ème 3 IFSI année: Troubles psychiatriques de la grossesse et du post-partum Dr Lamyae Benzakour Chef de Clinique Assistant Service de Psychiatrie et de Psychotraumatologie de Tenon S509PROCPSYCHO06LB 1 Introduction • Les troubles liés à la puerpéralité forment un % conséquent de la morbidité psychiatrique vue en médecine générale et en pratique psychiatrique. • Entre 15 et 20% des patients vus en maternité ont des troubles mentaux susceptibles d’avoir des conséquences pour les obstétriciens. • Entre 10 et 20% des accouchées souffriront de dépression dans l’année suivante et 2 à 5% seront adressés à un psychiatre. S509PROCPSYCHO06LB 2 • 2% des accouchées auront besoin d’une admission en psychiatrie et l’on sait qu’une femme a 16 fois plus de « chances » d’être admise en urgence en psychiatrie dans les 30 jours du post-partum qu’à une autre période de sa vie (et 30 fois plus pour un épisode psychotique) • Voilà pourquoi la maternité représente un risque accru pour la santé mentale S509PROCPSYCHO06LB 3 • La période de la grossesse est donc cruciale pour la mise en place de mesures de surveillance et de prévention qui vont reposer sur des réseaux existants de soins, les infirmières de psychiatrie et de secteur, les sages femmes et des puéricultrices de secteur et bien sûr les médecins et les psychiatres S509PROCPSYCHO06LB 4 Motifs les plus fréquents de consultation en urgence de la femme enceinte • Contractions utérines (cf Fausse couche ou accouchement) • Perte de sang • Fièvre • Céphalées toujours penser à la pré-éclampsie • Douleurs abdominales toujours penser à la pré-éclampsie • Prurit • Vomissements toujours penser à la pré-éclampsie • Troubles psychiatriques Etat dépressifs • Convulsions Troubles psychotiques S509PROCPSYCHO06LB 5 La grossesse • Période de remaniements physiologiques +++ (somatiques et hormonaux) • Période de remaniements psychologiques +++ (processus de maternalité) • Moment d’accès privilégié au psychisme « transparence psychique » (Racamier, 1961) • Véritable « crise maturative » avec la reviviscence de conflits +/- archaïques (Bibring, 1961) S509PROCPSYCHO06LB 6 • D’où la fréquence des troubles psychiatriques. Ainsi, Ey (1989) parlait de « psychose puerpérale » = tous les accidents psychiatriques de la grossesse de la puerpéralité et de l’avortement allant de la réaction névrotique légère à la psychose de long cours. L’acceptation du terme psychose puerpérale s’est depuis limitée au seul trouble psychiatrique aigu (délirant et/ou affectif) du post-partum immédiat. S509PROCPSYCHO06LB 7 • Certaines études évoquent jusqu’à 38% des femmes enceintes souffrant de symptomatologie anxieuse, dépressive, alimentaire ou de prise d’alcool et autres drogues (réf) Et pourtant…. S509PROCPSYCHO06LB 8 • Contrairement à la période puerpérale du postpartum, la grossesse est souvent considérée comme une période d’accalmie (notamment pour les troubles psychotiques). • Mais le développement de la psychiatrie périnatale (par Kumar et Brockington dès 1982) a montré l’impact délétère des troubles anxieux et des troubles de l’humeur, apparaissant durant la grossesse, sur le post-partum et le développement de l’enfant. S509PROCPSYCHO06LB 9 • Cette sur-représentation des troubles anxieux et dépressifs réactionnels chez la femme enceinte évoque l’hypothèse existentielle, telle le processus de deuil ou l’adaptation à un évenement potentiellement traumatique (cf Roegiers 2003). • L’anxiété de la femme enceinte est-elle pathologique si les antécédents révèlent une pré-éclampsie ou la perte d’un bébé dans l’histoire familiale ? • Doit-on considérer le fait de ne pas se sentir à la hauteur des attentes familiales ou sociales pesant sur sa grossesse comme une dépression ? S509PROCPSYCHO06LB 10 Dépression Anténatale S509PROCPSYCHO06LB 11 ÉPIDÉMIOLOGIE • Prévalence variable selon Kumar 1984 et Kelly 2001 : – Entre 2 et 6 % pour les épisodes dépressifs majeurs (surtout 2ème moitié de grossesse) – 5 et 12 % pour les épisodes dépressifs mineurs – Selon Bennett en 2004 une prévalence de 7,4 % au 1er trimestre – 12,8 % au 2ème trimestre – 12 % au 3ème trimestre • Pour 1/3 de ces femmes c’est un 1er épisode dépressif majeur S509PROCPSYCHO06LB 12 FACTEURS DE RISQUE ? • • • • • • • • • jeune âge, primiparité antécédents d’accidents obstétricaux et/ou avortement caractère non programmé de la grossesse –ambivalence absence de conjoint violence familiale difficultés sociales antécédents de dépression haut niveau d’anxiété comportements à risque (tabagime, usage de drogues, d’alcool) S509PROCPSYCHO06LB 13 Sémiologie: non spécifique • • • • • • • Tristesse Anhédonie – perte d’intérêt pour la grossesse Anticipation péjorative de l’avenir Mésestime de soi Irritabilité – crises de larmes Rares idées suicidaires + signes fonctionnels : diminution de l’appétit, troubles du sommeil, ralentissement psychomoteur, fatigue. • Risque ++ d’attribuer les plaintes somatiques (sommeil, fatigue) aux changements hormonaux et fonctionnels liés à la grossesse S509PROCPSYCHO06LB 14 ÉVOLUTION • Régression avant la naissance le plus souvent. • 20 à 40 % se prolongent ou récidivent durant le post-partum. Ainsi une dépression majeure en rémission traitée avant la grossesse ou au début de la grossesse tend à récidiver dans 50 à 70 % des cas en cas d’arrêt des psychotropes (contre 25 % si le traitement est maintenu) (Cohen 2006). S509PROCPSYCHO06LB 15 CONSÉQUENCES ? • De nombreux facteurs sont en cause – Les facteurs de risque (toxicomanies, conditions socio-économiques) – Impact du traitement psychotrope • Effet propre de la dépression : – ++ complications obstétricales avec accouchement prématuré, augmentation des césariennes – ++ perturbation développement à court et moyen terme de l’enfant avec des difficultés d’adaptation, des troubles de l’attention, du comportement et des acquisitions. S509PROCPSYCHO06LB 16 ÉVALUATION DES EFFETS SUR L’ENFANT? • Anomalies biologiques (augmentation taux cortisol, diminution du tonus vagal) (Field, 2008) associé à un ralentissement de la croissance de l’enfant et de son développement socio-émotionnel. • C’est la théorie anglo-saxonne du « Prenatal early Life Stress (ELS) (par Evans, Brenan, Weinstock). S509PROCPSYCHO06LB 17 • Il y a une élévation de la corticotrophin Releasing Hormon (CRH) et du cortisol de la mère stressée ou déprimée. • Le cortisol exerce un effet délétère sur les différents paramètres obstétricaux (risque de prématurité, modification de l’activité fœtale, retard de croissance intra-utérin). S509PROCPSYCHO06LB 18 • Traverse la barrière placentaire et influence le développement du système nerveux fœtal d’où une modification de la « programmation » de l’axe hypothalamique – pituitary - adrenocortex de l’enfant. • D’où un défaut de fonctionnement impliqué dans les troubles observés chez l’enfant (troubles de l’attention, du comportement et troubles dépressifs à l’adolescence) (travaux récents). S509PROCPSYCHO06LB 19 POST-PARTUM BLUES S509PROCPSYCHO06LB 20 Définition • N’est pas considéré comme un état pathologique. • Mais c’est un facteur de risque de trouble psychiatrique du post-partum lorsqu’il est trop long ou trop sévère. • =BABY-BLUES = SYNDROME DU 3ÈME JOUR S509PROCPSYCHO06LB 21 ÉPIDÉMIOLOGIE • Concerne entre 30 et 80 % des accouchées selon les études. S509PROCPSYCHO06LB 22 Quand ? • Entre le 2ème et le 5ème jour après l’accouchement. • Pic au 3ème jour. • Durée parfois réduite à 24 h, comprise en moyenne entre 4 et 7 jours au maximum. S509PROCPSYCHO06LB 23 SÉMIOLOGIE • • • • • • • Anxiété Irritabilité Labilité émotionnelle Dysphorie Troubles du sommeil Fatigue Plaintes somatiques S509PROCPSYCHO06LB 24 • Crises de larmes • Susceptibilité • Crainte d’être délaissée ou de ne pas pouvoir s’occuper du bébé surprenant l’entourage. S509PROCPSYCHO06LB 25 Pourquoi ? • En rapport avec un état d’hypersensibiliré émotionnelle. • Résulte des réaménagements affectifs et cognitifs IIres à l’accouchement et au processus de « maternalité ». S509PROCPSYCHO06LB 26 PRISE EN CHARGE • Pas de traitement médicamenteux • La relation avec les soignants, la