L. Berthe Sur quelques distiques buna (Timor central) In: Bijdragen tot de Taal-, Land- en Volkenkunde 115 (1959), no: 4, Leiden, 336-371 This PDF-file was downloaded from http://www.kitlv-journals.nl SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' (TIMOR CENTRAL). i. T imor appartient a 1'arc méridional, non volcanique, de Nusantara, 1'archipel des Petites Hes de la Sonde. L'ile fait, en gros, 600 kms. de longueur sur 80 de largeur. Elle est politiquement divisée: Ie Portugal en détient la moitié oriëntale ainsi que 1'enclave de Oekusi, sur la cóte nord; la moitié occidentale, ex-colonie hollandaise, est revenue a la République indonésienne. Timor est peuplée de nombreux groupes distincts, tant par la langue que par les coutumes. Les Buna', a cheval sur la frontière, occupent Ie centre de l'ile et n'ont nulle part de fenêtre sur la mer. lis sont enveloppés de tous cötés par les Tétun, sauf au nord-est ou leur frontière est un instant commune avec les Mambai. De tres récentes migrations ont mené des Buna' sur la cöte meridionale, jusqu'a Suwai en territoire portugais, et Besikama, dans la partie indonésienne. Si grandes que soient les différences, on peut aisément dégager un certain nombre de caractères communs a toutes les populations de Timor: 1'organisation politique de type f éodal, associée a la chasse aux têtes et a la vénération des héros, les systèmes de parenté fondés sur 1'échange généralisé, une religion associant Ie culte des ancêtres a celui des génies, sont des traits d'ailleurs communs a 1'ensemble du monde indonésien. Les Timorais sont des cultivateurs de maïs et de riz de ladang, bien qu'on rencontre des rizières irriguées dans les vallées; ils sont éleveurs de buffles, de chevaux, de porcs, de chèvres et de volailles. Les femmes sont habiles dans les arts du tissage et de la vannerie. L'aspect anthropologique du peuple buna' est loin d'indiquer un groupe homogene. Selon M. Mendes-Corrêa, 1'élément deutéro-malais serait chez eux prédominant, „les rapprochant peut-être ainsi des Dayaks de Bornéo" ;• 1'anthropologue portugais insiste néanmoins sur 1'hétérogénéite raciale du groupe, oü il rencontre aussi une forte proportion de types veddoïdes, proto-malais et mélanésiens. Ses statistiques ne sont a vrai dire fondées que sur la mensuration de 17 sujets. Par SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* (TIMOR CENTRAL). 337 ailleurs, il fait des „Marae" une population distincte des Buna': quoiqu'en vérité, „Marae" soit Ie nom que donnent aux Buna' leurs voisins, les Tétun (ceux-ci, a leur tour, plus connus sous Ie nom ethnographique et administratif de „Belu" ou, a Timor portugais, de Tetum, la langue portugaise n'admèttant pas Ie -n final....)- Plus récemment, Miss Keers, sans plus prendre Ie risque de dénominations raciales, constate la fréquence des dolichocéphales, et une stature moyenne plus élevée que celle des autres Indonésiens. L'aristocratie buna' ayant eu a son service, jusqu'a la colonisation hollandaise, tout un peuple d'esclaves achetés sur les marchés ou dans des ports comme Atapupu, — et traites la plupart du temps comme des membres de la familie, ne soyons pas surpris que la race actuelle soit inclassable. Les Buna' sont gouvernés par toute une hiërarchie aristocratique, depuis les chefs suprêmes (en Indonesië: BEIN GON'IL, OU „Quatre Grands"), jusqu'aux simples hérauts de villages. Les maisons, ou lignages, sont unies entre elles par des liens traditionnejs d'alliance matrimoniale, suivant la chaine de 1'échange généralisé, chaque maison ayant deux sortes d'alliés permanents: ses donneurs de femmes (MALU) 1 et ses preneurs de femmes (AI-BA'A). La coutume prévoit deux formes de mariage: Ie premier par achat de la fiancée, est patrilocal et patrilineaire (SUL-SULI') ; Ie second, TON-TEREL, matrilocal et matrilineaire, ne crée aucun lien définitif entre les maisons en cause. L'année, a Timor, se divise en deux parties bien distinctes 2 d'inégale durée: une saison sèche qui commence en avril; une saison des pluies, dont Ie début se place vers Ie 15 novembre; dans les montagnes centrales, de petites pluies, en mai, favorisent la culture de 1'ail, d'introduction recente. Ce rythme climatique détermine bien entendu les traditions agricoles, mais marque fortement aussi la vie sociale. Dès octobre, les Buna' commencent a préparer leurs champs pour les ensemencer soit, après en avoir abattu les arbres, par brülis d'une jachère vieille de cinq ou six ans, soit seulement en mettant Ie feu aux souches de padi ou de maïs, et aux mauvaises herbes des ladang ayant déja fourni une récolte l'année précédente. Avant la mi-novembre, on commence a enterrer les graines de padi, 1 2 „Donneur de femmes" se dit Mayu chez les Katchin et Mayoa a Alor. II va de soi que ce n'est pas Ie lieu, dans une simple introduction, de donner une description détaillée des techniques agxicoles, d'étudier rituels et sacrifices; moins encore, d'aborder les questions de propriété, d'héritage, ni 1'organisation politique et sociale. Ces importantes questions fourniront la matière de publications ultérieures. Dl. 115 22 338 LOUIS BERTHE. sans attendre les pluies. Lorsqu'il a commencé a pleuvoir, vers Ie 15, alors on plante Ie maïs; les jeunes pousses de padi ont dé ja commencé a sortir de terre: dès la fin du mois, il faudra sarcler une première fois les champs de padi. TUBI-LAI, qui est la fête de la chasse et de la saison des pluies, se déroule a cette époque des semailles; c'est une fête publique, une fête de village, la première — ou la dernière — de 1'année. Elle s'accompagne de rituels et de sacrifices privés au MAR UMON, la pierre centrale du champ, destinés a assurer la fécondité des graines qui seront semées immédiament après. C'est une periode morne et laborieuse de quatre mois et demi, qui succède au TÜBI-LAI. Il pleut chaque jour, les chemins sont détrempés, les torrents gonflés; dans la montagne, il fait froid; on reste des jours sans apercevoir Ie soleil. Mais la terre reverdit et, rapidement, les mauvaises herbes se font envahissantes. En janvier c'est Ie déherbage général des champs (u TUL) : au petit lopin suffit une main d'oeuvre réduite, et la maison y pourvoit. Mais Ie déherbage d'un grand champ est un evenement; tout Ie village y participe: Ie propriétaire nourrit son monde; il tue une chèvre ou, s'il est Ie chef du village, un buffle. Chaque travailleur recjoit en outre une part de si GUSUK, morceaux de viande cuite, découpés et enfilés sur des baguettes, qu'ils peuvent emporter chez eux. Jusqu'au dernier moment, il faudra veiller a la récolte. Celle-ci excite déja la convoitise des animaux de la forêt: singes, cerfs et sangliers. Les jours se passent a consolider la clóture des champs, a colmater les brèches; les nuits, a veiller en battant les OLO-OLO, tambours de bambou, pour éloigner les bêtes sauvages. La „soudure" est parfois, difficile; les greniers vides, il faut alors se contenter de manioc séché, de tubercules divers, dont 1'igname. Mais dès la mi-février, chacun peut s'offrir, ou a ses alliés, la friandise de jeunes épis de maïs bouillis, accompagnés, quand c'est possible, d'un gobelet de café. C'est Ie TERI-GOMO, gardien des récoltes qui fixe, pour Ie village, la date de la première fête de 1'année, celle de la récolte du maïs: PA'OL SAU. Elle a lieu dans les derniers jours de février ou au début de mars. Les premiers épis sont offerts dans la matinee aux ames des Anciens et aux génies du village, sur Ie SARAN-MOT, la place de danse et aux BOSOK, autels de maisons. Des gateaux de maïs nouveau sont échangés sur les tombes. Le soir venu, dans chaque grande maison de lignage, les anciens, gardiens du patrimoine, offrent rituellement, au cours d'une SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* (TIMOR CENTRAL). 