La terminologie française ‘présent’ / ‘passé composé’ fait insuffisamment le rapprochement entre une
action en cours (p. ex. « je comprends ») et la même action une fois accomplie (« j’ai compris »),
action passée, certes, mais dont on constate le résultat présent.
Le néerlandais est plus clair : il appelle l’indicatif présent onvoltooid tegenwoordige tijd (littéralement
"temps présent inachevé") et le passé composé voltooid tegenwoordige tijd ("temps présent achevé").
On notera que le russe distingue d’entrée de jeu l’action inaccomplie et son achèvement en
partant de deux infinitifs différents (un imperfectif et un perfectif). Dans notre exemple, "je
comprends" est le présent de "comprendre" et "j’ai compris" le présent de "avoir compris".
L’arabe fait de même avec l’inaccompli et l’accompli.
La terminologie des temps passés obéit au même schéma.
Le problème que nous pose à nous, francophones, le passé des verbes est que le néerlandais, comme
les autres langues germaniques, utilise le ‘prétérit’ à la fois pour notre imparfait et notre passé simple
ou ‘défini’, autrement dit pour un passé qui s’étale dans la durée et pour un moment du passé.
Un bon point encore en marge de la grammaire: les tirets qui encadrent et isolent une partie d'un
exposé pour la mettre 'en valeur' portent en néerlandais un nom très explicite.: gedachtestrepen, tirets
marquant un 'arrêt-réflexion'.
Orthographe
Une des plus régentées et réformées, elle a subi et subit encore de constantes remises à jour,
régulièrement publiées dans le "Groen Boekje" ou "Petit Livre vert".
Elle offre du (très) bon et du moins bon.
Accents écrits:
- remarquable distinction entre een [ə] et één [e :];
- dommage que disparaisse le double accent de vóór (avant) le différenciant de voor (pour, devant);
- j'aime beaucoup la manière dont le nl. met un substantif en évidence en accentuant l'article: de
specialist bij uitstek, le spécialiste par excellence, devient dé specialist; que nous ne pouvons rendre
que par un LE aux majuscules assez ostentatoires.
Majuscules:
- nous avons appris que le nom ou l’adjectif désignant une langue en néerlandais commence par une
majuscule, mais pas les composés :" hij spreekt Frans", mais "hij is franstalig" ou "franssprekend".
Aujourd’hui, la majuscule est de mise partout ;
- dans la particule van (séparée) au début des noms de famille, le v s’écrit en minuscule lorsqu’on fait
précéder le nom du prénom : de heer Van Hecke, mais Frank van Hecke.
La réforme de l’orthographe néerlandaise présente de ci de là de surprenantes facettes sur lesquelles
les explications circonstanciées que me donne une spécialiste flamande après la parution du dernier
aménagement du "Livre vert" en 2005 ne parviennent pas à me satisfaire entièrement.
L’harmonisation entraîne notamment une application obstinée des règles du néerlandais aux emprunts
lorsqu’il s’agit :
- de diviser en syllabes (coupure des mots en fin de ligne) à l’encontre des règles de la langue
d’origine ; cela donne bouil-lon (en principe non sécable en français), champig-non au lieu de champi-
gnon, bow-ling au lieu de bowl-ing ;
- de mettre au pluriel certains emprunts au français: de pince-nez devient au pl pince-nezs, et het lits-
jumeaux, considéré comme une unité, donne au pl lits-jumeauxs ;
- de former les dérivés de mots français: carrière donne carrièrist au lieu de carriérist(e) ;
- d’accorder les verbes anglais modernes de l’informatique : gedeletet !