 63bis Undercut161 Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé 161 C1 animé ou activité humaine And Chicago’s Swift & Co. grew into a meatpacking behemoth by combining assemblyline abattoirs with refrigerated railcars to undercut East coast butchers. BusinessWeek, Feb. 24th, 2003, p. 12 For years the publicly owned banks have been able to undercut their private competitors because their borrowings enjoy a state guarantee and are therefore cheaper. The Economist, June 28th 2003, p. 101 C1 non animé He had discovered the delicious wines of the Chianti hills and begun to export them in great vats to his native England, undercutting the accustomed French vine-vintages and laying the foundations of a tidy fortune. The Veteran, p. 112 Before the US Senate Judiciary Committee last week, Attorney General John Ashcroft said, “This Administration opposes torture,” but he refused to release an unclassified memo quoted by the Washington Post that seemed to undercut his words. Time, June 21, 2004, p. 30∅ Undercut = to sell goods or services more cheaply than (a competitor); Longman Dictionary. 162 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Undergo Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé Actants C0 animé ou activité humaine C0 non animé C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ The patient in Kansas City was now undergoing chemotherapy and fading fast. The King of Torts, p. 379 Amid a widespread feeling that the President’s package will undergo significant changes, “This work is undergoing diagnostic tests in preparation corporate lobbyists are taking advantage of the for restoration”. The Da Vinci Code, p. 184 opportunity to push their own pet tax breaks. BusinessWeek, Feb. 24, 2003, p. 36 Undermine C1 animé ou activité humaine C1 non animé ∅ ∅ Instead of more of the women’s conference, what “(…) People don’t like these E.U. structures. They are too Dick said he now wanted was ‘something to far away, not transparent and undermining democracy by contrast to it’ – something to undermine it [the moving too much of the decision making process from the women’s conference], in other words. The Fourth national parliaments to the E.U.” Time, June 28, 2004, p. Hand, p. 98 37 Undertake C1 animé ou activité humaine C1 non animé That’s how obstinate he was, that’s how secretive he was – no matter what he undertook, that’s how much he meant ∅ business, this colored kid from East Orange High. The Human Stain, p. 117 ∅ ∅ 162 Underwrite Actants C1 animé ou activité humaine C0 animé ou activité humaine ∅ C0 non animé ∅ C1 non animé Aid workers say privately that they were focused on countries like Iraq and did not realize the extent of the catastrophe taking place in Sudan until a few months ago. Once they did, it took months to get money from donors to underwrite an emergency effort. Time, July 5-12, 2004, p. 29 The country’s dramatic shift into budget deficits may have underwritten the American, and thus the global, economy in the short term, but it risks making the medium-term problem much worse. The Economist, Sept. 20th, 2003, [A survey of the world economy], p. 34 Nous remarquons que ces verbes se comportent de façon assez différente en ce qui concerne la valence sémantique, allant des schémas “actanciels” les plus riches (undercut, undergo) jusqu’au cas le plus indigent (undertake), en passant par deux verbes, dont l’un (undermine) ne se trouve pratiquement jamais avec un C0 directement “animé” [Cf. C0 répertoriés: the system, Lukovic’s testimony, Conditionality, the demand for capital, Asia’s central banks, the country’s appetite, it (one plan)…], mais accepte des C0 “± ±abstraits” se référant à des “activités humaines”: For some, images of the continuing carnage, the failure to find illicit weapons and now the 9/11 commission’s conclusion that Iraq did not aid al-Qaeda’s attack on America serve to undermine the Bush Administration’s efforts to herald the establishment of a new Iraqi government as a sign that the occupation has been worth the sacrifice. Time, June 28, 2004, p. 46; tandis que l’autre (underwrite) ne peut avoir qu’un C1 “non-animé”: But, as a later section of this survey will show, central banks cannot underwrite America’s current-account deficit indefinitely.The Economist, Sept. 20th, 2003, [A survey of the world economy], p. 12. Toutes ces incompatibilités "actancielles" peuvent alors nous renseigner sur la nature des mécanismes 162 Underwrite = 1. to support with money and esp. take responsibility for possible failure; 2. to take responsibility for fulfilling (an insurance agreement); Longman Dictionary. 163 Cahier du CIEL 2005-2006 sémantiques sous-jacents qui permettent par exemple à undermine (= to wear away) d’accueillir uniquement des sèmes capables de se couler dans la métaphore de l’érosion provoquée par les eaux : If that happens too successfully, though, another worry will loom : that the demand for capital could undermine a central pillar of the present optimism – cheaper credit. The Economist, September 20th 2003, p. 60. Nous noterons pour terminer que under est, proportionnellement, sans doute la particule la mieux représentée dans le corpus B2 (Anglais "économique"), puisqu’on y trouve 14 préverbes sur les 22 "compound verbs" pour l’ensemble de notre corpus B, soit 63,63% ; nous les trouvons au niveau 2, et surtout au niveau 3, la quasi totalité d’entre eux construisant des procès d’achèvement. C’est le cas de underpin163 [to put (a pin under)], seule occurrence de notre corpus, qui conserve, de façon quasi transparente pour un anglophone, son soubassement "métaphorique", même si aujourd’hui le sens littéral n’est même plus attesté dans les dictionnaires. Nous assistons bien, là, à une évolution d’emploi plus abstrait du "compound verb" en langue contemporaine : As if this were not bad enough, the breakdown in Mexico may have dealt a mortal blow to the multilateral trading system itself – a system that, for more than half a century, has underpinned global prosperity. The Economist, September 20th, 2003, p. 13. C’est également à ce niveau 3 que nous avons les cas de changement de « valence syntaxique » (augmentation). Actants Pas de C1 These sources seem to believe that outgoing CIA Director C0 animé George Tenet was strongou activité armed by Cheney and humaine Rumsfeld into overassessing Iraq’s WMD capacity. Time, July 5, 2004, p. 15 C0 non animé ∅ Actants Pas de C1 C0 animé ou activité humaine ∅ C0 non animé ∅ Actants Pas de C1 C0 animé ou activité humaine ∅ C0 non animé By 2001, Tyco had $16.7 billion in such intracompany loans outstanding. BusinessWeek, Dec. 23, 2002, p. 53 163 OUT [tableau 64] Niveau 1 C1 animé ou activité humaine “The Grail story is everywhere, but it is hidden. When the Church outlawed speaking of the shunned Mary Magdalene, her story and importance had to be passed on through more discreet channels…channels that supported metaphor and symbolism. The Da Vinci Code, p. 281 C1 non animé ∅ ∅ Niveau 2 C1 animé ou activité humaine If he can’t read Monica Lewinsky, how can he read Saddam Hussein ? If he can’t read and outfox Monica Lewinsky, the guy shouldn’t be president. The Human Stain, p. 148 ∅ C1 non animé The Australians outsell French wines in the United States and the U.K. Newsweek, October 6, 2003, p. 54 Sparkling whites made there [in England] have outscored some of The bus was slowly outpacing the the classiest champagnes at galloping horse. The Veteran, p. 393 international blind tastings. Newsweek, October 6, 2003, p. 52 Niveau 3 C1 animé ou activité humaine C1 non animé Toy executives view gee-whiz Reno’s men [C1] had been easily and electronicss as the front line in skilfully outflanked to their left by ponytheir war against “age mounted warriors [C0] riding round them compression”. That’s industryon the prairie and, with their flank turned, speak for the fact that today’s kids were being forced back into a stand of outgrow toys at an ever-younger cottonwoods by the riverbank they had just age. BusinessWeek, February 24, crossed. The Veteran, p. 314 2003, p. 41 The truth is more extreme: Robust GDP growth has averaged 3.3% Western Europe may have reached since 1990 – outstripping almost all other the point where football passion OECD countries including the US and UK. outstrips religion, class warfare, The Economist, June 28th, 2003, p. 83 nationalism, even ethnic hatred. Time, July 5-12, 2004, p. 51 Underpin = to give strength or support to (esp. an argument); Longman Dictionary. 164 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Le niveau 1 des "compound verbs" formés avec la particule out ne présente pas un très grand intérêt du point de vue de la valence sémantique, à l’exception peut-être de outlaw, « préverbe » formé par conversion [to put (OUT + ∗lagu, log, LAW)] : The earlier gospels were outlawed, gathered up, and burned. The Da Vinci Code, p. 254. Nous remarquons par ailleurs qu’aucun cas de C0 "non-animé" n’est attesté en niveau 1. Nous n’avons aucun schéma intransitif en niveau 2, ce qui nous semble bien normal compte tenu de ce que nous avons dit sur la prédication "comparative" afférente au niveau 2 : In some ways, Kozlowski actually outdid Welch, his idol. BusinessWeek, December 2, 2002, p. 56; Their drug is outperforming our drug. The King of Torts, p. 108. Expedia’s fat profits allow it to undercut online rival, outspend them for product development, and drive hard bargains with struggling suppliers. BusinessWeek, February 24, 2003, p. 60. A partir de là, les quatre schémas possibles pour la relation "transitive" sont attestés (cf. tableau 64). Nous y trouvons les verbes suivants : outbid, outdo, outfox, outgrow, outgun, outlast, outlive, outmaneuver, outmatch, outnumber, outpace, outperform, outrank, outrow, out-score, outsell, outspend, outweigh, où, bien entendu, la configuration actancielle de chacun de ces verbes dépend des "relations primitives"164 entre les notions constitutives du "préverbe" d’une part, et celles des deux actants qui s’y associent d’autre part. Comme toujours, nous remarquons un glissement vers des C0 de plus en plus "abstraits", tout particulièrement dans les exemples de la presse économique [Corpus B2] : Not only has Japan’s economy actually outperformed Germany’s in recent years, (…), The Economist, June 28th, 2003, p. 29 ; → "I really think there is more scope for bonds to outperform rather than underperform," he says, BusinessWeek, February 24, 2003, p. 43. Mais c’est également le lieu où se forment de nombreuses “métaphores” par le jeu des analogies : American consumer spending has outpaced the rest by an even bigger margin, growing at an annual rate of 3%, compared with 0.8% in Germany and 1.3% in Japan. The Economist, June 28th, 2003, p. 28; With many Japanese firms being outgunned by South Korean and Chinese rivals, both on cost and increasingly on quality, the government is emphasising innovation and flexibility. The Economist, June 28th, 2003, p. 92; But such failures are heavily outweighed by the successes. The Economist, June 28th 2003 [A survey of capitalism and democracy], p. 5. Poor Julia, she has outlived her looks, her popularity, and her fame. The Seven Sisters, p. 94. On peut également assister, par un raccourci de nature “métonymique”, à la substitution du “vendeur” (cf. The Australians outsell French wines in the United States and the U.K., Newsweek, Ocotber 6, 2003, p. 54), l’“objet vendu’ : In New York alone, their annual restaurant handbook moves 650,000 copies, outselling the dictionary and the Bible. Newsweek, October 6, 2003, p. 8. En outre, nous trouvons deux verbes, outgrow et outweigh, qui nous semblent particulièrement intéressants, puisqu’en fonction des arguments ou actants qu’ils pilotent, ils se situent exactement à la jonction du niveau 2 (encore "compositionnel") et du niveau 3 (notionnel) qui, lui, ne l’est plus (cf. tableau 64bis ci-dessous) : 164 “On appelle propriétés primitives les propriétés associées aux notions ou constitutives de celles-ci qui résultent du filtrage et de la structuration de l’univers extra-linguistique physico-culturel par les locuteurs. Parmi les propriétés primitives, on peut citer les propriétés qui conditionnent les repérages spatiaux, les propriétés qui constituent la définition des rôles d’actants et les propriétés prises en compte dans les opérations de détermination (/discontinu/, /continu quantifiable/, /continu non-quantifiable/)” Les mots de la linguistique, M. L. Groussier/C. Rivière (Ophrys). 