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Une saison cyclonique 2005 intense,
anticipée dès le mois d’avril
En 2005, les prévisions saisonnières ont permis d’anticiper dès
avril une saison cyclonique intense sur l’Atlantique.
La saison fut en effet exceptionnelle par sa longueur (7 mois, du
8 juin 2005 au 6 janvier 2006), son intensité et les pertes
humaines et matérielles qui en ont résulté.
Vingt-sept cyclones ont été recensés, (pulvérisant l’ancien record
de 1933 de vingt-et-un cyclones), dont quinze ouragans
(vents > 117 km/h). Sept d'entre eux ont atteint la catégorie 3
(avec des vents de vitesse supérieure à 180 km/h), et quatre la
classe maximale 5 (avec des vents de vitesse supérieure à
250 km/h) : Emily, Katrina, Rita et Wilma ; ces trois derniers
se classant parmi les dix cyclones les plus intenses de ces cent
vingt dernières années.
Une dizaine de ces cyclones ont fait des victimes dans la région des
Caraïbes. L’Histoire retiendra surtout Katrina à la Nouvelle-Orléans
(peut-être 1 200 à 1 500 morts), ainsi que Stan et ses inondations
dramatiques au Guatemala (1 000 à 1 500 morts ou disparus).
Météo-France au cœur des Services
de prévision des crues
En 2005, Météo-France a mis en place le Service de prévision
des crues Méditerranée-Est (SPC Med-Est), dans le cadre de sa
participation au dispositif opérationnel de prévision des crues
établi par la Direction de l’eau du ministère de l’Écologie et du
Développement durable (MEDD). Ce SPC exerce ses compétences
territoriales dans les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-
Maritimes et la Corse et assure la surveillance et la prévision sur
deux premiers cours d’eau réglementaires, l’Huveaune et le
haut Var.
Des agents du ministère de l’Équipement ont rejoint le Centre
météorologique interrégional d’Aix-en-Provence et le service
s’est organisé pour reprendre, à compter du 5 janvier 2006,
les fonctions d’annonce des crues assurées jusqu’ici par
les services d’annonce des crues des Bouches-du-Rhône et
des Alpes-Maritimes.
Pour sa mission de prévision, qui débutera en 2006, le SPC Med-
Est utilisera différents outils dont Aïga (Adaptation d’information
géographique pour l’alerte), un logiciel mis au point avec le Centre
national du machinisme agricole du génie rural, des eaux et des
forêts (Cemagref). Aiga, qui a reçu en 2005 le premier prix de
la catégorie « Risques », lors des 5eJournées du réseau scientifique
et technique (JRST) du ministère des Transports, s’appuie à la fois
sur les lames d’eau produites en temps réel, sur des bases de
données statistiques, et sur l’expertise des prévisionnistes, pour
produire une évaluation spatialisée de l’aléa dû à l’écoulement
hydrologique induit par la lame d’eau. La méthode, basée sur la
comparaison à des bases de données de scénarios passés, permet
d’apprécier par anticipation deux types de risques : d’une part un
risque pluviométrique, d’autre part un risque hydrologique. Le
risque, quel qu’il soit, est caractérisé par une fréquence de
l’aléa, traduit sur une carte à l’aide de trois couleurs : jaune,
orange et rouge.
Carte d’écarts aux normales saisonnières des précipitations : prévision d’avril
2005 pour juin-juillet-août 2005.
Prévision de précipitations très supérieures aux normales saisonnières sur
l’Atlantique annonçant dès avril une saison cyclonique intense dans les Caraïbes.
© Météo-France
Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
Équipe du SPC Med-Est.
Nombre de phénomènes cycloniques (cyclones tropicaux en rouge,
ouragans en bleu) sur l’Atlantique pour la période 1966-2005.
Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
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Mieux anticiper les crues rapides :
les promesses d’Arome
Le modèle Arome de prévision numérique du temps à échelle
très fine (résolution de 2,5 km) a été dès l'origine optimisé pour la
prévision des précipitations orageuses telles qu'on en rencontre
dans les épisodes cévenols. Arome ne sera opérationnel qu'en
2008, sur le nouveau supercalculateur de Météo-France, mais
une version expérimentale a permis d’effectuer des tests en
temps quasi réel et d’évaluer les apports du modèle, en particulier
lors des épisodes cévenols de septembre 2005.
