Community early warning systems: Guide de l’intégration de A guide to mainstreaming guiding principles ladisaster réduction desreduction risques de risk catastrophe et l’adaptation au and climate change adaptation changement climatique www.ifrc.org Saving lives, changing minds. www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités. La Fédération internationale des Sociétés de la CroixRouge et du Croissant-Rouge (FICR) est le plus vaste réseau humanitaire de volontaires au monde, qui atteint 150 millions de personnes chaque année par le biais de ses 187 Sociétés nationales membres. Ensemble, nous œuvrons avant, pendant et après les catastrophes et les urgences sanitaires pour répondre aux besoins et améliorer les conditions d’existence des personnes vulnérables. Nous agissons de façon impartiale, sans distinction fondée sur la nationalité, la race, le sexe, les croyances religieuses, la classe ou les opinions politiques. Guidés par la Stratégie 2020 – notre plan d’action collectif pour relever les grands défis humanitaires et de développement de cette décennie – nous sommes engagés à « sauver des vies et changer les mentalités ». Notre force réside dans notre réseau de volontaires, notre expérience de l’action communautaire, notre indépendance et notre neutralité. Nous travaillons à améliorer les normes humanitaires en tant que partenaires pour le développement et dans la réponse aux situations de catastrophes. Nous incitons les décideurs à agir en tout temps dans l’intérêt des personnes vulnérables. Ce faisant, nous contribuons à bâtir des communautés saines et sûres, à réduire les vulnérabilités, à accroître la résilience et à promouvoir une culture de la paix à travers le monde. © Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève, 2013 Ce guide peut être intégralement ou partiellement reproduit à des fins non commerciales, à condition que la source soit indiquée. La Fédération internationale apprécierait de recevoir des détails sur son utilisation. Les demandes de reproduction à usage commercial doivent être adressées au Secrétariat de la Fédération internationale : [email protected]. Toutes les photos utilisées dans ces lignes directrices sont la propriété de la Fédération internationale, sauf indication contraire. Boîte postale 372 CH-1211 Genève 19 Suisse Photo de couverture : Un membre du personnel de la Croix-Rouge philippine montrant une bande de terre inondée après de fortes pluies apportées par le typhon Ketsana en septembre 2009. Téléphone: +41227304222 (Yoshi Shimizu / FICR) Courriel: [email protected] Télécopie: +4122733 0395 Site Web: www.ifrc.org TABLE DES MATIÈRES Liste des acronymes4 Introduction5 1. Comprendre l’intégration de la RRC et l’ACC 6 1.1 Réduction des risques de catastrophe et adaptation au changement climatique 7 1.2 Intégration de la RRC et l’ACC 9 2. Environnement propice à l’intégration de la RRC et l’ACC 11 2.1 Cadre politique et stratégique 12 2.2 Leadership, engagement et soutien de la direction 12 2.3 Dispositions et capacités institutionnelles 13 2.4 Planification de projet / programme (PPP) 13 2.5 Plaidoyer 14 3. Guide pratique de l’intégration de la RRC et l’ACC 15 3.1 Étapes générales pour l'intégration de la RRC et de l'ACC 16 3.2 Contextes clés pour l’intégration de la RRC et ACC 21 3.2.1 Situations de conflit 21 3.2.2 Contextes urbains 25 3.2.3 Réduction de la vulnérabilité et renforcement de la résilience 28 3.2.4 Préparation aux catastrophes 32 3.2.5 Intervention en cas de catastrophe 37 3.2.6 Relèvement 40 3.3 Principaux secteurs 43 3.3.1 Santé et soins 43 3.3.2 Eau, assainissement et hygiène 46 3.3.3 Migration 50 3.3.4 Abris et établissements humains 53 3.3.5 Moyens de subsistance et sécurité alimentaire56 3.3.6 Gestion des ressources naturelles 3.4 Le genre dans la RRC et l’ACC 62 65 Appendice69 Glossaire70 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Liste des acronymes ACC Adaptation au changement climatique CAH Cadre d’action de Hyogo CAP Connaissances, attitudes et pratiques CBDP Préparation aux catastrophes au niveau communautaire CBDRM Gestion des risques de catastrophe au niveau communautaire CCM Atténuation des changements climatiques CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques CICR Comité international de la Croix-Rouge CR/CR Croix-Rouge et Croissant Rouge DP Préparation aux catastrophes EBPC Évaluation des besoins post-catastrophe EVC Évaluation de la vulnérabilité et des capacités FCSR Cadre pour la sécurité et la résilience communautaires FICR Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge FPMA Fonds pour les pays les moins avancés FSCC Fonds spécial pour les changements climatiques GCP Gestion du cycle de projet GFDRR Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophe et le relèvement GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques GRN Gestion des ressources naturelles IEC Information, éducation et communication IMCP Initiative pour une meilleure conception des programmes OMD Objectifs du Millénaire pour le développement PASSA Démarche participative de sensibilisation à la sécurité du logement PPP Planification de projet / programme RRC Réduction des risques de catastrophe S&E Suivi et évaluation SIPC/ONU Stratégie internationale pour la prévention des catastrophes des Nations Unies SNO Société nationale opérante SNP Société nationale partenaire SWOT Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces VIH Virus de l’immunodéficience humaine WASH Eau, assainissement et hygiène 4 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Introduction Quel est l’objectif de ce guide? Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à une augmentation constante du nombre de catastrophes. De nombreux facteurs ont contribué à cette tendance : une population croissante, une augmentation du nombre de personnes vivant dans les zones exposées aux aléas naturels, la dégradation de l’environnement, des modes de développement non viables qui conduisent souvent à des niveaux plus élevés de vulnérabilité, ainsi que l’urbanisation rapide et non planifiée, entre autres. Globalement, les initiatives de réduction des risques n’ont pas réussi à suivre le rythme de l’augmentation de l’exposition aux risques naturels et les niveaux plus élevés de vulnérabilité. Ces tendances devraient se poursuivre et seront aggravées par l’impact du changement climatique. Alors que la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a mis l’accent sur la réduction des risques et de la vulnérabilité – visant à renforcer la résilience des communautés locales – il n’y a pas encore une manière globale et systématique sous-jacente mise en pratique. Ainsi, l’objectif principal de la Stratégie 2020, « faire plus et faire mieux », ne peut donc être réalisé que par l’intensification des efforts de réduction des risques et une meilleure intégration des mesures de réduction des risques dans notre planification et dans les différents domaines programmatiques. Ce guide a été élaboré pour soutenir spécifiquement les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le personnel de la FICR, en vue de l’intégration plus systématique des mesures de réduction des risques dans leur planification. En décrivant en détail les questions clés qui doivent être considérées et quand elles doivent l’être, ce guide vise à assurer la prise en compte des mesures de réduction des risques dans différents secteurs et contextes. Il détaille également les éléments clés qui doivent être en place pour créer un environnement favorable. A qui s'adresse ce guide? Ce guide a été conçu pour toute personne au niveau des Sociétés nationales et de la Fédération internationale désireuse de réduire les risques, y compris les risques liés au climat. Nous espérons qu’il sera utile aux gestionnaires, aux décideurs et aux praticiens. Le guide est spécifiquement axé sur le travail de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et n’est pas destiné à des contextes nationaux et internationaux plus larges. Il a pour objet d’appuyer les efforts visant à intégrer systématiquement la réduction des risques liés aux catastrophes et au climat dans le travail de la CroixRouge et du Croissant-Rouge. Comment ce guide est-il structuré? Chapitre 1 Décrit la portée des activités de RRC et d’ACC, et donne les définitions de l’intégration de la RRC et l’ACC. Il explique les motivations, les défis et les opportunités de l’intégration de la RRC et l’ACC. Chapitre 2 Décrit comment créer un environnement propice à l’intégration de la réduction des risques et l’adaptation au changement climatique Chapitre 3 Présente en détail les approches générales de l’intégration de la RRC et l’ACC, et fournit des indications détaillées sur la manière de procéder dans différents contextes et secteurs, et pour différents groupes de personnes. 5 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien 1. Comprendre l’intégration de la réduction des risques et l’adaptation au changement climatique 6 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien 1.1 Contexte: RRC et l'ACC Définition Réduction des risques de catastrophe (RRC) «[...] Concept et pratique de la réduction des risques de catastrophe par des efforts méthodiques visant à analyser et à gérer leurs causes, notamment par une réduction de l’exposition aux aléas et de la vulnérabilité des personnes et des biens, une gestion rationnelle des sols et de l’environnement et l’amélioration de la préparation aux événements indésirable».1 En moyenne, 232 millions de personnes sont affectées par différents types de catastrophes chaque année. Les pertes dues aux catastrophes continuent d’augmenter, avec des conséquences graves pour la vie, les moyens de subsistance et la dignité des personnes, ainsi que pour les gains durement acquis en matière de développement. Au cours des dernières années, les risques de catastrophe ont été en hausse en raison de facteurs tels que la croissance démographique, l’urbanisation non planifiée, la dégradation de l’environnement, les conflits et la concurrence pour des ressources rares, le changement climatique, les épidémies, la pauvreté et la pression exercée par le développement dans les zones à haut risque. Toutefois, ces risques de catastrophe peuvent être considérablement réduits grâce à des stratégies et des actions qui visent à réduire la vulnérabilité et l’exposition aux risques, dans le cadre d’efforts plus larges de lutte contre la pauvreté et l’inégalité et à travers les interventions humanitaires tenant compte des risques en cas de catastrophes et d’autres crises. Reconnaissant l’importance de la RRC, 168 gouvernements et les principaux acteurs du développement et de l’aide humanitaire ont signé en 2005 le Cadre d’action de Hyogo (CAH) , en s’engageant dans un plan décennal multi-acteurs et multi-sectoriel pour investir dans la RRC comme un moyen de construire des sociétés résilientes face aux catastrophes. Des progrès notables ont été accomplis dans l’introduction de la législation et des politiques pour la RRC, l’établissement de systèmes d’alerte précoce, et l’augmentation du niveau de préparation aux catastrophes. Toutefois, ce ne sont que les premiers pas sur la longue route vers des sociétés résilientes face aux catastrophes. La RRC est un élément important de l’adaptation aux changements climatiques (ACC). Entre autres, les impacts du changement climatique comprennent une augmentation de la fréquence et de la gravité des événements hydro-météorologiques. La fréquence ou l’amplitude de certains types de phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes a déjà augmenté, et cette tendance devrait se poursuivre au cours des décennies à venir. Le changement climatique modifie le visage des risques de catastrophe, non seulement par l’augmentation des risques liés aux conditions météorologiques, l’élévation du niveau des mers et des températures, mais aussi par l’augmentation des vulnérabilités de la société – par exemple, du fait des contraintes sur la disponibilité de l’eau, sur l’agriculture et sur les écosystèmes. 1 Voir CRED (2012): “Les données en cas de catastrophe: une perspective équilibrée” CRED CRUNCH numéro 27, Bruxelles, Belgique: Institut de la santé et de la société. www.cred.be/ sites/default/files/CredCrunch27.pdf 2 Voir www.unisdr.org/files/8720_summaryHFP20052015.pdf Définition Adaptation au changement climatique (ACC) «Ajustement des systèmes naturels ou des systèmes humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou d’exploiter les opportunités bénéfiques». (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, GIEC) Les efforts visant à réduire l’impact du changement climatique sont appelés adaptation aux changements climatiques. L’ACC, en d’autres termes, est une pratique qui consiste à faire des ajustements dans des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou d’exploiter les opportunités bénéfiques. La gestion des risques supplémentaires induits par le changement climatique est un processus dynamique, étant donné l’incertitude des impacts du changement climatique et l’incertitude liée à la variabilité accrue. 7 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Le changement climatique est un nouveau facteur qui va agir comme une contrainte supplémentaire pour augmenter les vulnérabilités existantes de nombreuses personnes. En raison du réchauffement climatique, les risques liés au climat, comme les inondations, les sécheresses, les vagues de chaleur et les tempêtes, devraient devenir plus fréquents et / ou peut-être aussi plus intenses (par exemple, les cyclones / ouragans tropicaux peuvent apporter plus de précipitations et des vents plus forts, et couvrir plus de territoire). Cela se traduira par une vulnérabilité croissante, puisque les tendances climatiques vont compromettre les moyens de subsistance, accroître la pauvreté et nuire à la sécurité alimentaire. En outre, certains risques liés au climat tels que les cyclones tropicaux, les tempêtes, les inondations, les sécheresses, les vagues de chaleur et de froid auront une incidence sur les endroits qui ne les ont pas connus auparavant. Le changement climatique confronte la CR/CR avec toute une série de défis, car il affecte tous ses domaines d’activité. Il aggrave les problèmes existants et fait peser de nouveaux risques sur les personnes et les Sociétés nationales, les branches ou les volontaires qui ont peu ou pas d’expérience de ces questions. Rien ne sera plus pareil, et il n’est plus possible de « faire comme avant ». La fréquence accrue des catastrophes liées au climat, les pénuries alimentaires et les maladies à transmission vectorielle augmenteront la demande d’assistance de la CR/CR. En outre, les effets multiples et incertains du changement climatique obligent le Mouvement de la CR/CR à se doter d’une capacité accrue d’analyser, d’évaluer et de comprendre ses conséquences futures pour mieux soutenir la planification et la préparation. Convergence et divergence Au cours des dernières années, il ya eu une convergence croissante entre la RRC et l’ACC, sans toutefois qu’elles se chevauchent complètement. D’une manière générale, la RRC traite de tous les risques, notamment les risques hydro-météorologiques et géophysiques, tandis que l’ACC traite exclusivement des aléas climatiques associés aux changements des conditions climatiques moyennes. L’ACC considère également l’ajustement à long terme aux changements de l’évolution progressive des conditions climatiques, y compris les possibilités que cela peut offrir, alors que la RRC s’intéresse principalement aux extrêmes menant à des catastrophes. Chevauchement entre l’adaptation aux changement climatiques et la réduction des risques de catastrophe Adaptation aux changements climatiques Adaptation à long terme à l’évolution des conditions climatiques moyennes (comme l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation de la température de l’air) Préoccupations communes Gestion des risques climatiques Augmentation de la fréquence et/ou de l’intensité des aléas liés au climat (tempêtes, inondations, sécheresses, glissements de terrain) Gestion des risques liés aux aléas géophysiques (tels que tremblements de terre et éruptions volcaniques) Réduction des risques de catastrophe 8 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Cependant, la RRC et l’ACC sont toutes deux préoccupées par la gestion des risques liés au climat, et c’est là leur point de convergence. La RRC et l’ACC ont un objectif commun : réduire la vulnérabilité et réaliser le développement durable. Elles partagent également la même conception des composantes des risques et des processus d’accroissement de la résilience ; les deux approches considèrent les risques comme le produit de l’exposition et de la vulnérabilité, que ce soit aux aléas ou effets du changement climatique, ou aux deux. L’exposition et la vulnérabilité sont toutes les deux aggravées par d’autres tendances sociales et environnementales, par exemple, l’urbanisation, la dégradation de l’environnement et la mondialisation des marchés. Ainsi, pour réduire ces risques, l’exposition doit être réduite au minimum, la vulnérabilité réduite et les capacités de résistance renforcées. Il s’agit d’un processus dynamique qui exige un effort continuel dans les domaines économique, social, culturel, environnemental, institutionnel et politiques pour passer de la vulnérabilité à la résilience. En raison de ses liens avec l’intervention humanitaire d’urgence, la RRC est souvent la première ligne de protection contre les catastrophes liées aux conditions météorologiques, et parce que ce risque augmente, elle constitue un élément essentiel de l’ACC. Pour être efficace, la RRC doit tenir compte des risques liés au climat ou être intelligente face au climat. De plus en plus, les professionnels du développement et de l’aide humanitaire découvrent les avantages de l’utilisation d’une approche qui intègre les concepts et les pratiques relevant à la fois de la réduction des risques de catastrophe et de l’adaptation au changement climatique, afin de maximiser l’efficacité et la durabilité des efforts et des investissements réalisés par toutes les parties prenantes. 1.2 Intégration de la RRC et l'ACC Justification La raison primordiale des interventions de la CR/CR en cas de catastrophe est de soulager les souffrances humaines partout où le besoin s’en fait sentir. Par conséquent, c’est un impératif absolu pour les Sociétés nationales de fournir une réponse humanitaire à une catastrophe et d’appuyer le relèvement après une catastrophe. Cependant, cela n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen de parvenir à une fin. Les décisions et la planification qui tiennent compte des risques permettraient d’assurer que les activités d’assistance humanitaire et de rélèvement répondent aux besoins immédiats des personnes touchées, réduisent leur vulnérabilité en même temps et, au bout du compte, renforcent leur résilience. À cet effet, la RRC doit faire partie intégrante de l’intervention humanitaire dans un environnement exposé aux catastrophes naturelles. Dans sa Stratégie 2020, la Fédération internationale encourage l’action communautaire globale pour éliminer les risques de catastrophe lorsque cela est possible, et pour réduire la survenue et l’impact des catastrophes lorsque la prévention primaire est impossible. Définition Intégration de la RRC et l’ACC Prendre en compte et traiter les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques dans tous les processus d’élaboration, de planification, de budgétisation, de mise en œuvre et de suivi des politiques. Cela implique une analyse de la façon dont les risques potentiels et la vulnérabilité pourraient affecter la mise en œuvre des politiques, programmes et projets. En même temps, c’est aussi une analyse de la façon dont ceux-ci, à leur tour, pourraient avoir un impact sur la vulnérabilité aux aléas. Cette analyse devrait conduire à l’adoption de mesures appropriées pour réduire les risques potentiels et la vulnérabilité, le cas échéant, en traitant la réduction des risques et l’adaptation comme partie intégrante de tous les processus de gestion de programme, plutôt que comme une fin en soi. 9 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Pour que la réduction des risques et les mesures d’adaptation de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge soient efficaces et efficientes, et produisent les résultats escomptés, elles doivent être intégrées dans les politiques et la planification des Sociétés nationales et de la Fédération internationale. L’intégration de la RRC et l’ACC aidera les Sociétés nationales et la Fédération internationale à s’assurer que leurs stratégies, politiques, programmes ou projets sont conçus en tenant dûment compte des risques éventuels liés aux catastrophes et aux changements climatiques et ainsi, les empêchera de renforcer par inadvertance la vulnérabilité aux catastrophes ou aux changements climatiques. Défis et opportunités Comme pour d’autres processus d’intégration, la voie qui mène à l’intégration de la RRC et l’ACC est semée d’obstacles et de défis prévisibles et imprévisibles. Ce sont notamment les processus organisationnels bureaucratiques, le manque de capacités et de connaissances, le taux élevé de roulement du personnel, les procédures inefficaces pour conserver la mémoire organisationnelle et une culture de travail en « silos ». Sur le plan pratique, il ya aussi des questions disparates telles que le manque de clarté des rôles et des responsabilités et les contraintes de temps s’agissant de l’intégration de la RRC et l’ACC. Le manque de financement pour les initiatives transversales est un autre obstacle. Il est également très difficile de démontrer les résultats de l’intégration aux donateurs – une demande de plus en plus fréquente dans le contexte financier actuel. Les priorités des donateurs ne soutiennent pas nécessairement les initiatives d’intégration et ont plutôt tendance à se concentrer sur des solutions « dures », tandis que de nombreuses approches de RRC et d’ACC produisent des résultats « faibles » à long terme. Il est également difficile de surmonter la lassitude de l’intégration. C’est un phénomène qu’on rencontre souvent, étant donné que les membres du personnel des programmes sont très pris par l’exécution du mandat de base de leurs programmes que tout ce qui vient s’ajouter à leur charge de travail actuelle est souvent perçu comme négatif. Ces défis et obstacles peuvent être surmontés si les Sociétés nationales et la Fédération internationale sont bien conscientes de la valeur ajoutée de l’intégration de la RRC et l’ACC, et si elles poursuivent leurs efforts continus pour créer un environnement propice à cela. Dans le chapitre suivant, nous aborderons les éléments clés qui sous-tendent un tel environnement. . 10 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien 2. Environnement propice à l’intégration de la RRC et l’ACC 11 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien L'environnement propice à l'intégration de la RRC et d'ACC Engagement des dirigeants Plaidoyer (interne / externe) Cadre politique et stratégique Intégration de la RRC et l'ACC Gestion du cycle de projet Capacité institutionnelle Les Sociétés nationales qui visent à intégrer la RRC et l’ACC dans leur travail doivent créer un environnement favorable. Pour cela, elles doivent notamment élaborer un cadre politique, assurer l’engagement des dirigeants, renforcer les capacités institutionnelles nécessaires, intégrer des considérations liées à la RRC et l’ACC dans la gestion du cycle de projet, et faire du plaidoyer aux niveaux interne et externe. Dans ce chapitre, nous examinons brièvement chacune de ces étapes. 2.1 Cadre politique et stratégique Une politique est une « déclaration d’intention » ou un « engagement » d’une Société nationale ou de la FICR. En tant que tel, elle fournit un principe ou une règle pour orienter ses décisions et pour obtenir des résultats rationnels. Les employés et les volontaires participent à l’élaboration des politiques et sont tenus responsables de la mise en œuvre des politiques qui sont généralement adoptées par l’assemblée générale ou le conseil d’administration de la Société nationale ou de la FICR. Ainsi, pour que la RRC et l’ACC soient correctement intégrées, elles doivent être soutenues par une politique pertinente. Une telle politique doit fixer un objectif général et des objectifs pour l’intégration de la RRC et l’ACC au sein de l’organisation, et fournir un cadre pour aborder les questions d’intégration par le biais d’un cadre politique favorable. Les déclarations de politique générale sont importantes car elles donnent un mandat aux gestionnaires et aux planificateurs au sein de l’organisation. 