Une enquête inédite pour mieux appréhender les besoins et les

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Communiqué de presse
20 septembre 2011
Pollinisation des cultures fruitières en Rhône-Alpes :
Une enquête inédite pour mieux appréhender les besoins et les pratiques
des arboriculteurs et des apiculteurs
Initiée pour la première fois en France, une enquête réalisée par la Chambre Régionale
d’Agriculture de Rhône-Alpes révèle les attentes, les motivations et les difficultés
rencontrées par les arboriculteurs et les apiculteurs lors du recours à des colonies
d’insectes pollinisateurs pour assurer la pollinisation des cultures. Les données obtenues
permettent de mieux connaître les pratiques actuelles et de réfléchir aux moyens de les
améliorer dans le futur, tant au bénéfice des apiculteurs que des arboriculteurs.
De plus en plus souvent, le nombre d’insectes pollinisateurs naturellement présents dans la nature ne
suffit plus à polliniser les cultures fruitières. Les arboriculteurs font alors appel à des colonies d’abeilles
(apis mellifera) ou de bourdons (bombus terrestris) le temps de la floraison de leurs variétés.
Toutefois, ces besoins sont variables selon leur implantation géographique, les variétés cultivées, leur
période de floraison. Selon le territoire et la période de l’année, les apiculteurs pollinisateurs sont plus
ou moins nombreux ou disponibles pour installer leurs ruches sur une exploitation.
Quels sont les départements de Rhône-Alpes dans lesquels les arboriculteurs sont le plus en demande,
quelles sont les variétés ayant les plus forts besoins d’insectes pollinisateurs, quels sont les choix entre
bourdons et abeilles, quelles pratiques sont adoptées par les exploitants en présence de colonies ?
Telles sont quelques-unes des questions posées à 60 arboriculteurs répartis dans les 3 grands bassins
de production de fruits en Rhône-Alpes (Rhône-Loire ; Drôme-Isère-Ardèche ; Savoie-Haute-Savoie).
Parallèlement, 35 apiculteurs ont été interrogés, permettant à la fois de cartographier leur
implantation à travers la région, d’obtenir des évaluations chiffrées liées aux activités de pollinisation
et de connaître leurs motivations et leurs réticences vis-à-vis de celles-ci.
La pollinisation, un point essentiel … et problématique.
92% des arboriculteurs interrogés considèrent que la pollinisation est un facteur très important sur
une exploitation arboricole.
Il apparaît que 60% d’entre eux rencontrent ou ont déjà rencontré des problèmes de mauvaise
pollinisation ou de surpollinisation.
Hormis en Haute-Savoie, Savoie -et dans une moindre mesure dans le Rhône- où les exploitations se
sont trouvées confrontées à des phénomènes de surpollinisation, ce sont de mauvaises pollinisations
qui sont le plus souvent déplorées, c'est-à-dire un manque d’insectes sur les vergers au moment
crucial de la fécondation des fleurs.
46 % des arboriculteurs interrogés (y compris les producteurs de fruits sous serre) estiment que leurs
besoins en pollinisation ne sont pas satisfaits de manière naturelle et recourent par conséquent à des
insectes pollinisateurs extérieurs.
Un recours massif aux insectes pollinisateurs extérieurs

Ces sont les producteurs d’abricots qui ont principalement recours aux pollinisateurs extérieurs
sur leurs cultures. Un besoin auxquels répondent 76 % des apiculteurs pollinisateurs
professionnels, car l’abricotier, espèce précoce (février/mars), leur permet d’amorcer la saison
sans trop empiéter sur leurs travaux d’élevage ou de production de miel.