Par rapport au modèle Aladin actuellement opérationnel pour la
prévision à quelques heures d'échéance, Arome, s’il avait tourné
en temps réel, aurait fourni des prévisions significativement
meilleures, avec pour la région des Cévennes (figure 12)
une meilleure estimation des pluies intenses cumulées sur
plusieurs heures, en intensité, mais aussi en chronologie et en
positionnement géographique.
Aladin assure une description automatique du phénomène
dangereux à l'échelle de plusieurs départements, mais laisse
aux prévisionnistes la tâche d'interpréter localement la prévision,
en tenant compte de l’incapacité du modèle à produire des
détails de prévision fiables à des résolutions inférieures à 50 km.
Le nouveau modèle Arome permettra une description pertinente
des précipitations à des échelles inférieures à celles d'un dépar-
tement, en approchant celles des petits bassins versants.
Il sera donc un outil mieux adapté pour lancer des alertes de
risque de crue rapide.
Entre 2006 et 2008, le prototype Arome sera significativement
amélioré grâce au nouveau supercalculateur de Météo-France
qui permettra d'agrandir le domaine géographique de calcul,
d'éliminer les erreurs dues aux effets de bord du modèle
(visibles au sud et à l'est, figure 12b), d’augmenter la précision
des équations physiques utilisées grâce à une mise à jour plus
rapide et plus fréquente à partir des observations continues des
radars et des satellites.
L’Hérault et le Gard en vigilance
rouge le 6 septembre 2005
Trois ans après les dramatiques inondations de 2002, le Gard,
ainsi que l’Hérault, ont de nouveau connu un épisode
pluvieux intense en septembre 2005.
Après de fortes précipitations ayant touché le Gard et
l’Hérault à partir du 5, des orages violents étaient prévus
dans la nuit du 6 au 7, justifiant l’activation du niveau de
vigilance rouge sur le Gard et l’Hérault, dès le 6. Durant
l’après-midi du 6 et la nuit du 6 au 7, les précipitations
orageuses se sont poursuivies avec par endroit des inten-
sités remarquables, jusqu’à 80 mm en une heure dans la
région de Nîmes. En fin de nuit, les cumuls de pluie
atteignaient sur une grande partie du Gard et de l’Hérault
150 à 250 mm avec des pointes à plus de 300 mm.
Même si les cumuls de précipitations sont restés globalement
inférieurs à ceux de l’épisode des 8 et 9 sep-tembre 2002
dans le Gard - où plus de 600 mm avaient été atteints - cet
épisode de fortes précipitations se place parmi les plus actifs
de ces dernières années et a causé des dégâts localement
importants. Le niveau rouge de la procédure de vigilance
météorologique, activé le 6 septembre 2005, se justifiait
pleinement et a permis une anticipation de 24 heures.
Le retour d’expérience a montré les progrès réalisés depuis
2002 grâce aux efforts conjugués de Météo-France et de la
Direction de l’eau. Le suivi a été considérablement amélioré
par l’augmentation significative du nombre de pluviomètres
disponibles en temps réel, la rénovation des systèmes de
concentration de données et les progrès réalisés dans
l’exploitation des données radar, dont les produits ont été
concordants avec les mesures des pluviomètres.
Cumul de précipitations du 5 au 9 septembre 2005.
Inondations dans l’Hérault le 7 septembre 2005
© AFP, Boris Horvat
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Sécheresse et bulletins de situation
hydrologique : Météo-France
au service du MEDD
Dans le cadre de leurs missions de surveillance des cours d’eau,
notamment en période de sécheresse, les Directions régionales
de l’environnement (Diren) ont besoin de données et d’infor-
mations météorologiques. Météo-France fournit ainsi la partie
météorologique des Bulletins de situation hydrologique (BSH)
diffusés sur les sites Internet des Diren. Cette partie comprend
notamment des cartes de précipitations, de pluie efficace,
d’Évapo-transpiration potentielle (ETP) et de leurs écarts à la
normale. Ces informations sont fournies mensuellement sauf en
période d’étiage où elles sont ré-actualisées tous les dix jours.
