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1. RESUME
Depuis plusieurs décennies la prise de conscience du grand public et des décideurs
politiques vis-à-vis des questions environnementales et de leur lien avec la santé
humaine a permis la mise en place d’instances scientifiques et politiques destinées à
limiter et maîtriser les effets négatifs de nos activités polluantes. C’est ainsi que les
émissions de certains polluants dans l’atmosphère ont été significativement réduites et
sont surveillées dans le cadre de protocoles internationaux et de directives
européennes réglementaires.
Cependant, à l’heure actuelle, les réglementations existantes ne traitent pas de
manière conjointe et intégrée les questions du changement climatique et de qualité de
l’air. Pourtant depuis quelques années, la littérature foisonne d’études démontrant
l’intérêt, en termes d’efficacité et de coûts, de mettre en place des politiques
combinées.
Ces études montrent que des co-bénéfices peuvent être engendrés pour la santé
humaine, pour les écosystèmes, et que les coûts de gestion de la qualité de l’air
peuvent être réduits en tirant parti de mesures de gestion du réchauffement
climatique.
Elles se basent sur les interactions physiques et chimiques entre pollution
atmosphérique et changement climatique, nombreuses et bilatérales:
• La pollution atmosphérique influence le changement climatique puisque la
plupart des polluants atmosphériques agit directement ou indirectement sur les
propriétés de transfert radiatif de l’atmosphère ;
• Le changement climatique modifie les mécanismes de formation des polluants
atmosphériques et leur impact sur l’homme et les écosystèmes.
Mais la nature même de ces interactions implique que les effets positifs des politiques
de contrôle des sources d’émissions des gaz à effet de serre et des polluants régissant
la qualité de l’air ne se cumulent pas toujours. Certains choix se révèlent
gagnant/gagnant (pour la qualité de l’air et le changement climatique) alors que
d’autres peuvent s’avérer positifs pour un aspect et négatifs pour l’autre. Par
exemple :
• Des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre basées sur
l’amélioration de l’efficacité énergétique des procédés conduisent généralement
à des réductions d’émission des polluants atmosphériques; mais des mesures
basées sur l’usage de certains combustibles alternatifs tels que la biomasse ou
incitant à la mobilité (car une meilleure efficacité énergétique des moteurs peut
abaisser le prix du kilomètre) engendrent une augmentation des émissions de ces
mêmes polluants (les particules notamment).
• Réciproquement de nombreuses mesures dédiées à l’amélioration de la qualité
de l’air (réduction de la vitesse des véhicules sur autoroute par exemple)
réduisent aussi les émissions de gaz à effet de serre. Mais d’autres mesures
(notamment les mesures dites « end of pipe » dans l’industrie, reposant sur
l’ajout d’étapes dans le traitement des rejets de polluants atmosphériques) sont
consommatrices d’énergie et induisent une augmentation des rejets de gaz à
effet de serre.