la fracturation des granites mise en place des massifs, âge, altération, comportements aquifères et guides de prospection la BRGM fracturation des granites mise en place des massifs, âge, altération, comportements aquifères et guides de prospection B. Manigault décembre 1986 86 SGN 700 EAU BUREAU DE RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET MINIÈRES SERVICE GÉOLOGIQUE NATIONAL B.P. Département Eau 6009 - 45060 ORLÉANS CEDEX 2 - Tél.: 38.64.34.34 HYDROGEOLOGIE DES MIUEUX FISSURES AVANT-PROPOS Parmi les milieux fissurés, les massifs cristallins ont des structures fortement discontinues et les essais par pompage montrent des modes d'écoulement très caractérisés. Les discontinuités qui découpent les massifs et les modes d'écoulements souterrains qui leurs sont liés suivent une logique qui tient à l'histoire de la mise en place des massifs, à leur fracturation précoce, à l'histoire tectonique ultérieure, aux influences du climat, de la morphologie, etc.. Traditionnellement, l'exploration d'un massif et la détection de sites hydrogéologiquement perméables consistent à 90 % en une recherche directe de fractures visibles au sol ou sur images (aériennes ou satellites) ou encore décelables par géophysique, puis en l'attribution d'un critère de qualité simple : favorable ou non. Il est bien rare qu'au stade de la prospection hydrogéologique on s'intéresse à la structure du milieu cristallin, sa minéralogie et aux indices indirects qui informeraient sur cette logique de distribution de la fracturation. Pourtant certains d'entre eux sont étroitement liés à la structure des massifs et pourraient fort bien constituer des guides de prospection de mise en oeuvre peu coûteuse. En prenant comme thème la géologie des granites, leurs origines et leurs mises en place sont replacées dans le cadre des ruptures en grand par traction et cisaillement de l'ensemble de la croûte continentale. Les formes et les volumes du magma consolidé sont envisagés comme guide de recherche de l'étagement des déformations précoces. La continuité et l'espacement des fractures secondaires tardives sont regardés sous l'angle de la taille et la fragilité des minéraux. La logique de distribution des fractures dans le massif sous couverture puis affleurant est pressentie dans ses relations avec la composition chimique et la persistance de formes de relief d'ablation et d'altération. En dernier lieu, la surface topographique est prise en compte comme procédé de quantification des irrégularités du sous-sol et parmi ces dernières les fissures ouvertes sous recouvrement d'altérations superficielles. SOMMAIRE Page INTRODUCTION 1 L'histoire des continents et l'origine des roches cristallines 2 - Origines et positionnements dans la lithosphère 3 - Qu'est-ce qu'un granite ? 3 Chapitre 5 1 : HISTOIRE MAGMATIQUE DE LA CRISTALLISATION 1 1 3 1.1 - Pas ou peu de granites, cas du manteau impliqué dans les nappes de charriage 5 1.2 - Les plutons volcans des rifts de type andin 1.3 - Les plutons liés aux grands cisaillements continentaux de type hercynien 5 1.4 - Les granites anorogéniques 1.5 - Volumes et formes des batholites 1.6- Minéralogie des granites s.l. 1.7 - Durée de mise en place 1.8 - Structures des masses granitiques. Relations fracturations, refroi dissements, modelés superficiels 1.9 - Relations fissure - taille - espacement et taille des grains, des minéraux Chapitre 2 : HISTOIRE SUPERGENE DES INTERFACES LITHOSPHERE, HYDROSPHERE, ATMOSPHERE 2.1 - Relations chimie, volumes et surfaces des cristaux avec la capacité à produire des altérites 2.2 - Evolutions des contraintes et régime de fracturation. Conséquence sur l'attribution à certaines fractures d'un coefficient de conduc¬ tion hydraulique 2.3 - Justification de la recherche d'une faille d'un certain type 2.3.1 - Les rapports taille de la faiUe, débit utilisable 2.3.2 - Examen de surface, les critères indirects de mesures de conductivité hydraulique. Résumé des acquis antérieurs Chapitre 3 : HISTOIRE SUPERFICIELLE 3.1 - Histoire composite de la fracture décomprimée visible en surface 3.1.1 - Histoire de la faille par rapport au relief, première interaction dynamique interne, néotectonique 3.1.2 - Evolutions théoriques. Reliefs de failles/modèles orohydrographiques 3.1.2.1 3.1.2.2 3.1.2.3 3.1.2.4 5 - Pas de failles Faille normale Faille inverse Décrochement distensif, décrochement compressif 6 8 11 14 15 17 19 19 19 22 22 22 25 25 26 27 27 27 28 29 Page 3.1.3 - Critères favorables, retenir d'après la revue des rapports traits orographiques - accidents Chapitre 4 : TACTIQUE GLOBALE D'ANALYSE DES FISSURES "PRODUCTIVES" 4.1 - La convergence 4.2 - De l'analyse d'image à l'analyse de séries 4.3 - Les rapports ablation/altération et la mise à nu ou le recouvre ment des fissures ouvertes 30 35 35 35 41 Chapitre 5 - CONCLUSIONS 47 Chapitre 6 - PROPOSITIONS DE TRAVAUX, RESUME DES RESULTATS 51 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 55 ANNEXES 61 Annexe I - Exemple d'analyse morphologique en pays granitique Annexe II - Etude morphologique du massif granitique de Flamanville 62 64 INTRODUCTION 1 - L'HISTOIRE DES CONTINENTS ET L'ORIGINE DES ROCHES CRISTALLINES Au début de l'histoire du refroidissement de l'écorce terrestre, il n'y a probablement pas de mouvements convectifs du manteau. Ce n'est qu'à 3,8 milliards d'années, à l'initiation des premières collisions océan-océan qu'apparaissent les premiers éléments de croûte continentale. Avec l'établissement régulier de mouvements convectifs du manteau en cellules jointives, l'affleurement des déplacements ascendants voisins, au niveau de rides médio-océaniques, la lithosphère se refroidit. Refroidie et repoussée par les nouveaux afflux de manteau, la lithosphère en plancher océanique plonge à nouveau dans le manteau, dans les fosses océaniques de subduction, là ou deux planchers rigides entrent en collision (fig. 1). _ ride fosse Figure 1 - Mouvement du plancher océanique Par progression de la croûte refroidie, il arrive que la zone de réinvagination de croûte ne coïncide plus avec une structure océanique, mais se déplace en restant active sous une croûte continentale plus légère. Les couches du plancher océanique, refroidies, repoussent alors ces masses plus légères de croûtes sialiques. Cela entraine une mobilité relative de la croûte légère et des réchauffements au contact du manteau et dans sa masse. Cela conduit à des transferts de matière par différenciation du manteau et par fusion de croûte continentale. Ces déplacements des cellules convectives sont à l'origine des reliefs émergés, des principales chaînes de montagnes et de l'accroissement des noyaux continentaux. SOURCE MANTELLIQUE SOURCE MIXTE SOURCE CRUSTALE I / A : granites en chaudrons anorogéniques dans 2 positions accretion de croûte sialique A et infra croûte sialique: point chaud Figure 2 - Typologie des granites La représentation de la position des granites dans la lithosphère fait apparaître quatre familles du clan "granites". I/l 1/2 1/3 1/4 est calco-alcalin (le type le plus répandu) est d'origine mixte les granites alumineux, liés à la fois aux orogènes anciens et à une évolution hors d'une phase de fabrique de relief par surépaisseur crustale les granites alcalins anorogéniques qui se trouvent à cheval sur les sources communes 1/2 mixte et I/l mantellique La famille I/l est très rare, voire quasi inexistante de nos jours. Elle représente les plagiogranites, ou enclaves de granites obtenues par cristallisation fractionnée de roches basiques. (Ex. : enclaves de granites dans les basaltes islandais, Colemann, 1978). 2 - ORIGINES ET POSITIONNEMENTS DANS LA LITHOSPHERE Il existe deux étages de cellules convectives : un étage au niveau du manteau interne (< 200 km) et un étage au niveau du manteau externe Quand l'activité (< 100 km de la surface). de ces cellules est en phase, et que leurs mouvements ascendants et descendants se superposent pendant environ 40 millions d'années, tous les 200 millions d'années, la terre a tendance à connaître un état de stabilité manifesté par le regroupement des continents en une masse unique bordée de fosses océaniques actives à la limite d'un océan unique. C'est dans cette configuration que l'on saisit le mieux l'augmentation d'un bouclier granitique ancien par granitisations de ceintures plissées périphériques. Quand le synchronisme des cellules internes et externes disparaît, les masses océaniques et continentales se chevauchent et cela entraîne une dispersion des masses granitisées anciennes, et une plus grande irrégularité des mécanismes de fabrique de relief et de granitisations. En effet, la migration de cellules convectives actives de manteau sous la croûte légère forme des points chauds alimentant la fusion de roches en anatexie et la mise en place de granites en coupoles ou chaudrons en dehors des orogenèses au sein de croûtes rigides. 3 - QU'EST-CE QU'UN GRANITE ? Dans tous les cas, les granites sont des plutons c'est-à-dire des agrégats formés lentement à partir d'un bain fondu en profondeur. Par cristallisation en profondeur le granite s'immobilise pour sceller une déformation à l'emporte-pièce d'un bâti rigide ou pour enregistrer des déformations communes au bâti environnant. De 3,8 milliards d'années à 200 millions d'années avant nos jours nous assistons à la fabrique de la quasi totalité des granites en volumes formant les boucliers autour de l'Australie, du Brésil, de l'Inde, de l'Afrique, de la Sibérie. Après 200 millions d'années, après la fragmentation du Gondwanna, le volume des granites, en particulier contemporains de l'orogenèse andine et alpine, n'est pas très important par rapport au volume fossile antérieur (> 10 %). L'histoire de cette agrégation révèle 3 sources principales de matériel granitique, une source mantellique, une source mixte et une source crustale. En fait les roches granitiques constituent une gamme continue entre un pôle franchement crustal (leucogranite) et un pôle franchement mantellique (granites alcalins). Chapitre 1 HISTOIRE MAGMATIQUE DE LA CRISTALLISATION MODES DE GISEMENTS DES GRANITES ET CLASSIFICATIONS En prenant les modèles de l'époque actuelle, en allant des océans vers les continents, nous allons rencontrer des types de granites différents, engendrés par divers modes de collisions. 1.1 - PAS OU PEU DE BATHOLITES Sur la marge externe d'une collision océan-continent, l'écaillage de croûte océanique produit un métamorphisme haute pression (30 kilobars), basse température (700**C) au sein duquel les batholites granitiques sont absents, au moins à l'époque actuelle. Ce sont des mouvements horizontaux qui dominent, et les roches ultrabasiques et les gabbros servent de traceurs tectoniques de la dissociation de la croûte océanique. La figure 2 donne une représentation hautement schématique des emplacements de batholites en relation avec l'environnement orogénique (structure Alpinotype). 1.2 - LES BATHOLITES CALCO-ALCALINS : TYPE I OU BATHOLITES BASI- CRUSTAUX I signifie en anglais source de roches ignées. Dans le cas du volcanisme de fossé intraplaques continental, l'enfouissement de sédiments et de laves est engendré par des mouvements à composante verticale de plusieurs kilomètres d'amplitudes (> 10 jusqu'à 20 km, par exemple). II se produit un métamorphisme profond, sans déplacement au cours de plusieurs millions d'années : 10 à 40 voire plus. Il s'agit d'un métamorphisme haute pression, haute température (20 à 30 kilobars - 800 à 1200''C). C'est le type Andin représenté sur la figure 2. 