Météo-France fournit également des données et des informations
météorologiques au ministère de l’Écologie et du Développement
durable (MEDD) dans le cadre du BSH national, en particulier des
cartes de bilan hydrique, et participe au comité national sécheresse
qui se réunit plusieurs fois par an.
Enfin, localement, la participation active des services départe-
mentaux de Météo-France aux nombreuses cellules sécheresse
a permis d’optimiser le suivi de la situation tout au long de
l’année et de faciliter les prises de décision de restriction d’eau.
Figure 12 - Apport du modèle Arome par rapport à Aladin sur la prévision des précipitations cumulées de 9h à 12h le 6 septembre 2006
(prévisions initialisées à 0h).(a) prévision du modèle Aladin opérationnel à ce moment-là ; (b) prévision de la version expérimentale du modèle
Arome effectuée le même jour ; (c) observations des précipitations par pluviomètres ; (d) observations des précipitations calculées à partir du radar
de Nîmes. (NB les palettes de couleur sont approximativement les mêmes dans les limites permises par la précision du traitement des données).
(a): Aladin (b): Arome
(c): pluviomètres (d): observation radar
Assistance météorologique à la lutte
contre les feux de forêt
Météo-France fournit aux services de la Sécurité civile une
assistance météorologique à la surveillance des feux de forêt
sur le sud de la France, pendant la saison sensible.
Dans le Sud-Ouest, la saison 2005 a été caractérisée par une
très forte sécheresse due à la durée exceptionnelle des fortes
températures, qui sont cependant restées bien inférieures à
celles connues en 2003. Les conditions de vent modéré ont été
plus contraignantes que les autres années, plaçant la zone très
fréquemment à un niveau de risque très sévère propice au
développement de grands incendies. Cependant, pour chaque
mois, sauf en juin, les nombres de feux en 2005 sont restés
inférieurs à ceux de l’année 2003, très sévère pour le risque
feux de forêts. Le nombre de feux a été important en mars, juin,
juillet, août, suivant en cela les tendances des années
courantes, avec un phénomène inhabituel en août qui, en 2005,
a connu plus de feux que juillet. Au total, on a enregistré 4 744
ha de surface brûlée.
En 2005, une évolution majeure du système de surveillance
du risque météorologique de feux de forêts du Sud-Ouest a été
préparée avec la Sécurité civile : le réseau d’observation a été
étendu et le zonage affiné afin de fournir, dès 2006, des indicateurs
météorologiques sur 143 zones du massif forestier au lieu de
40 actuellement.
Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
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Un nouvel indice permettant de caractériser le contenu hydrique
des sols en France métropolitaine a été testé en 2005. Il permet
de caractériser l’année en cours par rapport aux années
précédentes (1971-2004) et d’apprécier plus rapidement le
caractère exceptionnel des événements. C'est aussi un outil de
communication simple pour répondre aux demandes urgentes
des médias.
L’indice est calculé à partir des données de pluviométrie et
d’Évapo-transpiration potentielle (ETP) enregistrées depuis 1971
dans 84 stations de mesure métropolitaines, soit presqu’une par
département. À l’image de la carte de vigilance météorologi-
que, il repose sur un code couleur : le vert indique une situation
normale (pas de sécheresse), le jaune une sécheresse effective,
l'orange une sécheresse avérée et le rouge une sécheresse
critique. Ces niveaux de sécheresse sont obtenus par comparaison
statistique avec les années historiques : ainsi, pour un lieu
donné, le rouge caractérise l'année en cours comme l’une des
trois années les plus sèches enregistrées.
Pour chaque station, deux graphiques sont générés automa-
tiquement au rythme hebdomadaire : l’un donnant un suivi
chronologique de l’indice quotidien et l’autre donnant un suivi
du déficit hydrique cumulé depuis le 1er janvier.