Les producteurs de kiwis, fortement demandeurs, trouvent également facilement des
apiculteurs pollinisateurs, puisque 48 % d’entre eux interviennent sur ce type de culture. En
effet, les apiculteurs disposent de ruches adaptées pour la floraison de cette variété qui
intervient en mai/juin.
Par ailleurs, les exploitants font part d’une augmentation des besoins de pollinisation, en particulier
sur les pruniers, framboisiers, abricotiers, pommiers et en dernier lieu sur les cerisiers.
Il apparaît néanmoins que le nombre de ruches par hectare louées par les arboriculteurs est toujours
inférieur aux préconisations. Ce constat trouve son explication dans le fait que les exploitants
souhaitent réaliser des économies sur le prix de location des ruches.
Les abeilles préférées aux bourdons
71 % des arboriculteurs utilisent des abeilles tandis que 39 % leur préfèrent les bourdons, car cette
espèce sort à des températures plus basses que les abeilles et semble mieux adaptée à certaines
cultures sous serre. On notera que le prix de revient des bourdons, qu’il s’agisse de pollinisation sous
serre ou extérieure, est toujours plus élevé que celui des ruches d’abeilles.
Une répartition inégale des apiculteurs pollinisateurs en Rhône-Alpes
L’échantillon réalisé pour l’enquête ainsi que les données chiffrées fournies par la filière apicole
révèlent une forte implantation d’apiculteurs professionnels dans le bassin Drôme – Isère – Ardèche,
tandis qu’ils sont très peu nombreux dans le Rhône, la Loire et l’Ain. Cette tendance est largement
confortée pour ce qui concerne les apiculteurs pollinisateurs.
Cette observation laisse supposer que si les besoins en pollinisation des arboriculteurs du sud de la
région peuvent être aisément pris en compte, il peut survenir un risque réel de pénurie dans le Rhône
et dans la Loire, notamment pour les producteurs de cerise, très nombreux dans ce dernier
département.
De fait, tandis qu’un apiculteur pollinisateur implanté dans le Rhône ou dans la Loire réalise en
moyenne 8 chantiers de pollinisation par an, celui situé en Drôme, Isère ou Ardèche en effectue 6
alors qu’un apiculteur de Haute-Savoie – Savoie n’en accomplit que 2.
La pollinisation, une activité à part entière privilégiée surtout par les jeunes apiculteurs
Bien conduire un chantier de pollinisation demande une réelle technicité. C’est pour faire reconnaître
ce savoir-faire que les apiculteurs pollinisateurs se sont regroupés au sein du Groupement Régional
des Apiculteurs Professionnels Pollinisateurs (GRAPP).
Les apiculteurs pollinisateurs recherchent dans cette activité un lien direct avec des producteurs
agricoles. L’aspect financier est également à prendre en compte car la location de ruche représente un
apport de trésorerie en tout début de saison et pour les exploitations nouvellement créées.
Les apiculteurs souhaitant quant à eux diminuer ou cesser cette activité affichent en revanche tous
plus de 10 ans d’exercice. Ils invoquent le caractère peu rémunérateur de la pollinisation, les risques
potentiels d’intoxication des abeilles, les effets sur la production de miel, le travail et les efforts
physiques requis.
Une volonté partagée de part et d’autre de s’informer et d’échanger
Cette étude révèle, tant de la part des arboriculteurs que des apiculteurs, une volonté d’être mieux
informés sur les enjeux, les atouts et les risques de la pollinisation.
Ainsi l’enquête permet de constater que les arboriculteurs sont désormais sensibles aux précautions à
prendre vis-à-vis des traitements phytosanitaires en présence d’abeilles et qu’ils ont pour la plupart
modifié leurs pratiques en ce sens. Toujours demandeurs d’informations à ce sujet, ils souhaitent
également recueillir plus de données concernant l’efficacité et la contribution de l’abeille à la
pollinisation ainsi que sur les besoins en pollinisation des nouvelles variétés.
Pour leur part, les apiculteurs sont désireux de pouvoir accéder à des documents techniques généraux
sur la pollinisation, à des résultats d’expérimentations menées sur la conduite de colonies en
pollinisation, mais aussi à des données sur leur exposition aux risques d’intoxication, sur le
comportement de l’abeille ou encore sur la révision à la hausse des tarifs de location de ruche.
La création d’une plate-forme d’échange entre ces deux filières pourrait leur permettre d’échanger sur
leurs besoins, leurs expériences et les techniques de pollinisation mises en œuvre.
Cette étude a été réalisée par la Chambre régionale d'agriculture Rhône-Alpes avec le soutien de la
Région Rhône-Alpes dans le cadre du Contrat Régional d’Objectif de Filière sur la production fruitière
et avec l’appui de Cyrielle Rault, élève ingénieur agronome de Rennes.
A propos de l’ADARA :
Créée par les apiculteurs professionnels en 1992, l’Association pour le Développement de l’Apiculture
en Rhône-Alpes propose et met en œuvre des programmes concertés de développement et des
actions collectives d’intérêt général pour la filière apicole. Elle mène des actions d’information et de
sensibilisation destinées à favoriser entre apiculteurs et agriculteurs un dialogue et des pratiques
visant à protéger un bien commun, l’abeille.
Elle est également inscrite dans un réseau de surveillance des troubles des abeilles initié en 2003 par
le ministère de l’agriculture qui vise à recenser les phénomènes de mortalité brutale des abeilles ou de
dépopulation des ruchers et à lister, via des prélèvements effectués sur les abeilles et sur les
végétaux, les substances responsables de ces troubles.
Ces données permettent d’établir les zones de risque et d’alerter les agriculteurs pour les inciter à
adopter des pratiques d’utilisation des phytosanitaires réduisant les risques d’intoxication des abeilles.
Les actions conduites par l’ADARA bénéficient du soutien financier de la Région Rhône-Alpes.
A propos du GRAPP :
Le GRAPP est un groupement technique qui rassemble actuellement en Rhône-Alpes une quinzaine
d’apiculteurs professionnels qui offrent un service de pollinisation.
Les objectifs de ce groupement sont de satisfaire les besoins en pollinisation des agriculteurs le
contactant, de former ses membres, soucieux de la qualité de leur prestation, de mettre à disposition
des fiches techniques, support de dialogue entre apiculteurs et agriculteurs et de mettre en place des
expérimentations en collaboration avec les organismes de recherche publique et des centres
techniques. Le GRAPP met également à disposition des apiculteurs pollinisateurs adhérents des outils
tels que les contrats de pollinisation. Par ailleurs, les adhérents du GRAPP s’engagent à respecter une
charte de qualité garantissant aux arboriculteurs un service de pollinisation performant.
Contact presse :
Agence Géraldine Musnier 04 78 91 19 75
Isabelle Larçon : [email protected]
Etude disponible sur
www.synagri.com
www.adara.itsap.asso.fr
ou en contactant la Chambre Régionale d’Agriculture de Rhône-Alpes.
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