2.2 Engagement et soutien des dirigeants L’engagement et le soutien des dirigeants d’une Société nationale ou de la FICR sont importants pour assurer l’intégration. Sans un tel engagement et soutien, la question aura du mal à gagner en visibilité à court terme. À long terme, il peut être difficile d’assurer la coordination, le suivi des progrès au niveau de l’organisation et la participation aux processus stratégiques afin d’intégrer la question dans la gestion normale des activités. Tout aussi important est l’engagement et le soutien des cadres hiérarchiques des départements concernés qui sont, à long terme, les mieux placés pour faciliter l’engagement et l’appropriation par leurs personnels et volontaires. L’absence d’un tel engagement et soutien de leur part envoie à leurs personnels et volontaires un signal clair qu’ils ne sont pas tenus de s’appliquer, même s’il y a une politique d’intégration formelle à laquelle ils participent. En outre, pour un membre du personnel ou un volontaire désireux d’intégrer la RRC et l’ACC, le manque d’intérêt des cadres hiérarchiques peut avoir un effet fortement dissuasif. Par conséquent, les Sociétés nationales et la Fédération internationale doivent veiller tout particulièrement à garantir l’engagement et le soutien de leurs dirigeants avant de plaider pour l’intégration de la RRC et l’ACC. 12 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien 2.3 Dispositions et capacités institutionnelles Étant donné que le processus d’intégration va bien au-delà de l’adoption de documents officiels et de la planification du projet, il est important de prendre des dispositions institutionnelles appropriées et de renforcer les capacités nécessaires pour que l’intégration se matérialise. La RRC et l’ACC étant des questions transversales, les départements, le personnel et les volontaires doivent tous s’approprier le processus d’intégration, plutôt qu’un seul département ou individu. Il est important d’anticiper les obstacles potentiels à l’appropriation et d’étudier les moyens de les surmonter pour assurer que l’intégration puisse être considérée comme un atout institutionnel plutôt qu’un handicap. Etant donné que le renforcement de l’appropriation de l’intégration de la RRC et l’ACC est un processus qui prendra du temps, il est utile pour une Société nationale ou la FICR de comprendre plus généralement comment le changement peut être réalisé, et comment le gérer. Bien que l’appropriation de l’intégration soit l’affaire de tous, il est nécessaire de désigner un organisme faîtier afin d’élaborer des stratégies ou des initiatives, de définir les responsabilités à différents niveaux de l’organisation, de coordonner cet engagement multisectoriel et multi-niveaux, et de suivre et évaluer les progrès. Les points focaux de la RRC et l’ACC devraient être nommés dans les ministères techniques pour diriger et coordonner des initiatives sectorielles de RRC et d’ACC, y compris l’intégration de la RRC et l’ACC dans des programmes plus généraux, identifier et s’appuyer sur l’expertise existante en matière de RRC et d’ACC au sein du ministère, et fournir un appui technique spécifique au secteur. Des capacités institutionnelles appropriées doivent être mises en place pour soutenir le processus d’intégration. Il est crucial de renforcer les compétences et les connaissances nécessaires pour accroître la compréhension et, à terme, l’appropriation par le personnel du processus d’intégration. Les politiques et les meilleures pratiques doivent être comprises, mises en œuvre et maintenues par l’ensemble du personnel et des volontaireses. Les compétences, les connaissances et la compréhension peuvent être développées par des séances d’information de la haute direction, des documents de référence, de la formation pour le personnel et les volontaires, et une communication régulière entre eux, y compris des voyages conjoints et la participation conjointe à des exercices sur les enseignements tirés à la suite de catastrophes majeures. L’évaluation de la capacité à comprendre et à traiter les questions liées à l’intégration de la RRC et l’ACC devrait être suivie par des mesures institutionnelles visant à les renforcer, et appuyée par un suivi-évaluation régulier. Une partie du financement nécessaire pour soutenir le processus d’intégration pourrait être collectée en attribuant un certain pourcentage des budgets de programme ou à travers un plaidoyer actif auprès de différentes parties prenantes. . Pour plus d’orientations sur la GCP et le S&E, voir: • FICR (2010): Planification de projet/ programme: manuel d’orientation. http://www.ifrc.org/Global/Publications/monitoring/PPP-Guidance-Manual-FR.pdf • FICR (2011): Guide pour le suivi et l’évaluation (S&E) de projets/programmes. http://www.ifrc.org/Global/Publications/monitoring/Monitoring-and-Evaluation-guide-FR.pdf 2.4 Gestion de cycle de projet (GCP) Les programmes et projets sont conçus et gérés à travers une série de phases interdépendantes d’une gestion de cycle de projet (GCP). Pour intégrer la RRC et l’ACC, il est nécessaire que les gestionnaires du projet / programme se fixent pour règle de prendre en compte et de traiter les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques dans leurs phases sectorielles de GCP, y compris l’analyse, la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation. L’application d’une perspective de RRC et d’ACC dans le cycle de projet est un moyen efficace de concevoir des projets et des programmes intelligents face au climat et tenant compte des risques. Les guides de la Fédération internationale sur la conception, le suivi et l’évaluation (S&E) de projets / programmes seront utiles dans la gestion des phases de GCP et l’établissement d’un système de S&E. 13 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien 2.5 Plaidoyer Le plaidoyer consiste à exercer une pression sur les gens, les politiques, les pratiques, les systèmes ou les structures dans le but de susciter des changements; il s’agit de parler pour les autres, travailler avec les autres et aider les autres à parler pour euxmêmes. Pour la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, le plaidoyer va de pair avec la sensibilisation et l’éducation, formant ainsi trois composantes transversales pour renforcer ses interventions. La sensibilisation et l’éducation peuvent habiliter les communautés à changer et à avoir une vie plus sûre et plus saine, tandis que le plaidoyer peut créer les conditions dans lesquelles elles sont réellement en mesure de le faire. Le plaidoyer et la sensibilisation du public à travers les médias contribuent également à la diplomatie humanitaire – une des « actions facilitatrices » de la Stratégie 2020: «prévenir et réduire la vulnérabilité dans un monde interdépendant». Peut-être que nous voudrons changer la façon dont nos collègues, les gestionnaires et la gouvernance pensent à la RRC et l’ACC, et la manière dont ils traitent ces questions dans les politiques, stratégies ou programmes. Peut-être aussi que nous voudrons changer la façon dont un gouvernement, une organisation ou une entreprise pense, se comporte ou élabore des stratégies en matière de RRC et d’ACC. Peut-être enfin que nous voudrons changer les attitudes du public, éliminer la discrimination, entretenir les soins ou la compréhension, ou inspirer l’action communautaire. Tout cela requiert un plaidoyer, qu’il soit externe ou interne. Le plaidoyer interne joue un rôle important dans la création des conditions pour l’intégration de la RRC et l’ACC au sein des Sociétés nationales ou de la FICR, en aidant le personnel, les volontaires, les dirigeants et la gouvernance à avoir une meilleure compréhension des risques liés aux catastrophes et au climat et à les traiter lorsqu’ils prennent des décisions dans différents domaines. Le rôle des Sociétés nationales en tant qu’auxiliaires des pouvoirs publics dans le domaine humanitaire leur donne un siège privilégié dans les forums de prise de décision, et l’espace pour poser des questions relatives à la RRC et l’ACC. À travers le plaidoyer externe, les Sociétés nationales et la FICR seront en mesure de: • Représenter, promouvoir et donner une visibilité internationale et régionale à leur travail de RRC et d’ACC; • Influencer l’ordre du jour humanitaire en identifiant les questions critiques de RRC et d’ACC tout en élaborant et préconisant des solutions, y compris des cadres institutionnels, politiques, juridiques et réglementaires; • Positionner la CR/CR comme premier réseau humanitaire, créant ainsi les fondements de partenariats plus efficaces et d’une mobilisation des ressources plus vaste et soutenue. Le plaidoyer s’effectue de plusieurs façons et à plusieurs niveaux, par différentes approches et méthodes. Cependant, les étapes de base sont communes à tous les plaidoyers, que ce soit au niveau du pays, du district ou de la localité. Pour le plaidoyer en matière de RRC et d’ACC, il faut normalement passer par les étapes suivantes: Pour plus d’orientations sur le plaidoyer, voir: Processus de plaidoyer 1.Identification des questions de plaidoyer 2.Compréhension des enjeux et collecte de preuves 3.Identification de vos objectifs 4.Clarification de votre vision 5.Adaptation du message au public cible 6.Transmission de votre message 7.Suivi et évaluation 14 • FICR (2009): Politique relative à la diplomatie humanitaire. http://www.ifrc.org/Global/Governance/Policies/Humanitarian_Diplomacy_Policy-fr.pdf • FICR (2012): Disaster risk reduction: a global advocacy guide. http://www.ifrc.org/Global/Publications/disasters/reducing_risks/ DRR-advocacy-guide.pdf Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien 3. Guide pratique de l’intégration de la RRC et l’ACC 15 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Les étapes générales à suivre pour l’intégration de la RRC et l’ACC, ainsi que les questions clés d’intégration dans différents contextes et secteurs, sont décrites ci-dessous. Pour des orientations et expériences pratiques spécifiques aux changements climatiques, se référer au « Guide climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ». 3.1 Étapes générales de l’intégration de la RRC et l’ACC L’intégration requiert quelques étapes à suivre. Voici les étapes générales à suivre pour intégrer la RRC et l’ACC dans les stratégies, politiques, programmes et projets: Pour plus d’orientations sur l’adaptation au changement climatique, voir: • Centre climatique de la CroixRouge et du Croissant-Rouge (2007): Guide climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. http://www.climatecentre.org/downloads/File/reports/RC_climateguide_ FR.pdf Examen de la RRC et l’ACC La première étape consiste à examiner une stratégie, une politique, un programme ou projet en question dans une optique de RRC et d’ACC. Objectif: Vérifier si une stratégie, une politique, un programme ou un projet (ci-après dénommé(e) l’activité) a pris en compte et traité les risques existants ou futurs liés aux catastrophes et aux changements climatiques. Cela doit être fait d’une manière assez générique et rapide sans avoir de connaissances spécifiques sur les catastrophes et les changements climatiques et sans avoir accès à des données détaillées sur les risques ou le climat. Le but de cet examen rapide et global des risques et opportunités est de décider s’il il y a lieu ou non de procéder à une évaluation détaillée (voir 3.1.2). Quand le faire: L’examen doit être effectué au début du processus de planification d’une nouvelle activité ou lors de l’examen d’une activité en cours. Comment le faire: L’examen doit être effectué en répondant aux questions clés pour l’examen de la RRC et l’ACC (voir tableau 1 ci-dessous). Il est recommandé de faire une évaluation détaillée si les résultats de l’examen montrent les risques élevés et les capacités limitées pour y faire face. Question Réponse (oui / non) Explication Y a-t-il des risques estimés liés à l'activité prévue? Ces risques sont-ils élevés ou faibles? L'activité prévue a-t-elle tenu compte de ces risques? L'activité a-t-elle inclus des mesures pour remédier à ces risques? Ces mesures réduisent-elles la vulnérabilité aux risques de catastrophes et des changements climatiques? Y a-t-il d’autres mesures ou possibilités pour réduire les risques et la vulnérabilité? Avez-vous une capacité suffisante pour faire face aux risques estimés? Une évaluation détaillée est-elle nécessaire? Qui : L’examen peut être effectué par un agent de programme / projet en charge de l’activité, étant donné qu’il ou elle en connaît bien le contexte et l’orientation. Il peut également être effectué par un groupe de personnes nommées à cet effet, surtout quand il s’agit d’une stratégie ou d’une politique. À ce stade, il n’est pas nécessaire d’effectuer des recherches de données ou d’avoir une consultation plus générale des parties prenantes pour compléter ce premier examen rapide. La décision d’entreprendre une évaluation détaillée doit être prise par un cadre supérieur (par exemple, le Secrétaire général ou le Chef de service) ou une personne désignée par lui. 16 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Évaluation détaillée et ajustement L’évaluation détaillée doit être effectuée lorsque l’analyse initiale indique qu’elle est nécessaire. L’ajustement de l’activité envisagée doit être effectué si les résultats de l’évaluation détaillée montrent que les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques n’ont pas été dûment examinés ou traités. Par souci d’appropriation et de durabilité de l’activité prévue, il est crucial d’impliquer tous les acteurs concernés dans ce processus. Objectif: Déterminer si une activité prévue a examiné et traité les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques, et procéder aux ajustements nécessaires pour qu’elle prenne en compte les risques et soit intelligente face au climat. Quand: L’évaluation détaillée et l’ajustement doivent être effectués lors de la planification d’une nouvelle activité ou de l’examen d’une activité existante. Comment: • Évaluer les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques associés à l’activité prévue. Recueillir des données disponibles sur les changements climatiques, les aléas et les conditions socio-économiques qui ont ou qui pourraient avoir un impact sur les vulnérabilités actuelles et futures (à savoir, la déforestation, la migration vers les zones urbaines, la démographie, l’accès aux ressources et aux marchés, etc.); Identifier les aléas et impacts du changement climatique les plus pertinents à l’heure actuelle et à l’avenir; Identifier les éléments les plus à risque; Identifier les facteurs qui influent sur la vulnérabilité actuelle et future et les capacités d’adaptation; Faire une analyse globale des risques et opportunités actuels et futurs de l’activité prévue. • Identifier les options possibles de réduction des risques et d’adaptation à travers des approches participatives. Divers outils et guides élaborés par la Fédération internationale peuvent être utiles dans ce processus ; ce sont, par exemple, l’analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces), l’EVC (évaluation de la vulnérabilité et des capacités), le Guide climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les Points d’entrée permettant de prendre en considération les changements climatiques dans les programmes des sociétés nationales. Organiser des séances de réflexion entre les membres de l’équipe d’évaluation sur les options possibles de réduction des risques et d’adaptation, sans se préoccuper de leur faisabilité, de leurs coûts ou d’autres facteurs limitants. Identifier uniquement les options nouvelles ou les options d’ajustement qui ne sont pas encore incluses dans l’activité prévue; • Sélectionnez les options identifiées de réduction des risques et d’adaptation les plus appropriées. S’entendre sur les critères de sélection et les options de notation (par exemple, faible, moyen, élevé). Les critères de sélection peuvent comprendre l’efficacité, le coût, la faisabilité et la durabilité, chacun comportant des questions connexes. Se référer aux exemples de questions figurant dans le tableau 2 ci-dessous. Faciliter la participation de tous les acteurs concernés au processus de sélection, en particulier des gens de la communauté lorsqu’il s’agit d’un projet communautaire. Répondre aux questions dans les domaines respectifs des critères de sélection et donner une note globale pour chaque domaine. Cet exercice peut être réalisé individuellement ou collectivement. S’entendre sur les options de réduction des risques et d’adaptation les plus appropriées pour l’activité prévue en utilisant les critères de sélection. 17 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Critères de sélection et questions connexes Efficacité Coût Faisabilité •Est-ce que l’option réduit la vulnérabilité et aide à renforcer la résilience? •Cette option est-elle plus coûteuse ou moins chère que d'autres? •Est-ce que l’option fournit des avantages connexes pour d’autres secteurs? •Les coûts initiaux de mise en œuvre sontils élevés ou faibles? •Y a-t-il les ressources humaines, matérielles juridiques, techniques, financières et administratives nécessaires? •L’option est-elle flexible? Peutelle être ajustée pour répondre aux conditions changeantes? •Les coûts à long terme sontils élevés ou faibles? maintenance, administration, personnel, etc.) •Quelle est la taille du groupe de personnes cibles? •Les coûts peuvent-ils être couverts par l'activité prévue? •Y a-t-il suffisamment de compétences, connaissances et capacités pour prendre cette option? Développement durable • Guide EVC: •Cette option est-elle socialement, économiquement et écologiquement durable? • Les points d'entrée: •L'option est-elle viable à long terme sans le soutien financier et technique extérieur? •Est-il nécessaire d’ajuster d’autres politiques pour tenir compte de l’option de réduction des risques et d’adaptation? •Cette option estelle acceptable pour les intervenants (institutionnellement, socialement et culturellement)? Ajustez l’activité prévue en intégrant les options choisies de réduction des risques et d’adaptation. Cela veut dire ajuster ou modifier en conséquence ses objectifs ainsi que ses principales mesures. Qui: L’évaluation détaillée et l’ajustement doivent être effectués par une équipe multidisciplinaire nommée par la direction d’une Société nationale ou de la FICR, avec la participation des acteurs concernés de l’activité prévue. Élaboration d’un cadre de suivi et évaluation (S&E) L’intégration de la RRC et l’ACC peut être assurée seulment lorsque le processus fait l’objet de suivi-évaluation régulier. À cet effet, il est nécessaire de mettre en place un cadre de S&E approprié. Objectif: définir les indicateurs permettant de mesurer les progrès de l’intégration et de mettre en place un système de S&E nécessaire. Bien que l’évaluation des options de RRC et d’ACC soit une tâche très difficile, un cadre de S&E approprié aidera à évaluer si une action est justifiée et si elle génère les avantages visés et, à terme, contribue à renforcer la résilience. Quand: Un cadre de S&E doit être défini dès que des mesures de réduction des risques et d’adaptation ont été sélectionnées et intégrées dans une activité prévue. 18 Pour plus d’orientations sur l’EVC et les points d’entrée, voir: http://www.ifrc.org/en/what-wedo/disaster-management/preparing-for-disaster/disaster-preparedness-tools1/ http://www.climatecentre.org/downloads/File/VCA% 20guidance/Six% 20Entry% 20Points.pdf Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Comment: • Définir des indicateurs de produits et de réalisations réalistes et mesurables ; • Élaborer un cadre logique à l’aide d’un tableau de cadre logique et/ou d’un tableau du plan de S&E; • Décrire comment surveiller et évaluer la prise en compte des mesures de réduction des risques et d’adaptation. Qui: Un cadre de S&E doit être élaboré par une équipe qui a procédé à l’évaluation détaillée et l’ajustement. 19 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Guide rapide: comment intégrer la RRC et l'ACC Apprendre. pages 3-6 Qu’est-ce que la réduction des risques de catastrophe (RRC)? Qu’est-ce que l’adaptation aux changements climatiques (ACC)? Qu’entend-on par intégration? Pourquoi faut-il intégrer la RRC et l’ACC? Habiliter. pages 8-10 Veiller à ce que les dirigeants de votre société soient engagés envers l’intégration Créer / adapter un cadre stratégique pour l’intégration de la RRC / l’ACC S’assurer que votre société dispose d’une capacité institutionnelle adéquate pour l’intégration Plaider au sein de votre société et parmi les partenaires pour l’intégration de la RRC / l’ACC Intégrer la RRC / l’ACC dans la gestion du cycle de projet (GCP) Examiner. page 12 Examiner les projets en cours et prévus dans une optique de RRC / ACC Passer en revue la liste de vérification de l’examen (voir page 12) Sur la base des résultats, décider si une évaluation détaillée est nécessaire Évaluer. pages 13-14 Recueillir des données sur le changement climatique, les aléas et les conditions socio-économiques Identifier les aléas présents et futurs et l’impact du changement climatique les plus pertinents Identifier les éléments les plus à risque Identifier les facteurs qui influent sur la vulnérabilité actuelle et future Faire une analyse globale des risques et opportunités actuels et futurs de l'activité prévue Ajuster. pages 13-14, 16-52 Identifier des solutions possibles de réduction des risques et d’adaptation Sélectionner les options les plus appropriées Régler la programmation en conséquence. Examiner les informations supplémentaires concernant le contexte (voir partie 3.2), le secteur (3.3) et le genre (3.4) Surveiller. Mettre en place un cadre de S&E réaliste Surveiller régulièrement (au moins tous les ans) les risques Examiner et évaluer si les activités restent appropriées Réajuster si nécessaire 20 page 14 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien 3.2 Contextes clés l’intégration de la RRC et l’ACC Les activités de la CR/CR visant à prévenir et à atténuer les souffrances humaines sont effectuées dans différents contextes, d’où la nécessité pour les Sociétés nationales et la Fédération internationale d’élaborer et d’appliquer différents concepts et bonnes pratiques de réduction des risques et d’adaptation. Sont décrit ci-dessous six contextes de programmation spécifiques, assortis chacun de principes clés de l’intégration de la RRC et l’ACC ainsi que de listes de vérification des bonnes pratiques. En dehors de cette orientation spécifique au contexte, il ya deux principes généraux qui s’appliquent à tous les contextes: premièrement, une Société nationale doit veiller à disposer de capacités suffisantes aux niveaux requis pour intégrer la RRC et l’ACC – si des lacunes en termes de capacité sont identifiées, celles-ci doivent être comblées par la formation, l’appui du Siège ou par des liens avec des partenaires extérieurs tels que les instituts de recherche. Deuxièmement, il est utile de souligner que compte tenu des modifications des schémas de risque, il convient de contrôler le risque régulièrement (au moins une fois par an). Si des changements de situations et de risques sont identifiés, il faudra peut être adapter à ces changements les choix et les activités de programmation. 3.2.1 Pour plus d’orientations sur les situations de conflit, se référer à: • IFRC (2003): Aid: supporting or undermining recovery. Lessons from the Better Programming Initiative (BPI) http://www.ifrc.org/Global/bpi.pdf Situations de conflit Les situations de conflit sont celles dans lesquelles différents secteurs de la société sont en désaccord sur la façon dont le pouvoir et / ou les ressources sont utilisés, et prennent des mesures pour empêcher l’autre de poursuivre leurs intérêts. Elles peuvent être à tout niveau, du local au national, au-delà des frontières nationales, ou impliquer plusieurs pays et institutions internationales. Elles peuvent comporter différents niveaux d’hostilité entre les groupes « en conflit », allant de la posture tendue à la violence physique, psychologique et armée. Certains conflits se développent rapidement et sont résolus rapidement, d’autres sont prolongés, latents ou récurrents. 21 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Pourtant, malgré leur grande diversité, la plupart des situations de conflit ont en commun les caractéristiques suivantes: • Les questions faisant l’objet de controverse trouvent leur origine dans les inégalités structurelles liées à la distribution du pouvoir et des ressources dans une société; • Elles ont tendance à se présenter dans des situations de mauvaise gouvernance ou de gouvernance fragile; • Elles sont instables, et les conflits peuvent s’aggraver si les interventions sont insensibles à leur dynamique; • Elles offrent la possibilité de générer des changements structurels profonds ; • Elles ont une incidence négative sur les droits de la population affectée en favorisant la privation et limitant le développement; • Elles génèrent l’insécurité pour la population affectée et les autres intervenants présents. Les situations de conflit ne sont pas à l’abri de multiples catastrophes. En fait, les conflits coexistent souvent avec des risques de catastrophe. Les causes profondes du conflit – les inégalités structurelles dans la répartition du pouvoir et des ressources au sein de la population d’un pays ou d’une région – sont également les causes de la vulnérabilité et de l’exposition aux aléas naturels. Par extension, les conditions de vulnérabilité qui rendent certains groupes sociaux plus susceptibles de connaître des conflits et des catastrophes, telles que la pauvreté économique et la marginalisation sociale, sont également similaires. Les conflits violents peuvent aggraver et perpétuer les risques de catastrophe. Quand les gens perdent leur vie, leurs maisons et leurs moyens de subsistance dans des actes de violence ou à cause de la menace de violence, leur vulnérabilité physique et économique à d’autres risques augmente. En outre, les pressions exercées par les conflits sur les ressources d’un gouvernement peuvent réduire la capacité ou la volonté de ce dernier de s’engager dans d’autres problèmes, tels que la réduction des risques qui peuvent apparaître moins urgents que ceux liés à la violence actuelle. Inversement, les risques peuvent déclencher ou alimenter les conflits, en particulier sur les ressources naturelles limitées. Par exemple, une sécheresse qui a réduit la disponibilité de terres fertiles et d’eau peut entraîner des désaccords sur la propriété et les droits coutumiers, et potentiellement à des actes d’agression pour les obtenir. Il est probable que le risque de changement climatique coïncidera avec le risque de conflit. Le changement climatique mondial devrait exacerber des conflits existants et en favoriser de nouveaux, du fait des changements progressifs de la base de ressources naturelles dont dépendent les moyens de subsistance, et à cause de ses effets sur les risques existants. La migration liée au climat devrait également conduire à des conflits liés à la terre, à l’emploi et à d’autres ressources dans les régions et les villes qui ne sont pas préparées à la croissance rapide de la population. Les stratégies et programmes pour les personnes vivant dans des situations de conflit, par conséquent, doivent tenir compte des risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques et de leurs liens avec les conflits, et les résoudre par différentes activités. De même, la RRC et l’ACC dans les situations de conflit doivent être effectuées d’une manière sensible aux dynamiques du conflit, pour éviter qu’elles ne créent par inadvertance des risques supplémentaires ou n’aggravent les risques pour la population touchée. Les activités de RRC et d’ACC peuvent également contribuer à réduire les conflits en réunissant les participants et les groupes clés pour rechercher un consensus sur les priorités pour améliorer leur existence, leurs moyens de subsistance et leur bien-être – renforçant ainsi les capacités pour la paix. 22 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien L’intégration de la RRC et l’ACC dans les situations de conflit veut dire prendre en compte et traiter les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques dans les programmes ou projets pour les personnes touchées vivant dans des situations de conflit. Situations de conflit: principes de l’intégration de la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacité B. Prendre des mesures de réduction des risques et d’adaptation •Évaluer les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques pour les personnes vivant dans les zones de conflit; analyser les causes, les conséquences et les responsabilités, et identifier les liens entre les conflits et les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques. •Utiliser l’EVC pour générer l’analyse de l’exposition, de la vulnérabilité et des capacités en matière de conflit et de paix, ainsi qu’en ce qui concerne les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques. •Utiliser la discussion sur les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques comme une opportunité de réunir différents groupes en conflit et d’édifier la paix entre eux. •Assurer la participation de toutes les parties prenantes à la conception du programme, l’allocation des ressources et la prise de décision. •Soutenir des programmes multi-sectoriels qui traitent les risques de manière globale. •Soutenir le développement de signes d’alerte précoce de conflits et la planification d’urgence, afin d’adapter la programmation de la RRC et l’ACC en conséquence. •Entreprendre une analyse périodique auprès des populations à risque et des autres parties prenantes des changements climatiques et de leur impact sur la dynamique des conflits, et trouver des moyens pour résoudre les problèmes émergents. C. •Former le personnel du programme aux approches sensibles aux conflits. Ne pas nuire •Analyser le contexte des conflits avant et pendant la programmation, et surveiller les tout changements qui pourraient indiquer que les programmes contribuent à desaux conflits. •Travailler en partenariat avec des organisations et réseaux communautaires qui ont de l’’expérience et ont acquis unegagné la confiance dans la zone de conflit. D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •S’engager dans des activités de sensibilisation et éducation du public pour faciliter le processus de consolidation de la paix. •Plaider pour l’élaboration et l’application d’une législation sur les questions qui génèrent des conflits et contribuent aux risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques. •Développer des relations de travail et une coordination étroite avec les acteurs des initiatives de consolidation de la paix, afin qu’ils tiennent compte des risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques. 23 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Situations de conflit: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Analyser le contexte de conflit et identifier les liens entre les conflits et les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques. 33Encourager les personnes à risque et les populations touchées à rechercher des mesures gagnant-gagnant où les facteurs de risque similaires sont identifiés. 