SCP/15/3
Annexe I, page 3
économiques”. Une fois que la Cour d’appel du Circuit fédéral avait affirmé la validité de ces
brevets dans le cas de l’affaire State Street Bank, le Congrès est intervenu pour s’assurer que
les entreprises étaient protégées par une exception.
Dans d’autres cas comme celui par exemple de l’exclusion des programmes d’ordinateurs de la
possibilité de protéger dans certains systèmes juridiques, il est beaucoup plus difficile de dire que
les objections à la brevetabilité des programmes d’ordinateurs sont satisfaites au moyen
d’exceptions aux droits du titulaire du brevet. Cela dit, nous faisons nôtre la prémisse de cette
étude selon laquelle on a tout intérêt à penser à d’autres mécanismes pour atteindre le même
objectif. Par conséquent, bien qu’on ne se soit guère encore intéressé à des exceptions
spécifiques aux droits d’un titulaire qui protègent l’utilisateur d’un programme d’ordinateur qui a
lui-même été, d’une façon ou d’autre autre, l’objet d’un brevet, il se pourrait bien que l’on ait des
arguments en faveur de ces exceptions12. Les utilisateurs de programmes qui se trouvent dans
une engrenure de différents droits de propriété intellectuelle (droit d’auteur, brevets, etc.) et de
brevets pourraient se conforter de savoir que certaines activités ne portent jamais atteinte.
Lorsque les “exclusions” et les “exceptions” constituent d’autres réponses au même objectif de
politique générale, il se pose des questions intéressantes quant au mécanisme “optimal” ou aux
avantages de les utiliser les unes comme les autres. Quels sont les avantages des “exclusions”
par rapport aux “exceptions”? Quels en sont les inconvénients? Quels sont les avantages des
exceptions par rapport aux exclusions? Quels en sont les inconvénients? Dans la réponse à ces
questions, nous admettons que l’objet n’est pas simplement abstrait. La réponse sur
l’“optimalité” peut refléter non seulement les structures juridiques et bureaucratiques mais aussi
le statut socio-économique d’un pays en particulier. Ce qui est un arrangement optimal pour les
États-Unis d’Amérique ne l’est pas forcément pour l’Inde ou le Malawi. Cela vaut aussi bien pour
la question de l’existence d’un système de brevets que pour les détails d’un tel système qui est
adopté. L’accent approprié peut refléter une série de facteurs juridique, économiques et
culturels : la propension des agents de brevets à formuler des réclamations pour éviter les
exclusions; la capacité des offices de brevets de vérifier au préalable; l’accessibilité du système
juridique (pour ceux qui souhaitent contester des brevets délivrés); les traditions d’interprétation
d’un pays particulier (comme la question de savoir si les exclusions sont interprétées de manière
étroite; la disponibilité d’autres formes de protection (comme l’utilisation de secrets d’affaires et
la confidentialité); la mesure dans laquelle l’octroi de licences est une option réaliste pour les
utilisateurs et les chercheurs; et ainsi de suite.
Il va de soi que, dès que le lien est forgé entre l’“objet” et les “exceptions”, d’autres liens
deviennent immédiatement visibles. Un de ces liens est celui qui existe entre les “seuils” de
protection et les exceptions. Tous les pays exigent certes que les inventions soient “nouvelles”
avant qu’elles puissent être brevetées mais le droit international offre aux lois nationales une
grande marge de manœuvre pour définir le concept de la “nouveauté”. Différentes conceptions
de la nouveauté (ou son opposé, l’“état de la technique”) varient quant au lieu, au temps et à la
nature des divulgations pertinentes. Alors que la nouveauté est définie en fonction tout
simplement des divulgations au public, il est possible que des utilisateurs secrets antérieurs
découvrent que la poursuite de ce qu’ils faisaient avant une demande de brevet peut devenir,
après sa délivrance, des actes qui relèvent des droits du titulaire. Les régimes qui appliquent de
12 Donald Chisum, The Patentability of Algorithms, (1986) 47 U Pitt L R 959, 1017-18 (recognising
problems with allowing patents for software); Professors Dan Burk and Mark Lemley, for example,
discussing US law, suggest that an exception be provided for reverse engineering, either through
the experimental use or exhaustion: Dan Burk and Mark Lemley, The Patent Crisis and How the
Courts can Solve It (U. Chi. Press 2009) 160-162 (noting that while historically the disclosure
requirement would have made such provision superfluous, this is not the case with computer
implemented inventions where it is not required that source code be disclosed).