1.3 - LES GRANITES CRUSTAUX : TYPE S S fait allusion à l'origine sédimentaire des matériaux granitisés. Des batholites de taille plus petite que les granites calco-alcalins apparaissent le long de fractures dans des collines continent/continent. La tectonique de raccourcissement engendre des structures en dômes dans un environnement basse pression et basse à haute température. L'ascension du magma se produit sous forme pâteuse et le blocage sous couverture s'opère par solidification-cristallisation. Au niveau de l'emplacement, dans un environnement orogénique, cela correspond au type hercynien de la figure 2 : on a généralement une montée à l'allure diapirique dans des fractures préexistantes en cours de rejeux. L'origine du réservoir magmatique est profonde et le cheminement du liquide granitique traduit la possibilité de mélange du magma hybride ou de différenciation par simple cristallisation fractionnée. A travers l'étude minéralogique apparaît la même possiblité de convergence d'un liquide granitique obtenu soit à partir de magma basaltique soit à partir de sédiments, ou encore à partir d'un mélange où la source de chaleur du manteau crée une surfusion et une déshydratation lente du magma. Les faiblesses préexistantes et les amincissements de la lithosphère favoriseraient les magmas orogéniques alors que les surépaisseurs de croûte continentale à l'aplomb de points chauds du manteau favoriseraient les magmas anorogéniques, c'est-à-dire mis en place en dehors de périodes de déformations majeures. 1.4 - LES GRANITES ANOROGENIQUES Ils se sont formés pendant des périodes de stabilité tectonique, soit dans des zones d'accrétion de croûte sialique, par exemple dans la même position que le type andin mais sans l'activité volcano-tectonique, soit dans un domaine intracroûte sialique, par surfusion de la base de la croûte légère à la proximité de cellules convectives ascendantes du manteau. La mise en place du magma se fait par lames en pelure d'oigfnon avec effondrement de toit. Ce sont les effondrements de toit concentriques qui donnent le nom de structure en chaudron. Cela ressemble à une chambre magmatique qui aurait un fonctionnement présenterait des discordances dues à des discontinu, dont le contenu refroidissements successifs. Ce contenu est un magma de type alcalin avec des complexes annulaires allant des gabbros aux monzonites, et des syenites aux granites. "Les structures sont étagées depuis les zones génératrices de magma jusqu'à la surface. Tous les étages sont situés sur une même section verticale. Chaque étage a son dynamisme propre : diapirisme pour la magmatique, subsidence de bloc pour le complexe annulaire et surpression hydraulique pour la caldera" (In: Bonin : Les granites des complexes annulaires - Manuel et Méthodes n°4, éd. BRGM, 1982, p. 163). Diapirisme dans la zone plastique (D), ductile de la lithosphère et blocage (B) à la frontière de la zone cassante, voilà les principaux mécanismes que l'on va retrouver dans l'interprétation des discontinuités du massif affleurant (fig. 3). B crotón stoble D gronitisotion massive Figure 3 - Schéma de mise en place de magma anorogénique Dans cette transition de l'état pâteux à l'état solide, nous découvrons à l'oeuvre les deux principaux mécanismes de rupture de roche : la traction et le cisaillement. Le refroidissement périphérique et les effondrements de toit suivant des fractures annulaires sont des mécanismes de traction alors que les discordances internes des lames de magma bloquées dans leur ascension par des lames cristallisées suggèrent des ruptures par cisaillement. Nous venons de nous intéresser à une tranche de lithosphère de 100 km pour finalement en venir à considérer à l'affleurement des discontinuités sur une profondeur de 100 m. Quel est l'intérêt ? L'examen de l'affleurement et la cartographie géologique vont permettre de reconnaître les structures primaires de refroidissement, les fractures précoces et les fractures tardives. A la faveur de mouvements verticaux dus à l'activité du manteau, le granite et son encaissant migrent vers la surface. Dans le même temps, la variation du niveau marin (eustasie) entraîne une altération et une érosion plus ou moins importante de la zone décomprimée. Dans le cadre de cette évolution, l'histoire magmatique est un guide de l'histoire de la matrice rocheuse, de la géométrie des discontinuités primaires et de leur reprise dans les joints de décompression et les cheminements de l'altération. Dans un contexte de relative stabilité tectonique ou de distension -voire d'amincissement de croûte lithosphérique continentale - se développe, à l'interface de la croûte ductile et de la croûte cassante, un mécanisme de cisaillement qui induit, dans la croûte cassante, un système préférentiel de failles normales et de basculements des blocs (exemple d'une marge continentale stable : Nord Aquitaine). Dans un contexte d'activité tectonique de compression et d'accroissement par collision de la croûte lithosphérique continentale, se développe, à l'interface de la croûte ductile et de la croûte cassante, un mécanisme global de traction qui induit dans la croûte cassante un système préférentiel de failles inverses et de décro¬ chements avec basculement et rotation des blocs. Avec toutes les précautions qu'impliquent un transfert d'échelle de la tranche des 100 km à la tranche des 100 m, l'histoire magmatique anorogénique induit la perméabilité fissurale horizontale de la zone décomprimée alors que l'histoire magmatique sous contrainte et sa reprise tectonique induit les perméabilités fissurales verticales et horizontales toutes confondues. Nous reverrons dans les chapitres suivants la réalité de ces interactions dans les processus de mise en creux ou en relief des massifs granitiques et de leur encaissant. 1.5 - VOLUMES - FORMES Les granites forment des volumes d'environ 1000 à 2000 km^ présentant des sections affleurantes d'environ 300 km^ pour des gpranites calco-alcalins orogéniques par exemple. Nous donnons à titre d'illustration (fig. 4) la cartographie des granites de Colombie britannique (Dercourt, Paquet, 1974, p. 66-67). Leur forme, par rapport à l'encaissant, est le reflet des conditions de mise en place. Au plan de la viscosité, les formes extravasées reflètent une viscosité plus forte du granite que de l'encaissant (A) alors qu'une forme tronconique (B) enregistre l'effet inverse. Au niveau de la chambre magmatique, les viscosités de l'encaissant et du granite sont considérées comme équivalentes bien que l'on n'en ait aucune observation directe. Voici ce que disent J. Dercourt et J. Paquet : "Dans tous les exemples du massif Armoricain méridionaL il s'agissait de gfranite typique. Dans d'autres régions du globe, des massifs ayant les mêmes types de gisement sont faits de roches grenues quelque peu différentes (granite monzonitique, diorite quartzique, etc.). Pour montrer que toutes les roches plutoniques forment un ensemble homogène, obéissant aux mêmes règles que le granite franc, on exposera succinctement les principaux types d'affleurements connus dans un secteur de la chaîne de montagnes qui borde l'Ouest des continents américains. A l'Ouest du Canada, une chaîne côtière qui culmine à 6 600 m longe le Pacifique : elle n'est qu'une partie de la chaîne qui, de l'Amérique centrale, atteint les Aléoutiennes (fig. 5). Elle est essentiellement constituée de roches plutoniques associées à des roches métamorphiques. L'ensemble s'est formé en plusieurs étapes s'étageant sur près de 150 M.A. (Trias à Eocène) et plusieurs générations de roches plutoniques s'y superposent. C'est un paradis pour l'étude des roches cristallines. On y reconnaît (W. Hulchison, 1970) les types suivants, dans un secteur situé près du port de Prince Rupert à 500 km environ au NE de la ville de Vancouver. - Des plutons à t>ords diffus (exemple : massif de Kasiks) Le passage des roches plutoniques vers les roches métamorphiques est transitionnel et irrégulier ; les plans de séparation sont, à grande échelle (ceux d'un affleurement par exemple) parallèles aux feuillets des roches métamorphiques migmatitiques. Au coeur des massifs, les roches plutoniques sont homogènes, pauvres en minéraux ferromagnésiens ; ce sont des diorites quartziques et des granodiorites. A leur périphérie au contraire, elles sont riches en amphiboles et même en pyroxenes : on passe là, des diorites quartziques aux diorites. Il s'agit de plutons anatectiques. - Des plutons à flancs verticaux (forme de têtard - exemple : massif de Ecstall) Ils présentent, sur carte comme en coupe, une tête homogène et une queue hétérogène. Le centre de la tête est constitué de roches très claires (granodiorites et monzonites quartziques). La périphérie de la tête, comme la queue du pluton, est composée de roches plus foncées (diorites quartziques) où les minéraux s'arrangent suivant des plans frustes concentriques. Les roches au contact de la tête sont nettement déformées alors qu'elles ne le sont pas du tout au voisinage de la queue. On retrouve là les caractères de plutons anatectiques avec en particulier une zone extérieure formant transition avec l'encaissant. - Des plutons à flancs horizontaux (forme de langue - exemple d'Alastair) : massif Des masses granitiques (granodiorites et monzonites quartziques) occupant de grandes surfaces cartographiques (plusieurs km^) reposent horizontalement sur des roches métamorphiques. Le contact est transitionnel entre les diorites quartziques et les migmatites. En revanche, dans la bande d'enracinement de cette langue, ces masses sont nettement intrusives ; le flanc redressé est lardé de veines issues du pluton. - Des plutons intrusifs (exemple : massif de Kwinamass) Ces massifs de granodiorites et de diorites quartziques sont en règle générale subcirculaires et de plus petite taille que les précédents. Us sont homogènes en leur coeur, hétérogènes à leur bordure, et englobent même des fragments de l'encaissant (xénolites). Du point de vue pétrographique, il est intéressant de signaler que cette immense région, qualifiée parfois de plus vaste pluton granitique du monde, est en fait pauvre en granites vrais, mais constituée essentiellement de granodiorites et de diorites quartziques. Ces grands massifs plutoniques sont noyés dans des roches métamorphiques d'où ils paraissent tirer leur substance". 10 Eiyî2!}§_Ë_^2£d§_^iiiy§_ËD§îê£îigyês massif de Kasiks Plutons à flancs verticaux massif de Ecstall P^utons_a_f^ançs_horizontaux massif d'Alastair Plutons intrusifs ou (a) massif de Kwinamass Figure 4 - Coupe des granitoïdes calco-alcalins de Colombie britannique (Canada occidental) (D'après Dercourt, Paquet, 1974) 11 KWINAMASS / Figure 5 . - Un secteur de la chaîne cristalline côtière de la Cordillère canadienne (In: Dercourt, Paquet, 1974) Les granites sont des plutons, des liquides qui cristallisent sous couverture à une profondeur assez importante du sol (par exemple 10 km). Par la suite, les mouvements verticaux et l'érosion vont les mettre à jour. Le refroidissement s'accompagne d'un dégazage et de cristallisations de minéraux qui soulignent la fluidalité du magma. Les fluidalités peuvent être linéaires et sont soulignées par des orientations minérales, où elles peuvent être planaires et marquées alors par une orientation et une croissance de minéraux dans un plan de clivage de la roche. Par exemple, l'orientation des micas en plans verticaux à la périphérie du granite peut former une structure primaire, celle qu'exploite le carrier pour débiter la roche. En général, au niveau de l'étude des fissures du granite affleurant, les structures primaires sont généralement des remplissages cristallins voisins et elles ne sont que partiellement reprises dans l'histoire de la roche consolidée. 