33Apporter un appui matériel, financier et technique aux institutions gouvernementales qui font preuve de volonté politique pour renforcer la résilience face aux catastrophes et au climat, étant donné que des capacités de gouvernance plus solides peuvent également réduire le risque de conflits. 33Utiliser la discussion sur les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques comme raison pour réunir les représentants de différents groupes sociaux, économiques et autochtones. Apprendre à interpréter les informations et échanger des idées est un outil important pour l’édification de la paix ainsi que pour le renforcement de la résilience face aux catastrophes et au climat. 33Travailler avec les populations à risque pour identifier des mesures de préparation aux risques connus qui sont peu susceptibles d’aggraver ou de déclencher le conflit ; lorsque cela est possible, encourager le dialogue et l’entente entre les différents groupes d’intérêt sur les dispositions d’intervention temporaires, telles que des voies d’évacuation et de migration, des abris et l’accès à des points d’eau. 33Inclure des éléments de renforcement institutionnel dans les interventions le cas échéant, pour contribuer au développement de systèmes de gouvernance redevables. 33Encourager les représentants des organismes de gouvernance nationaux et régionaux à visiter des initiatives qui renforcent la résilience face aux catastrophes et au climat dans les situations de conflit. 33Documenter l’apprentissage à partir de programmes, pour combler les lacunes dans la compréhension sectorielle de l’interface entre les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques et les conflits. 33Identifier et renforcer les moyens habituels de négociation et de résolution des conflits qui pourraient être efficaces pour les décisions relatives à la RRC et l’ACC. 33Plaider en faveur de programmes de reconstruction et de réinsertion pour prendre en compte la viabilité à long terme des terres, des ressources naturelles et des possibilités d’emploi, dans les processus d’accord de paix et les situations post-conflit. 33S’abstenir de prendre des décisions unilatérales concernant l’allocation des ressources ou la définition des projets sans consulter toutes les parties prenantes (y compris les groupes d’opposition). 24 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Milieux urbains3.2.2 Pour plus d’orientations sur les milieux urbains, se référer à: • IFRC (2011): No time for doubt: Tackling urban risk. A glance at urban interventions by Red Cross Societies in Latin America and the Carribean. http://www.alnap.org/pool/files/tackling-urban-risk.pdf • IFRC (2012): Programmatic directions for the Red Cross and Red Crescent in building urban community resilience in the Asia Pacific region. http://www.alnap.org/pool/files/emiifrc-study-final-version-april-30-2012. pdf 3 Banque mondiale (2009): «Systèmes de villes: Urbanisation au service de la croissance et de la pauvreté». Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes, et deux autres milliards de citadins sont attendus dans les vingt prochaines années . Une grande partie de la croissance de la population est prévue dans les villes petites et moyennes des pays en développement ; or 1,2 milliard de citadins vivent déjà dans des bidonvilles – ce chiffre également devrait croître. Pour des raisons historiques et stratégiques, beaucoup de grandes villes du monde sont situées dans des zones exposées à des risques géologiques et météorologiques majeurs, par exemple, sur la côte, sur les plaines d’inondation, ou dans des zones tectoniquement actives. Bien souvent, les périphéries urbaines sont exposées à d’autres sources de risques faibles découlant de l’utilisation inappropriée des terres ou de la mauvaise gestion des ressources naturelles. Les zones urbaines concentrent les risques de catastrophe en raison de l’agrégation des personnes, des infrastructures et des actifs, l’expansion urbaine et la mauvaise gestion et, par conséquent, sont plus affectées par les décès et les pertes économiques que les zones rurales. L’établissement de communautés dans des zones à haut risque est souvent le résultat de l’urbanisation rapide et incontrôlée assortie d’une compétition accrue pour les ressources foncières, d’une diminution de la couverture végétale, de changements dans l’utilisation des terres et d’une plus grande variabilité du climat. Les citadins pauvres vivant dans les zones péri-urbaines et les quartiers informels sont particulièrement vulnérables, car ils ont tendance à vivre dans des zones à haut risque et des abris défectueux, avec un accès limité aux services de base et d’urgence et un manque général de résilience économique. Ces facteurs modifient la répartition de la population, la richesse relative ou l’appauvrissement, et le risque de catastrophe à court terme. 25 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Combiné aux carences de la gestion urbaine, cela continuera à exacerber les risques existants face aux aléas. Compte tenu de ces tendances, sans des changements importants dans la gestion des risques de catastrophe et des processus d’urbanisation, le risque pour les citadins va augmenter avec la croissance démographique. Le changement climatique aggrave l’impact des aléas climatiques, en particulier ceux liés aux changements des températures et des précipitations qui, à leur tour, produiront des risques sanitaires environnementaux. Les impacts du changement climatique devraient susciter de graves préoccupations dans les régions urbaines, dans la mesure où ils multiplient les expositions et les vulnérabilités existantes. Il s’agit notamment de l’exposition à l’élévation du niveau de la mer, et l’intensification de l’effet d’îlot de chaleur. Les impacts du changement climatique et des risques de catastrophe dans les zones rurales influent sur les schémas de migration, qui contribuent de manière caractéristique à la croissance des zones d’habitation urbaines à faible revenu. On estime que chaque année, 20 à 30 millions de personnes les plus pauvres au monde quittent les zones rurales pour les zones urbaines. Les caractéristiques du milieu urbain génèrent des vulnérabilités urbaines spécifiques, telles que: • Des zones bâties à haute densité dans des endroits exposés aux aléas; • Des édifices mal construits, souvent avec des matériaux de qualité inférieure et avec des degrés variables d’application du code du bâtiment, et l’insuffisance des infrastructures de réduction des risques pour la taille et la complexité du système urbain; • De faibles taux d’infiltration du sol et la difficulté d’apporter des modifications structurelles à la trame urbaine « dure » pour réduire ou gérer les sources de risques pour l’environnement, par exemple la gestion des bassins versants; • La dépendance à l’égard des services publics, tels que l’eau courante et l’électricité, qui peuvent être déficients, connaître des perturbations suite à un danger, ou être affectés par la variabilité climatique et / ou la disponibilité d’eau; • La dépendance à l’égard de l’agriculture rurale et des importations pour la sécurité alimentaire, qui sont sensibles à la variabilité du climat ainsi qu’aux conditions commerciales locales et mondiales; • Le manque de connaissance des risques locaux chez les nouveaux arrivants dans les zones urbaines. Les populations urbaines et les systèmes de gouvernance ont également tendance à avoir des capacités inhérentes pour la réduction des risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques, telles que: • Des stratégies de subsistance diversifiées et novatrices qui répartissent le risque et s’adaptent au changement; • La disponibilité de capital humain (y compris des professionnels et des ouvriers qualifiés) pour la conception et la mise en œuvre de mesures de résilience; • La présence de plusieurs institutions gouvernementales, de lois sur le développement urbain, de politiques et de ressources; • Les économies d’échelle qui rendent la protection d’un grand nombre de personnes et d’activités économiques plus facile et plus rentable. La RRC et l’ACC dans le contexte urbain est un processus à long terme, de faible visibilité, présentant peu de garantie de récompenses immédiates et tangibles. Toutefois, l’inaction n’est pas une option et la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge est bien placé pour avoir un impact mesurable et positif sur la construction de communautés urbaines résilientes. 26 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Intégrer la RRC et l’ACC en milieu urbain veut dire prendre en considération et traiter les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques dans les programmes ou projets s’adressant aux personnes vivant dans les zones urbaines. Milieux urbains: principes de l’intégration de la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, les vulnérabilités et les capacités B. Prendre des mesures de réduction des risques et d’adaptation •Évaluer les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques pour les personnes vivant en milieu urbain et analyser les causes, les conséquences et les responsabilités. •Utiliser l’EVC pour générer l’analyse de l’exposition, des vulnérabilités et des capacités. •Définir un rôle pour la CR/CR dans la RRC et l’ACC en milieu urbain. •Engager un large éventail de parties prenantes dans des forums organisés à l’échelle de la ville et spécifiques à chaque zone, pour la gestion des risques urbains. •Adopter des approches favorisant la résilience grâce à la réduction des risques et l’adaptation, et se focalisant sur le lieu, la structure, les aspects opérationnels, et les options de financement et de transfert des risques. •Aider les collectivités et la société en général à absorber les perturbations, à s’auto-organiser ou s’adapter aux contraintes existantes et nouvelles, et à développer et accroître leurs capacités d’apprentissage et d’adaptation. •Élaborer des programmes multi-sectoriels qui traitent des risques de manière globale, ainsi qu’une planification d’urgence multisectorielle pour les événements à risque. •Promouvoir des choix de techniques et matériaux de construction et d’aménagement du territoire qui sont durables sur le plan nvironnemental et résilients face aux aléas et au climat. •Soutenir le développement de systèmes de prévision et d’alerte précoce multirisques et multi-effets. •Utiliser la meilleure information disponible sur le changement climatique pour élaborer des stratégies à long terme pour la santé de l’environnement, des logements sûrs et la création d’emplois. C. Ne pas nuire •Travailler en partenariat avec les associations de quartier et les réseaux de la société civile qui connaissent bien les populations et les zones cibles, et sont bien placés pour identifier les effets imprévus. •Plaider en faveur de projets de reconstruction et de réhabilitation après une catastrophe dans les zones urbaines pour intégrer la RRC et l’ACC. D. Sensibiliser, rechercher des partenariats et plaider •S’engager dans des activités de sensibilisation et d’éducation du public pour sensibiliser et mobiliser les gens dans des activités de réduction des risques et d’adaptation en milieu urbain. •Plaider pour l’élaboration de politiques et législations nationales qui créent un environnement favorable pour renforcer la résilience urbaine. •Établir des partenariats stratégiques avec les autorités locales, les organisations professionnelles, le secteur privé, des universités et d'autres acteurs urbains locaux. 27 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Milieu urbain: liste de contrôle des bonnes pratiques à l’intention des praticiens 33Renforcer les capacités institutionnelles en matière d’établissement du profil et de la cartographie des risques pour lier les paramètres des risques aux conditions de vie des communautés des bidonvilles et des plus vulnérables. 33Utiliser des processus d’évaluation participative des risques pour générer une plus grande cohésion sociale au sein des populations urbaines hétérogènes. 33Élaborer et faire se chevaucher des cartes des dangers et d’autres effets du changement climatique sur les zones urbaines à différentes échelles (de la région, de la ville, et de quartiers ou de secteurs spécifiques) afin de développer une compréhension globale du contexte pour toute intervention. 33Intégrer l’analyse des dangers et des effets du changement climatique à d’autres sources de risques urbains, tels que les risques technologiques et la violence sociale, parce que la complexité de l’environnement urbain nécessite des stratégies de renforcement de la résilience qui cherchent à traiter de multiples sources de risque. 33Tenir compte des effets potentiels de la croissance de la population, des tendances migratoires et du chômage / de l’emploi informel sur l’exposition, la vulnérabilité et les capacités de résilience. 33Se concentrer sur les établissements humains illégaux et spontanés où la vulnérabilité et l’exposition sont susceptibles d’être plus élevés. 33Engager des professionnels (ingénieurs, urbanistes et travailleurs sociaux) pour fournir des analyses d’experts si nécessaire, par exemple, de la construction, de l’utilisation des terres et des conflits sociaux. 3.2.3 28 33Concentrer les efforts pour comprendre les sources de financement qui pourraient être accessibles du niveau national au niveau local pour les programmes d’adaptation et de réduction des risques en milieu urbain. 33Lier les activités de réduction des risques et d’adaptation en milieu urbain à la campagne de la SIPC/ONU Pour des villes résilientes. 33Soutenir la sensibilisation en milieu scolaire et les exercices d’intervention d’urgence. 33Mettre l’accent sur les programmes de sensibilisation qui favorisent l’accès à des espaces urbains sûrs pour les pauvres, les femmes et les personnes handicapées. 33Soutenir des projets d’eau et d’assainissement qui améliorent l’accès à l’eau potable et à l’hygiène pour les habitants des bidonvilles. 33Sensibiliser le public aux droits et responsabilités en matière de services de base tels que l’approvisionnement en eau, l’assainissement et la gestion des déchets, qui ont un impact majeur sur la vulnérabilité en milieu urbain. 33Plaider en faveur de la création / mise à jour et l’application d’une législation qui renforce la redevabilité des acteurs des secteurs public et privé pour la réduction des risques de catastrophe. 33Soutenir les représentants des associations de quartier et les groupes de la société civile pour participer à des forums sur la planification et le développement urbains, et soulever des questions relatives aux risques et à la résilience. Réduire la vulnérabilité, renforcer la résilience Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Pour plus d’orientations sur la résilience, se référer aux documents suivants: • IFRC (2008): A framework for community safety and resilience (Cadre global de sécurité et de résilience des collectivités). http://www.ifrc.org/Global/Case% 20studies/Disasters/cs-framework-community-en.pdf • FICR (2012): La clé de la résilience. Combiner secours et développement pour un avenir plus sûr. http://www.ifrc.org/PageFiles/96178/1224500-Road%20 to%20resilience_Fr_Web.pdf La vulnérabilité fait référence aux caractéristiques et aux circonstances des ménages, des communautés, des systèmes ou des actifs qui les rendent susceptibles de subir les effets d’un danger. Il existe de nombreux aspects de la vulnérabilité, découlant de divers facteurs physiques, sociaux, économiques et environnementaux. Par exemple, il peut s’agir de la mauvaise conception et construction de bâtiments, de l’insuffisance de la protection de l’actif, du manque d’information et de sensibilisation du public, de la reconnaissance officielle limitée des risques et des mesures de préparation, ou de la négligence de la gestion et la planification rationnelles de l’environnement. La v ulnérabilité devient chronique quand elle est persistante et durable. Il existe des facteurs de causalité qui influencent la vulnérabilité, qui sont notamment les suivants: • Incertitude du climat; • Perturbation du système de l’offre et de la demande; • Forte dépendance à l’égard des ressources naturelles et investissement inadéquat/ inapproprié pour accroître la production en fonction de la demande; • Appauvrissement de la base d’actifs et dépendance à l’égard de stratégies d’adaptation non durables; • Piètre accès aux services; • Marchés restreints; • Régimes fonciers et insécurité d’accès; • Manque d’investissement dans la protection de la propriété commune; • Manque d’alternatives économiques; • Revenu non diversifié; • Manque d’investissement dans l’éducation et la santé; • Faiblesse de la gouvernance; • Surexposition aux marchés inéquitables; • Insuffisance des infrastructures. Globalement, il existe trois approches de réduction de la vulnérabilité qui ont évolué au cours des dernières années dans les secteurs de développement et de gestion des risques de catastrophes. Le premier est le cadre de vie évolué dans le contexte de l'aide bilatérale au développement, le second est la gestion communautaire des risques de catastrophes (CBDRM) développé dans le secteur de la gestion des risques de catastrophes, et le troisième est le transfert des risques et financement initié par les institutions multilatérales de financement du développement. Le cadre des moyens d’existence rend compte de la nature complexe et dynamique de la vulnérabilité des populations. Il ne décrit pas seulement les différents aspects de la vulnérabilité des personnes, mais aussi indique les atouts humains, naturels et physiques ainsi que les structures et les processus sociaux, politiques et économiques qui peuvent réduire la vulnérabilité et permettre des moyens d’existence durables pour les pauvres. La CBDRM vise à réduire la vulnérabilité et renforcer la capacité des gens à faire face aux dangers, grâce à la participation communautaire à l’évaluation de la vulnérabilité et des capacités (EVC) et aux activités de gestion des risques de catastrophe. Le transfert et financement du risque comprend divers régimes d’assurance et montages financiers tels que les stratégies de gestion des risques des ménages pauvres; les interventions de soutien pour la réduction et l’atténuation de la vulnérabilité; les ressources financières pour l’atténuation et l’investissement, et l’assurance contre les catastrophes naturelles. 29 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Définition Résilience La capacité des individus, des communautés, des organisations ou des pays exposés à des catastrophes et des crises et aux facteurs de vulnérabilité sous-jacents à anticiper, réduire l’impact, faire face et se relever des effets de l’adversité sans compromettre le potentiel de développement à long terme. [FICR] La résilience est un concept qui permet d’examiner et de traiter ensemble plusieurs risques et leurs impacts sur les populations vulnérables. Une approche de résilience intègre nombre des idées et approches du travail de développement à une approche humanitaire. C’est une démarche globale et intégrée pour la réduction des risques et le renforcement des capacités. Elle comprend que le niveau de vulnérabilité aux catastrophes et aux changements climatiques est souvent moins déterminé par l’ampleur de la catastrophe ou du choc, et plus par la vulnérabilité sous-jacente causée par un ensemble de risques interdépendants. La programmation de la résilience vise à lutter contre la vulnérabilité aux menaces par un engagement soutenu qui est explicitement participatif, inclusif et responsable. Intégrer la RRC et l’ACC dans le cadre de la réduction de la vulnérabilité et du renforcement de la résilience veut dire prendre en compte et traiter les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques dans les programmes ou projets de réduction de la vulnérabilité et renforcement de la résilience. Ces programmes ou projets sont généralement à long terme et comprennent l’intervention de différents secteurs. 4 Alors que ce guide met l’accent sur l’intégration de la RRC et l’ACC dans le travail existant du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Turnbull et al (2013) fournissent des orientations pour une approche intégrée. Voir Turnbull, M. et al (2013): Vers la résilience. Un guide pour la prévention des catastrophes et l’adaptation au changement climatique. http://www.crsprogramquality.org/ storage/pubs/emergencies/vers-laresilience-un-guide-pour-la-reductiondes-risques-de-catastrophes-et-ladaptation-au-changement-climatique.pdf Étude de cas des Îles Salomon: Activités d’adaptation aux changements climatiques •Depuis 2007, la Croix-Rouge des Îles Salomon (CRIS) prend en considération la problématique des changements climatiques dans ses programmes. L’intensité accrue des cyclones, l’élévation du niveau des mers et l’insécurité alimentaire sont particulièrement préoccupants dans les îles Salomon. La CRIS a notamment travaillé sur les aspects suivants: •Partenariats: la CRIS a aidé le bureau de l’environnement du gouvernement des Îles Salomon à mettre en œuvre son Programme d’action national pour l’adaptation en facilitant l’évaluation de la vulnérabilité dans les communautés et en contribuant à la composante de renforcement des capacités. Cette composante comprenait l’assistance au collège d’enseignement supérieur pour concevoir son cours d’études environnementales, qui comprenait des modules sur les changements climatiques et la gestion des catastrophes. •Réduction des risques au niveau communautaire: la CRIS a travaillé avec des communautés particulièrement vulnérables qui sont menacées par des dangers tels que l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière accrue. 30 •Elle a aidé à la construction de digues traditionnelles dans la province de Temotu à l’extrême est du pays. •Intégration dans la formation et les stratégies: la CRIS a intégré l’adaptation aux changements climatiques dans sa stratégie – elle n’est pas traitée séparément. Le changement climatique est inscrit dans la semaine de vulgarisation des volontaires, dans ‘Together for healthy communities’ (Ensemble pour des communautés en santé) et dans le projet «Together becoming resilient» (Devenir résilient ensemble). •Communications: Le responsable de la réduction des risques liés aux changements climatiques et aux catastrophes s’est exprimé à la radio, et travaille avec des collègues pour mener des actions de sensibilisation dans les écoles. •Plaidoyer: la CRIS a fourni un lien entre les voix de la communauté et l’élaboration de plans nationaux d’adaptation au changement climatique, et contribue aux observations du gouvernement à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Réduire la vulnérabilité, renforcer la résilience: principes pour l’intégration de la- RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités B. Prendre des mesures de réduction et d'adaptation de risque •Évaluer les risques passés, actuels et futurs liés aux catastrophes et aux changements climatiques dans la région ou au-delà, ainsi que l’exposition, la vulnérabilité et les capacités des personnes ou des communautés concernées. •Définir un rôle pour la CR/CR, notamment en matière de RRC et d’ACC. •Adopter des approches globales et intégrées de réduction de la vulnérabilité et de renforcement de la résilience en combinant des stratégies de subsistance, de gestion communautaire des risques de catastrophe et de transfert des risques. •Gérer les causes profondes de la vulnérabilité et renforcer la résilience aux catastrophes et aux effets du changement climatique à travers les phases de la gestion des risques de catastrophe qui se chevauchent, tout en la liant étroitement à la programmation du développement. •Renforcer la capacité locale à résister et à se relever des effets sur leur existance d’une catastrophe et du changement et de la variabilité du climat. C. •Fournir une assistance aux structures institutionnelles existantes et aux réseaux de soutien social. Ne pas nuire •Dans les processus de préparation, tenir compte des impacts potentiels des interventions sur les marchés locaux et les dynamiques sociales (telles que l’impact des distributions de vivres sur les prix des denrées alimentaires locales, et l’impact des programmes de trésorerie sur les systèmes de soutien intra-et interménages) et privilégier les interventions qui répondent efficacement aux besoins actuels et renforcent la résilience à long terme. D. •Entreprendre des activités de sensibilisation et d’éducation du public et favoriser le partage efficace d’information pour susciter un changement positif dans le comportement et la façon de penser des gens tenant compte des risques et intelligents face au climat. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Établir des relations de travail et une coordination étroite avec les autorités et les acteurs concernés à différents niveaux. Réduire la vulnérabilité, renforcer la résilience: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Recueillir des informations sur les risques de catastrophe, la variabilité du climat et les changements climatiques; 33Procéder à des évaluations détaillées de la vulnérabilité et des capacités au moyen de l’EVC; 33Développer un profil de vulnérabilité d’une communauté, d’une région ou d’un pays avec une liste des risques auxquels il/elle est exposé(e) ou peut être rendu(e) vulnérable, les vulnérabilités existantes des personnes et des communautés qui sont les plus susceptibles d’être touchées par la catastrophe, et leur capacité à y faire face; 33Développer des programmes / projets comportant des interventions à long terme pour la réduction de la vulnérabilité et le renforcement de la résilience, en se fondant sur les résultats de l’EVC; 33Effectuer la vérification de la RRC et l’ACC avant, pendant et après la mise en œuvre des programmes / projets et prendre des mesures de RRC et d’ACC supplémentaires si nécessaire, pour que le programme / projet puisse tenir compte des risques et être intelligent face au climat; 33Sensibiliser et changer les perceptions sur les facteurs de vulnérabilité en faisant participer des individus et des groupes à l’évaluation des aléas, risques et vulnérabilités; 33Appliquer divers outils de RRC développés par la CR/CR (PHAST, PASSA, PSSBC, CBDRR, etc.) le cas échéant, en se fondant sur les priorités, les risques et les besoins identifiés; 33Développer des mécanismes efficaces d’échange d’informations entre les personnes vulnérables, pour leur permettre de prendre des décisions qui tiennent compte des risques et protègent contre les changements climatiques lorsqu’ils étudient leur options de réduction de la vulnérabilité et renforcement de la résilience; 33Encourager la communication aux bénéficiaires pour atteindre efficacement les communautés et diffuser largement des messages de RRC auprès d’elles, et intensifier le dialogue avec elles; 33Ne pas opter pour une solution rapide pour la réduction de la vulnérabilité chronique et le renforcement de la résilience 31 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Préparation aux catastrophes3.2.4 La préparation aux catastrophes (DP) est au cœur du travail de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Les activités de DP au sein de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont généralement réalisées dans deux domaines distincts, mais étroitement liés – la préparation de la communauté et la préparation institutionnelle. La préparation de la communauté consiste à réduire la vulnérabilité des individus, des ménages et des communautés dans les zones sujettes aux catastrophes et à améliorer leur capacité à faire face aux effets des catastrophes. La préparation institutionnelle comprend le renforcement des capacités de la FICR et des Sociétés nationales en ce qui concerne la DP et l’intervention après une catastrophe, la définition du rôle et du mandat de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans les plans nationaux de prévention des catastrophes, et la création de réseaux régionaux et mondiaux des Sociétés nationales qui permettront de renforcer l’impact collectif de la FICR en matière de DP et toute intervention subséquente. Au niveau communautaire, les Sociétés nationales sont impliquées dans les programmes communautaires de préparation aux catastrophes (CBDP) consistant en l’éducation / la mobilisation du public, la formation et des approches ou des activités communautaires qui renforcent les efforts locaux visant à réduire les risques et améliorer les capacités locales à préparer des mécanismes d’intervention locaux pour faire face aux situations de catastrophe. La DP augmente également la sensibilisation aux risques par le biais des alertes précoces et de l’accès aux connaissances connexes pour soutenir les actions de prévention et de préparation au niveau de la communauté avant une catastrophe. Cela peut inclure la mise en place d’équipes d’intervention communautaires et de canaux de communication d’urgence. Au niveau institutionnel, la DP vise à renforcer l’état de préparation institutionnel qui complète, mais ne remplace pas, les responsabilités du gouvernement. Elle met en place des mesures pour améliorer l’efficience, l’efficacité et l’impact des méca- 32 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien nismes d’intervention en cas de catastrophe aux niveaux local, national, régional et mondial. Ces mesures devraient également permettre d’améliorer la réhabilitation et le relèvement. Cela peut inclure le développement et la mise à l’essai de systèmes d’alerte précoce et de plans d’évacuation, la formation du personnel, des volontaires (équipes nationales d’intervention en cas de catastrophe), et la mise en place de plans d’intervention en cas de catastrophe, avec des rôles et des responsabilités clairs dans tout Plan national d’intervention ou toute législation. En tant que Chef de file du groupe sectoriel de l’hébergement d’urgence, la FICR a également pour mandat de coordonner et d’influencer des politiques relatives à l’habitat et de veiller à ce que la RRC y soit intégrée. La DP est l’une des principales composantes de la RRC ; elle est également essentielle à la réussite de l’ACC, car elle aide à faire face aux incertitudes inhérentes aux changements climatiques. Intégrer la RRC et l’ACC dans la DP veut dire prendre en compte et traiter les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques dans la programmation générale de la DP. En d’autres termes, il s’agit de changer les mentalités des gens pour qu’ils adoptent dans les activités de DP des comportements et des façons de penser qui tiennent compte des risques et sont intellignents face au climat. 33 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Etude de cas des Philippines: Des communautés préparées à l’intervention en cas de catastrophe Pour faire face à des risques spécifiques aux Philippines et réduire l’impact des catastrophes sur les populations vulnérables, la Croix Rouge philippine (PNRC), la FICR et d’autres partenaires ont, au cours des 15 dernières années, conçu et mis en œuvre ensemble des modèles novateurs de gestion communauaire des risques de catastrophe (CBDRM) – en utilisant des approches intégrées, multisectorielles et multirisques de préparation communautaire en cas de catastrophe. La première intervention de la PNRC dans les programmes de CBDRM en 1994 visait à faciliter le passage de l’organisation d’une approche largement axée sur l’intervention à la gestion des catastrophes en vue d’une focalisation plus pro-active sur l’amélioration de l’état de préparation des communautés vulnérables et l’atténuation des effets des catastrophes récurrentes. Le programme initial visait à réduire les dommages causés par les aléas naturels à la santé, aux maisons ou aux moyens de subsistance en traitant les nombreux « petits » risques rencontrés dans les communautés locales. 34 Tout au long de son évolution, le programme a comporté des activités telles que: •créer et former des équipes locales de préparation aux catastrophes et d’intervention en cas de catastrophe, appelées Barangay Disaster Action Teams (BDAT), •former et équiper les agents de santé des Barangay ou les aides-soignants et assistants sociaux des Barangay, •procéder à des évaluations de risque en utilisant la méthodologie de l’évaluation de la vulnérabilité et des capacités (EVC), •préparer des cartes des risques locaux, •produire des plans d’action des Barangay en cas de catastrophe, •engager les jeunes et les enseignants des écoles à travers la préparation aux catastrophes et la formation aux premiers secours. Les BDAT ont également reçu des équipements de base tels que des bottes en caoutchouc, des imperméables, des lampes de poche et des mégaphones. Dans certaines Barangays, les activités de cartographie géophysique ont été mises en œuvre grâce à des partenariats avec des entreprises du secteur privé. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Préparation aux catastrophes: principes pour l’intégration de la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités B. Prendre des mesures de réduction des risques et d’adaptation •Déterminer si un programme ou un projet DP a pris en considération les risques passés, présents et futurs liés aux catastrophes et au climat ainsi que l’exposition, la vulnérabilité et la capacité des personnes ou des communautés concernées. •Engager les communautés dans la planification des mesures de RRC et d’ACC et la formulation d’un plan local de DP et d’intervention assorti de différents calendriers. •Veiller à ce que les mesures de RRC et d’ACC dans les programmes ou projets DP traitent les causes sous-jacentes des dangers et réduisent la vulnérabilité des gens à ces dangers. •Renforcer la DP des communautés par le biais des programmes des SN ciblant les communautés ou par un soutien direct à leurs activités. •Renforcer les approches et les activités communautaires qui renforcent les capacités des personnes et des communautés à faire face et à minimiser les effets d’une catastrophe sur leur vie, en tenant compte de la variabilité et l’ampleur accrues de ces phénomènes. •Améliorer la planification d’urgence au niveau des institutions et de la communauté grâce à la participation de toutes les parties prenantes pour être préparés pour les risques connus comme inconnus. •Utiliser la programmation de la DP comme un lien essentiel entre les secours, la réhabilitation et le développement qui renforce les capacités aux niveaux des communautés et des SN pour mieux faire face aux catastrophes futures et réduire la vulnérabilité. C. Ne pas nuire •Fournir une assistance de manière à renforcer les capacités locales et à renforcer les mécanismes traditionnels de survie •Prendre en compte les impacts potentiels des interventions sur la dépendance accrue des communautés locales à l’égard de l’aide extérieure. D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Entreprendre des activités de sensibilisation et d’éducation du public et favoriser le partage efficace d’information pour apporter un changement positif dans le comportement et la façon de penser des gens qui tiennent compte des risques et sont intelligents face au climat. •Établir des relations de travail et une coordination étroite avec les autorités et les acteurs concernés à différents niveaux. •Plaiderpour la planification à plus long terme de la préparation aux catastrophes, la réduction des risques et l’adaptation, et pour le renforcement de la résilience. 35 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Préparation aux catastrophes: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Effectuer la vérification de la RRC et l’ACC avant, pendant et après la mise en œuvre du programme / projet et prendre des mesures supplémentaires de RRC et d’ACC, si nécessaire, pour que le programme / projet puisse prendre compte des risques et être intelligent face au climat; 33Développer un profil de risque pour une communauté, une région ou un pays avec une liste des risques liés aux catastrophes et au changement climatique passés, présents et futurs, et identifier les aléas les plus probables, les risques possibles qu’ils peuvent générer, les vulnérabilités existantes des personnes et des communautés qui sont les plus susceptibles d’être touchées par la catastrophe, et les capacités d’intervention en cas de catastrophe; 33Sensibiliser et changer les perceptions sur les risques potentiels en engageant les individus et les groupes dans l’évaluation des aléas, des risques et de la vulnérabilité et en produisant une cartographie locale des aléas, des risques et des capacités de la communauté; 33Développer et tester régulièrement des systèmes d’alerte précoce, des plans d’évacuation ou d’autres mesures à prendre au cours d’une période d’alerte en cas de catastrophe afin de minimiser les pertes humaines et les dégats matériels potentiels; 33Plaider auprès des autorités et former un partenariat avec elles pour l’élaboration de plans d’urgence pour les risques pertinents, et leur mise à l’essai et révision annuelles; 33Organiser une formation pour le personnel, les volontaires et la population à risque pour améliorer leurs compétences; 33Établir des politiques d’intervention d’urgence, des normes, des modalités d’organisation et des plans opérationnels à suivre après une catastrophe; 33Procéder à une évaluation des capacités des SN (par exemple en utilisant le questionnaire sur l’Auto-évaluation des Sociétés nationales bien préparées) et identifier les domaines pour améliorer les capacités de préparation institutionnelle des SN; 33Développer des activités qui sont utiles pour traiter les risques quotidiens rencontrés par les communautés et les situations de catastrophe, comme les programmes de santé, de premiers secours ou d’aide sociale qui ont des composantes utiles pour la prévention des catastrophes et l’intervention en cas de catastrophe; 33Examiner et améliorer régulièrement les mécanismes d’intervention en cas de catastrophe, les stratégies et les plans de DP; 33Savoir comment les populations locales partcipent à la DP et à l’intervention en cas de catastrophe, et concevoir des moyens pour soutenir leurs efforts à travers une approche participative; 33Ne pas opter pour une intervention à court terme ou une mesure isolée de préparation sectorielle, car il se peut qu’elle ne renforce pas les capacités locales ou qu’elle s’avère moins efficace pour améliorer le niveau global de préparation. 36 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien 3.2.5 Intervention en cas de catastrophe La réponse aux catastrophes est la fourniture d’une assistance ou d’une intervention pendant ou immédiatement après une catastrophe pour sauver des vies et répondre aux besoins essentiels de subsistance des personnes touchées. Elle peut être immédiate, à court terme, ou prolongée. Elle est caractérisée par la rapidité avec laquelle elle est délivrée. Dans de nombreux cas, elle vise une prestation générale pour tous ceux qui sont dans le besoin plutôt qu’une prestation ciblée pour ceux qui sont moins résilients. Elle intervient souvent dans les jours suivant immédiatement la catastrophe et peut se poursuivre plusieurs mois après, jusqu’à ce que d’autres prestations puissent remplacer les secours, ou qu’il y ait une transition vers des services et des institutions permanents. L’aide d’urgence comprend habituellement le soutien sous forme de soins de santé, de fourniture d’eau et d’assainissement, de services psychosociaux et de distribution de produits alimentaires et non-alimentaires, et de solutions d’hébergement d’urgence. Les catastrophes présentent une « bonne occasion » pour la promotion et la mise en œuvre de mesures de réduction des risques et d’adaptation, parce que les conséquences de l’inaction sont très fortement ancrées dans les esprits de ceux qui sont touchés par des catastrophes, ainsi que des responsables des politiques publiques qui doivent en gérer les effets. Cependant, cette occasion ne conduit pas automatiquement à des changements positifs, sauf si elle est saisie à temps et utilisée efficacement. En tant qu’auxiliaires de leurs gouvernements nationaux, les SN sont bien placées pour plaider en faveur de l’adoption et la mise en œuvre de politiques d’intervention en cas de catastrophe, de relèvement et de développement qui tiennent compte de tous les facteurs de risque. La réponse humanitaire après une catastrophe est l’impératif absolu de la FICR et des SN. Elle n’est cependant pas une fin en soi, mais un moyen de parvenir à une fin, avec une sécurité et une résilience accrues et, par conséquent, une vulnérabilité réduite, ce qui implique moins de nécessité de répondre aux catastrophes à l’avenir. La politique d’intégration des secours, du relèvement et du développement élaborée par la FICR énonce que « les secours devraient jeter les bases nécessaires au rétablissement des moyens d’existence et le faire de telle manière que ceux-ci apparaissent désormais comme plus résistants aux chocs ». 37 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien L’intervention en cas de catastrophe visant à fournir une aide d’urgence aux personnes touchées et répondre à leurs besoins immédiats doit être mise en œuvre en ayant en vue de satisfaire aux objectifs de réduction des risques et d’adaptation à long terme. En aidant les victimes de catastrophe à survivre, les programmes de secours doivent se tourner vers l’avenir et faire en sorte que les gens ne soient pas laissés plus vulnérables aux futurs catastrophes et impacts du changement climatique. Autant que possible, les programmes de secours doivent tenter de s’appuyer sur les capacités des personnes assistées, les impliquer dans la gestion et la mise en œuvre des programmes et agir de manière responsable à l’égard des bénéficiaires. De cette façon, la réponse aux catastrophes pourra tenir compte des risques et être intelligente face au climat. Intégrer la RRC et l’ACC dans l’intervention en cas de catastrophe veut dire prendre en compte et traiter les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques dans la programmation de la réponse aux catastrophes. En d’autres termes, il s’agit d’élaborer une planification et de prendre des décisions tenant compte des risques et intelligentes face au climat lors de la réponse aux catastrophes. Intervention en cas de catastrophes: principes pour intégrer la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités B. Prendre des mesures de réduction et d'adaptation de risque •Évaluer les risques actuels et futurs liés aux catastrophes et aux changements climatiques rencontrés par les populations cibles, ainsi que leur vulnérabilité et leurs capacités. •Analyser les causes sous-jacentes des risques et de la vulnérabilité. •Baser les activités d’intervention en cas de catastrophe sur la programmation et la planification appropriées de la DP. •Utiliser les secours comme une occasion de renforcer la capacité des communautés locales en s’appuyant sur leurs mécanismes d’adaptation, en utilisant des matériaux et des ressources locales et en prenant des mesures qui régénèrent les moyens de subsistance et les économies locales. •Adapter la programmation des secours au contexte socio-économique, culturel et environnemental et fonder autant que possible les interventions sur les technologies et les ressources locales, à travers la participation active des membres de la communauté. •Dans des situations d’après conflit, concevoir des programmes de secours qui contribuent à la coopération et à la réconciliation en s’appuyant sur les besoins communs et les croyances communes. •Se concentrer sur ce qui est réalisable – les communautés déjà touchées par une catastrophe ont beaucoup de problèmes urgents à traiter, et ne réagiront pas si elles estiment que les mesures d’atténuation proposées sont hors de leur portée. •Profiter de l’occasion pour induire un changement socio-économique positif et pas simplement un retour au statu quo. •Allouer des ressources adéquates pour la préparation aux catastrophes et à la RRC à long terme (exemple, Décision n° 11/45 de l’Assemblée générale de la FICR 2011). •Mettre en place des plans d’entretien et de maintenance de l’infrastructure physique et éduquer les gens sur la façon d’entretenir les installations réhabilitées. C. Ne pas nuire •Fournir des secours d’une manière qui permet de répondre aux besoins immédiats des populations touchées et, en même temps, de renforcer leur résilience à long terme à de futures catastrophes. •Dans les processus de préparation, tenir compte des impacts potentiels des interventions de secours sur les communautés, les marchés locaux et les dynamiques sociales. 38 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Combiner les opérations de secours avec des activités de sensibilisation et d’éducation du public afin d’améliorer l’état de préparation des communautés affectées pour la réponse aux catastrophes futures. •Promouvoir la coordination systématique, l’amélioration des méthodes de travail pour les évaluations conjointes et la planification et l’échange de données et d’informations entre tous les organismes d’intervention en cas de catastrophe. •Plaider en faveur de solutions pour réduire les causes sous-jacentes des catastrophes et assurer de meilleurs liens entre les secours, la réhabilitation et le développement. •Promouvoir le rôle de la Fédération internationale en tant qu’organisme chef de file pour ce qui touche les abris d’urgence, afin d’assurer l’intégration de la RRC et l’ACC dans les mesures d’intervention et de relèvement Intervention en cas de catastrophe: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Examiner l’effet à long terme de la réponse prévue en cas de catastrophe sur le renforcement de la résilience des personnes et des communautés touchées et sur leurs possibilités de développement; 33Concevoir la réponse aux catastrophes de manière non seulement à répondre aux besoins immédiats des personnes touchées, mais aussi à réduire leur vulnérabilité aux catastrophes futures et à l’impact du changement climatique et de la variabilité; 33Combiner l’opération de réponse aux catastrophes au renforcement des capacités des Sociétés nationales à différents niveaux et de celles des communautés vulnérables; 33Commencer le relèvement parallèlement aux secours pour restaurer les conditions d’avant la catastrophe des personnes touchées et les rendre moins vulnérables aux catastrophes futures et au changement climatique, et continuer jusqu’à ce qu’un environnement plus normal soit réalisé; 33Combiner la distribution des secours avec les différents projets / programmes de sécurité des moyens de subsistance pour la sécurité alimentaire et la génération de revenus; 33Considérer des initiatives vivres contre travail et argent contre travail pour les travaux publics afin d’améliorer la résilience face aux chocs futurs par la construction d’infrastructures d’atténuation telles que les canaux d’irrigation, les barrages et autres structures de collecte d’eau, les digues, les abris contre les inondations, et des mesures pour stabiliser les coteaux (terrasses, gabions et boisement); 33Planifier un retrait progressif et sans heurt de l’opération de secours; 33Définir les objectifs clairs et le ciblage des programmes argent contre travail et vivres contre travail et assurer la bonne gestion et la participation de la communauté pour leur réussite; 33Examiner et traiter l’impact psychologique des catastrophes; 33Adopter des approches participatives fondées sur les compétences locales et les technologies appropriées pour offrir de meilleures chances de succès durable ; 33Veiller à ce que les plans d’entretien et de maintenance des installations communautaires réhabilitées soient discutés et convenus par toutes les parties prenantes; 33Traiter la réponse aux catastrophes et la RRC / l’ACC comme des activités interdépendantes ; 33Prendre en compte les facteurs de causalité des catastrophes dans la planification des interventions en cas de catastrophe; 33Ne pas porter préjudice aux marchés locaux et aux opportunités génératrices de revenus par l’afflux de biens de secours et de main-d’œuvre extérieure; 33Ne pas laisser les secours renforcer involontairement les tensions ou les conflits au sein des communautés ou entre elles. 