«La composition des produits à bas
prix à base de viande fait peur»
Esther Guex, diététicienne diplômée
71%
L’économie réalisée à l’achat de petits beurres Aldi
contenant plus de beurre que ceux de Kambly.
ALIMENTS BON MARCHÉ La qualité est variable
Notre test révèle quelques cauchemars nutritionnels, mais aussi une série
de produits offrent d’excellents rapports qualité - prix.
Entre un produit premier prix
et une marque de référence,
la différence de prix saut aux
yeux: deux, trois voire quatre
fois moins cher. Les économies sont-
elles réalisées au détriment de l’équi-
libre alimentaire? C’est ce que nous
avons voulu vérifier grâce à un test
réalisé sur 106 produits.
Chacun des vingt et un aliments
Aldi, Denner, Prix Garantie et M-Budget
a été comparé un produit de référence
(une marque ou une marque de distri-
buteur). Les produits ont été examinés
sur la base de la liste des ingrédients
et des données nutritionnelles. Pour
les produits contenant plus de 10% de
lipides, le profil des graisses a été ana-
lysé en laboratoire. Les résultats par
catégories de produits sont présentés
en pages 22 et 23. Ce test portant sur la
qualité nutritionnelle, aucune évalua-
tion gustative n’a été réalisée. Les -
thodes permettant d’offrir ces produits
à des prix si bas n’ont pas non plus été
étudiées. Si la rationalisation de la
production (achats et fabrication en
masse) ainsi qu’une marge commer-
ciale moins élevée permettent d’abais-
ser les coûts, l’offre en produits à bas
prix exerce également une pression sur
les fournisseurs et les employés.
Attention aux grands emballages
La différence de prix unitaire (prix
par litre ou par kilo) entre la moyenne
des produits à bas prix et la référence
varie entre 26% (lait entier UHT) et
267% (chocolat au lait), la moyenne se
situant à 117%. Pour en bénéficier, le
consommateur doit souvent acheter
de plus grandes quantités, des écono-
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M-Budget, Prix Garantie, hard discounters, que valent les gammes à bas prix du point de vue nutritionnel?
ENQUÊTE: ALINE CLERC,
ANNE ONIDI
Dans notre échantillon de produits,
M-Budget et Aldi sont ceux qui
comptabilisent le plus d’exhausteurs de goût.
40%
Jusqu’où peut aller la diminution des
coûts pour la fabrication et le
conditionnement de lait à bas prix.
ALIMENTS BON MARCHÉ La qualité est variable
Notre test révèle quelques cauchemars nutritionnels, mais aussi une série
de produits offrent d’excellents rapports qualité - prix.
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mies qui valent la peine uniquement
si ces grandes quantités peuvent être
consommées avant la date limite. Les
emballages de grande taille incitent à
consommer de plus grandes quanti-
tés, ce qui n’est pas souhaitable pour
des aliments très sucrés ou très gras
comme par exemple les chips.
La quantité et la qualité des grais-
ses influencent la valeur nutrition-
nelle. Les acides gras poly- et mo-
noinsaturés, présents par exemple
dans l’huile de colza et d’olive, doi-
vent être préférées aux acides gras
saturés présents dans les graisses
animales et dans les huiles de palme
ou de coco.
Les analyses du profil des grais-
ses n’ont pas montré de différences
significatives, sauf pour les marga-
rines (cf. page suivante). Quant aux
acides gras trans, les plus nocifs pour
la santé, leur teneur est limitée à 2%
de la matière grasse végétale depuis
2008. Bonne nouvelle, toutes les mar-
garines et les chips analysées présen-
tent des valeurs inférieures à 1%.
La provenance compte aussi
La qualité nutritionnelle et le prix
ne sont pas les seuls facteurs d’achat.
Selon une étude de Sophie Réviron,
de l’Observatoire des marchés chez
Agridea, 60% des consommateurs se-
raient attentifs à la provenance suisse
des produits. Chez Aldi, 45% des pro-
duits de notre échantillon étaient fa-
briqués en Suisse, contre 75% dans la
gamme M-Budget. Quant à la viande,
ce sont les produits de référence qui
font le plus usage de matière première
helvétique, 57% des mentions contre
40% pour les produits premier prix.