165 Cahier du CIEL 2005-2006 Tableau 64bis Préverbes Outweigh165 Outgrow166 Glissement du niveau fonctionnel de 2 préverbes en fonction de leur configuration actancielle : Niveau 2 Niveau 3 If this “income” effect outweighs the Besides, Medea outweighed Rudy by a good ten pounds substitution effect, people will work less hard and could easily knock the boy down. The Fourth Hand, p. and pay less tax. They may be happier, but the 69 treasury will be emptier. The Economist, June 28th 2003, p. 112 Economists will argue about the costs of these He was probably silly to do what he did. He was measures. But the benefits of greater efficiency outnumbered and outweighed. To judge from his grey hair, and reduced vulnerability should, over the long he was middle-aged and clearly his limp indicated he was run, outweigh the $120 billion cost of getting not fully mobile. But he fought back. The Veteran, p. 12 there. BusinessWeek, February 24, 2003, p. 51 Kannegiesser says it is unlikely he’ll relocate, In the silence, Gettum sensed her guests’ desire for but he won’t vouch for other businesses. “At discretion was quickly being outweighed by their eagerness some point,” he says, “the weaknesses may start for a fast result. The Da Vinci Code, p. 409 to outweigh the strengths.” BusinessWeek, December 23, 2002, p. 17 He [Clinton] writes that he “tended to make enemies effortlessly” and that he was so clumsy, he outgrew his fear of riding a bike without training wheels only as a college Medea, now more often called Pal, would eat a ton of raw clams and mussels, shells and all; but student at Oxford. Time, June 28, 2004, p. 26 Another prescribed a syrup, an indigestible sugar that the dog had seemingly outgrown a taste for her worked as a diuretic. A third suggested Rudy would own turds, and Rudy and Zajac played lacrosse outgrow the problem; it was the only gastro-enterological with a lacrosse ball. The Fourth Hand, p. 202 advice that both Dr Zajac and his ex-wife could accept. The Fourth Hand, p. 50 The mortgage markets may now be mature enough not to Toy executives view gee-whiz electronics as the need Fannie Mac and Freddie Mac any more. Certainly, the front line in their war against “age two companies think that they have outgrown their original compression”. That’s industry-speak for the fact brief. Both have moved away from buying, packaging and that today’s kids outgrow toys at an everselling mortgages towards retaining them instead. The younger age. BusinessWeek, February 24, 2003, Economist, June 28th, 2003, p. 105 p. 41 Ainsi que nous le notons depuis le début de ce travail, il y a bien une extension progressive du champ sémantique du "compound verb", comme cela est d’ailleurs le cas avec les "phrasal verbs"167. Ainsi pour outweigh, nous passons d’une valeur "quantitative" (peser plus lourd que) à une valeur "qualitative" (être plus 165 Outweigh; Niveau 2 = to exceed in weight; fig. to be too heavy for; Niveau 3 = to exceed in value, importance or influence. The SOED; et également pour ce niveau 3: “to be greater or more important than something else”. Cambridge Dictionaries Online (2004) 166 Outgrow; Niveau 2 = to grow bigger than or too big for something; Niveau 3 = to lose interest in an idea or activity as you get older and change. Cambridge Dictionaries Online (2004) 167 Cf. ce que nous écrivions dans notre thèse : « Ces mécanismes "sémantiques" sont d’ailleurs si complexes qu’il est parfois bien difficile de déterminer si un phrasal verb est idiomatique en soi, ou s’il le devient seulement en discours, dans la mesure où nous assistons, ainsi que nous l’avons déjà suggéré au chapitre 3, à un double mouvement de construction sémantique, tant au sein du phrasal verb lui-même (cf. son plus ou moins haut degré de "compositionnalité") que dans son interaction avec les autres éléments de l’énoncé, ce que nous pourrions résumer comme suit : « Contexte discursif ↔[Verbe ↔ Particule] ↔ Contexte discursif ». Ainsi, nous assistons à une succession d’opérations de transformation syntaxico-sémantique des éléments du phrasal verb. Le glissement de sens peut concerner le verbe et/ou la particule (niveau 1), puis le phrasal verb « aspectuo-modal » (niveau 2), et enfin le phrasal verb lexicalisé (niveau 3), phénomène de stratification "sémantique" presqu’infini, puisqu’à chaque fois le phrasal verb peut servir de prédicat à une nouvelle relation sur l’axe paradigmatique, bien que les arguments obéissent à certaines contraintes, sur l’axe syntagmatique, d’ordre sémantico-culturel, l’association n’étant jamais totalement arbitraire. Nous pourrions représenter cette « combinatoire » par le schéma suivant, où chaque chiffre correspond, sur le plan formel, à une étape possible de glissement polysémique : Tableau 94 [64ter dans cet article] Phrasal Verb de niveau 1 : Contexte discursif ↔ [Verbe (1) + Particule (2)](3) ↔ Contexte discursif (4) x n… Phrasal Verb de niveau 2 : Contexte discursif ↔ [Verbe (1) + Particule (2)](3) ↔ Contexte discursif (4) x n… Phrasal Verb de niveau 3 : Contexte discursif ↔ [Verbe x Particule](1) ↔ Contexte discursif (2) x n… (…) ». Thèse de doctorat, M. Simon, op. cit. p. 509 [in 10.3.1. Le phénomène de « métaphorisation »] 166 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais important que), laquelle est d’ailleurs la seule attestée dans le dictionnaire "en ligne" de Cambridge University Press (Exemple proposé : The benefits of this treatment far outweigh any risks). Il en va de même pour outgrow (The company outgrew its office space [QNT] → He eventually outgrew his adolescent interest in war and guns [QLT], Cambridge Dictionaries Online). Nous en arrivons ainsi au niveau 3 des "compound verbs" formés avec out. Tous les cas sont représentés à l’exception du schéma intransitif avec un C0 animé, ce qui montre bien le caractère plus abstrait du verbe "non compositionnel". Nous passons ainsi pour le verbe outline d’un C0 “animé” : Sophie quickly outlined what Landon had explained earlier – the Priory of Sion, the Knights Templar, the Sangreal documents, and the Holy Grail, which many claimed was not a cup… but rather something far more powerful. The Da vinci Code, p. 248, à un C0 “non-animé”: The eighteen folios – now known as Leonardo’s Codex Leicester after their famous owner, the Earl of Leicester – were all that remained of one of Leonardo’s most fascinating notebooks: essays and drawings outlining Da Vinci’s progressive theories on astronomy, geology, archaeology, and hydrology. The Da Vinci Code, p. 328. Nous terminerons avec le verbe outstrip [to pass in running, to do better than], où nous observons le même passage (évolution ?) vers des C0 “±animés”: Although few people outside Japan have heard of it, Mizuho is the world’s biggest banking group, with $1.28 trillion in assets, far outstripping No. 2 Citigroup’s $1.05 trillion. BusinessWeek, December 23, 2002, p. 22; Australia. Your bridge to better business. (…) Robust GDP growth has averaged 3.3% since 1990 – outstripping almost all other OECD countries including the US and UK. [Encart publicitaire] The Economist, June 28th, 2003, p. 83; The truth is more extreme: Western Europe may have reached the point where football passion outstrips religion, class warfare, nationalism, even ethnic hatred. Time, July, 5-12, 2004, p. 51. Actants Pas de C1 Candida and Anna fit nearly and C0 animé trimly into their shipshape ou activité bunks, but those two big women humaine below overflow and protrude. The Seven Sisters, p. 221 C0 non animé Shadows dark as night were cast along upper windows by the overhanging gutters ; The Veteran, p. 195 Actants Pas de C1 He had heard it could be done. Old Donaldson had once C0 animé mentioned a trapper who ou activité overwintered in a bear cave and humaine did not die, but slept like the cubs beside him until winter passed. The Veteran, p. 351 C0 non animé The rented car had overheated on the road, they had eventually found a parking slot beyond the city walls and now scurried from the Porta Ovile towards their goal. The Veteran, p. 196 OVER [tableau 65] Niveau 1 C1 animé ou activité humaine C1 non animé France and Italy also look “We use the two rented helicopters to likely to overshoot the 3% overfly him, picking up the ten men at limit, but not by enough to Bridger on their way. (…) The Veteran, p. allow a fiscal easing. The 428 Economist, June 28th, 2003, p. 29 London’s Opus Dei Centre is a modest brick building at 5 Orme Court, overlooking the ∅ North Walk at Kensington Gardens. The Da Vinci Code, p. 411 Niveau 2 C1 animé ou activité humaine C1 non animé These sources seem to believe that outgoing CIA Director George Tenet was strongEither they overpraise their wives or they armed by Cheney and fall dead silent. The Human Stain, p. 264 Rumsfeld into overassessing Iraq’s WMD capacity. Time, July 5, 2004, p. 15 Either this growth in the money supply is sterilised – which means selling domestic bonds to mop up the excess liquidity, an increasingly expensive process – or domestic liquidity will rise rapidly, which ∅ could overheat the economy and cause financial bubbles. The Economist, Sept. 20th, 2003 [A survey of the world economy], p. 29 167 Cahier du CIEL 2005-2006 Niveau 3 C1 animé ou activité humaine "Well, she was frightened. She was close to not saying anything, you C0 animé know. Starr overwhelmed her. eleven He saw, he heard, – he overheard. ou activité guys in the room with her at that hotel? The Human Stain, p. 105 humaine Hitting on her? It was a gang bang. It was a gang tape that Starr staged there at that hotel.” The Human Stain, p. 147 Historically, exchange rates have The power of nature is sometimes very tended to overshoot. In the 1980s calming, and this was a calming place, the dollar soared, then calling a halt to your trivial thinking C0 non plummeted. In Mexico in 1995, without, at the same time, overawing the peso plunged and then animé you with reminders of the nothingness recovered. The Economist, Sept. of a life span and the vastness of 20th 2003 [A survey of the world extinction. The Human Stain, p. 345 economy], p. 15 Actants Pas de C1 C1 non animé You do overhear some odd conversations there, though. I heard an alarming one this very evening. The Seven Sisters, p. 4 After a while, curiosity overcame exhaustion and inertia, and heaved me out of my chair, and I got up and crossed to the window – and behold, it was nothing more nor less than a common wood pigeon. The Seven Sisters, p. 61 Nous en arrivons enfin à over qui, avec ses 56 verbes, présente le tableau le plus complet de la "valence sémantique". En effet, seules deux cases dans le tableau 65 ci-dessus restent vides. Pour le niveau 1, nous nous attacherons essentiellement à l’examen de trois verbes : overflow, overshadow et overshoot. Tout d’abord, il est intéressant de constater qu’à chaque fois, nous observons la concurrence d’un sens “littéral” : From deep within the sinking caique came the muffled roar of rupturing fuel tanks: a flame-veined gout of oily black smoke erupted from the engine-room and tha caique miraculously struggled back on even keel, her gunwales almost awash, and then the hissing waters had overflowed and overcome [niveau 3] the decks and the twisting flames, and the caique was gone, her slender masts sliding vertically down and vanishing in a turbulent welter of creaming foam and oil-filmed bubbles. The Guns of Navarone, p. 61, et d’un sens “figuré” : While the stadium is often overflowing with fans, Europe’s churches are emptying and being converted into bingo halls and mosques. Time, July 5-12, 2004, p. 51; ‘Siena became a big medical centre. The Wehrmacht’s Medical Corps set up several hospitals here and they were always full. Towards the end even they overflowed and several nunneries and monasteries were requisitioned (…)’. The Veteran, p. 202; His enthusiam overflowing and infecting his guests, he told them: ‘Fort Heritage will be an involving and deeply meaningful educational experience for children and young people not only from Montana but, I expect, from the surrounding states. The Veteran, p. 358. D’autre part, nous remarquons que overshadow [“to throw a shadow over”] ne se trouve guère, dans notre corpus, que dans des emplois “métaphoriques”168 : For all Reagan’s foreign policy successes, his final years were overshadowed by scandal. Time, June 14, 2004, p. 36. Nous constatons d’ailleurs pour ce verbe, comme pour beaucoup d’autres, un glissement vers le niveau 3 lorsque le sens "directionnel" d’origine se fait de plus en plus ténu [cf. le sens 2. que donne Longman : to make appear less important] : « Unfortunately, the inherent humor in the situation was overshadowed by the taxi dispatcher repeatedly hailing their cab over the radio. "Voiture cinq-six-trois. Où êtes-vous ? Répondez ! " » The Da Vinci Code, p. 182. Enfin, le schéma transitif [<a, overshadow, b>] permet à la fois un changement de thématisation et, d’une certaine façon peut-être, une plus grande autonomie sémantique du verbe par rapport au niveau 1 : But the charges and countercharges over Djindjic’s murder overshadowed the campaign. Time, June 28, 2004, p. 40. Cette "corrélation" entre le 168 Notons ainsi ce très bel exemple de Philip Roth, où overshadowing a une fonction “participiale”: Thinking, yes, that’s why she left, to elude her mother’s fixed-forever overshadowing shadow, and that’s what blocks her return, and now she’s exactly nowhere, in the middle, neither there nor here… The Human Stain, p. 277 168 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais sémantique et le syntaxique se retrouve avec un "préverbe" de la presse économique : overshoot169. Dans un cas, il nous semble plutôt appartenir au niveau 1 : France and Italy also look likely to overshoot the 3% limit, but not by enough to allow a fiscal easing. The Economist, June 28th, 2003, p. 29, tandis que dans l’autre cas (changement d’actant [−animé] + diminution de valence syntaxique), le verbe nous semble davantage relever du niveau 3 : Historically, exchange rates have tended to overshoot. The Economist, Sept. 20th, 2003 [A survey of the world economy], p. 15. Un dernier verbe, très prolifique, qui oscille ainsi entre les niveaux 1 et 3 est overlook : [to have or give a view of from above (niveau 1)] They were on a ridge in Belgium overlooking a valley that was cut through by raildroad tracks. The Human Stain, p. 327; → [not to notice, miss (niveau 3)] He had studied the advertising and arrived at the opinion that the smaller markets were being overlooked. The King of Torts, p. 334. Le dernier exemple de “préverbe” de niveau 1 nous servira de transition avec le niveau 2 : He liked them to admire him, but I’d be very surprised if he really overstepped the mark with anything other than a smile or a pat on the back or an innuendo. The Seven Sisters, p. 276. Comme nous l’avons dit dans la deuxième partie [cf. 3.2.3.], over est bien la trace d’une « transgression de frontière », celle-ci pouvant être de nature "métaphorique" : Her flesh has eyes. Her flesh sees everything. In bed she is a powerful, coherent, unified being whose pleasure is in overstepping the boundaries. In bed she is a deep phenomenon. The Human Stain, p. 31. Le niveau 2 des "compound verbs" construits avec over ne présente pas d’originalités sémantiques particulièrement remarquables, ne serait-ce que parce qu’ici, over est bien la trace du dépassement d’une "norme" : Andrea was doing a magnificent job – if only he didn’t overdo it, leave his withdrawal till it was too late… The Guns of Navarone, p. 286; But I’m not so fussy about dust and dirt as I used to be. And I liked her accumulation [Mrs Jerrold’s] of treasures. It was good to be in a room with a history. Maybe I’ve overdone the stripping down. Maybe I’ve thrown too much away. The Seven Sisters, p. 101. Là encore, nous remarquons la puissance “syntaxique” de la particule: Why do the Joyce pilgrims – or any of the other questers in this issue – do all this ?170 It’s easy to overthink the answer. As Itoi says, “sometimes you just have to hit the road.” Time, July 5, 2004, p. 4. Enfin, on y trouve plusieurs exemples de “phrasèmes” très intéressants : Mallory stood quite still, watching him with expressionless face, cursing himself for his folly. He had overplayed his hand. The Guns of Navarone, p. 201; ‘Mike, you know I seldom take Legal Aid Cases?’ ‘Seldom is good enough for me, sir.’ ‘But now and again? Once a year say? Sort of paying one’s dues, good for the image?’ ‘Once a year is a good average. No need to overegg the pudding, Mr Vee.’ The Veteran, p. 64. Après le niveau 2, encore "compositionnel", le verbe overawe [OVER171 + AWE (1579)], formé par conversion [cf. Gothic agis = fear], nous servira de transition entre les niveaux 1 et 3, puisqu’on y perçoit à la fois les éléments de départ (awe) et d’arrivée (overcome), le verbe signifiant globalement : "to restrain, control, or repress by awe", ce qui est bien le franchissement d’une frontière : Sally Hepburn joins in the chorus of disapprobation, though without much conviction: she is somewhat overawed by such reckless boldness. The Seven Sisters, p. 199; The power of nature is sometimes very calming, and this was a calming place, calling a halt to your trivial thinking without, at the same time, overawing you with reminders of the nothingness of a life span and the vastness of extinction. The Human Stain, p. 345. Dans ces deux exemples, le terme "source" n’est bien sûr pas directement "animé" (such 169 “to go or shoot too far or beyond, and miss: the train overshot the station”, Longman. Titre de l’article: “The Roads Now Taken – It’s a secular age, but Europeans still go on QUESTS, TREKS and PILGRIMAGES to test their limits and nourish their souls. A special report on what moves the Continent.” 171 “With the sense of overcoming, putting down, or getting the better of, by the action or thing expressed; in vbs., as OVERAWE, -brave, -DARE; so in vbl. derivs.” The SOED. 170 169 Cahier du CIEL 2005-2006 reckless boldness, a calming place), mais le terme "but", lui, l’est (she, you). Nous terminerons ce panorama, nécessairement incomplet, des compound verbs construits avec over en examinant, dans le tableau 65bis, la valence "sémantique" de six verbes de niveau 3 (overcome, overlook, override, oversee, overtake et overwhelm). Nous les avons choisis compte tenu de leur très grande abondance dans le corpus. Notons, en outre, que deux d’entre eux (overcome et overlook) changent leur valence syntaxique ; en effet, tous les deux deviennent des transitifs "directs", overcome provenant d’un verbe intransitif (come), et overlook d’un transitif indirect (look). Overcome [Tableau 65bis] C1 animé ou activité humaine C1 non animé To overcome the driver and his mate and bundle them He knew the kind of obstacles that the Silks C0 animé senseless into a ditch had taken seconds only, scarcely themselves had had to overcome to achieve all that ou activité more time than it had taken Miller to unscrew the distinguished them as a model Negro family. The humaine terminals of the heavy battery (…) The Guns of Human Stain, p. 86 Navarone, p. 273 After a while, curiosity overcame exhaustion and inertia, and heaved me out of my chair, and I got up C0 non A sudden crisis of confidence, the lack thereof, and crossed to the window – and behold, it was animé overcame him. The Fourth Hand, p. 251 nothing more nor less than a common wood pigeon. The Seven Sisters, p. 61 Overlook172 Actants C1 animé ou activité humaine C1 non animé Sophie’s expertise in complex cryptanalysis had C0 animé caused her to overlook simplistic word games, and ou activité yet she knew she should have seen it. After all, she ∅ humaine was no stranger to anagrams – especially in English. The Da Vinci Code, p. 106 C0 non ∅ ∅ animé 173 Override Actants C1 animé ou activité humaine C1 non animé (…) following breakfast, he phoned his lawyer, Langdon seemed hesitant, as if his own academic Nelson Primus, and that afternoon went down to C0 animé curiosity were threatening to override sound judgment Athena, overriding Primus’s suggestion that he ou activité and drag him back into Fache’s hands. The Da Vinci forget about it, prevailed on him to write, as follows, humaine Code, p. 110 to Delphine Roux at the college: (…) The Human Stain, p. 54 C0 non Yet what Irma now perceived in Dr Zajac overrode ∅ animé all this. The Fourth Hand, p. 56 Oversee Actants C1 animé ou activité humaine C1 non animé U.S. officials fear more attacks could be on the way, As he tells the story, he discovered a mukhabarat officer C0 animé in part because al-Muqrin had overseen a propaganda in Bucharest who had two useful qualities: he oversaw ou activité campaign on the Internet encouraging Saudis to take the regime’s East European agents, and he had a humaine up arms and providing how-to manuals for targeting weakness for prostitutes. Time, October 20, 2003, p. 30 Westeners. Time, June 28, 2004, p. 16 The Institut National des Appellations d’Origine Tenet turned the mood around. Within the directorate of (INAO), the French authority that oversees wines that operations, which oversees human intelligence, he bear the appellation contrôlée imprimatur, prohibits C0 non brought back an esprit de corps and a modicum of the animé such practices as adding flavorings or aromas and adventurousness that is necessary to get useful restricts the use of chemicals. Newsweek, October 6, information. Time, June 14, 2004, p. 48 2003, p. 55 Overtake Actants C1 animé ou activité humaine C1 non animé ‘He may try to ride along the grass edging the highway to avoid the high country on either side. As Mallory had badly miscalculated the time it would C0 animé soon as the blockage on the Interstate is clear, our require to overtake the others ; over an hour had ou activité boys need to race down here, overtaking everything elapsed since Brown had left him, and still there were humaine in their path, and stake out the road at the state line. If no signs of the others. The Guns of Navarone, p. 126 he appears, they know what to do.’ The Veteran, p. 427 Actants 172 173 Au niveau 3, overlook peut avoir deux sens: 1. not to notice ; miss ; 2. to pretend not to see ; forgive ; “to take no notice of (another person’s orders, claims, etc.). Longman Dictionary. 170 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais C0 non animé Deep in the victory, in the magic, in the ecstasy of that last punch and of the sweet flood of fury that had broken out and into the open and overtaken him no less than its victim, Coleman said – almost as though he were speaking in his sleep rather than aloud in the car as he replayed the fight in his head – "I guess I was too quick for him, Doc." The Human Stain, p. 102 Actants C1 animé ou activité humaine Steering the unwieldy old caique had become difficult in the extreme: with the seas fine on the starboard quarter she had yawed wildly and unpredictably through a fifty degree arc, but at least her seams had been tight then, the rolling waves overtaking her in regular formation and the wind settled and steady somewhere east of south. The Guns of Navarone, p. 81 Overwhelm "Well, she was frightened. She was close to not saying C0 animé anything, you know. Starr overwhelmed her. eleven ou activité guys in the room with her at that hotel? Hitting on her? humaine It was a gang bang. It was a gang tape that Starr staged there at that hotel.” The Human Stain, p. 147 C0 non animé She is thinking of her husband, Eugene, who had in their early days encouraged her to write, though his ebullience and energy had soon overwhelmed her and silenced her. The Seven Sisters, p. 170 C1 non animé The British historian hoped the touch of the Grand Master’s cryptex would make Langdon fully grasp the magnitude of its contents, coaxing his academic curiosity to overwhelm all else, forcing him to realize that failure to unlock the keystone would mean the loss of history itself. The Da Vinci Code, p. 451 There was Wallingfors’s stricken face. He dropped to his knees, his forearm spurting blood. His handsomeness was overwhelmed by his pain, but such was Wallingford’s effect on women that a drunken, jet-lagged mother and her scarcely less damaged daughter felt their arms ache. The Fourth Hand, p. 43 Ce tableau est très instructif d’un point de vue cognitif : 1. il est difficile pour overlook de fonctionner autrement que selon le schéma de lexis <ξ0 (animé), π, ξ1 (non animé)> : The soldiers will have one bunkhouse, the civilians the other. I assure you, no detail has been overlooked. The Veteran, p. 360; What can be and is easily overlooked is that the American government, despite its supposed reckless market-fundamentalism, actually spends more than $90 billion of the federal budget each year on handouts to business (…), The Economist, June 28th 2003 [A survey of capitalism and democracy], p. 13; 2. il est également peu probable de trouver le schéma de lexis suivant pour override: <ξ0 (non animé), π, ξ1 (animé)>, l’exemple suivant ayant des “arguments” que nous qualifierions d’éléments appartenant au domaine "humain" : "Our preconceived notions of this scene are so powerful that our mind blocks out the incongruity and overrides our eyes." The Da Vinci Code, p. 263 ; il en va de même dans cet exemple tiré de la presse économique, où la première place (ξ0) du prédicat complexe : "override market forces" se voit nécessairement, en structure profonde, instanciée par un argument ayant le trait "animé" : That’s why flawed energy policies, such as trying to override market forces by rushing to expand supplies or mandating big fuel efficiency gains, could do harm. BusinessWeek, February 24, 2003, p. 48. Ainsi, ces contraintes de surface nous renseignent sur la valeur "notionnelle" de chaque "compound verb", qui, naturellement, s’appuie sur une double variable : d’une part le contenu "notionnel" du verbe support, et d’autre part sur la valeur intrinsèque de la "particule préverbée". On peut sans doute postuler que les arguments du "compound verb" s’élargissent « sémantiquement », alors que celui-ci se voit immergé dans le foisonnement des formes et des schémas possibles que rencontrent les unités de langue en discours. Si l’on rencontre assez souvent la forme passive avec overcome : He presumed she too was overcome with joy. The Veteran, p. 410; He roamed the Quarter, taking in not the bars and strip clubs but the antique shops and galleries, though he bought nothing because he was overcome with the urge to hoard his money. The King of Torts, p. 172, la voix active est tout autant productive, allant d’un C0 très “concret”: He had begged Mallory to be allowed to remain where he was, to hold off the Alpenkorps when they had overcome Stevens and reached the end of the valley, but Mallory had roughly refused him permission. The Guns of Navarone, p. 243.; (he [Ray Charles] overcame a 20-year heroin habit and fathered 11 children), Time, June 21, 2004, p. 68, à un C0 beaucoup plus “abstrait”: After a while, curiosity overcame exhaustion and inertia, and heaved me out of my chair, and I got up and crossed to the 171 Cahier du CIEL 2005-2006 window – and behold, it was nothing more nor less than a common wood-pigeon. The Seven Sisters, p. 61. Ainsi, overcome (= l’emporter sur, surmonter des obstacles) se voit la possibilité d’être construit de quatre façons différentes, selon que ξ0 et/ou ξ1 sont, chacun, "±animés", ceci n’étant possible que grâce au changement de statut syntaxique que permet la particule over, marqueur de « transgression de frontière » par rapport à une norme donnée, d’où peut-être son omniprésence dans le tableau qui suit. Il est en effet temps maintenant de tenter de faire un bilan de cette étude, nécessairement incomplète, de la « valence sémantique » des « compound verbs ». Pour ce faire, nous présentons tout d’abord un récapitulatif des cas recensés : Particules préverbées « attestées » dans les diverses combinaisons sémantiques : [Tableau 66] Compound verb ↓Nature des "Compound Compound verb « transitif » « intransitif » Verbs" actants→ Pas de C1 C1 animé C1 non animé C0 animé / activité Off, In, Up, Under, Out, Up, Out, Over; By, Under, Over: humaine Over; Niveau 1 C0 non animé Up, Under, Over; By, Up, Over; ∅ C0 animé / activité Down, Up, Under, Out, On, Up, Under, Over; Up, Under, Out, Over; humaine Over; Niveau 2 C0 non animé On, Under, Over; Out, Over; Out, C0 animé / activité By, Off, Down, Up, Under, Off, Down, Up, Under, Back, Over; humaine Out, Over; Out, Over; Niveau 3 C0 non animé Off, Back, Out, Over; In, Up, Under, Out, Over; Up, Under, Out, Over; Nous pouvons, à la lecture du tableau 66, faire les observations suivantes: - le tableau 66 ne présente qu’une seule case vide ; elle se situe en Niveau 1 : aucune particule n’instancie le cas « C0 non-animé/C1 animé ». - Une seule case apparaît avec une seule particule ; il s’agit de out qui est la seule à construire le cas suivant : « Niveau 2, C0 non-animé/C1 non-animé » [cf. Sparkling whites made there [in England] have outscored some of the classiest champagnes at international blind tastings. Newsweek, October 6, 2003, p. 52] - Deux cases ne fonctionnent qu’avec deux particules ; il s’agit de 1. Niveau 2, « C0 non-animé/C1 animé » (out et over) ; 2. Niveau 3, « C0 animé/C1 = ∅ » (back et over). - Toutes les autres cases (soit 14 sur 18 [ou 77,77%]) ont au moins trois particules, et jusqu’à sept particules. A noter qu’aucune case ne contient les 10 particules du système. - Enfin, nous remarquons une très nette « augmentation » des cas attestés entre les niveaux 1 et 3 : a) niveau 1 : 18 particules entrent dans les divers « schémas actanciels ». b) niveau 2 : 19 particules entrent dans les divers « schémas actanciels ». c) niveau 3 : 28 particules entrent dans les divers « schémas actanciels ». 