339 longue cérémonie, les prémices de la récolte aux ancêtres et aux génies du lieu. Des épis frais sont attachés au grand poteau male de la maison, pour remplacer ceux de 1'année précédente. Enfin, les prémices sont partagées entre les vivants: tous les présents, hötes et alliés, recjoivent une part correspondant a leur dignité ou a leur rang. Puis dans la nuit, s'éclairant avec des torches, gargons et filles, jeunes et vieux, se rassemblent sur la place encore humide de la pluie de la journée, oü ils danseront des rondes en chantant, jusqu'a 1'aurore. Désormais, avec Ie retour progressif de la saison sèche, la vie va changer de rythme: une succession de fêtes et de travaux joyeux va remplacer 1'isolement relatif de chacun durant les pluies. Une fois achevée la récolte du maïs, et les épis serres dans les greniers de chaque lignage, il faut préparer la récolte du padi, qui va se dérouler, maison après maison, depuis Ie début d'avril jusqu'a la mi-mai. Bien que 1'IPI-LETE ne soit pas une fête publique, c'est un point culminant, la fête la plus courue de 1'année. Elle est marquée par la construction du BITIRAI, aire a battre protégee par un grand toit, édifié sur Ie champ même; la récolte donne lieu a un rituel complexe de fermeture et de protection contre les PAN MUK GOMO, les mauvais génies, rituel auquel les ancêtres sont associés. Pendant la journée, les femmes coupent les tiges de padi dans Ie champ, les hommes de la maison piétinent les épis sur l'aire a battre en chantant d'anciens distiques. La nuit, Ie travail ne cesse pas: mais 1'arrivée, au soir, d'une foule de jeunes gens et de jeunes filles attirés par la force magique du SUBUL fixé au toit du BITIRAI, transfigure Ie travail en fête: on se met a danser sur l'aire oü des mains attentives renouvellent sans cesse les tiges de padi a égrener. Au milieu de la nuit, la maison qui regoit donne un repas, groupe après groupe, a tous les hötes genereusement abreuves. L'enthousiasme est tel qu'on oublie la fatigue, on danse, on chante, de toutes ses forces. Des couples sortent discrètement, on fleurte sur la paille, on bavarde autour du BITIRAI, pour reprendre haleine.... La récolte rentree, les champs tondus et Ie soleil bien installé, il faut désacraliser la nouvelle récolte avant de commencer a la consommer; c'est alors, au jour fixé par les anciens, la fête de HOHON-A, qui consiste, comme Ie PA'OL SAU, en offrandes de prémices aux ames des ancêtres et aux génies, suivies d'une nuit blanche oü 1'on danse et chante des rondes puissantes ou endiablées. Les lignages peuvent désormais disposer librement de la récolte: certains vont alors prendre date pour la fête qu'ils donneront, pendant la saison, a 1'occasion de 1'achèvement d'une nouvelle maison, ou pour 340 LOUIS BERTHE. les parents morts dans les années précédentes: LAL BELIS et LAL GUZU, „affaire blanche", „affaire noire", suivant Ie cas; la blanche succédant parfois a la noire sans interruption. Ces fêtes jouent un röle essentiel: la maison qui donne la fête est astreinte par la coutume a inviter pour l'occasion tous ses alliés traditionnels : donneurs de femmes et preneurs de femmes. Pendant une semaine, ou plus, ceux-ci assisteront aux rites, mangeront a satiété la viande des buffles et des porcs sacrifies et repartiront, les preneurs de femmes délestés de nombreux plats d'argent (jadis, d'or), mais avec de belles couvertures neuves, et les donneurs de femmes presque nus, mais la sacoche lourde et tintante. Le temps passé vite, une fête succéde a 1'autre tandis que, la récolte rentree, on plante 1'ail qui fournit, avec la vente des bestiaux, les seuls revenus de 1'année aux paysans buna'. Puis il faut irriguer 1'ail, déherber une fois de plus les champs. C'est 1'époque, de juin a octobre, ou tous peuvent être requis, dans les villages oü la décision en a été prise, pour la reconstruction de maisons de lignage: les uns vont abattre des arbres a la hache dans la forêt, tailler avec le coupecoupe les énormes poteaux du pilotis et les planches épaisses, tandis que d'autres démolissent la vieille maison qui tombe en ruines. En moins de deux mois, tout est en place, garc.ons et filles vont couper les longues herbes tranchantes qui, liées en petites bottes, serviront a couvrir le toit. Puis ce sera la fête, si les récoltes ont été assez abondantes. Sinon, on attendra 1'année suivante.... Octobre arrive, on est las des fêtes; il faut arracher 1'ail, le faire sécher, le vendre aux boutiquiers chinois. Et puis les jachères sont la, qui attendent d'être préparées avant le retour des pluies, Chacun retourne a d'autres travaux, avec les mêmes gestes traditionnels: abattre les arbutes pour qu'ils aient le temps de sécher avant d'y mettre le feu, élaguer, refaire les clötures. On préparé les semailles.... Tel est le mode de vie dont d'innombrables distiques populaires décrivent les circonstances variées. Le choix des trente-cinq distiques ci-dessous, outre son intérêt purement linguistique, répond au désir d'illustrer concrètement la conception du monde et de la vie sociale des Buna'. Les distiques sont presque toujours chantés, rarement récités. Certains sont anciens, d'autres tres récents: il s'en crée de nouveaux chaque année, oü la „gauloiserie" se donne libre cours, en dépit des efforts du missionnaire catholique pour inculquer aux Buna' des principes plus sévères. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' (TIMOR CENTRAL). 341 On les chante en quatre occasions: 1) Lors des fêtes, en dansant les rondes (TEI), la nuit; 1'un des hommes lance un distique en soliste, lequel est repris par Ie choeur des hommes, puis par les femmes qui leur font face, et ainsi de suite plusieurs fois, aussi longtemps que personne ne lance un autre distique. Les airs de danses sont nombreux et les pas divers. 2) Pour la fête de la récolte du padi (IPI-LETE) ; certains distiques (voir les commentaires) sont traditionnellement réserves a cette fête dont la danse est spéciale: ici les danseurs ne forment pas une ronde, mais les hommes se disposent en trois ou quatre files qui tournent, chacune menée par Ie premier de ses danseurs, nommé I P I GUBUL, „la tête du padi" qui danse comme possédé. Les femmes ici se rangent par derriére, en autant de files; elles exécutent de petits pas, presque sans bouger, tandis que les hommes dansent avec violence. Comme dans Ie premier cas, Ie choeur est alterné. 3) Lors des funérailles, Ie village se réunit a la maison du mort oü 1'on exécute des choeurs assis, non alternés, les KAWEN, également chantés sur des distiques. Les thèmes des KAWEN sont nombreux, et les distiques interchangeables. 4) Enfin, les Buna' chantent au travail, aux champs ou a la maison, des TEI, dès qu'ils forment un groupe assez nombreux pour constituer un choeur. Dans tous les cas, les paroles sont celles des distiques populaires. La melodie n'est nullement moulée sur Ie vers, il y a des vocalises de remplissage, ce qui explique peut-être la difficulté que nous éprouvons a saisir la prosodie de ces distiques; Ie vers est syllabique, compris dans une limite de sept a onze pieds, avec une grande fréquence du vers de neuf pieds. La rime semble inconnue. Par contre, nous sommes sensibles a un rythme et une sonorité incontestablement poétiques. *** II. Distiques 3 Conter fleurette 1. APA LAKAR GIA NA DEHAN Ni' DEHAN Ni' KALE' GOL ZOBEL GUE Peste de buffle qui broute sans mesure Et sans mesure encorne les jeunes arbustes dans les champs! 1 3 (KAWEN et TEI)—2 (TEI) Les métaphores se passent de commentaires . . . Rappelons que D est une variante du phonème R. En position médiane ou finale, il est toujours prononcé R: nous 1'avons alors noté R. D'autre part, C est une variante du phonème T. T étant affriqué devant I, nous 1'avons noté C dans ce cas pour faciliter la lecture. 342 LOUIS BERTHE. 2. GILAN PULAN GIE NA DINI HUI TAU NETO DIE NI GABA'lT Elle devient sauvage, mon amie de Pulan Mais avec une glu a moi, je la rattraperai. 3. Hl'lT TAI MUK GIE NEGE GIAL AMA UKA KOI BAü' GIMIL KES Les feuilles de bétel cueillies a ras de terre, elles sont pour moi Le petit père Koi Bau' a une idee de derriére la t ê t e . . . . 4. HINO GAPE 'ON TUN HETEN Ni' 'ON BARU' GIE NA DINI ZUN II gratte ses puces sans arrêt: c'est qu'il n'a pas envie d'en rester la Mais elle, satisfaite, fait celle qui dort profondément. 5. HOT HINI NO LEO HETE NA* UN TARU CIO NA HURAT GIE Les rayons du solëil tombent sur mon jardin Si tu te détournes, quel est celui qui aura froid ? 6. HOZA MOMEN BUL NI HILO' LA1 HILO' LOKOMEA SIREL KOEN Au pied du cocotier vénérable, elle met de l'huile de palme De l'huile de palme qui fait si bien luire la chevelure, comme le [plumage de 1'aigle. 7. KEKE TILI DON NI ASU NA' HOMO NA EN I AMAK Ni' Ote d'abord de ton poignet le bracelet a grelot Que personne ne nous entende! 3 (KAWEN) La jeune fille se plaint que son ami ne lui offre que les feuilles de bétel les moins bonnes: les meilleures sans doute les garde-t-il pour une autre... 4—7 (KAWEN) Le scène se passé la nuit, sur la couche. 5. (IPI-LETE) Si tu me quittais, tu en souffrirais plus que moi. 6. (TEI) La belle a sa toilette. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* (TIMOR CENTRAL). 8. KIKIT GEWEN WA NI DONOS GUI 343 ? NIE TOMAN CIER ZUN GOPOL WEN La-haut, sur la colline de Kikit, je siffle dans les doigts Et mon amie, qui dort profondément, s'éveille en sursaut. 