Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
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Mieux anticiper les crues rapides :
les promesses d’Arome
Le modèle Arome de prévision numérique du temps à échelle
très fine (résolution de 2,5 km) a été dès l'origine optimisé pour la
prévision des précipitations orageuses telles qu'on en rencontre
dans les épisodes cévenols. Arome ne sera opérationnel qu'en
2008, sur le nouveau supercalculateur de Météo-France, mais
une version expérimentale a permis d’effectuer des tests en
temps quasi réel et d’évaluer les apports du modèle, en particulier
lors des épisodes cévenols de septembre 2005.
Par rapport au modèle Aladin actuellement opérationnel pour la
prévision à quelques heures d'échéance, Arome, s’il avait tourné
en temps réel, aurait fourni des prévisions significativement
meilleures, avec pour la région des Cévennes (figure 12)
une meilleure estimation des pluies intenses cumulées sur
plusieurs heures, en intensité, mais aussi en chronologie et en
positionnement géographique.
Aladin assure une description automatique du phénomène
dangereux à l'échelle de plusieurs départements, mais laisse
aux prévisionnistes la tâche d'interpréter localement la prévision,
en tenant compte de l’incapacité du modèle à produire des
détails de prévision fiables à des résolutions inférieures à 50 km.
Le nouveau modèle Arome permettra une description pertinente
des précipitations à des échelles inférieures à celles d'un dépar-
tement, en approchant celles des petits bassins versants.
Il sera donc un outil mieux adapté pour lancer des alertes de
risque de crue rapide.
Entre 2006 et 2008, le prototype Arome sera significativement
amélioré grâce au nouveau supercalculateur de Météo-France
qui permettra d'agrandir le domaine géographique de calcul,
d'éliminer les erreurs dues aux effets de bord du modèle
(visibles au sud et à l'est, figure 12b), d’augmenter la précision
des équations physiques utilisées grâce à une mise à jour plus
rapide et plus fréquente à partir des observations continues des
radars et des satellites.
L’Hérault et le Gard en vigilance
rouge le 6 septembre 2005
Trois ans après les dramatiques inondations de 2002, le Gard,
ainsi que l’Hérault, ont de nouveau connu un épisode
pluvieux intense en septembre 2005.
Après de fortes précipitations ayant touché le Gard et
l’Hérault à partir du 5, des orages violents étaient prévus
dans la nuit du 6 au 7, justifiant l’activation du niveau de
vigilance rouge sur le Gard et l’Hérault, dès le 6. Durant
l’après-midi du 6 et la nuit du 6 au 7, les précipitations
orageuses se sont poursuivies avec par endroit des inten-
sités remarquables, jusqu’à 80 mm en une heure dans la
région de Nîmes. En fin de nuit, les cumuls de pluie
atteignaient sur une grande partie du Gard et de l’Hérault
150 à 250 mm avec des pointes à plus de 300 mm.
Même si les cumuls de précipitations sont restés globalement
inférieurs à ceux de l’épisode des 8 et 9 sep-tembre 2002
dans le Gard - où plus de 600 mm avaient été atteints - cet
épisode de fortes précipitations se place parmi les plus actifs
de ces dernières années et a causé des dégâts localement
importants. Le niveau rouge de la procédure de vigilance
météorologique, activé le 6 septembre 2005, se justifiait
pleinement et a permis une anticipation de 24 heures.
Le retour d’expérience a montré les progrès réalisés depuis
2002 grâce aux efforts conjugués de Météo-France et de la
Direction de l’eau. Le suivi a été considérablement amélioré
par l’augmentation significative du nombre de pluviomètres
disponibles en temps réel, la rénovation des systèmes de
concentration de données et les progrès réalisés dans
l’exploitation des données radar, dont les produits ont été
concordants avec les mesures des pluviomètres.
Cumul de précipitations du 5 au 9 septembre 2005.
Inondations dans l’Hérault le 7 septembre 2005
© AFP, Boris Horvat