172 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais A partir de ces données, il nous semble intéressant de rappeler ici ce que nous disions dans notre conclusion de l’étude de la valence sémantique des "phrasal verbs"174 (voir également 2.1.3. ci-dessus de la présente étude comparative). Bien entendu, nous avions dans un cas (les phrasal verbs) la prise en compte de 7 particules, alors que nous étudions ici les 10 particules qui contribuent à la formation des compound verbs, mais les résultats d’une mise en parallèle n’en seront que plus intéressants, les cas étant plus nombreux pour les « phrasal verbs » : [Tableau 67] Comparaison de la « valence sémantique » des deux systèmes verbaux : Niveaux/Verbes composés « Phrasal verbs » « Compound verbs » 36 cas 18 cas Niveau 1 29 cas 19 cas Niveau 2 29 cas 28 cas Niveau 3 D’emblée nous remarquons une « inversion d’orientation » ("Phrasal Verbs" = 36 cas [N1] → 29 cas [N3] // "Compound Verbs" = 18 cas [N1] → 28 cas [N3] ) entre les deux systèmes [cf. la note de bas de page n° 174 cidessous], mais les choses deviennent encore beaucoup plus intéressantes quand on entre dans les détails : - le niveau 1 est beaucoup plus fourni avec les "phrasal verbs", et l’équilibre entre les deux lignes « C0 animé versus C0 non-animé » [cf. tableau 66] semble un peu mieux respecté avec les "phrasal verbs". - le niveau 2 présente un assez grand « parallélisme » entre les deux systèmes ; la seconde ligne [« C0 non-animé »] est beaucoup moins fournie dans les deux cas ; par rapport aux « phrasal verbs », les « compound verbs » conservent on (intr.), out (tr.), et introduisent over et under. - Le niveau 3 est « proportionnellement » plus fourni avec les « compound verbs » qui gardent un grand équilibre entre les deux lignes [« C0 animé versus C0 non-animé »], ce qui n’est pas du tout le cas avec les « phrasal verbs », comme le montre bien le tableau 68 : 174 "Nous avons donc recensé toutes les combinaisons attestées dans notre corpus, à partir de nos deux grilles, « syntaxique » et « sémantique » [tableaux 29 et 30], ce qui nous conduit au résultat suivant : Combinaisons actantielles « attestées » dans notre corpus : Phrasal Verbs Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 In Out Down Up Over Off On 6+ ∅ 3+ 6+ 6+ 4+ 5+ 3+ 4+ 6+ 6+ 4+ 4+ 4+ 5+ 6+ 4+ 5+ 4+ 6+ 4+ Naturellement, les cas les plus intéressants sont les incompatibilités sémantiques avec telle ou telle particule, comme l’indique le tableau ci-dessous, où l’on perçoit que plus la particule est "directionnelle", plus les combinaisons actancielles sont larges, et qu’inversement, plus la particule est "notionnelle", plus le champ actanciel est réduit : Particules « non attestées » dans les diverses combinaisons sémantiques : Phrasal verb Phrasal verb « transitif » Phrasal « intransitif » ↓Nature des actants→ Verbs Pas de C1 C1 animé C1 non animé C0 animé / activité Toutes particules Toutes particules Toutes particules attestées Niveau 1 humaine attestées attestées C0 non animé ON OVER, ON DOWN, UP, OVER C0 animé / activité IN, DOWN IN IN humaine Niveau 2 IN, DOWN, OVER, C0 non animé IN IN, DOWN, OVER, OFF OFF C0 animé / activité Toutes particules Toutes particules Toutes particules attestées humaine attestées attestées Niveau 3 IN, OUT, DOWN, UP, IN, OUT, DOWN, UP, OVER, C0 non animé IN ON OFF, ON (…)" M. Simon, thèse de doctorat (op. cit.), [3.3.3.], p. 226 173 Cahier du CIEL 2005-2006 [Tableau 68] Particules « attestées » dans les diverses combinaisons sémantiques des « phrasal verbs »175 : Phrasal verb Phrasal verb « transitif » "Phrasal Verbs" Nature des actants « intransitif » Pas de C1 C1 animé C1 non animé C0 animé / activité Toutes particules Toutes particules Toutes particules attestées humaine attestées attestées Niveau 3 Out, Down, Up, Over, C0 non animé Over, Off; Aucune particule Off, On; Particules préverbées « attestées » dans les diverses combinaisons sémantiques des « compound verbs » : Compound verb "Compound Compound verb « transitif » Nature des actants « intransitif » Verbs" Pas de C1 C1 animé C1 non animé C0 animé / activité By, Off, Down, Up, Under, Off, Down, Up, Under, Back, Over; humaine Out, Over; Out, Over; Niveau 3 C0 non animé Off, Back, Out, Over; In, Up, Under, Out, Over; Up, Under, Out, Over; Ceci signifierait que, du point de vue de l’étendue ou de la richesse de la « valence sémantique », le « compound verb » fonctionne davantage en niveau 3, ce qui lui permet alors d’étendre sa « configuration actancielle », d’où cette omniprésence d’actants plus « abstraits » que nous avons relevée presque systématiquement au cours de cette section 5 ; or, ceci n’est justement pas le cas du "phasal verb" qui , lui, présente une « valence sémantique » plus diversifiée au niveau 1. En outre, nous nous rappelons que nous avons établi une distinction supplémentaire au sein des « phrasal verbs » ; en effet, alors que la stabilité de « valence syntaxique » permet un plus large éventail de la « valence sémantique », le changement de valence syntaxique restreint cette possibilité [cf. thèse, op. cit. p. 227 et ci-dessus 2.1.4.]. Qu’en est-il des « compound verbs », sachant que les cas de changement syntaxique [augmentation et diminution] sont de toute façon beaucoup plus rares [cf. section 3] ? Considérons le tableau 69 (ci-dessous), dans lequel nous avons rassemblé plusieurs paramètres étudiés jusqu’ici : 175 Rappel : dans notre thèse sur les « phrasal verbs », nous avons travaillé à partir de sept particules : In, Out, Down, Up, Over, Off, On. 174 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Paramètres cumulatifs des « compound verbs » [Tableau 69] Valence « syntaxique »177 Particules Niveaux Combinaisons actancielles “attestées”176 (=) (+) (−) 1 2 3 ∅ ∅ 2 BY ∅ ∅ ∅ ∅ 3 1 2 ∅ ∅ 1 1 ∅ ∅ ∅ 2 OFF ∅ ∅ ∅ ∅ 3 3 12 ∅ ∅ 1 ∅ ∅ ∅ ∅ 2 BACK ∅ ∅ ∅ ∅ 3 2 5 ∅ ∅ 1 ∅ ∅ ∅ ∅ 2 2 15 ON ∅ ∅ 3 ∅ ∅ ∅ ∅ 1 1 6 ∅ ∅ 2 IN ∅ ∅ ∅ ∅ 3 1 1 ∅ ∅ 1 ∅178 ∅ ∅ ∅ DOWN 2 1 3 ∅ ∅ 3 2 9 ∅ ∅ 1 4 14 1 ∅ 2 3 4 1 UP ∅ 3 4 26 1 ∅ 1 3 12 ∅ ∅ 2 4 32 UNDER ∅ ∅ 3 4 29 16(+) ∅ 1 2 22 1 ∅ 2 OUT 4 39 7 ∅ 3 5 19 2 ∅ 1 5 23 24 ∅ OVER 2 5 49 4 ∅ 3 6 77 39 1 Plusieurs différences remarquables avec les « phrasal verbs » se dégagent du tableau 69 : 1. Si le changement de « valence syntaxique » est à peu près également réparti entre les trois niveaux fonctionnels du « phrasal verb »179, tel n’est pas le cas pour les « compound verbs » : il n’y a aucune diminution de valence au niveau 1, mais seulement au niveau 2 [UP] et niveau 3 [BACK et OVER], avec le très faible nombre d’occurrences que nous savons [≈ 1,4% du corpus]. Quant à l’augmentation de valence [≈ 19% du corpus], nous la trouvons au niveau 1 [OVER (essentiellement)], au niveau 2 [OUT et OVER], et au niveau 3 [IN, UP, UNDER, OUT et OVER]. 2. Or, bien que les cas de changement de valence syntaxique soient beaucoup plus restreints, la diversité actancielle des « compound verbs » n’en est pas moins très « large »180, selon, bien entendu, le sémantisme « notionnel » du verbe. C’est ainsi le cas avec IN3 [a restraining order is going to inflame him, P. Roth], UP3 [That men, women and children uprooted by the war and ethnic cleansing will 176 Rappel : D’un point de vue formel, 6 combinaisons sémantiques possibles avec les actants. Nombre d’occurrences relevées dans le corpus. 178 Nous ne prenons pas ici en compte l’exemple du tableau 17f: “… the wickedly out- and down-curving spikes…” The Guns of Navarone, p. 253 179 Cf. Thèse, op. cit. p. 178, et ci-dessus 2.1.2.5. 180 C’est-à-dire que les combinaisons actancielles construites sortent du schéma « canonique » de base : « C0 animé versus C1 animé ou non-animé ». 177 175 Cahier du CIEL 2005-2006 die…, Time], UNDER3 [This work is undergoing diagnostic tests… D. Brown], OUT2 [In America, the process is proving a little slow, but it is under way and is certainly outpacing the Japanese precedent. The Economist, June 28th 2003, p. 8], OUT3 [But in a hardball application of Russia’s laws that outraged181 Browne and spooked other foreign investors, (…), BusinessWeek, February 24, 2003, p. 21], OVER3 [Historically, exchange rates have tended to overshoot, The Economist; After a while, curiosity overcame exhaustion and inertia (…), M. Drabble], etc. Bref, dans l’ensemble, non seulement c’est plutôt au niveau 3 que nous rencontrons les cas les plus « riches », du double point de vue « quantitatif et qualitatif », mais aussi, les « compound verbs » ne semblent pas avoir les mêmes contraintes que les « phrasal verbs », dont le bouleversement syntaxique entraîne nécessairement un retour vers une configuration actancielle plus « canonique » [cf. ci-dessus 2.1.3.5.] 3. Il faut enfin noter la situation particulière de trois particules : under, out et over, qui obtiennent d’excellents résultats, sur le plan de la « valence sémantique », au niveau 2 (=) [c’est-à-dire, avec stabilité de valence], de par leur fonction « modale » d’opérateurs de « prédication comparative ». Trois conclusions peuvent être tirées de cette étude de la « valence sémantique » du compound verb. Tout d’abord, nous avons observé une très grande richesse du niveau 3, ce qui correspond en même temps à des données purement d’ordre quantitatif de notre corpus. Ensuite, nous avons vu que le « bouleversement syntaxique » n’implique pas tout à fait les mêmes contraintes sémantiques pour les particules qui y participent (rappelons que by, off, on et down en sont exclues). Enfin, cette souplesse du « champ actanciel » au sein du "compound verb" correspondrait à une plus grande lexicalisation, du moins pour le niveau 3, des opérations de "concentration prédicative", que cela n’est le cas pour le "phrasal verb". La « lexicalisation » est bien à l’œuvre dans chacun des deux systèmes concurrents des verbes complexes anglais, mais si la « compositionnalité » du phrasal verb lui permet d’expérimenter une plus large configuration actancielle, c’est exactement l’inverse qui se passe pour le compound verb : c’est au niveau 3 que l’on rencontre les schémas actanciels les plus diversifiés. Ainsi, le phrasal verb [« Verbe + Particule »] tend vers le niveau 3, alors que le compound verb [« Particule + Verbe »] semble l’avoir déjà atteint, même si la langue n’a pas oublié que le « préverbe » au départ, avait une double valeur, directionnelle et aspectuelle, d’où le regain d’intérêt pour cette forme verbale plus « lexicalisée ». 181 Etymologie de outrage: "Ofr, outrer exceed (bounds, etc.), exaggerate, f. outre beyond ; L., ultra ;" The SOED 176 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais CONCLUSION GÉNÉRALE Parvenu au terme de ce travail, posons nous une question bien prosaïque : pourquoi y a-t-il des dictionnaires consacrés aux phrasal verbs, et quasiment pas aux compound verbs ? N’en va-t-il pas d’ailleurs de même des grammaires ? Si seuls les phrasal verbs font l’objet de dictionnaires, et qu’ils bénéficient d’un chapitre dans les grammaires, c’est sans doute que lexicologues et grammairiens perçoivent encore, à travers leur discontinuité syntagmatique [V…(C1)…Part.], les traces de relations syntaxico-sémantiques élaborées en structure profonde. En revanche, le processus de "lexicalisation", favorisé par l’univerbation (soudure au verbe), a, dans beaucoup de langues, figé les éléments préverbés, lesquels sont souvent devenus « inanalysables » [cf. forget, understand, become]. D’ailleurs, combien de francophones perçoivent la préverbation dans le mot "Avent" [ad-ventus] ? Et pourtant, beaucoup de ces particules d’origine directionnelle continuent d'être grammaticalement "vivantes" en anglais moderne, et jouent un rôle véritable de « mise en relation » dans la construction de l'énoncé. Dans leur évolution depuis le Moyen Anglais, les compound verbs ont connu soit une mutation vers les phrasal verbs, soit un passage vers des formes substantivées ou participiales. Ceux qui demeurent aujourd’hui se voient attribuer des fonctions spécifiques : 1. ou bien une évolution assez générale vers le niveau 3 de "non compositionnalité" ; 2. ou bien une autre évolution, à travers trois particules : out, under et over, vers le niveau 2, où s’est installée une opération "modale" de prédication comparative. Si les "compound verbs" ont quelques points communs avec les "phrasal verbs" (3 différents niveaux de "compositionnalité", glissement vers des procès d’achèvement au niveau 3), les différences182 avec ces derniers sont multiples : 1. tout d’abord dans l’ordre d’importance que chaque système accorde aux particules communes ; pour le phrasal verb, les trois premières particules sont respectivement : out, off et up ; pour le compound verb, ce sont : under, out et over ; notons que toutes les "particules" sont représentées au niveau 3, sauf on ; 2. sur le plan de la "valence syntaxique", nous avons noté pour le compound verb un nombre bien moins important de cas de changement de valence, et à cet égard, seule l’augmentation de valence est véritablement pertinente (≈19%) : (in, up), et surtout, par ordre croissant d’importance : under, out et over ; 3. sur le plan de la valence sémantique, la propension du compound verb à construire de nombreux cas de niveau 3 lui donne une valence sémantique quasiment inverse de celle des phrasal verbs. En effet, moins le verbe préverbé est "compositionnel", plus la configuration actancielle semble large, si bien que l’on trouve de nombreuses particules en niveau 3, dans les combinaisons actancielles les plus diverses, ce qui n’était pas tout à fait le cas avec les phrasal verbs. En fait, la "concentration prédicative" du compound verb s’avère beaucoup plus lexicalisée que celle du phrasal verb. Cependant, la préverbation est loin d’être un système fermé en anglais contemporain. La langue y a recours (et sans doute de plus en plus ?) 