mobilisation de l’entourage, l’information, une attitude chaleureuse et compréhensive suffisent le plus souvent. • Si les symptômes persistent au-delà de la 1ère semaine, installation d’un Épisode Dépressif Du Post-Partum, d’où la nécessité de dépister et de surveiller le post-partum blues. S509PROCPSYCHO06LB 27 DÉPRESSION DU POST-PARTUM S509PROCPSYCHO06LB 28 ÉPIDÉMIOLOGIE • 10 à 20% des femmes • Souvent le 1er Épisode Dépressif Caractérisé • Souvent d’intensité légère à modérée sans caractéristiques psychotiques • Problème de santé publique par leur fréquence, leur diagnostic difficile et les risques graves encourus par la mère et le bébé. S509PROCPSYCHO06LB 29 Quand ? • En prolongation des symptômes du postpartum blues au-delà de 7 jours. • Soit dans l’année suivant l’accouchement. • Le plus souvent dans les 3 à 6 semaines. S509PROCPSYCHO06LB 30 SÉMIOLOGIE • Dépression du post-partum sans caractéristiques psychotiques – Humeur triste avec un sentiment de découragement et d’incapacité concernant la fonction maternelle. Plaintes somatiques insistantes (céphalées, douleurs abdominales) – Anxiété importante s’exprimant surtout par les phobies d’impulsion , des craintes de faire mal au bébé, et un évitement du contact avec celui-ci. S509PROCPSYCHO06LB 31 • Forte culpabilité « j’ai tout pour être heureuse » avec minimisation des troubles, voire dissimulation à l’entourage. Manifestations devant alerter sur une possible souffrance psychique du bébé: – – – – – Troubles du comportement (agitation, apathie) Retard du développement psychomoteur Troubles fonctionnels (sommeil, alimentation) Pathologies médicales psychiatriques (coliques) Troubles des interactions mère-bébé S509PROCPSYCHO06LB 32 • Dépression du post-partum avec symptômes psychotiques – Commune à la forme sans symptômes psychotiques à laquelle s’ajoutent • Des idées délirantes dont le thème est centré sur le bébé(idées de substitution, d’empoisonnement, d’envoûtement) ou sur la filiation (négation du couple, de la maternité) • Le risque suicidaire ou le risque d’infanticide doivent être rigoureusement évalués. • Le diagnostic différentiel est la psychose puerpérale. S509PROCPSYCHO06LB 33 PRONOSTIC/ÉVOLUTION • Risque de récidive dépressive au décours d’une nouvelle grossesse ainsi qu’en-dehors de la périnatalité. • Parfois la première manifestation d’un Trouble Bipolaire (TB) • L’impact sur le développement psychique de l’enfant n’est pas négligeable en l’absence de prise en charge. • D’où l’importance d’une prise en charge précoce pour préserver au mieux les effets sur les interactions mère-enfant. S509PROCPSYCHO06LB 34 PRISE EN CHARGE • Importance de la prise en charge précoce +++ • Repérage possible par consultations manquées: les rappeler et les soutenir • Nécessite parfois l’intervention des services sociaux quand la patiente refuse les soins et qu’elle banalise la situation. S509PROCPSYCHO06LB 35 • Psychothérapie – Individuelle – Mère-bébé • Chimiothérapie – Antidépresseur+/-Anxiolytique • Arrêt de l’allaitement conseillé • Sismothérapie indiquée devant un tableau mélancolique • Suivi ambulatoire pluridisciplinaire (psychiatre, pédopsychiatre, pédiatre, médecin généraliste et service de Protection Maternelle Infantile) S509PROCPSYCHO06LB 36 • Hospitalisation nécessaire en cas de trouble sévère • De préférence en unité mère-enfant • MAIS…Peut être imposée en cas de refus de soins, en cas de défaillance maternelle grave nécessitant de séparer la mère de son enfant • Les contacts mère-enfant doivent être réinstaurés dès que possible S509PROCPSYCHO06LB 37 TROUBLES ANXIEUX PENDANT LA GROSSESSE S509PROCPSYCHO06LB 38 ÉPIDÉMIOLOGIE • Pathologie la plus fréquente chez la femme ! (12 % chez l’homme et 22 % chez la femme) • ++ entre 18-35 ans (56 %) • Sundstrom (2001) retrouve une prévalence de 12 % pendant la grossesse • Comorbidité ++ entre troubles anxieux et dépressifs • De nombreuses échelles d’évaluation intègrent les deux paramètres ajoutant à la confusion S509PROCPSYCHO06LB 39 FACTEURS DE RISQUE ? • Ambivalence • Crainte sur l’issue de la grossesse • Événements de vie stressants • Absence de soutien familial S509PROCPSYCHO06LB 40 SÉMIOLOGIE • • • • Anxiété généralisée Attaque de panique Troubles obsessionnels compulsifs Syndrome de stress post-traumatique (si antécédent accouchement traumatique) • Anxiété propre à la maternité (anxiété généralisée) relation à la grossesse et à l’accouchement rôle du futur parent. S509PROCPSYCHO06LB 41 L’anxiété est : • • • • Maximum au 1er trimestre Diminue au 2ème trimestre Accalmie vers le 6ème – 7ème mois Recrudescence dans les semaines précédent l’accouchement S509PROCPSYCHO06LB 42 ÉVOLUTION • Continuité ++ entre pré et post-partum où l’anxiété est plus marquée (Ross, 2006) • L’anxiété surtout en fin de grossesse est un indicateur ++ de troubles dépressifs post-nataux graves S509PROCPSYCHO06LB 43 CONSÉQUENCES ? • Idem à celles de la dépression par le mécanisme du « Early Life Stress ». S509PROCPSYCHO06LB 44 LES TROUBLES BIPOLAIRES (TB) PENDANT LA GROSSESSE S509PROCPSYCHO06LB 45 EFFETS DE LA GROSSESSE SUR LES TB ? • Période d’accalmie relative • Rapport de 1 à 3 par rapport aux décompensations du post-partum S509PROCPSYCHO06LB 46 FACTEURS DE RISQUE DE DÉCOMPENSATION • Certaines formes de troubles bipolaires : – TB 2 – Début précoce – Nombre ++ de récurrences pendant l’année • > 4 épisodes avant la grossesse • Utilisation d’antidépresseur, d’anticonvulsivant • Arrêt rapide du lithium (< 2 semaines) S509PROCPSYCHO06LB 47 CLINIQUE • La sémiologie n’est pas spécifique mais la proportion de troubles mélancoliques est plus importante • A noter la forte tendance à la récidive lors des grossesses suivantes : dans 30% des cas S509PROCPSYCHO06LB 48 CONSÉQUENCES SUR LA GROSSESSE ET L’ENFANT? • À l’accouchement – Complications liées à la prise de psychotropes ou à l’abus de substances – pas d’anomalie typique. • Devenir des enfants – Fréquence accrue de troubles du comportement externalisé (hypo-activité) et internalisé (anxiété, dépression) (Hodgkins en 2002). – 2,7 X plus de risque de présenter un trouble psychiatrique et 4 X plus de risque de présenter un trouble bipolaire (Hodgkins, 1997). S509PROCPSYCHO06LB 49 LES TROUBLES PSYCHOTIQUES CHRONIQUES S509PROCPSYCHO06LB 50 ÉPIDÉMIOLOGIE • Taux de décompensation des psychoses chroniques est 5 X moindre pendant la grossesse / postpartum, mais c’est une grossesse à risque car : – découverte tardive (moindre connaissance de leur corps, aménorrhée médicamenteuse ancienne) – déni de grossesse – milieu social défavorisé – mauvais suivi obstétrical – toxicomanies associées – traitements psychotropes à maintenir S509PROCPSYCHO06LB 51 CONSÉQUENCES ? • À la naissance ? – Fréquence accrue de malformations non spécifiques de l’enfant – Complications obstétricales : • • • • • Hématomes rétroplacentaires Souffrance fœtale aiguë avec hypoxie Hypotrophie Prématurité Augmentation de la mortalité néonatale S509PROCPSYCHO06LB 52 CONSÉQUENCES ? • Développement des enfants ? – Trouble des interactions mère/bébé corporelles, visuelles et vocales. – Fisch en 1997 a évoqué une pandysmaturation avec des retard de croissance, des troubles du tonus et de la coordination visuo-motrice. – 43 % des enfants de mères schizophrènes présenteraient des troubles d’allure schizophrénique (Mednick, 1971). S509PROCPSYCHO06LB 53 LA PSYCHOSE PUERPÉRALE S509PROCPSYCHO06LB 54 • 1 à 2 naissances sur 1000 • Début brutal • Dans les 4 premières semaines suivant l’accouchement S509PROCPSYCHO06LB 55 SÉMIOLOGIE • • • • Prodromes fréquents Éléments de confusion Bizarrerie Épisode d’agitation associé à des troubles thymiques et des éléments confusionnels fluctuant au cours du temps • Idées délirantes de mécanismes polymorphes et de thématique centrée sur la maternité, l’accouchement, le conjoint S509PROCPSYCHO06LB 56 • Manifestations thymiques marquées par une alternance de phases mélancoliques et de phases maniaques avec agitation • Syndrome confusionnel avec désorientation temporo-spatale, perturbation du rythme veille-sommeil. • Risque majeur suicidaire