102 I Dounia N° 2
LA     
    :
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A N M
& H M M
L nancière internationale qui
s’e déclenchée sur le marché immo-
bilier américain s’e propagée à toutes
les régions du monde et les répercussions
en sont désareuses pour la croissance
économique, les inveissements et les
échanges extérieurs. Cette crise a ainsi
plongé léconomie mondiale dans une
phase de récession très prononcée.
Pour les pays africains, la crise -
nancière internationale, transformée en
crise économique par la suite, coni-
tue un rieux coup de frein en ce sens
qu’elle s’e produite au moment le
continent s’était engadans la voie de
l’amélioration de ses performances éco-
nomiques au regard des progrès signi-
catifs réalisés en matière de croissance
et de réduion des taux dination. À
titre illuratif, le taux de croissance
économique pour les pays de lAfrique
subsaharienne sità en  s’e
établi à , en  et les prévisions
nous informent que ce taux atteindra
en . Pour ces mêmes pays, le taux
dination e passé de , en 
pour se situer à ,  en  et il pour-
rait s’établir à , en . La surve-
nance de la crise a donc menacé toutes
ces performances et risque de duire à
néant tous les progrès réalisés depuis le
début du millénaire et de compromettre
les perspeives datteinte des Objeifs
du millénaire pour le développement
(OMD) dici lannée .
Il s’eavéré que, dans la majorité des
pays africains, la crise nancière et éco-
nomique mondiale a sensiblement aec-
le seeur réel en raison, entre autres,
 FMI, erspeives de léconomie mondiale, septembre
.
cembre 2009 l 103
de leur forte dépendance vis-à-vis des
recettes dexportations conituées es-
sentiellement de produits de base à faible
valeur ajoutée et de la ruure déséqui-
librée de leurs échanges extérieurs. Le
seeur nancier africain, par contre, n’a
subi que de façon marginale les eets de
la crise en raison de la faible ouverture
du compte capital.
Le présent document se propose
danalyser en premier lieu les éléments
à la base de la vulnérabilité du seeur
réel des économies africaines et essaie de
saisir les mécanismes de propagation de
la crise nancière internationale et mon-
diale sur ces économies. Une seion
mettra par la suite en lumière les dif-
férentes répercussions de la crise avant
qu’une autre propose un passage en re-
vue d’un certain nombre de mesures
prises par les pays africains pour faire
face à la crise. La conclusion propose
une comparaison de ces mesures avec
celles adoptées par les pays avancés.
I. PROTECTION DU SECTEUR FINANCIER
ET VULRABILI DU SECTEUR RÉEL
DES PAYS AFRICAINS
Dans la plupart des pays africains, le
seeur bancaire et celui des assurances
n’ont pas subi une contagion diree de
la crise. Les réglementations en vigueur
dans ces pays, en loccurrence celles se
rapportant au contrôle des changes, au
dispositif prudentiel et au code des as-
surances, limitent le degré dexposition
des initutions nancières aux risques
liés aux produits toxiques à lorigine de
Groupe Afrique francophone au FMI et à la Banque
mondiale, mpas de la crise nancière sur les pays du
groupe, Abidjan, décembre .
la crise. Les bilans des établissements de
crédit et des sociétés dassurance indi-
quent qu’ils sont faiblement dépendants
de lextérieur en termes demplois et de
ressources. Toutefois, ils entretiennent
des rapports avec des correspondants
étrangers, notamment européens et
américains dans le cadre des transac-
tions internationales (conrmation de
lettres de crédit et ouverture des lignes
de crédit, etc.). Ce n’e que la persis-
tance de la crise de liquidités et de solva-
bilité au Nord qui menacerait daeer
les opérations des banques africaines.
Aujourdhui, cette menace semble plutôt
éloignée. Si la crise nancière mondiale
a relativement épargné les syèmes -
nanciers des pays africains, il nen e
pas de même pour le seeur el de ces
économies. Celui-ci présente un certain
nombre de fragilités.
I. . Struure et contenu
des échanges extérieurs
Les exportations des pays africains
reent globalement dominées par un
nombre limité de produits de base à
faible valeur ajoutée et, dans certains
cas, un seul produit intervient à plus de
  dans lensemble des recettes dex-
portations. Cele cas de la RDC dont
les produits miniers représentent plus
de des recettes dexportations et la
part du seeur minier dans le pays se si-
tue à plus ou moins  . Dans la Zone
CEMAC (Communauté Économique
et Monétaire de lAfrique Centrale), le
pétrole brut et le bois représentent res-
peivement  et , des ventes ex-
térieures en  et dans la zone UE-
MOA (Union Économique Monétaire
de lAfrique de lOue), plus de des
exportations se concentrent sur le pé-
L’Afrique subsaharienne face à la crise financière et économique mondiale
104 I Dounia N° 2
trole brut, lor, le cacao et le coton. Les
seeurs minier et agricole représentent
plus de  des recettes dexportation à
Madagascar et aux Comores.
Ainsi, il e évident que les sec-
teurs tournés vers les exportations ou
en pendant direement jouent un
rôle important dans la croissance des
économies africaines et procurent aux
États une part importante des recettes
budgétaires. À ce titre, une chute des
cours des produits de base assoce
à une baisse draique de la demande
mondiale de ces produits e censée
avoir inévitablement des implications.
