Le 15e jour du mois, mensuel de l'Université de Liège
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Lorsque les médications ne parviennent pas à apaiser la souffrance et que la douleur perdure, on parle
alors de douleur chronique. L'OMS la définit comme "une douleur qui persiste plus de six mois" et l'on
pense aux lombalgies, aux céphalées, aux pathologies inflammatoires. « Cette douleur persistante
devient rapidement invalidante, poursuit Marie-Elisabeth Faymonville. Le patient entre dans une spirale de
polymédication dont le bénéfice est faible, sombre parfois dans un catastrophisme délétère et manifeste
des troubles de l'humeur difficiles à vivre pour ses proches. Certains s'orientent vers la chirurgie… qui n'est
pas toujours conseillée. Peu à peu ces patients s'isolent dans leur douleur, se coupent de toute vie sociale.
Ainsi commence ce que nous appelons la "douleur-maladie". Des réactions émotionnelles d'anxiété, voire
de détresse apparaissent. En l'absence de solution efficace, le patient peut se rebeller ou se résigner pour
adopter un "comportement de malade" : c'est le syndrome douloureux chronique. »
Sortir de l'engrenage
En 2001, la fondation européenne des chapitres de l'Association internationale pour l'étude de la douleur
déclarait que "la douleur chronique avec ses conséquences multiples sur l'activité physique, les limitations
socio-économiques et la qualité de vie pouvait être vue comme une maladie à part entière". Elle constitue
à l'évidence un réel problème de santé publique. Ses conséquences sont multiples sur l'activité physique,
l'activité professionnelle, la qualité de la vie. Une enquête européenne menée en 2006 montre que la
Belgique se situe au 5e rang des plus gros consommateurs d'anti-douleurs. Si près de la moitié de la
population belge âgée de plus de 15 ans ne présente aucun symptôme douloureux, l'autre moitié évoque
néanmoins une douleur au cours des quatre dernières semaines. Les femmes sont plus nombreuses (56%)
que les hommes (45%) à s'en plaindre.
Selon Marie-Elisabeth Faymonville, « le seul substrat biologique n'explique pas tout » et le traitement
ne peut plus, dès lors, relever uniquement de la sphère bio-médicale. En effet, on n'a plus seulement
affaire à un tissu lésé mais à une problématique bien plus complexe. Une approche globale du patient est
nécessaire, sur le plan biologique, psycho-social et professionnel. Au CHU de Liège, le Centre de la douleur
réunit des spécialistes de différentes disciplines : anesthésistes, neurochirurgiens, gériatres, internistes,
psychologues, kinésithérapeutes, infirmiers, etc.
Si la médecine dispose d'un panel d'outils pour soulager la douleur - infiltrations, anti-douleurs per os,
patchs, Tens, radiofréquence -, l'approche psychologique est également recommandée dans les cas