1. pour des raisons de lexicalisation ou sédimentation prédicative (downplay) ; 2. lorsque la particule "directionnelle" est davantage appréhendée comme un point de départ que comme un point d’arrivée (outsource, upload, download). En réalité, loin d’être exhaustive, cette étude pourrait être l’amorce d’une double réflexion sur : 1. la nominalisation des compound verbs ; 2. les conditions d’apparition des nouveaux compound verbs (comme la transformation des formes nominales complexes en verbes préverbés [outcrop]). Ainsi, le système complexe de verbes composés en miroir qu’a mis en place la langue anglaise, et qu’elle conserve jusqu’à nos jours, lui fournit un remarquable outil de « concentration syntaxique », dont le rôle est de "lexicaliser" des relations sous-jacentes complexes, grâce à ce remarquable outil "prédicatif" qu’est la particule adverbiale, ou "verbale", de localisation. 182 Rappelons que les résultats de cette comparaison sont récapitulés dans l’annexe 5. 177 Cahier du CIEL 2005-2006 ANNEXES 1. Schéma résumé des diverses « fonctions » du Phrasal Verb 2. Corpus de deux dictionnaires [Corpus A des « Compound verbs »] 3. Préfixes ou « préverbes » de l’anglais. 4. Nombre d’occurrences relevées dans le corpus B des « compound verbs », selon nos critères d’analyse "syntaxico-sémantique" définis au chapitre 1. 5. Tableaux comparatifs des deux types de « verbes complexes » 178 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais ANNEXE 1 Schéma résumé des diverses « fonctions » du Phrasal Verb [Tableau 70] (ou le « phrasal verb » comme point d’aboutissement de plusieurs relations prédicatives sous-jacentes et porteur d’opérations de « localisation » externe ou interne) : Le verbe peut être d’origine nominale ou adjectivale ("conversion" syntaxique). Transformation d’un verbe intransitif en schéma transitif, et inversement. (la particule adverbiale pouvant modifier la valence du verbe). Il peut enfin y avoir "transfert d’objet". Soudure avec le Verbe Création d’"Expressions Idiomatiques" PARTICULE (fonction adverbiale ou prédicative) Valeur « notionnelle » SUJET (C0) VERBE "Aspectuomodale" Intensive + ou − [OBJET] (C1) Directionnelle (incidence sur la relation prédicative ou l’un des actants, sauf si elle est adjunct) Opération de localisation 1. ∈ GP (origine prépositionnelle) avec effacement du Nom ou GN ou 2. ∈ Contexte « préconstruit » (relation « inter-propositionnelle ») Le rôle de la particule peut être double : 1. Spécification du prédicat (valeurs aspectuo-modales ou « intensives ») ; 2. Spécification du C0 ou C1 (valeurs de changement de position/localisation ou changement d’état) [ Parfois, la particule est un simple repère du prédicat → to dine/eat/sup out (= adjunct)] L’opération de localisation dont la particule est laANNEXE trace peut être 3 ou bien 1. Situationnelle (∈ GP effacé) ou 2. Contextuelle, avec opération de dérivation (∈ relation préconstruite de nature « inter-propositionnelle »). 179 Cahier du CIEL 2005-2006 ANNEXE 2: Corpus de deux dictionnaires183 [Corpus A des « Compound verbs »] BACK Backbite Backcomb Backcross Backdate Backfill Backfire Backpack Backpedal Backslide Backspace Backstiches Backstop Backstroke Backtrack BY Bypass Upbraid Upbuild Upchuck Update Upend Upgrade Upheave Uphold Upholster Uplift Inaugurate Inbreathe Inbreed Incandesce Incapsulate Incarcerate Incardinate Incarnate Incase Incense Incinerate Incise Incise Incite Incline Inclose Include Incorporate Incrassate Increase Incriminate Incrust Incubate Inculcate Inculpate Incur Incurve Indemnify Indent Index Indicate Indict Indite Indoctrinate Indorse Induce Induct Indue Indulge Induplicate Indurate Indwell Inearth Inebriate Infect Infer Infest Infiltrate Infix Inflame Inflate Inflect Inflict Influence Infold Inform Infringe Infuriate 183 DOWN Downgrade Download Downplay Downsize Downshift UP Upraise Uprear Uprise Uproot Uprouse IN Infuse Ingather Ingeminate Ingest Ingraft Ingrain Ingratiate Ingulf Ingurgitate Inhabit Inhale Inherit Inhibit Initial Initiate Inject Inlace Inlay Inmesh Innervate Innovate Inoculate Input Inquire Insalivate Inscribe Inscroll Inseminate Insert ON Oncoming (adj) Onglide (N) Ongoing (adj) Onlooker (N) Onrush (N) Onset (N) Upset Upspring Upstage Upstart Upsurge Inset Insheathe Insinuate Insist Insnare Insoul Inspan Inspect Insphere Inspire Install Instance Instar Instate Instigate Instil Institute Institutionalize Instruct Insufflate Insulate Insult Insure Intend Intensify Inter Intern Inthrall Intimidate OFF Offload Offset Upsweep Upswell Upswing Uptilt Upturn Intone Intreat Intrench Intrigue Intrude Intrust Intuit Intwine Inundate Inure Inurn Invade Inveigh Inveigle Invent Invert Invest Investigate Invigilate Invigorate Invite Invocate Invoice Invoke Involve LONGMAN DICTIONARY OF CONTEMPORARY ENGLISH, Longman Group Ltd, 1995. WEBSTER’S NEW WORLD DICTIONARY of the American Language, Second College Edition, 1976. 180 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Outbalance Outbid Outbrave Outclass Outcrop Outcross Outdistance Outdo Outdraw Outface Outfit Outflank Outfoot Outfox Outgas Outgeneral Outgo Outgrow Outguess outHerold Outlast Outlaw Outlay Outline Outlive Outman OUT Outmanoeuvre Outmatch Outmigrate Outnumber Outpace Outperform Outplay Outpoint Outpour Output Outrage Outrange Outrank Outreach Outride Outrival Outroot Outrun Outsell Outshine Outshoot Outsit Outsmart Outsoar Outspeak Outspread Outstand Outstare Outstay Outstretch Outstrip Outtalk Outthink Outvote Outwear Outweigh Outwit Outwork Overact Overarch Overawe Overbalance Overbear Overbid Overblow Overbook Overbuild Overburden Overbuy Overcall Overcapitalize Overcast Overcharge Overcloud Overcome Overcompensate Overcrop Overcrowd Overdevelop Overdo Overdraw Overdress Overdye Overeat Overegg Overestimate Overexert Overexpose Overextend Overflow Overfly Overgrow Overhang Overhaul Overhear Overheat Overindulge Overjoy Overlap Overlay OVER Overleap Overlie Overlive Overload Overlook Overmaster Overmatch Overpass Overpay Overplay Overpopulate Overpower Overprint Overproduce Overprotect Overrate Overreach Overreact Override Overrule Overrun Overscore Oversee Oversell Overset Oversew Overshade Overshadow Overshoot Oversimplify Overslaugh Oversleep Overspend Overspread Overstate Overstay Overstep Overstock Overstrain Overstride Overstudy Overstuff Oversubscribe Oversupply Overtake Overtask Overtax Overthrow Overtop Overtrade Overtrain Overtrump Overturn Overuse Overvalue Overwatch Overwear Overweigh Overwhelm Overwind Overwinter Overwork Overwrite Underachieve Underact Underbid Underbuy Undercapitalize Undercharge Undercut Underdevelop Underdo Underdress Underestimate Underexpose Underfeed Underfund Undergird Undergo Underlap Underlay UNDER Underlet Underlie Underline Undermine Undernourish Underpay Underpin Underplay Underproduce Underprop Underquote Underrate Underrun Underscore Undersell Undershoot Undersign Understand Understate Understock Understudy Undersubscribe Undertake Undervalue Underwhelm Underwrite 181 Cahier du CIEL 2005-2006 ANNEXE 3: Préfixes ou « préverbes » de l’anglais Webster’s New World Dictionary of the American Language: By (prefix) : 1. close by, near ; 2. side; 3. on the side, secondary; In (prefix); 1. in, into, within, on, toward; 2. intensive in some words of Latin origin (cf. instigate); Out (prefix); 1. outside, external; 2. going away or forth; 3. better, greater, or more than; Over (prefix); 1. above in position, outer, upper, superior; 2. passing across or beyond; 3. denoting a movement downward from above; 4. excessive, too much, beyond the normal; Under (prefix); 1. beneath, below; 2. in an inferior or subordinate position or rank: 3. too little, below normal or standard; Up (prefix); a combining form meaning up (upgrade, uphill) The Shorter Oxford English Dictionary (qui qualifie les préfixes d’adverbes): Back-, in comb. is used in many relations, substantive, adjective, and adverbial (rarely verbal), and the combs. are usually self-explanatory. The use of the hyphen is often optional, especially when back can be viewed as an adj. By- in composition: II. Compounds in which by- has an advb. force (with senses ‘beside, past’, as by-stroller, by-flown, etc.) For Down- in comb., see DOWNCAST, DOWNCOME, etc. In-, pref (1), the prep. and adv. IN, in comb. with vbs., vbl. derivs., and other words. In OE. the adv. inn, in, was freely used in collocation with vbs. of motion or change of state. In the infinitive the adv. generally stood before the vb., and in derived vbl. sbs. and adjs. always so. In this position the adv. came at length to be written in comb. with the vb.; hence, many regular compounds with stress on in- thus incoming, income, incomer, indweller, inlet, insight, etc. Other formations, in which the prefix usually has the sense ‘in, within, internal’, are inborn, inside, inward, etc. In- pref.(2), repr. L. in- adv. and prep., used in com. with vbs. or their derivatives, less commonly with other parts of speech, with the senses ‘into, in, within; on, upon; towards, against’, sometimes expressing onward motion or continuance, sometimes intensive, sometimes transitive, and in other cases with no appreciable force. Off-, prefix. In earlier times written of- (see OF- pref. 2)184. In verbs, the stress is now usu. upon the root; in the other classes (2-4) on off-. → With vbs., off- (ME. of-) enters into quasi-combination, chiefly as a separable particle, like G. ab- in abreisen, ab-schreiben, etc. In the pples, the adv. is still sometimes put first, and is then sometimes hyphened to the vb. Late examples are off-drive, off-load, etc. On-, prefix, unstressed form of OE. an, on ON, adv., prep., in comb. with verbs and their derivs., and sometimes with other sbs. 1. Old verbal compounds, as onendwan to recognize, ACKNOW. 2. Later verbal compounds or collocations of adv. and verb; as †on-become, to befall, happen; on-draw, to draw on; †on-take, to take on, assume, behave; etc. In these the union of elements is incomplete, though less so in the inf. and pples. 3. With pr. and pa. pples. forming adjs., as on-carrying (= carrying on), etc. 4. With vbl. sbs. and nouns of action, forming sbs. (sometimes concrete), as on-bringing (= bringing on), etc., (which can be formed at pleasure); on-go, going on, progress, advance; on-roll, etc.; also on-goer, etc. See also ONLOOKER, etc. Out- in comb. forming verbs. (Stress on the second element.) I. Separable or syntactic combinations. (In ME. prop. two words; in mod. use, more or less, habitual nonce-wds., made up each time). I. With intrans. vbs., in the same sense as the simple vb. followed by out. as OUTBREAK, outflash, outflow, outgive, etc. late ME. 2. With trans. vbs., in the same sense as the simple vb. followed by out. a. With the force of: Out, away, out of existence; out of a socket or place, loose; outward, so as to project; forth; into the open, into manifestation; as OUTBEAR, out-cast, OUTPOUR, etc. b. With the force of ‘completely, thoroughly’, ‘to a finish’; as OUTPLAY; also out-tire, etc. late ME. 3. Forming trans. vbs. with the sense ‘to put or drive out by means of’ the action expressed in the simple vb. (cf. bow out, crowd out, etc.); as outhiss, outjeer, outjest. II. Compound vbs. in out-, with the trans. force of exceeding or going beyond some thing or person in some action. *Formed on verbs. 1. To pass beyond, exceed (a defined point, a limit in time, space, degree, etc.), by or in the action expressed by the simple vb.; as OUTGROW (2), OUTLAST, OUTPASS, out-reign, OUTRUN, etc. 1603. 2. To surpass, excel or outdo (a person, etc.) in the action of the simple vb. The number of these compounds is unlimited. Examples are: out-bellow, OUTBID, out-bloom, outclimb, outdance, OUTDO, outflash, outgive, outglare, outjuggle, outlabour, outlie, OUTLIVE, outlove, outpace, outplan, outplay, outpray, outpreach, outreign, outroar, OUTRUN, outsoar, outsparkle, outspeed, outstrike, outswear, outsweeten, out-trot, etc. b. To get the better of, defeat, beat, in some reciprocal action or contest; as OUTBALANCE, OUTBRAVE, outmate, outpeer, outpoise, OUTRIVAL, outscold, 1600. c. To overcome or defeat by the action expressed by the simple verb; as out-baffle, outfrown, outhector, outreason, outroar, etc. 3. To exceed or do more than is expressed by the simple vb.; as out-Atlas to load more than Atlas, outbeggar to more than beggar, etc. late ME. Over- is used with adverbial, prepositional, and adjectival force, in comb. with sbs.; with adverbial and prepositional force in comb. with vbs; with adverbial force in comb. with adjs., advbs., and preps. Its combs. are therefore exceedingly numerous. The following are the chief classes. (Cf. SUR-, SUPER-.) I. In spatial and temporal senses, and in uses directly related to these. 