Rolf Parr Dans quelle mesure des symboles collectifs représentent-ils des formes narratives de l’économie ? L’analyse de Rolf Parr sur la relation entre discours et narration prend comme point de départ l’ambivalence du caractère discursif de l’économie, une ambivalence qui provient du fait que l’économie intègre différents discours spécifiques (mathématique, statistique, droit, psychologie). Il décrit le statut de l’économie comme hermaphrodite, un corps doté à la fois d’« une orientation spécialisée et d’une autre hétérogène». Pour Rolf Parr, la configuration de l’économie est en fait encore plus complexe ; il y voit trois charnières hétérogènes: la focalisation des discours spécialisés, la nécessité de rapprochement au sein de l’économie, (par exemple entre mathématiciens du secteur de finances et opérateurs de bourse) et la communication externe de l’économie avec le public et les médias. Ces différents domaines demandent respectivement des formes de discours adaptées. Les discours spéciaux sont marqués par la dénotation et la clarté tandis que les discours hétérogènes sont connotatifs (par exemple « se serrer la ceinture »). L’échange réciproque entre ces deux formes de discours les influence réciproquement, jusqu’à une éventuelle confusion de sens. Rolf Parr le montre à l’aide de plusieurs exemples choisis dans la presse écrite et dans les médias audio-visuels. Dans ces derniers les choses sont les plus complexes. La structure de l’émission Börse im Ersten par exemple, qui présente une combinaison d’images, d’informations verbales et de cotations de bourse sous forme de texte, est tellement confuse qu’on peine parfois à la déchiffrer. En raison du passage permanent du discours du journaliste au discours de l’expert, il est difficile de distinguer quand l’information relève de l’espace de l’économie ou du journalisme. Dans la deuxième partie de son exposé, Rolf Parr analyse les symboles collectifs et la narration dans l’économie. Il se concentre sur la narration de la crise et de sa « normalisation » dans le contexte actuel. Il constate que le discours économique a recours à des métaphores de diagnostique médical (on y parle de « fièvre », « contamination », « épidémie » et de « guérison »). L’emploi de symboles a des répercussions sur les possibilités d’action : celui qui se trouve face à un ‘grand incendie’ va être appelé à l’éteindre’, celui qui est en ‘chute libre’ à vouloir en freiner la vitesse…