1.6 - MINERALOGIE Le descriptif de l'ouvrage : Géologie, Objets et Méthodes illustre la grande constance de la composition minéralogique des granites s.l. Les grains jointifs engrenés et le rôle essentiel joué par les feldspaths expliquent la cohérence de la matrice et les très faibles possibilités de rétraction de celle-ci. 12 "LE GRANITE ET LES GRANITOÏDES (Dercourt, Paquet, 1974) 1. Définition Les granites sont des roches affleurant en vastes massifs ou batholites (unité : le km2), de teinte claire, à grains individualisés, visibles à l'oeil nu et ne se concentrant dans aucun plan privilégié. En lame mince, on observe que les minéraux engrenés les uns dans les autres sont presque exclusivement des feldspaths potassiques, des plagloclases, du quartz, et accessoirement des micas et autres minéraux ferro-magnésiens. La grande homogénéité des granites est mise en évidence par l'établissement d'un diagramme ternaire. Constatant que la plus grande partie des minéraux sont le quartz (Q), l'albite (Ab) et l'orthose (Or), en négligeant les minéraux accessoires et en rétablissant les pourcentages volumétriques observés tels que : Q + Ab + Or= 100 on obtient le diagramme ternaire de la figure 6. granodiorite \ diorite \quarizique 'I 66 syenite 33 monzonite syenodiorite Graniie Granodiorite SiOî 73.86 0.20 A1:0) FejOj 13.75 66.88 0,57 15,66 TiO: Dioriie quartzique 66.15 0,62 0.78 1.33 15.56 1,36 FeO 1.13 MnO MpO CaO Na;0 0.05 0.26 0,72 2,59 0.07 3,42 0.08 K:0 H:0 P:05 3,51 5.13 0,47 0,14 1.57 1,94 3.56 3.84 3,07 0,65 0.21 4.65 3,90 1.42 0.69 0,21 Figure 6 1. Différents types 9/10 des 571 granites figurés (contenant plus de 80 96 de minéraux clairs) se situent dans la plage foncée centrale ; 2. Pourcentage d'oxydes. 13 Les granites sont donc des assemblages minéralogiques très constants. Cependant, on reconnaît, selon le pourcentage des éléments constitutifs, trois sousensembles principaux : granites s.s., les monzonites quartziques, les granodiorites, . les . . que l'on peut représenter dans un diagramme ternaire (fig. 6). Leur similitude est grande et on les regroupe souvent sous le terme de granitoïdes. 2. Les différents types Si tous les granites répondent à la composition précédente, des minéraux accessoires et des structures particulières permettent de les différencier. a- Minéraux accessoires Les minéraux associés sont stables en présence d'un excès de SÍO2. En reprenant les suites réactionnelles de Bowen, on constate que ce sont, par ordre de fréquence décroissante . : Pour la série discontinue des minéraux ferromagnésiens : - exceptionnellement des pyroxenes, - rarement des amphiboles, - fréquemment des micas. Remarque . : Il n'y a presque jamais d'olivine et, plus particulièrement, jamais de forstérite ; la fayalite est très exceptionnelle. Pour la série continue des plagloclases : - exceptionnellement du labrador, - rarement de l'andésine, - fréquemment de l'oligoclase et de l'albite. Remarque : Il n'y a pas d'anorthite et jamais de feldspathoïdes. 6 - Structures particulières - Structure porphyroïde : de grands cristaux de feldspath potassique pouvant atteindre plusieurs centimètres de long sont noyés dans une structure grenue banale. - Structure aplitique : tous les cristaux sont de très petite taille (fraction de millimètre) : on parle ainsi de structure grenue à grain fin (ne pas confondre avec la structure microgrenue). - Structure pegmatitique : tous les cristaux sont de très grande taille (décimétrique) et s'interpénétrent. 14 - Structure microgrenue : dans des filons, souvent associés à des massifs granitiques, la structure est tout entière cristalline. Dans une pâte constituée de très petits cristaux indentés, que l'on peut encore distinguer individuellement à l'oeil nu ou à la loupe, sont noyés de très gros cristaux feldspathiques atteignant plusieurs millimètres ou plusieurs centimètres. Pour caractériser un granite, on mettra en valeur un de ses caractères particuliers et l'on parlera de granite à amphibole ou de granite porphyroïde. 1.7 - DUREE DE MISE EN PLACE La durée de mise en place est largement écourtée par l'augmentation de la teneur en eau du magma. Par exemple, pour un pluton de 10 km de diamètre, une montée de magma à 0,5 % d'eau se fera au cours de 3,3 10^ ans alors qu'un magma à 4 % d'eau se met en place au bout de 4.10^ ans (Pitcher, 1977-78) (fig. 7). P kb , 1 1 ^ *^ A 3- 1 n 1 - Ib -- I 400 Figure 7 600 r^^=" 800 1 1 000 * - Diagramme d'équilibre d'un mélange granitique - En B, le granite est solide : 1974) U cesse son ascension dans la croûte (In: Dercourt, Paquet, 15 1.8 - STRUCTURE DES MASSES GRANITIQUES Relations refroidissement, fractures, modelés superficiels. 11 et de n'y a pas d'accord de spécialistes sur l'origine de polygones de 5, 2 à 5 km de 6 ou 7 côtés diamètre. Ils représenteraient un analogue en grand de la prismation des basaltes, c'est-à-dire la trace superficielle de volumes prismatiques perpendiculaires aux anciennes surfaces de refroidissement. Malheureusement la reprise de fractures, pas nécessairement liées à l'origine au refroidissement, peut former des polygones ou des curviments strictement analogues. L'enracinement de ces prismes à plusieurs kilomètres de profondeur reste non démontré et le problème reste entier. Comme nous l'avons déjà précisé refroidissement est une cristallisation, il y a en minéralogie, comme le occupation de joints par des minéraux, les aplites par exemple et ces remplissages ne constituent pas nécessairement par la suite des plans de ruptures privilégiées. Comme nous l'avons déjà souligné pour décrire les fluidalités linéaires et planaires, plus un granite a subi une déformation synmagmatique, c'est-à-dire contemporaine de son refroidissement, plus il y a par la suite des guides simples de recherche des cassures continues de la surface à la profondeur. Dans le cas du refroidissement très lent d'un granite n'ayant subi aucune déformation, on a des fractures espacées sans grande continuité et des modelés en inselbergs très résistants (granites du Hoggar par exemple). Comme la lenteur du refroidissement influe directement sur la taille des minéraux de la roche cristallisée, ce point sera réexaminé sous l'angle des relations taille des minéraux, espacement des fractures. Dans le cas de mise en place sous contrainte, en lames dans des failles, en chaudron par effondrements de toit de réservoir, on aura des orientations soit en clivages parallèles, soit en pelures d'oignons. Les clivages parallèles conduisent à des modelés en barres en relief tandis que les faciès pelures d'oignon conduisent à des grandes écailles armant des dômes peu prohéminents. Au niveau de l'étude des fissures de surface, les refroidissements en dômes ou plutons enregistrent des effets de "trempe" qui se manifestent sous forme de fentes radiales périphériques type Flamanville (Martin, 1951). Il s'agit dans ce cas du rapport d'un granite avec un encaissant sédimentaire non métamorphique (fig. 8). Toutes ces fractures de refroidissement, comme les fractures provenant des ruptures de la roche consolidée, peuvent guider des circulations d'eau, mais dans les réouvertures et refermetures successives, il semble interviennent concurremment avec un poids décisif. chimisme et de la taille des grains. U que d'autres facteurs s'agit, en particulier, du 16 plan d'orientation des minéraux filon de microgranite grès et schistes cambriens joints annexes *- ¡¡¡¡¡¡S [1^ Silurien : armoricain il:..'..':-! grès armoi Silurien schistes Silurien : Silurien Dévonien grès schistes et calcaires : Bloc-diagramme schématique du massif de granite de Flamanville, Figure 8 - Géologie et forme du massif de granite de Flamanville (In: Dercourt, Paquet, 1974) : ÍJJHÜ schistes et grès 17 1.9- RELATIONS FISSURE - ESPACEMENT ET TAILLE DES GRAINS DES MINERAUX La lente cristallisation du granite aboutit à un agrégat cristallin où les cristaux sont jointifs, engrenés, et composés presque exclusivement de quartz, d'un plagioclase - essentiellement l'albite - et d'un feldspath potassique Une contrainte : l'orthose. appliquée à une masse homogène de cristaux de taille centimétrique (granite porphyroïde) a tendance à ne provoquer que des fissures intraminérales sans déplacement. Par contre, une contrainte identique, appliquée à une masse homogène formée de minéraux également petits (aplite), de l'ordre millimétrique, va avoir pour effet de multiplier les fissures et les interfaces en continuité. A l'échelle du massif, cela se traduit par des espacements décamétriques pour des cristaux centimétriques, et par des espacements décimétriques pour des minéraux millimétriques. Cas des granites d'Egletons et de Villefort (Communication orale Y. Gros et thèse P. Dutartre, (fig. 9, 10). Dans l'étude du granite de Villefort, P. Dutartre évoque une réfraction directions de fractures en passant d'un faciès de granite fin à un granite grossier (fig. 10). à des grain 18 \ granite à gros grain \^ espacement décamétrique granite à grain fin espacement décimétriqu' Figure 9 - Granite d'Egletons : schéma de principe (Comm. orale Y. Gros) Figure 10 - Relations taUles de grain et espacement des fractures d'un granite 19 Chapitre 2 HISTOIRE SUPERGENE DES INTERFACES LITHOSPHERE - HYDROSPHERE - ATMOSPHERE 2.1 - RELATIONS CHIMIE, VOLUMES ET SURFACES DES CRISTAUX AVEC LA CAPACITE A PRODUIRE DES ALTERITES Au niveau de l'architecture fine moléculaire des cristaux de quartz et de feldspaths, on a une continuité de tétraèdres de silice et d'alumine dont l'équilibre, au moins pour les feldspaths, est assuré par la présence d'ions Ca, Na, K. Pour les feldspaths calcosodiques, l'augmentation de Ca/Na permet de passer de l'albite à l'anorthite. Mais pour les feldspaths potassiques, du fait des différences de taille des rayons ioniques des ions potassium et calcium, il n'y a pas de stabilité de feldspaths possible entre les pôles K et Ca. Cela revient à dire que plus la proportion de Ca global augmente et plus on tend vers un pôle d'instabilité structural de tout l'édifice cristallin, de tout le granite. De fait, à l'échelle des massifs entiers, plus les granites sont riches en feldspaths et minéraux calciques, plus ils sont altérables. Cela fait conclusion à J. de Lapparent, sur la logique des minéraux du granite "que le granite est feldspath et l'antigranite, (Application : écrire en : antifeldspath". Flageollet, 1976). On se reportera également à l'étude morphologique du massif granitique de Flamanville (Feuille Ambazac) citée en Annexe IL 2.2 - EVOLUTIONS DES CONTRAINTES ET REGIME DE FRACTURATION - CONSEQUENCES SUR L'ATTRIBUTION A CERTAINES FRACTURES D'UN COEFFICIENT DE CONDUCTION HYDRAULIQUE La succession la plus complète de déformations d'un granite comporte trois stades : - les déformations syngénétiques ou synmagmatiques - les déformations précoces - les déformations cassantes tardives. 