Pour certains produits comme le
lait, les pommes, les carottes ou le
pain toast, la qualité nutritionnelle est
équivalente et l’économie réalisée ne
se fait pas au détriment de la valeur
nutritive. Pour d’autres produits qui
semblent présenter les mêmes carac-
téristiques que le produit de référence
(margarine, yogourt ou lasagne), le
manque d’information sur la qualité
des graisses utilisées ou la provenance
exacte de la viande (mention Europe)
et une liste d’ingrédients à rallonge
laissent planer un doute et ne permet-
tent pas d’effectuer un choix en toute
connaissance de cause. Quant à la
qualité des produits à base de viande,
elle est souvent inférieure, car ces
aliments contiennent presque tous
moins de protéines que la version de
référence.
Certains des produits à bas prix,
s’ils sont choisis intelligemment, peu-
vent donc alléger utilement le bud-
get. Si vous faites ce choix, n’oubliez
pas de comparer les teneurs en pro-
téines et les teneurs en viande. Lisez
aussi la liste des ingrédients: préférez
les recettes avec un nombre limité
de composants et d’additifs, spécia-
lement pour des produits simples
comme le yogourt. Les ingrédients
sont indiqués dans l’ordre décrois-
sant de leur importance. Enfin, ache-
tez des produits non alimentaires
en gamme bas prix, par exemple les
films alimentaires (FRC Magazine No
13). Vous réaliserez ainsi des écono-
mies sans nuire à la qualité de votre
alimentation. A. C.
M-Budget, Prix Garantie, hard discounters, que valent les gammes à bas prix du point de vue nutritionnel?
ARC/Jean-Bernard Sieber
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Préparation à base de viande, mais contenant quan-
tité d’autres ingrédients, les nuggets sont par nature
différents d’une escalope de poulet: plus gras, plus
salés. Surprise, parmi les produits de notre échan-
tillon, la référence (Disney Stars Chicken Zoo) présente
la plus faible teneur en viande (49%), contre plus de
60% chez ses concurrents. Dans ce cas, la différence
de prix (+48%) ne se justifie pas. Tous les produits sont
élaborés en Suisse avec de la volaille brésilienne.
Quelle différence entre une farine bas de
gamme et une farine de qualité? «Leur
taux de gluten, qui détermine leur apti-
tude à lever», répond Pascal Favre, des
Moulins de Cossonay. Les farines à bas
prix (dites «ménagères» ou «de cuisine»)
sont produites à partir de blé pauvre en
gluten, auquel de l’amidon est parfois
ajouté. Elles pourront être utilisées dans
la préparation de biscuits, de sauces et de
pâte à pizza. Pour obtenir une belle pâte
levée (tresse, kougloff, panettone), ni elles
ni les farines standards n’égaleront une
farine «à tresse», plus riche en protéines.
Dans les lignes à bas prix,
les pommes, de catégo-
rie II, sont vendues par
sac de 2,5 kilos pour
un prix de
1 fr. 78 le kilo.
Dans la gamme
standard, on trouve
des pommes de ca-
tégorie I qu’on peut
généralement acheter
en libre-service à un tarif
fluctuant (4 fr. 20 le kilo chez Coop
le 11 février). Nutritionnellement, les catégories I et II
se valent elles ont poussé sur les mêmes arbres, elles
se différencient par le calibrage et l’aspect, la caté-
gorie II autorisant des défauts comme des taches de
grêle ou des formes inhabituelles. Paul Bertuchoz, de
l’Union fruitière lémanique, relève que, «lorsque la
production est importante, les grands distributeurs
exercent de fortes pressions sur les producteurs pour
acheter ces fruits de catégorie II aux prix les plus bas».
