
Avant d'entamer plus avant l'étude qui va être la nôtre concernant l'igname, il est important
d'exposer ici les composants extérieurs qui influencent notre analyse. En effet, il parait
nécessaire de consacrer un bref développement à l'histoire, à l'ethnologie ainsi qu'à la
géographie de ce département.
Tout d'abord, il faut constater que la Guyane offre une diversité culturelle très forte de
part son histoire. En effet, les premiers occupants de la Guyane ont été les Amérindiens. Leur
présence en Amazonie pourrait remonter à -6000 et -10.000 ans. Leur occupation en Guyane
semblait être très récente, mais les dernières fouilles archéologiques ont révélé des vestiges
datant de 1265 av. JC sur le site Soyouz. D’ores et déjà, il est acquis que deux occupations
humaines distinctes se sont succédées sur ce site durant les 3 000 dernières années (com. pers.
Sylvie Jéremie, directrice INRAP Guyane). Le peuple Amérindien n'est pas un peuple
homogène. Il est constitué d'une mosaïque de tribus aux coutumes différentes. Ce peuple
est réparti en trois groupes d’origine linguistique différente. Chacun de ces groupes possède une
langue qui lui est propre et son installation en Guyane diffère dans le temps. Le groupe Karib est
constitué de deux communautés distinctes: les Galibis et les Wayanas qui se sont installées
depuis au moins 1000 ans. Le groupe Arawak, le plus ancien de Guyane (environ -3000 ans), est
composé d’Arawaks et de Palikurs, alors que le groupe Tupi guarani comprenant les Wayapis et
les Emerillons est présent seulement depuis 500 ans (Montabo, 2004). Le peuple Amérindien
constitue dans son ensemble aujourd'hui environ 5% de la population guyanaise (chiffres INSEE
au 1er janvier 2004).
Au cours de l'histoire de nombreuses migrations en Guyane ont eu lieu (cf. carte1). Tout
d'abord, des communautés originaires d’Afrique de l’Ouest arrivèrent en Guyane Hollandaise -
actuel Suriname- dès 1650 lors de la traite des esclaves. De 1765 à 1793, des rebellions
éclatèrent à l’encontre des propriétaires esclavagistes et des groupes d’esclaves firent du
marronnage (marronnage vient du mot espagnol "cimarron" qui signifie "fugitif"). Ils quittèrent
donc les plantations pour se réfugier dans la forêt afin de se protéger de leurs maîtres. De cet
événement sont nées les communautés Noirs-marron ou Bushinengué: Saramakas, Djukas,
Paramakas et Alukus représentant 6% de la population totale guyanaise.
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