20 Nous donnons, à titre d'exemple, la description des fractures du granite de Saint-Sylvestre (Lassagne, 1983). Les déformations du granite Elles sont de trois types : syngénétiques, précoces et cassantes tardives. - Les déformations syngénétiques sont caractérisées par une fluidalité soulignée par l'orientation des phénocristaux de feldspath potassique. La fluidalité planaire est en général W.NW - E.SE (N 100° E) (Molliez et Bouchez, 1982). Les fluidalités linéaires, également W.NW-E.SE, sont faiblement inclinées vers l'E.SE, et sont interprétées comme la direction moyenne de mouvement du granite lors de sa mise en place. Des orientations N.NE - S.SW des fluidalités perturbent l'orientation générale W.NW - E.SE. Elles sont réparties dans des "couloirs" de même direction et sont interprétées comme des directions de restructuration ultime par cisaillement à l'état visqueux (protofaille à mouvement dextre). Remarque : La faille de la RN 20 a très certainement suivi l'un de ces couloirs, bien qu'elle aît rejoué par la suite (fig. 11). ,. . contrainte fluidolite moxi. E£E Figure 11 - Déformations du granite de St Sylvestre - Les déformations précoces sont différenciées des fractures tardives cassantes par la présence de venues magmatiques (par exemple les filons). Rappelons que les filons d'aplite et de pegmatite sont antérieurs aux autres, et que les filons de lamprophyres sont postérieurs aux filons de microgranite. Des fractures précoces ont pu ne pas être injectées et ont pu rejouer lors des déformations ultérieures. Il n'est plus possible alors de les différencier (succession des déformations précoces dans le granite de Saint-Sylvestre). - ¿es déformations cassantes tardives sont des fractures d'origine tectonique résultant des efforts exercés par les contraintes régionales. Les déformations dites "précoces" (filons) et les déformations tardives sont celles qui ont fait l'objet de nombreuses études." cassantes 21 Nous avons déjà mentionné que les fractures synmagmatiques sont rarement reprises dans les étapes ultérieures de fracturation car elles comprennent des remplissages minéraux. Par contre, leur intersection avec des plans de déformations cassants tardifs permet de démontrer la postériorité des plans par rapport aux premiers. Les déformations synmagmatiques et précoces n'ont pas d'intérêt en elles- mêmes pour l'hydrogéologie mais elles servent de plans de référence dans la masse cristalline homogène aux déplacements le long des plans de fractures cassantes tardives. C'est parmi les fractures cassantes tardives que nous allons définir celles qui conduisent le mieux et le plus fréquemment l'eau. En procédant par étapes, nous allons d'abord définir les propriétés de conductivité hydraulique d'une faille et ensuite quel genre de sélection cela permet de faire à l'examen de la totalité des fractures. A partir d'un levé détaillé par quantification d'une série de paramètres géométriques et morphologiques pour chaque fracture, on peut définir des familles. 1. Famille des classes de longueurs 2. Famille des classes d'ouvertures 3. Famille des espacements entre fractures 4. Famille des classes d'intersection, interruptions des extrémités 5. Famille des classes de rugosités et de remplissages des plans de fracture y compris les ponts rocheux 6. Famille des classes de contenu en eau 7. Familles des fractures dont l'ouverture est imputable à la décompression. Dans l'analyse rapide de terrain, le problème posé est de savoir si l'on peut faire l'économie d'une étude géométrique et cinématique de l'échelle millimétrique à l'échelle hectométrique. En d'autres termes, il s'agit de percevoir et d'analyser tout de suite une faille de plus de 100 m de longueur, de plus de 1 probable, lisse, sans rugosité importante, avec moins de 10 mm d'écartement moyen % de ponts rocheux par mètre linéaire. A défaut de pouvoir mesurer sûrement et rapidement l'ensemble des paramètres de la faille idéale, quels sont les critères d'analogie qui permettent de dire que ce genre de faille existe ? 22 Dans un deuxième temps, après avoir rassemblé les critères indirects pour supposer l'existence de failles suffisamment alimentées, il va falloir en localiser une avec précision, au moins une et au moins l'intersection de plusieurs d'entre elles. 2.3 - JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE D'UNE FAILLE D'UN CERTAIN TYPE Intéressons-nous à une faille de longueur comprise entre 100 m et d'épaisseur moyenne 1 1 km, lisse, mm et ne présentant pas plus de 10 % de ponts rocheux par mètre linéaire. Pourquoi choisir ces paramètres et pas des valeurs plus petites de n. failles interconnectées ? Essentiellement pour des raisons de vitesse de transit de l'eau et donc de vitesse de soutirage. Des expériences conduites sur des granites de Caroline du nord montrent que pour des ouvertures moyennes de 0,1 mm, on aurait des vitesses 10"^ fois plus faibles que pour des failles d'ouverture moyenne de l'ordre du mm (cité par M. Engalenc, 1978). 2.3. 1 - LES RAPPORTS TAILLE DE LA FAILLE - DEBIT UTILISABLE En régrime laminaire, le débit varie comme le cube de l'ouverture d'une fracture, dans le cas d'un plan de faille lisse, d'ouverture constante (Feuga, 1984). Ce calcul théorique aide à fixer les ordres de grandeur. 2.3.2- EXAMEN DE SURFACE, CRITERES INDIRECTS DE MESURE DE LA CONDUCTIVITE HYDRAULIQUE Par l'examen de surface au sol, il n'y a pas directement, de mesure possible, de la conductivité hydraulique d'une fracture. Tout au plus celle-ci sera supposée élevée avec des critères indirects et ponctuels et confirmée après essais d'eau. - Résumé des acquis antérieurs Nous avons déjà acquis quelques caractères types de la faille de taille suffisante pour implanter un forage. Elle n'hérite pas des structures de refroidissement car la plupart des failles 23 comportent un remplissage cristallin contigii à la roche. Les structures primaires et les structures précoces, avec remplissages de matière, servent de marqueurs des déplacements le long des fractures secondaires tardives. Une même contrainte sera plus efficace sur des petits grains que sur des gros grains et se traduira par des fractures à espacement faible. Entre le moment où le granite vient de se consolider et le moment où il devient une roche affleurante, quels effets développent la fracturation perméabilité et, partant, la ? Le massif granitique forme un bloc d'ensemble avec l'encaissant volcanique, sédimentaire ou métamorphique, et à moins d'être affecté par un métamorphisme régional, il ne subira pas de déformations souples de grande ampleur accompagnées de transports de matière. 11 va se fracturer et, à la faveur de mouvements verticaux et de l'érosion, atteindre la surface et affleurer. Les mouvements relatifs entraînent des déplacements le long des fractures de faible ampleur et les fortes compressions dans des collisions créent des mylonites. Dans les étapes intermédiaires entre les déplacements le long de fractures et la réorientation de fractures avec cristallisation, il se produit également un aplatissement au niveau de stries et de cannelures. Plus le serrage augmente cannelures) et plus la lecture des tectoglyphes (stries et délicate pour analyser finement les déplacements de En s'éloignant d'une zone de fort serrage où les joints sont devient compartiments. subparallèles, on constate une bonne conservation de la fabrique des stries et, par voie de conséquence, une bonne possibilité apparaît de reconstituer des plans de mouvements. Rappelons que l'intérêt de la reconstitution des plans de mouvements est d'établir un zonage dans plusieurs plans des failles conjuguées, ouvertes et fermées. Les données statistiques rejoignent les données naturalistes sur la notion de failles ni trop rapprochées ni trop espacées. 25 Chapitre 3 HISTOIRE SUPERFICIELLE 3.1 - HISTOIRE COMPOSITE DE LA FRACTURE DECOMPRIMEE VISIBLE EN SURFACE Quand le jeu combiné des niveaux d'érosion et des mouvements verticaux fait affleurer le granite, il y a ouverture des fractures sur une tranche verticale de 30 à 100 m : la zone décomprimée. La fracture décomprimée visible en surface a une histoire composite : celle de la réouverture de la fracture et celle de la surface. L'histoire de la surface est longue de plusieurs millions d'années et marquée par l'alternance de longues périodes de stabilité tectonique ou eustatique et par de très courtes périodes de mouvements tectoniques et eustatiques. La période brève de mouvement tectonique ou eustatique est considérée comme négligeable en temps, par rapport à la période de stabilité, mais elle peut être corrélée avec la durée du phénomène de percolation de l'eau dans la fracture qui s'ouvre par saccades. Le temps d'ouverture de la fracture est lui-même infiniement petit par rapport à l'ensemble d'une phase tectonique ou d'un réajustement eustatique mais cela représente les joints quantitatifs d'un système ouvert eau-roche. Le temps de mise en place d'une fissure est instantané. Les quelques chiffres suivants rappellent l'ordre de grandeur des différents phénomènes. - Stabilité signifie absence de mouvement décelable sur 10^ ans - Mouvement vertical continu : caractérisé par une vitesse de déplacement de 10"6 m/an - Mouvement continu le long d'une faille : caractérisé par une vitesse de déplacement de 10"^" m/an - Mouvement cassant le long d'une faille secondes. : durée effective de quelques 26 Par comparaison, l'altération de roches indurées est mesurable sur des périodes d'au moins 10^ ans. L'érosion moyenne sur roche indurée se fait à une vitesse de 510"5 m/an et l'érosion moyenne des altérites est 1000 fois plus rapide (Laville, 1983 et "Castor" 1985). Un scénario de tactique globale résume les facteurs interactifs à l'origine de fissures ouvertes et plus généralement à l'origine des processus de mise en creux ou de mise en plein des massifs granitiques affleurants. différentielle Cette érosion est attribuable à la tectonique, au climat, à l'homme, et la recherche de continuité entre fractures ouvertes doit pondérer grossièrement l'influence de ces différents facteurs ; nous en illustrerons l'interaction par des schémas simplifiés pour orienter et focaliser une recherche de terrain sur des cas nécessairement plus complexes (Desfontaines, 1985). 3.1.1- PREMIERE INTERACTION : DYNAMIQUE INTERNE NEOTECTONIQUE Les dynamiques internes se manifestent par la convection mantellique. Celle-ci entraîne indirectement une fabrique du relief en volume de l'ordre du km3. L'extension en profondeur de la zone décomprimée varie d'abord en fonction du relief et se manifeste par l'ouverture de joints plats en antiformes sur les bosses et en synformes dans les creux (fig. 12). Figure 12 - Joints horizontaux et joints courbes internes au massif, sous une morphologie contrastée (d'après Legrand, 1948) 27 3.1.2- EVOLUTIONS THEORIQUES - RELIEFS DE FAILLES MODELES OROHYDROGRAPHIQUES Les rejeux de failles du massif rocheux vont augmenter la concavité et la convexité des formes. Dans le cas théorique d'un soulèvement ou d'un affaissement régional du g^ranite et de son encaissant, on garde des joints plats parallèles et le cheminement du réseau hydrographique aura tendance à exhumer des reliefs entre volumes de terrains présentant des densités de diaclase différentes. Dans le cas d'un soulèvement d'un granite anorogénique où subsistent les structures primaires comme plans de discontinuités, le réseau de drainage est dentritique à subdentritique. 3. 1.2. 1 - Pas de faille Dans le cas aussi théorique, simplifié, d'un affaissement du même type de granite, le réseau de drainage sera anastomosé ou multibassin. 3.1.2.2- Failles normales (dans le cas d'un affaissement limité par des failles normales) L'affaissement régulier joue dans le même sens que la décompression dans un creux d'érosion ; les joints horizontaux s'incurvent vers le val tectonique et se resserrent. Au milieu du val, la base de la zone décomprimée rejoint presque la surface du sol et la compression locale provoque la fermeture des fractures existantes (fig. 13). Figure 13 - Morphologie d'un affaissement limité par des failles normales 28 Le réseau polygonal initial va avoir tendance à se zébrer de cannelures parallèles aux vallées avec des compartiments affaissés à contours flous et des compartiments redressés à contours nets. Contrairement au recreusement obtenu par variation en baisse du niveau de la mer, il y a une tendance à former des réseaux rectangulaires par apparition de nouveaux drains des points hauts vers le grabben ou l'écoulement devient divaguant (fig. 14). Figure 14 - Tendance à former des réseaux rectangulaires Pour un affaissement circulaire, l'évolution du réseau peut être convergente de l'exhumation des structures en cônes emboîtés ; cela se manifeste par la mise en place de réseau annulaire ou centripète (fig. 15). ^^ Figure 15 - Réseau annulaire et drainage centripète 3.1.2.3 - Failles inverses (dans le cas de soulèvement de bloc) 0- H maximum Ficrure 16 - Soulèvement d'un bloc limité par deux failles inverses 29 Dans le compartiment surélevé la zone décomprimée prend une forme de dos d'âne qui se manifeste dans le réseau hydrographique par une distribution rectangulaire dissymétrique ou de type treillis (fig. 17). Figure 17 - Surélévation circulaire : réseau annulaire ou réseau radial 3.1.2.4- Décrochement distensif, décrochement compressif Les décrochements surviennent dans le cas de mouvement à composante horizontale le long de fractures subverticales (fig. 18) Figure 18 : - Schéma d'une structure présentant un double décrochement distensif Dans le cas de décrochements distensifs, les réseaux correspondant auront la tendance treillis incurvé (fig. 19 a - b - c) Figure 19 - Réseaux hydrographiques liés à une structure en décrochement distensif réseau en treUlis incurvé et réseau en échelon ou en baïonnette 30 La fig^ure 20 schématise, sur un bloc à trois dimensions le résultat de décrochements compressifs. Ce cas s'illustre dans l'Arc de Digne. décrochement compression r n » tr H + <rV Figrure 20 - Effets de décrochements compressifs Un tel schéma correspondrait plus ou moins aux ondulations de la base de la zone décomprimée. Toutefois, en raison de la rigidité des roches granitiques, les structures en coins sont assez rares. 