l'exposition d'objets design et sculpturaux - "Deconstructivist Architecture " - puis dans leur
exposition au Centre G.Pompidou qui en officialise le statut. Mais en prenant la dimension d'un
édifice, l'architecture sculpturale aux lignes nerveuses et tendues de quelques "folies" issues de
graphes énervés deviendra un objet toujours trop gonflé aux stéroïdes (le programme..), toujours
trop obèse, toujours prête à déborder pour attirer l'attention, comme en conviennent aujourd'hui
ses promoteurs lyonnais. Le musée de Groningen de 1994 est probablement le dernier projet à
visiter de Coop Himmelblau. L'architecture est devenue un objet à regarder (de très loin) et non
plus à fréquenter.
1997 L'architecture de Frank O. Gehry va pareillement décliner vers un vocabulaire de plus en plus
limité et de plus en plus conforme au logo devenu la raison même de sa seule nécessité. L'Opéra de
Los Angeles - le Disney Concert Hall - et le musée de Bilbao sont sans doute les derniers bâtiments
d'intérêt produits par l'architecte, les autres n'en étant que des reproductions toujours simplifiées. La
fondation Louis Vuitton en est probablement la réalisation épuisée, jusqu'à en contredire le plus
complètement l'un des ressorts singuliers, la relation entre la peau et la structure primaire ou
secondaire qui soutient le revêtement. Ce débat traditionnel a toujours existé fortement, aussi bien
dans le musée Vitra qui identifie la peau et l'espace intérieur, qu'à Bilbao où la structure est
volontairement et officiellement affichée comme "bâclée". A l'opposé de la haute joaillerie à
laquelle Vuitton aura cru accéder, avec la fondation Vuitton, la même "structure bâclée" veut devenir
"belle et ornementale", mais n'aboutit en conséquence qu'à la mise en évidence obscène des
"chameaux constructifs", le gâchis le plus magistral de ces dernières années dont va hériter la Mairie
de Paris. A Paris, alors qu'il concevait l'Opéra Disney, Gehry a réalisé un projet peu apprécié de ses
confrères, l'American Center que l'on ferait bien de considérer aujourd'hui, y compris quand on le
compare à son voisinage. L'informatisation de l'agence qui suit cette période va accélérer la
reproduction des projets en imposant son propre langage de courbes (peu innovantes) qui ont fait le
succès du genre ainsi qu'une logique de production. On ne voit pas très bien quelles ont été les
inventions formelles permises par le logiciel, comparées aux sculptures mathématiques de Poincaré,
ni même aux coques des architectes navals du passé. F.Gehry sculptant ses maquettes à Los Angeles
était plus inventif que son armée d'écrans plats tentant de faire fonctionner un logiciel à la
complexité inutile et incapable de gérer la "synthèse" que demande tout projet. Autrement dit,
l'industrialisation de la production (et son illusion de maîtrise des dimensions) est venue relayer le
besoin de la reproduction d'architecture.
2003 Entre la boutique Prada de Tokyo et le forum de Barcelone, Herzog et de Meuron vont rendre
les armes. La façade "amusante" en verre "matelassé" de Prada devient un triangle aplati et mal
fabriqué à Barcelone. Le logo "Triangle" sera à nouveau vendu à la Ville de Paris. Dans l'exposition
que le Pavillon de l'Arsenal a consacré à la "Tour Triangle", on voit la dégénérescence progressive du
projet, à savoir avant tout la diminution des surfaces libres et publiques qui devaient assurer un
parcours dans la transparence de l'ensemble. La promotion immobilière française qui a été incapable
de construire les très beaux projets tels que la Tour sans fin de Jean Nouvel, la tour Signal du même
architecte, la tour Phare de Morphosis ou auparavant encore la tour Zehrfuss de 1960, ne semble
capable de construire que des bâtiments dont toute ambition architecturale aura été délavée (la tour
Montparnasse) , le dernier en date étant le Forum des Halles. Dans ce contexte, l'échec