ou d’infanticide S509PROCPSYCHO06LB 57 DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS • • • • Thrombophlébite cérébrale Rétention placentaire Infections Prise de toxiques ou de médicaments S509PROCPSYCHO06LB 58 PRONOSTIC/ÉVOLUTION • DANS 70 % des cas, accès isolé • 20 à 30 % de récidives au décours de grossesses ultérieures • Dans 10 % des cas, évolution vers un trouble psychiatrique chronique (schizophrénie ou trouble bipolaire) S509PROCPSYCHO06LB 59 PRISE EN CHARGE • Urgence thérapeutique • Hospitalisation en milieu spécialisé avec ou sans son consentement • Assurer la sécuité du bébé • Chimiothérapie par antispychotique +/anxiolytique • Arrêt de l’allaitement S509PROCPSYCHO06LB 60 • Sismothérapie indiquée en fonction de la gravité de la symptomatologie, du risque suicidaire et d’infanticide. • Suivi ambulatoire multidisciplinaire (psychiatre, pédopsychiatre, pédiatre, médecin généraliste et service de la protection maternelle infantile (PMI) avec psychothérapie individuelle pour la mère et consultations thérapeutiques mère-bébé, dès la sortie de l’hospitalisation. S509PROCPSYCHO06LB 61 DÉNI DE GROSSESSE S509PROCPSYCHO06LB 62 DÉFINITIONS • MULTIPLES… – Négation de grossesse au delà du 1er mois – Négation de grossesse à partir du 5ème mois – Négation de grossesse jusqu’au 3ème trimestre S509PROCPSYCHO06LB 63 • Selon Dayan : toutes les formes de négation de grossesse à participation inconsciente conduisant la femme souvent tardivement et brutalement à la reconnaissance pleine et entière de son état lors du travail, voire seulement à la naissance. – Du refus ou incapacité de la femme enceinte à reconnaître son état allant du mensonge ou de la dissimulation ou déni de grossesse des femmes schizophrènes – Déni total ou complet : reconnaissance au moment de l’accouchement – Déni partiel : reconnaissance avant la naissance. S509PROCPSYCHO06LB 64 ÉPIDÉMIOLOGIE • Prévalence : – 0,5-3%/1000 – 26-27 ans – % élevé de femmes vivant en couple S509PROCPSYCHO06LB 65 SÉMIOLOGIE • Absence de signes physiques de grossesse – complicité psychosomatique ou de complaisance psychosomatique. – Souvent contagion du déni à l’entourage • La levée du déni : – Angoisse majeure avec sentiment d’insécurité – État stuporeux quasi dissociatif – Réactions inadaptées : fuite, conduite compulsive de ménage • Après la levée du déni : – Banalisation du déni d’où rare consultation, ni suivi, psychiatrique S509PROCPSYCHO06LB 66 PSYCHOPATHOLOGIE • Selon Dayan : – déni : symptôme basé sur l’ambivalence du désir d’enfant – ≠ dénégation dénis partiels, refus inconscient de reconnaître qu’un élément perçu ou admis puisse se rapporter à une réalité « non ce n’est pas possible, je ne suis pas enceinte » – Déni = négation d’une perception, refus de la réalité d’une perception « je suis enceinte puisque vous me le dites » – Le refoulement permettrait de maintenir des représentations non acceptées dans l’inconscient « je savais que j’étais enceinte mais je n’y pensais pas » S509PROCPSYCHO06LB 67 PSYCHOPATHOLOGIE • L’annulation autre mécanisme de défense où le sujet considère la représentation comme gênante et s’efforce par un comportement ou des pensées magiques de signification opposée, de se maintenir dans un état de passivité « j’ai bien pensé que j’étais enceinte mais je n’y ai pas cru » • Déréalisation névrotique ou psychotique : « j’ai eu un bébé mais je pensais que ce n’était pas le mien » • Aspect psycho-dynamique : certains dénis sont liés au déni de relation sexuelles (cf éducation religieuse stricte, ATCD de maltraitance, conflit œdipien non résolu dans un contexte incestueux) S509PROCPSYCHO06LB 68 DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL – La dissimulation de grossesse • Suite à une grossesse non désirée, sans lien avec un trouble psychiatrique – Déni de grossesse des femmes psychotiques • Délire à thème de négation de grossesse. A noter des modifications corporelles présentes S509PROCPSYCHO06LB 69 CONDUITES ADDICTIVES ET GROSSESSE S509PROCPSYCHO06LB 70 • Toute femme enceinte doit être informée sur les risques de la prise de toxiques pendant la grossesse. • Chercher à favoriser l’alliance thérapeutique. • Éviter toute culpabilisation et stigmatisation. • Traitement de l’addiction incluant ou non des produits de substitution • Prise en charge précoce: – dès le stade prénatal voire préconceptuel +++ S509PROCPSYCHO06LB 71 ALCOOL ET TABAC PENDANT LA GROSSESSE S509PROCPSYCHO06LB 72 Risques liés à l’alcool • Les anomalies congénitales liées à l'alcool(ACLA) 1. le syndrome d'alcoolisme foetal (SAF)? 