3.1.3- CRITERES FA VORABLES, A RETENIR D'APRES LA REVUE DES RAPPORTS ENTRE TRAITS OROGRAPHIQUES ET ACCIDENTS STRUCTURAUX L'analyse des formes de relief héritées de la réactivation de failles fait apparaître le décrochement distensif comme une structure plus favorable que les autres déformations cassantes pour créer des vides cumulés et interconnectés. Sur le plan strict de la mécanique des roches les conclusions données par B. Feuga (1984) sont identiques : " ... L'essentiel de la fracturaton d'un massif apparaît lors de sa mise en place et des premières phases tectoniques auquelles il est soumis. La façon dont se fracture un massif, déjà fracturé sous l'effet d'un épisode tectonique nouveau, est en effet très influencée par la fracturation préexistante, dont on pourrait rapprocher le rôle de celui de l'anisotropie de la matrice rocheuse. Cette influence se traduit par le fait que l'essentiel des déformations du massif se produit par remise en mouvement des discontinuités préexistantes ; ce n'est que dans des conditions particulières d'orientation du champ de contraintes par rapport aux directions de ces discontinuités 31 que de nouvelles cassures peuvent apparaître. A l'issue d'un petit nombre de phases tectoniques, il existe dans le massif une variété de directions de discontinuités telle que ces conditions ne peuvent plus se produire. Aucune fracture nouvelle n'apparaît plus, et les épisodes tectoniques ultérieurs font simplement rejouer celles qui existent déjà. Les mécanismes qui interviennent lors du rejeu des discontinuités ne sont pas sans influence sur leurs caractéristiques hydrauliques. L'un d'eux - le cisaillement fait l'objet du paragraphe suivant. Le cisaillement des discontinuités des roches. La dilatance Les parois rocheuses constituant les deux faces d'une discontinuité sont très rarement planes sur de garandes distances et, en outre, leur état de surface peut être très variable : les fractures de traction sont en général rugfueuses, cette rugosité pouvant se trouver renforcée par des cristallisations partielles. Les plans de failles sont en général plus lisses du fait du frottement qui les a rabotés, mais ils présentent parfois des stries (indiquant la direction du mouvement et introduisant une anisotropie dans leur plan), des marques d'arrachement (permettant d'identifier le sens du mouvement) ainsi que des accumulations de roche broyée. La morphologie des discontinuités, telle qu'on l'observe actuellement, ne dépend que très peu du mécanisme qui leur a donné naissance ; elle est plutôt marquée par le dernier mode de fonctionnement (traction ou cisaillement) qu'elles ont connu et qui très souvent efface les traces qu'ont laissées les précédents. Encore convient-il d'ajouter que les phénomènes de dissolution, recristallisation, altération occultent souvent ces vestiges d'origine mécanique. (Plus rarement, il arrive au contraire que ces vestiges soient "fossilisés", par exemple par des recristallisations). Pour qu'un déplacement relatif suivant une discontinuité puisse intervenir, il faut que l'effort de cisaillement qui lui est appliqué excède sa résistance au cisaillement, caractérisée par un terme constant : la cohésion, et un terme proportionnel à l'effort normal, qui traduit l'influence du frottement, et donc des irrégularités de surface. On peut schématiser ces aspérités, quelle qu'en soit la dimension (grains monocristallins ou larges ondulations) à l'aide du modèle "en dents de scie" représenté figure 21. Il faut savoir qu'une fracture n'est presque jamais totalement fermée. Même si elle n'a été soumise à aucun cisaillement, son apparition a modifié l'état de contraintes préexistant, et sous l'effet de cette modification, ses deux lèvres se sont déformées différemment l'une de l'autre et ne sont plus en contact sur la totalité de leur surface comme on le voit sur la figure . C'est cette morphologie qui est schématisée sur la figure 22. On y voit que deux modes de fonctionnement de la fracture sont possibles en cisaillement : soit le glissement des aspérités les unes sur les autres tend à écarter les deux lèvres, donnant lieu à une dilatance, soit au contraire, il tend à les rapprocher : c'est le phénomène de contractance. 32 jeu dextre jeu sénestre dilotont dilotont puis joint stylclithique Figure 21 - Schématisation des phénomènes de dilatance-contractance lors du cisaillement d'une discontinuité rocheuse Figure 22 - Exemples de profUs de diaclases dans le granite à grain fin de Maupuy (Creuse) (d'après Billaux et al, 1984). On constate que le nombre de points de contact est très limité Ces déplacements perpendiculaires au plan de la fracture lors des cisaillements ont une incidence sur la conductivité hydraulique de cette dernière. Les phénomènes de dilatance-contractance ne sont possibles que pour autant que les aspérités elles-mêmes ne sont pas cisaillées ; cette rupture des aspérités se produit d'autant plus facilement que la contrainte normale à la fracture est plus élevée. L'érosion - La décompression des terrains L'érosion, en éliminant dans des temps parfois très courts^ des épaisseurs considérables de terrain, peut modifier très considérablement l'état de contraintes en un point. Cette modification peut se traduire par l'apparition de fractures nouvelles, dites de décompression, suivant le processus schématisé figure 23. 33 1 Jo/ L ^^ '^í =ir N Figure 23 - Mécanisme d'apparition de fractures de décompression dues à l'érosion L'érosion a pour effet de réduire rapidement, à l'échelle des temps géologiques, la contrainte verticale a^ en un point, cependant que, la relaxation des contraintes horizontales pouvant nécessiter des durées très longues, celles-ci ne se trouvent que très peu réduites. Le cercle de Mohr représentatif de l'état de contraintes en un point se trouve donc déplacé vers la gauche au fur et à mesure que l'érosion progresse, et ce jusqu'à toucher la courbe intrinsèque. Il apparaît alors au point considéré une fracture oblique (ou deux fractures conjuguées) inclinée à moins de 45** sur l'horizontale. Plus le point considéré se trouvera proche de la surface, plus la fracture sera proche de l'horizontale. Cette description correspond au cas d'un massif qui ne comporterait pas de fractures obliques ou subhorizontales préexistantes. Si de telles fractures existent, elles sont simplement remobilisées ou réouvertes du fait de l'érosion. L'influence du relief L'érosion n'aboutit que rarement à la constitution de vastes étendues parfaitement planes. Elle imprime, au contraire, à la surface de la terre un relief qui peut être très accentué et est à l'origine de distributions de contraintes particulières. C'est ainsi que sur les sommets peuvent apparaître des contraintes de traction subhorizontales provoquant l'apparition de fractures de traction subverticales ou l'ouverture de celles qui existent déjà, cependant que les points bas sont le siège de concentrations de contraintes de compression qui ont tendance à refermer les fractures existantes. Ces mécanismes sont schématisées figure 24. troction. apparition de f roctures nouvelles ou ouverture de celles qui existent. compression, fermeture des fractures existantes Figure 24 - Influence du relief sur la distribution des contraintes et sur la fracturation 34 Le problème posé est comment détecter des failles interconnectées dont le drainage ne coïncide pas nécessairement ou pas du tout avec les bassins versants des eaux de surface. D'une façon générale comment va-t-on différencier ouvertes, des fractures des fractures fermées alors que ces dernières paraissaient parfois également ouvertes dans la zone décomprimée et identiques en photographie ? 35 Ch^itre 4 TACTIQUE GLOBALE D'ANALYSE DES FISSURES "PRODUCTIVES" 4.1 - LA CONVERGENCE Pour tenter de résoudre la principale difficulté évoquée précédemment, nous allons appliquer aux éléments d'analyse tous confondus le principe de convergence, à savoir : Nous dirons que deux images analogues peuvent recouvrir deux structures différentes et que deux images différentes peuvent être homologues de structures identiques. Par exemple, la zone surdiaclasée, qui peut accompagner une faille inverse, et un décrochement distensif, peuvent avoir la même largeur mais pas la même discontinuité, et ceci d'autant plus que de la roche à fractures presque fermées à la surface décomprimée, il peut y avoir superposition des effets d'une faille inverse et d'un décrochement distensif. D'autre part, dans le temps, nous pouvons avoir fonctionnement successif de ces deux types d'accidents réemployant les mêmes plans de fractures en rejeux successifs. La succession, soit dans l'espace, soit dans le temps, va aboutir à des structures globalement convergentes. A titre d'exemple, un curviment peut être : . un faux curviment ou une juxtaposition en polygones de failles linéaires . un astroblème (impactite) dû à un granite en chaudron atectonique à structure en pelures d'oignon . dû à un granite qui n'affleure pas, à un dome de sel, etc. L'ensemble des structures précitées donnent des images convergentes à analyser des points de vue climatiques et anthropiques. 4.2 - DE L'ANALYSE DIMAGE A L'ANALYSE DE STRIES A l'échelle de l'analyse d'une image au 1/1 000 000 prise par satellite, les structures seront confondues sur une image aérienne conventionnelle également. 36 L'analyse des formes de relief concave/convexe sur fonds topographiques peut faire apparaître des différences comme celle d'un réseau en treillis évoluant en réseau, en treillis incurvé et cela peut constituer un indice indirect mais pas une preuve d'existence de la structure. La véritable démonstration de l'existence du décrochement distensif passe par l'examen des stries sur le terrain. L'étude préliminaire rapide oriente le choix du lieu où l'on va forer. Dans l'exemple ci-après, la recherche est celle de la coïncidence d'un linéament, d'un axe de drainage et d'une faille conjuguée. On va vérifier sur le terrain s'il y a concordance ou non entre une zonalite de fractures ouvertes et une zonalite des failles alimentées. En appliquant le principe de convergence, il se peut que cette zone corresponde à une fissure interconnectée avec d'autres dans la partie où l'on suppose ces fissures ouvertes. On peut avoir une histoire successive de rejeux de failles qui aboutissent à des fractures peu connectées, peu décomprimées, ou colmatées, ou les donnant des images à petite échelle assez voisines. 