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Contexte
Presque toutes les associations médicales
nationales s’opposent à l’euthanasie et à l’aide au
suicide et les codes de droit de presque tous les
pays l’interdisent. Un changement de statut de ces
pratiques devant la loi au Canada représenterait
une évolution radicale des politiques et du
comportement de la société. Pour que la
profession médicale appuie un tel changement et
participe à de telles pratiques par la suite, une
remise en question fondamentale de la déontologie
médicale classique s’imposerait.
Les médecins, les autres professionnels de la
santé, les universitaires, les groupes d’intérêt, les
médias, les législateurs et l’appareil judiciaire sont
tous profondément divisés quant à l’opportunité
de modifier les mesures législatives qui interdisent
actuellement l’euthanasie et l’aide au suicide. À
cause de la nature controversée de ces pratiques,
de leur importance indéniable pour les médecins et
de leurs effets imprévisibles sur la pratique de la
médecine, la profession et la société ont raison
d’aborder la question avec précaution et réflexion.
Principes déontologiques fondamentaux
Même si le Code de déontologie de l’AMC ne
mentionne pas explicitement l’euthanasie ou l’aide
au suicide, les articles suivants du Code sont
pertinents à la politique de l’AMC en la matière.
1. «Tenir compte d’abord du mieux-être
du patient.» Ceci signifie faire passer avant tout le
soin des patients, en l’occurrence des personnes
qui sont en phase terminale ou qui font face à une
durée de vie indéfinie marquée par la souffrance
ou l’absence de sens.
2. «Voir à ce que votre patient reçoive
tous les soins nécessaires, y compris le réconfort
physique et l’appui spirituel et psychosocial, même
lorsqu’il est impossible de le guérir.»
3. «Fournir à vos patients l’information
dont ils ont besoin pour prendre des décisions
éclairées au sujet de leurs soins de santé et
répondre à leurs questions au meilleur de vos
compétences.»
4. «Respecter le droit d’un patient apte
d’accepter ou de refuser tout soin médical
recommandé.»
5. «Déterminer, dans la mesure du
possible, et reconnaître les désirs de votre patient
au sujet de la mise en œuvre, du maintien ou de
l’interruption des traitements essentiels au
maintien de la vie.»
6. «Reconnaître la responsabilité de la
profession envers la société à l’égard des questions
qui ont trait (...) à la législation qui touche la santé
ou le mieux-être de la communauté (...).»
7. «Prévenir votre patient lorsque vos
valeurs personnelles auraient un effet sur la
recommandation de toute intervention médicale
que le patient souhaite ou dont il a besoin, ou sur
la pratique de celle-ci.»
Ces principes ne peuvent à eux seuls trancher
la question de savoir s’il faudrait permettre
l’euthanasie et l’aide au suicide. Ils sont toutefois
pertinents au débat dans la mesure où les cinq
premiers établissent l’importance du mieux être et
de l’autonomie des patients, le sixième intègre la
responsabilité à l’égard de la société et le septième
défend l’autonomie des médecins en cas de
changement législatif.
Politique de l’AMC sur la participation des
médecins à l’euthanasie et à l’aide au suicide
Les médecins du Canada devraient s’abstenir de
participer à l’euthanasie ou à l’aide au suicide.
Préoccupations des médecins au sujet de la
légalisation de l’euthanasie et de l’aide au
suicide
L’AMC reconnaît que la société a la prérogative de
décider s’il faut modifier les lois qui régissent
l’euthanasie et l’aide au suicide. L’AMC souhaite
contribuer la perspective de la profession médicale
à l’examen des aspects juridiques, sociaux et
éthiques de ces pratiques.
Avant qu’on envisage de changer le statut
légal de l’euthanasie ou de l’aide au suicide, l’AMC
souhaite vivement que l’on réponde aux
préoccupations suivantes.
1. Il faut offrir à tous les Canadiens des
services adéquats de soins palliatifs. Le Conseil
général de 1994 de l’AMC a approuvé à
l’unanimité une motion portant que les médecins
du Canada devraient adhérer aux principes des
soins palliatifs.
Le public a démontré clairement que le soin
des mourants le préoccupe. Il faut considérer la
prestation de soins palliatifs à tous ceux qui en ont
besoin comme une condition préalable obligatoire
avant d’envisager d’assouplir la législation. Il faut