39 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien 3.2.6Relèvement Le relèvement vise à restaurer et améliorer les conditions de vie des communautés avant la catastrophe, ce qui les expose moins aux risques de catastrophes futures et aux impacts du changement climatique. Du point de vue de la RRC et de l’ACC, le relèvement est un processus qui permet aux populations de reprendre le cours normal de leur existance, mais de manière à être plus résilientes face aux catastrophes futures et aux impacts du changement climatique. Le relèvement de la FICR est décomposé en deux concepts – le relèvement précoce et le relèvement. Le relèvement précoce consiste à fournir une assistance aux personnes à des stades très précoces d’une intervention en cas de catastrophe, parallèlement aux secours, à améliorer les effets des secours et à jeter les fondements d’un relèvement à long terme. Il permet aux gens de s’engager plus facilement dans les activités de relèvement à long terme. Quant au relèvement, c’est un terme utilisé de différentes manières, mais à la FICR il fait spécifiquement référence à des activités qui commencent dans la première année et dont l’aboutissement peut prendre plusieurs années. Après une catastrophe, l’aide pour sauver des vies est le besoin le plus urgent. Cependant, même à ce stade, les secours doivent être menés en pensant aux avantages à long terme pour la communauté touchée. Comme les gens commencent à se remettre sur pieds et à reconstruire leur vie, ils doivent être soutenus pour renforcer leur résilience face aux risques futurs. Se contenter de restaurer le statu quo d’avant la catastrophe peut perpétuer par inadvertance la vulnérabilité. Le concept de « reconstruire en mieux » est généralement considéré comme essentiel à ce processus, afin de s’assurer que le développement futur est sensible au risque, résistant aux aléas et capable de s’adapter aux changements climatiques. La RRC et l’ACC sont essentielles pour une programmation efficace dans ce contexte, car le relèvement de la population affectée doit être durable à long terme dans un environnement à risque pouvant aussi souffrir de contraintes supplémentaires ou amplifiées en raison du changement climatique. Le contexte de relèvement présente à la fois des opportunités et des défis pour la RRC et l’ACC. Après une catastrophe, les personnes touchées ont tendance à être très réceptives à des interventions visant à réduire leur vulnérabilité face à des dangers similaires. En même temps, nombre des organisations qui ont répondu à l’urgence sont également 40 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien engagées à mettre en œuvre des programmes humanitaires de manière à réduire la vulnérabilité future, et ont les ressources nécessaires pour ce faire. Le gouvernement d’un pays qui a récemment souffert d’une catastrophe majeure est souvent en mesure d’obtenir des ressources supplémentaires qui, si elles sont gérées de manière judicieuse, peuvent être canalisées vers la réduction des facteurs de risque sousjacents. Cependant, le contexte de relèvement présente également divers défis, dans la mesure où tous les acteurs sont sous pression pour répondre aux besoins urgents sur une échelle massive. Les objectifs à long terme peuvent être considérés comme d’importance secondaire et ne relevant pas du financement d’urgence. Intégrer la RRC et l’ACC dans le relèvement veut dire prendre en compte, dans la programmation du relèvement, les risques actuels et futurs liés aux catastrophes et aux changements climatiques, y compris les diverses mesures pour y remédier.. Relèvement: principes pour intégrer la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités •Utiliser des méthodes d’évaluation post-catastrophe qui identifient l’exposition, les vulnérabilités et les capacités pour renforcer la résilience en plus des besoins humanitaires. •Procéder à des évaluations rapides et détaillées des risques de catastrophe et des possibles impacts futurs des changements climatiques, et utiliser les résultats pour informer ou réorienter la conception du programme de relèvement. •Consulter les cartes des risques avant la catastrophe, les plans d’urgence et les plans de gestion des risques de catastrophe du gouvernement local pour obtenir des informations qui permettront aux programmes de cibler les groupes vulnérables et de s’appuyer sur les mécanismes traditionnels d’adaptation et les capacités locales. B. Prendre des mesures de réduction et d'adaptation de risque •Concevoir des programmes de relèvement en conformité avec les plans stratégiques à long terme et les capacités de la Société nationale ou de la FICR, en tenant dûment compte des besoins à satisfaire par le biais de ses opérations de relèvement à court terme et de ses programmes de base à long terme. •Fournir aux populations touchées des informations adéquates sur les risques et les options de réduction des risques, pour leur permettre de faire des choix qui augmentent leur capacité de résistance dans leur processus de relèvement. •Renforcer les capacités locales et nationales et la résilience face aux catastrophes futures. C. Ne pas nuire •S’assurer que la programmation du relèvement ne cause aucun préjudice au plan social, économique ou environnemental. •Analyser les interventions proposées en fonction de leur impact potentiel sur les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques (actuels et futurs) et rendre les résultats disponibles aux populations affectées et à risque. D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Profiter de la prise de conscience accrue des risques suite à la récente catastrophe pour lancer ou mettre à jour la cartographie de tous les dangers et les effets du changement climatique pertinents (en utilisant des projections à l’échelle la plus basse disponible). •Sensibiliser à la nécessité de fonder les programmes de relèvement et de reconstruction sur une évaluation rationnelle des risques actuels et futurs. •Préconiser que les plans de relèvement et de reconstruction traitent les conditions et les causes de la vulnérabilité, y compris les problèmes structurels de la propriété foncière, de la pauvreté et de l’exclusion. •Travailler avec toutes les parties prenantes pour une meilleure compréhension de la nécessité de stratégies à long terme et d’une coordination étroite en matière de relèvement. 41 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Récupération: liste de vérification de bonne pratique 33Rassembler les informations disponibles sur les impacts du changement climatique sur cette région / cet État spécifique et écouter les gens parler du genre d’aide qu’ils veulent et quand ils la veulent; 33Soutenir les collègues dans tous les secteurs pour utiliser une méthode d’évaluation appropriée qui identifie les vulnérabilités aux risques et aux effets du changement climatique; 33Encourager les collègues à inclure des mesures de relèvement dans toutes les réponses sectorielles et dans différents contextes ou situations complexes, telles que la réduction des risques urbains, les crises chroniques à évolution lente ou les situations d’urgence aggravées; 33Inclure les mesures de type «filets de sécurité», telles que les subventions monétaires inconditionnelles et les cuisines communautaires visant à réduire la nécessité pour les personnes touchées par la catastrophe de recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs (comme la vente de leurs biens) qui augmenteraient leur vulnérabilité future; 33Procéder à une analyse continue des risques lors de la mise en œuvre des programmes de relèvement, puisque les profils de risque peuvent changer au fil du temps, à mesure que la situation d’après catastrophe se déroule; 33Plaider en faveur de l’implication des dirigeants locaux, des représentants et des organisations communautaires dans les processus d’évaluation post-catastrophe et les décisions concernant les secours et le relèvement, et les aider à identifier et communiquer les besoins de leurs communautés; 33Travailler avec les médias pour sensibiliser le public sur la nécessité de stratégies d’intervention, de relèvement et de reconstruction pour réduire l’exposition et les vulnérabilités et renforcer les capacités de résilience; 42 33Sensibiliser tous les acteurs des lois nationales pertinentes (à la gestion des risques de catastrophe, la RRC, l’ACC, au régime foncier et à l’aménagement du territoire, aux codes du bâtiment, et autres), et plaider pour une législation nouvelle / révisée le cas échéant; 33Promouvoir les choix résistants aux changements climatiques et aux aléas dans les techniques de construction, les matériaux et l’aménagement du territoire; 33S’appuyer sur un intérêt accru pour la résilience face aux catastrophes futures en établissant / renforçant des plates-formes multi-acteurs (à tous les niveaux) pour surveiller les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques; 33Susciter l’intérêt pour la crise actuelle afin d’obtenir un financement pluriannuel pour des interventions à long terme de renforcement de la résilience face aux catastrophes et au climat en plus des projets de secours à court terme; 33Participer au Groupe de relèvement rapide, s’il y en a un qui est mis en place; 33S’abstenir de mettre en œuvre ou de soutenir des activités qui encouragent la déforestation, la contamination de l’eau ou d’autres formes de dégradation de l’environnement. 33Ne pas repousser la réflexion sur le relèvement jusqu’à ce que vous sentiez que les besoins d’urgence sont satisfaits. Bien que la priorité doive être accordée à la satisfaction des besoins de base immédiats des personnes touchées, la programmation du relèvement doit aller de pair avec elle pour réduire leur vulnérabilité aux risques, renforcer leur capacité d’adaptation et susciter leur intérêt pour la RRC et l’ACC. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien 3.3 Secteurs clés pour l'intégration de la RRC et l'ACC Après avoir présenté les différents contextes pour l’intégration de la RRC et l’ACC, examinons maintenant les différents secteurs qui sont pertinents pour la RRC et l’ACC, et où l’intégration de la RRC et l’ACC peut faire une différence. Santé et soins3.3.1 L’état de santé des personnes fait partie des secteurs les plus sévèrement touchés par les catastrophes. Certains risques tels que les tremblements de terre et les tempêtes, peuvent directement entraîner la mortalité et l’invalidité, d’autres comme les sécheresses et les inondations compromettent la santé des individus et des communautés sur de longues périodes, voire des années, en provoquant une accumulation de stress et de maladies qui, à leur tour, les rendent plus sensibles à d’autres types d’infections et de risques pour la santé. Les catastrophes provoquent souvent la destruction des structures de santé et la paralysie des services de santé à travers les dommages matériels aux bâtiments et équipements, la perte directe de personnel de santé, et le manque de connaissance des procédures et des ressources pour maintenir les opérations dans des circonstances différentes, où la demande pour les soins de santé est plus grande et plus urgente. Les catastrophes secondaires peuvent se produire lorsque la santé de la population est affectée négativement par la surpopulation dans les abris temporaires, les réponses post-catastrophes inadéquates en matière d’assainissement, d’approvisionnement en eau et de qualité de l’eau et d’élimination des déchets solides. Les changements climatiques sont en train d’augmenter le nombre et l’intensité des événements météorologiques extrêmes, conduisant à des effets destructeurs plus fréquents tels que ceux décrits ci-dessus, ainsi que le stress de la chaleur et les pneumonies lors de vagues de chaleur et de froid sans précédent. Les changements climatiques agissent également comme un multiplicateur des risques existants pour la santé causés par des maladies sensibles au climat. Les maladies d’origine hydrique telles que les infections bactériennes et parasitaires sont celles qui risquent le plus d’apparaître à la suite de périodes plus nombreuses et plus longues d’inondations et de sécheresse. 43 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Les maladies transmises par les vecteurs et les rongeurs, telles que le paludisme et la dengue, augmenteront dans des conditions plus chaudes et plus humides, et toucheront de nouvelles zones à mesure que les températures globales augmenteront. Il y aura une morbidité et une mortalité accrues parmi les populations vulnérables là où les services de santé sont inexistants ou incapables de répondre à l’évolution des tendances des maladies et à la demande de soins de santé appropriés. Le changement climatique provoque également divers effets psychologiques comme les effets graves ou traumatiques des événements météorologiques extrêmes, les menaces qui pèsent sur le bien-être émotionnel, et les effets sociaux et communautaires chroniques de la chaleur, de la sécheresse, des migrations et des conflits liés au climat. Une menace supplémentaire pour la santé des gens vient des décisions prises par d’autres secteurs pour s’adapter – ou mal s’adapter – aux changements climatiques. Les modifications apportées aux stratégies de développement agricole et à leurs budgets, de nouvelles entreprises et industries, et les changements aux politiques de gestion des ressources naturelles (GRN) ont tous le potentiel d’affecter directement la santé des gens et d’influer indirectement sur leur revenu et leur capacité de payer pour les soins de santé, si l’on n’y prend pas garde lors de l’évaluation de leurs divers impacts. Intégrer la RRC et l’ACC dans le secteur de la santé et des soins veut dire prendre compte des risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques et inclure diverses mesures pour y remédier, dans les programmes de santé et de soins. Santé et soins: principes pour intégrer la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et la capacité •Évaluer les impacts épidémiologiques probables des risques de catastrophe et les effets prévus des changements climatiques dans les lieux d’implantation du programme, ainsi que le niveau d’exposition des structures de santé. •Évaluer la pertinence des programmes de santé pour les scénarios de risque actuels et futurs, et identifier les forces, faiblesses et lacunes potentielles. •Mener des enquêtes sur les Connaissances, Attitudes et Pratiques (CAP) axées sur la santé chez les populations à risque, pour identifier les causes de la vulnérabilité aux maladies actuelles et prévues, ainsi que les facteurs de résilience. B. Prendre des mesures de réduction et d'adaptation de risque •S’appuyer sur, et non s’écarter, des programmes efficaces de vulgarisation sanitaire existants qui ciblent les plus vulnérables aux impacts des catastrophes et des changements climatiques. •Considérer les établissements de santé comme des structures cruciales dans la communauté pouvant fournir des services de santé et restaurer la résilience. •S’assurer que les hôpitaux conservent leur fonctionnalité lors de situations d’urgence. •Renforcer les connaissances et les compétences aux niveaux de la communauté et des ménages sur la façon de gérer les risques pour la santé qui sont exacerbés ou provoqués par les catastrophes et les changements climatiques. •Promouvoir et renforcer des systèmes efficaces d’alerte précoce et d’action rapide pour les phénomènes dangereux, les températures extrêmes, les épidémies et autres événements qui peuvent affecter négativement l’état de santé des personnes C. Ne pas nuire •Promouvoir la bonne santé et la nutrition comme base pour la résilience face à tous les types de risques, de chocs et de changements. •Promouvoir la communication et la coordination entre les acteurs de la santé qui travaillent avec les populations à risque. •Préconiser que les prestataires de santé intègrent des stratégies de résilience face aux catastrophes et aux changements climatiques dans les programmes de sensibilisation efficaces là où ils existent déjà. 44 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Sensibiliser les populations à risque à leur droit à la santé et comment il est affecté par les risques liés aux catastrophes et au climat. •Promouvoir / appuyer la coordination des questions portant sur les risques liés aux catastrophes et au climat entre santé, logements / abris, WASH (eau, assainissement et hygiène), sécurité alimentaire et acteurs de la nutrition au niveau local. •Plaider en faveur de l’engagement des acteurs du secteur de la santé (secteur gouvernemental, non gouvernemental et privé) dans les plates-formes et forums nationaux pour la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques Santé et soins: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Partager les résultats des évaluations, des enquêtes et d’autres études avec le ministère de la Santé et les fournisseurs de services de santé (sociétés gouvernementales, non gouvernementales et privées); 33Travailler en étroite collaboration avec les secteurs sécurité alimentaire, WASH et d’autres secteurs pour développer un programme holistique et efficace; 33Soutenir la formation de comités de santé au sein des populations à risque et les former à assurer la surveillance épidémiologique systématique pour faciliter la détection et l’intervention précoces. 33Former et équiper les membres de la communauté pour procéder à des évacuations et prodiguer les premiers secours en cas de catastrophe. 33 Contribuer à l’élaboration de plans d’urgence pour protéger la santé des personnes en cas de catastrophe. 33Renforcer les connaissances et les compétences au niveau des ménages, pour des mesures telles que la réhydratation orale en cas de diarrhée, la purification de l’eau, et la préparation et l’entreposage sûrs des aliments. 33Identifier les lois et politiques nationales pertinentes pour les prestations de santé et soutenir les populations à risque pour plaider en faveur de leur mise en œuvre. 33Promouvoir des plans d’urgence à plusieurs niveaux pour les urgences sanitaires, y compris le redéploiement du personnel de santé, de l’équipement et des ressources financières pour répondre aux besoins accrus. 33Rassembler les preuves de liens entre la modification des schémas des maladies et les risques sur des périodes prolongées, pour éclairer l’élaboration de stratégies appropriées en matière de santé pour la RRC et l’ACC. 33Analyser les dossiers de surveillance de la santé pendant et après les catastrophes et les phénomènes météorologiques extrêmes précédents afin d’identifier les principales causes de morbidité et les groupes les plus vulnérables. 33Aider les populations à risque pour évaluer la pertinence et l’efficacité des pratiques de santé traditionnelles relatives aux risques de catastrophe et aux changements climatiques, et encourager l’intensification de celles qui ont réussi. 33Travailler avec d’autres intervenants en santé pour identifier des indicateurs communs et des «déclencheurs» pour le lancement de mesures de réduction des risques telles que des campagnes de santé préventives. 33Soutenir la mise en place de systèmes d’alerte précoce pour les établissements de santé et mener des exercices réguliers de simulation. 33Réduire la vulnérabilité à long terme grâce à des campagnes soutenues de vaccination et de promotion de la santé axées sur l’élimination des maladies courantes et celles qui sont susceptibles d’être exacerbées par le changement climatique. 33Contribuer à une coordination multipartite et multisectorielle sur la RRC et l’ACC pour les questions de santé, car elles affectent et sont affectées par des actions dans de nombreux autres secteurs (tels que l’eau, le logement, l’agriculture, l’industrie) et par de nombreux intervenants. 33S’abstenir de mettre en place des structures et des systèmes alternatifs pour l’alerte précoce et la préparation qui fonctionnent parallèlement à ceux du gouvernement ou des communautés. L’amélioration des systèmes existants sera généralement plus durable à long terme. 45 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Étude de cas Mozambique: Réduire les obstacles à l'aide humanitaire Avec ses 2 700 km de côtes et ses nombreuses rivières, le Mozambique est souvent – et de plus en plus – soumis à de grandes inondations ainsi que des cyclones. Il a souvent bénéficié de l’assistance internationale pour compléter ses réponses nationales aux catastrophes majeures, comme les cyclones et les inondations de 2001 et 2007. Cependant, la gestion de cette aide n’a pas toujours été facile. En 2011, la CroixRouge du Mozambique (CVM) a lancé un projet pour aider les autorités mozambicaines à évaluer leur préparation juridique aux catastrophes en conformité avec les Lignes directrices relatives à la facilitation et la réglementation des opérations internationales de secours en cas de catastrophe et d’assistance au relèvement initial (qui ont été adoptées par les États parties aux Conventions de Genève). 3.3.2 Une lacune qu’ils ont trouvée concernait l’importation de biens de secours, y compris de médicaments. En réponse aux recommandations de la CVM en 2011, le gouvernement mozambicain a lancé une révision de sa législation sur les médicaments pour y inclure des clauses sur l’administration de médicaments d’urgence. D’autres recommandations sont également incluses dans la nouvelle loi relative à la gestion de catastrophes. Eau, assainissement et hygiène Là où les services d’eau et d’assainissement n’ont pas été mis en place en ayant la résilience à l’esprit, ils peuvent être détruits ou paralysés par les aléas. Les tremblements de terre, les glissements de terrain et les tempêtes de vent, par exemple, peuvent endommager les puits, les réservoirs, les systèmes de distribution d’eau courante et les châteaux d’eau, et perturber les systèmes de collecte des déchets solides. Les inondations et les éruptions volcaniques peuvent contaminer les sources d’eau et bloquer les réseaux de distribution et de collecte. Les sécheresses peuvent entraîner le tarissement temporaire, voire permanent, des sources d’eau et empêcher le fonctionnement correct des réseaux d’assainissement. 46 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Tous les types de risques peuvent affecter négativement les pratiques d’hygiène qui dépendent d’un approvisionnement prévisible en eau et de services d’assainissement qui fonctionnent. En particulier, dans les situations de catastrophe où les gens sont déplacés de leurs foyers et se rassemblent dans des abris ou des camps informels, les risques pour la santé sont exacerbés s’ils ne disposent pas d’eau et d’assainissement adéquats pour les besoins domestiques et d’hygiène personnelle. Le changement climatique cause déjà, et continuera de causer des changements massifs dans le cycle global de l’eau. Il s’agit notamment de : l’évolution du régime des précipitations résultant en des sécheresses plus longues et plus répandues ; la fonte des glaciers et l’augmentation des inondations ; l’élévation du niveau de la mer et la salinisation des eaux souterraines, une plus grande intensité et fréquence des événements extrêmes ; moins de prévisibilité de la disponibilité, la qualité et la sécurité de l’eau, etc. Ces changements augmentent la probabilité de dommages et de perturbations des infrastructures et systèmes d’eau potable et d’assainissement. Les pratiques traditionnelles d’hygiène peuvent perdre leur pertinence ou ne plus être utiles dans des conditions climatiques en évolution et avec l’imprévisibilité de la disponibilité de l’eau, par exemple. Le stress hydrique induit par le climat devrait également entraîner une concurrence et des tensions entre les différents types d’utilisateurs de l’eau (par exemple, éleveurs, agriculteurs, industriels), conduisant potentiellement aux migrations, aux conflits et aux déplacements. Intégrer la RRC et l’ACC dans le secteur WASH veut dire tenir compte des risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques, et inclure dans la programmation WASH diverses mesures pour y remédier. 47 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Eau, assainissement et hygiène: principes pour intégrer la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités •Analyser le profil de risque du lieu d’implantation du programme en utilisant les meilleures informations disponibles sur la manière dont les risques hydrométéorologiques sont susceptibles d’être affectés par le changement climatique. •Évaluer dans quelle mesure les systèmes WASH actuels dans le lieu d’implantation du programme sont exposés aux risques, et les impacts prévus du changement climatique sur les eaux de surface et souterraines. •Évaluer l’accès aux services d’eau et d’assainissement de la population cible, son impact sur leur santé et leur état nutritionnel et comment il crée la vulnérabilité aux risques et aux effets du changement climatique. B. Prendre des mesures de réduction des risques et d’adaptation •Baser les interventions WASH sur les évaluations des risques actuels et les scénarios futurs qui tiennent compte des observations, des projections et des incertitudes des changements climatiques. •Tenir compte des tendances qui affectent la disponibilité de l’eau et la demande de services d’eau et d’assainissement, telles que l’augmentation de la population, la dégradation de l’environnement et des industries à forte consommation d’eau comme l’exploitation minière. •Adopter une approche de gestion intégrée de l’eau qui équilibre et réglemente les divers besoins, afin de réduire la concurrence entre les différents groupes d’utilisateurs de l’eau. •Utiliser les technologies durables appropriées pour les risques liés aux catastrophes et au climat, les besoins sociaux et culturels, et les ressources disponibles pour leur entretien, telles que les pompes manuelles surélevées, des latrines sèches, etc. •Assurer la flexibilité des systèmes nouveaux et améliorés pour plusieurs scénarios. •Incorporer la surveillance des risques, la planification d’urgence et l’alerte précoce pour répondre à l’évolution des conditions et s’assurer que les services et les installations WASH continuent d’être appropriés et pertinents. •Répondre aux besoins urgents, notamment dans les situations de post-catastrophe, et «reconstruire en mieux». •Inclure le renforcement des capacités des utilisateurs et des fournisseurs à détecter les problèmes et générer des moyens d’y remédier, et à modifier les pratiques d’hygiène en réponse aux conditions changeantes. C. •Entreprendre une évaluation d’impact environnemental avant toute intervention. Ne pas nuire •Surveiller systématiquement la qualité et la potabilité des eaux souterraines, pour éviter la consommation d’eau contaminée. •Promouvoir la communication et la coordination entre les différents groupes d’utilisateurs de l’eau dont l’accès à l’eau est susceptible d’être affectée par le changement climatique. •Promouvoir le développement de systèmes WASH qui sont résistants face aux risques et aux changements climatiques, et durables en termes de ressources et d’expertise disponibles localement pour les maintenir. D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Sensibiliser les populations à risque sur leurs droits à l’eau et à l’assainissement et la façon dont ceux-ci sont affectés par les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques. •Plaider en faveur de l’engagement des acteurs WASH (secteur gouvernemental, non gouvernemental et privé) dans les plates-formes / forums nationaux de RRC et d’ACC. •Plaider auprès des populations à risque pour la mise en œuvre des lois et politiques nationales relatives aux questions WASH et aux risques liés au climat et aux catastrophes. •Promouvoir la coordination entre tous les usagers et autorités de l’eau dans les bassins hydrographiques et les zones de recharge des aquifères. 48 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Eau, assainissement et hygiène: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Procéder à une évaluation du risque et de la résilience face au changement climatique de tous les systèmes WASH sur lesquels on travaille, et partager les résultats des évaluations, des enquêtes et d’autres études avec les ministères (de l’Eau, la Santé, l’Environnement, et autres) en tant que porteurs d’obligations pour WASH, et d’autres parties prenantes telles que les sociétés privées sous contrat pour fournir des services WASH ; 33Mener des enquêtes de Connaissances, Attitudes et Pratiques (CAP) axées sur l’hygiène chez les populations à risque pour identifier les causes de la vulnérabilité et les capacités pour la résilience. 