3 à la fois et Dans ce sens, une vallée exhumant des reliefs de failles normales, une vallée surimposée à un grabben, ont des formes globales analogues ; mais la tranche de roches décomprimées n'est peut être pas strictement identique. Pour détecter des volumes interconnectés, nous avons corrélé arbitrairement, à différentes échelles, des structures planes rectilignes, subverticales, car ce sont celles qui apparaissent avec le plus de clarté sur images satellites et par effet stéréoscopique sur des couples de photogrraphies aériennes conventionnelles. L'appréciation indirecte de surfaces planes ou gauches avec des pendages quelconques nécessite la prise en compte de curviments : ces liéaments courbes sont aussi des figures de convergences. - Exemple d'implantation d'un forage La zone cible est D*. Elle correspond à un linéament observé sur image. Le linéament peut être : . 1 axe de drainage . 1 faille conjugée. 37 Rappelons que les tectoglyphes d'écrasement à observer sur le^ terrain répartissent dans l'un des cinq cas suivants (fig. 25) 10-30« se : (a) coupe S: stries (ou broyage) ->. (b) R: roche fraîche (rupture) *5slO' surface movenne fente ouverte ou remplie (quartz...) /" /-' J,' (entes JJ .^ZZ'JCZ~ en lunule crotssant Figure 25 - Tectoglyphes d'écrasement 1 - Surfaces striées annexes faisant avec le miroir principal un angle aigu dans le sens aval (plans R de Riedel : Tchalenko, 1970). 2 - Fentes de tension, souvent remplies de quartz et autres minéraux, à angle encore aigu dans le sens aval, mais plus fort. 3 - L'intersection de ces surfaces (surtout 2) avec le plan de faille, a souvent une forme courbe, en "croissant" à concavité aval. 4 - Sur des reliefs plus ou moins régfulièrement répartis sur le miroir, on trouve souvent des stries, parfois seulement un blanchisse ment par écrasement des grains, du côté amont, et à l'aval une surface de roche fraîche, pénétrant parfois à l'intérieur de la roche (4b). 5 - Les irrégularités de surface du miroir sont souvent chargées de quartz ou autre minéral néoformé, du côté aval. 38 Schématiquement ces cinq cas se rencontrent dans les situations représentées en figure 26. Vue en pion 1,2,3 p.p. 4.5 ture ^ ^^>^\^ ^fissures ouvertes ^""^^ de la dans le sens compression. Figure 26 - Distribution des formes de tectoglyphes d'écrasement dans une une structure faillée composite vue en plan. Les flèches représentent les déplacements. Le signe D^^ indique une zone hydrogéologiquement favorable « La zone D est détectable par des écoulements décalés par rapport au rejeu des accidents anciens. - Recherche du mcucimum de vides cumulés D'après les schémas simplifiés de rejeux de failles normales, inverses et de décrochements, il apparaît que seuls les décrochements sont des systèmes générateurs de vides importants (fig. 27). Faille normale ouvert Figrure 27 - Génération de vides au voisinage d'une faUle normale (vue en coupe) 39 piège â se'díments pseudo chevouchement *<^ Figure 27 - Génération de vides au voisinage d'une faille inverse (vue en coupe) vide ouverture Figure 28 - Génération de vides au voisinage d'un décrochement (vue en plan) Il convient de noter, et ce point mériterait un long développement que le facteur "interconnection" à lui seul, de fractures apparaît bien à travers l'analyse de stéréogrammes constitués en reportant les poles de plans de fractures observées à l'affleurement. Apparaît alors l'importance de la microfracturation en temps que reflet de la macrofracturation pour servir de guide à l'analyse d'un style tectonique d'une région à prospecter. Joindre et comparer les informations relevées sur plusieurs affleurements de cette même zone est évidemment d'un haut intérêt, pour passer outre le facteur d'échelle qui fait qu'un affleurement ne peut être représentatif à lui seul d'un milieu fortement discontinu. Comme d'autres éléments morpho-structuraux soulignent leur réseau de fracture, il peut être intéressant de comparer les positions des pôles ou groupes de pôles à la disposition des curviments, ou même à la distribution des branches du réseau hydrographique. 40 Les deux schémas ci-après en sont des illustrations. (A) Tendance annulaire des plans. 270 Structure difficile à évaluer sur le plan de sa capacité à conduire l'eau. 180 Figure 29 - Fractures annulaires, peu interconnectées (B) 3 familles subverticales. Implantation des 3. Figure 30 - Fractures planes sécantes à l'intersection 41 4.3 - LES RAPPORTS ABLATION/ALTERATION ET LA MISE A NU OU LE RECOUVREMENT DES FISSURES OUVERTES Klein (1985) écrit : "L'évolution géomorphologique est régie par trois rythmes fondamentaux : les rythmes tectoniques, les rythmes eustatiques et les rythmes bioclimatiques. Les rythmes tectoniques et les rythmes eustatiques circonscrivent le volume des masses continentales offertes à l'attaque des agents d'érosion. Les rythmes bioclimatiques contrôlent le dynamisme des systèmes d'érosion." Pour nuancer encore tous les facteurs qui interviennent dans les bilans ablation/altération, le texte Godard (1977, p. 63 à p. 72) est exemplaire: "a - Un dilemme fréquent : tectonique récente ou érosion différentielle ? Sur les socles cristallins, débarassés de leur couverture sédimentaire, la reconnaissance des failles susceptibles d'influencer le relief est difficile, de sorte que bien souvent la nature des abrupts reste délicate à préciser : quelle part faut-il attribuer respectivement au jeu (ou au rejeu) récent d'accidents cassants, au déblaiement tardif de volumes inégalement gagnés par l'altération ? A cette question les réponses varient beaucoup 1 : - Selon que l'on prend plus ou moins en considération l'homogénéïté du gfranite. 2 - Selon l'échelle des formes envisagées : c'est à partir des modelés moyenne qu'apparaît le mieux le rôle de l'érosion différentielle. Les modelés sélective sont inégalement favorisés par la nature des déformations, efficaces semblant être les soulèvements globaux à grand rayon (études de en Corse, Nonn en Galice, Godard en Ecosse). de taille d'érosion les plus Rondeau Tout se passe donc comme si dans le bilan altération/ablation, la succession la au développement d'un beau modelé d'érosion différentielle plus favorable comportait : - une phase de stabilité tectonique relative, capable de faire triompher la décomposition sur les interfluves au détriment de l'incision des vallées ; - des mouvements positifs modérés entraînant le déblaiement partiel des volumes rocheux les plus décomposés et faisant apparaître les formes issues d'une altération inégale. 3 - Selon les secteurs ou les régions considérés, par l'effet d'interférence de l'hétérogénéité du matériel et du rythme et de la densité des déformations tectoniques, suivant aussi l'âge du dégagement de la masse granitique qui a selon les cas subi un plus ou moins grand nombre de phases climatiques d'attaque d'efficacité différente : les massifs exhumés récemment comme la Forêt-Noire ont ainsi échappé à l'attaque des climats chauds. Finalement, les conditions optimales résident dans un exhaussement précoce, mais modéré. 42 b - Les échelles de résistance régionales et locales Pour des unités de grande dimension - vaste région, domaine ou même zone -, la place du granite dans la hiérarchie de résistance des roches dépend beaucoup du contexte climatique. Si dans les hautes latitudes de l'hémisphère Nord (Canada, Scandinavie, etc.), les granites massifs sont souvent au sommet de l'échelle de résistance, avant même les quartzites qui sont pourtant les roches les plus dures sous la plupart des climats, c'est qu'ils sont peu sensibles à la gélifraction et placés dans un milieu où l'altération progresse lentement. Les différences de sensibilité à la dissolution entre granite et calcaire sont si grandes que les premiers sont presque toujours en saillie par rapport aux seconds. Ce dispositif se retrouve dans les milieux tempérés humides des moyennes latitudes où, à l'exception des héritages de formes léguées par des paléoclimats plus chauds du Tertiaire, les granites continuent de faire bonne figure et de former l'armature de bien des paysages. Ils sont généralement plus résistants que les roches sédimentaires de couverture, mais peuvent néanmoins se montrer plus altérables que les coulées massives de laves, les quartzites et certaines roches très siliceuses du socle (auréoles de métamorphisme, zones de broyage recristallisées). En domaine méditerranéen, et dans les milieux secs tropicaux, il en va tout autrement : sans être à la base de l'échelle de résistance (on y trouve des marnes et des schistes), les granites sont fréquemment déprimés par rapport aux calcaires qui constituent l'ossature du relief : Pyrénées orientales, péninusle Ibérique, Sardaigne, Maroc, Amérique centrale, etc. Cette place, à première vue singulière, s'explique par les conditions d'un milieu suffisamment chaud pour augmenter la sensibilité des roches cristallines à l'altération, mais suffisamment sec pour diminuer les dégâts dus à la dissolution dans les calcaires. Même si la décomposition du granite reste chimiquement modérée et se limite à une désagrrégation granulaire, elle remet en cause tout l'édifice rocheux, ce qui n'est pas le cas des calcaires karstifiés en profondeur. Dans les climats chauds et humides, par ailleurs moins favorables à la mise en valeur des formes par érosion différentielle que les précédents, les constantes dans les échelles de résistance se dégagent moins bien. Les granites peuvent former l'armature du relief en dominant les schistes et les calcaires : c'est souvent le cas en Asie du Sud-Est. Mais il n'est pas rare qu'en Afrique occidentale les granites soient excaves par rapport aux couvertures gfréseuses. En Côte-d'Ivoire forestière, les gp'anites sont en contrebas non seulement des quartzites, mais aussi des micaschistes et des roches vertes (Rougerie). Comme, par ailleurs, les granites alcalins sont plus déprimés que les granites riches en éléments ferro-magnésiens, il est logique d'en déduire que la teneur en fer est ici un facteur de résistance par l'aptitude à favoriser le cuirassement. Sous forêt dense, où le ruissellement joue un rôle modeste, l'exploitation du potentiel lithologique reste partielle, l'altération des divers matériaux ne se traduisant qu'imparfaitement dans les formes, malgré une décomposition intense et profonde. Dans un cadre de dimensions plus réduites, celui d'un massif cristallin par exemple, il est possible de dégager une hiérarchie de résistance plus fine et nuancée en s'appuyant non seulement sur la place occupée par les roches dans le modelé, mais aussi sur la présence de certaines formes de détail significatives d'une décomposition inégale et sur l'analyse des manteaux d'altérites. 