La contraion des exportations e de
nature à tarir les ressources publiques
de la majorité des pays africains domi-
es par les droits sur le commerce ex-
rieur appliqs sur un certain nombre
de produits de base.
Groupe Afrique francophone au FMI et à la Banque
mondiale, op. cit.
ources : anques centrales, , .
André Nyembwe Musungaie & Honoré Mbantshi Mingashanga
I. . Importance de l’aide publique
au développement et faiblesse
des ressources publiques
Lanalyse des comptes extérieurs de
la majori des pays africains laisse appa-
raître limportance des transferts publics
sous forme daide publique au développe-
ment en provenance des pays avancés. Ces
ux contribuent énormément à combler
les déséquilibres extérieurs et à renforcer
les réserves de change des banques cen-
trales. Ils viennent également en appui aux
nances publiques. Ainsi, les contraintes
de liquidités et les baisses de revenus qui
résulteraient de la crise nancière dans les
pays dorigine de ces ux nanciers pour-
raient se traduire par une contraion des
entrées de capitaux étrangers dans les pays
africains. Par ailleurs, les besoins en dé-
penses supplémentaires pour lutter contre
la crise auraient du mal à être rencontrés
avec des ressources internes.
Au regard du tableau , ci-contre, il
e logique de penser qu’une éventuelle
Tableau 1
Structure des exportations de quelques pays africains
cembre 2009 l 105
ource : , omité d’aide au développement, .
L’Afrique subsaharienne face à la crise financière et économique mondiale
diminution des ux dAPD aura un eet
négatif sur ces économies fragilisées qui
dépendent subantiellement de cette as-
siance. Il faut aussi noter que le solde
budgétaire dans les pays de lAfrique
subsaharienne e sensiblement in-
uencé par les montants de ces aides.
À titre comparatif, le solde budgétaire
dons compris rappor au PIB s’e si-
tà , , , et , respeivement
en , et  alors que le solde
budgétaire hors dons n’a représenté res-
peivement que , , - , et ,  au
cours de la même période (tableau ).
Il ressort du tableau  que les dons en
provenance des pays avancés contribuent
largement aux nances publiques des
pays africains et déterminent la position
du solde budgétaire.
I. . Importance des transferts
des migrants
Les transferts de fonds des migrants
en direion de lAfrique conituent un
véritable support pour la survie de nom-
breuses familles. Une grande partie de
ces fonds nance la consommation des
ménages et conitue par ailleurs lun
des poes importants dentrée de de-
vises pour certains pays. Une récession
dans les pays veloppés e de nature à
amenuiser le volume de ces fonds dans
la mesure où les pertes demploi dans les
Tableau 2
Montants nets vers aux pays de la CEEAC au titre de l’APD entre 2002 et 2007
(en millions de dollars américains)
Tableau 3
Évolution du solde budgétaire avec et hors dons dans les pays de l’Afrique subsaharienne
(en % du PIB)
ource : .
106 I Dounia N° 2
André Nyembwe Musungaie & Honoré Mbantshi Mingashanga
pays développés concerneraient en pre-
mier lieu les emplois non ou moins qua-
liés, traditionnellement occupés par les
immigrés. Rapportés au PIB, les envois
de fonds en  se sont situés à 
aux Comores, , au Cap-Vert, ,
à Maurice, , en Guinée-Bissau,
au Togo,  au négal et plus ou moins
,  au Mali, au Bénin et à Djibouti.
I. . Importance des inveissements
dires étrangers (IDE)
Comme lattee le tableau , les éco-
nomies africaines ont connu au cours de
ces dernières années des aux considé-
rables de capitaux au titre des inveis-
sements dires étrangers et leurs éco-
nomies en dépendent largement. Ces
inveissements ont été principalement
orientés vers lexploitation minière en
raison du niveau relativement élevé des
cours de ces produits durant ces dernières
années. Les pays exportateurs ont parti-
culièrement atti ces IDE. Le seeur
des télécommunications a aussi bénécié
dinveissements étrangers importants,
surtout dans la téléphonie mobile. Il en
va de même du seeur bancaire ainsi
Groupe Afrique francophone au FMI et à la Banque
mondiale.
que de limmobilier (en particulier à
Maurice). Il s’ensuit que leondrement
des cours des matières premières et de
lénergie fossile e synonyme de baisse
de rentabilité des inveissements dans
le seeur minier. De même, un éventuel
assèchement de la liquidi et le resser-
rement des conditions de crédit résultant
dune crise nancière internationale sont
de nature à exposer les inveisseurs à des
dicultés de mobilisation de ressources
pour le nancement de leurs projets.
II. INCIDENCES DE LA CRISE
SUR LES ÉCONOMIES AFRICAINES
Quand la crise nancière a éclaté, on
a pensé que les pays africains ne seraient
guère concernés en raison de leur inser-
tion limitée dans léconomie mondiale
et du faible niveau de développement de
leurs syèmes nanciers. On admettait
par contre qu’une récession pouvait avoir
des incidences ; elle n’e donc qu’une
simple éventualité. Depuis, on s’e
aperçu que la récession a gaglAfrique.
II.. Eets sur la croissance économique
La crise nancière mondiale a eu des
répercussions signicatives sur les sec-
Tableau 4
Flux d’investissements directs étrangers en Afrique
ources : , , .
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