9. LIKO' NA HIK NI GUMI BI MO-MON PIR 'ON NA GOZO' 'OA Le bétel est dans la cachette, sur Ie chemin Le soir, au retour, passé par la. 10. NETO UEN NIE AI OLO POU AI OLO POU NA OPA POR J'ai pour cousine Oio P o u Cette Oio P o u dont la boite a bétel est s a c r o - s a i n t e . . . . 11. NIE SABUL LEO NI KOSO TA* EI GINI ZA NA GOTOL EL Dans mon verger, les oranges ne sont pas encore müres Et, les croyant a point, vous vous approchez en rampant. 12. SALAN SI TO LEO GENE Ni' HIK GENE TIOL NA ILEK A la saison des pluies, on ne s'apergoit pas au jardin Alors je n'entends ta voix, et toi la mienne, que par les chemins. 13. TAROMAN GOL GIE TALE TALE TAZAL BAI NA TEGE Les petites de Taroman sont bien j olies Lorsqu'on les rencontre, si jolies, on échange des cadeaux. 8. (KAWEN) AU signal convenu. 9. (KAWEN) Une gentille attention. 10. (KAWEN) Une fille vertueuse. 11. (IPI-LETE) Un peu de patience, que diable! N'agissez pas comme un voleur. 12. (KAWEN) Mais ils se retrouveront, lorsque reviendra le temps des fêtes de récolte. 13. (TEI) Les filles de Taroman sont réputées: on irait par la rien que pour lei rencontrer! 344 LOUIS BERTHE. 14. ZAP GUZU GOL NA MENAL DOI DEU TAMA SAL BU HANI GUE Le petit chien noir qui monte la-bas Si par erreur il entre dans la maison, ne le bats pas! Difficultés de la vie conjugale. 15. DEU MATEN KES GIE MANE POU MANE POU OA GOL LEKIS WEN Qui prend femme dans une maison noble N'est qu'une petite sauterelle, un pauvre criquet. 16. DOM0-L0KO' A IL SORO WEN IL PISI LOI NA DANU GIE C'est bon pour un loup-garou de mélanger l'eau avec le riz Moi, c'est avec une belle eau propre que je veux me marier. 17. ELI HANI ZAP TUA HONE WEN NARE MOLO ZON HUI BUSU' WEN Vous deux, ne marchez donc pas comme des chiens, sur les traces 1'un A la longue, votre corps pourrira comme celui du sanglier. [de Pautre 18. ERENO' MON NA DANU TOL MELE HANI NO LON ZIGI NI C'est hier soir que 1'union fut rompue Ne venez pas vous promener par chez moi. 14. (TEI et IPI-LETE) La fille implore son père, son frère: car c'est elle que "le petit chien noir" vient retrouver . . . 15. (KAWEN) Ne prenez pas femme au-dessus de votre condition. 16. (KAWEN) Ce distique pourrait figurer parmi ceux sur le mariage préférentiel: la croyance des Buna' veut en effet que le mariage avec une étrangère soit dangereux: qui sait si 1'étranger n'est pas un loup-garou? 17. (KAWEN) L'adultère finit toujours mal: y aura-t-il même une tombe pour les coupables? 18. (KAWEN et IPI-LETE) Douleur de la séparation. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* (TIMOR CENTRAL). 19. 345 TO KERE' I LOI GIMEN Ni' LOI GIMEN GIE O BELEK 'ON Ce n'est pas dès la première année que nous pouvons bien nous entendre Et qui voudrait qu'il en fut ainsi ne parlerait pas sérieusement. Mariage prêférentiel 20. AI-MALU NEI NA TIWIT GIE LEO LEGUL DUN MAL KORI UEN C'est entre Ai-Malu que je veux me marier Ceux du „long-j ardin", qu'ils s'en aillent un peu plus loin. 21. BOKAN GOL PIE TENE TANAN ZUN AI-MALU GOL NA TAHO GIE Le petit pot bout a gros bouillons C'est aux enfants d'Ai-Malu de le remuer! 22. NIE MALU GOL O BO'AL 'OA NEI GOMO GO BAI SURA GIE La fille de mes Malu est déja grande Pour moi, j 'ai quelque chose a demander a qui la d é t i e n t . . . . Variante: NIE NA'I GOL O BO'AL 'OA. . . . La fille de mon oncle utérin est déja g r a n d e . . . . L'oncle utérin 23. IE MOLO GIN GOL KERE* UEN AMA NA'l DEAL SI DAZA Ni' Tu n'as qu'une petite botte de bétel II n'y en a pas assez pour partager entre tous tes oncles maternels. 19. (KAWEN et IPI-LETE) Les bienfaits de 1'habitude dans le mariage. 20. (KAWEN) Pour le mariage traditionnel avec une fille des donneurs de femmes. 21. (IPI-LETE) La jeune fille pubère n'a rien de mieux a faire que d'épouser son cousin croisé. 22. (KAWEN) Le gargon choisit la fille de ses MALU. Variante: sa cousine croisée matfilatérale. 23. (KAWEN) Le prix de la fiancée n'est pas assez élevé: si tu veux épouser notre fille, il faut encore ajouter quelques plats d'argent, quelques grains de maïs qui comptent pour autant de têtes de bétail. 346 LOUIS BERTHE. Les dmes 24. TIRILOLO' HE MAN UMON NI UMON NI ZOIN-ZOIN TEBE MAL Le loriot vole, s'approche et se pose sur 1'Umon Sur 1'Umon il s'arrête un moment, tout silencieux, puis repart. 25. EN MUGEN MAN MIT HOZOL NI ESEN HOZOL W A NI BELEN GUI Une ame est venue prendre place pres du foyer La-haut, pres du foyer, on a joué de la flüte. Le voyage 26. HOT METE DOE NI CILU' TA* LE SELU DIE PAN GENE 'OA Aujourd'hui, en ce lieu, reposons-nous Demain, après-demain, nous serons déja chez nous. 27. LOLO BASU DIOL UEN Hl'lL NA' HOMO NA I TON TARU Fais entendre ta voix, une fois encore, du flanc de la colline Afin que nous nous souvenions 1'un de 1'autre. Le travail 28. GIRI GOL NANUN HULUN UEN TAIS ATIS MIL NI TORORO Enroule un peu les lisses sur la baguette Tends la dossière, que le tissu tremble! 24. (KAWEN et IPI-LETE) Le loriot est 1'ame nostalgique du défunt, qui revient sur 1'Umon se nourrir aux souvenirs de sa vie terrestre. 25. (KAWEN) Un vent: c'est 1'ame insatisfaite d'un ancêtre qui revient dans la maison! 26. (KAWEN) Les tribulations sont presque achevées: plus besoin de tant se presser. 27. (TEI de travail) Départ pour un long voyage, ou pour la guerre. 28. (KAWEN) Le travail de la femme, les gestes familiers de la vie. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' (TIMOR CENTRAL). 29. 347 SAI HOTO GOL NI BOTO LIOL KOLUN BATA' UEN SA PISI Ni' Elle monte, la fumée de son petit feu, sans arrêt Mais les mauvaises herbes, füt-ce d'une seule terrasse, il ne les [arrache pas! La guerre 30. IE MONE TWEN-TWEN KUDA MEO MA KOMA SAI-SAI DEBU PAS Combien nos hommes ont-ils razzié de chevaux? Celles dont la peau est douce se precipitent, en se donnant des claques [sur les fesses. Conseils 31. MATAS HANI DO OIK TOLO IE TALE OL GO GENE 'OA Vieil homme, pourquoi faire Ie beau Puisque ta beauté, elle est déja passée a tes enfants ? 32. SILASl' PAU BUK ARAK WEN GIGO TERE Ni' UEN DINI KOEN Balayer de l'aile comme un coq de bruyère Faire Ie beau, lui, alors que ses lèvres ne joignent pas! 33. GEZEL MEMEL TO LOI LALO NI' KALA' HULO-LEP NA EZEL DO' Avoir mal au ventre, en temps normal, cela n'arrive pas Peut-être est-ce Ie couteau du serment d'alliance, qui te déchire Ie [ventre ? 29. (TEI) Le paysan paresseux. 30. (TEI de travail) Enthousiasme au village, au retour des guerriers. 31. (KAWEN) II est un age pour renoncer... 32. (KAWEN) II est laid: une bouche entr'ouverte, des lèvres arrondies. Et il se conduxt comme un coq vaniteux! 33. (KAWEN) Si tu es malade, c'est qu'un serment d'alliance a été violé: les copeaux des bambous HULO et LEP, mêlés a 1'alcool de palme et au sang, dans le breuvage d'alliance bu par les ancêtres, déchireraient le ventre de 1'héritier qui romprait le serment. Ou bien, fïlle, si tu es enceinte, sans que 1'on sache a qui tu le dois, ne serait-ce pas que, par 1'inceste, tu as trahi tes alliés? 348 LOUIS BERTHE. L'orphelin 34. KIAK BERE GIE LIA BA'A GOET WEL TEPEL BA'A NA TA'A LAI Telle est 1'histoire de l'orphelin: Les restes sont toujours pour lui. 35. NIE EME NO HE LOKOMEA LOKOMEA NEI GIOL TARA Ni' Comme 1'aigle, ma mère s'est envolée loin de moi Mais 1'aigle, je ne connais pas son langage. 34. (TEI de travail et KAWEN)—35 (idem) Solitude de l'orphelin. * * * III. Eléments de description linguistique 4 A) PHONOLOGIE Consonnes: labiales alvéolaires prépalatales vélaires laryngales semiocclu sives spira ntes sourdes sonores sourdes sonores nasales liquides voy. b m w P s z n 1 t(c) k » d(r) r(d) g h Les occlusives sonores: b et g; la spirante sourde: h; la spirante sonore: z; la nasale: m, et enfin la semi-voyelle: w n'interviennent jamais en finale: OP (montagne), HOT (soleil), PAK (couper), CINO' (chaud), MAR (champ), PAS (claquer), UMON (autel de champ), MAL (aller). 4 Qu'il me soit permis d'exprimer ici mes vifs remerciements au Pr. Teeuw: la présente redaction doit beaucoup a ses bienveillantes remarques. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' (TIMOR CENTRAL). 