Un nouvel indice de sécheresse pour la Métropole
Suivi de l’indice cumulé depuis le 1er janvier. Dans ce cas
de figure, on intègre l’impact de la sécheresse à travers le
cumul des valeurs quotidiennes de l’indice depuis le 1er
janvier. Il s’agit donc d’un bon marqueur de la sévérité de
l’épisode de sécheresse annuel. Sur ce graphique, la courbe
bleue représente l’année en cours et la courbe en pointillé
correspond à 1976.
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Dans le Sud-Est, la campagne feux de forêts de l’été 2005, qui
s’est interrompue brutalement début septembre avec les fortes
pluies, a été caractérisée par un niveau de danger météorologique
légèrement en dessous de la moyenne. Cette campagne assez
courte n’a pas présenté de caractéristiques météorologiques
exceptionnelles, sauf le nombre élevé d’épisodes de mistral et
de tramontane enregistrés dans les régions situées à l’ouest de
Toulon. On a ainsi atteint des records de nombre de jours de vent
fort (rafales supérieures à 60 km/h) à Marignane, Nîmes et Orange.
Sur l’ensemble des 113 zones, ont été relevés 2 589 cas de
danger S (sévère), 745 cas de danger T (très sévère) et 41 cas
de danger E (exceptionnel). Ces événements se concentrent
essentiellement en août, coïncidant avec les épisodes de vent
fort et ont touché l’Aude, le Gard, la Corse, le Vaucluse, le Var et
surtout les Bouches-du-Rhône. Au total, on a recensé 17 745 ha
de surface brûlée.
En Nouvelle-Calédonie, si les incendies font partie des processus
naturels de régulation des écosystèmes, les activités humaines
et les épisodes climatiques exceptionnels ont accru leur
fréquence au point qu’ils représentent une menace pour certains
écosystèmes et pour la sécurité civile.
Météo-France contribue au diagnostic et à la prévision du risque
de feux de forêts. Les paramètres météorologiques et climatiques,
tels que réserve en eau du sol, nombre de jours consécutifs sans
pluie ni vent sont pris en compte pour élaborer une carte de
risques distinguant dix-huit zones couvrant la Grande-Terre et
les Îles Loyauté. Le processus, semi-automatique, fait appel à
l’expertise humaine : un prévisionniste valide la carte avant
diffusion aux autorités chargées de la Sécurité civile et aux
organismes participant à la prévention et à la lutte contre les
feux de forêts. Suite à une évaluation positive de la pertinence
du système réalisée en 2004-2005 par une mission de
spécialistes de la Sécurité civile, Météo-France a entrepris de
l’améliorer en affinant sa résolution géographique (passage de
trois zones à dix-huit) et en ajoutant une carte de prévision pour
le lendemain au diagnostic quotidien déjà réalisé.
Une autre voie explorée depuis 2005 est le recours à la prévision
saisonnière. En effet, des statistiques ont montré une forte
influence des phases Enso (El Niño Southern Oscillation) sur
le risque d’incendie, avec un risque maximum lors des épisodes
El Niño. Des prévisions saisonnières de précipitations peuvent
donner des indications, par exemple, sur la fin d’une période de
sécheresse ou sur le signe des anomalies prévues à l’échelle de
quelques mois. Ces informations peuvent être précieuses pour
les autorités en charge de la lutte contre les incendies.
C’est pourquoi Météo-France produit un bulletin mensuel de
prévision saisonnière réalisé en coopération avec les climatologues
de la région (Australie, Nouvelle-Zélande, Fidji, Polynésie française)
et des experts américains de la NOAA et de l’IRI. Il s’appuie sur
les résultats de différents modèles globaux (ECMWF, UK Met
Office, Météo-France, IRI, NCEP, etc…) ainsi que sur Scopic, un
modèle statistique développé par le BoM (Bureau de météorologie
d’Australie).
Prévisions de risque de feu en Nouvelle-Calédonie pour le 12/04/06. Risque :
faible en vert ; modéré en jaune ; élevé en orange ; non renseigné en blanc.
Canadair.
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