Le Randonneur - Janvier 2014 - Texte hors revue - page 3
Cette force va nous conduire directement à l’énergie dépensée
par le randonneur, appelée aussi travail, et à la puissance
mécanique qu’il développe.
Avant de continuer, plusieurs remarquespour les spécialistes;
pour être tout à fait exact, si α est l’angle entre la route et
l’horizontale:
1/ la dénition que nous avons prise pour p (=dénivelée / distance
parcourue) est le sin α, et c’est très exactement la grandeur qui
convient pour l’équation du cycliste.
Attention en math, la dénition de la pente est: dénivelée /
distance horizontale, soit en fait tg α.
2/ rigoureusement, f devrait être remplacé par f cos α mais
comme α est petit, le cosinus est très proche de 1 (0,995 pour
une pente à 10 %), et quasiment tout le monde travaille avec f
et non f cos α.
3/ sous sa forme exacte :
F = m g sin α + m g f cos α + ½ ρ S Cx V 2
cette équation s’applique à beaucoup de cas : motos,
automobiles, parachutistes (α = - π/2); dans l’analyse des forces
pour l’équation dynamique du décollage des fusées (α = + π/2),
et des avions (α = 0), il surait de remplacer la force F générée
par le cycliste, par la poussée des réacteurs (en newtons et pas
en tonnes!).
D / Travail fourni: les joules
oula bonne excuse pour s’arrêter au restaurant au sommet du
col.
La mécanique nous enseigne que le travail En fourni par
une force constante est égale au produit de cette force par la
distance parcourue D.
En = F . D
Ce travail s’exprime en joules (J), c’est une énergie. La notation
très généralement utilisée pour le travail est W (de l’anglais
work). Pour éviter une confusion avec les futurs watts, nous
prendrons ici la notation En, pour Énergie.
Avec la force de 36 newtons calculée précédemment, si le
randonneur parcourt 10 km, le travail sera égal à:
En = 36 x 10 000 = 360 000 joules.
Le chire est élevé, car le joule est petit à notre échelle, on parle
plutôt en kJ (1 000 joules): ici 360 kJ.
Direction le restaurant pour compenser cette areuse dépense,
et prévoir un menu qui, bien sûr, prendra aussi en compte notre
consommation quotidienne hors randonnée.
Un peu de physiologie en passant. Le corps humain ayant un
rendement mécanique guère supérieur à 20 %, ce n’est pas 360
kJ qu’il faudra absorber pour éponger la randonnée, mais 5 fois
plus!
Il existe une autre unité de travail, hors système, mais très
connue, c’est la calorie. Elle vaut 4,18 joules. Bien qu’à bannir,
elle est commode ici, car il faut consommer un peu plus d’une
calorie pour un joule mécanique dépensé.
La note du restaurant est réglée ? On peut continuer pour
introduire la notion la plus intéressante, la puissance
développée?
E / Puissance développée: les watts
et l’équation du cycliste
La puissance, c’est le travail fourni En, divisé par le temps
correspondant t:
P = En / t
Elle s’exprime en watts (W), les mêmes que ceux d’une
ampoule d’éclairage ou d’un moteur quelconque.
Dans notre exemple, si le randonneur se déplace à 25 km/h, il
va parcourir les 10 km en 24 minutes:
P = 360 000 / (24 x 60) = 250 watts, puissance qui n’est à la
portée que des bons amateursentrainés !
En reprenant l’expression du travail En = F . D, il vient:
P = F . D / t , où D / t, distance divisée par le temps, est
simplement la vitesse du randonneur, donc:
P = F . V
La puissance (en watt) est simplement égale à la force (en
newton) multipliée par la vitesse (en m/s).
Reprenons notre exemple (V = 25 km/h soit ~ 7 m/s) :
P = 36 x 7 = 252 watts: aux arrondis près, ça marche.
Avant d’arriver à l’équation du cycliste, encore une petite
notion, celle du rendement de la transmission. La puissance
développée par le cycliste est transmise à la roue arrière par
des intermédiaires qui se servent au passage: les pédales et
le pédalier montés sur roulements, la chaine qui frotte sur les
plateaux comme sur les pignons et les galets du dérailleur, qui
eux frottent aussi sur leur axe.
Donc ce n’est pas la puissance P du cycliste qui sert à avancer,
mais P Re où Re est le rendement.
Malgré tous ces intermédiaires, le rendement Re est très bon,
voisin de 0,98 (98 %). Ceci signie que seulement 2% de la
puissance est dissipée par la transmission.
Ouf, voici enn l’équation du cycliste, d’abord sous sa forme
développée:
P Re = m g p V + m g f V + ½ ρ S Cx V 3
Équation qui signie que la puissance P développée par le
cycliste, multipliée par le rendement Re de la transmission, est
égale à la puissance liée à la pente (m g p V), plus celle dissipée
par les frottements sur le sol (m g f V) et dans l’air (½ ρ S Cx V 3).
Areux pour le cycliste, et tous les véhicules, ce V 3 (1)!
Sous sa forme compacte, la plus classique, elle s’écrit :
P Re = {m g (p + ƒ) + ½ ρ S CxV2} V
Sortons nos calculettes, ou mieux les ordinateurs et leurs
math-qq chose ou leurs tableurs. Pour peu que l’on connaisse
les coecients, il sera facile de calculer la puissance. Par contre
se donner la puissance et chercher la vitesse est une autre paire
de manches. L’auteur pourra vous aider si besoin.
Remarque:
L’équation a été présentée en termes de puissances. On pourrait
tout à fait l’écrire en revenant aux forces :
P Re / V = m g (p + f) + ½ ρ S Cx V 2
Ce qui revient à dire que le cycliste exerce une force propulsive
P Re / V qu’il peut augmenter à loisir en diminuant sa vitesse,
à condition bien sûr d’avoir les développements nécessaires, et
de tenir en équilibre sur le vélo!