43 Bien entendu, les observations ponctuelles n'ont qu'une valeur relative et locale. Par exemple, le rôle morphologique des filons dépend de la nature de la roche encaissante : les filons de microgranite qui recoupent le massif de l'Aber Udut (bas Léon) sont en relief quand ils traversent le granite porphyroïde, calco-alcalin altérable, mais n'apparaissent plus dans le paysage quand ils passent à travers des granites plus acides (Hallégouët). Selon qu'une trame de recristallisation siliceuse s'est constituée ou non^une même zone de broyage peut être en saillie ou en creux (ex : Limousin occidental). Les raccords entre les échelles de résistance locales sont d'autant plus délicats que les étiquettes pétrographiques utilisées changent d'un auteur à l'autre. Cependant, la multiplication des observations permet de dégager des constantes qui éclairent le problème de l'érosion différentielle dans les granites. Souvent, de grandes catégories de roches occupent à peu près la même place dans une région. Dans le nord-est du Massif central français par exemple, les roches de faible profondeur (microgranite, granophyres, rhyolites) se placent systématiquement en haut de la hiérarchie, au-dessus des granites qui ont pourtant une composition chimique voisine. Dans la plupart des régions du Massif central, les leucogn^anites (granites alcalins à deux micas) occupent dans le modelé une position dominante qui contraste avec celle déprimée des granites calco-alcalins à biotite et des granodiorites (Godard). Il en est de même en Corse où l'ossature du modelé est formée par les "granulites", tandis que les granites constituent en contrebas des paysages lourds à épais manteau d'altération (Rondeau). Les problèmes, pourtant ardus, que pose la comparaison des roches granitoïdes entre-elles, restent cependant moins difficiles que ceux qui relèvent de l'érosion différentielle entre roches cristallines de familles différentes : granites et gabbros par exemple. Dans ce cas, en effet, il convient de ne pas confondre l'intensité de l'altération des minéraux et la profondeur de la désagrégation. Placées dans des conditions identiques, les roches acides comme le granite ont tendance à subir une altération ménagée sur une grande épaisseur , les roches basiques ayant une décomposition plus intense mais sur une faible profondeur. Or, en matière de modelé d'érosion sélective, c'est bien l'épaisseur du manteau d'altérites qui est déterminante. c - Les facteurs de l'altération différentielle La solution d'un problème qui comporte un nombre élevé de variables (roches, climats, micromilieux d'altération liés au drainage intime, etc.) est d'autant plus difficile que l'éventail pétrographique est plus large. A s'en tenir aux seules roches granitoïdes, il apparait que la composition minéralogique^et donc chimique, est un premier fil conducteur dans l'explication des forces issues d'une altération différentielle. Comme l'altérabilité respective des minéraux est assez bien établie, il est normal que la teneur en minéraux intervienne plus ou moins largement dans la résistance des matériaux cristallins. Schématiquement, on pourrait dire qu'un g^ranite a d'autant moins de chances de s'altérer qu'il est plus siliceux, riche en quartz ou en silice combinée de feldspaths potassiques, d'autant plus vulnérable au contraire qu'il contient plus de plagloclases (notamment des feldspaths calciques) et de biotite. Ainsi s'éclairent la résistance relative des leucogranites en général, la faiblesse des granites calco-alcalins à biotite et a fortiori des granodiorites. Mais en fait, la séquence d'altérabilité des minéraux n'est pas immuable, tributaire qu'elle est du milieu climatique et du microdrainage plus ou moins acide. Par exemple, la teneur en biotite n'intervient activement que sous des climats humides, où l'hydrolyse suivie du gonflement par hydratation sont des processus courants. Au reste, la libération du fer ne signifie pas automatiquement un affaiblissement de la roche, puisque dans les milieux tropicaux à saison sèche, le fer à l'état d'oxydes ferriques est la source d'un cuirassement qui protège efficacement les altérites de la dissection. Il ne saurait donc y avoir une règle simple d'application universelle. Néanmoins, des constantes se dégagent d'études menées indépendamment dans des régions éloignées d'une même zone. Par exemple, pour les 44 milieux humides des moyennes latitudes, les facteurs minéralogiques ou chimiques occupent assez souvent une place importante dans l'altération et la différenciation des modelés qui en résulte. Selon les cas, on peut mettre plus précisément l'accent sur tel ou tel facteur - importance du quartz, proportion des alcalins, rapport Si/Ai, pourcentage des plagloclases, part respective des felspaths sodiques et calciques, teneur en biotite, etc. -, mais il est évident que ces facteurs ne varient pas indépendamment les uns des autres. De la Bretagne à la Pologne du Sud, et de l'Ecosse à la Galice, on retrouve un peu partout ce rôle primordial joué par la composition minéralogique. En revanche, sous d'autres climats, notamment les climats plus secs, d'autres facteurs semblent l'emporter. Mais il est une règle qui est d'application très générale : à composition chimique voisine, les granites les plus homogènes, donc les moins bien pourvus en espèces minérales différentes, résistent mieux que les autres. L'hétérogénéité est un facteur de faiblesse. II est parfois indispensable, dans les milieux les plus divers, de faire intervenir, à côté de la proportion des minéraux, leur arrangement, la texture de la roche et son architecture intime. Selon qu'il est isolé ou en lits, un minéral altérable n'aura pas du tout les mêmes effets d'ébranlement de l'édifice rocheux. Ainsi, s'explique l'affaiblissement, assez général, des gneiss à lits de biotite par rapport aux granites. Inversement, la présence d'une texture à pâte vitreuse (rhyolite) ou microg^enue (microgranite) ou encore d'une trame d'inter-croissance des minéraux (granophyre) sont des caractères qui avantagent les roches de semi-profondeur ou à deux temps de consolidation par rapport aux granites ordinaires de même composition (ex. : complexe du Bushveld au Transvaal). D'ordinaire, les granites à feldspaths et quartz engrenés ou ceux qui comportent des cloisons de quartz résistent mieux à l'altération que les granites orientés à traînées de micas noirs. A la limite, le facteur texture peut devenir prépondérant quand des socles nettement basiques (labradoriles, dolérites, diabases), défavorisés sur le plan de la composition chimique, doivent à leur architecture très compacte de dominer des roches granitoïdes acides (Bouclier laurentien, Afrique du Sud). Quant au cas, évoqué plus haut, des mylonites et des granites broyés (pourvus ou non d'une trame de recristallisation), il met clairement en évidence le rôle joué par la structure intime^. En bien des cas, les problèmes d'érosion différentielle entre granites et surtout entre roches granitiques et roches cristallines, d'autres familles ne s'éclairent correctement qu'à la lumière d'un autre facteur : la division de la roche qui commande la pénétration de l'eau. Certains auteurs (Birot, Lautensach...) vont même jusqu'à considérer ce facteur comme primordial. U est courant de remarquer que le réseau des diaclases et des fractures commande, par sa densité, la répartition des volumes saillants et déprimés du modelé. L'exemple des dômes de la région de Rio de Janeiro, sains et très massifs, séparés par des ensellements de roches (de composition parfois analogue), intensément fissurées, est bien connu. Dans le nord-ouest de la péninsule Ibérique, des cuvettes larges de plusieurs kilomètres coïncident avec des granites très désagrégés et divisés par des diaclases verticales, tandis que sur les intervalles affleurent des granites massifs, peu altérés, que traversent de rares joints subhorizontaux. C'est également à leur texture très compacte que les "cornéennes" des auréoles de contact de métamorphisme en bordure des batholites doivent d'être fréquemment en saillie et de dominer à la fois les sédiments ou les schistes du pourtour et les roches granitoïdes du pluton. Ce dispositif s'observe dans les milieux climatiques les plus divers : de la Normandie (batholite de Flamanville) au Japon (mont Hiei dans le Kwansaï*). 45 Le rôle joué par l'espacement des diaclases n'est du reste pas limité à celui d'une voie de pénétration plus ou moins aisée pour les phénomènes d'hydrolyse : il s'y ajoute - notamment pour les socles des hautes latitudes et ceux des domaines froids de montagne - la facilité plus ou moins grande offerte aux processus de cryoclastie et donc de mobilisation des débris par les glaciers. A Arran (Ecosse) par exemple, de deux granites tertiaires de même composition chimique disposés en couronne, le plus externe à grain grossier est en saillie parce que moins fracturé que le granite central à grain fin (Godard). Cependant, l'intervention des nuances sont à apporter du diaclasage n'est pas toujours aussi évidente. Bien : 1 - la disposition des joints qui est parfois aussi importante que l'espacement, peut dans ses relations avec la topograhie être aussi bien une conséquence qu'une cause, grâce aux phénomènes d'exfoliation par détente ; certaines directions potentielles étant exploitées, d'autres pas ; 2 - des anomalies apparentes obligent à prendre en considération la fissuration à l'échelle du cristal, microfissuration qui n'est pas liée de façon simple au diaclasage. Comment comprendre en effet que si souvent des granites tardifs à g^rain fin restent sains, en dépit d'un fort découpage par des diaclases rapprochées, alors qu'au voisinage des granites grossiers sont profondément arénisés malgré des joints verticaux très espacés ? Il semble que la fissuration concentrée dans le premier cas, en de grades cassures où l'eau circule vite soit, dans le second, "diffuse" au niveau des cristaux et constitue alors un micromilieu d'imprégnation plus favorable aux progrès de l'hydrolyse. Toutefois, il reste un domaine où la division du granite à toutes les échelles devient un facteur "tyrannique" dans la météorisation, c'est évidemment celui des secteurs d'intense tectonisation où le socle est réincorporé à des chaînes de montagnes récentes. En Sardaigne ou dans les Pyrénées orientales, les formes d'érosion différentielle sont largement tributaires du broyage du granite. A la limite, la "trituration tectonique" est si intense et si générale qu'elle "écrase" tous les autres facteurs, comme dans les Andes de Mendoza, où le long d'axes anticlinaux éventrés affleurent d'énormes volumes de granites concassés, désagrégés en arène par les altérations hydrothermales et météorique et mobilisés par le gel (Birot). Naturellement, l'ébranlement du matériau n'est pas toujours aussi spectaculaire. Mais, même en l'absence de broyage visible à l'oeil nu, les fissures microscopiques notamment celles qui traversent les cristaux de quartz - trahissent les efforts tectoniques postérieurs à la cristallisation du granite. Cette micro-fissuration, décelable indirectement par les mesures de perméabilité, a dans l'absorption de l'eau et l'altération un rôle d'autant plus fondamental que l'eau est plus rare, le climat plus sec. Bien des contrastes morphologiques des régions arides ou semi-arides s'expliquent de cette façon. Or, nous avons vu que la microfissuration était largement tributaire des conditions de mise en place des corps granitiques, dans leurs relations avec les efforts tectoniques tardifs. Tous ces problèmes d'altération différentielle souligrnent la complexité des phénomènes de météorisation dans les roches granitiques. Mais les volumes inégalement altérés de gfranite ne constituent encore qu'un "potentiel", dont l'exploitation va dépendre du bilan altération/ablation ; un bilan qui se modifie au long de l'évolution morphologique, notamment au cours des crises climatiques ou tectoniques." 46 A travers ce texte nous retrouvons les principaux facteurs à prendre en compte dans la recherche de fissure ouverte sous recouvrement. Le rôle des différentes caractéristiques des roches et de leur environnement sur le modelé peut se résumer par le tableau suivant : Modelés dominants Rôles des minéraux Altération en plein Altération en creux alcalin alumineux calco-alcalin, plagloclases de l'espacement faible à moyen (hm) fort (dm, m) froid sec humide + micas des diaclases du climat chaud sec (tous les climats pour les pains de sucre) de l'influence de peu marqué marquée, modelé fragile l'homme Tableau 1 - Problèmes d'érosion différentielle (In: Klein, 1985) ilf\f-'~v',!