Chicken Nuggets
Farine
Plats préparés
Pommes
Parmi les plats préparés, trois spécialités
italiennes ont été examinées. Pizza au
jambon, tortellini ricotta-épinards et
lasagne bolognaise
de référence affi-
chent des teneurs en protéines supérieu-
res à celles de produits à bas prix. Ces
derniers se distinguent également par
la qualité et la quantité des ingrédients
utilisés. La pizza M-Budget ne contient
pas de mozzarella mais une préparation
au fromage; la lasagne Giovanni Rana
(référence) contient 30% de viande
(porc et bœuf) contre seulement 8% à
24% dans les lasagnes à bas prix. Pour
ce qui est de la ricotta, les tortellini
premier prix se distinguent par leur
pingrerie: entre 3 et 11% contre
plus de 22% pour la référence.
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Attention, tout ce qui ressemble à une saucisse de veau n’en est pas une.
M-Budget et Prix Garantie vendent des saucisses à rôtir de couleur
blanche au prix de 10 fr. 35 le kilo. A ce prix, elles ne contien-
nent pas de veau, mais de la viande de porc. La proportion
de viande n’est pas indiquée pour le produit Migros,
mais n’est que de 45% chez Coop. Parmi les ingrédients
restants on trouve du lard, de la glace, de la couenne,
des épices et des additifs. Des ingrédients que l’ont re-
trouve également dans les saucisses d’Aldi et de Denner,
qui contiennent 36 et 37% de veau. Cette relativement
faible proportion de viande explique que ces quatre
saucisses soient deux fois plus grasses que la saucisse Bell
de référence (23,75 le kilo), qui présente non seulement
57% de viande de veau, mais également un nombre moins élevé
d’ingrédients. Dans ce cas-là, le prix bas se paie par une qualité réduite.
Pourquoi les ersatz de jambon vendus sous le doux nom de
«cotto», de produit à base de porc ou encore de la garni-
ture pour toast sont-ils deux fois et demi moins chers qu’un
jambon de derrière? Parce que ce ne sont tout simplement
pas des jambons, mais des préparations de viande qui n’en
contiennent qu’environ 75%. Ils renferment donc plus
d’eau, d’épaississants et d’additifs que le produit de réfé-
rence. Leur teneur en protéines (env. 15 g pour 100 g contre
23 g) s’en ressent. Nutritionnellement, ces produits sont donc peu intéressants.
Le lait entier UHT standardisé (3,5% de matière grasse)
est le produit qui affiche la moins grande différence
de prix: le produit de référence n’est que 36% plus
cher pour une qualité nutritionnelle identique. Qu’il
soit vendu à bas prix dans des briques de 2 litres ou
au litre dans la gamme standard, le lait provient des
mêmes producteurs payés au même prix. Chez Vallait,
on explique la différence de prix par des frais de
transport et d’emballage moins élevés et par des rabais
accordés pour des commandes en grandes quantités. Les
bries étudiés ne se différencient pas les uns des autres;
ce sont tous des bries industriels fabriqués en France.
Quant aux fromages frais (style tartare) et aux yogourts
aux fraises, les produits de référence (Tartare et Hirz) pré-
sentent une recette plus simple, avec un nombre réduit
d’ingrédients, sans amidon modifié ou épaississant.
Quatre margarines ont été exami-
nées. La composition de la margarine
de référence, Rama (7 fr. 80 le kilo)
présente un mélange assez équilibré
de différentes matières grasses vé-
gétales (colza, tournesol, germe de
maïs). C’est le produit contenant le
moins de graisses saturées. Produit in-
téressant également, Bellasan, d’Aldi
(4 fr. 38 le kilo), est composé princi-
palement d’huile de tournesol avec
beaucoup d’acides gras polyinsaturés,
mais une composition moins équili-
brée que Rama. Les produits les moins
chers (4 fr. le kilo), M-Budget et Prix
Garantie, sont également les moins
intéressants: ils
sont les plus ri-
ches en graisses
saturées et les plus
pauvres en grais-
ses polyinsaturées.
Si le produit Prix
Garantie affi-
che les matières
grasses utilisées
(colza, palme et coco), la margarine
M-Budget reste muette à ce sujet.
Margarines
Jambon
Produits laitiers
Saucisse de veau
Confiseries, bonbons et snacks
Les biscuits «petit beurre», le chocolat au
lait, les chips au paprika et la pâte à tartiner
aux noisettes semblent assez homogènes
au niveau de la qualité nutritionnelle.