349 Le d est une variante de r a 1'initiale. Le c est la réalisation de t devant i. Voyelles: i u e o a Le buna' ne connait que des mots de une ou deux syllabes, parfois trois mais presque toujours lorsque le mot est infléchi ou formé de la composition de deux autres mots. Il n'y a jamais dans le mot, succession de deux consonnes. La diphtongue est frequente: dans ce cas, la seconde voyelle est plus longue, la première s'abrège jusqu'a se confondre presque avec une semi voyelle: GIE, GUA, UEN. Cependant la voyelle abrégée reste pertinente: dans le dernier cas: UEN (un) différent de WEN (comme). Enfin, notons que la langue ne connait pas, a la différence du Tétun voisin par exemple, d'accent a valeur phonologique; elle ignore de même 1'accent tonique a valeur prosodique. * * * B) MORPHOLOGIE ET SYNTAXE Le linguiste autralien Capell a affirmé le caractère non-indonésien de la langue buna', et son appartenance au groupe des langues dites papoues. Parmi les langues non-indonésiennes de Timor, il range le Dagada, lé Makasai, le Kairui, le Kemak, le Vaikenu, le Waimaha et le „Bunak". Il caractérise ces langues, sur le plan du vocabulaire par leur manque d'affinités, aussi bien entre elles qu'avec les autres langues de 1'Indonésie; sur le plan de la grammaire par „la tendance de 1'objet a précéder le verbe", „1'existence d'une conjugaison" et „de postposjtions" au lieu des prépositions indonésiennes. Nous fondant nousmême uniquement sur des documents de terrain, nous n'avons pas a entreprendre une étude critique de cette publication citée dans notre bibliographie. Notre but n'est pas non plus de donner une grammaire complete du buna': nous nous sommes bornés a rendre intelligibles ces documents concrets que sont les distiques, ainsi que 1'autres textes dont 5 Ceci décrit la prononciation des Buna' de Lamaknen (partie indonésienne), mais a Mau-Gatal (partie portugaise, au sud, le long de la frontière) le d est toujours occlusif en initiale ou en médiane; en finale, il est réalisé comme l: ainsi MAR (champ) devient MAL, homonyme de MAL (aller). 350 LOUIS BERTHE. la publication suivra, en faisant ressortir les articulations essentielles de la langue. Les procédés grammaticaux sont les mêmes dans tout Ie domaine linguistique du buna'. Mais notre notation phonologique ne tient compte que de la prononciation des Buna' de Lamaknen, leur territoire indonésien de Timor central. NEI GOMO GO BAI SURA GIE = „Pour moi, j'ai quelque chose a demander a qui la détient". Cette phrase, empruntée au distique n° 22, va nous servir d'exemple au cours d'une première approche. Elle ne recèle pas tous les procédés morphologiques et syntaxiques du buna', mais au moins les plus frappants d'entre eux. NEI = je (exclusif). a) agent de 1'action; occupe la première place dans la phrase. Cette corrélation entre la fonction et la place du mot est vérifiée par de multiples exemples; mais, dans une phrase comme: LOKOMEA NEI GIOL TARA NI' 1'agent, NEI, vient après LOKOMEA, inversion qui répond a une intention expressive. De même dans: AI-MALU NEI NA TIWIT GIE OU 1'accent, mis sur AI-MALU, est encore renforcé par 1'emploi de 1'emphatique NA (voir distiques n°" 20 et 36). b) cette action, 1'agent lui-même l'exprime, comme 1'indique la forme du mot: NEI, et il la revendique, NEI emphatique, s'opposant a NETO non-emphatique. GOMO = celui qui détient, Ie possesseur, ou Ie gardien. a) place du mot devant GO, post-position (voir GO) : complement d'objet indirect du verbe (SURA). b) la forme du mot est infléchie: chez les Buna' de Timor portugais, les MALU, ou donneurs de femmes, sont appelés i OMO — nos gardiens. L'inflexion renvoie au déterminatif de GOMO: soit MALU GOL, sujet du premier vers du distique (n° 22), soit BAI, objet transitif de SURA. Le G- initial a donc la valeur d'un personnel. GO = a (lui). a) post-position dont le déterminatif est GOMO. b) la forme infléchie (G- initiale) renvoie a un déterminatif animé a la troisième personne: GOMO. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* ( T I M O R CENTRAL). 351 BAI = objet, chose. Place immédiatement devant Ie verbe, est Ie complement d'objet direct de celui-ci. Ce mot est invariable. SURA = demande(r). a) sa place en queue de phrase (il n'est suivi que par GIE, mot auxiliaire) Ie désigne comme Ie verbe. b) sa forme est caractérisée par 1'absence d'inflexion, nous indiquant que Ie complement d'objet direct est non-animé. Si NEI demandait au GOMO un cheval, nous devrions écrire: NEI (je) KURA (cheval) GUSÜRA (le-demander). GIE: apès Ie verbe, est la marque d'une sorte d'optatif; il exprime a la fois ou suivant les cas: 1) Ie souhait ou Ie désir; 2) 1'actualisation, donc une sorte de futur proche; 3) un accent emphatique mis sur Ie verbe qu'il suit. *** Dans la phrase buna', Ie réseau des relations significatives est donc essentiellement obtenu par deux procédés: 1) la flexion; 2) 1'ordre des mots. (1) Nous appelons jlexion Ie fait d'exprimer une série ordonnée de concepts grammaticaux par une série correspondante d'affixes spécialisés. La flexion est réalisée par la préfixation soit d'un mot soit d'un radical, base morphologique que la langue n'utilise jamais comme mot indépendant. L'injlexion renvoie a la personne du dé terminatij, complement de nom ( = cas possessif), ou complement d'objet direct. Dans ce dernier cas elle précise en outre si Ie déterminatif appartient a la classe des êtres animés ou non-animés: inflexion-base morphologique (substantif) relation possessive-génitive ,,. . ,., , . . ,. , , ,, prefixe inneem -f- radical separable (verbe) relation possessive ammation Le vocabulaire, nous y reviendrons, comporte des mots invariables, des mots infléchis et enfin des mots susceptibles d'être infléchis ou non. 352 LOUIS BERTHE. TABLEAUX DES FLEXIONS (1) Substantif = ma tête = ta tête GUBUL = sa tête i ÜBUL = notre (inclusif) tête NEI NUBUL = notre (exclusif) tête ILI UBUL = notre (duel) tête NUBUL UBUL (duel exclusif) tête EI UBUL = votre tête ELI UBUL = votre (duel) tête GUBUL = leur tête DUBUL = la propre tête (du sujet) TUBUL = la tête 1'un de 1'autre NELI NUBUL=notre (2) Verbe HAZAL (forme neutre) = voir NAZAL = (objet direct a la lère personne du singulier)-voir = me voir AZAL = 2eme — — = te voir GAZAL = 3ème — — = Ie voir I AZAL = lère personne du pluriel — = nous (inclusif) voir NEI NAZAL = — — — = nous (exclusif) voir ILI AZAL = lère personne duel — = nous (inclusif) voir NELI NAZAL = — — — = nous (exclusif) voir EI AZAL = 2ème personne du pluriel — = vous voir ELI AZAL = 2ème personne du duel — = vous voir GAZAL = 3ème personne du pluriel — = les voir DAZAL = (forme réfléchie)-voir = se voir soi-même TAZAL = (forme réciproque)-voir = se voir 1'un 1'autre (3) Le pronom personnel sujet 1 singulier NETO 2 3 ETO HIMO HOMO duel pluriel (animé) (non-animé) 6 NEI EI NELI ELI ILI I HALA'I e NEI a un sens exclusif, aussi bien pour la première personne du singulier que pour celle du pluriel: NETO HETEN NI' •=. je n'ai pas envie; NEI CIA' = moi je ne veux pas (distique no. 22); MOLO A NI' NEI BARE = Et nous autres, ne mangeonsnous pas de bétel? — Mais EI est probablement réserve au pluriel. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' (TIMOR CENTRAL). 353 La langue ne prévoit donc qu'une seule flexion pour le substantif et pour Ie verbe. Cependant, elle marque entre les deux une importante différence: lorsque les substantifs ne sont pas invariables, ils sont nécessairement infléchis. Tandis que les verbes ont une forme neutre, ou un radical qui peut apparaitre séparément comme mot. Nous dirons donc que certains substantifs ont un radical infléchi, et que beaucoup de verbes admettent 1'inflexion par préfixation. Le tableau suivant rassemble ces données 7 ( + correspond a 1'existence, — a la non-existence): invariable substantif verbe autres mots + (+) .+ infléchi + — — préfixable — + — 1) II est donc aisé de classer comme substantifs les mots dont le radical n'a pas d'existence séparée: A) Les substantifs désignant la plupart des parties du corps, ou des fonctions corporelles: GUBUL = sa tête; DON = propre main (du sujet); NIOL = ma voix; etc. L'inflexion joue a 1'égard de ces concepts le róle d'un possessif, tenu par G-IE pour les autres mots employés substantivement (voir ci-dessous). B) Six termes de parenté (dont deux sont métaphoriques): GOL = son enfant; GIN-TILI = tóute personne de la même génération qu'Ego et de sexe opposé, apparentée en ligne directe • ou collatérale; GIWAL = son neveu; GATAL ' = petits-enfants; GUBUK = arrières-petits enfants (sens propre: „fleur"); GALEL = enfants des arrières-petits enfants (sens propre: „jeune plante"). C) D'autres substantifs, en petit nombre. Un substantif infléchi n'est pas nécessairement animé, comme le montre le régime du verbe. Le mot. G-IE 8 est infléchi comme le nom. Il revient extrêmement souvent dans le discours. Il joue pour les mots invariables employés comme noms le róle tenu par l'inflexion des autres substantifs: 7 8 II n'est pas tenu compte de G-IE ni du pronom sujet. Lorsque le mot n'a pas de forme neutre, comme c'est le cas, nous donnons sa forme a la troisième personne, en isolant l'inflexion par untiret: G-IE. Dl. 115 23 354 LOUIS BERTHE. NUBUL = ma tête BAU GIE AMA = Ie père de Bau (litt.: Bau-de lui-le père) / NIE MAR = mon champ / / APA GUBUL = tête de buffle (litt.: Ie buffle-sa tête) Cependant, lorsque Ie déterminatif n'appartient pas a la classe des êtres animés, G-IE n'est introduit que lorsqu'il est nécessaire de préciser que Ie déterminé, mot invariable, est employé substantivement: MAR ALAN = la limite du champ; mais DEU GIE A = „Ie riz cuit ( = nourriture) du lignage" (nom de la fête pour 1'achèvement d'une nouvelle maison de lignage), Ie mot A ayant aussi Ie sens de „manger" ou „boire"; GIE KOLE' = sa fatigue (KOLE' = fatigué). Nous reviendrons sur Ie mot G-IE dans Ie paragraphe consacré a 1'ordre des mots. Deux post-positions: G-UTU = avec (lui); G-O = a (lui) ne semblent pas avoir de forme neutre: ELI deux NEGO TO SURA 1'un demander a 1'autre = Vous deux, que vous demandez-vous 1'un a 1'autre ? VOUS quoi Par contre G-EGE = pour (lui) a une forme neutre: HEGE ; mais ce mot a également Ie sens de „donner"; de même G-ITA dont la forme neutre (irreguliere) est ATA = vers, ou: s'ajouter (a); on peut en fait les considérer plutót comme des verbes préfixables. Les autres post-positions sont invariables: GENE = a, dans (éloigné); NI = a, dans (rapproché): MAR champ DEU maison GENE a MIL intérieur PIR = arrivé au champ jusque NI = dans la maison dans Les post-positions sont sans doute a ranger parmi les verbes. Le pronom personnel sujet (tableau (3)) a une structure propre plus complexe que celle des autres formes infléchies. Cependant, comme on peut s'en rendre compte en consultant les tableux (1) et (2), la forme pronominale est etroitement associée aux substantifs infléchis et aux verbes préfixables, en ce qui concerne les deux premières personnes du duel et du pluriel du déterminatif. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' (TIMOR CENTRAL). 355 2) La forme des mots infléchis les distingue nettement de la classe, beaucoup plus développée, des mots dont Ie radical peut apparaitre dans Ie discours, soit séparément, soit avec un préfixe: ces derniers sont des verbes. De multiples exemples montrent ici une attraction vocalique de la première voyelle du radical sur celle du préfixe: GUSURA = Ie demander; GIWIT = aller Ie chercher, etc. Mais il y a d'intéressantes irrégularités, par exemple: ZAL = emporter (un objet non-animé) donne GIAL = emporter, emmener (d'un être animé); HOZEP = couper (un objet non-animé) donne GIEP = couper (quelque chose d'animé). On constate Ie même phénomène d'attraction pour quelques substantifs dissyllabiques: GUBUL = sa tête; GIRI = son pied; mais ici la préfixation, si préfixation il y a, ne peut être confondue avec celle des radicaux verbaux: BUL signifie „base" ou „cause"; RI veut bien dire „pied", mais en Tétun. 3) Reste tout Ie stock des mots invariables: c'est un fourre-tout oü 1'on discerne des substantifs désignant des êtres animés ou non, les noms d'objets, d'animaux, les titres de noblesse, des termes de parenté a 1'exception de ceux cités plus haut, des termes d'alliance, etc.: DEU = maison; KUNI = gobelet de bambou a couvercle; LETE' = échelle de bois; EME = mère; MALU = donneur de femmes; EN = être humain; PAN = ciel, ou saison; etc. Tout ce qu'on peut dire, c'est que certains substantifs sont infléchis et d'autres non. Ainsi pour les parties du corps, GEZEL = son ventre, est infléchi, tandis que ARU' — chevelure, est irivariable. De même GOSAN = les bijoux de (son) patrimoine, infléchi tandis que: UKUR = Ie patrimoine (en général), invariable.... Un inventaire statistique donnerait peut-être d'intéressants résultats. Autres modalités de l'injlexion: Outre les personnes du déterminatif proprement dites, 1'inflexion exprime également: la forme réfléchie, marquée par D-, la réciprocité marquée par T-, ainsi qu'une forme causative moins nette que les précédentes par suite de 1'intrication de divers facteurs, et dont la forme neutre est marquée par HA- : ainsi SA'E = monter; HASA'E = faire monter (objet non-animé); GASA'E = Ie (animé) faire monter. Même procédé avec un substantif: NA'I = radja, chef; HANA'I = rendre hommage au chef. Animation, réciprocité et réflexion ont été rassemblées dans Ie tableau ci-dessous: 356 LOUIS BERTHE. c. d'objet direct animé non-animé KURA GIWIT HOTEL WIT = aller chercher Ie cheval = aller chercher du bois (NIWIT -= (WIT, forme radicale invar.) aller me chercher, etc.) réciprocité substantive verbale BAI TEGE TIOL ILEK = se donner mutuellement quelque chose ^forme neutre: = entendre la voix 1'un de 1'autre (NEGE = me donner, etc.) (GIOL = sa voix, etc.) réflexion substantive verbale DEGE DOSAN ZAL = se donner a soi-même, ou: pour soi-même = emporter ses (propres) bijoux de familie. (GOSAN = ses bijoux (a lui)). NEGE = me donner, etc.) Il ne saurait être question, bien entendu, de rattacher a ces formes tous les mots commengant par 1'un des phonèmes en cause: Ie sens de TAL = brisé, est étranger a toute réciprocité; celui de NETEL = racines aériennes (du ficus par exemple) n'a aucun rapport avec la première personne; etc. * * * (2) Cet usage, largement répandu dans la langue, de 1'inflexion a 1'initiale, va de pair avec un ordre des mots rigoureux; les relations entre mots sont exprimées aussi bien par des procédés morphologiques que syntaxiques. Ainsi Ie mot faisant fonction d'adjectif suit-il toujours Ie nom qu'il détermine; c'est la Ie premier trait distinctif de sa fonction: PANA GOL = jeune fille (litt.: „femme petite") GOL PANA = sa fille (litt.: „son enfant féminin") SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* (TIMOR CENTRAL). 357 GOL substantif s'infléchit, tandis qué GOL qualificatif demeure invariable. L'invariabilité est un trait distinctif secondaire de 1'adjectif. L'emploi de noms avec une fonction d'adjectif est exceptionnelle; on ne peut dire, par exemple, BISO OPI ; la forme correcte est BISO OPI GIE = les graines (venant) de la montagne. Il est frequent que pour 1'element déterminatif, on ait recours a GIE ; ainsi: IL A GIE = de 1'eau potable, est formellement identique a KURA NA'I GIE (inversion de NA'I GIE KURA = Ie cheval du radja). Cependant Ie mot A de IL A GIE est pris dans son acception verbale: „manger" ou „boire" et non comme Ie substantif signifiant „Ie riz cuit". S'il en allait autrement, 1'expression aurait un sens peu commun: „1'eau du riz cuit". En fait, IL A GIE est 1'homologue de KURA GUZU = cheval noir; A GIE peut être considéré comme une forme adjective du verbe A. On reviendra plus loin sur Ie problème que pose Ie mot G-IE. Certains mots, nous 1'avons vu, se laissent aisément cataloguer d'après leur forme même: ce sont les substantifs infléchis, les radicaux verbaux préfixables, Ie pronom sujet et Ie possessif G-IE. Mais pour Ie grand nombre des mots invariables, 1'ordre des mots est Ie seul procédé de discrimination du sens: MAL INIL = aller voir / INIL MAL = tenter de voir Voice une phrase formée de mots invariables, a l'exception du radical verbal qui, préfixé, prendrait un sens causatif: EN PANA être femme humain MEA' KURA SA'E LOI Ni' vierge cheval monter bon pas sujet objet verbe adverbes direct = il n'est pas bon pour une petite fille de monter a cheval. Aucun de ces mots ne pourrait être déplacé sans entramer une mo'dification, voire la suppression, du sens: chacun a une fonction précise, marquée par la place qu'il occupe. Prenons a présent des groupes de deux mots invariables: MAR ALAN = la limite du champ 0EU GENE = a la maison 358 LOUIS BERTHE. APA GUZU DEU PILIK = buffle noir = 1. toit de la maison 2. couvrir la maison d'un toit 3. action de couvrir la maison d'un toit Nous ne disposons d'aucun critère formel permettant d'affirmer que tel mot invariable est un adjectif, un verbe, etc. L'appartenance d'un mot a telle de ces categories n'apparaitra qu'après avoir situé Ie mot dans des contextes divers, jusqu'a ce qu'on ait fait Ie tour des modèles oü il s'insère. De toute évidence, ces modèles sont tres peu nombreux. En nous limitant a des modèles de deux mots, on peut affirmer que: — si un mot n'a jamais été rencontre après G-IE, ce mot est un verbe; — s'il ne succède jamais au pronom sujet, ce mot n'est certainement pas un verbe; — s'il n'est jamais suivi de G-IE, il sera exclu des substantifs et des verbes; etc. La détermination des categories de mots parait en fait reposer principalement sur deux pivots: d'une part G-IE, de 1'autre Ie pronom sujet. Ne prenons en considération que les mots invariables (Ie signe + indique la possibilité; — 1'impossibilité): (mots invariables) substantifs verbaux autres G-IE G-IE préposé post-posé + — + pronom sujet (préposé) — + + — + — G-IE est en somme 1'homologue de punja, précédé ou non du pronom sujet, dans Ie malais parlé : CIO GIE DEU? siapa punja rumah qui pos- maison séder EN " GIE orang punja homme posséder NIE AMA GIE saja bapak punja punja je pos- père posséder séder On sait d'ailleurs que Ie malais littéraire retourne cette construction comme un gant: Siapa punja rumah ? — Saja punja bapak punja Rumah kepunjaan siapa ? — Kepunjaan bapak-ku SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' (TIMOR CENTRAL). 359 Le buna' n'ignore pas ces subtilités: on en trouve quelques exemples dans les textes généalogiques. Il était donc erroné, comme 1'avait déja montré Jonker, de prétendre fonder une distinction entre les „langues orientales" et les „langues occidentales" de 1'Archipel, d'après la seule „construction génitive", puisqu'on trouve concurremment les deux formes dans des langues réputées appartenir a des groupes différents. Pourtant, si G-IE est bien, devant un substantif invariable, le substitut de la flexion, il ne peut en être de même avec les mots employés comme verbes: l'inflexion des verbes prefixables marque en effet la personne lorsque le complement d'objet direct est un être animé; c'est pourquoi G-IE n'ayant aucun róle a jouer devant le verbe, n'y figure jamais. Par contre, il est tres souvent place après le verbe: ETO TEO MAL GIE ? tu oü aller — NETO je IPI LETE MAL padi piétiner aller GIE — Réservons un instant la traduction de GIE. Nous nous sommes demandés si ce GIE post-verbal avait quelque rapport avec le G-IE „possessif": en effet le premier se présente toujours sous la même forme, et il exprime tout autre chose que la possession. En définitive, si 1'on admet qu'il s'agit bien du même mot, 1'organisation de la phrase en devient plus claire. Comment expliquer par exemple que IL A GIE, analyse plus haut, puisse signifier a la fois: „de 1'eau (bonne) a boire", et „désirer boire de 1'eau" ? En fait, dans MOLO MUK GIE = du bétel (poussant a ras) de terre, comme dans MAR MAL GIE = aller au champ, la démarche est exactement la même; le röle de GIE est toujours d'affirmer 1'actualité, l'étroitesse d'une relation définie par le second des deux mots, a 1'égard du premier d'ailleurs re-présenté dans le mot G-IE lui-même par l'inflexion de celui-ci. G-IE post-posé se comporte donc exactement comme un verbe a préfixe infléchi: MAR KURA MAL G-IE champ aller Maller) MOLO G-INIL G-IE cheval le-voir le-(voir) MUK G-IE bétel terre lui-(terre) 360 LOUIS BERTHE. Le tiret qui partage analytiquement Ie mot G-IE sans en rompre 1'unité, marquant la relation entre deux éléments tournés tous deux vers le contexte, est ainsi le trait essentiel, si 1'on ose dire, de ce mot. * * * (3) Les temps. Le parfait, ou encore 1'urgence (sorte d'impératif) sont exprimés par 'OA place après le verbe: HESER 'OA = (il est) déja mort; TAMA 'ON 'OA = entrez donc! Mais le temps est surtout marqué par des lexèmes tels que ERENOJ = hier; LE-GIE = demain; HILERE = après-demain; METENTI = a 1'instant; PAN MON = le soir; etc. Exemples: distique n° 18; ETO PAN MON BU / IPI LETE MAL GIE ? = vas-tu ce soir a la fête de la récolte du padi ? — DO LE-GIE HILERE HATI BU / i MAL 'OA ! = (s')il y a un bateau demain (ou) après-demain, nous (serons) partis! * * * (4) La ponctuation est souvent marquée par des monosyllabes: on vient de voir par les deux derniers exemples le röle de BU: on l'emploie surtout pour séparer deux membres d'une même phrase et marquer une pause; SA est plutót un emphatique mettant 1'accent sur le mot ou 1'expression qui précède: ENE SA DAHUL LE SA LIBEN = nuit animé, jour la nuit, le fête jour, la fête (ne s'interrompt pas); O est a pres 1'équivalent de la conjonction et, ou de notre euh marquant 1'hésitation: METE o . . . . = c'est a dire, e u h . . . . , ou encore d'une simple ponctuation: NIE MALU GOL o BO'AL 'OA (distique n° 22). * * * (5) Autres procédés. Aux procédés déja examinés, il faut ajouter la composition et la réduplication. Composition: BESI-GIOL = téléphone; de BESI, fer, et GIOL, (sa) voix. DO-HE = avion; de DO, bateau, et HE, voler. DUA-GENE = compagnon (de route); de DUA, tracé de pas, empreinte (forme réfléchie), et GENE, dans. Réduplication: elle s'applique surtout aux mots qualificatifs et verbaux, et correspond approximativement au superlatif, ou a une intention emphatique: SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* (TIMOR CENTRAL). 361 Guzu-Guzu = tres noir, ou noirceur pfofonde LOI-LOI = tres bien HOS-HOS == attendre a n'en plus finir. Enfin, il vaut d'être noté qu'en buna' la préfixation ne sert jamais a former des „concepts concrets dérivés" 9 : la langue ne possède aucun moyen de former de tels concepts. * * * Cette esquisse laisse inaperc;us d'autres aspects de la langue; nous n'avons insisté que sur les traits essentiels: la présence d'une flexion qui s'applique a certains noms, et a la plupart des verbes préfixés lorsqu'ils suivent un complement direct animé, flexion qui renvoie au déterminatif du mot infléchi et marque, suivant les cas la possession, la réflexion, la réciprocité, la causativité. Ensuite 1'existence d'une copule, G-IE, infléchie elle aussi, tres employee dans Ie langage, qui est la marque d'une relation soit entre deux substantifs dont Ie premier est animé et Ie second invariable, soit entre un substantif et un verbe, soit encore entre un substantif et un adjectif. Puis les formes complexes du pronom personnel sujet. Enfin 1'ordre des mots, oü Ie déterminatif précède Ie déterminé, sauf pour les qualificatifs et les adverbes; Ie sujet au début de la phrase et Ie verbe a la fin, immédiatement précédé de son complement d'objet direct: lorsque ce dernier est exprimé, un verbe ne peut donc succéder directement a un autre, chacun d'eux achevant sa propre proposition. Ainsi, nous constatons bien cette „tendance de 1'objet a précéder Ie verbe" remarquée par Capell; de même Ie buna' fait-il „usage de postpositions"; mais on peut admettre que celles-ci se comportent exactement comme des verbes; en fait ces caracteres ne sont qu'un aspect de 1'ordre dés mots. Dans 1'article en question (Oceania) Capell simplifie d'ailleurs les caracteres distinctifs des langues dites papoues tels qu'ils ont été élaborés par- Ie P. Schmidt, Ray et Capell lui-même, et rassemblés par Boelaars (1950). Si on note, en buna', des traits morphologiques et syntaxiques qui peuvent passer pour papous, il n'en reste pas rrïoins que 1) Ie nombre et Ie genre ne sont jamais indiqués; 2) la distinction de 1'exclusif et de 1'inclusif est fortement marquée; 3) les substantifs se rangent en deux classes; 4) les verbes n'ont ni temps ni mode; 5) la 9 Au sens oü Tentend E. Sapir. 362 LOUIS BERTHE. personne du sujet n'est pas indiquée dans Ie verbe; 6) on trouve enfin en buna' des préfixes indiquant la causalité et la réciprocité. Tous ces traits, auxquels d'autres encore viennent s'ajouter, opposent selon les auteurs cités, les langues dites papoues aux langues austronésiennes. Nous savons par ailleurs que la „construction génitive" n'est pas un procédé pertinent dans la classification de ces langues, pas plus que 1'absence de passif. Notons encore que Ie buna' utilise un démonstratif post-posé: EN BARE = eet homme. Sur Ie plan de la grammaire, on pourrait donc tout au plus conclure que nous avons affaire a 1'une de ces langues que Ie P. Schmidt nomme „Mischsprachen": langue influencée par Ie voisinage des langues papoues. Enfin, sur Ie plan du vocabulaire, Capell affirme que Ie buna' serait sans rapport aussi bien avec les langues indonésiennes qu'avec les langues papoues. En réalité, outre des mots appartenant au stock indonésien, assez nombreux et qui ont subi une modification propre ne pouvant s'expliquer uniquement par des considerations synchroniques, Ie vocabulaire buna' atteste quelques rapports remarquables avec les langues proto-malaises de la Péninsule, et peut-être avec Ie protoindochinois, comme en temoigne la liste provisoire ci-dessous 1 0 : Indon. Proto-malais bulan daun desa manay babinay t+ama kaka pauway buwah II apuy wayay la lune la feuille Ie (grand) village male femelle Ie père Ie frère ainé préfixe causatif Ie rotin la noix d'arec la chaux 1'eau yabut les cendres 10 Buna' hul nor (go-ron) tas mone pana ama ka'a haoe pu hau wer (se baigner) lobot Le vocabulaire indonésien suit Capell (these); Ie proto-malais, Skeat & Blagden, 1906, appendice au volume II. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* (TIMOR CENTRAL). Indon. Proto-malais susu tal luh les seins cassé les larmes (m)bei3i la nuit souffler la tête proche, pres cacher se tenir debout Ie brouillard (m)put (h)ulu hampil buni diyi kambut 363 Buna' SU tal holon [?] (pleurer) ene hu' Ie van, 1'éventail iliy donner bayay (ma+)tara être clair semang: eg semang: töded la maison la viande la natte stupide Ie champ de montagne g-ubul pir (arrivé) s-umi g-iri (pieds) kabu, habu (nuages) wilik g-ege tada, tara (savoir) deu, de si sakai: dêh semang: si semang: pil pil semang Jarum: lawa' laga proto-indoch.: mar/mir mar Par contre, un mot „papou" fourni par les listes de Capell (these) se rapproche d'un mot buna': moka, moke = banane (buna': MOK) ; encore faut-il signaler qu'on trouve dans la Péninsule malaise; yok, diok, qui seraient peut-être a rapprocher des précédents. En conclusion, et dans 1'état actuel de nos connaissances, il parait fondé de considérer Ie buna' comme une langue n'appartenant pas au groupe indonésien. Mais la liste des rapports lexicaux ci-dessus est encore trop limitée pour nous permettre de formuler des hypotheses précises. * * * 364 LOUIS BERTHE. IV. Lexlqueii A - 1) makan; manger: BAI A. 2) nasi; riz cuit. AI - 1) ou AI-BA'A: un lignage, ou „maison", considéré, sous 1'angle des relations d'alliance matrimoniales, en tant que preneur de femmes d'une autre maison qui est son MALU OU donneur de femmes; chaque maison étant AI-BA'A de ses donneurs de femmes et MALU de ses preneurs de femmes. Voir MALU. - 2) ou AI GOL : enfants de la soeur du père. AMA — bapak; père, père classificatoire; terme d'affection ou de respect. AMAK — v o i r MAK. AN DEI - tadi itu; peut se traduire a peu pres par: „ainsi", mettant 1'accent sur ce dont on vient de parier. APA — kerbau; buffle. ARAK — en parlant des coqs: mar- cher, les pattes raides et 1'aile basse, en une sorte de danse. Le coq qui fait sa cour a une poule marche autour d'elle d'une démarche particuliere également nommée ARAK. ASU — turunkan, (atau : tjeraikan); faire descendre, ou: óter. ATIS — dossière du métier a tis- BATA' - petak; terrasses (d'un champ). BAU - nom masculin. En seconde position: BAU'. BELEK — terbalik; retourné, a 1'envers. BELEK 'ON = retour- ner, inverser, cad.: plaisanter, dire le contraire de ce qu'on veut dire, ou de ce qui est. BELEN — (sematjam) suling; sor- te de flüte. BERE - 1) nom propre masculin. En seconde position: BERE'. 2) = BARE, ini; ce, celui-ci. BI — 1) bintang; étoile — 2) mot place a la fin d'une phrase, ou d'un membre de phrase, pour en adoucir le sens ou lui öter de sa gravité; c'est un des sens du -lah malais. BO'AL — besar; grand. BOKAN - periuk; poterie sphérique, a large ouverture, pour faire cuire le maïs ou le riz. BOTO — 1) asap, berasap; fumée, faire de la fumée - 2) bubar; se disperser. BU — explétif, ponctuation de la phrase, comme le malais maka. BUK — voir PAU BUK. BUL — pangkal; base, fondement. BUSU' - busuk; pourri, décomposé. ser. BA'A — itu; ce, cela. BA'A NI = disitu; la-bas. BAI — barang; chose, affaire. CIER — tidur; dormir. CILU' — beristirahat; se reposer. cio — siapa ?; qui ?. BARU' — 1) malas; paresseux — 2) puas; repu, satisfait. BASU — liwat, di-sebelah, ke-sebelah; au-dela, de 1'autre cöté, vers 1'autre cöté. 11 DANU - perkawinan, perhubungan laki-isteri; mariage. mariage, état de DAZA — 1) berbeda; différent, Ce lexique comprend exclusivement le vocabulaire des trente-cinq distiques traduits ci-dessus. SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' ( T I M O R CENTRAL). autre — 2) tjukup; assez, suffisant. 365 donner, pour lui. GENE - di-; a, dans. DEAL — banjak; beaucoup. DEBU — forme réfléchie de GEBU. GEWEN - mukanja; (sa) face. GEZEL — perutnja; son ventre. — DEHAN — ukur; mesurer, compter. DEU - 1) rumah; maison - 2) suku rumah; maison, lignage. DIE — forme réfléchie de GIE (1). . EZEL = ton ventre. DINI — forme réfléchie de HINI. DIOL - forme réfléchie de GIOL. DO - pada diri sendiri; a soimême. Forme réfléchie de GO. DO' — potong; couper (en percussion posée). DOE — ini; ceci, ce. DOE NI = disini; ici. DOI = DOE. DOMO-LOKO' - insecte ailé phosphorescent. Métaphoriquement (distiqüe n° 16): jeune fille apparentée aux loups-garous. DON - voir GON. DONEN - sandar diri; s'appuyer, s'adosser. DONOS - forme réfléchie de GONOS. DUN - forme réfléchie de GUN. DUN MAL = undur; reculer, (aller) en arrière. EI — kamu; vous (2e pers. plunel). EL — merajap; ramper. ELI — kamu berdua; vous deux. EME - ibu; mère, mère classificatoire. EN — orang; être humain, quelqu'un, les gens. ERENO' - kemarin; hier. ESEN — di-atas; la-haut, élevé. EZEL — 2e pers. sing. de GEZEL. — menarik dia kembali; rattraper. GAPE - garu; gratter. GAZAL - lihat (dia); (Ie) voir. GEBU - pantat, dasar; cul, fond, base. — DEBU: forme réfléchie. GEGE — dïberinja, untuk dia; lui GABA'IT GIA — de A: manger (avec nuance péjorative). GIAL — membawa (sesuatu jg. hi- dup); porter,. emporter (être animé).Voir ZAL. GIE — 1) -nja, dia punja; son, sa, ses. — DIE: forme réfléchie. — IE : 2e pers. singulier, Ie et 2e pers. pluriel. r- 2) mau, hendak; désirer, vouloir, marque du futur; dans ce sens, Ie mot est invariable. GIGO — bibir atas; la lèvre supérieure. GILAN — 1) tali;. ficelle, cordelette, bretelle (d'un sacoche) — 2) tertjinta, kekasih; amie, maitresse. GIMEN — memang; certain, certainement. GIMÏL — memikirkan. sesuatu, ingat sesuatu, pikirannja; pen. ser, se souvenir, (son) idee, (son) souvenir. . -. GIN — mengikat sesuatu, ikat; lier, nouer; botte, MOLO GIN = une.botte de. feuilles de bétel. GINI - voir HINI. GIOL - 1) suaranja; sa voix. 2) bahasanja; sa langue, son langage. — DIOL: forme réfléchie = propre voix (du sujet). GIRI — kakinja; son pied. — GIRI GOL: la baguette de lisses du métier a tisser. GO . — padanja, kepadanja; a lui, auprès de lui. GOET - bagai; comme. - BA'A GOET = begitu; ainsi, comme. GOIK - rupanja; son aspect. - OIK = ton aspect (2e pers. singulier). 366 LOUIS BERTHE. GOL — 1) anaknja; son enfant — 2) ketjil; petit (invariable). GOMO — jang empunja; Ie propriétaire, celui qui détient. GON — tangannja; sa main. — DON : forme réfléchie = propre main (du sujet). HO'ON — membuat, bikin; faire, exécuter, accomplir. GONOS — kukunja; HOTO — api; feu. HOZA — buah kelapa, (son, ses) ong- le(s). - DONOS : forme réfléchie. GOPOL - terkedjut; sursauter. GOTOL — 1) mendjaga dia; gar- der, surveiller - 2) menunggu; attendre. GOZO' - voir zo'. GUA — djedjaknja; (sa, ses) traces de pas. GUE - memukul dia; Ie frappe(r). GUI - tiup; siffler, souffler (dans qqch.). GUMI — voir SUMI. GUN — belakangnja; son dos. — DUN: forme réfléchie. GUZU — hitam; noir. HANI — djangan; ne ...... pas (impératif négatif). HE - terbang; voler (to fly). HETE — lempar, kena; toucher, atteindre. HETEN -suka, mau; désirer, avoir envie. HI'IL — tinggalkan; laisser. HI'IT TAI — sorte de bétel. HIK — 1) djalan, lorong; chemin, voie. — 2) kali; fois. HILO' - minjak kelapa; huile de noix de coco. HINI — membuat, bikin, bilang; faire, supputer (forme neutre). DINI : forme réfléchie: se faire, ou: devenir. - GINI :. Ie faire (objet animé). HINO — kutu andjing; puce. HOMO — itu; ce, cela. — HOMO NA = supaja; afin que, afin de. HONE — memegang; tenir, prendre en main. HOT - HOT GIRAL, matahari; Ie soleil — HOT MIL, hari; jour, journée — HOT CINO', OU: HOCINO', siang; Ie milieu du jour, midi. njiur; noix de coco. HOZOL — nom d'une des plateformes en bambou, couverte de terre, et sur laquelle on fait du feu, dans la maison buna'. HUI — liar; sauvage, non domestiqué. HULO — sorte de bambou assez fin, et a tres longs entrenoeuds. HULUN — gulung; enrouler. HURAT — sedjuk, dingin; froid, avoir froid. i — kita; nous (inclusif). IE — deuxième personne sing. de GIE. — air; eau. ILEK — dengar; entendre. IPI - padi; padi (riz non décortiqué). - IPI-LETE: fête de la récolte du padi. IL KALA' — barangkali; peut-être. KALE' - pohon „gala-gala"; espèce d'arbres a croissance rapide qu'on plante sur les ladang en jachère. KEKE — (sematjam) gelang • sorte de bracelet. KERE' — tunggal, pertama, satu; unique, premier, un. KES - ukiran, gambaran; decor, sculpté sur Ie bois, coloré des vanneries, etc. — GIMIL KES : litt. „une pensee ornée" cad. „une idee de derriére la tête". KIAK — piatu; orphelin. KIKIT — nom d'une montagne, en pays buna', pres de Dirun, an- SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA* (TIMOR CENTRAL). cienne forteresse des „Melus" (Atoni?). KOEN — bagus; beau. KOI - nom propre masculin. En second: KOI'. KOLUN — rumput-rumputan (di- kebun); mauvaises herbes (des champs). KOMA — kulit bambu; la peau (veloutée) du bambou jeune. Voir MA. KORI — sepanih, setengah; en partie, a demi. — KORI UEN = GOL UEN, sedikit; un peu. KOSO — mentah, beluni masak; encore vert, pas mür. KURA — kuda; cheval. 367 breuvage d'alliance. LETE - indjak • piétiner. LIA — tjerita; histoire, conte. LIKO' — sorte de sirih (bétel) a larges feuilles = OLO-LIKO'. LIOL - terus; immédiatement, aussitót, sans cesse. LOI — baik, boleh; bien, bon (marque aussi 1'approbation, ou la permission). LOKOMEA — (mot composé) bu- rung e lang; aigle. LOLO — bukit; colline. LON - kampung ketjil, Minangk.: taratak; hameau. — bambou. MA-KOMA : métaphore désignant les femmes (voir KOMA) : distique n° 30. MAK — mendengar; entendre (forMA LAI - taruh, letakkan; mettre, poser. LAKAR — maladie du gros bétail. LALO — kesempatan; occasion. LE — kelihatan • visible, être visible. — LE GIE ••= esok; demain. LEGUL - pandjang; long. - LEO LEGUL: voir LEO. LEKIS — belalang (ketjil) ; sorte de petit criquet. LEO — halaman; le jardin qui entoure la maison. - LEO LEGUL : désigne la relation de deux maisons provisoirement alliées par un mariage TON-TEREL (matrilocal et a filiation matrilineaire), maisons qui ne sont pas entre elles dans la relation de AI-MALU. LEP - sorte de fin bambou, a tres longs entrenoeuds, utilisé par les Buna' pour confectionner des sarbacanes. HULO-LEP : serment d'alliance par le sang, oü entrent les bambous HULO et LEP, pour la confection des couteaux a entailler la peau du coude des partenaires, et dont on mélange les copeaux au me absolue). - GAMAK: men- dengar dia; 1'entendre. — AMAK : t'entendre. i AMAK : nous entendre. MAL — pergi, ke-; aller, vers. MALU — toute „maison" en tant que donneuse de femmes d'autres maisons traditionnellement alliées qui sont ses AI-BA'A. V o i r AI. — AI-MALU OU MALU-AI désigne: a) la relation de preneur de femme a donneur de femmes existant entre deux ou plusieurs maisons données; 2) 1'ensemble des maisons alliées a une maison donnée, cad. 1'ensemble de ses donneurs de femmes et de ses preneurs de femmes, MALU GOL : enfants des MALU; fille de MALU (épouse préférentielle). MAN - datang; venir, approcher. MANE-POU — mot Tétun: manefou, „laki? pendatang" ; „l'homme qui vient", cad. celui qui épouse une femme par le ma- 368 LOUIS BERTHE. riage dit TON-TEREL, et vient habiter chez celle-ci. MAR — këbun; champ de montagne. MATAS — {prang) tua; un vieux, un ancien, ou: vieux, agé. MATEN — (mot Tétun = buna': PU'UP) la faitière du toit. MELE - berdjalan; marcher, se promener. MEMEL - sakit; malade. MENAL — pergi ke-atas; aller vers Ie haut; marcher en s'éloignant et en montant. MEO — mot Tétun: guerrier, coupeur de têtes, héros. METE — tadi; tout a 1'heure, il y a un moment. — HOT METE = hari ini; aujourd'hui. MIL - dalam; dans. MIT - duduk; s'asseoir, être assis. MO — laut; mer. — MO-MON = pe- tang; Ie soir. MOLO — 1) sirih; bétel — 2) gampang; aisé, facile — 3) NAREMOLO •= lama-lama; a la lon- gue. MOMEN — tua; vieux (terme de respect). MON - sore, petang; Ie soir. MONE — laki2; masculin, male. MUGEN — djiwa; ame (des morts). MUK - tanah; terre. NA - jang; „relatif" ou emphatique: „c'est . . . . que, ou qui". NA' - dahulu; d'abord (marque de 1'impératif). NA'I — 1) paman; oncle maternel - 2) radja. NANUN — les lisses du métier a. tisser: série de boucles de fil qui prennent un fil de chaine sur deux. NARE — lama; longtemps. NEGE - lère pers. de GEGE. NEI — forme exclusive de la pre- mière personne du singulier, on du pluriel ( = kamt); NEI CIA' = (moi) je ne veux pas. NETO — aku; je, moi. NI - di-; a, en, dans (sens tres voisin de GENE). NI' - tidak; non, ne . . . . pas. NIE - voir GIE (1). NO — lère pers. de GO. 0 - explétif employé pour séparer deux membres de phrases. OA ou OHA — belalang; sauterelle, criquet. 'OA — sudah; déja (marque du passé). OIK — rupa; aspect. 2e pers. sing. de GOIK. 0 1 - 2e pers. sing. de GOL. OLO — nom propre féminin. •"ON — membuat, bikin; faire, sorte de „suffixe" marquant 1'activité (forme breve de HO'ON). OPA — tempat sirih; boite en vannerie utilisee pour transporter et offrir Ie bétel et la noix d'arec, et Ie tabac. OPI — 1) lereng; pentes, contreforts d'une colline d'oü - 2) tempat sandaran; dossier, tout objet contre lequel s'adosser ou prendre appui. PAN — 1) langit; ciel. PAN MON = sore; soir - 2) musim; saison: PAN PORAT = musim kemarau; saison sèche. PAN INEL = musim hudjan; saison des pluies. — 3) waktu; temps, quand. PA'OL — djagung; maïs. — PA'OLSAU : fête de la récolte du maïs. PAS — memukul; frapper, battre des mains par ex.). PAUBUK — petit oiseau a plumage noir et blanc. PIE — mendidih; bouillir, bouillant. 369 SUR QUELQUES DISTIQUES BUNA' ( T I M O R CENTRAL). PIR — sampai, tiba; (être) arrivé a destination, chez soi. PIR 'OA ! = déja de retour! - PIR 'ON = rentrer chez soi, ou: en revenant a la maison. PISI — bersih; propre. POR — pemali; interdit, sacré. POU — anak tengah; Ie second des fils, ou la seconde des filles. PULAN - nom d'un plateau herbu dont la prononciation est, en Tétun: FULAN = bulan; lune. Le nom complet est FULANFEHAN (au pied de la montagne LAKAN). SA - explétif emphatique; sens voisin de NA. SABUL — djeruk • orange. SAI — keluar; sortir. SAL — salah; tort, erreur, ou: a tort, par erreur. SALAN — PAN SALAN = musim hu- djan; saison des pluies. SE' - panggil; appeler. - GEGESE' = dipanggilnja; Pappeler: mot composé de GEGE -f- SE', SI - lantas; ainsi, ensuite, donc (sorte d'explétif). SILASI' - sorte de coq dont le plumage rouge a la couleur des coqs sauvages. SIREL — berkilat; luisant, reluire. SORO — tjampur; mélanger. SUMI — sembunji{kan); cacher, caché (forme neutre concernant un objet inanimé). GUMI = (le) cacher (d'un objet animé). SURA — minta; demander. TA' — masih; encore. NI' TA' = belum; pas encore. TA'A — tutup; couvrir; mettre un couvercle. TAHO — remuer le riz bouillant, pour 1'empêcher de coller. TAIS - selimut • couverture. Dl. 115 TALE - kebagusan; beauté. TAMA — masuk; entrer. TANAN — terlalu; trop, ou tres. TARA — tahu; savoir. TAROMAN — nom de lieu, en pays buna'. TARU — kelihatan; terbit; apparaïtre, se lever, HOT TARU = matahari terbit; le soleil levant. GON-TARU = le souvenir (de lui). TAU - sorte d'arbre a sève gluanfe; la sève de eet arbre, employee comme philtre d'amour. TAZAL - forme • réciproque de GAZAL. TEBE - pulang; retourner, revenir. TEGE - forme réciproque de GEGE. TENE — forme réciproque de G-ENE = le chasser: „se chasser 1'un 1'autre", „s'exclure mutuellement". TEO - dimana; ou. TEO MAL = kemana; (vers) oü? = TERO. TEPEL - betul; vrai, vraiment. TERE - rapat; bord a bord; joint. TILI — lontjeng; grelot. KEKE TILI = bracelet a grelot. TIOL — forme réciproque de GIOL. — (mot composé) — burung serindit-t loriot. TIWIT - forme réciproque de TIRILOLO' GIWIT. TO - 1) tahun; année - 2) forme réciproque de GO. TOEK — bertjakap; parier, bavarder. TOL - putus; cassé. TOLO — mengisi, tambah; inclure, mettre (dans), ajouter. TOMAN — teman (perempuan); amie, maitresse. TON - forme réciproque de GON. 1) co-propriété, propriété en commun — 2) TON-TEREL, OU TON-TIWIT, OU TON LEO LEGUL: 24 370 LOUIS BERTHE. voir LEO. - 3) TON-TARU = (se) souvenir 1'un de 1'autre. TORORO — faire trembler en agitant. TUA - forme réciproque de GUA. TUA' - même sens que NA'I (1). TUN - terus2; constant, continuel, ou: constamment, continuellement. WEL — kerak nasi; Ie riz sec et un peu brülé qui reste au fond du recipiënt oü il a cuit: les restes. WEN — 1) ter-; marque d'une sorte de participe passé — 2) masih; encore - 3) seperti; comme. WIT — ambil; prendre. TWEN — bila?; quand? — TWEN- TWEN •= berapal; combien?TWEN GOET 'ON ? = bagaimana ?; comment ? UEN — satu; un. UKA l - anak pandjang; Ie quatrième des fils, ou la quatrième des füles. UMON — la pierre centrale du champ, sur laquelle sont accomplis des offrandes et des sacrifices d'animaux, a 1'occasion des semailles et de la récolte. UN - 2ème personne de GUN. WA — 1) buang; jeter — 2) diatas; sur, au-dessus. ZA - masak; mür. ZAL — membawa; emporter (d'un objet inanimé) — GIAL = 1'emporter (d'un objet animé): inflexion irreguliere. ZAP - andjing; chien. ZIGI - bawah; (en)bas, (vers Ie) bas. zo' - singgah; passer par (forme absolue). La forme GOZO' est employee pour un objet animé a la 3e personne. ZOBEL — mudah; jeune. ZOIN — sunji; calme, silencieux. ZON — babi kutan; sanglier. ZUN - njenjak, dalam; profond, profondément (en particulier du sommeil). Louis BERTHE. Centre National de la Recherche Scientifique, Paris. BIBLIOGRAPHIE C. O., The comparative Philology oj the Sakai and Semang dialects oj the Malay Peninsula, A Review, in Jour. Straits Branch R.A. Society, n° 39, 1903. BLAGDEN, J., The linguistic Position oj South-western Thesis, Leiden, Brill, 1950. BOELAARS, New-Guinea, A., The linguistic Position oj South-eastern Papua, Thesis, London/Sydney, 1943. 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