1. With vbs., or with sbs. forming vbs., etc., in the sense ‘over in space, on high, above the top or surface of’, as overcanopy, -HANG, -mount, -soar, -spring, -vault, etc. Also (b) in sense of ‘rising above’, ‘overtopping’, as OVER-TOP, -TOWER; and (c) with the sense of position implying other notions of which it is a condition or element, as OVERJOY, OVERLOOK, etc. 2. With the senses ‘above in power, authority, rank, station’. In vbs., as OVERMASTER, -RULE, etc. b. So in sbs. and adjs. derived from or related to vbs., as OVERRULE, RULER, -SEER, etc.; also in other sbs., in sense of ‘higher, superior’, as OVERKING, OVERLORD, etc. 3. With the sense of inclination to one side so as to lean over the space beneath. In vbs., as overbias, -lean, etc.; also in derived sbs. and adjs., as overbias, overleaning, etc. 4. With the sense of passing across overhead, and so ‘away, off’. In vbs., as OVERCARRY, drive, etc.; also in derived sbs. and adjs. 5. With the sense of surmounting, passing over the top, or over the brim or edge. In 184 In later combs. of OE and ME age, the sense of the particle is usu. ‘off’. In the 16th c., of- in this connection passed imperceptibly into off-, the form in later combinations. The SOED on historical principles. 182 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais vbs., as OVERBOIL, -BRIM, -climb, -FLOW; occas. (b) implying ‘passing over without hitting, missing’, as OVERLEAP, LOOK, -SHOOT, -soar, -spring, -step; also (c) fig. of surmounting or getting over an obstacle, an illness, etc. as OVERCOME. b. Also in derived or related sbs. or adjs. 6. With the sense of motion forward and down, and hence of overturning, inversion. In vbs., as OVERBALANCE, -BEAR, -THROW, -TURN, etc.; so in derived sbs. and adjs. 7. With the sense ‘down upon from above’. In vbs., as OVERLEAP, -LOOK, -SEE, etc. 8. With sense ‘upon the surface generally, all over, so as to prevail, or abound over, cover, hide’. In vbs., as OVERCLOUD, -cover, -crust, -glaze, -gloom, -GROW, -heap, -lard, -net, -veil, etc. b. So with ppl. adjs. and vbl. sbs. c. With sbs. in the sense of ‘overlying, covering, worn over or above’, ‘upper or outer’; as in OVERCOAT, -garment, -SHOE, etc. 9. With the sense of motion over a surface generally, so as to cover in whole or part; also of motion to and fro upon or all over; as in overflood, -glide, -RIDE, -RUN, -sweep, etc.; also with derived sbs. and adjs. 10. With the sense ‘across, from side to side, to the other side’; as overcarve, etc. so in derived sbs. and adjs. 11. With the sense of bringing or gaining over to a party, opinion, etc. In vbs., as Over-force, -influence, OVER-PERSUADE, -talk. b. So also with derived sbs. and adjs. 12. With the sense of ‘across a boundary’; hence, of transgression; as in OVERHANG, -lash, -step, etc. 13. With the sense ‘beyond a point of limit, farther than’; in vbs., as OVERGROW, -REACH, etc.; also in derivs. 14. As in OVERTAKE. 15. As in OVERHEAR. 16. With the sense ‘all through’ (something extended), ‘through the extent of’, ‘from beginning to end’; in vbs., as OVERLOOK, -name, etc. 17. With the sense ‘through’, ‘to the end of’ in time; ‘to an end or issue’, ‘to extinction’; in vbs. As OVERPASS, -RUN 1603. 18. With the sense ‘beyond’ in time, ‘too long’, ‘too late’; in vbs., as overbide, -LIVE, -STAY. 19. With the sense ‘remaining over’, or ‘in addition or excess’, ‘surplus’, ‘extra’; as in vb. overleave; in sbs. as overdeal, OVERTIME. 20. With the notion of repetition, ‘over again’; in vbs. as overact, -hear, etc; in sbs. as overcome, -WORD. 21. With the sense of overcoming, putting down, or getting the better of, by the action or thing expressed; in vbs. as OVERAWE, -brave, -DARE; so in vbl. derivs. II. In the sense of ‘over or beyond’ in degree or quality; hence, of surpassing, excelling, exceeding, excess. 1. With the notion of doing some action over or beyond another agent, of going beyond, surpassing, or excelling in the action denoted by the simple vb. In vbs., as OVERBID 2, OVERGO 10, OVERRUN II. 1. b. In vbs. formed on sbs., with the sense of ‘surpassing in, or in the role of’, as over-bulk; esp. in nonce-phrases, as over-Macpherson Macpherson, etc. 2. In refl. vbs., with the sense of surpassing oneself; often with the sense of exhausting oneself by the action; sometimes merely with the sense of doing too much; as overbloom itself, Overdrink, -EAT, -SLEEP oneself. 3. In sense ‘more than’; with vbs., as OVERBALANCE, FILL, -MATCH, etc. b. So in derivs.; also in other adjs., as OVERDUE, OVERFULL. 4. With the sense ‘exceedingly, beyond measure, lavishly’. In vbs., often rendering L. super-, as OVERABOUND, -glad, -high, etc.; in adjs., as OVERDEAR, -excelling, -glorious. Now obs. or arch. 5. With the sense ‘to a greater extent, or at a greater rate, than is usual, natural, or intended; too far’. In vbs., as OVERACT, -BID, -drive, -esteem, -ESTIMATE, -march, -mount, -RATE, etc.; in adjs., as overawful, etc. 6-9. With the sense ‘in or to excess, too much, too’. Now a leading use of over- in comb. with vbs., adjs., sbs., and advs. 6. With vbs. (or with sbs. or adjs. forming vbs.); as over-affect, -ballast, -burn, -busy, -cloy, -drink, drive, -EAT, -enter, -fatigue, -fire, -fish, -gorge, -leaven, -LOAD, -play, -ply, -pot, -REACH, -roast, -talk, -use, -water, etc. b. This use is often found with pa. pples., when the other parts of the vb. occur with over- rarely, or not at all; as in overagitated, -assessed, -coached, -handicapped, -sprung, etc. […] Under-, prefix, repr. OE. under-; combining form of UNDER adv. and prep.; cf. OVER-. In OE. the prefix is common with verbs, less so with nouns, and rare with adjectives. Many of the OE. compounds are translations of Latin words in sub-, e.g. underberan = supportare, undercuman = subvenire. In most of its uses, under- may be freely employed to form new compounds, the meaning of which is usu. obvious. I. Denoting local position. 1. With vbs. and parts of vbs. a. denoting action (or continuance of a state) carried on under or beneath something, as in under-build, -drain, -gird, -tie, etc. Underhanging, vbl. sb. protrusion (of the lower jaw). Underjawed, ppl. a. underhung. Underlap, v. trans. to extend some way beneath. Undersign, v. trans. to sign one’s name below (a writing). Undertread, v. trans. to tread underfoot; to subdue, subjugate. b. Denoting the action of moving so as to be or get or place oneself under something, as undercreep, -fall, -flow, -run. c. Rarely, the sense of ‘from below’ is found, as in underpeep, -peer. d. A noun of action with under- may have the same form as the verb, as undercut, -hang, -run, -thrust. (…) II. Denoting inferiority in rank or importance. (…) 2. With vbs., denoting reduction to (or acceptance of) an inferior or subordinate standing, as UNDERSTUDY v. III. fig. 1. With vbs. a. In OE., various secondary meanings of under- are represented by such verbs as underfon to receive, understandan, to UNDERSTAND; several of these survive in ME., and a few more are added as undertake. In later examples, the sense is usu. that of (secret) investigation, as undersearch, -watch, or of unobserved action, as † underhear. b. From the end of the 16th c. under- is used with vbs. in the sense of ‘at a lower rate than another person’, as underbid, -buy, -quote, -sell. c. occas. = ‘to a point or degree below what is normal or customary’, as in undercooled. d. Very rarely, subordinate action is implied, as in Underlease v. trans. to sublet. IV. Denoting insufficiency or defect. a With verbal forms. Denoting, freq. by contrast with OVER- II.6. that the action falls below the usual or proper standard and thus = ‘at too low a rate’, ‘too low’, ‘too little’, ‘insufficiently’; as in underburn, -coloured, -dose v., -horsed, masted, † -matched, -measure, -officered, -paid, -pay, -peopled, -play, -praise, -prize, -reckon, -roast, -staff, -staffed, -stock, stocked, -witted, etc. Underbill v. trans. (U.S.), to enter (goods) at less than the actual amount or value. Underexpose v. intr. and trans., Photogr. to give too little exposure to; so Under-exposed ppl. a. Underhive v. trans. to place (bees) in too small a hive. Underclimbed ppl. a. having legs too slender in proportion to the body. Undermatch v. trans. to unite or bestow in marriage below the proper rank or condition. Underprint v. trans. to print (an engraving or photograph) with insufficient depth or distinctness. Undershoot v. trans. and intr. to shoot short (of) or too low (for). Undertrump v. trans. and intr. to follow (one’s partner) in trumping, but with a lower card. Up-, prefix, repr. OE. up-, upp-, correspn. to OFris. op-, up-, (M)Du. op-, OS., (M)LG. up-, OHG. uf- (G. auf-), ON. upp-. The prefix is identical with UP adv.1. → [adv1. [OE. up, upp = OFris.up, op, OS. up (DU. op), ON. upp ; rel. To OHG. f (G. auf] I. 1. To or towards a point or place higher than another and lying directly (or almost directly) above it. b. Towards or above the level of the shoulders or head OE. c. So as to raise into a more erect (or level) as well as elevated position OE. d. So as to 183 Cahier du CIEL 2005-2006 raise a thing from the place in which it is lying, placed, or fixed OE. e. So as to invert the relative position of things or surfaces ; so as to have a particular surface facing upwards ME. 2. Towards a point above the ground ; into the air OE. b. To some height above the ground or other surface ; spec. to a seat on horseback OE. c. So as to be suspended aloft or on high OE. 3. Of stars, etc. : From below the horizon to the line of vision OE. b. From below to the surface of water, the ground, etc. OE. c. Out from the ground ; from the stomach into, or out at, the mouth ; out of the sea on to the shore, etc. OE. 4 So as to extend or rise to a higher point or level, esp. above the surface of the ground. b. So as to form a heap or pile, or become more prominent ME. 5. So as to raise or rise to an upright or nearly upright position OE. b. Upon on’s feet from a recumbent or reclining posture ; spec. out of bed OE. c. So as to rise from a sitting, stooping, or kneeling posture and assume an erect attitude OE. 6. So as to mount or rise by gradual ascent, in contact with a surface, to a higher level ; sometimes spec. = upstairs OE. b. To a point on a river, channel, etc., further from the sea OE. c. To or in any place regarded as important, e.g. London, a university, a capital city, etc. 1475. d. Naut. To windward 1591. 7. So as to direct the sight to a higher point or level OE. b So as to cause sound to ascend, increase, or swell OE. II. transf. and fig. 1. From a lower to a higher status in respect of rank, affluence, credit, repute, etc. OE. 2.a. To a higher spiritual or moral level or object OE. b. To a state of greater cheerfulness, resolution, etc. ME. c. Into a state of activity, commotion, or excitement ME. d. To or at a higher pitch, speed, rate, amount, number, price, etc. 1538. 3. To or towards maturity or proficiency OE. 4. Into existence, prominence, etc. ; so as to appear or prevail OE. b. So as to be heard ME. 5. To the notice of a person or body of persons (spec. of one in authority) ME. b. Before a judge, magistrate, etc. 1440. c. So as to divulge, reveal, etc. 1593. d. As a charge or accusation 1604. 6. Into the hands or possession of another ME. b. So as to relinquish or forsake ME. 8. Into one’s possession, charge, custody, etc. late ME. 9. Into the position or state of being open ME. 10. Into an open or loose condition of surface. late ME. b. So as to separate or divide, esp. into many fragments or parts. late ME. 11. To or towards a state of completion or finality ME. 12. By way of summation or enumeration. late ME. b. To a final or total sum or amount ME. 13. Into a close or compact form ; so as to be confined or secured. late ME. b. Into a closed or enclosed state 1489. c. So as to cover or envelop. late ME. 14. Into a state of union, conjunction or combination 1450. b. So as to supply deficiencies, defects, etc. 1568. 15. To or towards a person or place ; so as to approach or arrive. Late ME. b. To or towards a particular point or state 1513. c. To or into later life 1535. d. So as to find, overtake, or keep on the track of 1622. 16. To a stop or halt 1623. III. ellip. 1. Imper. or with auxiliary vb. ME. 2. Followed by a sb. in obj. relationship to an unexpressed verbal notion. Orign imper., later in other uses, thus passing into UP v. 2, 3. late ME.] I. (…) 2. In the sense of ‘upwards’ OE. had compounds with nouns, mainly derived from intr. vbs., as up-cyme, -spring, etc. Many of these disappeared in ME., but new formations were added, and since 1800 the type has become common. Examples are upbreak, -burst, -curve, -glance, -growth, -leap, -look, -shoot, -sweep, -turn. b. More rarely up- is employed in the sense of ‘upwards’ with other nouns than those of action, as OE. upweg, and the recent up-grade, -road, etc. (…) III. 1. With vbs., participles, agent-nouns, etc. In OE., up was placed immediately before a vbl. form only in a limited number of instances, as upgan, -hebban, etc.; it is difficult to determine in how many of these the adv. had become a real prefix. In ME. the use of the prefix is thoroughly established and new formations have been constantly added during the following centuries. A considerable proportion, however, occur only in poetry, and are simple substitutions for the vb. followed by the adv., although they are regarded as real compounds and written as one word. Examples are: uparise, -bear, -blaze, -blow, -boil, break, -buoy, -call, -drag, -draw, -fill, -grow, -jet, -keeep, -look, -move, -roll, -rouse, -shoot, -snatch, -stir, -tear, thrust, -wind, -wrap. 184 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais ANNEXE 4 [nombre d’occurrences relevées dans le corpus B des « compound verbs »] Niveaux Valence BY [1 verbe] Sémantique verbale « construite » STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) 3 ∅ ∅ ∅ 1 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 2 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 2 ∅ ∅ ∅ 3 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ BACK [2 verbes] Sémantique verbale « constuite » Niveaux Valence STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP 1 2 3 (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) Niveaux Valence 1 2 3 (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) Niveaux Valence 1 2 3 (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) Niveaux Valence 1 2 3 (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 5 ∅ ∅ ∅ IN [4 verbes] Sémantique verbale « constuite » STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP 1 3 2 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 1 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ UP [14 verbes] Sémantique verbale « constuite » STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP 5 9 ∅ ∅ 1 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 4 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 1 ∅ ∅ ∅ 22 1 3 ∅ 1 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ OUT [31 verbes] Sémantique verbale « constuite » STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP 1 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 2 ∅ ∅ 2 1 ∅ 35 4 ∅ 12 2 ∅ 10 ∅ ∅ 3 2 ∅ 5 ∅ ∅ 9 ∅ ∅ 1 1 ∅ ∅ ∅ ∅ Niveaux Valence 1 2 3 (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) Niveaux Valence OFF [1 verbe] Sémantique verbale « constuite » STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 12 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ON [3 verbes] Sémantique verbale « constuite » STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 15 ∅ ∅ ∅ 2 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 3 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ DOWN [5 verbes] Sémantique verbale « constuite » Niveaux Valence 1 STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) 1 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 3 ∅ ∅ ∅ 2 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 4 5 ∅ ∅ 3 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ UNDER [22 verbes] Sémantique verbale « constuite » Niveaux Valence 1 STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) 9 3 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 31 1 ∅ ∅ 2 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 29 ∅ ∅ ∅ 1 5(+) 10 3 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ OVER [56 verbes] Sémantique verbale « constuite » Niveaux Valence 1 STATE ACHIEV ACTIV ACCOMP 1 2 3 (=) (+) (−) (=) (+) (−) (=) (+) (−) 8 18 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 9 3 ∅ 33 2 ∅ 61 39 1 6 3 ∅ 15 2 ∅ 15 ∅ ∅ ∅ ∅ ∅ 1 ∅ ∅ 1 ∅ ∅ 185 Cahier du CIEL 2005-2006 Annexe 5 : Tableaux comparatifs des deux types de « verbes complexes » [Tableau 71] « Phrasal verbs » (−) ← in, down, over, on, out, off, up → (+) “Compound verbs” (−)← by, off, back, on, in, down, up, under, out, over → (+) Particules en progression entre PV et CV: in, down, out, over; particules en régression: up, on, off; nouvelle particule: under; à noter que by et back ne changent pas de classement par rapport aux PVs économiques; Particules Verbes supports Come Stand Look Take Pass Put Go Turn Lay Let Write Lie Throw Do Cut Pay Run Weigh Set Play Work Sell Grow Load Nombre de « Particules » 10 9 9 8 8 8 7 7 7 7 7 6 6 6 5 5 4 4 4 3 3 3 2 2 Nombre de « préverbes » 6 4 4 6 4 3 6 4 4 4 3 5 4 3 2 2 4 4 8 5 4 3 4 4 Commentaire : le tableau ci-dessus indique les principaux verbes « supports » capables de générer à la fois des « phrasal verbs » et des « compound verbs ». Il y a pour les verbes supports trois cas: 1. (assez) nombreuses formations dans les deux sortes de « verbes complexes »[cf. ci-dessus] ; 2. (assez) nombreux “phrasal verbs”, mais pas de “compound verbs” : be, beat, call, carry, get, give, hand, move, pull, push, roll, send, show, shut, step, tear, toss, win; 3. (assez) nombreux « compound verbs », mais pas de « phrasal verbs »: bid, state ; Tableau récapitulatif de l’analyse « syntaxico-sémantique » : Paramètres : « Phrasal verbs » « Compound verbs » Stabilité du sémantisme verbal = représentation des 3 niveaux : N1 = directionnel ; N2 = aspectuo-modal ; N3 = Valeur modale « comparative » Niveaux notionnel ; changement vers procès d’activité ou pour out, over, under ; fonctionnels et sémantique d’accomplissement → N1 et N2 ; changement vers procès Types de procès les plus courants : verbale achèvement et activité ; d’achèvement → N3 ; les particules téliques out, up → construisent tous types de procès ; Il ne peut y avoir diminution de valence que si la particule Très peu d’exemples de diminution adverbiale a une autonomie « aspectuo-modale » forte ; de valence (1,5%) ; augmentation Valence augmentation → principalement avec out et up (téliques) ; syntaxique de valence (19%) ; stabilité la diminution de valence est inscrite dans la logique (79,5%) syntaxique du « phrasal verb ». Valence sémantique plus diversifiée au Niveau 1 ; Le Niveau 3 est Corrélation entre : stabilité syntaxique → changement proportionnellement plus fourni Valence sémantique ; changement syntaxique → actants [+ sémantique avec les « compound verbs » : animés] ; Richesse de UP2 (=) [création de métaphores] ; richesse de la valence sémantique en revanche, l’augmentation de valence syntaxique n’autorise guère l’expérimentation tropique ; La particule perd de sa profondeur « résultative » ; glissement vers Niveau 1 → Niveau 3 ; procès d’achèvement ; diminution Lexicalisation l’achèvement dans le passage du de valence ; inversion d’actants ; N1 au N3 ; richesse du Niveau 3. 186 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais LISTE DES TABLEAUX SYNOPTIQUES 1. Prépositions, particules et « résultativité ». .................................................................................................................. 2. Eléments « prépositionnels » à vocation pré- et/ou post-verbale.................................................................................. 3. Evolution sémantique des « particules ». ..................................................................................................................... 4. 4ème loi d’analogie de Kurylowicz. ............................................................................................................................... 5. Résumé terminologique................................................................................................................................................ 6. Typologie des verbes complexes et « localisation » ..................................................................................................... 7. Typologie comparative « phrasal verbs » et « compound verbs »................................................................................ 8. Particule adverbiale et « Aktionsart »........................................................................................................................... 9. Grille virtuelle des paramètres d’analyse du « verbe composé ».................................................................................. 10. Combinaison des particules avec principaux verbes du corpus (phrasal verbs)......................................................... 11. Résumé des combinaisons possibles (sémantique verbale) ........................................................................................ 12. Particule adverbiale et « franchissement de frontière ». ............................................................................................. 13. Non changement du sémantisme verbal. .................................................................................................................... 14. Changement du sémantisme verbal. ........................................................................................................................... 15. Tableau actanciel IN................................................................................................................................................... 16. Tableau actanciel OUT............................................................................................................................................... 17. Tableau actanciel DOWN........................................................................................................................................... 18. Tableau actanciel UP.................................................................................................................................................. 19. Tableau actanciel OVER ............................................................................................................................................ 20. Tableau actanciel OFF................................................................................................................................................ 21. Tableau actanciel ON ................................................................................................................................................. 22. Transformation du sémantisme verbal et compositionnalité du phrasal verb ............................................................ 23. Degré de compositionnalité des « phrasal verbs » : Répartition des particules adverbiales. ...................................... 24. Etude systématique du comportement des particules adverbiales au sein des « phrasal verbs ». ............................... 25. Compositionnalité versus Lexicalisation maximale. .................................................................................................. 26. Degré de compositionnalité du phrasal verb.............................................................................................................. 27. Grilles de conversion syntaxique du « phrasal verb » et construction du sémantisme verbal..................................... 28. Analyse du phrasal verb « let out »............................................................................................................................ 29. Grilles de double prédication du « phrasal verb » et construction du sémantisme verbal........................................... 30. Caractéristiques de la double prédication. .................................................................................................................. 31. Opérateur de causativité et phrasal verb de niveau 1. ................................................................................................ 32. Opérateur de causativité et phrasal verb de niveau 2. ................................................................................................ 33. Opérateur de causativité et phrasal verb de niveau 3. ................................................................................................ 34. Mise en perspective des différents plans (ensemble des paramètres) [IN, OUT, DOWN, UP, OVER, OFF, ON] .... 35. Résumé des transformations de Lipka, avec essai de formalisation. .......................................................................... 36a. Tableau récapitulatif des différents types de phrasal verbs → schémas intransitifs................................................. 36b. Tableau récapitulatif des différents types de phrasal verbs → schémas transitifs.................................................... 37. Corpus B des « compound verbs » ............................................................................................................................. 38. Corpus B2 des « compound verbs » ........................................................................................................................... 39. Particules « antéposées » et diversité des corpus........................................................................................................ 40. « Compound verbs » les plus prolifiques. .................................................................................................................. 41. Particules « préverbées » dans le corpus B................................................................................................................. 42. Evolution de la langue : du préverbe à l’adverbe. ...................................................................................................... 43. Evolution syntaxique et sémantique de quelques « compound verbs » ...................................................................... 44. Composition des « compound verbs »........................................................................................................................ 45. Combinaisons « Particule + verbe » attestées pour 60 verbes d’usage courant .......................................................... 46. Capacité à « préverbation » + prolificité des « préverbes » du corpus ....................................................................... 47. Exemples des trois niveaux fonctionnels des « compound verbs » ............................................................................ 48. Valeurs « modales » avec les particules préverbées : OUT et OVER ........................................................................ 49a. Valeurs « modales » construites avec OUT et OVER .............................................................................................. 49b. Opérations « cognitives » construites par la particule préverbée OVER .................................................................. 50a. Analyse de « préverbes » avec out............................................................................................................................ 50b. Analyse de « préverbes » avec over ......................................................................................................................... 51a-j Analyse typologique des « compound verbs » du corpus........................................................................................ 52. « Formes participiales » attestées des compound verbs.............................................................................................. 53. Exemples de « Formes participiales » des compound verbs en discours ................................................................... 54. Antéposition de la « forme participiale » des compound verbs .................................................................................. 55. « FORTH »................................................................................................................................................................. 56 à 65. Etude de la « valence sémantique » pour chacun des dix « préverbes » ............................................................. 66. Particules préverbées « attestées » dans les diverses combinaisons sémantiques ..................................................... 67. Comparaison de la « valence sémantique » des deux systèmes verbaux ................................................................... 68. Comparaison des combinaisons sémantiques entre « phrasal verbs » et « compound verbs » ................................... 69. Paramètres cumulatifs des « compound verbs »......................................................................................................... 70. Schéma résumé des diverses « fonctions » du Phrasal Verb...................................................................................... 71. Tableaux comparatifs des deux types de « verbes complexes » ................................................................................. 14 15 16 17 18 25 25 27 28 29 32 41 42 42 53 56 58 61 63 65 67 71 72 73 74 75 78 87 88 92 94 95 95 98 105 106 106 114 115 116 116 117 118 120 122 123 124 126 128 129 130 131 132 133 146 148 149 150 152 172 173 174 175 179 186 187 Cahier du CIEL 2005-2006 SOURCES DES EXEMPLES Corpus « Phrasal verbs » 1. Corpus traduit : Anglais → Français [utilisé essentiellement pour la seconde partie de la thèse (voir bibliographie)] BELLOW, Saul. – Herzog, First published 1964. Penguin Books, 1965. →Traduction : “Herzog” par Jean Rosenthal – Gallimard, 1966. GOLDING, William. – The Spire. Faber and Faber, 1964. →Traduction : « La Nef » par Marie-Lise Marlière – Gallimard, 1966. JAMES, Henry. – The Wings of the Dove. First published 1902. Penguin Books, 1965. →Traduction : « Les ailes de la colombe » par Marie Tadié – Robert Laffont, 1947. LE CARRÉ, John. – Smiley’s people. First published by Hodder & Stoughton, 1980. →Traduction : « Les gens de Smiley » par Jean Rosenthal – Robert Laffont McGAHERN, John. – The Barracks. Faber and Faber Limited, 1963. →Traduction : « La Caserne » par Georges-Michel Sarotte – Presses de la Renaissance, 1986 MURDOCH Iris. – The sea, the sea. First published in Great Britain by Chatto & Windus Ltd, 1978. Published by Triad/Granada in 1980. →Traduction : « La mer, la mer » par Suzanne Mayoux – Gallimard, 1982. TIME MAGAZINE du 4 décembre 1995 : Special report : France (avec version traduite en français) Français → Anglais [utilisé essentiellement pour la seconde partie de la thèse (voir bibliographie)] MAURIAC, François. – Le mystère Frontenac – Editions Bernard Grasset, 1933. →Traduction : The Frontenac Mystery by Gerard Hopkins – Eyre & Spottiswoode, 1951. STENDHAL. – Le Rouge et le Noir. 1830 – Garnier Flammarion, 1964. →Traduction : “Scarlet and Black” by Margaret R. B. Shaw – Penguin Classics, 1953. TOURNIER Michel. – La goutte d’or – Editions Gallimard, 1986. →Traduction : “The golden droplet” by Barbara Wright – Williams Collins, 1987. 2. Corpus non traduit : CLANCY Tom. – Executive Orders. – HarperCollinsPublishers, 1998 CLANCY Tom. – Rainbow Six. – Penguin Books, 1999 COETZEE J. M. – Disgrace – Vintage, 2000 GEORGE Elizabeth – Deception on his Mind. – New English Library, 1997 GRISHAM John. – The Brethren – Arrow Books, 2000 GRISHAM John. – A Painted House – Arrow Books, 2001 HAILEY Arthur – Detective – Corgi Books, 1998 TARTT Donna – The Secret History – Ballantine Books, 1992 Magazines : 5 numéros de NEWSWEEK : 12 mars, 19 mars, 26 mars, 2 avril, 9 avril 2001 + THE ECONOMIST du 21 juillet 2001. Corpus: “Compound verbs” Corpus A: LONGMAN DICTIONARY OF CONTEMPORARY ENGLISH, Longman Group Ltd, 1995. / WEBSTER’S NEW WORLD DICTIONARY of the American Language, Second College Edition, 1976. Corpus B(1): The Da Vinci Code, Dan Brown (Doubleday – 2003); The Seven Sisters, Margaret Drabble (Penguin Books – 2003); The Veteran, Frederick Forsyth (Corgi Books – 2002); The King of Torts, John Grisham (Arrow Books – 2003); The Fourth Hand, John Irving (Black Swan – 2002); The Guns of Navarone, Alistair MacLean (HarperCollins – 1995); The Human Stain, Philip Roth (Vintage - 2001); NEWSWEEK, October 6, 2003; TIME, October 20, 2003, June 14, 2004, June 21, 2004, June 28, 2004, July 5-12, 2004. Corpus B(2): TIME (August 18-25, 2003; September 8, 2003; September 22, 2003; September 15, 2003; September 29, 2003 ; October 6, 2003 ; October 27, 2003 ; NEWSWEEK (Special “Issues 2003” Edition [December 2002-February 2003], October 20, 2003; October 27, 2003; The ECONOMIST (June 28th-July 4th 2003 [Special 160th Anniversary Issue] ; September 20th-26th 2003 [Special Survey of the World Economy]); BUSINESS WEEK (December 23, 2002; February 24, 2003). NB : pour Time et Newsweek, nous avons retenu les seules rubriques consacrées à l’économie. 188 M. SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais BIBLIOGRAPHIE 1. Ouvrages théoriques BENVENISTE Emile. - Problèmes de Linguistique Générale I. – Paris : Gallimard, 1966, éd. 1971. - Problèmes de Linguistique Générale II. – Paris : Gallimard, 1974. BOLINGER Dwight. (1971) The phrasal verb in English. Cambridge, MA : Harvard University Press. BONHOMME Marc (1987) – Linguistique de la métonymie. Sciences pour la communication 16. Peter Lang. Berne. BRINTON Laurel J. (1988) – The development of English aspectual systems. Aspectualizers and post-verbal particles. – University of British Columbia, C.U.P, BUSUTTIL, Pierre, Les Verbes complexes en Anglais Contemporain, Verbes Prépositionnels et Verbes Adverbiés. Thèse de doctorat. Université Paris Nord (1994) COMRIE Bernard. (1976). – Aspect : an introduction to the study of verbal aspect ans related problems. 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SIMON - Lexicalisation des verbes complexes anglais Table des Matières Introduction .................................................................................................................................................................... 11 Chapitre 1 : Cadre « méthodologique » ....................................................................................................................... 1.1. « Phrasal verb », « Prepositional verb » et « Compound verb ».......................................................................... 1.1.1. Point de vue « synchronique » : la combinatoire lexicale, 14 1.1.2. Point de vue « diachronique » : la lexicalisation, 16 1.1.3. Résumé « terminologique », 18 1.2. Un cadre « variationniste »..................................................................................................................................... 1.2.1. Approche « localiste », 20 1.2.2. Phrasal verb et discours, 21 1.2.3. Trois niveaux « fonctionnels », 22 1.3. Méthodologie de l’étude « syntaxico-sémantique » du corpus............................................................................. 1.3.1. La sémantique verbale, 26 1.3.2. Valences « syntaxique et sémantique », 27 Chapitre 2. Typologie des phrasal verbs ....................................................................................................................... 2.1. Etude sémantico-syntaxique du « phrasal verb » .................................................................................................. 2.1.1. Variations de la Sémantique verbale .................................................................................................................. 2.1.1.1. Combinaison des particules adverbiales/principaux verbes du corpus, 29 2.1.1.2. Commentaire des tableaux de la « sémantique verbale », 32 2.1.1.3. Conclusion, 41 2.1.2. Variations de la valence syntaxique (sous-catégorisation stricte)..................................................................... 2.1.2.1. IN versus OUT, 43 2.1.2.2. DOWN versus UP, 45 2.1.2.3. OVER, 47 2.1.2.4. OFF versus ON, 48 2.1.2.5. Conclusion, 49 2.1.3. Variations de la valence sémantique (sous-catégorisation sélectionnelle)........................................................ 2.1.3.1. IN versus OUT, 51 2.1.3.2. DOWN versus UP, 57 2.1.3.3. OVER, 62 2.1.3.4. OFF versus ON, 63 2.1.3.5. Conclusion, 68 2.1.4. Conclusion............................................................................................................................................................. 2.2. Etude des mécanismes sous-jacents de la « concentration prédicative » du phrasal verb.................................. 2.2.1. Conversion syntaxique ......................................................................................................................................... 2.2.1.1. Dérivation adjectivale, nominale et verbale, 76 2.2.1.2. Grilles de conversion syntaxique du « phrasal verb » et construction du sémantisme verbal, 78 2.2.1.3. Commentaire des grilles de conversion syntaxique, 86 2.2.2. La double prédication .......................................................................................................................................... 2.2.2.1. Généralités, 86 2.2.2.2. Grilles de double prédication du « phrasal verb » et construction du sémantisme verbal, 88 2.2.2.3. Commentaire des grilles de double prédication, 92 2.2.3. « Phrasal verb » et schémas de dérivation.......................................................................................................... 2.2.3.1. Essai de formalisation des opérations sous-jacentes du phrasal verb, 92 2.2.3.1.1. Opérateurs de « causativité », 94 2.2.3.1.2. Dérivation synthétique et « tropique », 96 2.2.3.2. Tableaux récapitulatifs des différents types de phrasal verbs, 97 2.2.3.3. Conclusion, 105 Conclusion....................................................................................................................................................................... CHAPITRE 3 : Typologie des compound verbs............................................................................................................ 3.1. Qu’est-ce qu’un “compound verb”? ...................................................................................................................... 3.1.1. Domaine de recherche et terminologie, 110 3.1.2. Le corpus, 113 3.2. Critères d’analyse.................................................................................................................................................... 3.2.1. Approche diachronique du « compound verb », 118 3.2.2. Approche synchronique du « compound verb », 122 3.2.3. Opérations sous-jacentes à examiner, 125 3.3. Analyse « sémantico-syntaxique » des « compound verbs » du corpus............................................................... 3.4. Les formes participiales .......................................................................................................................................... 3.5. Champ sémantique.................................................................................................................................................. 14 14 19 26 29 29 29 43 51 70 76 76 86 92 107 108 110 118 133 144 151 Conclusion générale ....................................................................................................................................................... 177 Annexes: diverses [5]...................................................................................................................................................... Liste des tableaux synoptiques ...................................................................................................................................... Sources des exemples ..................................................................................................................................................... Bibliographie .................................................................................................................................................................. 178 187 188 189 191