
La Loire est un fleuve qui compte encore 7 espèces de poissons
grands migrateurs : le saumon atlantique, l’anguille, la grande alose
et l’alose feinte, la lamproie marine et la lamproie de rivière, et
enfin la truite de mer.
Les poissons grands migrateurs sont un des éléments importants
de la biodiversité des cours d’eau. Ils ont été la base, pendant des
siècles, d’une économie de pêche qui irriguait les territoires, depuis
les sources jusqu’aux estuaires des fleuves. Malgré leur raréfaction,
ils restent un élément essentiel dans la culture locale, présents dans
la littérature, les chants populaires, la peinture...
L’Aron offre essentiellement un potentiel d’accueil pour l’anguille
et la lamproie marine. L’Arroux, quant à elle, offre un potentiel
d’accueil au saumon atlantique.
D’autres petits migrateurs peuplent nos rivières et nos ruisseaux.
Ils ne dévalent pas jusqu’à l’estuaire mais ont, eux aussi, besoin
d’une continuité écologique du cours d’eau pour les différentes
phases de leurs cycles de vie. Pour la Truite fario par exemple :
croissance des juvéniles dans les petits ruisseaux, grossissement
des adultes sur des rivières plus larges, sites de reproduction sur
des radiers de petits graviers. La truite a donc besoin de circuler
sur l’ensemble du bassin versant.
La restauration de la libre circulation migratoire sur les affluents de
l’Aron et de l’Arroux est donc un enjeu majeur pour la biodiversité
à l’échelle de tout le bassin de la Loire !
Le saumon atlantique (Salmon salar)
Au début du XVIIIe siècle, on estime que 100 000 saumons entraient annuellement
dans l’estuaire de la Loire. Aujourd’hui, la population peine à se maintenir.
Entre 1997 et 2008, seulement 550 saumons sont passés en moyenne chaque
année à la station de comptage de Vichy (à 660 km de la mer).
Les saumons ont disparu des rivières morvandelles depuis le XVIIIe siècle.
Son aire de répartition était le Guignon et la Dragne qui correspond à l’aire
de répartition de la moule perlière.
Bloqués sur l’Arroux au barrage de St Andoche (Autun) et sur l’Aron au barrage
de Cercy la Tour. Ces deux ouvrages figurent dans la liste des ouvrages prioritaires
du bassin Loire Bretagne.
La lamproie marine (Petromyzon marinus)
et la lamproie de rivière (Lampetra fluviatilis) ne sont pas
à proprement parler des poissons. En effet, les lamproies appartiennent
à la branche des Agnathes (animaux dépourvus de mâchoires), vertébrés primitifs
dont la morphologie rappelle celle de l’anguille.
Durant leur phase marine, les lamproies restent à proximité des côtes et adoptent
un mode parasitaire, se posant en ventouse sur un poisson et digérant sa chair.
Cette espèce largement répandue en France en 1900 voit à présent son aire de
colonisation fortement morcelée par les barrages et l’altération de la qualité de son
milieu de reproduction.
L’une des dernières espèces de grands migrateurs fréquentant encore le Morvan
avec l’anguille. La Lamproie Marine remonte dans le Morvan par la Loire jusque
dans les basses vallées du Méchet et de la Celle pour se reproduire sur des zones
où on espère aussi voir un jour revenir le Saumon Atlantique.
L’Aron, la Dragne et l’Alène ont un potentiel productif très important à l’échelle
du bassin de la Loire pour la lamproie marine.
L’anguille européenne (Anguilla anguilla) se reproduit dans la mer
des Sargasses, au large de la Floride, à plus de 6 000 km des côtes européennes.
Les larves traversent l’Atlantique en se laissant porter par les courants et atteignent
le plateau continental où elles se transforment en civelles, puis elles remontent
dans les cours d’eau. Les anguilles grandiront en rivière pendant 4 à 10 ans avant
de reprendre leur migration vers la mer des Sargasses parcourant ainsi près
de 12 000 km.
Historiquement présente en très grand nombre sur toute la façade atlantique,
l’anguille européenne est en très forte régression depuis les années 70-80.
Ce déclin est notamment la conséquence de son exploitation irraisonnée,
de la dégradation et de la réduction des milieux de vie et de la multiplication
des ouvrages sur les cours d’eau.
Malgré l’effondrement des stocks, l’anguille (et la civelle) joue toujours un rôle
important dans la pêche en France métropolitaine.
C’est une des rares denrée excédentaires dans la balance commerciale de notre
pays. Elle a ainsi été bénéficiaire de 26,8 millions d’euros en 2008.
L’anguille est présente sur l’Arroux et ses affluents, elle peut être potentiellement
présente sur l’ensemble du bassin versant de l’Aron.
La truite fario (Salmo trutta fario).
C’est l’espèce emblématique du Morvan. C’est un poisson salmonidé à caractère
migrateur qui affectionne les eaux vives, fraîches et limpides et les fonds graveleux
à caillouteux. La truite exige des températures inférieures à 17-18°C.
L’oxygène dissous, dont la concentration diminue lorsque la température augmente,
lui est également essentiel.
La truite affectionne une vitesse de courant soutenue, favorable à l’oxygénation
de l’eau et aux fonds de granulométrie grossière sur lesquels elle s’abrite.
Elle se nourrit essentiellement de larves d’éphémères et trichoptères, d’insectes
tombant dans l’eau et de petits poissons. Le frai s’étale de novembre à fin janvier
ou exceptionnellement février sur les secteurs amont. Les frayères sont localisées
en tête de radier (faciès courant, peu profond et graveleux) ou en fin de mouille
(vitesse de courant faible et profondeur plus importante). La granulométrie
des fonds est déterminante pour sa reproduction, un excès de sédiments trop
fin asphyxiant les œufs.
Elle fréquente tous les cours d’eau. Elle semble actuellement menacée au niveau
de l’abondance en raison d’une baisse de qualité des milieux (pollution,
réchauffement) et de problèmes d’obstacles à son déplacement.
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