4 Contribuer activement à la mutation – Perspectives d’avenir pour la place bancaire suisse . ASB & BCG . octobre 2014
1 Résumé
La place bancaire suisse est toujours en pleine mu-
tation. La crise financière internationale et la crise
de la dette ont déclenché une vague de nouvelles
réglementations d’une importance cruciale pour la
Suisse. Depuis 2011, année où a été réalisée l’étude
précédente, l’épicentre des débats s’est déplacé de
la définition de ces réglementations à leur aménage-
ment et à leur mise en œuvre.
La Suisse a réagi aux réglementations internatio-
nales édictées jusqu’ici ainsi qu’aux besoins d’adap-
tation apparus sur la scène politique intérieure: elle
a modifié en conséquence les règles du jeu pour la
place bancaire ou s’apprête à le faire. Dans divers do-
maines, comme par exemple la réglementation des
banques d’importance systémique, elle a joué un
rôle précurseur.
Globalement, on observe à l’échelon mondial une
tendance à la convergence formelle. Les réformes
essentielles comme Bâle III sont une affaire enten-
due sur pratiquement toutes les grandes places fi-
nancières. Les différences décisives réelles ou poten-
tielles permettant de se démarquer par rapport aux
places financières concurrentes résident désormais
dans les modalités d’application des réglementa-
tions internationales au plan national. A cet égard,
selon les domaines réglementaires concernés, la
Suisse s’est montrée ces dernières années tantôt
plus souple, tantôt plus stricte que d’autres pays.
Là où elle applique les normes internationales avec
un moindre pragmatisme, elle récolte des handi-
caps concurrentiels. Les tendances protectionnistes,
comme l’obligation d’établir une succursale prévue
initialement dans le cadre de la Markets in Financial
Instruments Directive II (MiFID II) de l’Union euro-
péenne (UE), jouent en outre un rôle croissant. Dès
lors, pour une petite économie ouverte comme la
Suisse, il est essentiel de s’assurer l’accès au marché.
A cet égard, les évolutions en matière de politique in-
térieure, notamment l’adoption de l’initiative contre
l’immigration de masse, constituent aussi un défi
pour la place bancaire.
Les revenus des banques en Suisse se sont stabili-
sés ces dernières années. En 2013, les domaines
d’activité Private Banking, Opérations avec la clien-
tèle privée, Opérations avec la clientèle Entreprises,
Asset Management et Investment Banking ont
généré des revenus bruts à hauteur de CHF 54,4 mil-
liards au total, ce qui correspond à une croissance
annuelle moyenne de 1,1% entre 2010 et 2013. Ce
chiffre est légèrement en-deçà de celui avancé dans
l’étude de 2011 (+1,8% par an), car les revenus du
Private Banking, notamment, ont enregistré une
progression moins bonne que prévu. Les perspec-
tives en termes de volume étant favorables dans
tous les domaines d’activité, on table à l’horizon
2018 sur une hausse des revenus de 2,5% par an,
ce qui les porterait à CHF 61,6 milliards. Le Private
Banking restera le principal domaine d’activité (50%
des revenus totaux), suivi des domaines Opérations
avec la clientèle privée, Opérations avec la clientèle
Entreprises et Asset Management. La part importante
du Private Banking s’explique par le rôle historique de
la Suisse en tant que leader mondial de la gestion
de fortune transfrontalière. Or dans ce domaine pré-
cisément, la Suisse est en concurrence directe avec
d’autres places financières. Il faut s’attendre à ce que
sa croissance, en termes d’actifs sous gestion trans-
frontalière, soit moins forte que celle de centres de
Private Banking comparables.
Au cours des trois dernières années, la hausse des
revenus a été la plus forte dans les domaines d’acti-
vité Opérations avec la clientèle privée et Opérations
avec la clientèle Entreprises (respectivement +2,1%
et +2,3% par an), tandis qu’elle s’inscrivait en baisse
dans le Private Banking (+0,6% par an). D’ici à 2018, le
Private Banking devrait globalement se redresser et
ses revenus progresser de 2,8% par an, pour deux rai-
sons: la hausse de 2,8% par an des actifs sous gestion,
alimentée par des afflux de fonds en provenance des
pays émergents, et la relative stabilité des marges
de rentabilité. S’agissant des domaines d’activité
Opérations avec la clientèle privée et Opérations
avec la clientèle Entreprises, les prévisions de crois-
sance des revenus bruts s’établissent à respective-
ment +1,7% et +2,4% par an.
Sur l’ensemble des domaines d’activité, l’étude relève
une tendance à la baisse des marges de rentabilité,
qui résulte pour une partie du bas niveau des taux
d’intérêt et pour une autre partie de la concurrence
croissante ou de changements dans l’utilisation des
produits. L’activité bancaire étant soumise à des exi-
gences croissantes, les banques ont dû gagner en
efficience en termes de dépenses sur les trois