A relever, point positif, qu’aucun des
chocolats à bas prix n’utilise de graisse
végétale autre que le beurre de cacao, et
qu’Aldi, qui pourtant se vante de vendre
des produits suisses, est le seul à
proposer un chocolat au lait des
Alpes fabriqué... en Allemagne. Quoi
qu’il en soit, ce type de produits, riches
en graisses et/ou en sucre doivent être
consommés avec plaisir et modération.
Une raison de préférer non pas le moins
cher, mais celui qui plaît le plus au palais.
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En avril 2005, la FRC testait les qua-
lités sensorielles de produits à bas
prix vendus chez Carrefour, Coop,
Denner, Manor et Migros. Au menu
de cette séance de dégustation:
moz-zarella, frites surgelées,
confiture d’abricot et limonade
aromatisée au citron. Le jury,
composé de six testeurs profession-
nels et amateurs, jugeait le goût,
bien sûr, mais aussi l’apparence, la
texture et parfois l’odeur des ali-
ments. Au final, leurs avis ont été
homogènes et modérés, oscillant
entre «agréable» et «assez désa-
gréable». Le jury a relativement peu
aimé les confitures et les frites, des
produits industriels qui souffrent
cruellement de la
comparaison avec
leurs équivalents
maison. Les mozzarel-
las ont trouvé grâce auprès de
toutes les papilles, et les limona-
des ont moyennement convaincu
des gastronomes peu habitués à
consommer ce type de boissons.
BON COÛT Bon goût?
COOP colle
des étiquettes
nL’assortiment des gammes à
bas prix ne correspond pas aux
recommandations de la pyramide
alimentaire. Les sucreries, snacks
salés et les protéines (viande, pro-
duits laitiers) y sont surreprésentés
par rapport aux fruits et légumes.
nLa qualité nutritionnelle (sel,
sucre, graisses, additifs) des pro-
duits à bas prix, évaluée sur la
base d’une lecture des étiquet-
tes, n’est pas systématiquement
moins bonne que la gamme stan-
dard, sauf pour le groupe des
confiseries et des snacks salés.
nLa plupart des produits à bas prix
sont vendus en portions plus gran-
des que le produit de référence;
cela influence à la hausse la quan-
tité consommée et représente un
problème pour les produits gras
ou sucrés qu’il faudrait consom-
mer modérément (glaces, biscuits,
etc.). www.promotionsante.ch
Sucre, sel et graisses Promotion
Santé Suisse confirme la surdose
Fondation nationale soutenue par les cantons et les assureurs,
Promotion Santé Suisse a soutenu une recherche de l’Institut de médecine
sociale et préventive de l’Université de Berne dont l’objectif était de compa-
rer les produits des lignes à bas prix de Coop et de Migros aux produits stan-
dards de ces enseignes. Ses conclusions rejoignent celles de notre enquête:
L’étiquetage des valeurs nutritionnel-
les n’est pas obligatoire en Suisse mais
le consommateur a tout de même le
droit de savoir ce qu’il mange. Sur ce
point, Coop se démarque de ses con-
currents. Les étiquettes de la gamme
Prix Garantie fournissent les informa-
tions les plus complètes de toutes les
marques à bas prix testées. Elles sont
les seules à donner des repères nutri-
tionnels journaliers. A noter que, sur
les 106 produits examinés, seuls deux
produits transformés ne comportent
pas d’indication des valeurs nutrition-
nelles: la saucisse de veau Denner et le
mythique Nutella, pure huile végétale
non identifiée, pur sucre!
Chez Aldi, les additifs alimentaires,
(identifiables grâce à leur code
«E...»), se noient dans la masse des
ingrédients. Le produit à base de porc
(genre jambon) d’Aldi est ainsi le plus
pauvre en porc, avec 75% de viande
seulement, mais le plus riche en addi-
tifs. On en compte sept!
Au chapitre des listes d’ingrédients
fantaisistes, Dener remporte la palme
du monolinguisme (tout en allemand
pour le fromage frais aux herbes) et
Aldi celle de la traduction désastreuse
digne du «Grand bêtisier» (la «panure
sèche» des nuggets de poulet pané
devient «panade sèchement»!).
ARC/Jean-Bernard Sieber
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