Face aux besoins qu'elle peuvent recenser et
aux réponses qu'elles peuvent y apporter,
les
orientations des CAF, dans le domaine de
l'action sociale, peuvent osciller entre deux
pôles.
Leur potentiel de connaissances et
de
données
statistiques peut être développé pour quanti-
fier, mesurer et analyser les besoins de
la
populationdeleursallocatairesetdéfinirleurs
propresorientationset actions en fonction des
besoins qu'elles jugent prioritaires. Elles
se
situent dans une logique technique d'exper-
tise qui met en phase des besoins et des répon-
ses qu'elles peuvent organiser et mettre
en
oeuvre
Ainsi, les CAF peuvent proposer, avec une
démarche
de
«marketing», des services
«clefs
en
mainS>>
en particulierdanslesdomainesde
l'enfance et des centres sociaux
(à
l'exemple
de
la
CAF
de
Marseille
pour
des équipements
de
la
petite enfance), mis en place par elles-
mêmes ou par une association prestataire de
service. Cette logique peut se développer,
dans ses domaines
de
compétence, sans autre
collaboration que celle imposée par les régle-
mentations et conduire les CAF à faire
«cava-
lier seul» dans
le
champ
de
l'action sociale.
Les interventions des CAF s'appuient sur
la
demande socialec' est-à-dire l'expression d'un
groupe social soit relayée par des travailleurs
sociaux, soit représentée
dans
des associa-
tions ou par des élus politiques. L'analyse
quantitative et qualitative des besoins expri-
mésdevientundesmoyensd'appréciationde
la
demande
inscrite
dans
une
logique
participative, démocratique de l'action.
Con-
trat et conventionnement dans
un
cadre de
collaboration, voire
de
partenariat, devien-
nent la nouvelle règle entre la CAF et
les
associations
et/ou
les municipalités.
Sur les objectifs et la façon
de
concevoir
les
interventions de développement local, les
CAF
ont une expérience, des acquis, et aussi
les
moyens d'analyse et
de
prise de recul.
En
effet, les CAF ont souvent ressenti
la
difficulté
à s'impliquer dans les dispositifs
de
dévelop-
pement local, surtout urbain,
du
fait à la
fois
de
la
prégnance dominante des élus munici-
paux et
de
leur caractère technico-politique
qui détourne souvent la logique de projet
pour l'inscrire dans le cadre
de
procédures
techniciennes,
dans
lesquelles elles
ne
peu-
vent se reconnaître.
Les CAF
ont
des
outils (travail social indivi-
duel et collectif voire communautaire, élabo-
ration et mise en place
de
projet avec la procé-
dure
d'agrément
des
centres sociaux ...
),des
compétences propres à favoriser la mise
en
place
d'une
autre démarche
de
projet per-
mettant une réelle implication
des
usagers
comme acteurs
de
la sphère civile, c'est-à-dire
«faire
autour
d'un
projet
où
en faisant ils
construisent à partir
de
leurs mondes vécus
leurs demandes, leurs paroles, leur identité et
du
lien social»
(7).
Le risque
de
l'cc
invisibilité))
Si
elles veulent à la fois maintenir
leur
tradi-
tion historique, se démarquer
de
la logique
de
gestion
de
services publics
ou
privés, se
maintenir en dehors des contraintes
du
mar-
ché et
de
la politique
(8),
cette nouvelle dé-
marche
de
projet offre
un
positionnement
original
dans
les relations aux usagers,
aux
associations
et
aux
collectivités locales.
Financeurs, collaborateurs, partenaires
de
l'ac-
tion sociale, les CAF s'affirment comme ac-
teur à
part
entière
dans
ce
champ
sur
des
territoires à géométrie variable tenant
compte
de
la
demande
sociale.
Cependant, la primauté accordée à la de-
mande
sociale fait encourir le
risque
de
«l'invisibilité» : comment, en effet, affirmer
son existence
quand
on attend
d'être
solli-
cité ?
Ou
celui
de
la visibilité minimale
induite
par la fonction
de
financeur : les associations
et les élus
ne
sollicitent les CAF
qu'à
la
phase
finale
de
mise en place
du
projet, cantonnant
ainsi les CAF
dans
un
rôle
de
pourvoyeur
obligé
de
fonds.
D'un
côté, la montée
en
puis-
sance
des
élus territoriaux
dans
le
champ
de
l'action sociale,
de
l'autre
l'évolution
du
sec-
teur associatif
et
de
plus l'assimilation
des
CAF à une administration d'Etat, contrai-
gnent ces dernières à s'afficher, à rendre visi-
ble leur action
pour
être connues et reconnues
dans
des
positions
et
fonctions singulières
mais multiples.
Opter
pour
la
demande
sociale et rendre visi-
ble son action, c'est-à-dire être susceptible
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RECHERCHES
ET
PREVISIONS
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1995