33 Réduire l’exposition aux dangers et risques climatiques en choisissant avec soin l’emplacement approprié pour les structures WASH ; 33Développer les capacités du personnel de santé local et des représentants des populations à risque pour fournir des informations sur les mesures à prendre avant, pendant et après des dangers courants ; 33Soutenir la formation de comités WASH au sein des populations à risque, les former pour surveiller et maintenir les systèmes WASH et négocier avec les fournisseurs de services externes ; 33Appuyer l’utilisation des pratiques traditionnelles en matière d’eau et d’assainissement, lorsque cela s’avère encore approprié, comme les méthodes de récupération et de stockage de l’eau dans les zones sujettes à la sécheresse ; 33Partager des exemples de systèmes WASH résilients face aux dangers et au climat que l’on trouve ailleurs, afin d’encourager leur réplication, le cas échéant ; 33Concevoir / rénover les systèmes WASH pour être fonctionnels dans divers scénarios climatiques prévus (par exemple, sécheresse et inondations) ; 33 Promouvoir le suivi systématique des installations WASH à la suite de dangers et dans des conditions climatiques différentes, et entreprendre / préconiser des améliorations si nécessaire ; 33Aider les utilisateurs et les fournisseurs de services à identifier des indicateurs d’alerte précoce pour les risques qui peuvent affecter les systèmes WASH, et à élaborer des plans d’urgence ; 33Réduire la vulnérabilité et l’exposition à long terme en combinant des mesures d’urgence et le développement de systèmes résilients et durables dans les interventions WASH après une catastrophe ; 33Interroger les femmes sur leurs besoins en matière de WASH – elles sont une source essentielle de connaissances sur les capacités WASH et les vulnérabilités dans leurs communautés, et peuvent avoir des besoins et des préoccupations différents de ceux des hommes ; 33Mettre en œuvre des systèmes d’assainissement modifiés qui utilisent des volumes d’eau moins importants et sont moins sujets aux blocages si les flux d’eau ne sont pas fiables ; 33Séparer Les eaux pluviales des eaux usées pour rendre les systèmes d’assainissement moins susceptibles d’être endommagés lors des indondations ; 33Veiller à ce que les installations et les systèmes d’assainissement soient à une distance sécuritaire des sources d’eau, pour éviter la contamination lors des inondations ; 33Inclure l’eau et l’assainissement comme partie intégrante de la fourniture d’abris ; 33Prendre des mesures qui permettront de réduire le gaspillage de l’eau (et ainsi de miminiser la consommation) ; 33Encourager les communautés et les fournisseurs de services à effectuer la maintenance des systèmes et des structures avant les saisons pluvieuses / sèches / de tempêtes ; 33 Éviter qu’une mauvaise préparation des budgets ou une mauvaise planification opérationnelle vous forcent à opter pour des technologies ou des matériaux inappropriés, mais négocier le financement et le temps nécessaire pour chercher et mettre en œuvre des solutions durables ; 33Éviter de créer des systèmes qui sont entièrement dépendants d’une seule source d’eau ou qui fonctionnent uniquement dans un éventail restreint de conditions climatiques, car ils perdront leur pertinence dans le contexte du changement climatique ; 33En situation d’urgence, donner la priorité à la garantie de normes minimales pour la quantité et la qualité de l’eau en cas d’urgence – dès que la situation se stabilise, travailler à réduire la vulnérabilité future ; 33Consulter les experts pertinents, tels que les hydrologues, hydrogéologues et ingénieurs spécialisés en eau et assainissement. 49 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Migration3.3.3 Les migrants sont des personnes qui quittent ou fuient leur lieu de résidence habituel pour se rendre ailleurs – généralement à l’étranger – en quête de perspectives meilleures et d’une sécurité accrue. La migration peut être volontaire ou forcée mais, la plupart du temps, elle procède d’un mélange de choix et de contraintes, et implique l’intention de résider à l’étranger durant une période prolongée. À l’heure actuelle les migrants représentent trois pour cent de la population mondiale. Cela signifie qu’environ une personne sur 35 dans le monde est un migrant. Alors que la migration et le déplacement sont étroitement liés, ils convient de les distinguer. Les populations déplacées nécessitent généralement des opérations de secours combinées avec des efforts visant à parvenir à des solutions collectives et durables. Par ailleurs, notre travail avec les migrants implique généralement plus d’aide sociale individuelle, de protection juridique et de soutien personnel. Bien des migrants parviennent à s’établir dans leur nouvelle communauté, mais d’autres – ceux qui nous préoccupent au premier chef – rencontrent des difficultés. Ils peuvent perdre le contact avec leur famille et leur communauté. Ils se trouvent hors des systèmes traditionnels qui les soutenaient et, souvent, ils n’ont pas accès à des services de santé et de protection sociale qui respectent leurs besoins élémentaires et leur dignité. Ils peuvent se retrouver à la merci de trafiquants d’êtres humains ou en butte à l’exploitation sexuelle et économique. Ils peuvent, au cours du processus migratoire, être privés de liberté et placés en détention. Certains risquent la persécution s’ils retournent dans leur pays d’origine. Les migrants sont souvent contraints de vivre dans des bidonvilles ou des zones à haut risque exposées aux inondations et aux glissements de terrain ; ils se heurtent aussi à des barrières culturelles et linguistiques, sont confrontés à la discrimination et à l’exclusion, voire à la violence. Les femmes et les enfants, en particulier les mineurs non accompagnés et les mineurs séparés de leur famille, les personnes traumatisées, les personnes atteintes de handicaps physiques et mentaux, et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables. Le travail auprès et en faveur des migrants vulnérables est une tradition de longue date du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Il tire son origine des Principes fondamentaux et de l’universalité du Mouvement et du fait que celui-ci s’appuie sur les volontaires et les communautés. Intégrer la RRC et l’ACC dans la migration veut dire tenir compte, dans la programmation relative à la migration, des risques liés aux catastrophe et aux changements climatiques et inclure diverses mesures pour y remédier . 50 our plus d’orientations relatives à la migration, se référer à: •http://www.ifrc.org/en/whatwe-do/migration/additional-resources/ Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Eau, assainissement et hygiène: principes pour intégrer la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités B. Prendre des mesures de réduction des risques et d’adaptation •Évaluer les risques liés aux catastrophes et au climat passés, présents et futurs pour les migrants, ainsi que leurs besoins, leurs vulnérabilités et leurs capacités. •Définir un rôle pour la CR/CR consistant à travailler avec et pour tous les migrants, sans discrimination et indépendamment de leur statut juridique. •Inclure des mesures visant à réduire les risques liés aux catastrophes et au climat, par une approche intégrée et impartiale combinant des mesures immédiates pour les migrants dans le besoin urgent avec l’assistance à long terme et l’autonomisation. •Déployer des efforts soutenus pour garantir l’impartialité et la non-discrimination, en tenant compte des besoins humanitaires des migrants et de la population d’accueil. •Incorporer la surveillance des risques, la planification d’urgence et l’alerte précoce pour répondre aux conditions changeantes. •Impliquer les communautés d’origine des migrants car elles ont une connaissance approfondie des pressions migratoires qui pèsent sur eux. •Travailler en collaboration avec les Sociétés nationales des pays d’origine, de transit et de destination afin de s’assurer que les besoins des migrants, et les risques auxquels ils sont exposés, sont correctement identifiés et pris en compte, et que les migrants potentiels reçoivent des informations correctes et à jour. •Réduire les déplacements forcés, en investissant régulièrement des ressources dans la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, la santé, le logement, la RRC, l’ACC et autres pour accroître la résilience des communautés touchées. •Soutenir la préparation aux catastrophes et le renforcement de la résilience au niveau communautaire pour atténuer les pressions qui peuvent inciter les gens à émigrer contre leur gré. C. •N’entreprendre aucune action sans l’accord des migrants concernés. Ne pas nuire •S’assurer que l’information fournie aux migrants potentiels est exhaustive et comprend les risques possibles de la migration vers les centres urbains où les changements climatiques augmentent progressivement les risques, ainsi que les conditions applicables dans les pays de transit et de destination, leurs droits et obligations, et comment accéder aux services humanitaires. •Surveiller tout changement susceptible d’indiquer que les programmes contribuent aux tensions ou aux conflits entre les migrants et les communautés d’accueil. D. •Sensibiliser les migrants à leurs droits à l’assistance et à la protection. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Lier l’aide, la protection et le plaidoyer humanitaire pour les migrants. •Renforcer le partenariat et la coordination étroite avec tous les acteurs travaillant pour les migrants. 51 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Migration: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Procéder à des EVC et répondre aux besoins identifiés en combinant des mesures immédiates pour les migrants qui ont un besoin urgent d’aide à l’assistance et l’autonomisation à long terme ; 33Prendre dûment en considération les compétences, l’expérience et la résilience des migrants et soutenir leur inclusion sociale, leur intégration et leurs aspirations ; 33Agir ensemble tout au long des sentiers de migration pour optimiser l’action humanitaire, y compris le rétablissement des liens familiaux, et se concentrer sur les risques auxquels les migrants sont particulièrement exposés tout au long de leur voyage ; 33Sensibiliser la communauté sur la nécessité d’informations complètes et à jour et d’une prise de décisions réalistes sur les choix de migration, diffuser des informations sur les expériences des migrants et soutenir l’échange et les discussions au niveau communautaire sur les choix de migration et des solutions de rechange ; 33Renforcer la résilience des populations par des actions communautaires pour la sécurité alimentaire, la génération de revenus, la santé, l’éducation ou l’aide humanitaire, lorsque la détresse sociale et économique, ainsi que le manque de services et de perspectives de développement, sont les principales causes de la migration ; 52 33Soutenir les actions communautaires pour la RRC et l’ACC lorsque la dégradation de l’environnement et les pressions socio-économiques rendent les conditions de vie de plus en plus précaires, ou lorsque les moyens de subsistance sont de plus en plus érodés du fait de l’augmentation de la variabilité du climat ; 33S’engager avec la communauté sur les voies et moyens permettant de réduire les tensions et de coopérer avec le CICR à l’appui de son mandat en vertu du droit international humanitaire, lorsque les pressions migratoires sont causées par la propagation de la violence ou par les conflits armés ; 33Prendre des mesures pour réduire les risques de la migration en permettant aux migrants potentiels et à leurs familles de prendre des décisions éclairées sur l’opportunité de migrer ou non, et dans quelles conditions, sur la base des informations complètes et actuelles ; 33Atténuer les pressions migratoires sur les communautés d’origine en soutenant la DP et le renforcement de la résilience au niveau communautaire ; 33Éviter de décider quelle solution est la meilleure pour les migrants lorsque l’on conseille ou informe ces derniers sur leurs options ; 33Éviter d’être associé, ou d’être perçu comme participant à l’exécution de la décision de l’État d’expulser de force un migrant. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Abris et établissements humains3.3.4 Pour plus d’orientations sur les abris et les établissements humains, voir: • IFRC (2011): PASSA. Participatory Approach for Safe Shelter Awareness (PASSA. Démarche participative de sensibilisation à la sécurité du logement). http://www.ifrc.org/PageFiles/95526/ publications/305400-PASSA% 20manual-EN-LR.pdf20manual-EN-LR.pdf Le logement est considéré comme l’un des quatre besoins fondamentaux de l’homme, à côté de la nourriture, l’eau et la santé. La sécurité du logement est un facteur déterminant de la santé d’une personne, son bien-être, et ses perspectives d’avenir. Elle peut être comprise par rapport au risque, lequel est communément défini par la relation entre aléa, vulnérabilité et capacité. Lorsque l’on considère la sécurité du logement, les aléas importants comprennent les tremblements de terre, les vents forts, les inondations, les incendies, etc. En termes de sécurité du logement, la vulnérabilité décrit les caractéristiques d’un établissement humain ou d’abris individuels qui les rendent plus susceptibles d’être endommagés quand un aléa survient. La vulnérabilité des abris est souvent spécifique à un certain type de danger. Par exemple, les bâtiments aux toits de chaume sont particulièrement vulnérables aux incendies, mais les toits de chaume sont moins vulnérables que les toits en béton aux dommages causés par les tremblements de terre. D’autres caractéristiques peuvent accroître la vulnérabilité à un éventail de risques. Par exemple, les jonctions faibles entre les murs et les fondations ou le sol augmentent la vulnérabilité aux dommages causés par les tremblements de terre, les vents forts et les inondations. La sécurité du logement concerne la capacité physique des foyers et des collectivités de résister aux risques, ainsi que la capacité sociale et économique des communautés, des familles et des individus. Pour de nombreuses personnes vivant le long des berges ou en bordure de mer, sur des pentes montagneuses ou dans des quartiers mal construits, les risques d’inondations, de tremblements de terre, de vents forts et d’autres dangers menacent en permanence leur vie. Dans la plupart des communautés, il ne sera pas possible de prévenir de manière significative les risques, mais il sera possible de réduire la vulnérabilité des abris et d’améliorer la préparation aux risques au cas où ils se produisent. 53 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Les risques et les vulnérabilités concernant les logements et les établissements humains peuvent être réduits par des stratégies telles que: • Prévenir ou diminuer la probabilité des risques – par exemple, par la localisation des établissements humains loin des zones côtières où des raz de marée se produisent ; • Réduire la vulnérabilité des abris et renforcer les capacités – par exemple, en renforçant les murs des maisons dans les zones de tremblement de terre ; • Renforcer et maintenir la préparation – par exemple, en construisant un abri anticyclonique et en préparant des sacs de sable pour protéger les maisons contre les inondations causées par les cyclones. L’intégration de la RRC et l’ACC dans le secteur du logement et des établissements humains signifie que toutes les interventions relatives au logement et aux établissements ont pris en compte l’effet des catastrophes naturelles actuelles et leurs risques futurs amplifiés par le changement climatique, y compris l’émergence de risques inattendus, et de l’impact de ces interventions sur la vulnérabilité aux risques naturels, et ont, en conséquence, adopté des mesures de réduction des risques. Pour cela, il est nécessaire de comprendre les vulnérabilités existantes aux risques, d’analyser la façon dont elles interagissent avec les processus actuels de développement du secteur et la compréhension des acteurs impliqués dans chacun des processus. Abris et établissements humains: principes pour intégrer la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités •Évaluer les profils de risque et les facteurs de vulnérabilité lors de la construction de nouveaux abris, l’amélioration des abris existants ou leur entretien, réparation et modification B. •Aider les gens à faire des choix éclairés concernant leurs abris. Prendre des mesures de réduction et d'adaptation de risque •Accorder une attention particulière aux aspects liés à la sécurité des abris et des établissements humains, y compris l’emplacement et l’amenagement des établissements dans leur ensemble, l’installation et l’orientation des abris individuels, la conception des abris (taille, hauteur et forme), le choix des matériaux de construction, la qualité de construction, et la manière dont les matériaux sont assemblés et ont une incidence sur le milieu naturel. •Adopter les meilleures options d’utilisation des terres pour les abris et les établissements humains et appliquer une planification de l’utilisation des terres fondée sur les risques et intelligente face au climat, pour gérer les risques de catastrophe et les effets du changement climatique et protéger les acquis en matière de développement. •Soutenir le renforcement des capacités locales en améliorant les compétences des gens de la collectivité et en garantissant la qualité et l’intégration de la conception résistante face aux catastrophes et aux changements climatiques à travers des formations pertinentes. •Concevoir Les systèmes d’infrastructure pour résister aux effets des aléas et aussi faire en sorte que les infrastructures en place soutiennent les fonctions d’évacuation et d’intervention d’urgence. •Encourager l’utilisation de la méthodologie PASSA (Démarche participative de sensibilisation à la sécurité du logement) quand l’EVC a mis en évidence les préoccupations et les risques spécifiques liés à l’environnement bâti. C. Ne pas nuire •Analyser l’impact potentiel de la programmation des abris et des établissements humains sur les marchés et les artisans locaux et sur l’environnement. •Assurer le transfert des personnes vers des lieux proches de leurs moyens de subsistance et leurs réseaux sociaux. •Veiller à ce que les abris soient construits, améliorés ou réparés pour résister aux catastrophes futures. 54 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Sensibiliser à la sécurité des logements comme partie intégrante des programmes de construction, à travers des stratégies de sensibilisation multimédias (par exemple SMS, radio, affiches, campagnes de sensibilisation du public, centres d’appels, etc.). •Plaider pour que des normes en matière de construction et de sécurité au travail soient mises en place et respectées. •Promouvoir le rôle de la FICR en tant qu’organisme chef de file pour ce qui touche les abris d’urgence. •Développer un partenariat et une coordination étroite avec tous les acteurs travaillant sur les abris et les établissements humains.. Abri et établissements humains: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Prendre en compte les dangers potentiels et inclure les mesures possibles de RRC et d’ACC lors de la construction de nouveaux abris, de l’amélioration des abris existants ou leur entretien, réparation et modification ; 33Respecter les codes de sécurité des bâtiments fixés par les autorités et concevoir les abris de manière à fournir un accès facile à l’évacuation de toutes les pièces ; 33Renforcer la sécurité des abris en améliorant les abris existants en tant que mesure spécifique ou au moment où des réparations ou des modifications importantes sont effectuées ; 33Inspecter régulièrement et réparer les abris si nécessaire, afin que leur sécurité soit maintenue ; 33Mettre en place un système d’alerte précoce au niveau communautaire pour alerter les ménages et les équipes d’intervention en cas de catastrophe ; 33Envisager d’établir des points d’eau à des endroits stratégiques, de tenir prêt du matériel d’incendie au niveau des ménages et de la communauté et de s’exercer régulièrement à son utilisation ; 33Sensibiliser les gens de la communauté à la façon de réagir et de répondre à d’éventuelles catastrophes comme les inondations et les tremblements de terre, et les familiariser avec les procédures d’évacuation à travers des exercices d’évacuation réguliers ; 33Encourager les ménages propriétaires à enlever ou à attacher les matériaux en vrac qui peuvent être transportés par les vents forts et causer des dommages ; 33Rendre les centres d’évacuation ou abris communautaires accessibles et les doter d’approvisionnements suffisants; 33Encourager les ménages à conserver des produits essentiels à la survie dans un endroit sûr ; 33Utiliser des artisans locaux et soutenir la reconstruction des marchés et des moyens de subsistance locaux; 33Adopter ou améliorer les technologies de construction locales qui ont prouvé qu’elles ont résisté à la catastrophe relativement bien, car elles sont bien connues et nécessitent moins de renforcement des capacités; 33Fournir un appui technique adéquat pour assurer une bonne qualité (de sorte que les maisons et les services soient de meilleure qualité qu’avant et capables de résister à de futures catastrophes) ; 33Prendre en compte l’environnement lors de la reconstruction, car c’est souvent un facteur contributif à la catastrophe ou à la gravité de son impact (par exemple en encourageant la réutilisation de matériaux récupérés et de débris ou en sensibilisant les gens aux déchets dangereux ; 33Lier la fourniture d’abris à l’eau et à l’assainissement et prendre en compte des questions telles que la gestion des déchets solides et des eaux usées, l’utilisation des terres, la réinstallation responsable, et l’entretien et la maintenance des maisons et des infrastructures communautaires ; 33Aider les gens à se préparer aux catastrophes futures par la sensibilisation et l’implication de tous dans la préparation et la planification pour l’avenir ; 33Utiliser le mandat du Groupe d’intervention en charge des abris pour sensibiliser aux outils de réduction des risques liés aux abris et aux méthodes de reconstruction durables d’autres organismes d’aide et intervenants clés du gouvernement ; 33Faire attention aux marchés et aux artisans locaux, ainsi qu’à la façon dont les gens construisent et améliorent leurs maisons progressivement, et à l’importance de renforcer leur connaissance des mesures de sécurité qu’ils peuvent prendre au fil du temps ; 33Éviter de réinstaller les gens de façon permanente dans des endroits éloignés de leurs moyens de subsistance et réseaux sociaux, à moins qu’il existe des risques cruciaux pour la sécurité ; 33Faire attention aux groupes les plus vulnérables dont la situation peut être compliquée, comme les squatters, les locataires, ceux qui ont perdu des membres de leur famille, ou sont handicapés ; 33Reconstruire de manière à aider les gens à renforcer leur résilience face aux catastrophes futures ; 33Protéger l’environnement dans le processus de reconstruction, choisir les matériaux de construction et définir les pratiques de reconstruction avec soin. 55 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien 3.3.5Moyens de subsistance et sécurité alimentaire Les catastrophes et l’insécurité alimentaire sont directement liées. Les inondations, les ouragans, les tsunamis et autres aléas détruisent les infrastructures agricoles, aquacoles et d’élevage, les biens, ainsi que les moyens et la capacité de production. Ils interrompent l’accès aux marchés, les échanges et l’approvisionnement en denrées alimentaires, réduisent les revenus, amenuisent les économies et érodent les moyens d’existence. Les crises économiques entraînent une diminution du revenu réel, contraignent les démunis à vendre leurs biens et se traduisent par une baisse de la consommation de denrées alimentaires et un appauvrissement de la diversité du régime alimentaire. Les catastrophes créent un engrenage de la pauvreté qui aggrave la prévalence de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Le changement climatique a des effets profonds et de grande envergure sur l’environnement, les écosystèmes, les ressources naturelles, l’économie et la vie humaine. Le changement climatique amplifie les modèles existants de risques de catastrophe et les scénarios actuels qui dépassent la capacité des communautés humanitaires et de développement. Les conséquences les plus graves des changements climatiques toucheront probablement la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des populations dépendantes de l’agriculture dans les pays vulnérables. Les changements à long terme qui bouleverseront les courbes des températures et des précipitations entraîneront une modification des saisons de production, une augmentation de la variabilité de l’approvisionnement et des risques dans le secteur de la pêche, et ils contribueront à l’émergence de nouvelles maladies des animaux et des plantes. Les menaces multiples qui pèsent sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la corrélation claire entre les chocs et la faim sont révélateurs de la fragilité des systèmes de production alimentaire actuels et de leur vulnérabilité face aux perturbations. Afin de briser ce cycle, il est nécessaire de protéger les moyens d’existence contre de tels chocs et de rendre les systèmes de production alimentaire plus résilients et mieux à même d’absorber l’impact de phénomènes perturbateurs et de s’en remettre, tout en préservant les acquis du développement durable. Les programmes relatifs aux moyens de subsistance durables évaluent généralement les obstacles auxquels les personnes sont confrontées pour améliorer leurs moyens de subsistance, et conçoivent des interventions pour les surmonter. Par exemple, lorsque la hausse des températures augmente les besoins d’eau des cultures et que les conditions météorologiques sont de plus en plus imprévisibles, les agriculteurs ont du mal à savoir quand cultiver la terre, semer et récolter. De même, quand un 56 Pour plus d’orientations sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire, voir: • FICR (2003): Politique relative à la sécurité alimentaire et à la nutrition. http://www.ifrc.org/Global/Governance/Policies/foodsecurity-policy-en. pdf • CICR / FICR (2007) Lignes directrices sur les programmes de transferts monétaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. http://www.ifrc.org/Global/Publications/disasters/finance/cash-guidelines-en.pdf • FICR (2007): Lignes directrices relatives à l’évaluation de la sécurité alimentaire dans le monde. Guide pratique pour les Sociétés nationales. (disponible sur Fednet) • FICR (2010): Lignes directrices de la FICR pour les programmes relatifs aux moyens de subsistance. (disponible sur Fednet) Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien conflit violent oblige les gens à migrer, ils n’ont pas accès aux ressources auxquelles ils sont normalement habitués. La migration peut aussi accroître la concurrence pour les ressources naturelles comme l’eau et les pâturages entre les migrants et les communautés d’accueil. Les populations urbaines, en particulier les ménages vulnérables, rencontrent souvent des problèmes d’accès aux aliments. Bien que ces types d’impact soient presque universels, les stratégies de mise en œuvre de solutions possibles doivent être enracinées dans une compréhension de la façon dont les gens maintiennent leurs moyens de subsistance, et appliquées parallèlement à celles qui visent à surmonter les obstacles à l’amélioration des moyens de subsistance. En ce qui concerne les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’intégration de la RRC et l’ACC veut dire tenir compte des risques liés aux catastrophe et aux changements climatiques, et inclure des mesures pour remédier à ces risques, dans la programmation des moyens de subsistance et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. 