| V / I ^ -> \ / ^^(l\il W, Figure 31 - Exemples de modelés convexes et concaves 47 Chapitre 5 CONCLUSION L'histoire de l'isolement de réservoirs magmatiques, dans le cadre d'un affrontement ou d'une distension de lithosphère, est le prélude à la mise en place de plutons granitiques d'orientations et de fragilités distincts. Les mouvements contemporains du passage de l'état visqueux à l'état solide servent de marqueurs aux déplacements par rupture du magma cristallisé. L'analyse tente, différentes échelles, de relier la rigidité acquise du granite refroidi, cristallisé avec les caractères morphologiques et structuraux de la roche en surface. à Ainsi, l'instabilité des feldspaths par fixation de calcium entraîne une ouverture des chaînes silicatées et par transfert l'échelle kilométrique, des modelés de surface où l'ablation domine l'incision. Dans ce cas, l'écoulement synchrone de la mise à à nu de ces granites fragiles ralentit la convergence des eaux de surface et augmente le transit dans la frange d'altération longitudinaux superficielle. Les profils transversaux et des axes de drainage sont alors à dominante concave : le modelé exprime d'avantage l'instabilité minérale, privilégiée par rapport à des traces de déformations mécaniques cassantes. De la même façon, la stabilité minérale, garantie au niveau des chaînes silicatées de feldspaths par une plus grande abondance de noyaux fortement liées, sodium et potassium, ainsi que par le taux d'engrainement accentué des quartz et des feldspaths, concoure à la cohésion d'ensemble du massif rocheux. Cela se traduit dans la morphologie par des profils transversaux et longitudinaux de plus en plus convexes où l'incision domine l'ablation. Les failles et les diaclases, suivant leur continuité et leur espacement, jouent un rôle d'armature de collines ou renforcent le cloisonnement et le fractionnement en boules à l'échelle métrique, ll y fait une plus ou moins grande coïncidence entre l'alignement des drains et les ligones de failles. L'aspect extrême d'un système peu décomprimé, sous contrainte actuelle conduit à des cheminements parallèles et des difluences. L'histoire de l'écoulement et du sous-écoulement tendent à être globalement divergentes. a de ce L'analyse morphologique comme méthode d'approche et de détection des fissures conduisant l'eau permet d'espérer relier le sous-écoulement et l'écoulement 48 de surface, au degré de convexité des drains. Pour respecter les effets d'échelle dans l'espace et dans le temps, les schémas de relations des variables d'état et des paramètres de contraintes sont non linéaires, et obéissent à des relations de convergence illustrées par l'analyse systémique. Cet inventaire de formes sert de préalable à des interventions de terrain en géologie et en géophysique centrées le positionnement et l'interconnexion des fissures. Dans l'évolution théorique d'une forme de relief, tenir compte d'une terminologie génétique, nous pouvons caractériser la persistance des reliefs en plein par la convexité et celle des creux par la concavité. Dans le détail, la trace des mouvements verticaux actuels infirme la rég^ularité des profils concave-convexe et la pérénité et la symétrie des écoulements. Cette genèse dans un granite, .dans le cas des creux dominants, privilégie dominants, sans les fissures rapprochées et, dans le cas de pleins celle d'un espacement moyen de diaclase sur une roche pauvre en minéraux calciques. L'importance en volume de la zone décomprimée sera plus grande dans les modelés concaves sous recouvrement que dans les volumes restreints de vallées de ligne de taille limitant la plupart des reliefs convexes. La recherche de continuité interconnectées, nous amène fissures ouvertes, sous recouvrement de à nous et interroger sur les propriétés de la surface topographique. En choisissant une échelle appropriée à chaque étude, la surface topographique se réduit à une juxtaposition de formes élémentaires dont on peut mesurer la concavité et la convexité (Depraetere, 1985). Cette démarche morphométrique élémentaire sera confrontée et juxtaposée aux données de l'analyse d'image pour orienter conjointement une recherche de structure sur le terrain. Elle répond à l'objectif fixé qui est de repérer des jalons de discontinuités de fissures sous recouvrement. Elle est opérationnelle quel que soit le degré de connaissance des autres facteurs. 49 TABLEAU RESUME Granites et métamorphisme Modèles statiques Instabilité des feldspaths vers Stabilité des feldspaths le pôle calcique Texture hiérarchisée hétérogène Texture hiérarchisée homogène -o Métamorphisme Modèles dynamiques Anatexie < Caractères chimiques des granites orogéniques alumineux : calco-alcalin source crustale source mixte : alcalin : source mantellique Dispositif topographique dominant alumineux : calco-alcalin topographie convexe topographie concave : alcalin : topographie convexe 50 Pôles de stabilité . engrainement quartz + feldspaths fort . grain fin . diaclases espacées . . "armature" de dykes granites anorogéniques . eustatisme dominant . relief collinaire . convexité générale horizontale et verticale . une seule fragilisation en grand est possible : la décompression glacio- eustatique associée à des eaux peu minéralisées introduisant une porosité matricielle de tout un massif Pôles d'instabUité . roche équante (= texture isotrope) . grain moyen à grossier . diaclases espacées . peu de dykes (taux d'ablation fort de l'apex) . granites orogéniques . mouvements verticaux . flux de chaleur . climat humide . type calco-alcalin dominant . relief où l'abrasion domine l'incision, alvéoles, replats barrés, empâtement et anastomoses des réseaux hydrog^raphiques, modèle à concavité horizontale dominante 51 Chapitre 6 RESUME DES RESULTATS : PROPOSITIONS DE TRAVAIL Il a été défini assez sommairement ce que représentent les granites et dans quelle fraction de la zone décomprimée superficielle se situent les fissures dans lesquelles transite l'eau. La frange altérée superficielle forme, à la fois, un masque à la lecture commode des fissures et un volume potentiel d'emmagasinement de l'eau. De ce fait, la recherche des fissures productives dérive de l'évaluation d'indices ténus indirects de zones fissurées sous recouvrement. Cette analyse débouche sur deux conceptions complémentaires. La première est une réactualisation du cahier des charges de l'identification rapide de la fissure "utile", "productive". La deuxième procède d'une considération globale du massif, fracturé ou non, et de définir, fracturé. puis apprendre à reconnaître les analogues morphologiques du non L'extension des couloirs fracturés entre panneaux stériles serait alors délimitée par différence. La deuxième démarche, essentiellement géomorphologique, a l'avantage d'être opérationnelle dans toutes les zones de roches nues ou d'altérites et de se substituer à des analyses géométriques et cinématiques qui ne correspondent, qu'en très faible part, à la recherche et à l'identification de fissures alimentées. Cela revient à établir un scénario type d'intervention, par questions et réponses, en partant de l'image et des photographies aériennes, pour aboutir à une implantation rapide et sûre sur le terrain en prenant conscience que ce ne sont pas les mêmes objets, ni des objets de même taille que l'on "mesure". 52 - Proposition de travaux En conclusion, il est proposé quelques axes de recherches de méthodes nouvelles. Le premier axe revient à considérer que la zone décomprimée n'est pas d'égale épaisseur et qu'elle est l'image de la néotectonique. L'identification l'ellipsoïde de la contrainte des axes de actuelle permet d'assimiler les zones surdiaclasées ouvertes actuelles comme des plans parallèles à la composante horizontale maximale de la contrainte actuelle. Le deuxième axe consisterait à mesurer en forage la présence ou l'absence de fissures colmatées par de la calcite, pour certains granites et d'établir une corrélation éventuellement entre ces colmatages et la partie supérieure des zones de roches non décomprimées. Le prélèvement de calcite sur les stries de panneaux faillées permet de dater, par la méthode uranium-thorium, l'âge de la dernière remobilisation de la faille. Plus la calcite formant le tectoglyphe est pure, plus l'âge est précis. La méthode n'est utilisable que pour les 300.000 dernières années. Par relais successifs d'imprégnations partielles jusqu'à la surface, on peut supposer que l'on a eu à un moment donné un stade de colmatage plus ou moins complet des fissures, et ainsi l'âge peut être également l'âge le plus ancien de la dissolution de la calcite "superficielle". Cela donnerait un ordre de grandeur du volume de calcite dissoute, assimilable, en tout ou partie, à une fraction de volume de vide global crée par la réouverture de la fissure. L'âge trouvé peut être globalement resitué dans une évolution climatique des mêmes 300.000 dernières années. Par exemple, pour une tranche de temps de climat chaud et humide persistant encadrant "l'âge calcite" trouvé, on aura tendance à considérer que le volume à dissoudre est maximal et que la dissolution n'opère qu'à partir de l'instauration de conditions climatiques différentes. 53 En dehors des remplissages hydrothermaux, les conditions de libération du calcium des minéraux tels que pyroxenes, amphiboles, apatite, feldspaths calciques ne sont pas connus, mais le réflexe d'employer l'acide chlorhydrique, sur les fissures en surface et sur les cuttings de sondages destructifs, est peut être le début d'une bonne méthode indirecte d'évaluation des vides interconnectés dans un granite. Pour le moment, il n'y a aucune méthode en surface pour dire si un granite a été hydrothermalisé ou non, et cela limite beaucoup cette nouvelle approche. Une nouvelle orientation de recherche se précise également à l'issue de ce rapport. Etant donné que les forages en zones sahéliennes sont souvent imposés près de villages existants, l'étude de l'homme comme agent géomorphologique s'impose en particulier pour l'information indirecte contenue dans les traces de surpâturage, de piétinements de bestiaux et d'incendies. A ce titre, le livre de Nir (1983), présente une excellente introduction méthodologique. Cette analyse interdisciplinaire en apportant le point de vue du géomorphologue fait ressortir que le magmatologue et le structuraliste ne s'intéressent que très secondairement aux failles ouvertes dans la zone décomprimée car du point de vue génétique elles sont des marqueurs déviés. Pour employer une image, la petite fracturation est une sorte de poisson pilote qui accompagne la grosse faille-baleine et c'est précisément la grosse faille que l'hydrogéologue doit forer. Les meilleurs rendements s'observent quand le poisson pilote est assez écarté de la baleine et c'est cet étalement que l'on peut raisonnablement espérer repérer par équivalences des formes de la surface du sol. 55 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Barker (F.), 1981.- Introduction to special issue on granites and rhyolites. A commentary for a non specialist.- Journal of Geophysical Research, voL 86, n°B 11, p. 1031-35. Bertrand (L.), Beucher (H.), Creutin (D.), Feuga (B.), Landry (J.), Thiery (D.), 1982.Essai de détermination de la distribution régionale tenseur de du perméabilité du "milieu poreux équivalent".- Les milieux discontinus en hydrogéologie.- Document BRGM n°45. Bertrand (L.), Durand (E.), Feuga (B.), 1982.- Détermination en sondages de la perméabilité d'un milieu rocheux fracturé. 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ANNEXE U Etude morphologique du massif granitique de FlamanviUe Extrait feuille de la 0.5 0 u axe ^,-^ hauts Q contre - sens de la pente topographique moyenne point haut de la topographie Commentaire : L'étude° morphologique suggère la présence de qui ont eu une influence poradoxoles km I 0^ 4:^ 64 -grophique PIEUX d'écoulement anormal sur une fracture probable écoulement ) I I 1 courbe enveloppe des points . 70 Les IGN , influence du réseau froctures dominante dans la mise en place du réseou hydro- qui se traduit et du , por endroits, par des superpositions relief général. Ul réalisation service reprographie du BRGM 86 SGN 700 EAU