Dictionnaire encyclopédique de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime
Sous la direction de Sylvie Bouissou, Pascal Denécheau et France Marchal-Ninosque, janvier 2016
MONTÉCLAIR, Michel Pignolet de
Var. : Monteclerc.
Andelot, 4 décembre 1667 – Domont, 22 septembre 1737. Compositeur, pédagogue, joueur de
basse de violon et contrebassiste (fl. 1699 – 1737).
Neuvième et dernier enfant d’un modeste couple de tisserands, Adrien Pignolet et Suzanne
Galiot, Michel Pignolet étudie la musique à la maîtrise de la cathédrale de Langres de 1676 à 1686
sous la direction de Nicolas Goupillet, puis de Jean-Baptiste Moreau, enfin de Claude Thibaut.
En 1687, il s’installe à Paris où il intègre la corporation des « joueurs d’instruments ». Il change
son nom en celui de Montéclair, lieu-dit désignant une colline fortifiée qui domine sa ville natale.
Ses premières compositions, huit airs sérieux et à boire et trois suites instrumentales intitulées
Sérénade ou Concert, paraissent chez Ballard en 1695 et 1697. En février 1699, il entre au service de
Charles-Henri de Lorraine, prince de Vaudémont, qu’il rejoint à Milan. De retour à Paris, il
intègre l’orchestre de l’ARM, peut-être dès décembre 1699 ou plus probablement à partir de mai
1704. Il y tient une partie de basse de violon du petit chœur puis, dix ans plus tard, celle de
contrebasse, notamment dans le fameux Orage d’Arion (Matho) en 1714. Pédagogue (on lui doit
quatre méthodes pour apprendre facilement le solfège), il enseigne la musique, notamment aux
filles de Fr. Couperin, et tient avec son neveu Fr. Boivin le magasin de musique « À la règle
d’or ». Il quitte l’ARM le 1er juillet 1737 et meurt le 22 septembre suivant dans la maison de
campagne du chevalier Paul de La Suze, à Domont. Le style musical des Fêtes de l’Été (1716) et de
Jephté (1732), sur des livrets de Marie-Anne Barbier et Pellegrin, est fortement influencé par les
opéras de Lully et par la musique instrumentale italienne. Mais c’est surtout à son goût de
l’instrumentation, plus qu’à la richesse harmonique de son écriture, que Montéclair doit le succès
de ses ouvrages. Dans Les Fêtes de l’Été, le sommeil de l’entrée Les Matinées de l’Été est écrit pour
un ensemble de petites flûtes, hautes-contre de flûte et flûtes traversières notées dans l’extrême
aigu, tessiture très inhabituelle pour l’époque. De même, dans la deuxième entrée, Les Jours d’Été,
il utilise des cors en coulisse pour simuler le rapprochement de la chasse. Sa tragédie Jephté aurait
marqué Rameau au point de le décider à composer à son tour pour l’ARM.
→ Fêtes de l’Été (Les) ; Jephté.
► N. Boindin, Lettres historiques sur tous les spectacles de Paris, Prault, 1719, p. 115 ◊ É. Voillard,
Essai sur Montéclair, Paris, Menu, 1879 ◊ S. Milliot, « Le testament de Michel Pignolet de
Montéclair », Recherches sur la musique française classique, 1968, no 8, p. 131-140 ◊ R. Ricour et P.-É.
Luisin, « Michel Pignolet de Montéclair », Les Cahiers du Haut-Marnais, 1987, no 168, p. 32-44 ◊
A. Pichard, Michel Pignolet de Montéclair (1667-1737), vie et œuvre d’un musicien français, Univ. Paris-
Sorbonne, 1988 ◊ M. Greenberg, « L’Âme des orchestres » : la contrebasse à Paris et en Île-de-France
(XVIe-XXe siècles), Univ. Paris-IV Sorbonne.
P. Denécheau