2. Le SAF partiel 3. Le trouble neurodéveloppemental lié à l'alcool (TNLA) • Le syndrome d'abstinence à la naissance (SAN) S509PROCPSYCHO06LB 73 Comment ? • L’alcool traverse le placenta. • A des effets tératogènes physiques et comportementaux. • Perturbant le développement cérébral. S509PROCPSYCHO06LB 74 Syndrome d’Alcoolisme Fœtal (SAF) Tableau complet ou non Effets dose-dépendants ? Syndrome multifactoriel dépendant de l’exposition à d’autres facteurs environnementaux Facteurs génétiques S509PROCPSYCHO06LB 75 Épidémiologie • 1,3 /1000 des naissances en France, 9/1000 des naissances dans les pays occidentaux • 7000 nouveaux cas chaque année • 1ère cause de retard mental non génétique S509PROCPSYCHO06LB 76 SÉMIOLOGIE • Dysmorphie faciale parfois difficile à mettre en évidence (comprenant des fentes palpébrales raccourcies, un sillon naso-labial lisse, allongé, effacé et une lèvre supérieure mince) ; • Un retard de croissance non spécifique (taille ou poids ou périmètre crânien) prénatal ou postnatal ou les deux ; • des troubles du développement neurologique s’exprimant : – parfois par un retard mental, plus souvent par des difficultés d’apprentissage (avec troubles de l’attention, de la mémoire, du raisonnement abstrait), des troubles du calcul, des troubles du langage, une déficience sensorielle (surtout visuelle), des troubles du comportement, des troubles des facultés d’adaptation et des conduites sociales, source de difficultés d’insertion sociale. – 25 % avec QI < 70 • Les anomalies du système nerveux sont directement liées à l’effet de l’alcool et leurs effets s’expriment de manière variable avec l’âge. S509PROCPSYCHO06LB HAS, 2013 77 SYNDROME D’ALCOOLISME FOETAL S509PROCPSYCHO06LB 78 ALCOOL ET GROSSESSE S509PROCPSYCHO06LB 79 Prise en charge • En France, recommandations pour un arrêt total pendant toute la grossesse • Détection prénatale des importantes consommations d’alcool (questionnaires TACE, TWEAK) S509PROCPSYCHO06LB 80 • Interventions – Conseils de réduction des risques – Entretien motivationnel – Techniques de prévention des rechutes • Pour qui ? – Si >1-2 unités 1 à 2/semaine – Consommations excessives d’alcool régulières – Niveau dangereux aux questionnaires Anne Whitaker, L’usage desS509PROCPSYCHO06LB substances psychoactives pendant la grossesse, 2011 81 Prise en charge • • • • Si dépendance à l’alcool avérée Aide au sevrage Dans cadre d’hospitalisation ou non Attention aux accidents de sevrage liés à l’arrêt brutal ! • Traitement par benzodiazépines et vitamines • Penser à la supplémentation / carences IIres à la consommation d’alcool S509PROCPSYCHO06LB 82 Risques liés au tabac • Nombreuses complications de grossesse et néonatales +++ – – – – – – – – – – – – Fausses-couches Grossesses Extra-Utérines Placenta Praevia Décollement placentaire Rupture Prématurée des membranes Mortinatalité (mort-né) Accouchement prématuré Retard de Croissance Intra-Utérin Faible poids de naissance Fente labiale et palatine Réduction de production de lait maternel Syndrome de de S509PROCPSYCHO06LB mort subite du Nourrisson (SMSN) 83 Risques liés au tabac • Effets équivalents du tabagisme passif • Autres facteurs associés – Jeune âge – Niveau d’instruction faible – Précarité sociale – Mères célibataires S509PROCPSYCHO06LB 84 PRISE EN CHARGE • Évaluation des consommations • Informations personnalisées • Proposer un soutien individuel – Intérêt des Traitements Substitutifs Nicotiniques • Taux de nicotine dans le corps inférieur • Pas de toxines (monoxyde de carbone) – Réduction parfois conseillée plutôt qu’arrêt total (50% de tabac augmente de 92 g le poids de naissance…) S509PROCPSYCHO06LB 85 TOXIQUES PENDANT LA GROSSESSE S509PROCPSYCHO06LB 86 CANNABIS ET GROSSESSE • Pas de preuve directe des effets sur la grossesse(mortalité périnatale, morbidité, poids de naissance). • Effets liés au tabac consommé conjointement avec le cannabis. – Augmentation du risque de Syndrome de Mort Subite du Nourrisson (SMSN) S509PROCPSYCHO06LB 87 Opioïdes et grossesse • Opiacés (dérivés du pavot) – Morphine – Codéine • Équivalents synthétiques – Méthadone – Diamporphine (héroïne) – Buprénorphine (Subutex, Temgésic, Suboxone) S509PROCPSYCHO06LB 88 Risques liés aux opioïdes • Retard de Croissance Intra-Utérin (RCIU) • Accouchements prématurés • Augmentation du taux de mortalité périnatale (MSN) • Syndrome de Sevrage Néonatal (Méthadone +) • À long terme ? Risques liés à d’autres facteurs associés Précarité sociale Mauvaise santé maternelle Stress Tabagisme S509PROCPSYCHO06LB 89 Psychostimulants et grossesse • Cocaïne et crack – Pas d’effet tératogène – RCIU – Décollement placentaire – Hypothrophie à la naissance – Accouchement prématuré – Effet à long terme sur le développement de l’enfant – Syndrome d’imprégnation à la naissance (BB excité) Par leurs effets vasoconstricteurs au détriment du foetus S509PROCPSYCHO06LB 90 Psychostimulants et grossesse • Risques liés aux Amphétamines – RCIU – Hypotrophie fœtale – Effets neurocomportementaux à la naissance • Léthargie, baisse de l’éveil • Risques liés à l’Ecstasy ou MDMA • Augmentation du risque de laparoschisis commune à la cocaïne, amphétamines, exctasy consommés au 1er T S509PROCPSYCHO06LB 91 Et les médicaments ? • Certains médicaments sont connus pour être tératogènes et sont contre-indiqués pendant la grossesse – Site du Centre de Référence des Agents Tératogènes (CRAT) • http://www.lecrat.org • Les traitements psychotropes sont à réévaluer dès la découverte d’une grossesse et à adapter • Consultation de psychiatrie périnatale à Saint-Antoine, Trousseau et Tenon S509PROCPSYCHO06LB 92 CAS CLINIQUE S509PROCPSYCHO06LB 93 Me G., 21 ans • Me G. consulte une sage-femme pour la première fois alors qu’elle se trouve à 13 semaines d’aménorrhée (5ème mois, 1er trimestre). • Elle dit avoir beaucoup hésité à garder cet enfant parce qu’elle s’est séparée du père un mois après la découverte de sa grossesse. • Elle n’a pas de traitement. • Elle n’a pas de suivi médical ni psychiatrique régulier. S509PROCPSYCHO06LB 94 Mlle G., 21 ans • Elle dit consommer de l’alcool tous les jours (6 verres ), et moins qu’avant sa grossesse (8 verres /jour). • Elle vous dit avoir connu une période de dépression à 18 ans quand son grand-père paternel est décédé, son médecin généraliste lui avait prescrit un traitement antidépresseur qu’elle a suivi 6 mois et qu’elle a arrêté se sentant mieux. • Elle a recouru à une IVG il y a un an. S509PROCPSYCHO06LB 95 Mlle G., 21 ans • Elle vit seule et travaille comme vendeuse dans une boutique de vêtements. • Elle n’a plus de contacts avec sa famille qui vit dans le Sud de la France depuis 3 ans. • Elle vous dit être triste et ne pas se sentir capable d’assumer cette grossesse mais que maintenant qu’elle a pris sa décision, « il faut bien aller jusqu’au bout ». S509PROCPSYCHO06LB 96 Quels sont les facteurs de risque de dépression anténatale de cette jeune femme ? S509PROCPSYCHO06LB 97 • • • • • • • Jeune âge Isolement familial Consommations d’alcool Mère célibataire Ambivalence par rapport à cette grossesse Antécédent de dépression Antécédent d’IVG S509PROCPSYCHO06LB 98 FACTEURS DE RISQUE ? • • • • • • • • • jeune âge, primiparité antécédents d’accidents obstétricaux et/ou avortement caractère non programmé de la grossesse –ambivalence absence de conjoint violence familiale difficultés sociales antécédents de dépression haut niveau d’anxiété comportements à risque (tabagime, usage de drogues, d’alcool) S509PROCPSYCHO06LB 99 Quels sont les risques liés aux consommations d’alcool de Mlle G? S509PROCPSYCHO06LB 100 • Il s’agit probablement d’une dépendance à l’alcool avérée associée à des symptômes de tolérance et de sevrage. • Au 1er Trimestre, le risque de fausse-couche est important. • Le risque de SAF est élevé. • Faire passer les échelles pour établir le niveau de risque (T-ACE, TWEAK) S509PROCPSYCHO06LB 101 Quelle(s) aides proposer à ce stade de la grossesse ? S509PROCPSYCHO06LB 102 • Une consultation en psychiatrie périnatale devant tristesse exprimée par la patiente et facteurs de risque de dépression anténatale • Une consultation en addictologie avec proposition d’une hospitalisation pour aide au sevrage S509PROCPSYCHO06LB 103 • La patiente se rend à la consultation de psychiatrie périnatale. S509PROCPSYCHO06LB 104 Quels sont les signes à rechercher qui confirmeraient une dépression anténatale ? S509PROCPSYCHO06LB 105 Sémiologie: non spécifique • • • • • • • Tristesse Anhédonie – perte d’intérêt pour la grossesse Anticipation péjorative de l’avenir Mésestime de soi Irritabilité – crises de larmes Rares idées suicidaires + signes fonctionnels : diminution de l’appétit, troubles du sommeil, ralentissement psychomoteur, fatigue. • Risque ++ d’attribuer les plaintes somatiques (sommeil, fatigue) aux changements hormonaux et fonctionnels liés à la grossesse S509PROCPSYCHO06LB 106 • En plus de la confirmation de la dépression anténatale, une prise en charge pour une aide au sevrage d’alcool est préconisée. • La patiente est hospitalisée et bénéficie d’un traitement antidépresseur et de traitements de sevrage d’alcool (vitamines et benzodiazépines). • Elle se sent progressivement mieux et ne consomme plus d’alcool. S509PROCPSYCHO06LB 107 Malgré cette prise en charge, quels sont les risques de complications pendant la grossesse et après l’accouchement? S509PROCPSYCHO06LB 108 • Risques obstétricaux – Risque de fausse-couche • Risques maternels – Dépression du post-partum • Risques pour le fœtus – Syndrome d’alcoolisation fœtale – Syndrome de sevrage néaonatal aux benzodiazépines S509PROCPSYCHO06LB 109 ÉVOLUTION • Régression avant la naissance le plus souvent. • 20 à 40 % se prolongent ou récidivent durant le post-partum. Ainsi une dépression majeure en rémission traitée avant la grossesse ou au début de la grossesse tend à récidiver dans 50 à 70 % des cas en cas d’arrêt des psychotropes (contre 25 % si le traitement est maintenu) (Cohen 2006). S509PROCPSYCHO06LB 110 • Mlle G. est maintenant à 20 SA (5ème mois) exprime une certaine appréhension à l’approche de l’accouchement. • Elle s’inquiète de ne pas réussir à s’occuper seule de l’enfant et de reprendre ses consommations d’alcool. • Elle a entendu parler d’unités mère-enfant et demande si elle pourrait en bénéficier. S509PROCPSYCHO06LB 111 Comment aider au mieux cette futuremère à préparer l’arrivée de son bébé ? S509PROCPSYCHO06LB 112 • Évaluation des capacités à se projeter l’arrivée de son bébé. – on note beaucoup d’appréhension et sans doute le besoin d’une guidance. • Évaluation des risques pendant la période du post-partum. – Risque de dépression du post-partum élevé – Risque de rechute des consommations et les conséquences pour le nouveau-né d’autant plus que mère isolée S509PROCPSYCHO06LB 113 • Prise en charge multidisciplinaire • Nécessité de mise en place d’un accompagnement médico-psycho-social renforcé avec implication de la Protection Maternelle Infantile, d’d’un pédopsyciatre, d’un pédiatre, d’une sage-femme. • Possibilité de préparer une hospitalisation en unité mère-enfant pour guidance parentale et étayage mais aussi pour évaluation psychique après l’accouchement. S509PROCPSYCHO06LB 114 CONCLUSION • La période autour de la grossesse est une période de vulnérabilité psychique. • Malgré la baisse relative des décompensations des pathologies psychiatriques pendant la période de la grossesse, accompagnement à adapter autour de la grossesse. • Importance d’une prise en charge multidisciplinaire et la plus précoce possible. S509PROCPSYCHO06LB 115 Merci de votre attention… [email protected] S509PROCPSYCHO06LB 116