57 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Étude de cas Mali | Aider les communautés à développer la sécurité alimentaire Situé entre les grandes étendues sahariennes et les plaines sahéliennes, le Mali est l’un des pays les plus pauvres du monde. Seule la moitié de la population a accès à l’eau potable. Les taux de mortalité infantile et maternelle sont respectivement de 120 pour 1000 et de 580 pour 100 000 naissances vivantes. Dans le nord du pays, le Cercle de Goundam dans la région de Tombouctou est l’une des régions les plus pauvres du Mali, avec un climat chaud et sec et une population clairsemée répartie sur 92 000 km2. Ce cercle fut autrefois le grenier du Mali, en raison de la présence de nombreux lacs alimentés par les crues du fleuve Niger. Depuis 30 ans cependant, avec de grandes sécheresses et une pluviométrie très défectueuse, les choses ont changé. Le manque d’eau et la montée du désert ont ruiné l’agriculture et détruit de nombreux moyens de subsistance dépendant de l’élevage. Un conflit a aggravé la situation. De plus en plus, pendant la période de soudure (mois de mai à septembre), les stocks de céréales s’amenuisent et les ménages doivent faire face à l’insuffisance des points d’eau, à l’infrastructure médicale pauvre et aux coûts trop élevés des soins de santé. En 2005, une combinaison de facteurs saisonniers et structurels, aggravés par une invasion acridienne et un important déficit pluviométrique, a déclenché une crise alimentaire sans précédent dans tout le Mali. Dans le cadre de la lutte contre l’insécurité alimentaire, quatre communes avaient été attribuées à la Croix-Rouge malienne (CRM) par le Gouvernement malien. Ces communes sont d’autant plus vulnérables qu’elles se situent sur les rives du lac Faguibine, qui est quasiment asséché. Pendant quatre mois, la Société nationale, avec l’appui technique de la Croix-Rouge suisse, a apporté une assistance nutritionnelle et alimentaire à environ 43 000 personnes. Toutefois, la Croix-Rouge malienne a décidé que cela ne suffisait pas. Dans le souci de concilier urgence et développement et de réduire la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire, un atelier de planification stratégique a été organisé pour réunir les parties prenantes, afin d’améliorer durablement les conditions de vie des populations de ces quatre communes. Une approche participative basée sur l’analyse de la vulnérabilité et des capacités a permis d’identifier les besoins prioritaires de la population: •amélioration de la santé communautaire à travers des séances de sensibilisation ; •amélioration de l’accès à l’eau ; •renforcement des stocks de vivres et mise en place de banques céréalières (coopératives villageoises qui achètent, stockent et vendent des graines alimentaires de base 58 Ces priorités ont été traduites en diverses activités de projet ciblant les 40 villages les plus vulnérables, en mettant l’accent sur les femmes enceintes, les enfants âgés de six mois à cinq ans, les femmes chefs de ménage, les personnes touchées par le VIH et le SIDA, et les personnes âgées. Les communautés ont identifié et recruté des volontaires villageois pour sensibiliser aux questions de santé et d’hygiène, y compris le VIH et le SIDA. Formés par la Croix-Rouge et les services techniques de l’État, ils ont appris à informer et éduquer, sensibiliser les gens aux meilleures pratiques, et induire des changements de comportement. La CRM a développé des outils de sensibilisation spécialement conçus pour eux. Les projets ont amélioré les sources d’eau en réhabilitant les puits existants et creusant de nouveaux, en fournissant des approvisionnements pour la consommation humaine et animale, et pour l’agriculture à petite échelle. Pour renforcer les stocks de vivres, la Croix-Rouge malienne fait porter ses efforts sur les groupements féminins maraîchers et la constitution de banques céréalières. En plus de contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le maraîchage génère des revenus qui renforcent l’appui aux ménages tout en contribuant à l’autonomisation des femmes. L’intervention n’a pas été sans difficulté, mais les surmonter a permis d’accroître les connaissances de la Croix Rouge. En fin de compte, par l’amélioration de la disponibilité, l’accessibilité et la consommation de leurs propres produits, les habitants de Goundam ont considérablement renforcé leur sécurité alimentaire. Aujourd’hui, la Société nationale plaide pour que le projet soit dupliqué ailleurs. Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Moyens de subsistance et sécurité alimentaire: principes pour intégrer la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités •Évaluer les impacts passés, présents et prévus des catastrophes, la variabilité du climat et les changements des moyens de subsistance, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population cible. •Effectuer l’EVC pour identifier l’exposition, la vulnérabilité, les besoins et les capacités de la population cible et déterminer comment ceux-ci pourraient être traités pour renforcer la résilience. •Évaluer les interventions existantes et nouvelles contre les risques nouveaux et changeants, étant donné qu’avec le changement climatique, elles pourraient être moins, ou pas du tout, appropriées, compte tenu de l’évolution future à moyen ou à long terme. B. Prendre des mesures de réduction et d'adaptation de risque •Renforcer l’organisation et la voix des communautés. Renforcer la compréhension, la confiance, les compétences et la motivation permet d’habiliter les communautés à travailler ensemble et à être mieux préparées pour les menaces et les tendances possibles, et à répondre efficacement lorsque celles-ci se produisent. •Soutenir l’accès aux ressources naturelles et leur gestion. L’accès sûr aux ressources productives est important pour permettre aux communautés et aux ménages de planifier leur avenir et d’utiliser leurs ressources de manière efficace et durable. La gestion des ressources naturelles est également nécessaire pour le bon fonctionnement des écosystèmes dont dépendent les moyens de subsistance des gens. •Promouvoir l’accès aux technologies localement appropriées qui peuvent aider les producteurs vulnérables à surmonter les contraintes physiques et environnementales des zones exposées aux aléas, à améliorer leur productivité et leurs revenus, et à s’adapter aux changements climatiques. •Améliorer l’accès aux marchés et à l’emploi. En ayant un bon accès aux marchés des produits et à l’emploi, les producteurs peuvent diversifier leurs moyens de subsistance et gagner un revenu en espèces. •Assurer des conditions de vie sûres pour procurer aux gens le confort et la sécurité physiques qui sont d’importants facteurs contributifs au bien-être, et aussi à la santé humaine et la capacité de travailler efficacement. •Aider les producteurs et les productrices à évaluer les risques et les avantages liés aux options techniques / technologies traditionnelles et nouvelles qui peuvent aider à réduire les risques de catastrophe et renforcer la résilience face aux changements et à la variabilité climatiques. •Fournir un soutien financier et des conseils techniques aux populations à risque afin de diversifier leurs sources de revenus, comme moyen de gestion des risques. C. Ne pas nuire •Analyser l’impact potentiel sur les prix pour les producteurs et les marchés locaux, lors de la fourniture de produits alimentaires ou non-alimentaires au cours des interventions d’urgence. •Envisager l’utilisation des transferts de fonds pour empêcher les ventes forcées d’actifs productifs et d’autres mécanismes d’adaptation négatifs. •Envisager les programmes argent contre travail et les programmes de transferts monétaires comme un moyen pour protéger les populations en situation d’insécurité alimentaire tout en soutenant les producteurs et les fournisseurs locaux. •Envisager les implications, pour les femmes et les jeunes, des interventions concernant les moyens de subistence. 59 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Mieux faire connaître les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques pour les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la nutrition, à travers des campagnes de sensibilisation du public. •Plaider pour que les politiques en matière de sécurité alimentaire, de santé, de développement économique et agricole soient fondées sur une analyse des risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques, et pour l’investissement dans des infrastructures et technologies visant à soutenir le développement de moyens de subsistance résilients, de la sécurité alimentaire et de la nutrition. •Plaider en faveur de la réalisation des droits des femmes et des personnes marginalisées à des moyens de subsistance et des ressources pour la sécurité alimentaire essentiels, tels que la terre et l’eau, à travers des campagnes de sensibilisation du public, des réformes législatives et le soutien direct à la société civile et aux organisations communautaires travaillant sur ces questions. •Promouvoir le partenariat et une coordination étroite entre tous les acteurs travaillant sur la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance, la santé et WASH, pour générer des stratégies holistiques et à long terme pour la résilience face aux catastrophes et aux changements climatiques. Moyens de subsistance et sécurité alimentaire: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Procéder à une analyse solide des dangers, des contraintes et des risques potentiels, et des mesures visant à réduire leurs impacts lors de l’élaboration de projets ou programmes, étant donné que ceux-ci sont essentiels pour assurer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour les crises chroniques, soutenir la recherche ou l’étude sur les causes profondes ; 33Prendre en considération les scénarios futurs possibles lors de la planification des options concernant les moyens de subsistance. Cela comprend l’examen des effets possibles des tendances futures telles que le changement climatique, la mondialisation, la croissance de la population, la migration et la dégradation de l’environnement. Être capable de se préparer et de s’adapter est un facteur clé pour faire face efficacement aux changements dynamiques à long terme ; 33Soutenir le développement de cartes de profil et plans d’action des risques liés au climat et aux catastrophes aux niveaux local, de district et provincial ; 33Aider les ménages et les communautés à faire preuve d’innovation pour assurer l’accès et l’approvisionnement suffisants de nourriture tout au long de l’année, des revenus pour les besoins réguliers et des économies pour les situations d’urgence ; 33Créer des groupes chargés de l’alimentation et la nutrition dans les communautés à risque et offrir une formation sur les stratégies appliquées par les ménages pour l’amélioration et la préservation de la nutrition dans un climat changeant et en guise de mesures de préparation aux catastrophes ; 33Sensibiliser le public à la façon de maintenir des moyens de subsistance durables et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et de les inclure dans les programmes de préparation aux catastrophes ; 60 33Engager les institutions scientifiques à travailler en partenariat avec les communautés à risque pour développer / adapter des technologies pour l’agriculture, la pêche, la foresterie et d’autres moyens de subsistance ruraux, et documenter les projets pilotes pour une mise à l’échelle et une réplication potentielles ; 33Travailler avec différents niveaux de gouvernement pour mettre en place des réserves alimentaires et fonds d’urgence destinés à une action rapide en situations d’insécurité alimentaire croissante due à des événements à risque ou des contraintes liées au climat ; 33Soutenir le développement de services financiers et l’accès à ces services, tels que les plans d’épargne et l’assurance pour amortir les chocs ; former les utilisateurs potentiels pour s’assurer qu’ils comprennent leur mode de fonctionnement ; 33 Soutenir le développement de systèmes qui améliorent l’accès des producteurs de denrées alimentaires aux informations sur le climat sur différentes échelles de temps pouvant aller de jours (météorologie), mois (prévisions saisonnières) à des décennies (scénarios de changement climatique) ; 33Encourager les populations à risque à identifier les pratiques de sécurité alimentaire traditionnelles telles que les banques de semences et de céréales, la conservation, les régimes d’épargne, la migration et le travail saisonnier, et évaluer comment celles-ci pourraient être pertinentes ou adaptées pour les scénarios climatiques futurs ; 33Plaider en faveur de l’investissement dans des systèmes de protection sociale efficaces qui peuvent être mis à l’échelle en prévision de l’insécurité alimentaire accrue et en réponse aux crises ; le cas échéant, soutenir des projets pilotes pour mettre à l’essai des mesures telles que les transferts monétaires, les bons alimentaires et les régimes d’emplois garantis ; 33 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien 33Utiliser des méthodes participatives pour identifier les signaux appropriés d’alerte précoce pour les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et nutritionnelle chez différents groupes de la communauté, et les intégrer dans la conception des projets / programmes connexes; 33Encourager les populations à risque à partager leurs connaissances et leurs expériences de la variabilité du climat et la fréquence des catastrophes, pour permettre aux communautés d’identifier les tendances; 33 Encourager les personnes âgées dans les communautés à partager les moyens de subsistance traditionnels, les stratégies alimentaires et nutritionnelles pour gérer la variabilité du climat et les catastrophes récurrentes, et soutenir les communautés pour évaluer la façon dont ils peuvent être pertinents ou adaptés pour des scénarios climatiques futurs; 33Offrir aux agriculteurs de la formation et de l’éducation par les pairs sur les pratiques agricoles de conservation, de restauration des sols dégradés et de la biodiversité agricole dans les communautés; 33Faire participer tous les services gouvernementaux / ministères concernés ayant un rôle dans les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et nutritionnelle aux plates-formes et aux forums nationaux pour la RRC et l’ACC; 33Organiser des plates-formes locales et nationales pour des producteurs alimentaires, des spécialistes de la sécurité des moyens de subsistance / alimentaire et des experts en matière de catastrophes et changements climatiques, afin de générer une compréhension commune des défis et de la collaboration dans l’élaboration de solutions; 33Aider les ménages et les communautés à prendre des mesures de préparation telles que le stockage d’aliments et de fourrage, les campagnes de vaccination des animaux, l’épargne et la micro-assurance; 33Incorporer des fonds de prévoyance dans les programmes des moyens de subsistance et de la sécurité alimentaire et nutritionnelles dans les zones de risques liées aux catastrophes et au climat, afin de faciliter une action rapide en réponse aux signaux d’alerte précoce; 33Soutenir le développement de services financiers et l’accès à ces services, tels que les systèmes d’épargne et de crédit, et l’assurance pour amortir les chocs; former les utilisateurs potentiels pour s’assurer qu’ils comprennent comment ils fonctionnent. 61 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien 3.3.6 Gestion des ressources naturelles La gestion des ressources naturelles (GRN) se réfère à la gestion des ressources naturelles telles que les terres, l’eau, les sols, les plantes et les animaux, en mettant l’accent sur la façon dont elle affecte la qualité de vie des générations actuelles et futures. Elle regroupe la planification de l’utilisation des terres, la gestion de l’eau, la conservation de la biodiversité et la durabilité des industries comme l’agriculture, le tourisme, la pêche et la foresterie. La protection et la conservation des ressources naturelles ne sont pas seulement importantes pour le maintien des écosystèmes de la planète, ou pour l’environnement en général ; la GRN durable est essentielle pour soutenir le développement humain de chaque homme, femme et enfant sur la planète. Sans une planète en bonne santé, il serait impossible pour les gens d’avoir les ressources nécessaires pour satisfaire leurs besoins de base (tels que l’eau, la nourriture et le logement) et d’améliorer leur qualité de vie. En raison des facteurs de stress croissants liés aux effets des changements climatiques, il est maintenant plus que jamais crucial de protéger et restaurer les ressources naturelles communes de la planète. La relation entre les catastrophes et la GRN est compliquée, étant donné que les catastrophes peuvent à la fois exacerber et être intensifiées par la dégradation de l’environnement existante. La déforestation, par exemple, affecte directement l’environnement en réduisant la quantité d’air pur ou d’oxygène pour respirer, et en détruisant l’habitat naturel des animaux sauvages et des oiseaux ; elle augmente aussi les inondations, les sécheresses et les changements climatiques et provoque l’érosion du sol parce que les racines des arbres aident à lier le sol. Non seulement la GRN favorise l’adaptation aux changements climatiques et protège les communautés de certains des pires effets des catastrophes liées au climat, mais peut aussi offrir d’importantes possibilités de réduire les émissions de carbone. La Croix-Rouge / Croissant-Rouge est engagé(e) dans divers programmes de GRN (voir étude de cas) ou projets dans le cadre de ses efforts pour soutenir le développement d’écosystèmes résilients face aux aléas et ayant la capacité de s’adapter, et pour réduire les impacts négatifs des catastrophes et des changements climatiques sur les ressources naturelles. Intégrer la RRC et l’ACC dans la GRN veut dire tenir compte des risques liés aux catastrophes et au climat et inclure des mesures de réduction des risques dans les programmes de GRN. 62 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Étude de cas Viet Nam: Briser les vagues Les forêts de mangroves assurent des fonctions et services essentiels pour les communautés côtières du Viet Nam. Cela consiste notamment à agir comme des puits de carbone, atténuant ainsi les effets des changements climatiques, à procurer des nutriments pour la vie marine et à améliorer la protection des communautés côtières des ondes de tempête et de l’érosion (en retenant les sols pendant les périodes de fortes précipitations et ainsi, stabilisant les sédiments littoraux). En outre, les mangroves servent de pépinières et de zones de reproduction pour de nombreux organismes récifaux, et elles ont été également utilisées de manière durable pour la production de vivres, de médicaments, de bois de chauffage et de matériaux de construction. Pour tenter d’atténuer les effets des catastrophes, la restauration et la réhabilitation des forêts de mangroves ont été au centre des priorités des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux de la région. La Croix-Rouge vietnamienne (CRVN) joue un rôle de premier plan dans ces activités depuis 1994, date à laquelle son chapitre Thai Binh a lancé le projet de RRC communautaire avec le soutien de la Croix-Rouge danoise (DRC). En 1997, après une série de succès, le projet a été élargi pour inclure sept autres provinces côtières du nord du Viet Nam. Pour appuyer l’exécution du projet par la CRVN, la DRC a étendu sa couverture à la province de Nam Dinh, tandis que la Croix-Rouge japonaise (JRC) a mis en œuvre un financement destiné à six provinces (Ha Tinh, Hai Phong, Nghe An, Ninh Binh, Thanh Hoa et Quang Ninh) par l’entermise de la FICR. Au début des années 2000, le champ d’application du projet a été élargi pour inclure la formation à la préparation aux catastrophes et le reboisement avec des bambous et des filaos dans les communes le long des rivières. En 2005, la DRC a terminé sa part du projet, et la JRC a financé des activités dans les huit provinces depuis. Le projet a eu un impact considérable tant pour la réduction des risques de catastrophe que pour l’amélioration des moyens de subsistance des communautés. Les coûts globaux du projet qui s’étale sur 17 ans s’élèvent à 7,99 millions de CHF. Cet investissement s’est traduit par la création de 9 462 ha de forêt (dont 8 961 ha de mangroves) dans 166 communes et la protection d’environ 100 km de lignes de digues. On estime que près de 350 000 bénéficiaires ont été atteints directement par l’intervention du projet, tandis que deux millions d’autres ont été indirectement protégés grâce aux efforts de reboisement. En comparant les dommages causés par des typhons similaires avant et après l’intervention, on constate que les dommages subis par les digues ont été réduits de 73 000 CHF à 270 000 CHF – soit des économies qui représentent moins que les coûts de plantation de mangroves. Toutefois, le total des économies réalisées grâce à des risques évités dans les communautés dans leur ensemble s’est avéré beaucoup plus important, s’établissant à environ 13,7 millions de CHF. Les mangroves ont également eu un impact positif sur l’apport d’un revenu supplémentaire pour les communautés côtières à travers une augmentation de 209 à 789 pour cent des rendements par hectare des produits de l’aquaculture comme les coquillages et les huîtres. Les avantages économiques directs de la collecte de produits de l’aquaculture, de l’apiculture, etc. se situent entre 310 000 CHF et six millions de CHF dans les communes sélectionnées. Il convient de noter les avantages écologiques considérables du projet – la valeur actuelle des estimations des émissions minimum de CO2 absorbées par les mangroves plantées s’élève à 196 millions de CHF. Les calculs du rapport avantages/coûts (RAC) indiquent que le reboisement des mangroves a été extrêmement efficace. Un RAC supérieur à un est considéré comme « valant la peine » du point de vue économique. Dans le cas du projet de plantation de mangroves, le RAC, avantages écologiques compris, est de 55,49. IFRC (2012): Breaking the waves. Impact analysis of coastal afforestation for disaster risk reduction in Viet Nam http://www.ifrc.org/ docs/Appeals/annual11/MAAVN00111myrBreaking-the-waves.pdf 63 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Gestion des ressources naturelles: principes pour intégrer la RRC et l’ACC A. Évaluer les risques, la vulnérabilité et les capacités •Évaluer les risques de catastrophe et les effets prévus des changements climatiques dans les lieux d’implantation du programme et le contexte géographique plus large. •Utiliser des méthodes participatives avec les populations à risque, combinées à l’expertise scientifique, pour comprendre la sensibilité des ressources naturelles exposées aux effets prévus des changements climatiques. •Utiliser des données historiques sur les catastrophes, associées à la connaissance des populations à risque, pour comprendre l’interaction entre les risques de catastrophe et les ressources naturelles, par exemple les effets d’une éruption volcanique sur le sol et l’eau. B. Prendre des mesures de réduction des risques et d’adaptation •Appliquer les bonnes pratiques établies en matière de GRN pour faire face à certains des nouveaux défis posés par les changements climatiques et les catastrophes. Celles-ci consistent notamment à réduire les pressions non climatiques telles que la pollution, la surexploitation, la perte d’habitat et les espèces exotiques envahissantes. •Adopter des approches de gestion adaptative. Les effets du climat et des catastrophes et les mesures de GRN doivent être suivis de près afin que les mesures de gestion puissent être convenablement ajustées en réponse aux conditions changeantes. Les programmes doivent appuyer les options de gestion adaptative qui facilitent et accélèrent l’apprentissage sur les options appropriées pour l’avenir. •Impliquer les collectivités locales. La participation communautaire est un élément essentiel parce que les communautés savent ce qui a et ce qui n’a pas fonctionné historiquement, et parce que ce sont les collectivités locales qui mettent en œuvre et maintiennent ces programmes. C. Ne pas nuire •Prendre des mesures pour veiller à ce que tous les programmes qui pourraient causer des effets négatifs sur l’environnement soient correctement évalués avant la mise en œuvre, ou fassent l’objet d’un examen si ces effets négatifs existent déjà. •Examiner les impacts environnementaux de toute reconstruction post-catastrophe. « Reconstruire en mieux » signifie veiller à ce que les réponses n’aient pas d’impact négatif sur l’environnement et les ressources naturelles dont les gens dépendent. D. Sensibiliser, rechercher des partenariats, et plaider •Travailler avec les populations à risque pour sensibiliser à l’importance des ressources naturelles dans la réduction des risques liés aux aléas et aux changements climatiques, à la nécessité de leur protection et de leur conservation, en contextualisant les approches de protection, de conservation et d’amélioration déjà adoptées à des fins de réduction des risques liés aux changements climatiques. •Préconiser que les politiques de GRN intègrent l’analyse des risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques. •Préconiser que les autorités chargées de la GRN participent à l’élaboration de politiques de réduction / gestion des risques de catastrophe et de politiques en matière de changements climatiques. 