279
Amérique latine et Caraïbes, des alternatives face à la crise
au sein de l’ONU. Ces derniers sont en totale contradiction avec l’accélération
de la dérégulation et des réformes législatives et judiciaires (surtout jurispru-
dentielles) favorisant la libre circulation des capitaux.
L’agression du capital portant sur l’exploitation des travailleurs et des res-
sources naturelles en vue d’atteindre ses objectifs propres met en lumière le
fait qu’il ne s’agit pas uniquement d’une crise économique mais bien d’une
crise systémique. La réponse du capital, au-delà de quelques nationalisations
proposées par les États capitalistes, est stratégique : il cherche à mettre en
place de nouvelles conditions économiques et politiques an de continuer à
faire avancer le capital. Et ce, quels qu’en soient les coûts sociaux et environ-
nementaux directement corrélés.
Récemment, le prix Nobel d’économie 2008 3 signalait : « Lorsque je lis les
commentaires récents concernant la politique nancière des hauts fonction-
naires [du gouvernement] d’Obama, je me sens dans un tunnel : c’est comme
si nous étions toujours en 2005, qu’Allan Greenspan était le maître, et les ban-
quiers des héros du capitalisme ». Cet analyste fait notamment référence aux
propos du « Mr Économie » aux États-Unis, qui avait afrmé : « Nous avons
un système nancier dirigé par des actionnaires privés et conduit par des ins-
tances privées ; et nous voudrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour
conserver ce système » (sic). Ce qui, venant de Timothy Geithner (secrétaire
au Trésor américain), est d’autant plus paradoxal que celui-ci s’apprêtait au
même moment à solliciter les contribuables pour compenser les pertes pha-
raoniques de ce même système.
De son côté, le Washington Post indique que Geithner et Lawrence Summer
(principal conseiller économique de Barack Obama) « considèrent que les
États sont de mauvais gestionnaires de banques », très probablement par op-
position aux génies du secteur privé qui se sont ingéniés à perdre plus d’un
milliard de dollars en quelques années. Paul Krugman exige d’aller dans le
sens des nationalisations temporaires puis de reprivatiser.
Dans une autre orientation, mais toujours dans le cadre du système capi-
taliste, Jeffrey Sachs 4 suggère qu’« un des apports historiques du président
Barack Obama sera une impressionnante démonstration de malabarisme po-
litique : convertir la sinistre crise économique en ouverture d’une ère de déve-
loppement durable. Son paquet de relance macroéconomique pourrait ou non
amortir la récession et il n’y a aucun doute que commencent d’âpres luttes
entre les partis pour dénir les priorités. Mais Obama a déjà xé le nouveau
chemin en réorientant l’économie, de la consommation des ménages vers les
investissements publics concentrés dans les secteurs-clés qui sont autant de
dés : énergie, climat, production agroalimentaire, eau, biodiversité. »
Il ajoute que « ce qui est en train de prendre forme n’est rien de moins qu’un
modèle de capitalisme du 21e siècle, conciliant les deux objectifs du déve-
loppement économique et de la durabilité ». Il suggère enn qu’il faut res-