Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 3
Adhérences en chirurgie digestive et
Les adhérences chirurgicales sont dues à la réunion cicatricielle
par des bandes fibreuses de 2 surfaces contiguës indépendantes.
Elles peuvent avoir plusieurs causes : intervention chirurgicale,
traumatisme notamment au niveau du péritoine. Leur fréquence
est élevée en chirurgie digestive et gynécologique. De
nombreuses études ont permis l’identification de leurs
mécanismes de formation permettant ainsi la mise au point de
quelques traitements préventifs.
Le péritoine est une membrane séreuse tapissant l’abdomen et
les viscères avec de nombreuses fonctions. En cas de
traumatisme du péritoine, un phénomène de cicatrisation se met
en place. Il débute par une réaction inflammatoire avec perte de
substance, augmentation de la perméabilité vasculaire,
exsudation de cellules inflammatoires. La cicatrisation est suivie
par la fibrinolyse, faisant intervenir l’activateur tissulaire du
plasminogène (tPA), et la colonisation du site par des cellules
mésothéliales.
Les adhérences sont le résultat d’un mauvais déroulement de la
cicatrisation, avec intervention de certaines cytokines de
l’inflammation diminuant le phénomène de fibrinolyse. Il en
résulte une prolifération de fibroblastes et la formation de
collagène. Les adhérences relient alors les organes entre eux ou
au péritoine. Plusieurs critères permettent de définir les
adhérences et leur gravité : l’incidence, l’étendue, la localisation,
la sévérité, l’aspect.
Plusieurs classifications ont été élaborées par différents groupes
de travail. Elles permettent notamment de comparer les
résultats des différentes études cliniques. Une seule étude,
l’étude SCAR en Ecosse, a évalué l’épidémiologie des adhérences
après chirurgie digestive ou gynécologique. Cette étude a permis
de classer les causes de ré-hospitalisation en 3 catégories :
directement liées aux adhérences, potentiellement liées aux
adhérences, non liées a adhérences mais pouvant se compliquer
par des adhérences.
L’incidence des adhérences dépend de différents facteurs liés au
malade, au site anatomique d’intervention ou aux pratiques
chirurgicales.
Les conséquences des adhérences sont diverses. Parmi les plus
importantes, il y a :
- les occlusions intestinales : les adhérences en sont la cause la
plus répandue et nécessitent des adhésiolyses et des
interventions chirurgicales supplémentaires ;
- les stérilités secondaires chez les femmes : les adhérences
provoquent 40 % de ces stérilités ;
- les douleurs pelviennes chroniques, non corrélées à la sévérité
des adhérences.
La technique chirurgicale peut jouer un rôle dans la prévention
des adhérences. Ainsi, la technique par coelioscopie est moins
traumatisante que la technique par laparotomie et serait
associée à un taux plus faible d’adhérences. De nombreux essais
expérimentaux ont testé différents traitements pharmacolo-
giques pour réduire les adhérences post-opératoires. Mais les
résultats de ces essais sont souvent divergents et peu probants
en terme d’efficacité avec parfois des risques plus importants
que la formation même des adhérences.
Des médicaments ou dispositifs médicaux ont été mis au point
pour éviter le contact entre les organes et le péritoine et ainsi
limiter la formation des adhérences. Six dispositifs médicaux
sont actuellement utilisés en France. Ils agissent par un
mécanisme d’hydroflottaison ou par la formation d’une barrière
physique. L’évaluation du rapport bénéfice/risque de ces produits
dans la prévention des adhérences est très difficile. L’avenir est
peut être aux associations barrières- principe actif permettant un
meilleur ciblage.
Mots clés : adhérence, chirurgie digestive, chirurgie
gynécologique, dispositif médical, médicament.
Abstract. Adhesions: prevention in digestive and gynaecological surgeries
The surgical adhesions are due to a healing combination of 2
contiguous independent surfaces. They may have several
causes: surgery, trauma especially at the peritoneum. Their
frequency is high in digestive and gynaecological surgery.
Several studies have identified mechanisms responsible for
adhesions. Preventive treatments are based on the use of
medical devices. The peritoneum is a serous membrane lining
the abdomen and viscera. In case of a trauma peritoneum, a
healing process takes place.
Adhesions are the result of an improper healing process,
involving cytokines which reduce the fibrinolysis process. The
result is a proliferation of fibroblasts and a collagen formation.
Adhesions then connect organs with each other or with the
peritoneum.
Several criteria are used to define the adhesions and their
severity: the impact, extent, location, severity, appearance. Only
one study, SCAR study in Scotland, has evaluated the
epidemiology of adhesions after gynaecological or digestive
surgeries. This study has led to classify causes of re-
hospitalization in 3 categories: directly related to adhesions,
potentially related to adhesions, non-related to adhesions but
possibly complicated by adhesions.
The incidence of adhesions depends on various factors related to
the patient, the anatomical site of intervention or surgical
practices. The consequences of adhesions are various. Among
the most important, there is: intestinal obstructions: adhesions
are the most frequent cause; secondary infertilities in women:
adhesions cause 40% these infertilities; chronic pelvic pain which
are not correlated with the severity of adhesions. The surgical
technique may play a role in the prevention of adhesions. Thus,
coelioscopy is less traumatic than laparotomy and is associated
with a lower rate of formation of adhesions. Many trials have
been testing different pharmacological treatments to reduce
post-surgical adhesions. But the results of these trials are often
divergent and little significant in terms of efficiency.
Few drugs or medical devices have been developed to prevent
contact between the organs and the peritoneum and thus limit
the formation of adhesions. Six medical devices are used in
France. The benefit/risk ratio is very difficult to evaluate. In the
future barriers combinated with active substances could allow a
better efficacy.
Key words: adhesion, digestive surgery, drug,
gynaecological surgery, medical device.
Adhérences : prévention en chirurgie
digestive et gynécologique
En bref
Marie Caroline Husson
Rédactrice en chef