64 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Gestion des ressources naturelles: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Intégrer les initiatives de GRN dans d’autres composantes de la gestion des risques, telles que les systèmes d’alerte précoce, la sensibilisation et, dans certains cas, des interventions matérielles portant sur les infrastructures par des travaux d’atténuation de petite ou de grande envergure; 33Sensibiliser les communautés rurales à l’importance des ressources naturelles, à la nécessité de leur protection et de leur conservation, et à leur rôle de gestionnaires; 33Soutenir les autorités gouvernementales à différents niveaux pour produire et superposer des cartes des aléas connus et des effets prévus sur les changements climatiques à des cartes des ressources naturelles à grande et à petite échelle, pour indiquer l’exposition actuelle et potentielle ; et aider les communautés à faire de même, à l’échelle la plus petite possible; 33Utiliser des méthodes participatives avec les populations à risque afin de déterminer comment les pratiques actuelles et traditionnelles d’utilisation des ressources naturelles influent sur l’exposition et la vulnérabilité aux aléas et aux effets prévus des changements climatiques ; utiliser les mêmes méthodes pour identifier les pratiques, les connaissances et les compétences existantes au sein des populations à risque pour la protection des ressources naturelles; 33Effectuer une analyse des forces en présence pour comprendre les intérêts de différentes parties prenantes en ce qu concerne les ressources naturelles clés, en particulier dans le cas des grands projets de développement / d’infrastructure qui vont les exploiter ou les affecter, ainsi que les communautés qui en dépendent; 33Renforcer / soutenir la création de comités de GRN au niveau local pour surveiller et analyser les enjeux locaux et pour représenter les intérêts locaux à d’autres niveaux; 33Procéder à une surveillance de la vulnérabilité comme mécanisme d’alerte rapide pour les catastrophes à évolution lente; 33 Utiliser des approches participatives et sensibles à la culture pour capter les connaissances des populations locales et autochtones, en particulier des générations plus âgées, concernant la façon dont les ressources naturelles ont changé au fil du temps et comment les gens se sont adaptés à ces changements; 33Fournir une formation et des moyens matériels aux populations à risque pour contribuer à la création d’un environnement naturel résilient grâce à la protection, l’entretien, la restauration et la valorisation des ressources naturelles (telles que les mangroves, les cuvettes d’eau, les systèmes de sols fragiles, les berges des rivières); 33Fournir des informations juridiques et techniques aux populations susceptibles d’être touchées par les projets qui utilisent ou peuvent avoir des effets sur les ressources naturelles clés ; les aider à accéder aux informations sur la façon dont ces projets peuvent influer sur leur vulnérabilité et leur exposition aux aléas et aux effets du changement climatique; 33Contribuer au renforcement des liens institutionnels entre les différents ministères pour ce qui est de la GRN, la gestion des changements climatiques et des catastrophes, en impliquant des représentants de chaque ministère dans les processus d’évaluation des risques, des plates-formes et des forums au niveau national, pour partager les bonnes pratiques; 33Mettre à profit l’expertise technique externe pour mener des études approfondies de certaines ressources naturelles, et présenter des options potentielles de renforcement de la résilience; 33Favoriser l’innovation en permettant aux communautés et organisations qui ont fait preuve d’efficacité dans la GRN d’avoir accès à des conseils techniques et scientifiques sur l’adaptation, et suivre de près et documenter les résultats; 33Identifier des indicateurs de la durabilité des ressources naturelles et établir des systèmes de surveillance pour suivre les changements. 3.4 Le genre dans la RRC et l’ACC La justification de l’intégration d’une perspective sexospécifique dans la RRC et l’ACC est à chercher dans le mandat humanitaire de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – prévenir et atténuer les souffrances humaines, sans discrimination. L’égalité des sexes assure l’absence de discrimination fondée sur le sexe dans l’allocation des ressources ou des prestations, ou dans l’accès aux services. En ce qui concerne les questions de genre, l’objectif de la FICR est de s’assurer que tous les programmes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge bénéficient aux hommes et aux femmes sur un pied d’égalité, en fonction de leurs besoins différents et avec la contribution et la participation égale des hommes et des femmes à tous les niveaux au sein des Sociétés nationales et du Secrétariat de la FICR. 65 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien La problématique genre dans la RRC et l’ACC Les risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques ne sont pas neutres du point de vue du genre. La nature et l’ampleur de leur exposition et de leur vulnérabilité sont différentes pour les femmes, les hommes, les filles et les garçons en raison de leurs différents rôles, responsabilités et accès aux ressources, du droit national et traditionnel, et des questions juridiques et culturelles. Par exemple: • Les femmes peuvent être moins en mesure d’évacuer vers un lieu sûr après un danger, parce qu’elles sont enceintes ou s’occupent d’enfants et de personnes à charge à mobilité réduite. Leur exposition, et celle des personnes à leur charge, peut être beaucoup plus grande que celle des autres qui sont en mesure de quitter les zones à haut risque ; • Le fait que les femmes n’aient pas de propriété foncière officielle peut les empêcher d’accéder au crédit pour incorporer dans leurs moyens de subsistance des mesures d’adaptation face au climat, investir dans des matériaux de construction appropriés ou dans la capacité de se déplacer vers un endroit plus sûr ; • Une baisse de la productivité des moyens de subsistance traditionnels en milieu rural peut pousser les hommes à émigrer pour chercher du travail, ou à entreprendre des activités de subsistance à haut risque afin de continuer à subvenir aux besoins de leurs familles ; • Les garçons / les hommes ne sauront peut-être pas comment nourrir et prendre soin de jeunes enfants s’ils doivent assumer ces rôles si les femmes de la famille sont tuées ou blessées à la suite d’une catastrophe. Les causes profondes de la vulnérabilité des femmes résident souvent dans l’inégalité des rapports de force au sein des sociétés, qui est présente dans tous les aspects de leur vie et les prive de leurs droits fondamentaux allant de l’accès à l’éducation à la participation à la gouvernance de la communauté. Leur vulnérabilité peut être également conditionnée par des rôles culturels qui les empêchent de développer les connaissances et les compétences qui leur permettraient de sauver des vies et prévenir les pertes en cas de catastrophe, comme apprendre à nager, ou participer à des réunions publiques. Ceci, à son tour, affecte d’autres membres vulnérables de leurs ménages. Dans la plupart des sociétés, la vulnérabilité des hommes est aussi étroitement associée aux attentes culturelles. Beaucoup d’hommes sont conditionnés à penser que c’est leur devoir de répondre aux besoins fondamentaux de leur famille et, quand ils sont incapables de le faire, ils peuvent recourir à des travaux dangereux, ou à la migration pour chercher un emploi ailleurs, ou se tourner vers l’alcool ou la toxicomanie. Les capacités des femmes et des hommes pour développer une résilience face aux catastrophes et au climat sont déterminées par leurs rôles sociaux, culturels, économiques, et de gestion des ressources naturelles. Par exemple: • Les femmes ont souvent une grande influence sur le comportement des enfants et des autres membres de leur ménage, ainsi que de la communauté au sens large, et peuvent donc jouer un rôle clé dans la réduction des risques en assurant le stockage des aliments en toute sécurité, en adoptant des pratiques adaptées au climat pour la consommation d’eau et l’hygiène, et en se préparant aux conditions défavorables; • Dans de nombreuses cultures, les hommes passent plus de temps en dehors de la maison et peuvent recevoir des messages publics d’alerte précoce avant les femmes et les enfants. Ils peuvent réduire les risques pour leurs familles en faisant passer ces informations le plus rapidement possible; 66 Pour plus d’orientations sur le genre, se référer aux documents suivants: • IFRC Gender policy: http://www.ifrc.org/Global/Governance/Policies/gender-policy-en.pdf • IFRC (2012): A practical guide to gender-sensitive approaches for disaster management. http://www.ifrc.org/PageFiles/96532/A%20Guide%20for%20 Gender-sensitive%20approach%20 to%20DM.pdf • FICR (2003): Gender perspectives. A collection of case studies for training purposes. http://www.ifrc.org/PageFiles/95749/B.c.02.% 20Gender%20 perspectives%20IFRC.pdf • Croix-Rouge française (2012): Weaving a culture of resilience. A gender-sensitive approach to disaster risk reduction in Vanuatu and the Solomon Islands. http://www.preventionweb.net/ english/professional/publications/v. php?id=31402 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien • Les mères et les pères transmettent à leurs fils et à leurs filles les connaissances et les compétences concernant les moyens de subsistance traditionnels, y compris comment gérer les risques à travers diverses activités génératrices de revenus, et comment s’adapter à différents modèles climatiques ou aux fluctuations des conditions du marché; • Les femmes et les hommes peuvent avoir des connaissances spécifiques sur la gestion des ressources naturelles essentielles pour leur subsistance, et peuvent donc avoir des compétences uniques pour adapter ces connaissances dans le contexte des changements climatiques. Les crises et les contraintes offrent également des opportunités pour les femmes et les hommes de contester les rôles sexospécifiques et les structures de pouvoir socialement conditionnés, tels que les rôles de leadership communautaire dans les négociations avec les autorités locales sur les priorités en matière d’adaptation, ou comme bénéficiaires de l’aide financière pour le relèvement après une catastrophe. Dans de telles situations, le renforcement de la résilience face aux catastrophes et aux changements climatiques peut offrir des résultats gagnant-gagnant en termes de gestion des risques et d’équité entre les sexes. Pourquoi la problématique genre est-elle importante dans la RRC et l’ACC? Premièrement, les hommes et les femmes jouent souvent des rôles différents dans la RRC et l’ACC et, par conséquent, ils peuvent avoir des besoins différents. Une perspective de genre est nécessaire pour s’assurer que les besoins spécifiques, les vulnérabilités et les capacités des hommes et des femmes (définis dans le contexte plus large de la classe, de l’ethnicité, de la race et de la religion) sont reconnus et traités. Deuxièmement, il est nécessaire que les hommes et les femmes participent pleinement à la prise de décisions en ce qui concerne l’identification d’activités appropriées de RRC et d’ACC. Très souvent, seuls les hommes sont consultés. Les femmes ne participent pas régulièrement aux processus de prise de décision et peuvent même ne pas être consultées, mais simplement considérées comme les bénéficiaires des prestations et services. Troisièmement, la perception des rôles et des responsabilités qui doivent être attribués aux hommes et aux femmes diffère d’une société et d’une culture à l’autre. Étant donné que les rôles et les responsabilités des hommes et des femmes affectent la façon dont ils réagissent aux risques liés aux catastrophe et aux changements climatiques, ils doivent être pleinement pris en compte lors de la planification et la préparation de la RRC et l’ACC 67 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien . Le genre: liste de contrôle des bonnes pratiques 33Éduquer et plaider auprès des responsables gouvernementaux locaux et des dirigeants communautaires pour qu’ils impliquent pleinement les femmes et les hommes, ainsi que les groupes marginalisés, dans les activités de gestion des risques de catastrophe et la prise de décision en la matière; 33Effectuer une analyse de genre systématique des rôles, responsabilités et situations socio-économiques différents des hommes, des femmes et d’autres membres de la famille dans l’évaluation des besoins. S’assurer que l’analyse met l’accent sur les questions liées à la diversité, telles que la situation des hommes et des femmes les plus démunis, des minorités ethniques, des personnes âgées, des handicapés, etc. 33Renforcer les capacités des hommes et des femmes dans des activités telles que la cartographie des risques pour permettre d’identifier les perspectives sexospécifiques des risques et des vulnérabilités, par des processus tels que l’EVC; 33Promouvoir la représentation proportionnelle des femmes et des hommes de divers groupes dans le processus décisionnel des activités communautaires de réduction des risques liés aux catastrophes, pour s’assurer que les aspects sociaux, culturels et économiques liés au genre de la réduction des risques sont pris en compte; 33Travailler avec et renforcer les organisations locales existantes qui représentent les femmes et divers groupes, afin d’encourager la participation de la communauté, que ce soit à la promotion, la planification ou la mise en œuvre du programme; 33Assurer la pleine participation des hommes et des femmes à l’analyse participative des risques et à l’élaboration de systèmes d’alerte précoce à base communautaire qui utilisent les outils et les connaissances des hommes et des femmes de la région; 33Promouvoir la participation des deux sexes aux systèmes d’alerte précoce à base communautaire pour s’assurer que les procédures sont sensibles à la fois aux besoins des femmes et des hommes, y compris la vie privée, la sécurité et la protection adéquate des biens précieux comme le bétail, dans les abris collectifs ; 33Fournir des filets de sécurité sous forme de transferts monétaires directement aux femmes, pour la sécurité alimentaire et les besoins de base des ménages; 33Soutenir la recherche sur les impacts sexospécifiques des risques liés aux catastrophes et aux changements climatiques et sur les pratiques efficaces dans la programmation de l’égalité des sexes ; 33Faciliter l’accès à des mécanismes de crédit et à une formation appropriés pour les femmes et les hommes, en vue d’adapter leurs moyens de subsistance aux conditions changeantes; 33Impliquer les femmes et les hommes dans l’élaboration de politiques d’utilisation des terres, pour sensibiliser aux zones à haut risque et aux possibilités de réinstallation. 68 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Appendice 69 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Glossaire Capacité d'adaptation Capacité d'un système (individuel ou collectif) de s'adapter aux changements climatiques (y compris la variabilité climatique et les extrêmes) pour atténuer les dommages potentiels, de tirer parti des opportunités, ou de faire face aux conséquences. Code de construction Série d’ordonnances ou de règlements et des normes destinées à contrôler les aspects régissant la conception, la construction, les matériaux, la transformation et l’usage de toute structure nécessaire pour assurer la sécurité humaine et le bien-être, y compris la résistance à l’effondrement et aux dégâts. Capacité Combinaison de toutes les forces et de tous les moyens disponibles au sein d’une communauté, d’une société ou d’une organisation qui peuvent être utilisés pour atteindre des objectifs fixés. Changement climatique Un changement dans le climat qui persiste pendant des décennies ou plus, résultant soit de causes naturelles, soit de l’activité humaine. Adaptation au changement climatique L’ajustement des systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou d’exploiter des opportunités bénéfiques. Validation climatique Une approche méthodologique visant à intégrer la problématique des changements climatiques dans les politiques et la programmation. Elle permet d’analyser les politiques et programmes en tenant compte des défis et des possibilités présents et futurs que posent les changements climatiques. Planification d'urgence Processus de gestion qui analyse les possibilités d’événements ou de nouvelles situations qui menacent la société ou l’environnement, et établit des modes d’action à l’avance pour permettre, en temps opportun, des réponses appropriées et efficaces. Capacité d’adaptation/ capacité à réagir Capacité des personnes, des organisations et des systèmes, en utilisant les compétences et les ressources disponibles, à faire face à et à gérer des conditions difficiles, des situations d’urgence ou de catastrophes. Stratégie d'adaptation Changer constamment et adapter les efforts cognitifs et comportementaux visant à réduire les niveaux de stress. Catastrophe Rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impliquant d’importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources. Préparation aux catastrophes Préparation à prévoir et, si possible, prévenir les catastrophes, réduire leur impact, et répondre et faire face à leurs conséquences à différents niveaux. Risques de catastrophe Potentiel de la catastrophe, en termes de vies humaines, des états de santé, des moyens de subsistance, des biens et services, qui pourraient se produire au sein d’une communauté ou une société, dans le futur. Réduction des risques de catastrophe Concept et pratique de la réduction des risques de catastrophe à travers des efforts systématiques pour analyser et gérer leurs facteurs et leurs causes, notamment grâce à la limitation de l’exposition aux risques, à la réduction de la vulnérabilité de personnes et des actifs, à la gestion rationnelle des terres et de l’environnement, et à une meilleure préparation aux événements indésirables Relèvement précoce Après une catastrophe, le relèvement précoce consiste à déplacer l’accent du sauvetage des vies à la restauration des moyens d’existence. Les interventions de redressement précoce visent à stabiliser la situation économique, la gouvernance, la sécurité humaine et la situation d’équité sociale. Les interventions de relèvement précoce cherchent également à intégrer la réduction des risques à des stades très précoces de la réponse à une crise spécifique, et à jeter les fondements de la reconstruction à long terme. 70 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et d’ACC: Guide du praticien Alerte rapide Gestion des d ’ u rg e n c e Dégradation mentale Ensemble des capacités nécessaires pour produire et diffuser en temps opportun et utile des bulletins d’alerte permettant à des individus, des communautés et des organisations menacées par un danger, de se préparer et d’agir de façon appropriée en temps utile pour réduire le risque de dommage ou de perte. mesures Organisation et gestion des ressources et des responsabilités pour traiter tous les aspects de l’urgence, notamment la préparation, l’intervention et les premiers pas vers le redressement. environne- Détérioration de l’environnement par l’épuisement des ressources telles que l’air, l’eau et le sol, la destruction des écosystèmes et la disparition de la faune. Exposition Personnes, biens, systèmes, ou autres éléments présents dans les zones de risque et qui sont ainsi soumis à des pertes potentielles. Insécurité alimentaire La situation qui existe lorsque les gens n’ont pas un accès sécurisé à des quantités suffisantes de nourriture saine et nutritive pour une croissance et un développement normaux, et pour une vie saine et active. Elle peut être provoquée par l’indisponibilité de la nourriture, un pouvoir d’achat insuffisant, la mauvaise répartition ou l’utilisation inadéquate de la nourriture au niveau des ménages. L’insécurité alimentaire peut être chronique, saisonnière ou transitoire. Aléa Un phénomène dangereux, une substance, activité humaine ou condition pouvant causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement. Aménagement du territoire Le processus entrepris par les autorités publiques afin d’identifier, d’évaluer et de décider des différentes options possibles pour l’utilisation des terres, y compris l’examen de l’aspect économique à long terme, des objectifs sociaux et environnementaux, des implications pour les différentes communautés et les groupes d’intérêt, ainsi que la formulation et la promulgation de plans qui décrivent les utilisations autorisées ou acceptables. Moyens de subsistance Les moyens de subsistance englobent les gens, leurs capacités, leurs biens, leurs revenus et les activités requises pour subsister – y compris les moyens d’obtenir de la nourriture. Mesures d’atténuation La réduction ou la limitation de l’impact négatif des aléas et des catastrophes. Gestion des ressources naturelles La gestion des ressources naturelles visant à engendrer un développement qui soit économiquement viable, socialement bénéfique et écologiquement durable. État de préparation Les connaissances et les capacités développées par les gouvernements, les organisations d’intervention et de relèvement professionnelles, les communautés et les individus, pour anticiper, répondre et se relever efficacement des impacts des événements ou situations d’aléa probable, imminent ou en cours. Prévention Le fait d’éviter complètement les effets néfastes des aléas et des risques liés aux catastrophes. Sensibilisation du public Il s’agit de l’étendue des connaissances communes sur les risques de catastrophe, sur les facteurs qui conduisent à des catastrophes et sur des actions qui peuvent être prises individuellement et collectivement pour réduire l’exposition et la vulnérabilité aux aléas. Redressement La restauration et l’amélioration le cas échéant, d’installations de moyens de subsistance et des conditions de vie des communautés touchées par des catastrophes, y compris les efforts visant à réduire les facteurs de risques. Résilience La capacité des individus, des communautés, des organisations ou des pays exposés à des catastrophes et des crises et aux facteurs de vulnérabilité sous-jacents à anticiper, à réduire l’impact, à faire face et à se relever des effets de l’adversité sans compromettre le potentiel de développement à long terme. Réaction La fourniture de services d’urgence et de l’assistance publique pendant ou immédiatement après une catastrophe afin de sauver des vies, de réduire les impacts sur la santé, d’assurer la sécurité du public et de répondre aux besoins essentiels de subsistance des personnes touchées. 71 Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Intégration de la RRC et l’ACC: Guide du praticien Risque La combinaison de la probabilité d'un événement et de ses conséquences négatives. Évaluation des risques Méthodologie pour déterminer la nature et l’étendue des risques à travers une analyse des risques potentiels et l’évaluation des conditions existantes de la vulnérabilité qui, associées, pourraient affecter les populations exposées, les biens, les services, les moyens de subsistance et l’environnement dont ils dépendent. Gestion des risques Approche systématique et pratique de gestion de l’incertitude pour limiter les dommages et les pertes potentiels. Transfert de risque Processus de transfert, formel ou informel, de conséquences financières des risques particuliers d’une entité à une autre, par lequel un ménage, une communauté, une entreprise ou une autorité de l’État obtiendrait des ressources de l’autre partie, après la survenance d’une catastrophe, en échange de compensations sociales ou financières fournies à cette autre partie. Développement durable Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures de répondre à leurs propres besoins. Vulnérabilité Les caractéristiques et les circonstances d’une communauté, d’un système, ou d’un bien qui le rendent susceptible de subir les effets néfastes du changement climatique et d’autres dangers. 72 Les Principes fondamentaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Humanité Né du souci de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sous son aspect international et national, s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Il tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la personne humaine. Il favorise la compréhension mutuelle, l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples. Impartialité Il ne fait aucune distinction de nationalité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus urgentes. Neutralité Afin de garder la confiance de tous, le Mouvemen s’abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique, racial, religieux et idéologique. Indépendance Le Mouvement est indépendant. Auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et soumises aux lois qui régissent leur pays respectif, les Sociétés nationales doivent pourtant conserver une autonomie qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement. Volontariat Il est un mouvement de secours volontaire et désintéressé. Unité Il ne peut y avoir qu’une seule Société de la CroixRouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à tous et étendre son action humanitaire au territoire entier. Universalité Le mouvement international de la CroixRouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel toutes les Sociétés ontdes droits égaux et le devoir de s’entraider, est universel. www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités.