La paracha de la semaine est la section hebdomadaire de la Torah, lue rituellement chaque Chabbat, dans toutes les synagogues à travers le monde à la mémoire du regretté Grand Rabbin de Paris David Messas (zatsal) PARACHAT VAYERA Rav Dov Lellouche* « Ces divré Tora (ces paroles de Torah) sont dédiées à l’élévation de l’âme de notre maître : Rabbi David ben Jamila Messas, que son zékhout (son mérite) nous protège. » La paracha Vayéra conte l’histoire d’un avocat, le patriarche Avraham qui défendit les habitants de Sodome et Gomorrhe. Dans Ezéchiel, il est dit que la faute de Sodome était tellement grande qu’elle défrayait la chronique de l’époque. Hachem ne pouvait plus supporter les cris des indigents, subissant les comportements inhumains des habitants de Sodome. Il décréta donc la destruction de cette contrée. Rav Elhanan Wasserman formule la question suivante : Pourquoi Sodome fut-elle condamnée du fait du non respect des nécessiteux, alors que la loi ordonnant de prodiguer le bien à son prochain n’est pas inscrite dans le code des sept lois de Noé. Cette obligation n’est apparue sous la forme de loi que plus tard, dans la Torah, qui ne s’adresse qu’au seul peuple juif ! Comment peut-on condamner un peuple pour un comportement, même négatif, lorsque celui-ci ne constitue pas une infraction à son code de lois ? A cela, Rav Haim Vital répond : Il est vrai que le travail sur soi, l’aide à son prochain ne sont pas des préceptes inscrits dans les lois de Noé, mais ils n’en demeurent pas moins extrêmement importants. La manière de se conduire vis-à-vis d’autrui est un pré-requis. Ainsi que le dit l’addage talmudique : « derekh erets kadma latora » le savoir-vivre précède l’étude de la Tora. Faire preuve d’humanisme est un devoir s’appliquant à l’humanité toute entière. Le respect d’une morale constitue la base de la vie de toute société, la base des sept lois noahides. La malhonnêteté et la corruption sont tout à fait incompatibles avec la vie en société. Il est intéressant de noter qu’il y a une cinquantaine d’années, en Israël, la ville de Bné brak (ville dont la population toute entière consacre sa vie à l’étude et à l’enseignement de la Torah) était la seule ville où il n’y avait pas de poste de police. A l’opposé, en la ville de Sodome, l’individu comme l’ensemble du groupe, étaient complètement corrompus. Il était devenu impossible pour ce groupe de revenir à de meilleurs comportements. Cet épisode tragique nous apprend que l’on précipite sa propre destruction lorsqu’on ne fait pas de bien à autrui. Qui plus est, de la sorte, on écarte de soi la miséricorde de D.ieu. En effet, enseignent les maîtres du Midrach : « celui qui fait preuve de miséricorde envers les créatures, sera gratifié de la miséricorde divine » Par ailleurs, D.ieu promet à Abraham que même s’Il ne trouve que dix justes à Sodome, Il épargnera cette contrée. Le Talmud dans Sanhedrin 99a blâme ceux qui critiquent les gens qui consacrent leur vie à l’étude de la Tora, sous prétexte que selon leur point de vue, ils n’apportent rien à la société. De telles personnes sont qualifiées par Rachi comme reniant tout ce qui est écrit dans la Tora. Rachi illustre son propos par l’histoire de Sodome où quelques justes auraient pu épargner et protéger la ville dans sa totalité. Rav Eliahou Lopian s’interroge : Quel aurait été le sort de Sodome si dix tsadikim, dix justes, s’y trouvaient ? D.ieu aurait pardonné, mais ces gens n’auraient certainement pas changé, ignorants la teneur du décret pesant sur eux, annulé par le mérite de quelques anonymes. Nous n’avons donc pas idée du nombre de décrets négatifs qui sont évités par le mérite des justes ! Le Midrach Eikha rapporte l’histoire de Bar Kokhva, chef d’état major à la tête de 200 000 soldats qui résista aux romains pendant trois ans et demi. Alors qu’Adrien était sur le point d’abandonner le siège, un kouti (un individu dont l’adhésion au judaïsme était uniquement de circonstance) lui révéla, que Bar Kokhva lui résistait grâce à son oncle, le © Consistoire de Paris juste, Rabbi Elazar Hamodaï qui, revêtu de son linceul, priait et pleurait chaque jour afin de sauver les enfants d’Israël. Il implorait l’Eternel pour qu’il demeure installé sur le trône de la miséricorde et non sur celui de la justice. Le kouti proposa à Hadrien son aide. A la vue de tous, il alla chuchoter quelques mots à l’oreille de Rabbi Elazar, alors que ce dernier était concentré dans sa téfila, dans sa prière. On rapporta alors à Bar Kokhva qu’un individu douteux avait parlé en secret à Rabbi Elazar. Bar Kokhva demanda à cet individu la teneur de ses propos. Ce dernier répliqua qu’il préférait mourir plutôt que de révéler ses propos tenus au nom du roi. Ceci éveilla le doute chez Bar Kokhva qui insista auprès de son oncle, Rabbi Elazar Hamodaï afin de connaitre la nature des paroles du kouti. Rabbi Elazar affirma qu’il n’avait rien entendu, étant très concentré. Malheureusement, Bar Kokhva ne le crut pas. Il exécuta son oncle. Quelques jours plus tard, la ville de Bétar fut entièrement anéantie par Hadrien. Cet épisode montre à nouveau le mérite des tsadikim, des justes. Celle-ci est inestimable et dépasse toutes les frontières. L’étude de la Tora constitue un dôme de protection incommensurable. Merci Rav Ariel *Rabbin Dov Lellouche Rav Dov Lellouche est né à Paris. Il suit sa scolarité à Merkaz Hatorah. Après avoir obtenu son baccalauréat, il intègre les Yéchivot israéliennes, Keter Chelomo puis Slabodka. Puis, il rentre en France et dirige pendant treize ans la communauté juive de Vigneux sur Seine. Il est ensuite nommé rabbin de la grande synagogue de Nice et responsable de la cacherout de la ville, poste qu’il occupe pendant trois ans de 2002 à 2005. En 2005, il prend la direction de la communauté Chivté Israel située dans le 12ème arrondissement de Paris. En 2007, il crée une école juive Rechite Hokhma qui compte aujourd’hui 23 élèves et qui ne cesse de se développer. © Consistoire de Paris 2