Microbiologie de la digestion anaérobie
CONSEILS PRATIQUES POUR ASSURER LA STABILITE DE L’UNITE
DE METHANISATION
Comme nous venons de le voir, l’activité bactérienne mise en jeu lors de la digestion
anaérobie est très complexe et très sensible, il est donc important de mettre en œuvre des
pratiques pour maintenir dans le digesteur des conditions favorables aux bactéries et donc
maintenir un bon fonctionnement de l’unité de méthanisation.
Les paramètres suivis sont souvent de nature économique (directement ou
indirectement) ou agronomique comme le taux de charge du digesteur, le temps de séjour dans
le digesteur, le potentiel méthanogène du substrat, la quantité de biogaz produit ou encore la
qualité du digestat. Mais ces paramètres ne permettent pas d’appréhender l’aspect biologique
dans le digesteur. Il est important de suivre quelques paramètres d’ordre biologique afin de
prévenir et de maitriser les perturbations possibles du process, comme les intoxications des
bactéries. Nous allons présenter quelques exemples d’intoxication ainsi que les solutions
possibles pour y remédier.
INTOXICATION AUX AGV : ACIDOSE
L’acidose correspond { la chute du pH dans le digesteur, entrainant un
disfonctionnement des bactéries méthanogènes et donc un diminution de la production de
biogaz. L’acidose peut être due { un substrat trop abondant et trop fermentescible (forte activité
d’hydrolyse et d’acidogénèse, donc accumulation d’AGV) ou { une inhibition des bactéries
acétogènes ou méthanogènes (variation de température, présence d’antibiotique, d’H2S, de
métaux lourds…).
Les conséquences de cette intoxication sont la baisse du pH, la diminution de la quantité
de biogaz produite et la perte de qualité du biogaz (augmentation de la concentration en CO2).
Lorsque l’on détecte ces problèmes, il est déj{ trop tard, le disfonctionnement est installé.
Certains paramètres peuvent permettre de prévenir l’intoxication :
L’augmentation de la pression partielle d’H2 dans le biogaz, l’H2 étant un inhibiteur des
bactéries acétogènes, son augmentation traduit un début de disfonctionnement. Cette
mesure peut se faire { l’aide d’une sonde { H2, cependant des erreurs de mesure peuvent
se produire à cause de l’H2S et du NH3, des recherches sont en cours pour améliorer les
sondes (capteur à membrane spécifique à H2).
La diminution de l’alcalinité totale (pouvoir tampon) du milieu. Pour se faire, on peut
réaliser la mesure du TIC (Carbone Inorganique Total), celle-ci est encore aujourd’hui
difficilement réalisable sur site, mais de nouveaux appareils de mesure sont développés.
L’accumulation d’AGV et le changement de composition (de plus en plus d’AGV de grande
taille). On peut suivre deux indicateurs, la concentration totale en AGV et le rapport acide
acétique (deux carbones) sur acide propionique (trois carbones). Mais ces mesures
nécessite du matériel de laboratoire, donc difficilement réalisable sur site.
Quand l’acidose est détectée, l’arrêt de l’apport de substrat, le mélange du milieu pour
favoriser l’activité des bactéries et l’ajout d’une base (NaHCO3 par exemple) peuvent permettre
au système de redevenir fonctionnel.
Remarque : l’acidose est souvent l’étape finale des autres intoxications. Un disfonctionnement d’une
étape va entrainer une accumulation d’AGV, donc une chute du pH et l’acidose.